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Citations de Guy de Pourtales (37)


(...) comme je crois qu'une biographie n'a de valeur profonde que traitée avec amour et parti pris plutôt qu'avec la froideur du critique, je chercherai à exciter en moi cet amour, au moins cette sympathie sans laquelle il me paraît impossible d'approcher réellement, de sonder un être à travers ce qu'il nous a livré de lui-même, plus impossible encore de le deviner dans ce qu'il nous a tu.

Préface
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Tout son pathétique, son art, son amour, fut son extraordinaire talent pour l’illusion. Il atteint par là jusqu’au génie. Ses pauvres châteaux sont de terribles drames quand on y songe. Dressés dans leurs paysages bucoliques ou menaçants, ils sont un douloureux aveu d’impuissance. Ils sont un énorme cri. Et lorsque les paysans bavarois passent auprès d’eux et les saluent, c’est peut-être parce qu’il y a tout de même quelque chose à admirer et à aimer en eux. Non leurs murs, leurs marbres ou leurs statues, mais ce que Louis lui-même n’avait pas songé qui s’y trouverait un jour : son spectre.
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La musique et le théâtre, il les aime encore, mais ne supporte plus le public. Les lorgnettes des curieux l’exaspèrent. On entoure sa loge de rideaux. Mais cela ne suffit pas, aussi decide-t-il d’instituer, une ou deux fois par mois, des représentations dont il est le seul spectateur.
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Mais que ne dit-on pas de qui n’aime ni le bruit, ni les drapeaux, ni le vin, ni les fêtes, ni le plaisir ? On dit : c’est un fou. Ou un monstre.
En tout cas un anormal. Ainsi en décident ces noctambules chargés de bière, qui, au petit jour du 18 juillet 71, voient s’enfuir vers ses montagnes, dans une calèche fermée, leur roi sans patrie et sans amour.
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Il rit. Elle pleure lorsqu’il est reparti. « Ne voyez-vous donc pas, dit-elle, que le roi ne m’aime nullement ? Il joue seulement avec moi… »
Le 17 février, il lui écrit : « De toutes les femmes vivantes, tu m’es la plus aimée… » Mais, « le dieu de ma vie, comme tu le sais, est Richard Wagner ».
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La sottise de reprocher aux jeunes d’être trop expéditifs ! Qu’aurions-nous à notre actif si, d’enthousiasme, nous ne savions pas quelquefois faire litière du raisonnable ?
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C’était une fille mince, brune, furieuse, étincelante. Le roi ordonna qu’on les laissât seuls. Il lui demanda son nom : — « Lola Montes. » Il la pria de se rajuster, car dans la bagarre son corsage avait été à moitié arraché. Elle préféra rester le sein nu. Elle parla. Elle s’expliqua. Elle plaida. Or, le royal amateur d’art, qui avait caressé tant de statues, ne pouvait croire à la perfection de cette vérité palpitante. Il tendit la main ; elle la prit et la mît devant « le fait accompli. ». (C’est ainsi que s’exprime un rapport de police).
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* Liszt a eu beaucoup d’amours, mais l’ordre qui domine son œuvre comme il commande sa vie est la poursuite d’un idéal.

* Liszt a ceci d’exemplaire, c’est qu’ayant connu fort jeune les plus rares triomphes d’artiste et les plus dangereuses joies d’homme, il s’est lentement élevé, à force de volonté et malgré cette gloire enlisante, jusqu’aux solitudes de l’esprit.

* L’histoire de son esprit est dans ses œuvres ; Celle de ses amours se lit dans la souffrance et les enthousiasmes des femmes qui l’ont adoré.

* L‘âme de Liszt ressemble à certaines âmes féminines qui, à travers les douleurs, les laideurs et les pires expériences de la vie, émergent intactes, dans toute la pureté de leur première fleur. En passant sur elles, les années, fussent-elles démoniaques, n’ôtent rien à ces beaux anges. C’est pour eux que Pascal s’écrie : « 0 qu’heureux sont ceux qui, avec une entière liberté et une pente invincible de leur volonté, aiment parfaitement et librement ce qu’ils sont obligés d’aimer nécessairement. »

