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Critiques de Ingo Schulze (21)
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De braves et honnêtes meurtriers

On peut, bien sûr, faire partie de ceux qui aiment à se persuader qu'une fois de plus, la rentrée littéraire portera " la plupart des lecteurs à confondre dans un délire enfantin les livres et les oeufs, et à croire qu'il faut toujours les consommer quand ils sont frais(1)" !

Néanmoins, la lecture de ce livre vient fort à propos en contrepoint de ce petit adage à la fois culinaire et littéraire.

"De braves et honnêtes meurtriers" est un roman écrit par Ingo Schulze, et tout juste paru en août 2023 aux éditions "Fayard".

C'est un récit pittoresque et passionnant, un récit au dessus duquel plane l'ombre du bibliophile(2) d'Anatole France.

En mars 1951, à Dresde, Dorothea Paulini née Schuller reçut l'autorisation d'ouvrir une librairie avec une section de livres rares et ancien.

Lorsqu'elle mourut, en juin 1953, Klaus, son mari, garda les livres qui, pour certains, étaient encore dans des caisses et des cartons.

Norbert, leur fils qui avait dormi sur ces piles de livres, devint un bouquiniste réputé à Dresde, un bibliophile qui n'aimait rien tant que lire et toucher amoureusement les tranches des vieux ouvrages de sa boutique.

Ce roman d'Ingo Schulze, articulé en deux parties est la biographie de Norbert Paulini ajoutée d'une tranche de vie de son auteur.

Ce livre est un livre dédié à l'amour des livres, mais aussi à l'amour de la vie.

C'est une chronique éclairée, intelligente et lucide où chacun des personnages ajoute son pas au ballet qui va se jouer dans cette République Démocratique Allemande qui finira, en 1989, par se dissoudre dans l'autre Allemagne.

Car ce livre raconte aussi un peu de l'histoire intime qui s'est jouée entre les deux Allemagnes.

A la chute du mur, la boutique est désertée, le bouquiniste est décontenancé.

Il va devenir quelqu'un d'autre ...

"De braves et honnêtes meurtriers" est un roman écrit de manière splendide et percutante, avec toujours chevillé au creux du mot l'amour des livres.

C'est plein de formules réjouissantes et piquantes, de belles phrases, de sentiments et de frustrations, de non-dit et de verbes hauts.

C'est un roman plein d'humanité, de celle qui est décrite dans la plus belle des littératures, et de celle que l'on vit jour après jour, petit moment d'ennui après triste instant de regret.

Vous redécouvrirez ici, sans comme Norbert vraiment vous en étonner, "comme il est agréable de s'immerger ligne après ligne dans un livre".

Norbert n'est un inconnu pour aucun de nous.

Il contient en lui un peu de chacun des lecteurs du livre d'Ingo Schulze.

Car c'est aussi de ça qu'il s'agit, du secret de la lecture.

Ingo Schulze, en écrivain généreux, nous livre d'ailleurs, au fil des pages qui se tournent, quelques autres petits secrets littéraires à discuter entre apéro et dessert :

- les véritables écrivains ne seraient seulement que ceux qui ne veulent pas l'être -

- celui-là même qui écrit ne serait plus en mesure de vraiment lire - ...

Alors plutôt que de se jeter dans le flot de la nouvelle rentrée littéraire 2023, on peut préférer "s'en tenir aux réalisations des rares élus et appelés de tous les temps et de tous les peuples(3)".

Néanmoins, il serait dommage de passer à côté du livre d'Ingo Schulze car que Dieu me savonne et que Mr Bergeret me pardonne, on n'est pas à l'abri d'y découvrir un petit bijou de littérature et un solide ouvrage qui vienne s'ajouter aux rayonnage de notre bibliothèque universelle ...



(1) page 39

(2) souvenirs littéraires d'Anatole France 2ème série

(3) page 39 - "citation à l'à peu près de Schopenhauer dans "le monde comme volonté et comme représentation".







