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Citations de Iain M. Banks (178)


Il me revient en mémoire le cas d’une espèce qui s’opposa jadis à nous. Oh, c’était il y a bien longtemps ; nul n’avait encore ne serait-ce que songé à moi. Ils avaient la suffisance de prétendre que la galaxie leur appartenait, et justifiaient cette hérésie en arguant d’une croyance blasphématoire de nature morphologique. C’étaient des créatures aquatiques dont le cerveau et les organes majeurs étaient logés dans un gros tronc central, d’où rayonnaient plusieurs bras ou tentacules. Ces derniers étaient épais côté tronc, effilés aux extrémités, et bordés de ventouses. Et leur dieu aquatique était censé avoir créé la galaxie à leur image.
« Vous comprenez ? Cette conviction venait du fait que leur corps comportait une ressemblance grossière avec l’œil grandiose qui est notre demeure à tous – ils poussaient même l’analogie jusqu’à comparer leurs ventouses aux amas globulaires – et leur appartenait donc en propre. Malgré l’absurdité de cette superstition païenne, ces créatures étaient prospères et puissantes ; elles représentaient en fait de fort respectables adversaires.
— Hmm…, fit Aviger. (Sans relever les yeux, il demanda :) Comment s’appelaient-elles ?
— Euh…, répondit Xoxarle de sa voix grondante. Leur nom… (L’Idiran réfléchit.) Les Fanch, je crois.
— Jamais entendu parler.
— Ça ne m’étonne pas, ronronna Xoxarle. Nous les avons anéanties.
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Tout ça, c’était la faute de la Culture, qui se jugeait trop civilisée, trop raffinée pour vouer de la haine à ses ennemis, préférant s’efforcer de les comprendre, de saisir leurs motivations
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En tout cas, c’était un signe. Cette aventure était chargée d’une lourde signification. Était-ce ma réaction quasi-instantanée que le Sanctuaire avait prédite en parlant de feu ? Si on voulait trouver un sens augural à cet épisode, ce n’était pas seulement dans la férocité exceptionnelle de la bête que j’avais tuée qu’il fallait chercher, mais également dans la brutalité inconsciente de ma riposte et le triste sort des lapins innocents qui avaient subi, impuissants, les ravages de mon ire.
D’autre part, si cet incident avait la valeur d’un présage, il semblait également se rattacher à mon passé. En effet, la première fois que j’avais assassiné quelqu’un, c’était parce que des lapins avaient connu une fin atroce, brûlés par un lance-flammes presque identique à celui dont je m’étais servi pour dévaster les terriers. La coïncidence était trop parfaite. Etais-je en train de perdre le contrôle de la situation ? Les événements s’enchaînaient plus vite et plus mal que je ne l’avais imaginé. Le massacre du Territoire aux Lapins en était la preuve.
Le moindre indice est toujours lourd de sens. Le Sanctuaire m’avait appris à guetter les indices les plus futiles pour en extraire leur vérité occulte.
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J’ai envie qu’il proteste, qu’il me dise d’arrêter de geindre et me remettre à marcher… mais il ne joue pas le jeu. Je baisse les yeux sur mes jambes pendantes, je vois un revêtement noirci constellé de tout petits cratères, de balafres. Des filaments fins comme des cheveux ondoient, éraillés, brûlés. Mon scaphandre… je le possède depuis plus d’un siècle, et jusqu’à présent je m’en étais à peine servi. Son cerveau a passé le plus clair de son temps branché sur le système principal, chez moi, y a mené une vie de substitution à double titre. Même quand je partais en vacances, je restais pour l’essentiel à bord du vaisseau mère et évitais de m’aventurer au sein d’environnement hostiles.
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Vous savez, monsieur Gurgeh, j’ai entendu dire que dans votre « Culture », vous n’aviez pas de lois. Je suis sûr qu’il s’agit d’une exagération, mais il doit tout de même y avoir un peu de vrai là-dedans ; donc je veux croire que vous voyez dans le nombre et la rigueur de nos lois… une grande différence entre notre société et la vôtre. Nous possédons ici un grand nombre de règles, et nous essayons de vivre en accord avec les lois de Dieu, du Jeu et de l’Empire. Mais il y a un avantage à posséder des lois : le plaisir qu’on peut prendre à les enfreindre. Les personnes ici présentes ne sont pas des enfants, monsieur Gurgeh. (…) Règles et lois n’existent que par le plaisir que nous prenons à commettre ce qu’elles interdisent, mais, du moment que la plupart des gens respectent leurs prescriptions la plupart du temps, elles remplissent leur office : l’obéissance aveugle aux lois ferait de nous… ha ! (…) Rien de plus que des robots !
