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Citations de Hermann Hesse (2212)


je sens brûler en moi un désir sauvage d'éprouver des sentiments intenses, des sensations; une rage contre cette existence en demi-teinte, plate, uniforme et stérile; une envie furieuse de détruire quelque chose, un grand magasin, par exemple, une cathédrale ou moi-même; une envie de commettre des actes absurdes et téméraires, d'arracher leur perruque à quelques idoles vénérées, de munir deux ou trois écoliers rebelles du billet tellement désiré qui leur permettrait de partir pour Hambourg, de séduire une petite jeune fille ou de tordre le cou à quelques représentants de l'ordre bourgeois. Car rien ne m'inspire un sentiment plus vif de haine, d'horreur et d'exécration que ce contentement, cette bonne santé, ce bien-être, cet optimisme irréprochable du bourgeois, cette volonté de faire prospérer généreusement le médiocre, le normal, le passable. (p.44)
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L'éternité n'est qu'un instant, juste assez long pour faire une plaisanterie.
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Celui qui a goûté (...) à ces journées funestes marquées par des crises de goutte ; à ces journées où une névralgie épouvantable, térébrante, venue se loger derrière les prunelles des yeux, jette un maléfice sur toute activité visuelle et auditive, la transforme diaboliquement de joie en torture ; à ces journées d'agonie de l'âme, à ces âpres journées de vide intérieur et de désespoir où, au beau milieu d'un monde détruit, exploité par les sociétés anonymes, l'univers des hommes et leur prétendue culture apparaissent à chaque seconde dans leur splendeur de pacotille, mensongère et vulgaire, grimaçant comme un personnage répugnant dont l'image se concentre dans l'esprit malade jusqu'au comble de l'insupportable. Celui qui a goûté à cet enfer éprouve beaucoup de satisfaction à vivre des journées normales, en demi-teinte, semblables à celle qui venait de s'écouler. Il est assis, reconnaissant, près du poêle chaud ; en lisant le journal du matin, il constate, reconnaissant, qu'aujourd'hui encore aucune guerre n'a été déclarée, qu'aucune dictature nouvelle n'a été instaurée, qu'aucune affaire particulièrement véreuse n'a été découverte dans le monde politique ou économique.
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Hermann Hesse
"C'est un bonheur que de se constituer progressivement une belle petite bibliothèque avec des moyens modestes en bravant toutes les difficultés ; c'est un sport passionnant !"
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Mais quel chemin j'ai suivi ! Quand je pense qu'il m'a fallu passer par tant de sottises, par tant de vices, d'erreurs, de dégoûts, de désillusions et de misères pour en arriver à n'être plus qu'un enfant et à tout recommencer ! Mais c'était pour mon bien; mon coeur me le dit, et la joie qui est dans mes yeux me le dit aussi.
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Ma vie, tel fut à peu près le projet que je formai, devait être une transcendance, un progrès d'échelon en échelon, elle devait franchir et dépasser un espace après l'autre, de même qu'une mélodie épuise, égrène, achève et abandonne un thème après l'autre, mesure après mesure, jamais lasse, jamais endormie, toujours éveillée et parfaitement présente.
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D'une traite, je pris ma course et grimpai d'abord dans la montagne, m'élevant jusqu'à la forêt. Du mont des Chênes, je redescendis vers le moulin de la Ferme, où je traversai le chemin pour reprendre ma course à travers les forêts. C'était là que nous avions établi notre dernier camp d'Indiens ; là que, l'an dernier, mon père étant en voyage, notre mère avait fêté Pâques avec nous et caché les oeufs dans la forêt, sous la mousse. En ce même lieu, j'avais construit avec mes cousins, pendant les vacances, un château fort qui était encore à moitié debout. Partout, des témoignages du passé me renvoyaient comme en un jeu de miroirs une toute autre image de moi-même. Avais-je donc été ce garçon-là? Si gai, si content, si généreux, bon camarade, fils tendre et attentif, en somme prodigieusement heureux et libre de tout souci?
Comment expliquer ce changement total, qui faisait de moi un être à ce point agressif, inquiet, départagé? Les choses n'avaient pas changé, pourtant : la forêt, le fleuve, les fougères, les fleurs, le château fort, les fourmilières, et cependant tout était empoisonné, dévasté ; le retour était-il donc impossible vers le pays de l'innocence et du bonheur? Pourrais-je une fois retrouver cette gaieté, ces jeux avec mes soeurs, cette quête des oeufs de Pâques?
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La vie ne pouvait rien sur qui savait vivre ainsi, exister par l’actualité, apprécier la valeur éphémère de tous les instants, cueillir avec un soin souriant toutes les petites fleurs de la route.
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La beauté et la suprême beauté sont périssables, elles aussi, dès qu'elles sont devenues histoire et phénomènes de cette terre.
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Sans s'en rendre compte lui-même, il s'était efforcé [...] de réaliser son désir, d'être un homme comme les autres, ces grands enfants ! et il n'avait réussi qu'à rendre son existence plus misérable et plus vide que la leur, parce que leurs buts n'étaient pas les siens, pas plus que leurs soucis.
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La plus douce des célébrités est celle qui ne recherche pas encore d'éclatants succès, qui ne peut encore susciter aucune envie ni isoler.
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L'homme puissant périt par la puissance; le cupide, par l'argent; l'humble, par la servitude; le jouisseur, par la volupté. Le Loup des steppes, lui, périt par l'indépendance.
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Il a dit un jour, en plaisantant, à son ami Tegularius : "Il y a des princes qui, leur vie durant, ont été tourmentés d'un amour malheureux pour leurs sujets. Leur coeur les attirait vers les paysans, les bergers, les artisans, les maîtres d'école et leurs petits élèves, mais il leur arrivait rarement d'en voir ; ils étaient toujours environnés de leurs ministres et de leurs officiers, qui dressaient comme un mur entre eux et leur peuple. C'est ce qui arrive aussi à un Magister. Il voudrait approcher des hommes et il ne voit que des collègues, il voudrait voir de près des élèves et des enfants et ne rencontre que des gens instruits et des membres de l'élite."
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Un jour, alors que nous venions de parler de ce qu'il est convenu d'appeler la cruauté du Moyen Âge, il déclara : " En vérité, cette cruauté n'en est pas une. Un homme du Moyen Âge serait autrement horrifié par notre mode de vie contemporain qu'il trouverait féroce, effroyable et barbare ! Chaque époque, chaque culture, chaque coutume et chaque tradition a sa spécificité, ses propres aspects délicats ou rudes, séduisants ou atroces ; elle considère certaines souffrances comme naturelles, accepte de supporter avec patience certains maux. L'existence humaine ne devient une souffrance, un enfer que lorsque deux époques, deux cultures, deux religions interfèrent l'une avec l'autre. Un homme de l'Antiquité ayant dû vivre au Moyen Âge aurait lamentablement péri, suffoqué. De la même manière, il est certain qu'un sauvage étoufferait au milieu de notre civilisation. Parfois une génération entière se trouve prise entre deux époques, entre deux styles de vie ; à tel point qu'elle perd toute notion d'évidence, tout savoir-vivre, tout sentiment de sécurité et d'innocence.
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Je chaussai mes souliers, maussade, mécontent, dégoûté de mon petit train de labeur journalier, j'enfilai mon pardessus et je sortis dans la nuit et le brouillard pour aller boire à la brasserie du Casque d'Acier ce que les hommes sont convenus d'appeler "un petit verre de vin".
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Hermann Hesse
Chanson d'amour