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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse



C’est le journal à la première personne d’un candide, le produit du mélange d’une éducation communiste et chrétienne. Peter Holtz n’est pas à un paradoxe près, ingénu pour la STASI, zélote pour son église, il est le parfait portrait d’un idéaliste. Le jeune homme, pur allemand de l’Est, est persuadé que l’Ouest et le monde entier envient l’art de vivre en RDA.



En ce mois de novembre 1991 c’est avec beaucoup d’émotion et de volonté qu’il se sent prêt à accueillir tous les futurs réfugiés, c’est dire que son étonnement sera grand. Qu’à cela ne tienne, sa candeur lui donne un extraordinaire pouvoir d’adaptation, l’économie de marché, la spéculation immobilière lui tendent les bras. Il est tellement facile de faire de l’argent dans la nouvelle grande Allemagne.





« J’ai toujours été étonné de voir combien il est facile d’abolir la réalité » poursuit l’orateur, que son propre discours semble amuser. « Lorsque les objectifs du Plan n’étaient pas atteints on modifiait le Plan, lorsque les élections ne correspondaient pas aux attentes, on modifiait les bulletins, et quand on malmenait quelqu’un en détention préventive ou en prison, on lui faisait signer un papier où il était écrit que tout cela n’avait pas eu lieu »



Récit drôle et picaresque de la reconstruction allemande, « Peter Holtz autoportrait d’une vie heureuse » est aussi et surtout une très agréable leçon d’économie et de géopolitique européenne. La grande histoire vu par les petites mains qui la tricotent, Ingo Schulze nous emporte avec un humour, une distance et une ironie bienvenue. Un beau portrait de l’Allemagne d’aujourd’hui expliqué par l’histoire politique de la fin du XXè siècle. Une ambitieuse réussite littéraire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

Peter Holtz est le parfait représentant de l’Allemagne communiste , la RDA .

Orphelin , il arrive toujours à tirer son épingle du jeu , prenant tout à la lettre au grand dam de ceux qu’il croise .

Puis vient la réunification, ou le jeune homme confiant , attend les allemands de l’Est , persuadés qu’ils vont être nombreux à vouloir venir dans le paradis communiste.

Mais ne nous en faisons pas pour lui , il va garder sa nature optimiste , la nouvelle situation lui sera toujours aussi favorable .

Candide par excellence pour toujours .

Le communisme n’a pas vécu , rattrapé par la société de consommation pour tous , beaucoup de désillusions , de pertes de sens , de nostalgiques de cette société où tout le monde avait un travail , certes souvent peu valorisant mais travail tout de même , où l’immobilier était abordable , en contrepartie il y a eu le spectre de la Stasi comme dans le très beau film , La vie des autres .

C’est tout ça que nous rappelle ce roman de façon déjantée .

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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

« - Moi aussi, j'étais un béni-oui-oui.

- Pas la peine de me le dire. Tu continues à radoter avec ton communisme, comme s'il n'y avait eu ici que deux-trois trucs qui n'allaient pas. Tu as ta part de responsabilité dans tout ce merdier.

- Il y a des fois où je ne sais plus ce qui est juste ».



Longtemps Peter Holtz, orphelin placé tout jeune dans un foyer d'accueil en RDA, a en effet cru à la supériorité politique de son pays. Adolescent il est déjà approché par la police politique pour espionner son entourage, mais ce rôle tournera court à cause de son zèle à l'assumer : il en est si fier qu'il le clame haut et fort !



Nous allons le suivre, dans ses hauts et ses bas, de sa naissance en 1962 au tournant des années 2000. Au fur et à mesure que son pays change, que le rapprochement puis la fusion avec la RFA se fait, Peter change d'optique, mais toujours avec beaucoup de malentendus et surtout un caractère profondément opposé à tout ce qui fait le consensus général. Il se « convertira » au capitalisme, mais à sa manière, ce qui n'ira pas sans lui causer bien des tribulations.



C'est un roman foisonnant, au ton le plus souvent faussement candide ou ironique, que nous propose Ingo Schulze. Dans quelques lignes de remerciements placées à la fin de son roman, l'auteur le définit avec le mot picaresque. Et c'est vrai que les aventures de son héros tiennent de celles d'un aventurier : les situations et les personnages changent souvent, se transforment puis reviennent, ce qui parfois peut sembler confus. Mon impression générale reste toutefois celle d'avoir lu un roman très généreux, dans ses excès comme dans sa forme.



