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Citations de Iegor Gran (197)


- Ca peut être jouable, finit par comprendre le directeur général. Si nous, qui sommes aux avant-postes de la littérature et qui avons une sacrée expérience du verbe, si nous tous, ici présents, n’avons pas repéré Tanizaki, les chances que des lecteurs lambda découvrent le plagiat sont infinitésimales, sans même parler des critiques littéraires. Pradel a bien maquillé. On dirait vraiment que ça a été écrit hier, rue Bonaparte. (…) Personne n’y verra rien. Et si, par malchance, un fouille-caca venait à nous poser la question, on dira « intertextualité », « hommage littéraire »…
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Là-dessus, il constate de lui-même, devant les premières baffes de la vie, qu'il paraît bien moins armé que nombre de ses camarades. Il ne parvient jamais à décrocher les meilleurs stages. Les bons plans passent systématiquement à côté de lui, que ce soit l'appart à louer ou le scooter d'occase. Quand il fait les soldes, il rate toujours la paire de chaussures qui lui plaît. (p. 36)
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Quand on lui demandait ce qu'il faisait dans la vie ( question qui n'est jamais tout à fait innocente et dont le véritable sens est: " en quoi pouvez-vous m'être utile ? " ), il façonnait son hameçon à la tête du client, devenant tantôt lecteur pour une grande maison d'édition, tantôt agent littéraire.
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"De grandes silhouettes noires et immobiles se découpent en effet au loin. On dirait des toits, des poteaux. On s'approche. Aucune lumière. Ce doit être des granges abandonnées. La route s'élargit légèrement, comme quand on est près d'un village. Et aussi, on le sent tout de suite, une odeur de brûlé. On s'approche encore, quand Pauline crie :
- C'est le POJAR, docteur !
Il y a une pointe d'angoisse dans sa voix, qui me fait s'arrêter.
- Encore et toujours le pojar!
Comme je ne comprends pas ce mot, elle m'explique.
- Le pojar, c'est une spécialité de ce pays de malheur. À chaque fois que l'on s'approchait d'un village, on le découvrait vide et brûlé. Les Russes s'enfuyaient en mettant le feu à leurs maisons, vous imaginez ça, docteur ? Et comme tout était en bois, et qu'on était en été, le pojar se propageait rapidement.
- Alors il n'y avait pas que Moscou.
- Non, dit Pauline. Smolensk aussi. Et Dorogobouj. Et Malo-Iaroslavetz. Et toutes les autres, petites ou grandes, brûlaient semblablement. De gigantesques colonnes de fumée nous attendaient partout. On entrait dans les rues dévastées. Les stocks de nourriture, le foin pour les chevaux, les magasins d'habillement, les ateliers de réparation, les tavernes : tout brûlait ou était déjà noir. Un air irrespirable. On prenait la ville, certes, et les Russes reculaient, mais impossible d'y rester, d'établir une garnison solide."
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Là-dessus, tel un bombardier géant B-52, septembre lâcherait ses 587 nouveaux romans sur la morne plaine de la littérature française, noyant le troufion dans l'indifférence des grands nombres. (p.237)
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Même si ce n’est pas la mer à boire, je n’ai pas beaucoup de temps en ce moment pour me taper des formalités. Un papier avec de l’écriture dessus c’est comme un pacte. Il faut l’archiver, c’est une micro-case de mon cerveau qui est occupée, et ma pauvre cervelle en devient saturée, elle n’a pas été prévue ma cervelle pour contenir davantage que quelques recettes de cuisine, quelques noms de famille, quelques dates de l’histoire de France.
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L’ennui voyez-vous c’est que les paroles s’évaporent mais l’écriture reste dans le dur, le basalte n’est rien à côté d’une feuille de papier, l’écriture est un tatouage que vous porterez à jamais. Vous pourrez jouer à l’acrobate tant que vous voudrez, jamais vous ne gommerez ce qui a été publié, votre cuir sera fleurdelisé. Alors quand vous écrivez, la bride qui tient votre vie tant bien que mal se relâche peu à peu, vous glissez imperceptiblement vers l’inconnu, encore un pas et il sera trop tard. Les feuilles que vous produisez vous attendront au tournant.
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Écrire je déteste, déjà parler c’est pas mon fort, je préfère rester coi bien au chaud car quand on se tait la vie passe à côté sans trop vous remarquer, et son cortège comme on dit de malheurs percute quelqu’un de plus exposé, le bavard sert de paratonnerre et vous êtes épargné.
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L’utilité publique c’est comme un filet tournant, ça vous attaque par les côtés, impossible de vous en sortir de l’utilité publique, c’est du goudron chaud dans lequel vous auriez mis les pieds, dans mon cas ça m’a éperonné la conscience, et quand par-dessus vous mettez la voix mielleuse de Marko qui vous encaque dans la seconde, l’amorce devient imparable.
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Mon rire me protège de son Dieu, me rend l’insouciance, la liberté d’être con, l’homme qui rit oublie le déluge, il est comme ivre.
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Nulle trace d’humour chez les prophètes. Il n’y a pas de quoi rire, madame ! On vous annonce l’Apocalypse et la disparition de l’île de Ré – et vous riez ?… N’avez-vous donc aucune stature morale ?… […] Votre rire est un crime car il empêche la mobilisation des consciences. Il dilue l’attention. Il peut contaminer les autres.
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Alors j'explique. Besson. Pinault. Tout ce que montre le film. Tout ce qu'il ne montre pas. Le ton, la forme. Le terrorisme des belles images. Le mode binaire : éléphant dans la brousse - gentil -, Chrysler building - méchant. Le tutoiement de la voix off. La guimauve. Le mépris de la culture, du talent. L'accueil des politiques. Sarkozy. Le prince Charles. La gratuité du film, mais pas celle des produits dérivés. Une opération de relations presse géante. Le greenwashing. L'opportunisme. Ce mot clé !
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Je sais bien que le monde est rempli de croyances qui sont un défi à la raison avant même d'être une aubaine pour les grands manipulateurs, qui savent les canaliser. Les complotistes de toutes obédiences essaiment sur internet, se retrouvent, forment des sectes. [...]

