A ses poignets, des bracelets de pacotille de toutes les couleurs, un tatouage sur sa peau dorée, ses cheveux font la course au soleil, c’est elle, Lulu.
Ludivine, elle est sans tabou, sans complexe. Elle parle comme elle pense.
Ludivine elle frotte ses semelles sur la terre française pour prier à la place de ceux qui n’ont pas le temps. Elle est quéreur de pardon, un pèlerin professionnel qui gagne sa croute en marchant pour les autres.
Baptiste lui, n’est plus tout jeune. Déprimé, il décide de tout lâcher direction Compostelle mais même ce pèlerinage n’a aucun sens pour lui.
Ce jour là, Baptiste est resté des heures devant son sandwich. Lulu est arrivée, affamée, elle s’est jetée sur le sandwich de Baptiste.
C’est avec Lulu que la vie lui semblera plus belle. À eux-d’eux, ils arpentent les routes au petit bonheur la chance. Baptiste préfère marcher dans la lumière de Lulu que dans l’ombre de sa vie en solitaire.
Un roman bien lumineux où cette Lulu tient son plus beau rôle, celui d’une femme affranchie, libre et sauvage qu’on aurait envie de suivre jusqu’au bout du monde car Lulu c’est la lumière dans la nuit, c’est un papillon qui chatouille le nez, c’est une funambule perchée sur le fil de la vie.
C’est elle, Lulu tout simplement.
Merci Les Presses de la cité et Babelio pour l’envoi de ce roman dans le cadre d’une masse critique privilégiée.
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Hervé Bellec , très belle plume bretonne .
Avec " Lulu tout simplement " , il invite cette fois encore à partir sur le mythique Chemin de Saint-Jacques -de-Compostel ; je m'attendais à un revenez-y après l'excellent " Garce d'étoile " , mais bien vite , on va virer de cap .
Cette fois , c'est une fiction , l'histoire d'une rencontre des plus surprenantes et d'un périple hors normes , improbable , avec au menu des situations cocasses , de l'aventure pimentée de tendresse , de délicatesse , d'amour , d'humour mais aussi de coups de gueule : au départ , Baptiste , le musicien et Lulu la baroudeuse ne semblent pas faits du même bois . Et pourtant ...
C'est aussi un regard sur le monde , sur les difficultés existentielles , sur les croyances , à la fois critique et tolérant , anticonformiste et un brin provocateur , déjanté parfois . Rebelle quand même et souvent drôle .
Mais tout cela cache mal une grande sensibilité et une infinie compassion pour les plus malchanceux , ceux qui restent au bord de la route ...
Et , j'ai envie de dire qu'ici encore , l'esprit d'Hervé Bellec , transparaît une fois de plus au cœur de ce roman : un subtil mélange de dérision , de poésie et d'humanisme .
Bon , vous l'aurez compris , je suis une fidèle lectrice , tout lu .Ce dernier roman a aussi quelque chose de l'âme de " La Nuit blanche ", un récit inoubliable , magnifique sur le deuil .
Et, pour terminer sur une note agréable , j'ai envie de souligner la très belle présentation de cet ouvrage ; une couverture signée Paul Bloas , un peintre brestois qui habille les murs de Brest , de France et de Navarre de géants éphémères qui s'effacent avec le temps . Grand artiste reconnu qui , lui aussi met son art au service du plus humble . Belle association donc .
Un très bon moment de lecture que je dois aux éditions " Les Presses de la Cité " et à l'équipe de Masse Critique privilégiée . Je les en remercie grandement .
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Chez Scarlette c’est l’île aux Maures, la Bretagne, la fin de l’été, l’approche de l’hiver, des tempêtes, des grandes marées
Ce sont des femmes … et quelques hommes car la plupart sont en mer.
Hervé Bellec apporte un regard frais sur ce microcosme qu’est une île avec humour et ironie. On sent sa tendresse pour ses personnages. Une histoire de personnes ordinaires face à un événement hors du commun. L’amitié, l’entraide, l’amour sont au rendez-vous.
L’auteur n’omet pas les catastrophes climatiques qui menacent les îles avec la montée des eaux. Félicité la tempête porte très mal son nom.
