AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Giuliano da Empoli (536)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le mage du Kremlin

J'attendais beaucoup de ce roman.

Critiques dithyrambiques, prix reçus, polémique autour du Goncourt, engouement des Babeliotes, situation en Ukraine.... Tout m'attirait vers ce titre.



Le roman démarre plutôt bien, avec une écriture remarquable.

Néanmoins, dès lors que Vadim Baranov entre en scène et déclame son très long monologue autobiographique, la magie s'est arrêtée pour moi.

Déjà parce que je trouve ce choix narratif un peu bancal.

Ensuite, parce que j'ai eu le sentiment d'une suite de scènes, connues ou non de l'histoire, sans véritable lien entre elles en dehors des protagonistes.

Enfin, parce que le 4ème de couverture annonce un propos de "l'eminence grise de Vladimir Poutine" alors que j'ai trouvé en Baranov bien plus souvent un spectateur ou un exécutant de Poutine qu'un stratège murmurant à son oreille.



Je referme ce livre déçue de ne pas y avoir trouvé ce que j'espérais. Pour autant, j'ai apprécié de mieux comprendre la culture russe et surtout, j'ai trouvé les réflexions sur le pouvoir très intéressantes, bien que je ne les partage absolument pas.
Commenter  J’apprécie          251
Le mage du Kremlin

Une lecture qui ne laisse pas indifférent et qui fait froid dans le dos tant nous nous immisçons dans les coulisses du pouvoir où manoeuvres, manipulations et stratégies sont mises à nue. Nous reprenons, à travers ces pages, l'Histoire de la Russie des Tsars à Poutine et même si nous savons les faits énoncés réels, ils nous en apparaissent pas moins surréalistes. Avec une plume à la fois précise et fluide, Giuliano Da Empoli nous offre une fresque socio politique édifiante, où chaque réflexion parfois philosophique mérite que nous nous y attardions, que nous y revenions pour en saisir toutes les subtilités. Ce livre a été écrit avant la guerre en Ukraine mais permet d'expliquer les racines de ce conflit. Sous couvert d'une histoire romancée, l'auteur nous montre également une vision russe bien différente de notre vision occidentale qui permet de comprendre le rapport au pouvoir du peuple russe. Un roman dense et passionnant à bien de égards que je vous recommande.
Commenter  J’apprécie          251
Le mage du Kremlin

La face cachée du Kremlin



Sous couvert de vouloir rédiger un essai géopolitique sur les coulisses de la Russie de Vladimir Poutine, Giuliano da Empoli nous propose un véritable roman d’intrigues.



La narration à la première personne est simple, rapide, et très « agréable », si on met de côté le sentiment d’angoisse persistant et croissant qui s’installe tout au long de la lecture.



Cette vision du monde, cette description des vecteurs du Pouvoir, purement terre à terre - et effrayante pour cette raison - laisse à réfléchir dans un monde où tout se déroule à une telle frénésie et avec une telle intensité, que la facilité reste l’ignorance et l’éloignement…



À lire pour tous les fans de géopolitiques (et tous les autres) qui ont parfois la flemme d’ouvrir un manuel ou un essai !
Commenter  J’apprécie          240
Le mage du Kremlin

Roman sur la philosophie et la mise en place des stratégies pour conquérir le pouvoir.L'histoire du rôle de Vadim BARANOV de ses actions pour faire de POUTINE prenne et maintienne sont pouvoir. On aborde la stratégie du chaos comment lutiner et la cultiver. Les relations des hommes du premier cercle de POUTINE. La différence entre les amis de long date et ses conseilers. Un roman très intéressant. A lire.
Commenter  J’apprécie          240
Le mage du Kremlin

Excellent livre qui aurait largement mérité le Goncourt. Le thème est original et représente une plongée d’une précision quantique dans l’esprit des hommes qui font la politique russe. Ça aurait pu être facile de sombrer dans la caricature, comme souvent quand on aborde la psyché de l’ennemi, mais le livre l’évite à chaque page par la qualité du raisonnement qu’il déroule, de la chute du Mur à aujourd’hui. N’importe qui souhaitant tenter de comprendre ce qui peut traverser la tête d’un Poutine doit lire ce livre.
Commenter  J’apprécie          240
Le mage du Kremlin

Une plongée dans la proximité immédiate de Poutine, depuis son arrivée à la tête de la fédération de Russie à aujourd'hui. Une Fiction qui sonne juste par une analyse politique sous-jacente très pertinente. La mentalité russe est bien brossée, les protagonistes réels ou fictifs sont bien campés.

