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Citations de Günther Anders (226)


La croyance universellement répandue selon laquelle la peur de la mort physique est la plus mortelle des peurs de l'homme est hautement contestable. Incomparablement plus mortelle est sa peur de la mort sociale, c'est-à-dire la peur d'être discrédité, ignoré ou même raillé. La décision de continuer à vivre seul ou même en contradiction avec tout son entourage exige beaucoup plus d'autonomie et d'audace que l'acceptation de la mort des autres. Même lorsqu'elle mène à une mort certaine, l'action en commun semble être comprise à tort comme une sorte d'assurance-vie. Parmi cent personnes qui se jettent aveuglement dans le feu, il y en a tout au plus trois qui sont assez intrépides pour déserter une action de masse insensée ou immorale.

Une plus grande peur - p. 30
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Je ne prétends donc pas que l'"homme" soit aujourd’hui plus mauvais, mais je dis que ses actions, à cause de l’énormité des outils dont il dispose, sont devenues énormes. (p. 67)
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La tâche la plus importante aujourd'hui consiste à faire comprendre aux hommes qu'ils doivent s'inquiéter et qu'ils doivent ouvertement proclamer leur peur légitime.
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En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. 
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À la formule hégélienne : « La maître devient l’esclave de l’esclave », il faudrait substituer celle-ci : « Le maître devient esclave parmi les esclaves ».
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Tout loisir a aujourd'hui un air de parenté avec le désoeuvrement.
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Car ce sont les événements - les événements eux-mêmes, non des informations les concernant -, les matchs de football, les services religieux, les explosions atomiques qui nous rendent visite ; c'est la montagne qui vient au prophète, le monde qui vient à l'homme et non l'homme au monde : telle est, après la fabrication de l'ermite de masse et la transformation de la famille en public miniature, la nouvelle réussite proprement bouleversante de la radio et de la télévision.
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Rien n'a démenti depuis 1986 la caractérisation d'état d'urgence ayant conduit Anders à dénoncer la vanité d'une forme d'insoumission qui serait elle-même toujours soumise aux règles du « jeu démocratique » et résignée à en subir les fatalités progressistes.
D’autres bombes ont été larguées depuis un quart de siècle, d’autres fleuves et d’autres mers ont été intoxiqués, de nouveaux aéroports planifiés, et les âmes mutilés des hommes de ce temps toujours plus contraintes de s’adapter à la menace et aux « nécessités ». (Note de l'éditeur)
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"Le blues, ai-je lu quelque part, est la contribution des nègres à la culture américaine." Cette phrase n'est pas seulement fausse, elle est aussi odieuse. Fausse, parce que le blues était la plainte des esclaves, bien trop asservis pour avoir le droit de contribuer en quoi que ce soit à la culture américaine. - Et odieuse , parce qu'elle aboutit au mépris, lorsqu'on minore la plainte en l'admirant. La phrase me rappelle la coutume molusienne d'archiver les marques des coups de fouet laissés sur les corps des prisonniers en tant que "contributions à l'art national de l'ornementation".
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Sois suspicieux dans le choix de ceux que tu aides. Ne pas aimer son protégé est difficile.
Et encore plus suspicieux dans le choix de ceux dont tu acceptes une aide. Ne pas tenir rigueur de son bienfait à son bienfaiteur est encore plus difficile.

Avertissement, p. 12
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Il me semblait qu'écrire des textes sur la morale que seuls pourraient lire et comprendre des collègues universitaires était dénué de sens, grotesque, voire immoral. Aussi dénué de sens que si un boulanger ne faisait ses petits pains que pour d'autres boulangers. Bref: j'ai essayé de donner à la morale une forme pour que le message passe.
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La terre n’est pas menacée par des gens qui veulent tuer les hommes mais par des gens qui risquent de le faire en ne pensant que techniquement (...), économiquement et commercialement.
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[Car] la langue n'est pas seulement l'expression de l'homme, mais l'homme est également le produit de son langage ; bref, parce que l'homme est articulé comme lui-même articule, et se désarticule quand il cesse d'articuler.
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Mais en philosophie la "digression" signifie bien autre chose que dans les ceignes spécialisées ou dans la vie quotidienne ; pour le puriste en matière de philosophie, elle signifie même le contraire.
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Rien n'est plus factice que l'effet prétendument amplificateur des mots accompagnant le mot principal. "Sombre" est plus sombre que "très sombre". "Important", plus important que "hautement important", "gracieux", plus gracieux que "inhabituellement gracieux". Le mot simplement posé agit comme pure qualité; le mot renforcé, comme une affirmation véhémente : et déjà on lui refuse tout crédit.

Factice - p. 146
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L'équation "essence = differentia specifica" avait conduit le Romantisme à supposer que l'altérité de tout homme était l'individualité même ou du moins constituait une information relative à l'individualité; on avait identifié "l'écart et la subjectivité", comme il est dit chez Hegel. Tant que la vie a réellement consisté à "former" l'individualité et avait le temps de s'y consacrer, la conception de l'être-autre comme individualité a été plus qu'une simple surcompensation de l'être-autre, davantage qu'une simple théorie sur l'homme. Cet écart manque aujourd'hui. Chacun est comme il est, autre que tout autre, mais aucun n'a le temps de l'être.
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Or, à quelle classe appartient un être qui a, certes, l’obligation de travailler, mais n’a ni le droit ni la compétence de porter la responsabilité de son activité ?
À la classe des machines et des pièces de machines

Le rêve des machines (Lettre à Francis Powers, à tous les Powers du monde et aux gens instruits parmi leurs complices), p. 42
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Je ne sais pas si l'on a déjà cloné des gènes humains. Mais, comme nous savons que l'impératif actuel est : « Ce qu'on peut faire, on doit le faire », ou : « Ce qui est faisable est obligatoire », ce qui n'est pour l'instant encore qu'e possibilité est déjà là aujourd'hui comme un présage qui nous coupe le souffle.
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Il pointa du doigt vers les Mexicains qui goudronnaient la rue devant chez lui: "Vous croyez peut-être que ces gens-là n'auraient pas, eux aussi, leurs 'tendances intérieures'? Et des talents qui auraient trouvé un meilleur usage dans d'autres activités que le goudronnage des rues de Los Angeles? Ne croyez-vous pas qu'eux aussi auraient pu se sentir une 'vocation' pour un métier qui leur irait peut-être comme un gant?
Mais ces gens-là ont justement dû faire ce qu'ils n'avaient pas la vocation de faire, ce qui ne leur convenait pas, ce qui leur était échu par hasard - en un mot: quelque chose de faux. - Pourtant qui connaît le monde? Vous? Ou ces gens-là?"
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Ce que Beckett représente, ce n'est pas donc le « nihilisme », mais l'inaptitude des hommes, même dans la situation la plus désespérée, à être nihilistes.
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