Grégoire Polet

L'argent de l'héritage, qui fond, mais qui est là pour fondre, et le portefeuille boursier consolidé, fluctuant sans doute mais sûr, actions Caja Madrid et Telefonica, le placement le plus conservateur possible. Sur la banquise de son patrimoine Raquel fait peut-être un peu l'effet d'un réchauffement climatique; mais ce n'est pas Raquel, c'est l'amour, les délices, la vie, la joie d'être généreux.

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Je ne nie pas qu'il devait y avoir une dose d'hallucination dans tout cela, mais j'en garde l'idée que ces hallucinations sont valables et que l'imagination, dans l'intensité de la solitude et du danger, ou de la détresse, est capable de créer des êtres immatériels dont la réalité, impossible à démontrer, est pourtant vécue et ressentie.

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Et Albert se met à chanter : ne me qui...tte pas, il faut ou... blier tout ... peut s'oublier... qui s'enfuit déjà...

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Et il en a relativement besoin, de méditer la vanité de ce qui est sous le soleil. Parce que la vie avance comme la cigarette se consume, et que sa librairie, pareille aussi, à force de peu de rentrées, finira par tomber. Une chose qui le fascine, Gavilan, plus hélas qu'elle ne le console, c'est l'extrême beauté de ces minuscules preuves de l'échec et de la tristesse en général. Il possédait jadis une collection de sabliers, qu'il a revendue un beau jour, à cause du poids de tout ce sable sur son moral.

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Et la communication a un effet économique incroyable : qu'elle rend le partage, oui, le partage, le partage généralisé, plus évident que le commerce d'argent, plus évident, plus facile. Et tout ce qui est plus évident et plus facile, dans la logique de l'évolution, relisez Teilhard de Chardin, relisez Lévi-Strauss, est inévitable. Cela arrive, quoi qu'on fasse. La loi du moindre effort pour le meilleur résultat est la loi qui dirige l'évolution. Et le partage est ce moindre effort pour un meilleur résultat. Il est inévitable. Après le troc, après l'argent, c'est l'ère de la gratuité qui arrive. Ce qui ne veut pas dire la paix universelle, parce qu'il y aura toujours désir de domination. Mais ça, c'est un autre débat.

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Il y a parfois des clameurs et des exultations, pour Pepe le pasteur, dans le temple, quand le prêche est inspiré. Alors on sent que tous les morts sont présents et que ce sont eux qui poussent à crier et à applaudir. Et il y en a qui pleurent. Parce que les Gitans, comme Dieu sur le mont des Oliviers, savent encore pleurer.

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Les ressources naturelles sont limitées, c'est vrai, mais l'économie et la production de richesses, ce n'est pas seulement l'exploitation des ressources naturelles, c'est surtout la création d'idées, regardez Steve Jobs, le bonhomme, il a une idée géniale, et hop ! Les idées aussi se matérialisent et se commercialisent, et rien ne stimule plus la création d'idées nouvelles que la pensée du profit qu'on peut en obtenir. Allez tenir vos discours bidons en Chine, en Inde, au Brésil, ils rigoleront bien. Regardez comme ils nous rejoignent, les émergents, et comme ils vont bientôt nous dépasser. Il ne faut pas sortir de la course, de ce beau mouvement qui rassemble les peuples et les fait converger, il ne faut pas rouler avec les freins serrés, que diable ....

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Non, quand même, dans Camus, j'ai admiré ça, quoi, qu'il cherche tellement à ce que la vie soit en accord avec la pensée. Que la pensée n'a pas de sens si elle n'est pas suivie d'une attitude. J'ai bien aimé comme il se fout de la gueule des philosophes du suicide qui ne se suicident pas, mais sinon, il me touche assez peu.

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On peut pas s'en foutre. On n'a qu'une vie, et moi, j'ai la faiblesse de croire qu'une vie, c'est important. On ne peut pas se contenter, enfin moi en tout cas, d'une vie de travailleur-consommateur, riche ou pauvre ça revient au même, travailleur-consommateur, sans autre horizon que ta qualité de vie, bien égoïste, ton pouvoir d'achat, ta capacité plus ou moins grande de jouir de tout ce qui se paie dans une vie. C'est notre monde, ça. C'est tout le monde ! Et ce n'est pas vivre; c'est survivre.

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Quand on voit par qui on est dirigés, en haut, on n'a pas de mal à éprouver de l'estime pour les ordures d'en bas.

Agir pour un système en postulant a priori que le système est bon pour les gens, ça porte un nom, qui va vous faire bondir. C'est du totalitarisme.

il songe qu'il suffit, le soir, qu'il n'y ait plus de passants pour que les gens cessent de poser ce petit geste civique de ramasser la crotte de leur clébard. Sous la douche, il pense que ce n'était certes pas à lui de retirer cette crotte de devant la porte de l'immeuble, mais que tout de même, si quelqu'un rentre après lui et n'a pas la chance de jeter sa cigarette au bon moment, il marchera dedans, et que la merde, transportée par la chaussure, étendra sa nuisance au vestibule, à l'escalier ou même, pis, à l'ascenseur.

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Ton ennui, tu l'assumes sur terre, ta difficulté de vivre, tu la combats. Te lancer à la mer, ça doit être avec l'envie de la mer et une réponse à l'appel, pas une fuite en avant. Tous les problèmes que tu laisses derrière toi en les fuyant vont prendre racine et croître énormément pendant ton absence, et ton retour sera un enfer.
Sors quand ta maison est bien rangée, quand tout est calme derrière toi.

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[...], hormis la fermeture des rideaux, ce ne sont plus que des ouvertures, de portes, de frigo, de zips, de draps, de choses vert pomme et d'autres couleurs, de chevelures et de toutes les bouches rondes, ovales ou en amande, comme les yeux, par où l'on se mange.

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Gamin mystérieux, gitan par le teint de la peau et la couleur des cheveux, caravagesque par la tendresse noire de ses yeux et le mélancolique dessin de sa bouche, corsaire par la cicatrice qui lui descend de la tempe à la mâchoire, il a un coin d'incisive cassé, comme s'il lui fallait une canine de plus pour survivre dans cette chienne de vie.

Puissants et contestataires, c'est deux façons d'être con.

l'homme est la créature misérable d'un Dieu misérable.

On meurt aussi bien en business qu'en tourisme.

(…) j'esquive, (…) et propose d'entendre ici, la gourmandise comme le poème de celui qui n'est pas poète, le tableau de celui qui n'est pas peintre. L'opéra de celui qui ne compose pas.

Le vrai, le faux, ce sont des inventions commerciales, des plus-values de marchants, des mensonges de maquignons, des arguments d’hypocrites. C’est une manière de créer des supériorités, de justifier des exclusions, d’exagérer des amours, d’exacerber des haines. Une manière de fonder le bonheur des uns sur le malheur des autres. Une raison de nier l’égalité, d’empêcher la fraternité, de miner la paix et de justifier les guerres.