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Critiques de Hector Mathis (127)
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K.O.

O.K ! J'ai envie d'être ce qu'on appelle bon public. Ce livre me semble toutefois déconcertant de par son style. Comme le dit Sitam, le narrateur, plutôt que d'un roman il s'agit d'un soliloque que caractérise fort bien la citation suivante : « Coup dur sur coup dur, je m'en vais me noyer dans le langage. [...] Le presque cabé gratte encore. Les ongles remplacent la plume. La jouissance ? Un judas sur un cercueil ! La littérature c'est l'antichambre de la mort. La mort celle de l'absolu. L'écrivain cherche à griller les étapes en trompant l'ordre des choses pour aller chatouiller l'infini. C'est la seule ambition qui se respecte. Parler d'absolu avant de mourir. Des centaines de pages et parfois plus pour échouer lamentablement. Voici ma tentative… » (p. 152-153).

Le sentiment d'urgence devant la fatalité de la maladie impose l'écriture comme une évidence (« La maladie avait tout bouleversé, les choses ne suivraient plus jamais la même logique. », p. 147) pour rester « aux prises avec le réel, lui tordant le cou jusqu'à la fiction... » (p. 189) et évoquer entre autres ces détraqués dont la vie n'est que « déception sur déception. Clope sur clope. Demi sur demi jusqu'à plus RSA. » (p. 184)

Sitam entend aussi rendre hommage à des confrères dans la galère, ce qui est tout à son honneur.

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K.O.

Ce livre, comme une peinture contemporaine, est plein d'images et de couleurs audacieuses.

Et, il résonne effectivement comme un endiablé morceau de jazz au rythme saccadé.

Il est original, riche et rapide.

Pourtant, en quelques chapitres, il m'a mis K.O., K.O. debout !

Décidément, je ne suis vraiment pas taillé pour ce genre de lecture, moi qui aime les longues phrases et les points virgules.

Et finalement, irrémédiablement, je n'ai pas réussi à me faufiler dans l'univers d'Hector Mathis.

Je suis resté en dehors du récit.

Le livre s'ouvre sur une rencontre saugrenue, dans le décor intrigant d'une vieille cabane de garde-chasse où résonne le saxophone d'Archibald, vieux vicomte de la campagne parisienne.

Un narrateur, à la première personne, entame son histoire ...

Mais le rythme est saccadé, l'accumulation de phrases courtes, trop souvent sans verbes, est étourdissante, donne le vertige et finit par nuire au récit.

De beaux petits morceaux de style y sont enchâssés mais semblent comme perdus dans trop de richesse et de rapidité.

Parfois même le mot donne l'impression d'avoir été artificiellement enrichi.

Hector Mathis ne donne pas à son lecteur le droit de respirer.

Il s'enfonce dans sa narration à marche forcée.

La mise en forme du texte n'arrange rien.

Et ce rythme endiâblé ne m'a pas semblé permettre aux personnages et aux décors de prendre toute leur épaisseur.

Au final, "K.O." est certainement un bon premier livre mais certainement pas un livre pour moi.

Je vais donc, à notre prochaine rencontre, le faire circuler au club Babelio des lectrices et des lecteurs de Vannes.

Il y trouvera peut-être un "bouquineur" plus avisé ...
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K.O.

Je me rappelle avoir lu comme conseil dans un ouvrage intitulé "Polar : Mode d'emploi" qu'il fallait, pour un premier roman, parler d'un univers, d'un contexte que l'on connaît très bien, pour éviter d'ajouter de la difficulté, alors que le simple fait de se lancer dans l'écriture est déjà une gageure. C'est sans doute en suivant ce conseil que beaucoup de jeunes auteurs parlent un peu (beaucoup... ?) de leur vie personnelle dans leur premier roman. C'est sans doute aussi pas mal du à l'époque qui ne jure que par l'autofiction... Peut être pas exclusivement, mais c'est quand même une tendance forte.



Quand on compare la vie du personnage principal du roman et quelques éléments biographiques de l'auteur, on comprend qu'on est en face de ce genre de premier roman. C'est assez étonnant comment l'auteur glisse quelques indices plus ou moins flagrants que c'est le cas (le personnage s'appelle Sitam... Lisez ma chronique dans un miroir et vous comprendrez où je veux en venir...) et comment il tente aussi de brouiller les pistes, notamment quant au contexte spatio-temporel. Par exemple, il évoque clairement des événements s'apparentant aux attentats de Paris de 2015... mais invente une actualité où ceux-ci se généraliseraient rapidement à toute l'Europe. Ou il situe une bonne partie de son roman dans la banlieue où lui-même a grandi, mais la surnomme tout au long du récit, la grisâtre, sans jamais dire plus précisément de quel lieu il s'agit. Le roman dans le roman et la mise en abyme sont plutôt bien réussis et renforcent cette identification personnage-auteur.



L'ambivalence se retrouve jusque dans le style où la langue s'apparente à un argot de titi parisien des années 50, pourtant plongé dans une époque bien contemporaine. Cela donne un récit agréablement fouillis où on goûte clairement la musicalité mais où on flotte un peu entre réel et réalité. On est trop proche de notre monde pour s'envoler vraiment, trop baroque pour arriver à vraiment s'accrocher. L'expérience est loin d'être mauvaise, c'est un produit avec des vrais morceaux de littérature à l'intérieur mais j'aurais aimé parvenir à plus m'attacher à des personnages touchants mais qui semblent parfois manquer de chair. Archibald, Capu, Benji ne semblent demander qu'à nous émouvoir mais je me suis retrouvé à un certain moment plus spectateur qu'impliqué.



Il reste de vraies jolies promesses pour un premier roman d'un tout jeune homme qu'on sent meurtri par son époque et son histoire et qui cherche encore le meilleur moyen de nous inviter dans son monde. Gageons que je pousserais sans doute à nouveau la porte de cet univers puisque deux autres livres sont venus garnir ses étagères et que j'ai bien envie de voir comment il a négocié le virage de la confirmation, en se renouvelant tout en gardant sa voix singulière.
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K.O.

Je n'ai pas été mise K.O. par cette lecture car je suis restée en dehors. C'est le principal reproche que l'on peut faire à Hector Mathis.

Il nous donne à voir ou à entendre mais on n'est pas pris aux tripes, embarqués ; comme avec Calaferte par exemple, qui, dès la première phrase, vous ferre et ne vous lâche plus que cela vous plaise ou non. Et alors vous émergez de votre lecture complètement déboussolés, transformés et le monde n'est plus comme avant. Il vous a contraint à le suivre et vous le détestez et l'adorez pour cela.

C'est un peu ce que j'espérais en entamant ce livre.