Le récit est bourré d'humour, la légèreté du ton fait passer le drame des évènements.

Mais sur la longueur on en vient à se poser des questions sur l'interprétation de certains événements, surtout quand elle prend la place d'une réalité forcément cachée. Du coup, même s'il s'agit d'un roman, les prises de positions forcément subjectives qu'amène cette interprétation peuvent parfois créer une gêne. Toutefois, en recentrant l'intrigue sur l'humanité du principal personnage et ses émotions, le roman résout le mystère le hiatus du début... mais je n'en dis pas plus.



Sans aller jusqu'à rendre Poutine sympathique, en contextualisant son pouvoir dans l'histoire russe, on sort de cette histoire avec une image nettement moins négative du "Tsar"... était-ce le but ?
Commenter  J’apprécie          242
Le mage du Kremlin

Ma chronique sur cette lecture pourra paraître décousue mais comment parler de ce moment passé au Kremlin ?

Loin de mon terrain de jeu habituel (le polar), il m'arrive régulièrement de lire sur la société et même des essais ; en revanche, j'avoue éviter l'histoire contemporaine car je suis persuadée que les émotions viennent biaiser notre connaissance de l'histoire, d'autant plus dans le monde de l'image, de l'information immédiate dans lequel nous vivons.



Et pourtant... merci mon bibliothécaire pour cette recommandation.



Alors ce livre parle de La Russie, de la nostalgie d'un pouvoir soviétique fort, des changements de régimes, de l'avènement de Poutine, des rouages politiques (européens, américains, soviétiques mais aussi chinois) mais il parle aussi de sentiment d'appartenance, de la fierté d'hommes habitués aux rapports de force, à la guerre de l'image, du spectacle, des divergences de perception d'un chef d'état selon la nation, de manipulation mais aussi d honneur, de sacrifice, de marionnettes et marionnettistes.

Il parle de l'avenir de l'homme ou du moins de l'humanité car il parle des hommes. Il parle d'amour, de devoir, de filiation et d'héritage (pas de bien, mais de philosophie, de valeurs, de sécurité).



Je me suis laissée surprendre par ce début de roman qui commence comme une conversation entre deux internautes et se poursuit au coin d'une cheminée dans une demeure qui respire le faste d'antan de la nation russe avec ce soupçon d'indépendance.

Cette conversation qui nous apprend que toute stratégie à un prix, que la politique est un show et que nous sommes volontairement les spectateurs ...



Ce livre m a beaucoup fait réfléchir, laissé entrevoir des choses insoupçonnées, permis d'assouvir une curiosité sur le personnag Poutine.



J'avais peur avec les événements actuels de me sentir décalée dans mon approche mais ce ne fut pas le cas, au contraire j'en ressors grandie (ça peut paraître pretentieux) par la réflexion et l'apport d'éléments qui permettent de comprendre que rien n'est jamais blanc ou noir ...je repense à la poupée démembrée dont Baranov ne connaîtra jamais le nom et le prix de la stratégie que certains paient en silence.
Commenter  J’apprécie          240
Les ingénieurs du chaos

Essai sur le carnaval politoco-stratégique planétaire.

J’ai tant apprécié « Le mage du Kremlin » que je n’avais pas compris qu’il n’ait pas eu le Prix Goncourt en 2022. Et c’est dans cet état d’esprit que je me suis dit que le précédent livre de Giuliano Da Empoli, publié en 2019, ne pouvait que me plaire. J’avais juste oublié qu’il était rangé sous « essais » et pas sous roman.