Je vous invite à faire connaissance avec Scarlette, la patronne du bar tabac La falaise, son amie , Solange, Phanie, la jeune flic venue se changer les idées après une rupture, elle ne croyait pas si bien faire, et puis, il y a aussi Momo et tous les autres . Un récit amusant, prenant qui m’a parfois fait dire : «Ils sont fous ces Bretons» quand on les voient sortir en pleine tempête pour de multiples raisons.
Ce qui est sûr c’est que j’ai énormément apprécié cet auteur dont je vais lire d’autres romans notamment celui parlant de Baptiste et de sa vie avant, je quitte ses personnages avec regret mais peut-être…
Chez Scarlette est une très bonne surprise de la rentrée que je ne saurai que trop vous conseiller.
Merci aux éditions Les Presses de la Cité.
#Chez Scarlette#NetGalleyFrance
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Avant toute chose, merci .Merci aux éditions des Presses de la Cité qui , par l'intermédiaire de Babelio , m'ont permis de lire un ouvrage qui m'a vraiment beaucoup plu .Ce livre , c'est d'abord une très belle couverture , élégante, aérienne, suggestive , qui prend tout son sens au moment où l'on tourne la dernière page .
Lui , c'est Baptiste , le narrateur , un peu paumé dans sa vie , pas encore vieux , certes , plus très jeune non plus......Pour se ressourcer, le voilà parti sur le chemin de Compostelle à la quête de......
Elle c'est Ludivine , Lulu .Et Lulu , ça "déménage ", comme on dit ....Pas froid aux yeux la gamine...La preuve , c'est leur premiere rencontre , à la terrasse d'un café , lui , morose , elle affamée...Et l'inimaginable se produit ....elle dévore le sandwich que Baptiste ......Dès lors, l'alchimie entre les personnages va se construire . Baptiste va mettre ses pas dans ceux de cet incroyable "lutin" à la profession aussi rare qu'étrange .
Lulu , c'est un électron libre , pleine de contradictions , une fille pas vraiment jolie , osant tout avec malice mais ...respect.Une fille au passé douloureux en quête, elle aussi , d'une sorte de Graal qu'on verra se dessiner au fur et à mesure , une fille prompte à " taper l'incruste " ...
Ces deux personnages seront les seuls qu'on va suivre en permanence , les autres , les filles de Baptiste ou les amies de Lulu n'apparaissant que pour compléter un tableau des plus étranges et disparates ....
On va les suivre , partager , marcher , squatter , et jamais on ne se lassera . C'est une histoire touchante , déroutante, une belle histoire d'amour entre deux êtres que tout ou presque oppose , l'âge , le caractère, les motivations....
C'est qu'elle est vraiment " attachiante ", la Lulu....Faut la supporter ...et en même temps.....
La force de ce roman, c'est l' alternance de gravité et de franche rigolade , car il y en a des situations cocasses ou dramatiques . L'auteur est vraiment très fort pour dépeindre les situations , les montrer avec pudeur et sans fioritures inutiles .De plus je trouve que le style est assez aérien, parfois poétique, très agréable pour raconter une histoire plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord , ne perdons pas de vue combien les thèmes approchés sont graves et pas forcément simples ...
Après , chacun sa route ...Lui , c'est Baptiste , elle c'est "Lulu , tout simplement ..." Un sacré numéro tout de même.
J'ai beaucoup aimé ce roman , sorte " d'intrus fort sympathique" dans mes lectures habituelles . C'est , comment pourrais- je dire ? Ben , oui , c'est ça, c'est comme " Lulu",tiens ," tout simplement "....
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Un roman qui navigue à vue au milieu d'une tempête , bercé de nostalgie et porté par des personnages aussi atypiques qu'attachants .
C'est le portrait d'une tribu d'insulaires , rugueux et granitiques , pas toujours amènes mais soudés par une indéfectible solidarité face aux coups de tabac .
L'île des Maures , au large de Brest .
Si le lieu est imaginaire , il apparaît surtout comme la subtile symbiose de Molène , de Ouessant et de Sein , ces îles de marins et de pêcheurs gouvernées par les femmes et qui , de nos jours séduisent les touristes pour leur authenticité et le dépaysement .
L'île offre un refuge , le bar de Scarlette , où se réunissent les habitués et ceux qui viennent de " France ".
Tout ce petit monde va s'apprivoiser et nourrir un roman choral tout en gouaille , en causticité et en émotion .