* « Votre âme est trop tendre, dit elle, trop artiste, trop sentimentale pour demeurer sans société féminine. Vous avez besoin de femmes autour de vous, et de femmes de tout genre, comme un orchestre réclame des instruments variés, des tonalités variées.»
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Je ne sais quel écrivain français contemporain a dit que la musique de Wagner est typiquement de celles « qu’il faut écouter la tête dans les mains ». Cette appréciation me laisse supposer que l’auteur de ce mot n’a jamais entendu un opéra wagnérien. Car le propre de cette musique est justement qu’on l’écoute avec son corps tout entier, avec la tête, certainement, mais avec le coeur aussi, et le ventre, et pour ainsi dire avec les yeux et les mains, comme on s’offre à une tempête. Elle n’est jamais touffe de myosotis ou problème harmonique. Ce qu’elle brasse en nous de violences et de désirs enivre comme un vin fort. C’est un torrent qui submerge et contre lequel la lutte est impossible. Il faut fuir ou se laisser emporter. On se moque bien que cette musique soit optimiste ou pessimiste, vulgaire ou distinguée, décadente ou littéraire, et qu’il la faille écouter la tête dans les mains ! La vérité est que les cris de Marsyas dans sa forêt remplissent d’effroi les innombrables petits joueurs de flûte. Et ils continuent encore aujourd’hui à détaler quand ils entendent la foulée du satyre. Car il est terriblement puissant, ce vieux promeneur solitaire du col de la Formazza, du Bois de Boulogne et des pâturages lucernois. Ses interprètes de 1875 le regardaient avec une crainte mêlée d’amour. Ils ne se doutaient pas que ce front tout encombré par l’énorme Tétralogie en train de naître à la réalité, portait déjà l’idée de Parsifal. Le musicien ne se reposait point de créer, d’amasser à tous les coins de bois les harmonies qui raconteraient certain vendredi saint vieux de vingt ans, lorsque, sur la terrasse de l’Asile zurichois, il confondait dans un même élan l’éternel printemps de Bouddha, du Christ et de Richard Wagner.
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Fragments du Journal de Wagner pour Mathilde Wesendonk :
3 septembre 1858,
Ce qui m’élève, ce qui reste durable en moi, c’est le bonheur d’être aimé de toi… Venise, Grand Canal, Piazzetta, place Saint-Marc, un monde éteint. Tout devient objectif comme une oeuvre d’art. Je me suis installé sur le Grand Canal, dans un immense palais où je suis seul pour le moment20. Grandes pièces spacieuses, où je me promène à ma guise. Ma demeure étant toujours d’une si haute importance pour le côté matériel et technique de mon travail, je mets tous mes soins à m’installer selon mes goûts. J’ai écrit immédiatement afin de me faire envoyer l’Érard. Il sonnera admirablement dans les hautes salles de mon palais. Le singulier silence du Canal me convient à merveille. Je ne quitte ma demeure que le soir à cinq heures, pour aller manger.
Ensuite, promenade dans le jardin public ; brève station sur la place Saint-Marc, d’un effet si théâtral, parmi une foule qui me reste entièrement étrangère et distrait seulement mon imagina-tion. Vers neuf heures je rentre en gondole, je trouve ma lampe allumée et je lis un peu avant de m’endormir… Cette solitude que je recherche uniquement – et qui est ici si agréable –, elle flatte mes espérances. Oui, j’espère guérir pour toi. Me conser-ver pour toi signifie me consacrer à mon art. Devenir ta consolation par mon art, telle est ma tâche ; elle convient à ma nature, à ma destinée, à ma volonté, à mon amour. De cette manière, je reste tien.
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C'est le 26 novembre que l'événement eut lieu. Il faut dire ainsi, car si les deux premières soirées avaient été d'heureux essais, celle-ci devait décéder de l'avenir. Toute l'aristocratie presbourgeoise se trouvait réunie à cette matinée. Et Franz joua son Beethoven aimé, improvisa, déchiffra sans effort et dans le rythme voulu les morceaux de bravoure que plusieurs grands seigneurs lui mirent devant les yeux. L'étonnement fut général. Lorsqu'on sut que le père ne possédait pas les moyens de faire donner à son fils une éducation musicale complète, les bourses s'ouvrirent. Les comtes Apponyi, Amédée, Esterhazy, Szapary et Viczay, lui constituèrent spontanément pour un durée de six ans, un rente de six cents florins d'Autriche.