Je suis le cerf, toi le chevreuil,
Tu es l'oiseau, moi le tilleul,
Toi le soleil, et moi la neige,
Tu es le jour et moi le rêve.

La nuit, des lèvres du dormeur,
Un oiseau d'or vole vers toi,
Voix claire, aile aux vives couleurs,
Qui te dit le chant de l'amour,
Qui te dit ma chanson à moi.

( pour Ruth Wenger)
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Il s'assit et joua délicatement, très bas, une phrase de cette sonate de Purcell qui était l'un des morceaux favoris du père Jacobus. Comme des gouttes de lumière dorée, les sons filtraient dans le silence, si bas qu'on entendait encore dans les intervalles chanter la vieille fontaine qui coulait dans la cour. Tendres et sévères, austères et douce, les voix de cette musique gracieuse se rencontraient et se croisaient ; elles dansaient, vaillantes et sereines, leur ronde intime à travers le néant du temps et de la précarité ; éphémères, elles donnaient à l'espace et à cette heure nocturne l'ampleur et la grandeur de l'univers et, quand Joseph prit congé de son hôte, le visage de celui-ci avait changé : il s'était éclairé, et en même temps il y avait des larmes dans ses yeux.
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Le coeur lui pesait comme une dalle sur une tombe.
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Dès ma sixième ou septième année environ, je compris que parmi toutes les puissances invisibles c'était la musique qui avec le plus d'intensité allait s'emparer de moi et me soumettre à son pouvoir.
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L’amour et la volupté lui semblaient les seules choses capables de donner à la vie chaleur et prix.
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