Comme dans « Le mage du Kremlin » on retrouve une somme de connaissances culturelles, politiques, sociales et historiques que Giuliano Da Empoli met avec brio en scène. Il part souvent de son Italie natale où d’ailleurs beaucoup de courants politiques extrêmes ou nouveaux ont débutés avant de se propager en occident, voire sur la planète.

Il les imbrique pertinemment parmi les phénomènes qui ont lieu au même moment aux Etats-Unis, en France ou ailleurs. Ainsi, et sans difficultés, on comprend les répercussions sur nos vies.

Il n’est jamais agressif ou réellement en colère, il analyse juste ce qu’il a nommé la manipulation, le carnaval des ingénieurs du chaos. Les ingénieurs étant ceux qui tirent les ficelles derrière les dirigeants, les décideurs, derrière ceux qui font la pluie et le beau temps jusqu’à nos petites vies de fourmis.

Pour lui tout a réellement changé après la chute du mur de Berlin qui a transformée l’Italie en Silicon Valley du populisme, ceci 20 ans avant la révolte actuelle contre l’establishment en occident.

Il démontre « qu’en cultivant la colère de chacun sans se préoccuper de la cohérence de l’ensemble, l’algorithme des ingénieurs du chaos dilue les anciennes barrières idéologiques », le tout dans un vaste carnaval. Carnaval dont « les masques se sont d’ailleurs déplacés sur internet ; internet où l’anonymat produit l’effet de désinhibition » (comme le permettait le déguisement lors du carnaval).

Toute ces explications pour décrire un peu l’ambiance du livre. Ambiance d’essai et non pas de roman. Je dois d’ailleurs avouer que je l’ai posé deux fois avant de le reprendre tant je l’ai trouvé ardu.

Giuliano Da Empoli, en tant qu’ancien élève de Sciences Po puis chargé de la Culture, a accumulé une masse d’observations et de connaissances qu’il doit absolument continuer de partager avec nous. Cependant je préfèrerais, et de loin, qu’il poursuive dans la voie du roman.
Commenter  J’apprécie          240
Le mage du Kremlin

A l'Académie Goncourt, il y a eu un sérieux différend au sujet du roman "Le mage du Kremlin". Celui-ci n'a finalement pas été choisi. Pourtant, je viens de lire ce livre et j'ai été extrêmement impressionné. Ce n'est peut-être pas de la haute littérature; mais le texte est prenant, instructif et… inquiétant dans la situation géopolitique actuelle.

Le personnage nommé Baranov est directement inspiré par un personnage réel, Vladislav Iouriévitch Sourkov (né en 1964) qui fut un des bras droits de Vladimir Poutine, notamment lors de son installation au pouvoir. Hormis le changement de nom cité plus haut, tout parait conforme à une phase décisive de l'histoire de la Russie, depuis la chute du communisme jusqu'au conflit avec l'Ukraine. En Occident, on a gravement sous-estimé l'humiliation d'un empire arrivé à un état de déchéance. Une scène illustre cette évolution: le fou rire du président B. Clinton, devant B. Eltsine, colosse à moitié ivre et passablement ridicule. Une grande partie des Russes n'ont pas accepté cet effondrement. Et V. Poutine a surfé sur cette amertume, en s'engageant à « make Russia great again », si j'ose dire. Poussée jusqu'au bout, la logique implacable du nouveau "tsar" nous a conduit à la guerre. Certains pensent qu'aujourd'hui Poutine s'est enferré dans une situation impossible. Mais, comme le note Giuliano da Empoli: « La première règle du pouvoir est de persévérer dans les erreurs, de ne pas montrer la plus petite fissure dans le mur de l'autorité » (p. 226). le maître actuel du Kremlin a une emprise absolue sur la Russie et souhaite l'étendre à un glacis de pays voisins, qui redeviendraient des protectorats, comme au "bon vieux temps" de Staline et de Brejnev. J'avoue que, depuis que j'ai lu ce livre, j'ai peur, vraiment peur pour l'Ukraine, mais aussi pour toute l'Europe. La force brutale, le mépris abyssal pour la démocratie, le rejet de de la "décadence" occidentale et la stratégie de confrontation menacent notre prospérité et aussi nos valeurs essentielles.