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Sana être un musicien considérable, Elsner n'en était pas moins un personnage : auteur d'opéras, de symphonies, de messes, et directeur du Conservatoire. Il est le mérite de ne contrarier en rien les dons personnels de Chopin : - "Laissez-le faire, disait-il, il s'écarte un peu du chemin battu et de l'ancienne méthode, c'est parce qu'il a la sienne à lui, et ses œuvres témoigneront un jour d'un originalité qui ne s'est encore rencontrée chez personne. Il suit une voie extraordinaire, parce que ses dons sont extraordinaires."
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Pour l'anniversaire de ses huit ans il joua dans une soirée au bénéfice du vieux poète Niemçewicz. On l'avait habillé à l'anglaise, avec une veste de velours et un large col rabattu. Et comme sa mère, ensuite, l'interrogeait sur son succès, voulant savoir ce que le public avait préféré : "Mon col", répondit-il avec fierté.
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De sa "Sibérie-prussienne", de ce plat pays si froid, l'imagination de Wagner commence bientôt de s'évader vers les contrées chaleureuses où l'artiste se figure qu'il est attendu, qu'il sera fêté, et que ses créations y fertiliseront des terres avides de nouveauté.
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Guy de Pourtales
La guerre, c'est un paysage qui vous tire dessus.
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Soyons même des malades, s’il le faut. Car il y a une morale
des bien-portants et une morale des malades. Les malades,
dira-t-il un jour, n’ont pas le droit d’être pessimistes.
Or, ce sont souvent les bien-portants qui pensent le plus à la
mort et la redoutent. Et c’est logique. Nietzsche, qui a été
pendant ses quinze grandes années créatrices un moribond,
cherchait le sens de la vie. La grâce donnée à l’artiste, c’est
le pouvoir de rendre objective sa souffrance, de s’en débarrasser
en la coulant dans une forme. Le malade Nietzsche l’a
fait en cherchant le sens de la vie, et Tolstoï le bien-portant,
en cherchant le sens de la mort.
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Aussi maintenant que la comtesse [Marie d’Agoult] rebelle et repentie expirait à Paris, dans sa famille légitime, la seule fille [Cosima] qui lui restât de ses libres amours ne pouvait-elle éprouver qu’une mélancolie passagère. Les forces qu’elle avait en réserve pour souffrir appartenaient à Wagner. Lui seul comptait pour elle, et l’heure approchait sans doute où il faudrait voir s’abîmer dans la mort le navigateur sans patrie. Il ne demeurerait de lui que son œuvre, sa gloire. Mais était-ce cela qu’elle aimait ? Non, ce qu’elle aimait, c’était cet homme assis sur la scène devant son âme déchaînée, dirigeant la longue bataille de ses passions ; cet artiste blanchi, ravagé, avec sa tête de vieux maître de la Renaissance, cet Adam court et formidable qui croyait en l’amour, en la douleur, en la pitié, en la poésie, ces abstractions qui font sourire les hommes, mais remueront longtemps encore les entrailles féminines.
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Wagner et Nietzsche sont en face l’un de l’autre comme les habitants de deux planètes différentes qui se seraient découverts au télescope, auraient trouvé le moyen de se rejoindre pour se complimenter de leurs travaux et ne sauraient point que l’un des deux doit périr de la science de l’autre. Et ils sont en même temps comme un père et son fils, assujettis à des hérédités communes et remplis de cette pudique timidité familiale qui fait qu’ils se dévouent l’un à l’autre, se déjouent, se combattent et s’entraident sans apercevoir qu’ils se devinent trop pour accepter jamais de se comprendre.
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Un jour que [son hôtesse] lui parle de l’avenir, [Wagner] dit avec agitation, en arpentant la chambre : « L’avenir ? Mais qui donc pourrait monter l’œuvre d’art que je suis seul – avec l’aide de mes démons – à pouvoir représenter ? Je ne suis pas fait comme les autres. J’ai des nerfs irritables. Il me faut de la beauté, de l’éclat, de la lumière. Le monde me doit ce dont j’ai besoin. Il m’est impossible de vivre d’un malheureux traitement d’organiste, comme votre maître Bach. Est-ce donc une folle exigence que prétendre à ces miettes de luxe dont j’ai envie, moi qui prépare à tant de milliers d’êtres de si fortes jouissances ? »
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En composant le premier acte de Tristan, Wagner s’était abandonné à la fougue d’une espérance qui colorait tout son avenir. En composant le second, dans la solitude de Venise, il a soudain compris l’inanité de son ambition amoureuse. Alors, il en épuise les transes dans sa musique. Son cœur a entièrement coulé dans son piano.
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