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Il plongea son regard dans les yeux de l’étranger.
Et n’y lut rien. Ni pitié ni sympathie, pas trace de bonté ni de tristesse. Oui, il plongea dans ces yeux, et tout d’abord il songea au regard qu’avaient parfois les criminels lorsqu’ils s’entendaient condamner à une mort expéditive. Un regard d’indifférence ; ni désespoir ni haine, mais quelque chose de plus terne et de plus terrifiant. Un regard résigné, un regard qui disait : plus d’espoir ; un drapeau hissé par une âme qui ne s’en souciait déjà plus.
Mais si ce fut, en ce brusque instant de lucidité, l’image du condamné qui lui vint tout d’abord à l’esprit, Bermoiya sut en même temps qu’elle ne convenait pas. Quelle image aurait pu convenir, cela il l’ignorait. Peut-être était-elle inconnaissable.
Et puis tout à coup, il sut. Et tout à coup, pour la première fois de sa vie, il comprit ce que ressentait les condamnés quand ils le regardaient dans les yeux, lui, Bermoiya.
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Ce que vous avez vu ce soir, cela aussi est l’Empire. Et il existe entre les deux visions des tas de choses que je ne puis vous montrer ; toute la frustration qui pèse sur les pauvres comme sur les gens plus aisés, simplement parce qu’ils vivent dans une société où personne n’est libre d’agir selon ses choix. Le journaliste qui ne peut pas écrire ce qu'il sait pourtant être la vérité, le médecin qui ne peut soigner un être souffrant parce que celui-ci n’appartient pas au bon sexe… Un million de phénomènes similaires, jour après jour, des choses peut-être moins mélodramatiques, moins grossières que ce que je vous ai montré ce soir, mais qui n’en font pas moins partie de l’ensemble, des choses qui comptent parmi les manifestations de cette société. Le vaisseau vous a dit qu’un système coupable ne reconnaît point d’innocents. Moi, je dirais que si. Il reconnaît l’innocence d’un petit enfant, par exemple, et vous avez bien vu comment ils se comportent dans ce domaine. En un sens, il reconnaît même le « caractère sacré » du corps… mais pour mieux le violer. Encore une fois, Gurgeh, tout cela peut se ramener à la notion de propriété, de possession ; à l’acte de prendre afin d’avoir.
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Comme le disait le proverbe : tomber n’a jamais tué personne ; ce qu’il faudrait, c’est ne jamais s’arrêter de tomber.
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Les récits qui se déroulaient au sein de la Culture et décrivaient des situations où « les choses tournaient mal » commençaient généralement ainsi : un être humain perdait son terminal, l’oubliait quelque part ou l’abandonnait délibérément. C’était une convention ; en d’autres temps, on aurait pris pour point de départ un individu s’écartant du sentier forestier ; plus tard, ç’aurait été la voiture tombant en panne sur une route déserte. Qu’il soit en forme de bague, de bouton ou encore de stylo, le terminal était ce qui vous reliait à tous les individus et à tous les éléments de la Culture. Avec lui, quand on voulait savoir quelque chose ou qu’on avait besoin d’aide, on n’avait, selon le cas, qu’à poser une question ou lancer un appel. (…)
Terminal était synonyme de sécurité.
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Et oui, ces gens. Ils assument une responsabilité collective pour les agissements de leurs Mentaux, y compris les Mentaux de Contact et des Circonstances spéciales. C’est comme ça qu’ils ont conçu leur société, c’est comme ça qu’ils la veulent. Il n’y a pas d’ignorants, ici, Quil, pas d’exploités, pas d’Invisibles ni de classe ouvrière opprimée à jamais condamnée à obéir aux ordres de ses maîtres. Ils sont tous leurs propres maîtres. Ils peuvent tous avoir leur mot à dire sur tout et n’importe quoi. Alors, selon leurs foutus critères, oui, c’est bien ces gens qui ont laissé se produire ce qui s’est produit à Chel, même si, en réalité, bien peu étaient au courant des détails à l’époque. 
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« Un tablier de jeu, çà ? » fit Gurgeh.