Une chose est sûre: la lecture de ce roman - qui suit de très près la réalité historique - me permet de décrypter parfaitement l'histoire de la Russie pendant les trente dernières années. Ce livre est l'un des meilleurs que j'aie découverts depuis un an.
Commenter  J’apprécie          241
Le mage du Kremlin

Je m'attendais à mieux ! Ce livre aux multiples critiques enthousiastes m'a intéressé par quelques aspects et ennuyé sur beaucoup d'autres. De la page 90 à la page 190 environ, soit un peu plus du tiers du livre, j'ai été conquis par la façon brillante d'évoquer un Poutine plus vrai que nature, antipathique à souhait, implacable, excellent stratège en même temps qu'humain détestable. Également le personnage de Barinov, ce mage du Kremlin, habile conseiller du “tsar”, est souvent intéressant, dans un décor de manipulation, de pouvoir et d'argent…



J'ai aimé aussi l'explication de la mentalité des Russes, nostalgiques de la grandeur impériale et aspirant à plus de respect des Occidentaux. Tous ces aspects sont instructifs.



En revanche, notamment tout ce qui concerne les époques précédentes, par exemple Staline, la chute du Mur de Berlin, Eltsine, apporte - on s'en doute - peu d'éléments nouveaux et me semble proche d'un remplissage superflu. Même impression pour les personnages secondaires : oligarques, sous-fifres du pouvoir, lécheurs de bottes. La seule femme du livre Ksenia, la femme fatale et compliquée après qui court Barinov, n'a pas grande humanité non plus. Où est l'intérêt ?



La fin m'a paru bien agaçante et prétentieuse en voulant faire la grande synthèse résumant tout, de la civilisation de l'ordinateur, à Dieu et d'autres sujets aussi intéressants que les réseaux sociaux et le GPS… N'importe quoi.

Commenter  J’apprécie          240
Le mage du Kremlin

Ce long monologue du conseiller politique du Tsar se dévore.

Non parce qu’on pourrait en apprendre davantage sur la chute de tel ou tel oligarque ou sur l’implacable comportement de Vladimir Poutine (encore que…), mais parce que l’auteur a su transcender les apparences, donner une finalité à l’irrationnel.

Certes, les propos de Vadim Baranov sont une fiction, mais qui colle à une réalité dérangeante, à un exercice du pouvoir qui nous est étranger.

A nous, qui ne sommes pas russes. Qui n’avons peut-être pas lu Zamiatine…ni Zinoviev (je vais relire Les Hauteurs Béantes ).

Les perspectives dévoilées par Baranov, metteur en scène de l’exercice d’un pouvoir sombre qui joue avec le chaos, sont terrifiantes.

Mais le sont-elles plus que la fascination exercée sur l’humanité par la « machine », les algorithmes, le stockage des éléments de nos petites vies?

On passe si vite du réseau social au contrôle étatique coercitif !

Ce roman est une profonde réflexion sur le pouvoir et sur l’humanité, sans l’ennui que distille généralement ce genre de sujet. Émaillé d’aphorismes que n’auraient pas reniés nos classiques de Saint Simon à La Bruyère…

Commenter  J’apprécie          240
Le mage du Kremlin

Il y a deux semaines, je jouais avec des amis à un très bon jeu de mimes (« Olé Mains ! »).

Et puis est arrivé ce « mot » à mimer.

Mes amis étaient à fond dans leurs rôles.

Mais moi, j’étais plus occupée à rire qu’à comprendre les significations de leurs gestes.

J’avais sous mes yeux un mélange entre un ours et une personne faisant du Judo.

C’était donc…

Vladimir Poutine (évidemment, qui d’autre).



Et c’est là, qu’à une heure avancée de la nuit, je me suis rappelée, que, vraiment, je devais lire « Le Mage du Kremlin ».



J’ai donc ouvert ce livre, fidèle à ma promesse, quand bien même je l’avais prise à 1h du matin.

Et franchement ?

J’ai (presque) tout compris, alors que soyons honnêtes, je ne suis pas la personne la plus calée en géopolitique.

Et surtout, c’était passionnant.