Je remercie les éditions Fayard et NetGalley pour m'avoir donné accès à l'édition numérique de ce livre.

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Portable : Treize histoire à la manière ancienne

Soyons clair: j'adore les nouvelles, j'aime beaucoup l'Allemagne et sa culture, de l'Est comme de l'Ouest et même réunifiée pendant qu'on y est... Mais enfin qu'il y a-t-il dans ces histoires de si formidable pour emballer à ce point la critique? Un nombrilisme dégoulinant, un style (je parle de la version originale) lourd, lourd et encore lourd... le tout arrive à rendre quasi illisible des anecdotes qui auraient sûrement mérité mieux. A commencer par celle qu'illustre la couverture de la traduction francaise. Les autres bouquins de cet écrivain formidable attendront.
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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

Il était une fois la réunification allemande …

En langage Pegida (Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident), les politiciens sont «des traîtres» et les partis «des flûtes à bec» (l'expression consacrée du temps du communisme pour dénigrer les partis officiels d'opposition tels que la CDU de l'Est), et la presse «mensongère».

Chez nous, un homme qualifié de «bonne pâte » est réputé être « du bois dont on fait les flûtes » … c'est-à-dire souple, facile à convaincre, discipliné, adaptable … Peter Holtz est de ceux- là.

Orphelin né en 1962 (comme l'auteur), il a été façonné dans l'idéologie communiste comme jadis le furent par les nazis les jeunesses hitlériennes. Mais lui, c'est un pur, un croyant : naïf, altruiste à l'extrême, souvent incompris, il rêve de la transformation de la société corrompue par l'argent, qui se prétend socialiste mais se protège par une police politique omniprésente, dernier avatar d'un système politique issu, selon lui, d'un christianisme mal assumé.

De son éducation socialiste, Peter prend tout à la lettre. Comme un certain nombre d'Ossies, pour lui, la chute du mur en 1989 va conduire la RFA à adopter les structures de la RDA, ce qui va transformer fondamentalement la république fédérale. Lorsque le mur s'écroule, Joachim Lefèvre (faux-nez de Lothar de Maizière) dit « Nous devons proposer des mesures, si les gens victimes de persécutions (à l'Ouest), des pauvres et des sans-abris veulent venir chez nous » …

Mais voilà, Peter va visiter Berlin Ouest … il fait des rencontres, se convertit au christianisme, s'adapte avec toute son énergie à son nouvel environnement, découvre l'art … Maçon, travailleur, généreux, sincère, il accepte de recevoir des immeubles de Berlin-Est en quasi ruine, les retape …et devient millionnaire !

Ce livre a rencontré un grand succès en Allemagne. On y retrouve l'ambiance des films « Good Bye Lenin » ou « La vie des autres » … Mais je ne cache pas que les longues explications sur la fonction de l'économie sociale de marché et la valeur de l'argent sont parfois « langweilig »*.

C'est une parabole qui tourne à la farce, avec une multitude de personnages complexes, qui décrit comment l'Allemagne de l'est s'est convertie au capitalisme … Mais sous cet aspect parfois clownesque, court une réflexion philosophique désabusée … une certaine nostalgie d'un monde où, du moment qu'on restait « dans les clous » de la direction politique, on pouvait vivre confortablement … sans avoir aucune idée de ce qui se passait dans le « monde libre ».

* ennuyeux
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Portable : Treize histoire à la manière ancienne

Après un volumineux roman sur la réunification allemande, Ingo Schulze revient, avec Portable, à l’écriture de nouvelles qui avait fait son succès dès ses premiers livres (Histoires dans gravité, 33 moments de bonheur).