Mais , c'est aussi un hommage touchant rendu aux marins bretons disparus en mer , aux pêcheurs , à ceux de la Royale avec souvent le rappel du drame de Mers el-Kébir : n'oublions pas qu'Hervé Bellec fut prof d'histoire .
Ainsi, au fil des pages nous propose t-il un beau travail de mémoire .
L'ouvrage foisonne d'anecdotes culturelles , sociologiques , écologiques , historiques , politiques , le tout ponctué à faible dose de philosophie de comptoir pour alléger le récit quand il menace de sombrer dans trop de gravité .
Sinon , petite note de plaisir , on retrouve , entre autres , Baptiste , le narrateur de " Lulu tout simplement ".
Des personnages , tous plus riches les uns que les autres . Des traits parfois à peine grossis ... oh ! à peine .
Du grand Bellec cette fois !
Cette fois et comme souvent devrais-je dire !
Fin conteur , Hervé Bellec a l'art de nous immerger dans une épopée tragique tout en offrant de belles tranches d'humour et , bien sûr , son roman regorge de tendresse , tout empreint de sensibilité et d'humanisme , le tout servi par sa très belle écriture .
Un excellent moment de lecture .
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Lorsque Babelio et les Presses de la cité m'ont proposé cette Masse critique ( pleins de merci ), je n'ai pas hésité une seconde, mue par une impulsion viscérale : je venais de reconnaître une peinture d'un peintre que j'affectionne beaucoup, un peintre finistérien , Paul Bloas.
Elles ne sont pas nombreuses les maisons d'édition à encourager le travail des artistes contemporains, à les faire vivre, leur préférant souvent la facilité: , un humain derrière un ordinateur....
Et puis, j'ai vu que l'auteur était breton également .
Et puis , j'ai vu le sujet .
Et c'était pas gagné entre lui et moi...
Ce roman , c'est l'histoire d'un homme , un peu cabossé par la vie, un peu dépressif qui décide, poussé par ses filles, de donner un sens à sa vie grâce à un pèlerinage à Compostelle.
[ (...), donner un sens à ma vie, donner un putain de sens à ma putain de vie, du moins ce qu'il en restait "].
Parti du bout le plus à l'ouest de la Bretagne (La pointe St Mathieu) , il fera une rencontre , à Sainte-Anne-d'Auray , celle de Ludivine, ( Lulu tout simplement) .
Et cet homme de soixante ans , qui a réussi, mais qui n'a plus goût à rien partagera un bout de chemin avec cette marginale de quarante, qui n'en fait qu'à sa tête. Entre bondieuseries et ampoules au pied, entre sensualité et incompréhension, entre un taiseux et une rebelle, la rencontre sera originale , c'est le moins que je puisse dire de ce duo bizarre.
Et Baptiste pourrait bien trouver ce qu'il est venu chercher : ne plus s'emmerder, reprendre goût à la vie, s'amuser, se sentir VIVANT.
Et retrouver l'amour de la musique, son gagne pain, son talent.
Marcher comme on entame une thérapie.
Un duo improbable, le grand ouest à l'honneur, de jolis décors ...
Un roman touchant.
Challenge Multi défis 2020.
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Il fait un froid de pingouin ! Après avoir fait l'ange dans la neige, j'allais déplier ma peau de bête devant la cheminée pour lire Anna Karénine quand je suis tombée par hasard sur ce si beau titre évoquant, d'un côté de la vitre, le froid manteau de la Taïga immaculée, le crissement de la neige cristallisée, les lacs gelés où patiner, et même ces êtres envoûtants que sont les sirènes ; de l'autre côté de la vitre, le confort du train dans lequel nous allons traverser cette vue magnifique et cette ambiance (cal)feutrée. le train, ce lieu de passage censé nous emmener, comme Harry Potter, vers des lieux et des êtres fantastiquement magiques. Alors, le chant des sirènes du Transsibérien m'est devenu irrésistible.
Bien que je n'aime pas le froid, comme l'auteur ; ni les voyages, comme l'auteur. « Moi, je serais plutôt du genre train-train quotidien que Transsibérien ». Les coïncidences, ça n'existe pas, pas vrai ? Et puis, avant de s'engouffrer chez Tolstoï, autant bien connaître le terrain ! Alors je décide de faire confiance à ce breton grognon, et je m'enfile ses 500 pages. Comme des bonbons. Sa plume sûre, enlevée, impertinente juste ce qu'il faut, bougonne mais soignée, me séduit immédiatement. Si j'en crois ces premières lignes, c'est propre et ça ne va pas boiter. J'aime ! Un peu comme ces rencontres dans le train, ces inconnus dont on a immédiatement envie d'imaginer les vies.