J’ai lu une critique très dure qui disait que « ce livre ne vous apprendra rien, sauf si vous sortez d’un coma de vingt ans et que Poutine sonne alors pour vous comme un nom nouveau ».

Alors, il faudra que je vérifie avec mon médecin tout de même, mais je crois pouvoir avancer sans trop de risques que, même si on n’était pas dans le coma, on y apprend des choses très intéressantes.



Il y a deux semaines, je jouais avec des amis à un très bon jeu de mimes.

Ils ont aussi mimé « se brosser les dents ».

Mais ça, vraiment, j’ai eu beau me creuser la tête, ça ne m’a fait penser à aucune livre que je devais lire 🤔
Commenter  J’apprécie          2313
Le mage du Kremlin

Résumé éditeur :

On l'appelait le « mage du Kremlin ». L'énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d'émissions de télé-réalité avant de devenir l'éminence grise de Poutine, dit le Tsar. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu'à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre…

Ce récit nous plonge au coeur du pouvoir russe, où courtisans et oligarques se livrent une guerre de tous les instants. Et où Vadim, devenu le principal spin doctor du régime, transforme un pays entier en un théâtre politique, où il n'est d'autre réalité que l'accomplissement des souhaits du Tsar. Mais Vadim n'est pas un ambitieux comme les autres : entraîné dans les arcanes de plus en plus sombres du système qu'il a contribué à construire, ce poète égaré parmi les loups fera tout pour s'en sortir.

De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, en passant par les Jeux olympiques de Sotchi, le mage du Kremlin est le grand roman de la Russie contemporaine. Dévoilant les dessous de l'ère Poutine, il offre une sublime méditation sur le pouvoir.

Grand prix du roman De l'Académie Française 2022



Ce livre est un véritable document. Bien écrit, il nous fait découvrir les arcanes du pouvoir. Et ce n'est pas rassurant...
Commenter  J’apprécie          232
Le mage du Kremlin

Finalement, et malgré ce que j'esperais, ca ne méritait pas le Goncourt non plus. Le prix Goncourt est en effet censé récompenser une oeuvre de fiction or, pas plus que Vivre vite, Le Mage du Kremlin n'est une oeuvre de fiction: c'est un récit, une biographie déguisée en roman. Ça raconte la fabrication de Poutine en tant que dernier tsar. Ça raconte le chaos des années 90 et le redressement de la Russie. Ça raconte également la vie de son conseiller spécial (personnage principal du roman) mais j'avoue que ce personnage ne m'a pas du tout intéressée. Ce qui m'a intéressée c'est Poutine. Qu'on le haïsse, qu'on le craigne ou l'admire, c'est un personnage fascinant. Du coup, à la fin, on reste sur notre fain car le livre s'arrête au Covid. L'épisode de la guerre ukrainienne est effleuré mais pas analysé comme le reste.

Ce que j'ai adoré, c'est l'analyse minutieuse et franche de la différence de mentalités entre Russes et Occidentaux. On aura beau dire et beau faire, et beau vouloir, les Russes NE SONT PAS COMME NOUS. Vouloir en faire des Européens est aussi vain que grotesque. Nous avons cru à tort, en 1990, que l'Histoire était terminée qu'il n'y avait pas d'alternative, que la mondialisation serait heureuse et totale. Et bien non, il existe et subsiste (et ressurgit) des mouvements fondés sur les aspirations de peuples différents de ceux de l'Occident arrogant. Les Russes en font partie.

Giuliano Da Empoli nous tend également un miroir peu reluisant dans lequel on peut voir des ados capricieux, immatures et débiles.

L'écriture est très percutante. On peut gratter 2 bonnes citations par page. Pourtant, malgré toutes ces qualités, je n'ai pas adoré. Sur la Russie des années 80-2000, Limonov d'Emmanuel Carrère est 10 fois mieux et, sur Poutine, j'aurais préféré une vraie biographie, pas un truc bâtard qui tourne autour du pot.
Commenter  J’apprécie          231
Le mage du Kremlin

Il s’appelle Vadim Baranov. Sous les traits du narrateur, Giuliano Da Empoli s’intéresse à lui alors que l’homme après quinze années de bons et loyaux services dans l’ombre de Poutine a finalement renoncé à en être l’éminence grise, anticipant ainsi une disgrâce annoncée.