Ingo Schulze avait vingt-huit ans lors de la chute du mur de Berlin. Comme beaucoup d’Allemands de l’est de sa génération, il ne pensait pas qu’un jour la RDA disparaîtrait et qu’il vivrait le restant de son existence dans une Allemagne réunifiée, ou plutôt dans un pays qui ressemble à l’ancienne Allemagne de l’ouest étendue aux nouveau Länder. Comme beaucoup de ses compatriotes, il a donc eu le sentiment de vivre dans un nouveau pays, dont il parlait certes la langue, mais dont il ignorait tous les codes. Son roman Vies nouvelles, paru en 2005, raconte ce passage à travers le parcours d’un homme dont le vœu le plus cher est de devenir écrivain . Mais que sont devenus, vingt ans après, certains citoyens des Länder de l’est dans la nouvelle Allemagne ? C’est ce que racontent plusieurs des nouvelles de Portable, dont le personnage principal est à plusieurs reprises l’auteur lui-même, ou quelqu’un qui lui ressemble beaucoup.



La Réunification ne fut pas simplement l’occasion inattendue, pour de jeunes Ossies, d’aller vivre à l’Ouest, elle fut aussi une ouverture soudaine à l’Europe et au monde entier. Pour des hommes et des femmes qui n’avaient jamais voyagé – sinon dans quelques pays-satellites de l’Union soviétique –, l’expérience était inédite et bouleversante. C’est une de ses expériences que nous raconte la nouvelle intitulée « Incident au Caire », à travers les mésaventures d’un écrivain invité en Egypte à un « colloque absurde » par l’institut Goethe local. Les repères habituels disparaissent, les liens avec sa compagne qui est du voyage également, et surviennent une série d’événements – dont la maladie – à travers lesquels l’univers intérieur du narrateur semble se déliter, jusqu’à un point de rupture provoqué par l’expérience de la misère, celle de ces milliers d’enfants quémandant, dont un qui restera accroché au taxi de l’écrivain.



Cette soudaine irruption d’un monde étranger et dangereux se produit à plusieurs endroits du livre, comme si se jouait à travers cette expérience ce qu’il y avait à la fois de plus attirant et de plus inquiétant pour l’homme moderne habitué à un niveau de vie correspondant à celui de la classe moyenne voire aisé de l’Occident. L’étranger peut aussi venir de Finlande ou de Russie, comme les chasseurs dans la nouvelle « En Estonie, à la campagne », comme Arne, l’Estonien qui parle un allemand « imprégné du dialecte de Prusse orientale ». Il existe un rapport mystérieux et profond entre le narrateur et lui, et le sentiment d’étrangeté devient vite fascination pour cette part obscure et sauvage – symbolisée par l’ours – qui est au cœur du récit.



Il n’empêche que cette présence sourde ou flagrante de l’Autre – extérieur à notre culture tout en y appartenant obscurément, ou y faisant irruption violemment – représente toujours un danger, comme dans la première nouvelle « Portable », où le narrateur – qui ressemble encore une fois à l’auteur parce que comme lui il est écrivain – est confronté à la menace de jeunes qui ont saccagé sa clôture alors qu’il est en villégiature dans un bungalow au sud-est de Berlin. Il sympathise avec un voisin lui aussi concerné par cette menace, et à qui il donne son numéro de portable. Alors que le narrateur est revenu à Berlin, un appel de ce même voisin en pleine nuit le relie directement à cette violence pourtant lointaine. « Tous ces gens qui pourraient nous appeler, lui dit sa compagne, des voisins comme lui ! (…) Imagine un peu à qui tu auras à faire ! Personne n’est plus obligé d’être seul ».



Ce qui est frappant dans ce livre d’Ingo Schulze comme dans ses précédents, c’est sa façon très particulière de raconter une histoire. Dans une conférence de poétique à Leipzig tenue en 2007 , il s’explique sur son parcours. Comme le narrateur de Nouvelles vies, son désir le plus profond était, depuis longtemps, de devenir écrivain, et surtout de devenir célèbre. A ses yeux, il y avait un héroïsme de la littérature, celle-ci étant associée, en RDA, à une forme de dissidence. Schulze échoua plusieurs fois dans ses projets littéraires, devint entrepreneur en fondant un journal et finit par mettre de côté son ambition littéraire. Ce n’est que lors d’un séjour dans la nouvelle Russie qu’il trouva sa voie : « Je crois pouvoir dire que Saint Petersburg fit de moi un écrivain », déclare Schulze qui, pendant plusieurs mois, composa une série d’histoires qui furent les germes de son premier livre publié en 1995. Là, il accomplit son « tournant copernicien » : il n’était plus lui, en tant qu’individu, au centre du récit, mais il tâchait de s’approcher d’une réalité présente selon différents points de vue, composant à partir d’eux une histoire.