La différence avec le zombie ? ... Quel que soit leur degré de déconnexion avec la réalité, aucun de ces délirants de bas étage n'encourage le meurtre et la guerre comme moyen de rétablir la justice, et, surtout, n'envisage l'envoi de son fils à l'abattoir au nom de son idée obsessionnelle. Le zombie, lui, n'hésite pas.
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À la fin décembre, Elena résume :
- Il n'y a pas le début d'une ombre de mécontentement. Le peuple est calme, confiant et fier de lui.Travail, maison, famille.Il n'y a que ça qui compte.Personne n'a honte de ce que font nos soldats. Ils trouvent même qu'ils n'en font pas assez.Ce peuple adule la violence. Il est incurable.

( p.115)
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Dans son éblouissement, elle oublie pudiquement les deux fléaux (devenus légendaires) qui accompagnent les hommes russes dans les nids douillets des chaumières : l'alcoolisme, vécu comme un sacerdoce , et la violence conjugale. Une femme meurt touts les deux heures en Russie sous les coups de son conjoint, soit plus de 4300 tuées par an.
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Au moment des toasts, systématiquement lancés par Sergueï, le mâle dominant du groupe, elle s'abstient- impossible pour elle de trinquer " à la victoire" ou " à nos forces armées ".
La compagnie tique un peu, puis on passe à autre chose.Le sujet qui fait consensus, c'est la cherté de la vie et les salaires de misère.

( p.149)
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C'est à se demander à quoi sert une famille quand il y a la fratrie Twitter.On y trouve aussi bien l'oncle grippe- sou qui surveille les dépenses, la tante qui encourage les délires créatifs, la grand-mère qui glisse, subrepticement, un petitbillet de banque pour les fêtes, le papi toujours grognon, l'insupportable petit- neveu geek qui se croit le plus intelligent, etc.Tous les petits agacements et divines surprises d'une famille nombreuse, rassemblée non par le hasard des combinaisons d'ADN, mais par l'alchimie des affinités de perception.

( p.162)
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Les Russes ordinaires de Perm ont une deuxième peau, épaisse comme celle de l'hippopotame, on a parfois l'impression qu'aucun cataclysme ne parvient à les atteindre.Ils baignent dans un fatalisme universel, limité par l'horizon de leur coin de rue.

( p.105)
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La guerre psychologique se gagneen mettant plein cap sur la modestie dans les vêtements, l'abstinence dans les gadgets, et, dans le même temps, en dérouillant les contestataires.
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Ou bien : des agents subversifs ukrainiens ont tartiné des faux billets de banque avec une mélasse à haute teneur en bacilles de Koch. Puis ils ont distribué ces billets à des enfants à la sortie des écoles dans les environs de Slovianoserbsk, en territoire indépendantiste de l’est, dans le but de lancer une épidémie de tuberculose.
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