Le train, c'est ce que lui demande de prendre son éditeur pour ce futur récit de voyage en Russie. Pays qui inspire à Bellec à peu près ce qu'il m'inspire a priori à moi (pardon aux connaisseurs qui déjà s'insurgent) : « les Russkoffs, c'est pas vraiment mon truc. C'est tout mafia et compagnie, ces gens-là. Ils assaisonnent la vodka à coup de polonium, ils envoient des braves gens trimer dans les mines de sel pendant vingt ans pour le vol d'une mobylette, ils prennent les étrangers en otage pour les échanger contre des contrats faramineux d'armement et les journalistes trop bavards, ils les enferment à l'hôpital psychiatrique. C'est bien connu, les pilotes de lignes de l'Aéroflot et les cheminot du Transsibérien sont bourrés du matin au soir. Leur bouffe, n'en parlons pas, soupe aux choux à midi, soupe aux choux le soir. le charme slave ? Des coups à se choper une chtouille carabinée et par ailleurs, ma mère m'a bien mis en garde : je risque de prendre froid, là-bas en plein coeur de la Sibérie, et d'attraper la mort ».
Et pourtant. Bon gré mal gré, le froid mordant de la Russie balaye nos pupilles, irrite nos joues, rougit notre nez, raidit nos lèvres. Il s'immisce dans nos parkas fourrées, engourdit nos doigts chaudement gantés. Rapidement, on prendrait bien, nous aussi, une petite vodka à Moscou avec l'auteur, au gré d'une rencontre sympa, la nuit qui précède le grand départ vers le bout du monde. Subrepticement, on se cale plus douillettement dans les longues banquettes de ce train, dont les rails plus larges que les nôtres ont finalement leurs avantages. On prend plaisir à observer discrètement notre voisine de cabine, Yulia, qui fait son nid en garnissant les tables et accoudoirs de ses napperons. A fumer avec les militaires de la cabine d'à côté. A mater les jambes de Tanya pendant qu'elle berce son enfant ; à baragouiner quelques mots incertains avec le personnel.
L'auteur a beau répéter que « le paysage était d'une monotonie pathologique », il l'anime habilement avec ses histoires du passé, ses anecdotes du présent et les vies imaginaires de ses lectures du moment. « Lire ou relire une histoire sur les lieux mêmes du récit prenait des proportions magiques, l'adoubait d'une nouvelle force ».
J'ai adoré ce mélange des genres et ambiances, l'alternance perpétuelle entre :
- la vie actuelle, chaude et familiale à l'intérieur du train,
- les descriptions du paysage glacial du dehors, agrémentées de précisions géographiques, comme ses villes et forêts poussées en réalité sur de la glace, et qui menacent de s'effondrer de plus en plus rapidement avec le réchauffement climatique,
- le récit des vies et événements historiques qui défilent au rythme du train : ici les camps de travaux forcés de déportés, là quelques batailles,
- ou même les histoires imaginaires de vies crées par d'autres auteurs avant lui, qui nous immergent encore autrement dans cette ambiance soufflant le chaud et le froid (je dois absolument lire "Au temps du fleuve Amour" de Makine !). « Elle était Anna Karénine, l'héroïne du roman de Tolstoï, et j'étais Vronski, l'amant maudit pour qui elle allait mettre fin à ses jours ».
On ressent d'une part le train-train répétitif du paysage, qui n'est qu'immuable blancheur, la vie en communauté dans un espace restreint, où peu d'activités sont envisageables, surtout lorsqu'on ne parle pas la langue ; et d'autre part, la vie grouillante et passionnante des voyages, qui émane principalement de menues routines instaurées par la proximité, de l'imaginaire de l'auteur, de ses lectures et de l'Histoire du pays qu'il nous dévoile. « Le Transsibérien est comme une immense bande dessinée qui raconte sur plus de 9000 kilomètres l'histoire de tous les peuples de Russie et de Sibérie ».