J'ai toutefois aimé cette lecture qui comporte de beaux passages comme

« Qu'est-ce que c'est beau l'horizon quand il bave ses couleurs jusqu'au délire. On commettait comme une indiscrétion à ce moment précis. Ce ciel-là on n'étaient pas censés le voir. On était entrés sans frapper, au moment le plus délicat.(…) On ne parlait pas, on laissait résonner les couleurs… »

Je dirais peut faire mieux, plus percutant, plus charnel, laissant des traces, réveillant de vieilles blessures mal cicatrisées. J'attends le prochain…

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Carnaval

Sitam a tout lâché, sa vie d’avant, ses amis d’enfance, sa compagne Capu lorsqu’il a appris qu’il était atteint d’une maladie neurologique : « il est scléreux » comme il le dit lui-même. Entre les médicaments et leur effets secondaires parfois terribles, la lucidité qui lui fait comprendre très vite que ceux-ci ne peuvent qu’atténuer les symptômes sans soigner vraiment, la dureté de la vie à Paris, dans la pauvreté et la solitude, il se rend compte qu’il a peut-être fait une bêtise en prenant la fuite.



A Paris, il a un copain de galère, Totor, qui livre des pizzas ou autres repas, à vélo, payé en fonction de la durée optimale de livraison fixé par l’employeur, et malheur à lui s’il est victime d’une crevaison ou autre contre-temps. Comment payer un loyer quand on gagne à peine de quoi ne pas crever de faim, quand on croise sur la route les « croque-poussière » comme il les appelle.



Alors, retrouver Capu devient une priorité et il frappe à toutes les portes (enfin, tous les numéros de portables qu’il connaît!). Mais, il est obligé de revenir dans la banlieue de son enfance car un des potes est décédé. Tous les souvenirs remontent, les bêtises de l’adolescence, flirtant avec la petite délinquance, l’alcool…



« Grand Jean fuyait l’école, Benji la solitude, le Muco la maladie, l’Allemand sa famille et moi l’ordinaire. C’était tout de même une enfance bien heureuse, pleine d’imaginaire, je sais bien que beaucoup de choses ont été écrites à ce sujet, mais enfin je continue, une enfance avec l’infini au bout de la rue… »



Ce roman est particulier par son style, son rythme effréné, la course à la survie parfois, dans des familles souvent à la limite de la désocialisation. C’est un uppercut et même si le propos est parfois décousu, je me suis laissée emporter par les mots que l’auteur manie avec dextérité…



Ce roman est une suite de « K.O. » que je n’ai pas lu, mais cela ne m’a pas gênée dans ma lecture, juste donné envie de le lire évidemment.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet Chastel qui m’ont permis de découvrir ce roman si particulier ainsi que son auteur.



#Carnaval #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Carnaval

Carnaval, voici un texte déroutant et qui se veut délibérément déroutant. Son auteur est à son second essai, j'aillais dire tentative pour nous convaincre, il s'agit d'Hector Mathis, que j'avais découvert par son premier roman K.O... Ce premier roman m'avait laissé un peu dubitatif, une absence de scénario, une fougue un peu désordonnée, mais qui laissait entrevoir une belle écriture, écriture que j'avais aimée.

Malgré la lourdeur de style de son premier roman, cette logorrhée de mots, beaucoup d'entre nous voyaient cependant un auteur pouvant naître. Voici son second roman et je ne vois toujours pas cette naissance attendue s'accomplir...

Nous retrouvons Sitam, le narrateur du premier roman. C'est une suite sans être une suite. On peut prendre le train en marche et on comprendra, nous prévient-on à l'avance, sans avoir lu pour autant le premier opus. Moi j'étais déjà dans le train depuis le départ et je n'ai toujours rien compris à l'histoire...

Je vois de magnifiques phrases, j'imagine qu'elles ont été travaillées, ciselées avec force, peut-être sur un carnet, peut-être sur un smartphone, elles sont belles, indéniablement belles, je vous ai d'ailleurs partagées certaines d'entre elles qui m'ont grisé... Mais voilà, la force d'un roman ne tient pas à un tricotage de belles phrases... le résultat est une forme de patchwork et démontre sans doute encore la jeunesse d'un auteur, la recherche d'un effet esthétique avant toute chose, un côté narcissique qui étouffe malheureusement le récit...

Est-ce parce que je suis asthmatique : j'ai totalement manqué d'air, j'ai été asphyxié par ce soliloque, ce déferlement de mots, j'avais une envie folle de sortir du train sans attendre la prochaine gare ; oui c'est un rap, oui c'est un slam, mais n'y a-t-il pas moyen de proposer des pauses de temps en temps pour qu'on respire ?

Il y a certainement un sentiment d'urgence exprimé par l'auteur, mais le sentiment d'urgence du lecteur est de pouvoir respirer devant ce texte, sauf s'il vous emporte dans un souffle, mais ici pas de souffle...

Où est le synopsis ? Où est l'idée ? Quel est le fil conducteur qui tend ce texte ?

Au-delà de l'exercice de style prodigieux (bravo !), j'aurais aimé être emporté par un souffle, une histoire...

Pourtant j'ai entrevu de belles idées à certains instants où j'arrivais à me remettre de ce chaos : la rue, ceux qui y vivent, les laissé-pour-compte, la route, la dérive... Il y avait une belle idée pourtant ici à creuser, celle d'y apporter une attention, à condition d'écarter cet horrible style narcissique qui prend tout à son avantage et fait de l'ombre à ceux qui sont les plus démunis...

Une cavale, bon, on a compris. Une cavale de mecs... Aïe ! Tout ce que j'aime... Une absente, la fameuse Capu, femme abandonnée dans le précédent roman apparemment désirée de l'auteur néanmoins, on ne sait pas trop s'il va à sa recherche tandis que l'enterrement d'un ami de jeunesse l'entraîne à revenir vers sa banlieue de jeunesse... On espère la trouver à la fin, la fameuse Capu, ce roman est une vraie arlésienne, plutôt une cavale sexiste, une équipée de machos, fiers de leurs dérives, qui boivent des bières à n'en plus finir. J'aime de temps en temps boire, j'aime modérément l'ivresse, mais dans ces moments-là, je tâche de m'approcher d'Antoine Blondin, de Michel Audiard, de Charles Baudelaire, ou même de Charles Bukowski, je tutoie les étoiles et je vous assure qu'elles me parlent, qu'elles me répondent, nous entretenons un véritable dialogue... Ici, tout se passe entre mecs dans un désespoir affligeant, déconcertant, nombriliste... Bien que les mots soient bien travaillés... Triste vin ! Dommage !

J'ai l'impression que je préfèrerais retrouver la prose d'Hector Mathis dans des poèmes, des slams, des chansons, plutôt qu'un roman...

Je remercie Babelio et les Éditions Buchet-Chastel de m'avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre de cette Masse Critique Privilégiée.

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K.O.

GUÈRE PLUS O.K. QUE K.O.