Grâce à la lecture d’autres auteurs (Brodsky, Carver, Faulkner, Döblin) qui lui servirent de modèles, il renonça également à la notion de style, et chercha à s’approprier des voix diverses, ce qui rend Portable si particulier en raison de ce qu’on pourrait appeler sa tonalité (parfaitement rendue par les traducteurs, comme on s’en rend compte lorsqu’on lit le texte allemand en parallèle). On y entend une voix, celle d’un conteur plus que d’un romancier, l’art du conteur ayant ceci de particulier qu’il est plus proche de l’oralité, d’où le sous-titre de Portable, « treize histoires à la manière ancienne ». L’oralité retrouvée de l’écriture littéraire permettrait alors à l’écrivain d’avoir une réelle fonction sociale : « Je veux lire une littérature pour laquelle rien ne va de soi et qui pose les questions fondamentales, une littérature qui s’intéresse aux conventions et aux évidences nouvelles et anciennes de cette société, les questionne et les met en question ». A lire Schulze, on se dit que l’Allemagne, en se réunifiant, y a peut-être surtout gagné en vigueur intellectuelle et littéraire.

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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

... ou Candide en République Démocratique d'Allemagne. Peter, 12 ans au début du roman est un héros naïf et sincère qui va confronter son idéalisme communiste à la réalité du monde.

De rencontre en rencontre, Ingo Schulze nous offre un récit généreux et souvent drôle, parfois doux-amer.

Une bien belle découverte.



#PeterHoltz #IngoSchulze #Fayard #NetGalleyFrance #Netgalley #lecture #livres #chroniques #RDA #Allemagne



Le quatrième de couverture :



Peter Holtz, le héros de notre roman, est né en RDA. Orphelin, il est élevé dans un foyer. Naïf et clairvoyant, il se bat pour un monde meilleur – et s’étonne souvent, car il est régulièrement mal compris. Sa vie heureuse commence en 1974, l’année de ses douze ans, quand il décide qu’il faut abolir l’argent pour atteindre les promesses du socialisme. Au fil des années, il fondera un groupe de rock, se fera baptiser en essayant de concilier communisme et christianisme et il sera même approché par la Stasi en vue d’un recrutement, mais en vain. Après la chute du Mur de Berlin, c’est presque naturellement qu’il devient millionnaire en travaillant dans l’immobilier ... Comment tout cela a-t-il pu se passer ? À quel moment ses idéaux ont-ils déraillé ? Et surtout comment va-t-il réussir à se débarrasser de tant d’argent avec bienséance et dignité ?
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Adam et Evelyne

Ingo Schule est un auteur né à Dresde, un an après la construction du mur de Berlin. Son roman, "vies nouvelles", sur les années 1989-1990, a été salué par les critiques littéraires allemands.

"Adam et Evelyne" une période trouble qui se situe quelques mois avant et après la chute du mur. A ce moment là les gens de l'Est ont commencé a rejoindre la frontière Hongroise pour "sortir".

Nous suivons les deux principaux personnages dans leurs aventures et mésaventures.

A mon humble avis, l'écriture donne une ambiance un peu "irréelle" que j'ai eu du mal a intégrer.

La période est historique et traduit l'ambiance de l'époque.

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De braves et honnêtes meurtriers

Il était une fois la RDA et Norbert Paulini, né parmi les livres rares et anciens, élevé parmi ces mêmes livres rares et anciens et pour lesquels il reprit le flambeau de sa mère trop tôt morte : bouquiniste à Dresde ! Sa renommée s’étendit et sa boutique considérée comme un espace de liberté subversive !