L'alternance dansante de l'ensemble est à la fois instructive et divertissante, dans cette ambiance spécifique aux trains, intimiste et feutrée, celle des vies en petite communauté qui se construit de petits riens agaçants mais inoubliables ; jusqu'au moment où l'on doit déjà se quitter, regrettant alors les hommes et les femmes côtoyés pendant six jours et sept nuits, durant lesquels « le pyjama était l'uniforme du train, ou alors la longue robe de chambre ».
« Soyons honnête, même s'il est heureux qu'il ne soit plus question de convoi de déportés, le Transsibérien n'a aujourd'hui plus rien d'un train de luxe. Contrairement à ce que beaucoup s'imaginent en Occident, ce n'est pas l'Orient-Express ».
Pourtant, ce voyage a tenu les promesses que le titre et la couverture m'avaient évoqué : J'ai immédiatement été happée par son intérieur chaud et douillet aux couleurs du pays, la rudimentarité des sanitaires côtoyant les tables du wagon restaurant dressées avec soin, la glace qui gagne l'intérieur des vitres la nuit, tandis que tous se pressent autour du samovar au petit matin ; les « r » qui roulent tout autour de nous, les rencontres des gens du crus qui vont finalement passer la semaine avec nous. Six jours et sept nuits, oscillant en permanence entre la chaleur du train et la neige recouvrant tout au dehors, entre la chaleur des rencontres, et le froid des morts qui hantent ces rails. Un voyage comme une fresque gigantesque, unique et inoubliable, au rythme d'une locomotive rouge perçant la neige telle une goutte de sang dans l'immaculé paysage, visuellement pur et cristallin, historiquement triste et sanglant.
« Quinze jours à travers la Sibérie au coeur de l'hiver le plus cinglant. A mourir de froid et pourtant, je n'en ai ramené que de la chaleur. » Celle des sirènes croisées sur la route, et demeurées à jamais dans l'océan de glace du bout du monde, dans leurs corsets de neige.
Un récit aussi chaleureux que cristallin, et un enchantement renouvelé pour cette deuxième lecture de l'année. Envie d'un voyage en train jusqu'au bout du monde ? Laissez-vous ensorceler par les sirènes du Transsibérien : « Ça sert à ça, les trains, partir et revenir, rentrer où s'enfuir. Ça ne sert qu'à ça. Et puis imaginer. »
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Baptiste, 60 ans, veuf depuis peu, exerce le métier de trompettiste de jazz. Sans prévenir, un burn-out le surprend et il décide d'entreprendre un pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle pour retrouver la paix et la sérénité en promettant à ses deux grandes filles de poster des cartes des endroits qu'il traversera.
Brestois d'origine, il démarre de la pointe Saint-Mathieu et près de Notre-Dame d'Auray, une étrange dame fagotée avec ce qu'elle a trouvé, surgit devant lui. Ils font connaissance devant un sandwich, lui n'a pas d'appétit et avec sa permission, elle dévore ce bout de pain.
Ils vont continuer sur un chemin détourné, vont vivre une aventure amoureuse temporaire jusqu'à Orléans en passant par le mont Saint-Michel, Saint-Malo...Orléans.
Le métier de Ludivine, Lulu pour les intimes est très particulier. On l'apprend par la suite. Elle a quarante-deux ans.
Lulu est très originale, on dirait marginale chez les gens bien élevés. La scène que je préfère est celle où elle donne son avis sans ménagement sur le pèlerinage de Compostelle
Un roman bien agréable qui manque un peu de relief dans les sentiments, dans l'écriture mais qui se laisse lire.
Je ne connaissais pas Hervé Bellec, le romancier est breton et je remercie Babelio, la masse critique privilégiée et Les presses de la Cité pour la découverte.
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Envie d'un week-end ou mieux, d'une semaine au bord de la mer mais vous n'avez ni le temps ni l'argent pour y aller ?
Je vous invite à passer quelques heures en compagnie de Scarlette et Solange, deux figures incontournables d'une petite île située très au large de la Bretagne, l'une étant la tenancière du bar et l'autre une parisienne venue prendre sa retraite sur l'île.
Avec elles et d'autres habitants de cette île, vous allez sentir le vent marin dans vos cheveux, vous allez être trempés sous les rafales de pluie, vous allez vous balader le long de sentiers au bord des falaises, vous allez déguster une ou deux coupes de champagne chaque soir tout en écoutant de vieilles chansons sur un antique juke-box.
