Citations de Grégoire Delacourt (2615)
Les femmes ont des racines dans le coeur des hommes.
"Quand on s'abandonne soi, on se perd toujours."
"Ressemblez à quelqu'un d'autre si vous voulez. Ressemblez-vous. Arthur Dreyfuss pensa alors aux visages parfois croisés dans les magazines ou aux Galeries Lafayette à Amiens, ces femmes qui, pour ressembler aux autres, se faisaient poncer les os des pommettes, arracher les molaires pour creuser leurs joues, gonfler les lèvres pour une promesse de volupté, et tirer vigoureusement les paupières comme un store sur la jeunesse perdue, les illusions envolées ; alors la fraîcheur rosée de Jeanine Foucamprez lui apparut soudain être la vraie beauté : l'estime de soi."
Est-ce que le silence ça veut dire qu'on ne s'aime plus ?
Les filles riaient. Les filles rêvaient. Elles aimaient la vie. À cause de ce truc elle allait basculer de l'autre côté du monde. Elle a essayé de mettre le djilbab. Putain, c’est quoi ce bordel. La longue robe d'abord. D’accord. Puis le machin, comme un poncho, qui couvre la tête, descend jusqu'aux genoux. Quel cirque. On disait que le vêtement ne devait pas être parfumé, devait être large et non moulant, ne pas attirer le regard. Tu parles. Une fille dans un sac. Un sac-poubelle. Ça attire tous les regards. Et tu vois, avait ajouté Bakki avec un sourire malicieux, avec ça si on t'injurie encore dans la rue, ce sera plus seulement une injure. Mais du racisme.
Et comme des volées de milliers de moineaux effarouchés, les feuilles rouges et bistre ont soudain déserté les branches des arbres. Elles ont un instant papillonné dans l'air comme si elles cherchaient une échappatoire dans une danse ivre, avant d'être fatalement immobilisées sur le sol et d'y tapisser de feu la terre et les mousses et les pierres. Devenir un ossuaire fauve, boueux, qui se couvre de gelée au cœur de la nuit, des cendres de diamants, et révèle à l'aube le voile sans fin d'une mariée mystérieusement volatilisée. C'est l'hiver.
Elle avait préféré la violence de la solitude à l'absence de passion, accepté la chute pour n'être pas montée assez haut. Elle s'était juste laissée vivre alors qu'elle aurait voulu mourir d'amour.
C'est ça qu'il y a de bien avec la lâcheté : les autres vous mettent profond, et vous ne gueulez pas.
Blasphème ! Blasphème ! Je devrais te laver la langue à la paille de fer. Je t'interdis de dire de telles horreurs, Édouard. C'est pire qu'un péché. C'est une profanation. Agenouille-toi. Implore Son pardon. Comment peux-tu parler ainsi ? Prêter le flanc aux impies, aux apostats qui veulent la chute de notre Église. Il y a déjà assez de fétidités sur Terre pour que tu en rajoutes avec tes mensonges. Comment peux-tu imaginer une seule seconde que l'abbé qui m'a accompagnée lorsque ton père se mourait, qui a été là pour moi ensuite, qui est devenu un ami, qui s'est occupé de Benjamin au catéchisme, qui a pris soin de tant d'autres petits, un homme pieux, délicat, et tellement cultivé, comment peux-tu l'accuser de telles immondices ? Les enfants racontent souvent n'importe quoi pour se rendre intéressants.
Papa semblait heureux avec Françoise. Il n'y avait pas entre eux, je l'ai dit, cette passion comme avec maman, cette incandescence, mais une amitié rare, une complicité de chaque instant. Avec elle, je le voyais rire comme jamais je ne l'avais vu rire, un rire du ventre de la terre.
C'est quand on ne maîtrise plus sa vie qu'on la remet entre les mains d'un autre. Que notre lâcheté l'emporte.
Partez, ne couchez pas vos manques sur du papier! Partez, vivez la passion, brulez-vous, partez et perdez-vous; c'est dans la perte qu'on se trouve.
J'aimerais avoir la chance de décider de ma vie, je crois que c'est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait.
Claude Sautet.
J'ai toujours adoré ses films. Son humanité féminine. les trajectoires de sa caméra - que l'on suit comme les effluves d'un parfum de femme, ou l'ivresse d'un alcool d'homme, le long d'un zinc de café, dans une brasserie enfumée, brouillardeuse.
Je sais qu'on ne gâte jamais assez ses parents et que lorsqu'on en prend conscience il est déjà trop tard.
C'est le besoin d'un tapis de bain antidérapant qui nous maintient en vie. Ou d'un couscoussier. D'un économe. Alors on étale ses achats. On programme les lieux où l'on va se rendre. On compare parfois. Un fer Calor contre un Rowenta. On remplit les armoires lentement, les tiroirs un à un. On passe une vie à remplie une maison; et quand elle est pleine, on casse les choses pour pouvoir les remplacer, pour avoir quelque chose à faire le lendemain. On va même jusqu'à casser son couple pour se projeter dans une autre histoire, un autre futur, une autre maison.
Une autre vie à remplir.
Je suis passée chez Brunet, rue Gambetta, j'y ai acheté Belle du Seigneur en Folio. Je profite des soirées sans Jo pour le relire. Mais cette fois, c'est terrifiant puisque désormais je sais. Ariane Deume prend son bain, soliloque, se prépare et je connais déjà la chute genevoise. Je connais l'horrible victoire de l'ennui sur le désir; du bruit de la chasse d'eau sur la passion mais je ne peux m'empêcher d'y croire encore. La fatigue m'emporte au coeur de la nuit. Je me réveille, épuisée, rêveuse, amoureuse.
Jusqu'à ce matin.
Où tout s'effondre.
Les grands-mères sont de meilleures mères, une mère a bien trop à faire à être une femme.
"Vous l'avez annoncé à vos proches ? Non, réponds-je. C'est parfait, dit-elle ; nous pouvons vous aider à le leur dire, trouver les mots pour minimiser le choc, vous verrez. Vous avez des enfants ? J'opine. Eh bien, ils ne vous verront plus seulement comme une mère, mais comme une mère riche et ils voudront leur part. Et votre mari ; peut-être a-t'il un travail modeste, eh bien il va vouloir arrêter de travailler, s'occuper de votre fortune, je dis bien votre fortune parce que désormais elle sera à lui comme à vous puisqu'il vous aime, ah çà oui il va vous le dire qu'il vous aime, dans les jours et les mois qui viennent, il va vous offrir des fleurs, je suis allergique la coupé-je, des ... des chocolats, je ne sais pas, moi, poursuit-elle, en tout cas il va vous gâter, il va vous endormir, il va vous empoisonner. C'est un scénario écrit d'avance, Madame Guerbette, écrit depuis bien longtemps, la convoitise brûle tout sur son passage".
Tu as pleuré devant moi quand maman est morte et tu m’as dit, Même les hommes, même les arbres pleurent, c’est une eau qui les fait grandir, et tu m’as fait aimer la douceur des hommes.
"Il sait que les mots sont un champ et que l'ordre que leur donne le vent peut changer le monde."