Être un jeune homme de vingt-quatre ans, "sortir" de la banlieue (sous-entendue : parisienne, puisqu'il est connu que, définitivement, il n'est de bon bec que de Paris et de "vraie" banlieue, sans avoir à citer laquelle, que d'Île de France), avoir été parolier et écrire du rap mais croire, encore, en la force du livre, sans pour autant crier au "courage", comme il est habituel de le faire, souvent par facilité, souvent parce qu'on a rien d'autre à dire (comme si l'expression d'un art devait absolument ressortir et avant tout de cette qualité-là), on peut tout de même estimer cela méritoire. D'autant qu'il y croit, Hector Mathis, à la pérennité de l'oeuvre écrite, à sa primordialité, quand bien même la musique est de tous ses environs, qu'elle aussi est affaire de style et, bien plus encore, de rythme ; il y met du sien pour nous montrer, nous rappeler comme cet acte lui est essentiel, viscéral, inhérent et constitutif de tout son être. Urgent. Rien moins. Et à condition de prendre ce texte pour ce qu'il est en large part, quoi que jamais totalement : un roman intensément intime sans être forcément auto-biographique. du moins, jamais tout à fait.



Mais reprenons.



K.O., c'est, avant toute autre chose, l'histoire de Sitam, un jeune un peu pommé, un peu artiste (dans l'âme), un peu sans le sous et qui, son désir de littérature mis à part, se fiche éperdument des représentations et obligations de notre monde "post-moderne", conchie ses poses et ses rêves bourgeois, aime rien moins que l'errance, la gratuité des relations - et son corollaire : l'absence d'attachement total, définitif, du moins en apparence -, la liberté - jusqu'à un certain point -.

Mais K.O., c'est aussi le roman d'une - longue - fuite. Fuite devant les remous que vivent nombres de pays d'Europe (on nage dans une vague ambiance d'apocalypse mal définie quoi que, semble-t-il, générale), sans qu'on en sache beaucoup plus ; fuite du coeur de Paris dont on apprendra au détour d'une phrase que les bombes y ont fait entendre leur souffle de mort et que les forces de l'ordre y pullulent ; fuite de la banlieue - "La Grisâtre " - devant les risques de poursuites judiciaires inopportunes, après que son ami barman ait pris une balle des mains de sa maîtresse oublieuse et alcoolisée ; fuite dans un autre pays, un lieu dont on ne connait pas la langue (la Hollande), une capitale dont il ne sait aucune règle, où il ne connait personne en dehors de sa "môme" qui l'a accompagné-là ; fuite de soi-même et de ce que les éventuelles racines peuvent dire de vous (à commencer par les mots, inéchangeables désormais) et vous renvoyer à la trogne. Fuite de l'autre, l'aimée, l'aimante, "la môme", comme on disait "la môme Piaf" au temps jadis, en ces temps si lointains où une môme, c'était déjà plus qu'un flirt mais moins qu'une épouse, avec toute la tendresse (un rien paternaliste et sexiste) en dedans, mais qu'il va abandonner par peur de lui, de ce qui vient de lui tomber dessus, oui, c'est vachard, un truc dont on sait qu'on ne guérira jamais, à quelques vingt piges. D'ailleurs, ce coup de semonce médical (un rien ridicule, hors contexte. Et d'ailleurs assez maladroitement, naïvement conté, derrière le besoin de s'essayer à du Kafka hospitalier, comme s'il s'agissait d'un nouveau Château en blouses blanches - l'hommage est visible. Trop -), ça va être le point de départ de son ultime fuite : celle au cours de laquelle il abandonne môme, ami blessé retrouvé, relation de travail forte d'avec un imprimeur libertaire, intellectuel et apôtre résolut du jeu de mot et de la charade à tiroirs (avec, en prime, une plongée dans les classiques du genre dont l'auteur aurait pu se passer sans dommage : "Vic tue Ail", et compagnie). Cependant, cette fuite terminale lui permet aussi de se retrouver en compagnie d'Archibald, un de ces derniers "mange-poussière" que l'embourgeoisement généralisé n'a pas encore atteint - n'atteindra jamais -, un "détraqué" comme Sitam, saxophoniste cacochyme ayant loupé sa carrière (et sa fille) mais pas totalement aveugle puisqu'il sait comme la place du jeune littérateur en herbe n'est pas ici, perdu dans le parc d'un château aux fausses et baroques féeries en ruines et que le jeune homme surnomme de manière générique "le domaine" (une autre interprétation de l'Extension du domaine de la lutte ? La filiation ne plairait peut-être pas à son auteur mais, à une génération d'intervalle, les points communs sont évidents).



Roman du désenchantement, roman de la fuite face au temps présent, invariablement moche et violent, face aux engagements pour soi-même ou pour les autres, roman d'une révolte sans révolution possible, ou l'aigreur le cède souvent à une forme de politiquement correct de l'incorrect qui refuse de se voir tel : les envolées contre les bourgeois, contre nos souffreteuses démocraties, contre la vulgarité et la médiocrité ambiantes, la "modernitude" technologique, l'idée que nous en sommes à la fin d'un monde - DU monde ? - dont il ne resterait plus qu'à rédiger l'épitaphe (je reprends les propres mots de Sitam/Mathis en verlan) sont très certainement sincères et, pour une large part, nous les partageons... Mais elles sont exprimées avec une telle naïveté - niaiserie ? - qu'elle finissent souvent à plat ou, pire encore, parfaitement hors contexte et sans grande profondeur car donnant généralement dans l'expectoration malhabile, dans l'expression un rien convenue d'un mal être qui peine à se définir pour ce qu'il est réellement : l'impossibilité fondamentale à être dans cet univers désenchanté. Roman du Je (du moi-je) comme ultime fin - même terne, déprimé et sombre - de tout, O.K. pourrait presque passer pour une auto-fiction, n'était que cela se déroule dans des temps qui ne sont pas tout à fait les nôtres - voire ! Car en étirant un peu le propos, l'Europe qu'Hector Mathis décrit, sans détail précis, ce pourrait-être celle de l'après Charlie Hebdo, cette Europe qui oscille entre peur horrifique à l'égard du terrorisme, réel ou "ressenti", et reprise en main liberticides des gouvernants sous prétexte, véridique et fallacieux à la fois, de la lutte contre les précédents cités -, un texte dans lequel les proches, supposés ou de passage, de Sitam n'en sont, finalement, que les faire-valoir très flous, aux visages et aux psychologies très peu définis, quasiment interchangeables, comme si ce soleil terne qu'est le narrateur n'avait plus assez de force pour éclairer les reliefs de ses semblables avec la force d'une lumière intérieure en sursis, tellement pâlichonne et auto-centrée.