Baranov continue à alimenter des interrogations sans fin,dans les milieux moscovites bien informés mais il devient invisible. Notre narrateur se met donc sur sa trace et les réseaux sociaux vont bientôt lui permettre une prise de contact digne des débuts de la mort aux trousses ou de tout autre thriller, p 28 le voilà en face de Baranov, dans une résidence au luxe assumé, discret, de bon goût, loin du bling -bling des oligarques. Outre cette mise en scène plutôt convenue de l’apparition de Baranov dans la narration, nous entrons avec lui à partir de là dans un long monologue.

« Mon grand-père était un formidable chasseur » ainsi commence-t-il le récit de ces années, passées dans les sphères du pouvoir, le seul endroit qui vaille dans ce pays, où le statut d’un homme définit sa place et son rôle plus que l’argent même, un pays d’appareil et de structure étatique qui emprisonne et enserre une société qui étouffe. En dehors de quelques réflexions sur le pouvoir, lancées par Baranov dans son salon face au narrateur, la suite du récit est décevante sur la manière dont le pouvoir s’exerce et écrase en Russie. L’histoire de ce pays depuis l’implosion de l’URSS est brossée à grand traits, plus à la manière d’une revue de presse que d’une véritable analyse. On assiste à l’émergence de Poutine, sorti presque par hasard du KGB, se succèdent ensuite les épisodes les plus connus de son magistère pour ne pas reprendre la terminologie tsariste, facile, dont le récit est inondé. L’épisode de la Tchétchénie, l’obsession de la grandeur impériale, la volonté du paraître, qui trouve son paroxysme dans les jeux olympiques de Sotchi…Beaucoup de discrétion par contre sur les crimes dont le pouvoir est responsable…Le portrait de Baranov lui aussi est bien décevant, une histoire d’amour peu convaincante, des talents pour la mise en scène fastueuse, le sens du spectacle… Le type de narration choisi par l’auteur : Baranov déroule ses souvenirs dans un monologue à sens unique, un procédé qui enlève toute profondeur au personnage, sans dialogues véritables, sans confrontation, sans véritable situation, il est bien pâle. Il cite dans son récit le personnage sulfureux que fut Limonov, cela m’a rappelé le roman d’Emmanuel Carrère, autrement plus réussi pour donner vie à ce personnage.

J’attendais beaucoup de ce roman, je suis restée sur ma faim, ni la narration, ni l’écriture ne m’ont convaincue, peu goncourable à mon humble avis.

Commenter  J’apprécie          230
Le mage du Kremlin

"Je n'avais pas fait autre chose dans la vie que de mesurer l'élasticité du monde, son inépuisable propension au paradoxe et à la contradiction. Maintenant, le théâtre politique qui prenait forme sous ma direction représentait l'accomplissement naturel d'un parcours".



Ainsi parle, sous la plume du romancier, l'homme que l'on appelait "le mage du Kremlin ou le Raspoutine de Poutine" sorte d'éminence grise, conseiller et metteur en scène de l'ombre et dont l'auteur orchestre ici la confession avec maestria. A travers ce récit, nous voici dans les coulisses du pouvoir et de l'histoire contemporaine de la Russie ; nous avons accès à l'envers du décor des événements qui se sont déroulés sous nos yeux depuis la pérestroïka et tout particulièrement à la montée en puissance de l'actuel président. Mais cet homme, Vadim Baranov, d'une intelligence tactique nourrie à l'aune des grands auteurs est autant stratège que poète. C'est ce qui rend certainement ce roman aussi fascinant. Ça et les éléments de décryptage qu'il nous offre sur la situation actuelle en Ukraine. Baranov vient d'une famille dont les membres ont tour à tour subi les différentes influences des changements politiques - un grand-père sous la révolution bolchévique, un père serviteur de l'URSS et déboussolé par le dégel et lui, Vadim, acteur de la société du spectacle qui a accompagné le changement. Remarqué par Poutine alors simple fonctionnaire que certains ont imaginé pouvoir contrôler en le poussant au pouvoir. Grave erreur que Baranov, lui n'a pas commise. Ce parallèle entre spectacle et politique est le fil rouge de ce récit qui montre avec force la manière dont quelques manipulateurs utilisent avec talent et cynisme la création d'images, de scènes et d'événements à leur profit. "Que dirais-tu de cesser de créer des fictions pour commencer à créer la réalité ?" fut la question qui décida de la nouvelle carrière de Vadim Baranov et qui l'entraîna bien plus loin qu'il ne l'aurait imaginé, au service du rétablissement de la verticalité du pouvoir.