J'ai énormément aimé ce roman choral, surtout féminin, qui nous emmène loin de chez nous durant quelques heures, qui nous permet de rencontrer des personnages atypiques et attachants et qui fait du bien, sans être mièvre ni dégoulinant de bons sentiments.
Je remercie NetGalley et les éditions des Presses de la Cité pour cet envoi bien agréable.
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Baptiste s’ennuie, il ne supporte plus son travail alors qu’il est artiste, trompettiste. Il est même plutôt doué ! Mais à soixante ans, veuf et flanqué de deux jeunes filles, il ne trouve plus goût à rien. Le voilà alors lancé sur les chemins de Compostelle. C’est vrai que c’est à la mode, ce pèlerinage, pour « trouver un sens à sa vie », pour « se recentrer sur soi-même », comme on dit.
Cette réflexion va tourner court, car il tombe sur une drôle de petite bonne femme de vingt ans sa cadette. Affublée de nippes non accordées et trimballant des sacs, on la croirait clodo. Mais non, elle est « quéreur de pardons », et très religieuse. Très emmerdante, aussi. Baptiste s’en accommode, et est attiré par cette Martienne.
« Elle m’amusait, et là, j’ai compris que j’étais prêt à faire un bout de chemin à ses côtés, le chemin qu’elle choisirait avec la lumière qu’elle souhaiterait. Le fait est que je m’emmerdais depuis des mois, peut-être des années. Je m’emmerdais comme la sentinelle du Désert des Tartares, comme un planton protégé de la pluie sous la guérite d’un check-point oublié aux confins du pays, et cette fille tombée à point nommé d’on ne sait où tout d’un coup me divertissait, semblait me réveiller de je ne sais quel morne rêve. »
Les voilà sur les routes de Bretagne, car il a renoncé à Compostelle pour suivre Lulu.
Fantasque, provocante, anarchiste, incohérente, Lulu m’énerve. Je comprends que Baptiste en soit imprégné, lui qui ne croit plus à rien. Il est subjugué. Mais ce qu’elle m’énerve !
J’ai suivi leurs pérégrinations avec une pointe d’intérêt, il fallait quand même que je sache comment Lulu allait mourir (je ne divulgâche rien du tout, puisque à la première page, Baptiste se rend sur la tombe de Lulu).
Et puis quand on est confiné, on a besoin d’évasion, quoique la Bretagne n’est pas spécialement décrite, à part le Mont Saint-Michel (qui est en Bretagne ou en Normandie ?)
Donc le bilan est assez mitigé : oui, j’ai aimé le livre, mais sans plus. Le ton familier et sans fard m’a plu, mais je pense que j’oublierai assez vite cette Lulu exaspérante.
Merci aux Presses de la Cité et à Babelio dans une Masse Critique spéciale pour ce bout de chemin en compagnie de deux personnages très différents.
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Une île bretonne, le petit monde de la tenancière du café 'Chez Scarlette', sa fille Morgane dépressive au lycée loin de son île, la policière Phanie venant de rompre avec Vanessa, la rude postière Brigitte, Debbie, la fermière galloise, l'âpre hôtelière Armande, la doctoresse roumaine Marina aux méthodes pas toujours catholiques.
Il y a des mecs aussi, l'ancien gardien de phare Pierrot la Lanterne et Baptiste, trompettiste en vacance. Et puis le cachalot qui vient de s'échouer , Félicité, la tempête du siècle qui menace et .... 'la marquise', Solange, ex-prof à la Sorbonne, bien conservée, qui a choisi cette île pour passer les derniers mois que lui laisse sa tumeur.
J'ai trouvé l'ensemble un peu plat et bavard. Il ne se passe pas grand chose mais c'est gentil et on finit par s'attacher aux personnages.
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Scarlette, Solange, Phanie, Marina, Morgane et un coup de coeur !
Une île bretonne, un bar-tabac-journaux-articles de plage, lieu de rassemblement incontournable au pied de la falaise et tenu par Scarlette au franc-parler, débonnaire mais meurtrie !
Solange est universitaire parisienne et quitte la capitale avant son déclin personnel et s'installe sur l'île choisie au hasard sur un atlas. Son maintien et ses Louboutin interloquent mais ne la rendent pas moins assidue à sa coupette de champagne chez Scarlette !