Certes, il ne se passe pas grand chose au cours de ces quelques deux cents pages tenant autant du road-movie sans cheminement réel (puisque notre narrateur finit par tourner globalement en rond) que du roman grisâtre - à l'instar de cette banlieue elle-même très floue - à défaut d'être noir. Mais, en soi, cela n'est aucunement la marque d'un mauvais ouvrage. On peut exprimer une foultitude de choses, être passionnant, bouleversant parfois, avec un personnage totalement immobile, par le biais d'une oeuvre contemplative, onirique, dense ou en ne décrivant qu'une seule et même action jusqu'à en atteindre l'acmé. La littérature contemporaine est pleine de chef-d’œuvres de ce type-là. Pour cela, il faut aussi du style. Mieux : un style. De fait, Hector Mathis mise beaucoup - tout ? - sur le sien, sur cette langue mi-verte, mi-blette (parce que cherchant absolument ses racines dans un argot antédiluvien) qui, il est vrai, surprend plutôt agréablement au cours des trente premières pages mais qui finit par devenir trop évidente, trop attendue, redondante, systématique au fur et à mesure où l'on avance dans cette absence d'avancée. C'est vrai, cette langue est très travaillée, très construite derrière ses perceptibles et, souvent, intelligentes déconstructions. Tout cela est très référencées et l'on y sent de manière permanente l'hommage à quelques grands anciens - tellement. Trop. - à quelques uns des auteurs de son Panthéon intime : Céline, bien évidemment. Mais aussi le méconnu (bien qu'en vogue dans certains milieux depuis une petite dizaine d'année) Jehan Rictus, poète des miséreux et du parler populaire. On pourrait aussi déceler, mais c'est une simple hypothèse, une certaine connaissance du cinéma réaliste et populaire de l'entre deux guerres, au moins en ce qui concerne les passages dialogués. Il faudrait, nous explique la presse, y reconnaître la violence sensuelle et lumineuse d'un Louis Calaferte, mais nous n'avons pu nous y résoudre, tant il est difficile de retrouver ici les fulgurances de l'auteur de Septentrion ou de la mécanique des femmes. Quant à Louis-Ferdinand Céline, cité plus haut et, indubitablement, le premier des inspirateurs d'Hector Mathis... Il écrase tant le jeune écrivain de son génie atrabilaire et aigre que cela en devient parfois gênant. Il y le jazz, enfin, dont il est question presque page après page, à la manière d'une litanie destinée à faire venir sur le texte sa force brute, sauvage et sa poésie endiablée, dont on peine pourtant à ressentir l'intensité élémentaire, car ce n'est pas tout d'invoquer sempiternellement les Mannes, encore faut-il savoir leur donner un visage... Et c'est un long chemin pour y parvenir vraiment.



Pourtant... Oui, pourtant, il y a de l'envie, du désir de bien faire (et de le faire sincèrement, avec le cœur et la tripaille), de l'intention pure et, ne le dénions pas, les prémices d'une voix dans ce premier roman, dont nous remercions au passage les éditions Buchet-Chastel, via une Masse Critique spéciale - et visiblement d'importance pour l'éditeur, vu le nombre de contributeurs - à l'initiative de Babelio, de nous l'avoir fait découvrir. Malgré des mots sans doute invariablement durs d'une critique plutôt à charge, il y a ce sentiment d'avoir - peut-être- découvert un romancier en devenir, à l'oeuvre première pétrie de bonnes intentions quoi que gâchée, presque de bout en bout, par toutes les erreurs de jeunesse possibles, les chausse-trapes dans lesquelles il s'agit pourtant de ne pas se fouler l'encrier. Ni K.O debout, ni "OK c'est génial", sans doute pour ce texte au chaos bien raisonnable une fois passée la surprise du style et de la forme ; un chaos thématique tellement fourre-tout dans lequel Hector Mathis essaie de (dé)ranger presque tout, tellement, tellement : l'amour, le désenchantement, l'art, le sexe, la musique, l'écriture et la littérature, la mort, la misère, l'amitié, l'égotisme, la maladie, l'errance, l'absence d'avenir sur fond d'apocalypse, de fiction moderne, d'auto-fiction, de roman crépusculaire, d'apprentissage... Certains des plus grands y ont mis l'entièreté de leur existence à traiter tout ce que ce jeune écrivain tente de résoudre en deux cent pages. Maladresse ou prétention, le résultat est à l'image de notre avis : en demi-teinte, et c'est, réellement, bien dommage car il y a du désir vrai chez cet Hector Mathis. Pour plagier Julien Gracq, on a ici de la littérature, sans nul doute, mais on n'a pas encore l'estomac. Espérons pour lui comme pour nous autres, humbles lecteurs, que cela lui viendra !
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K.O.

K.O. est une forme de chaos, un chant écrit dans l'urgence. Si ce livre était une musique, ce serait du jazz. Mais je ne sais pas pourquoi je vous parle au conditionnel, car ce livre a une musicalité. C'est du jazz, c'est peut-être cela ma première porte d'entrée dans ce roman, parce que j'aime le jazz. À d'autres moments du récit, le phrasé m'a fait penser aussi à du slam. Si j'étais Hector Mathis, son auteur, je proposerais à Grand Corps Malade de slamer son texte au hasard des rues, d'un café, d'une place au milieu de nulle part, sur le quai d'une gare, ici ou là, ou bien ailleurs sans doute, entre l'urgence de vivre et le rêve de partir toujours plus loin.

Sitam, le personnage principal, est fou de jazz et de littérature, il tombe amoureux d'une fille que l'on nomme la môme Capu. Elle dispose d'un toit provisoire, prêté par une connaissance. Tout semble provisoire ici. L'éphémère est leur quotidien, une joie folle et merveilleuse de la vie les anime...

Mais voilà que brusquement la ville explose de partout. Nous sommes à Paris, ce sont les attentats du 13 novembre 2015. Cela ressemble à une fin de monde. L'Europe bascule... Fuir, ailleurs, au loin. Alors ils décident de fuir vers Amsterdam, tandis que d'autres guerres mugissent plus loin encore, dans des paysages urbains dont la télévision délivre un écho virtuel. C'est une forme d'odyssée moderne qui commence.

Il y a donc la môme Capu, Archibald, clochard céleste, Benji. Et aussi plein d'autres personnages hauts en couleurs...

Sitam joue avec les mots, à moins que ce ne soit ceux d'Hector Mathis, son alter ego, son double. Faut-il une virtuosité de l'écriture, un sens de la musicalité des mots, pour rendre le chaos aussi beau ?

Ce texte est une fulgurance, portée par la misère et le jazz. Une étoile filante qui vient rayer la nuit de nos départs. Nous sommes toujours en partance. Lorsqu'on naît, lorsqu'on aime, lorsqu'on lit, lorsqu'on souffre, lorsqu'on meurt aussi. C'est toujours une furieuse fuite vers la nuit qui nous ressemble. Ce roman est ce voyage. Il nous le rappelle à chaque page, comme une caresse ou un coup de poing, parfois la différence n'est pas aussi flagrante, ou plutôt les deux se mélangent harmonieusement.

Il y a une beauté du monde, quelque chose de sauvage et de violent comme l'amour, de fidèle aussi. Mais la fidélité ressemble davantage à l'amitié. Alors, disons que ce roman nous parle d'amour et d'amitié à la fois. Pas facile de conjuguer ces deux sentiments parfois un peu contradictoires. Disons qu'il y a deux êtres qui s'aiment, qui brûlent, qui partent et sont merveilleusement entourés d'amis. La générosité slame dans les mots.