Il déglutit. Il n'avait jamais rien vu de tel, jamais entendu parler - ni même soupçonné l'existence - d'un jeu aussi complexe que devait l'être celui-ci, s'il fallait bien interpréter ce qu'il avait sous les yeux comme un ensemble de pions et de cases.
« L'un des tabliers.
« Combien y en a-t-il en tout ? »
Il n'arrivait pas à y croire. Ce devait être un canular. Ils étaient en train de se payer sa tête. Aucun cerveau humain ne pouvait appréhender un jeu se jouant sur une telle échelle. C'était impossible. Forcément impossible.
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-Méchant,méchant don de la mer !s'écria Fwi-Song.
Il se pencha , prit l'index de Horza dans sa bouche et referma sur le doigt sa double rangée de dents acérées qui pénétrèrent dans la chair. Puis il se retira vivement.
Le prophète mâcha , avala en contemplant le visge du Métamorphe. Sur quoi , il fronça les sourcils.
-Déchidément pas très chavoureux , benédicchion des courants océaniques .
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-Je ne suis pas du coin , dit-il d'un air jovial
C'était exact .Jusque-là ,il ne s'en était jamais trouvé à moins de cent années-lumière.
-Shéas Engen , répondit-elle en hochant la tête .J'écris des poèmes .
-Chéradénine Zakalwe.Je fais la guerre.
Elle sourit.
-je croyais qu'il n'y en avait pas eu depuis trois cents ans.Vous avez dû perdre un peu la main , non?
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Scoaliera Tefwe ,qui avait été il y a bien longtemps amie et amante de Ngaroe QiRia , alors qu'il était déjà très vieux et qu'elle-même était encore dans la force de l'âge -un peu moins de deux cent ans - , s'éveilla lentement , comme elle l'avait fait quelques dizaine de fois au fil des siècles.
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Bon, jvépa vous rakonté mavy, alor appré pamal davantur passionantt ékssétra, jéfini par oblijjé se sorssyé à mkonkokté untruk pouralléla dassmashin kon nappél Métro Pole Infernal ; yafalu férgriyé des shah touvvif aptifeu pandan troissménn mais anfin sahamarshé.
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Retenir, comme la terre ; coopérer, comme le fermier ; observer et attendre, comme le chasseur. Mes plans doivent rester dissimulés sous d’autres apparences, tels ces traits géologiques qui ne font qu’affleurer à la surface du monde. C’est là, sous l’arche palatale et durcie de la pierre souterraine, que se décident les vraies destinées des histoires et des continents. Enterrés sous la frontière indéfinie que pressent et tourmentent les mouvements d’en deçà, obéissant à leurs propres trajectoires, à leurs propres règles, gisent les pouvoirs confinés qui donneront sa forme au monde ; crispation aveugle et rude de chaleur et de pression fluides et ténébreuses, retenant, domptant son propre contingent de puissance rocheuse. Et le château, tiré du roc, ciselé dans cette dure-mère par la chair et le cerveau et les os et par les forces contraires des intérêts des hommes, est un poème gravé sur cette puissance ; un courageux, un délicieux chant de pierre.
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Sans doute devrais-je entreprendre quelque chose de plus dynamique, m’affirmer : m’enfuir, essayer d’acheter le silence des soldats restés au château, organiser la résistance de la domesticité, fomenter une révolte des réfugiés… Mais je crains de ne pas avoir le tempérament qu’exigent ces actions d’éclat. Mes talents sont d’une autre espèce. Si la lutte n’exigeait que quelques commentaires ironiques, je partirais à l’assaut et, qui sait, en sortirais victorieux. Pour l’heure, je ne vois qu’une multiplicité de choix, de possibilités, discutables à l’infini – trop d’objections, trop d’alternatives. Perdu dans un palais des glaces stratégique, je vois toutes les solutions et n’en perçois aucune ; je perds mon chemin dans ces représentations. Le fer de l’ironie corrode les intentions et contamine les âmes des hommes de même métal.
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le tout dans le langage des Liseiden, qui consistait en une série de rots liquides non dénués d'une certaine harmonie.
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Quand on fait preuve d’empathie envers un imbécile, on est bien près de penser comme un idiot
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J’espère, fit l’autre, qu’il existe d’autres façons de rendre les vieux heureux… que pour nous, le bonheur peut être autre chose que le fruit de la tromperie.
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