Phanie, lieutenant de Gendarmerie ; Marina, médecin roumain et Morgane, fille de Scarlette et étudiante nantaise viennent compléter et enrichir ce tableau féminin. Des hommes aussi, solitaires et mutiques dans le froid qui s'installe.
Au tour du juke-box rescapé des années 60, la vie, la musique, l'amour, l'amitié, l'humour et l'entraide vont devenir de précieux alliés face aux éléments qui se déchaînent ! Des personnalités vont se dévoiler et c'est un régal d'empathie, sans concession pour les défauts, que Hervé Bellec délivre comme une ordonnance de vie à croquer à pleine dent !
J'ai adoré tous ces personnages, opposés pour la plupart, qu'une situation isolée amène à extérioriser le meilleur d'eux-mêmes ! Ses portraits de femmes sont fabuleux ! Un délice de caramel aux cristaux de beurre salé qui croquent sous la dent !
#ChezScarlette #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021
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"L'air était doux. le paysage n'avait aucun intérêt majeur. Des routes de campagne, des fonds de vase, des champs de maïs, des vaches. Les pieds de maïs me dépassaient déjà d'une bonne tête et les vaches me regardaient passer comme si j'étais le premier être humain qu'elles rencontraient. Il m'arrivait de leur parler, de leur tenir des propos plus ou moins cohérents, en entretenant l'illusion un peu naïve qu'elles m'écoutaient."
Baptiste Kerdéniel, musicien professionnel proche de la soixantaine, n'en peut plus de sa trompette et de sa vie aussi. Sur le conseil de ses deux filles il a décidé de prendre le chemin de Saint Jacques de Compostelle pour tenter de rompre avec cette spirale mortifère qui ne le quitte plus depuis la mort accidentelle de son ex-femme (et mère de ses filles).
Il ne sait pas encore qu'il se trouve en réalité sur un chemin extrêmement fréquenté, par toutes sortes de pèlerins, croyants ou non : une sorte d'autoroute de la "quête de sens" ! C'est une rencontre, fortuite selon lui mais Providentielle selon Ludivine Kirchner, qui l'amènera sur bien des chemins de traverses. Il n'est pas du tout religieux alors qu'elle, sous une apparence de vagabonde routarde est une véritable bigote. Elle ne manque pas une messe ou une confession, se déplace constamment vers des lieux de culte catholiques divers et variés. Mais elle a de bonnes et surprenantes raisons pour ça...
Ces deux-là, avec leurs blessures mais aussi leur fort caractère et leur humour, se seront bien trouvés. Ils ne deviennent pas inséparables pour autant, mais connaîtront indéniablement une relation forte.
Hervé Bellec m'a emmené, dans ce roman où tout n'est pas rose, sur des lieux du nord-ouest de la France que je ne soupçonnais pas. J'ai beaucoup aimé son style, qui fourmille de remarques aigres-douces sur les travers de notre société. Pour autant le ton, lui, ne l'est pas, cynique. Au contraire, les personnages ont une belle épaisseur humaine, avec leurs défauts mais aussi leurs qualités.
Je remercie les éditions Les Presses de la Cité et Babelio pour l'envoi de ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique. J'ai pu découvrir cet auteur grâce à cette lecture et je n'en resterai pas là.
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Mémé s’est éteinte, il y a quelques semaines. C’est l’heure du partage de ses biens entre les membres de la famille. L’horloge reviendra-t-elle à Hervé ? Ses pensées dérivent sur cette fameuse horloge déjà héritée de la génération précédente, unique signe de richesse des aïeux. Dans ses souvenirs d’enfant c’était la tour de contrôle de la maison de Pépé et Mémé, celle qui « se mettait à carillonner à tout va pour sonner les dix heures, un raffut du diable ». C’est au cours de cette réflexion qu’il se remémore sa démarche, quelques années plus tôt, de collecter l’histoire de sa grand-mère, les mots de sa mémé enregistrés avec gêne dans un magnétophone.
Malgré l’objection de Mémé, évoquant une perte du temps puisqu’elle n’a rien à dire, les voici installés pour une première séance d’interview, le petit café servi dans des verres et la boîte de gâteaux posés sur la table de cuisine.
Dans cet hommage sincère, les souvenirs d’enfance de l’auteur se mêlent alors à la fidèle retranscription des paroles de sa grand-mère.