Il y a aussi une beauté de l'instant présent, de l'éphémère, du temps qui passe et accroche ses derniers gestes un peu comme les branches d'un arbre qui retiennent la lumière du soir avant qu'elle ne s'enfuie de l'autre côté du ciel qui brûle encore.

Parfois, le fantastique s'invite dans le texte et c'est excitant.

L'écriture d'Hector Mathis est généreuse. Les mots chantent à foison. Nous sommes dans l'errance et c'est merveilleux.

K.O. est un premier roman. Il y a forcément des failles, des maladresses, il y a aussi un embrasement qui saisit nos doigts, nos yeux, nos oreilles, notre coeur... Le corps tangue, vacille. Nous sommes habités par ce texte.

J'ai découvert que l'auteur a déjà écrit des chansons et les a écrites en banlieue. Donc, point de hasard.

Ce roman est abordé comme une partition, quelque chose qui se veut musical et qui tient à coeur l'auteur qui connaît la chanson, donc la musique. Les mots d'Hector Mathis ne doivent pas être lus dans la tranquillité, ils doivent être clamés.

Des thèmes sont abordées comme la maladie, la mort, l'amitié, la solidarité, l'époque dans laquelle nous vivons, une odyssée moderne, féroce, poétique. C'est vrai que le texte est furieusement poétique, c'est mon impression qui prédomine.

C'est un roman qui a du style, de la nervosité, de la musicalité, il est excessif, trop mais tant mieux, c'est écrit certainement dans l'urgence comme si l'auteur était pressé, non pas d'en finir mais de partir, achever une vie et passer déjà à autre chose, vous savez un peu comme Rimbaud qui annonçait déjà dans une Saison en Enfer, l'envie de passer à autre chose, ayant visité la poésie et s'en étant lassé au bout de trois ans, celle-ci n'ayant au bout du compte pas totalement répondu à son désir de partir. Il avait alors fui pour d'autres voyages. Ici, nous ne sentons pas l'auteur lassé des mots, bien au contraire. Pour autant, j'ai senti presque la même impatience...

Il y a aussi du lyrisme qui prend le temps de venir dans ce texte écrit dans l'urgence. J'aime !

Ici la nuit, la musique et la jeunesse se mêlent au chaos.

Nous en ressortons K.O.
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Langue morte

Mon chemin vers l'âge d'homme



Changement de registre pour Hector Mathis qui, avec Langue morte, nous offre un roman d'apprentissage de très belle facture. Le parcours de Thierry est tour à tour joyeux et grave, attendrissant et désespérant.



«La mémoire est un singulier petit arrangement» écrit Hector Mathis dans les premières lignes de son troisième roman. Lui qui nous avait tour à tour proposé de suivre deux fracassés de la vie, Sitam et la môme Capu, dans K.O. puis de les retrouver un peu plus tard avec Carnaval revient cette fois explorer les terres de l'enfance. Des terres sélectives puisque n'émergent de là que les souvenirs vivaces, ceux qui ont marqué Thierry, le narrateur, et l'ont construit. Tout commence devant le 4 d'une rue dont on ne saura rien, sinon qu'elle est située dans une zone pavillonnaire où chacun tient à sa maison comme à la prunelle de ses yeux. C'est là qu'il grandit, là qu'il ressent ses premières émotions. Quand le grand-père meurt. Quand il s'ennuie à l'école, sauf à la récré où les élèves de Marie-Curie fourbissent leurs armes contre ceux d’Edmond-Rostand. Et vice-versa. Quand les seins en obus de la directrice viennent frôler les trois élèves qui ont eu l'outrecuidance de résister à la nouvelle maîtresse. Quand, après un examen bizarre, il se retrouve propulsé une classe plus haut et que ses nouveaux camarades de classe sont bien plus costauds que jusqu'alors. Quand il découvre avec émerveillement le théâtre en assistant à une représentation du Double de Dostoïevski. Quand il passe des vacances chez sa grand-mère dans le Gard où qu'il affronte les vagues en Catalogne. Quand il essaie de comprendre ce que signifient ces deux avions venant s'écraser dans les tours jumelles de New York et dont tout le monde parle. Quand l'oncle Horace arrive décharné, l'esprit un peu dérangé et va tout casser chez l'ami qui l'héberge.

De la primaire au collège, puis à la fac, Hector Mathis raconte avec malice et un brin de nostalgie ces années qui ont fait de lui l'homme qu'il est devenu. Avec la révélation d'une vocation. «Mon petit bazar intérieur prenait enfin tout son sens. Alors qu’il demeurait jusqu’alors balbutiant, se glissant dans des croquis, des esquisses maladroites, de petits poèmes chétifs et inaboutis. Voilà que maintenant j'avais ma raison d’être. Mon vice. Ma confirmation. La véritable. Pas celle des professeurs, des amis ou de qui que ce soit d’extérieur. Ma confirmation à moi. J’étais bien soulagé, désormais. Je savais quoi faire.»

Mais pour y parvenir, il passera encore par bien des épreuves, manque de basculer dans la délinquance, côtoie la drogue et la violence. Et la mort. Mais découvre aussi le sexe et l'amour.

Servi par des phrases courtes – quelquefois de quelques mots à peine – qui donnent au roman cette musique particulière, syncopée, les étapes de cette formation sont ponctuées d'émotions fortes et contradictoires. Sur les pas de Thomas, on est tour à tour amusé et triste, en colère ou ému. De la langue morte à une langue très vivante!




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Carnaval

KO d'Hector Mathis, son premier roman, tissait la vie du jeune Sitam, le KO guettait ce personnage de désespéré rivé à sa rage de l'écriture.



Dans ce deuxième roman, Carnaval, Mathis vrai saltimbanque des mots se déploie avec une verve d'une causticité farouche. Son héros Sitam savait parfois éviter le chaos, mais pas le désespoir, la maladie imprimait ses gestes, il en fera une farandole, un carnaval sans les flonflons mais avec un Hector Mathis dégrisé en Clown.

"Quelle tremblotte ! Oh ce n'est pas le trajet qui m’effraye, non, c'est le spectacle écrit-il page 9. "





En attendant Totor, il aperçoit page 14, " un type sautant sur sa béquille de temps à autre pour se déplacer. Je traverse le boulevard et lui propose mon épaule. Il accepte en s'excusant..."

"Il lâche le morceau... Englué dans le pavé . Pièce du Boucher. Saignante... et ajoute ; j'étais u-urgentiste...il fallait faire le vaccin con-contre l'hépatite. C'est-c'est la sclérose que j'ai attrapé..."





Un soignant, un scléreux... Mathis se goinfre de misère. Nous plongeons avec lui dans le covid 19 et dans ce regard des soignants épuisés, l’hôpital se heurte à notre vision des malades.

"Plu-plus rien à faire , me dit le neurologue page 15."