Fin connaisseur et conseiller politique lui-même, l'auteur nous offre une leçon qui ressemble à une partie d'échecs, met en lumière les différences entre les sociétés russes et occidentales et la façon dont cela brouille les perceptions de ceux qui ne possèdent pas ces éléments d'analyse. Cette complexité est néanmoins traitée de façon limpide et offre de passionnantes pistes de réflexion sur nos façons d'appréhender le pouvoir à l'aune de ce que l'on nous montre. Ainsi qu'un éclairage prospectif assez glaçant sur le rôle croissant de la technologie au service du pouvoir. Une lecture instructive et intelligente qui m'a passionnée de bout en bout.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          230
Le mage du Kremlin

Un livre incroyable, une histoire vraie qui nous embarque comme un roman à moins que ne soit l'inverse. Ici la fiction nous raconte la réalité de la montée au pouvoir de Poutine, une réalité qui dépasse la fiction et on ne ne sait plus qui est qui, ou plutôt on se pince on se dit c'est pas possible que cela soit vrai...

C'est un récit puissant comme un conte dramatique. C'est simple et terrifiant. Au-delà de l'histoire de la Russie c'est une invitation à côtoyer le pouvoir, la sensation de puissance jusqu'à l'isolement jusqu'à la folie solitaire. pour le reste tout a déjà été dit sur ce texte si bien écrit.

Quand je l'ai refermé je me suis dit je vais le relire et ce fut avec le même plaisir fasciné.
Commenter  J’apprécie          220
Le mage du Kremlin

Ce livre est en fait une plongée romancée dans l’histoire contemporaine de la Russie, par la voix de Vadim Baranov , le conseiller occulte du président russe, nouveau Tsar de la Russie, Vladimir Poutine.

J’y ai découvert l’historique de l’ascension politique de Vladimir Poutine, tellement différent de ses deux prédécesseurs, Boris Eltsine - buveur de vodka - et Mikhail Gorbatchev -buveur de lait.

Le peuple russe était en attente du retour au pouvoir de quelqu’un capable de remettre de l’ordre dans ce pays gangréné par les gangs, la violence, le capitalisme effréné, et ce qui s’avérait au départ comme la mise au pouvoir d’un pâle fonctionnaire s’avère en final celle d’un homme fort, dont l’objectif est de faire retrouver sa grandeur passée et son autonomie à la Russie.

Vadim Baranov raconte dans ce livre sa vie, à un interlocuteur pour le moins transparent, on aurait pu s’attendre à un dialogue mais c’est plutôt une confession, et le style de Giuliano Da Empoli rend la plus grande partie de l’histoire passionnante. J’ai un peu décroché sur la fin, particulièrement les 20 dernières pages, qui sont moins à la hauteur du reste de l’écriture de ce livre. Dommage !

Commenter  J’apprécie          220
Le mage du Kremlin

Vous êtes curieux ? Vous vous intéressez à ce qui se passe ailleurs, au-delà de nos frontières ?

Giuliano da Empoli va vous emmener faire un tour dans la Russie contemporaine, celle de l'après chute du Mur de Berlin.

Son narrateur recueille les confessions d'un proche du pouvoir. Un visiteur du soir du nom de Vadim Baranov.



On passe en revue tous les personnages et tous les évènements qui ont jalonné cette période : Gorbatchev et la liquidation du communisme, Boris Eltsine et les dix années d'ultra capitalisme avec l'avènement des oligarques russes dont les fortunes se sont faites quasiment du jour au lendemain. Et puis, bien sûr, l'ère Poutine, le nouveau Tsar de toutes les Russies, le maître absolu.