Mémé est née dans une des fermes du Duc de Pontcallec, dans le pays Pourleth. Elle a repris celle-ci quand ses parents ont arrêté. C’est là qu’Hervé passait ses vacances d’été avec sa sœur et ses cousines. Du sifflet de chef de gare à Montparnasse à la remorque du tracteur de Pépé, c’était toute une expédition. Les vacances commençaient invariablement par une pesée de chaque petit enfant sur la balance à cochon car il fallait démontrer aux parents qu’ils avaient engraissé à la ferme, bien nourris de pommes de terre, de lait ribot et de beurre.
La maison de Mémé : une pièce principale, très sombre et sur terre battue où ils vivaient et dormaient, elle et Pépé, une pièce sur parquet ciré avec de jolis meubles qui était réservée aux petits enfants.
Mémé s’active toujours. Même assise, ses doigts s’agitent encore sur les travaux d’aiguilles. « Rester sagement assise en rêvassant auprès du feu, sans d’autres ambitions que de laisser filer le temps, on ne le lui avait pas appris. » La vie de Mémé c’était le travail, tout le monde, sans distinction, participait aux travaux de la ferme ou au ménage. Et surtout, le lait à baratter, confectionner le beurre vendu au marché. Avec les cochons c’était le seul moyen de gagner de l’argent pour s’offrir ce que la ferme ne produisait pas.
Café, cidre aigrelet, crêpes le vendredi, un cochon de temps en temps, du bon lait de la ferme, non, ils n’étaient pas malheureux dit Mémé. Elle se souvient de tous ceux qui n’avaient pas toujours de quoi manger ni s’abriter, c’était la misère en Bretagne.
Elle nous raconte les foires, les pardons, les bals, les fêtes, la convivialité. Au moment de contempler de vieilles photos, l’émotion nous gagne, petit-fils et grand-mère ont pour la première fois un moment de complicité, de tendresse, Mémé n’avait pas trop le temps pour les câlins mais une autre façon d’aimer…
Un pèlerinage sur les lieux et les décors de cette ancienne vie seront l’occasion de vivre avec nostalgie la fuite du temps. Si certaines choses restent, les hommes et les femmes ne font que passer.
On appréciera la franchise de l’auteur qui n’hésite pas à dénoncer le progrès, cette rupture avec les traditions et la simplicité qui arrivaient à remplir des vies loin de la course folle de la vie moderne. Remarquable aussi son humilité lorsqu’il avoue ses échecs, sa honte de détester la terre qui a nourri sa famille et dont il ne supporte pas qu’elle lui salisse les mains.
C’est en pensant à ma grand-mère que j’ai lu ce livre. La vie moderne nous éloigne de nos anciens et c’est bien dommage. Il est difficile d’imaginer ces vies qui se sont déroulées il y a seulement deux générations et pourtant c’est un abîme qui les sépare des nôtres. Tout va trop vite. Ce n’était pas forcément mieux avant mais c’était peut-être plus simple.
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Un roman choral qui nous plonge en huit clos sur une île bretonne. Plusieurs femmes s'y croisent : des îliennes et des touristes longues durées. Toutes gravitent autour du bar de Scarlette. cette femme assez directe, rassemble autour d'elle et de belles amitiés vont naître. Solange, venue vivre ses dernières années sur l'île, phanie, jeune flic, Morgane, partit de l'île mais toujours proche. Et puis certains hommes : un musicien, un artiste, des anciens marins...Tous ces habitants vont faire face à une redoutable tempête et la vie va les bousculer.
Un roman qui se lit bien, on l'on s'accroche aux personnages. C'est bien écrit, on aimerait ne pas quitter cette île.
Un beau moment de lecture.
#ChezScarlette #NetGalleyFrance
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Comme pour Belle Greene il y a quelques jours, c'est à nouveau un abandon alors que j’étais persuadée que j’allais adorer ce livre.
J’ai été refroidie dès les premières pages du roman qui s’ouvre sur la visite d’un cimetière (la personne dans la tombe est la Lulu du titre, ce qui ne laisse peu de doute sur le dénouement) et plus encore par la personnalité du narrateur, déprimé, qui passe son temps à dénigrer tout ce qui l’entoure, qui se lance dans un pèlerinage à Compostelle mais ne supporte rien de ce qui a trait à la religion,…
Tout cela était bien trop morne pour me donner envie de poursuivre. C’est ce qui s’appelle une erreur de casting…
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