Sitam n'est donc pas seul atteint de sclérose en plaque. Coïncidence, collision, mais "quel c-con !" Sa vision de la vie se trouble, et se fracasse sur ce jeune qui croyait en sa chance, fallait-il accepter de piquer pour l'espoir de réussir ses examens.





Après l'ancien urgentiste c'est Totor que l'on visite, le livreur à bicyclette, n'est pas mieux loti, "il pédale dans l'imaginaire" disait-il, mais sous la dictée du smartphone. Lui Sitam travaille dans l'édition. Les heures payées sont flottantes, aérées, allégées, sous le poids du chantage, des nuits ou des week-ends non payés sont passés aux oubliettes. Il ne peut plus assumer son loyer, il démissionne pour les ASSEDIC.





Puis vient le temps de la révolte et des peurs, le Muco est passé par là. Muco était un personnage d'une rare dérision. Mathis le fait revivre dans son enfance dans les banlieues où tout un monde est à reinventer. Benji ou Aristide et Muco ou Grand Jean, des surnoms à la mesure de leurs blessures, l'absurde de ces destins qui s'effilochent quand les poumons de Muco n'en peuvent plus en-calaminés par la mucoviscidose.





Capu la magnifique montra t-elle le bout de son nez 8 mois après sa terrible rupture, avec Sitam ? Comment pouvait-il faire, lui imposer sa sclérose, sa tremblotte, ses piqûres ?

Il a rompu, il voulait renouer. Il vivait dévoré par cette idée de leurs retrouvailles.





Le charme d'une note sucrée, d'une franche rigolade n'est plus à l'ordre du jour, le désespoir est abyssal. Les conclusions radicales et si bien ajustées dérangent, deviennent pesantes, ne feront pas rire. Ainsi page 148, "n'est délinquant que le pauvre, c'est inscrit dans la loi. Les crimes des opulents sont des subtilités que la transparence oblige les magistrats à examiner légèrement mais le droit reste entièrement libéral."





Hector Mathis va t-il rencontrer des lecteurs ?

C'est une plume magnifique. Son style est d'une rare puissance d'évocation. Il nous donne à vivre une aventure humaine d'un réalisme épuré, précis, cinglant. Et si nous résistons il revient à la charge pour nous projeter froidement la réalité de tous ces métiers déshumanisés, aléatoires ou virtuels.

Ces banlieues ça fabrique des imprévisibles ( la police et ses commisariats), amassés en patrouilles, dispersés dans la ville, avec une seule hâte, se venger d'exister !

( p 159 )
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K.O.

Et bien pour un premier roman c’est un coup de maître !

J’ai tout aimé. l’intrigue, l’ambiance, les personnages, l’écriture, le style……

On est pris du début à la fin par l’histoire de Sitam

Fuyant tous les attentats à Paris et ailleurs, il part en Hollande avec Capu, son amour.

Il écrit, voudrait publier, se lie d’amitié avec Lariol et P’tit Max, retrouve son pote de toujours, Benji.

Sa rencontre avec Archibald est très émouvante.

Tout est musique et poésie dans les lignes, tendresse et réflexion.

C’est une belle description du monde contemporain, des relations humaines, des passions et des faiblesses.

Un roman très riche et très complet.

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K.O.

Roman de la solitude, de la débrouille, de la pauvreté, du désespoir. Mais aussi de l’amitié, de la solidarité avec ces laissés –pour-compte qui deviennent des marginaux. Un couple qui fuit une ville d'attentats. J’ai aimé l’écriture façon Slam, mais j’ai trouvé l’histoire un peu juste qui m’a laissée en lisière. Jeune auteur prometteur, je pense.
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K.O.

****



Sitam et Capu, amoureux transis, décident de fuir Paris, en proie aux violences et où les sirènes des ambulances les assourdissent. Ils vont voyager en banlieue, en Hollande, et faire de belles rencontres. Ne se quittant que pour gagner quelques billets, Sitam et Capu vivent au jour le jour. Jusqu’à ce que que Sitam fuit... sa vie, ses amis, son amour...



Voici un premier roman plus que prometteur !! Hector Mathis écrit avec talent et nous entraîne, au rythme de ses mots saccadés, dans les pas d’un homme perdu. Généreux et altruiste, Sitam est un écrivain en devenir, qui ne veut pas lire la pitié ou le désespoir dans les yeux de ses proches. Au risque de devoir supporter une solitude bien lourde...

Il est rare d’entendre les mots qu’on lit. Ici, la musique rythmé les pages, les phrases et nos émotions...



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet Chastel pour leur confiance... ainsi qu’aux 68 premières fois qui devraient faire voyager loin ce très beau roman...
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Carnaval

Dans cette épopée, on retrouve Sitam à la recherche de la môme Capu. Il galère avec ses “affreux” compagnons de voyage.

Hector Mathis nous livre une deuxième tranche de vie mais aussi une tranche de mort car on enterrera le Grand Jean, la vie et la mort se rejoignant dans l’univers de l’auteur.



Pour Sitam, ce sera un retour à la banlieue d’origine, à la “grisâtre”.

Il est devenu écrivain à plein temps : “maintenant c’est le roman mon employeur et rien que le roman”.



Les situations sont noires, comme l’introduction médicale du roman : “le scléreux”, devenu valétudinaire, sort de l’hôpital.



Le style est toujours celui de l’urgence ; dans une interview, Hector Mathis dit écrire partout et sur tous les supports allant jusqu’à s’envoyer des SMS. Les phrases sont courtes, scandées, éructées : “J’ai éjaculé dans chaque mot. On ne me lit pas, on me jouit.”

Alors, on pense à Céline peut-être plus encore que dans K.O. dont Carnaval est un peu la suite.



L’écriture est aiguisée à coups de silex, imagée, slamée. Dans ce roman, le style est si prégnant qu’on en oublie l’histoire pour le lire à petites pages.



L’auteur a réussi à mon égard l’effet recherché : “je sais ce qu’ils veulent les lecteurs. Je suis tout pareil. Je m’en vais les parechoquer ! leur retourner la gueule d’émotion. Qu’ils aient la peau qui se décolle, les tissus qui se détachent ! l’âme qui dégobille ! Qu’on leur voie l’intérieur à chaque bouquin!”.

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K.O.

Bagatelles pour un massacre .



K.O d'Hector Mathis, reçu le 13/8/18 dansl e cadre d'une opération "Masse critique" [ Remerciements de rigueur à Babelio et à l'éditeur Buchet-Chastel ]

Ce livre, dont je viens, in fine, de lire les 26 critiques publiées à ce jour ici, n'a pas eu de chance avec moi . Il a succédé au "Lambeau de Philippe Lançon et le début de son exploration a été brutalement interrompu par l'arrivée de "Jaco le magnifique, journal d'un pilote de la France Libre" que j'avais commandé aux éditions Heimdal et que j'ai dévoré comme un mort de faim dès son arrivée . Me remettre au défrichement de K.O ensuite tenait du pensum .