Si vous voulez faire le point sur vos connaissances, si vous voulez remettre les évènements en perspective les uns par rapport aux autres, si vous voulez essayer de comprendre l'âme russe, incompatible avec l'âme occidentale, n'hésitez pas à lire ce livre qui est à mi-chemin entre le roman et le récit journalistique.



Giuliano da Empoli usurpe l'identité du véritable conseiller de Poutine : Vladislav Surkov, l'homme qui a longtemps murmuré à l'oreille du Tsar jusqu'à ce que, lui aussi tombe en disgrâce. Je ne sais pas pour quelles raisons il a utilisé le personnage de Vadim Baranov (1930 – 2014) qui n'a jamais été le bras droit de Poutine.



Dans ce livre, c'est essentiellement le contenu qui prévaut. Plus que le style ou la qualité littéraire qui sont secondaires. C'est probablement une des raisons pour lesquelles l'auteur n'a pas obtenu le Goncourt en 2022.



Pour bien comprendre la Russie, il faut savoir que seul le pouvoir compte. L'argent est totalement anecdotique. Il n'est pas interdit de s'enrichir, certes, mais un milliardaire de la finance ne pèsera jamais sur le pouvoir politique.



Bon nombre de phrases mériteraient d'être reproduites tellement elles font mouche.



Pour vous servir, en voici quelques morceaux choisis que je livre à votre sagacité :



Voyez-vous, pour comprendre que Gorbatchev allait détruire l'Union soviétique, on n'avait pas besoin de l'écouter ; il suffisait de le regarder. Il montait à la tribune et on lui apportait immédiatement son verre de lait. Les gens n'en croyaient pas leurs yeux. Puis il doubla le prix de la vodka. Il voulait mettre tout le monde au lait. En Russie. Vous vous rendez-compte ? Après on s'étonne que tout soit parti en vrille.



Qui connaît la Russie sait que chez nous le pouvoir est sujet à de périodiques mouvements telluriques. Avant qu'ils ne se produisent, on peut tenter d'en orienter le cours. Mais, une fois qu'ils sont survenus, tous les engrenages de la société se repositionnent en conséquence, selon une logique aussi silencieuse qu'implacable. Se rebeller contre ces mouvements est aussi vain que serait le fait de s'opposer à la rotation de la Terre autour du Soleil.



La Russie est la machine à cauchemars de l'Occident. A la fin du dix-neuvième, vos intellectuels ont rêvé la révolution. Nous l'avons faite. Du communisme, vous n'avez fait que parler. Nous l'avons vécu pendant soixante-dix ans. Puis est arrivé le moment du capitalisme. Et même cela, nous sommes allés beaucoup plus loin que vous. Dans les années quatre-vingt-dix, personne n'a déréglé, privatisé, laissé de place à l'initiative des entrepreneurs plus que nous. Ici se sont bâties les plus grosses fortunes, parties de rien, sans règles et sans limites. Nous y avons vraiment cru, mais ça n'a pas marché.
Commenter  J’apprécie          222
Le mage du Kremlin

A travers le dialogue entre intellectuel du premier cercle de Poutine et un journaliste, c'est toute une réflexion sur le pouvoir, la puissance de l'autorité et la fragilité des courtisans d'un monarque qui se dessinent.

D'une incroyable intelligence avec une superbe plume, ce livre est à mettre entre toutes les mains qui se questionnent sur ce qu'est l'âme Russe.
Commenter  J’apprécie          220




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Giuliano da Empoli Voir plus

Quiz Voir plus

Le mage du Kremlin

Que fait lire Vadim Baranov au narrateur lorsqu’il l’accueille chez lui ?

Une lettre de l’écrivain Dimitri Merejkovski à Staline
Une lettre de l’écrivain Evgueni Zamiatine à Staline

20 questions
31 lecteurs ont répondu
Thème : Le mage du Kremlin de Giuliano da EmpoliCréer un quiz sur cet auteur

{* *}