Les 26 critiques évoquées plus haut sont très majoritairement dithyrambiques et certaines entonnent même le péan . Je serai donc le mouton noir de la tribu, je n'ai pas aimé, mais pas du tout, cette "chose" qui m'a emm...nuyé grave ! Je n'avais pas éprouvé cette débilitante impression depuis une certaine Rosenthal et ses "rennes après Noël" de calamiteuse mémoire .

- Dès le début, j'ai reconnu le style, plutôt la tentative de style qui se voulait épigone de l'F Céline, ça commence "D'un château l'autre" et cela se veut de la littérature à l'emporte-pièce, pour ne pas dire "à l'estomac" selon l'expression du cher Julien Gracq mais en fait, à mes yeux, c'est de la bouillie pour les chats . Bien sûr, je m'attendais à une exploitation prétendue "littéraire" des attentats islamistes mais le résultat ici est rien moins que convaincant et l'exil batave n'arrange pas les choses, j'ai continué à m'ennuyer ferme . L'épisode hospitalier avec son suspense à deux balles pour aboutir à une "maladie inflammatoire chronique" (page 130 )--- Quelle soudaine pudeur dans un bouquin prétendu déjanté ! "Maladie auto-immune" et "sclérose en plaques, ça fait si peur que ça ?--- ne soutient pas la comparaison avec "le lambeau" . le retour en 309 n'a pas arrangé les choses,faut vous dire qu'après avoir eu une 403 comme première voiture--- excellente caisse ! ---,j'ai eu des mots avec la maison Peugeot que je boycotte depuis près de 60 ans ! Un Breton a de la mémoire et pour avoir voulu m'arnaquer sur une reprise,ils ont perdu un client tout comme le camarade Hector a perdu un lecteur avec son "Casse-pipe" en forme de "Féérie pour une autre fois" . C'est mort et pas "à crédit" ! Ne dansons pas le "Rigodon" pour autant avec ou sans "baveux ni "carotte" (comprendre"biniou" ! )

Enfin Malherbe vint, non, pardon, c'est la fin ,enfin, page 201,avec "les orteils en mie de pain" pour Sitam/ Hector (page 200 ) , les méringeoises en décubitus latéral de survie pour moi : je suis arrivé au terminus de ce "voyage au bout de l'ennui " .

Que dire des comparses, le "Guignol's band, en somme ? Archibald le clochard, pâle décalco de l'Archimède de Grangier, Capu la copine ( tu as voulu nous évoquer la poésie de la comptine "dansons la capucine" et j'ai résisté à l'envie térébrante d'ajouter une horrifique cédille ! ), le "désopilant Benji le pensionné et sa patronne à la langue bien pendue (le reste aussi d'ailleurs ).
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Carnaval

***,*

Avant tout, je remercie Babelio et les Editions Buchet Chastel pour leur confiance...



Sitam est de retour. On le retrouve à Paris, un travail qu’il occupe par nécessité, quelques amis, et son téléphone portable toujours dans la poche. C’est qu’il attend qu’il sonne ce satané engin ! Capu, son amour, sa vie, il l’a laissé derrière lui... Mais il regrette. Et il active son réseau pour la retrouver. Quand un jour, le téléphone sonne, c’est pour ramener Sitam dans la banlieue de son enfance, pour un dernier au revoir à un pote disparu trop vite...



Et bien voilà, l’expérience Hector Mathis s’est achevée avec émotion... J’étais heureuse de retrouver l’auteur, après son KO qui m’avait laissé songeuse... Son style percutant est particulier. Il faut accepter de lire en s’essoufflant, en s’agitant dans tout les sens, le ventre à terre et les idées embrouillées...



Carnaval ne perd rien de cette course de vitesse... Sitam est malade, il lutte mais ce loup solitaire s’aperçoit chaque jour un peu plus qu’il a fait une bêtise en s’isolant de la sorte. Il veut retrouver Capu et c’est son seul objectif... Celui qui le tient debout...



On a d’ailleurs bien peur pour lui quand il retourne dans sa banlieue. Il y retrouve certes sa bande d’amis, sincères, loyaux, mais aussi la nostalgie de l’enfance, l’insouciance et les aventures vivifiantes. Sitam se perd... Devrait-il revenir vivre ici ? Renouer avec ses racines, ses origines... Ou est-ce la mélancolie, les souvenirs qui le retiennent ?



Si vous ne connaissez pas Hector Mathis, il faut partir à sa rencontre. Ça passe ou ça casse, mais ça touche, ça remue, ça dérange... Des romans comme ça, on en croise peu... Il faut se laisser emporter, accepter de se retrouver la tête en bas, la gorge nouée et les larmes au bord des yeux... Accorder à son écriture de vous toucher en plein cœur...
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Langue morte

Langue Morte C'est ça la Vie.



Après avoir lu les deux premiers romans d'Hector mathis, et livré aux lecteurs de babélio mon enthousiaste pour ce personnage peu banal, j'attendais fébrilement le N° 3. J'avais même poussé le vice à publier un éloge du Ko dans l'est Républicain.

Il était dans mon viseur, depuis décembre. Aussi passant par masse critique, clic gauche, je me suis fait plaisir. Comme un frangin je me suis jeté sur cette Langue Morte avec gourmandise.

Étonnant cette idée de publier à 28 ans une biographie. Un défi de plus.

Hector ne pouvait échapper à la malédiction de porter un nom au passé lointain mais ô combien prestigieux. le problème c'est le décor, une banlieue. Comment transformer la banalité indigeste de l'architecture du 93, aussi morne qu'un immeuble de 300m de long, en une carrière du crétacé peuplée de dynausaures.



Avec Hector Mathis tout est possible.



La mémoire a cette capacité de tout réinventer. H Mathis raconte une banlieue moins trois étoiles au guide du routard. Il aime les chutes, les erreurs, les défauts, les mauvais jours, les galères.



Ses amis Yassine, Malik, ne suggèrent pas les cités mondaines. Ses potes sont natures, ils vivent aux rythmes de leurs bêtises, ou deviennent bouffons, provocateurs, aux limites du mauvais goût, quand page 165, baissant son froc, « J'vous r'fais les jantes les poulagas ! », il n'a pas eu le temps de finir !





La langue de Mathis plonge dans l'univers de Céline, L'usage permanent de l'argot, donne une tonalité propre à ce jeune auteur ; alcoolique ou shiteux. Il faut réviser ses références littéraires, car l'argot classique ne suffit pas, Wathsapp côtoie le SMIC, le Flore n'a pas sa place, mais le zgègues coure comme un dératé.



Après le départ du frangin, ce sont ses copains de la rue qui provoque une foison d'anecdotes savoureuses ? Le goût immodéré de Mathis pour les portraits, trouve dans ce décor si déjanté un formidable réservoir, Mie Joss, ou Camille, sont des figures qui illustrent cette humanité libre et entière.



A se tremper dans la recherche des mots justes, Hector Mathis écrit des images, fortes, des fulgurances, « je me suis dit qu'elle était en train de m'avaler la grisâtre ! Page 189.



Dans ce roman, qui cible son enfance, Hector Mathis, a fait le choix de Phrase courtes ? Très courtes, les injonctions, les interjections, les impressions s'enchaînent comme des runs de Rock. le phrasé est celui de la banlieue. Les phrases sont bancales saupoudrées de jargons, d'emprunts à la Grèce antique (des cyclopes à mes trousses), ou aux mauvaises pubs de la télé.

Sans détours Hector Mathis parle des garçons. du gamin qui se frotte à son père, du collégien qui découvre la vie en groupe, on suit l'émergence d'une personnalité. Ses rencontres avec les filles, et la place de la sexualité forment des témoignages justes à travers lesquels bien des adolescents peuvent se reconnaître.



Comme ses deux autres livres , les thèmes abordés le sont avec beaucoup de finesse. Langue Morte n'est pas seulement un regard intime, sur l'enfance, il s'ouvre sur d'autres réalités, et présente la diversité des banlieues, ses potes, ses rencontres comme des richesses.



Langue Morte C'est ça la Vie.





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K.O.

Voyage au bout de l’écrit



Hector Mathis. Retenez bien ce nom qui pourrait se révéler comme l’une des révélations de cette rentrée. Sur les pas d’un vagabond, il nous entraîne dans une odyssée dramatique et somptueuse.



Ce qui frappe d’abord à la découverte de ce premier roman, c’est le style, entre gouaille populaire et langue parlée, entre slam et néo-classique. Pour le coup, les libraires œuvrant pour le magazine PAGE m’ont sans doute pas beaucoup débattu avant de sélectionner ce livre pour leur Prix du style qui sera remis le 20 novembre prochain.

Hector Mathis choisit de nous entraîner sur les pas de Sitam, un jeune SDF, à qui il confie le soin de nous livrer sa vision du monde qui, on l’imagine, est loin d’être joyeuse. Aux côtés d’Archibald, toute sa fortune peut se résumer en quelques « conserves poussiéreuses, une bouilloire cabossée, une casserole et un réchaud. À peine de quoi entretenir un mourant. »

Cependant, si ce nouveau Boudu n’est pas sauvé des eaux, il va aussi avoir droit à une rencontre déterminante pour son avenir, celle de la môme Capu avec laquelle il voit pouvoir regarder le ciel virer du gris au rose, partager son amour du jazz et de la littérature…

Mais le bonheur n’est que de courte durée, car un sombre climat s’installe dans la ville. « Voilà que la terreur débarquait au coin de la rue. Que tout son jus se déversait en flots ininterrompus dans les artères de l’arrondissement. Le compteur à cadavres s’affolait de plus en plus. Les chiffres grimpaient sur l’écran. L’anéantissement trouvait sa jauge. Sa ligne graphique. Et nous étions aux premières loges. « Ça me débecte tout ça ! que je lui ai d’abord dit à la môme Capu. Tout est tellement dégueulasse que j’arrive plus à penser. Elle a qu’une envie l’humanité, retourner dans la boucherie. Maintenant qu’elle a bien dansé, elle veut s’amuser comme les parents. De la chair, des nouvelles recettes, saignantes, à point, crues de chez crues ! » Et si l’on tient un peu à la vie, la meilleure des choses est de fuir ce chaos pour essayer de reconstruire quelque chose et oublier les chocs, les traumatismes passés.

Pour Sitam, le voyage vers les Pays-Bas est aussi un retour aux sources. Dans son pays natal, il trouve assez vite un emploi dans un restaurant et de nouvelles perspectives aux côtés de son collègue et ami Benji, amoureux transi de la patronne. Mais une fois encore, dès que le ciel se dégage un nouveau coup de tonnerre vient mettre à néant les efforts consentis. Un coup de tonnerre au goût de sang. « Moi, je me disais juste que la patronne c’était une dégueulasse, qu’elle avait eu ce qu’elle voulait, du drame jusque dans la vie des autres et que comme ça elle était bien heureuse, parce que la mort maintenant c’était pour tout le monde et pas que pour elle… »

On the road again…

Reparti sur les routes pour se sauver de la mort, notre « héros » aussi tenter de se construire un avenir en alignant les mots et les phrases sur le papier, à essayer de transcender son voyage au bout de la nuit : « Je traquais mon roman, ma musique, partout, à travers les routes, dans la grisâtre, seul, avec Benji, sans lui. J’en avais trop. Fallait que j’écrive ! Que je m’y risque ! À jouer un air désagréable pour l’époque. À enfoncer la vingtaine ! À retenter l’enfance, cette infidèle. Ce corbillard d’imaginaire ! Fallait bien de la discipline pour préparer l’encéphale à fabriquer de la chair d’inconnu, des châteaux de boue, des viandes de chimères. »

Entre Céline et le Mars de Fritz Zorn, notamment pour la maladie qui ronge lentement Sita, Hector Mathis a su trouver sa propre voix. Une voix que nous ne sommes pas près d’oublier !
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K.O.

C'est un roman construit comme un road-movie entre Paris et Amsterdam, qui swingue alors qu'autour de la môme Capu et de Sitam le feu d'artifice des attentats bat son plein. Un itinéraire de vie qui "n'est qu'une foutue partition pour détraqués" avec la maladie au carrefour.



Ecrit à la première personne avec un héros auquel il manque un "h" pour s'appeler comme l'auteur Mathis en miroir.

Le narrateur se met à l'écriture avec le ska en référence. D'ailleurs, s'il se relit, c'est pour servir le tempo et éviter les fausses notes comme l'auteur devait le faire lorsqu'il écrivait des chansons.



Certains parlent de slam (qui veut dire "claque") d'autres de Céline... à cause des phrases courtes, éructées comme des uppercuts qui vous mettent parfois k.o.

Mais ni les accents céliniens, ni la noirceur de la vie ne sont suffisants pour apprécier ce premier roman un peu autocentré qui plaira peut-être plus aux jeunes amateurs de styles de musiques que je n'affectionne guère ( slam, rap, R'n'B et consort).

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Carnaval

On retrouve Sitam (Mathis ?), le héros de k.o.

Il revient sur sa jeunesse et son groupe d'amis, dans sa banlieue d'origine, la grisâtre.

Est-ce ce que l'on nomme une préquelle ? (mot que j'ai appris récemment et que je suis fière de caser °

Je n'ai hélas pas retrouvé la magie du premier roman que j'avais énormément apprécie.

Moins de musicalité, moins de poésie.

C'est assez sombre, pessimiste

On en ressort amer, même si l'amitié des personnages perdure au-delà de la jeunesse.

Il n'y a pas vraiment d'intrigue.

Juste une jeunesse jetée en vrac au lecteur.

C'est une écriture parlée, aux expressions choc, directes .

Je pense que j'aurais préféré Carnaval si je n'avais pas lu K.O. que j'avais trouvé tellement abouti.

J'ai eu ici une impression de rajoutis, il n'y avait plus la surprise d'une belle découverte.



Merci à babelio et aux éditions Buchet Chastel



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