Intransigeant sur la question de la littérature et des livres anciens, les temps modernes ne figuraient pas dans son échelle d’intérêt et la chute du Mur de Berlin ne fit que le repousser dans ses extrêmes !



La réunification vida sa boutique, exacerba son rejet de toutes les nouveautés mais aussi de remise en question et le poussa à la radicalisation.



Une première partie en biographie de Paulini, la seconde fait apparaître l’auteur de cette biographie et une éditrice de l’ouest et c’est à partir de là que j'ai un peu perdue car je n’ai pas saisi où celui-ci voulait nous emmener ! Même si l’écriture m’a beaucoup plu, je suis passée à côté d’une bonne partie du livre et même en lisant les chroniques de celles et ceux qui ont beaucoup aimé, je n’ai toujours pas saisi le vœu d’Ingo Schulze.



Il y a des moments et des thèmes propices et d’autres pas !



#Debravesethonnêtesmeurtriers #NetGalleyFrance



Challenge ABC des titres 2023/2024
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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

"L'utopie n'est valable que si elle peut déjà être vécue au présent." ...

Peter Holtz,personnage principal de ce roman est né en RDA, à la grande époque de ce pays et de ses illusions, prêchées par le pouvoir politique. Peter a longtemps entendu et pris à la lettre ces dirigeants qui lui laissaient entendre, ainsi qu'à ses concitoyens en la supériorité de leur projet de société.

Il est né en 1962, et n'a connu que ce régime, ce régime qu'il voit progressivement évoluer changer avec l'ouverture des frontières. Il a toujours cru tout ce qu'on lui racontait...un peu comme d'autres allemands des générations précédentes qui ont aveuglément suivi le moustachu.

Alors il rêve d'une Allemagne non corrompue par le fric qui a été si souvent montré du doigt pas les dirigeants de l'Est et leurs discours. Il a même tendance à faire en permanence son autocritique, chaque fois que par nature, il ne respecte pas les paroles officielles, allant même jusqu'à évoquer la chance des allemands de l'Ouest de vivre sous le régime de l'Est, une fois tombé le Mur, ce "rempart antifasciste"

Mais progressivement ce vernis s'écaille par petites touches.

Et Peter, comme bien des autres après avoir entendu ces discours officiels tentera sa chance à l'Ouest et vite tombera sous le charme de l'argent qu'on peut gagner avec la liberté.

Le roman, parfois un peu ennuyeux, comme cette vie morne et grise de l'Est, dépeint avec justesse, cette rapide évolution, Justesse et dérision..pour décrire à la fois ces 13 ans d'attente pour avoir l'une de ces Trabans, mais aussi le cynisme de l'argent, le cynisme de cette mentalité des entreprises de l'Ouest, venues là pour s'enrichir, en avançant le maintien de l'emploi...cynisme qui deviendra vite la religion de Peter, et surtout tout l'humour d'Ingo Shulze, pour démontrer l'absurdité des situations, et le passage rapide de certains, du socialisme pur et dur au capitalisme
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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De braves et honnêtes meurtriers

Norbert Paulini est antiquaire a Dresde est réputé pour son flair en matière de livres anciens et rares. Seulement quand le mur de Berlin tombe en 1989, les clients se font de plus en plus rare et Paulini subit de plein fouet le désintérêt des clients pour la littérature. Son apprenti nous raconte l'histoire d'un homme passionné par la littérature.

C'est un livre qui m'a plu.

J'ai aimé la plume qui est fluide et immersive.

J'ai aimé l'histoire de cet homme complètement dévoré par sa passion pour la littérature et l'amour des livres. Les livres sont sacrés pour lui. Il se fait un devoir de lire tout ce qu'il vend, il est incollable sur les auteurs classiques. Antiquaire, il se fait un point d'honneur d'avoir les premières éditions. Cependant sa passion l'enferme hors de la réalité et le monde continue de tourner. Il a du mal à être connecté avec le monde qui l'entoure.

On sent l'admiration qu'à l'auteur, qui a été son apprenti, pour Paulini. Le libraire a marqué sa vie sans conteste.

Petit bémol parce que je trouve que le titre n'est pas facile à expliquer, on pourrait s'attendre à une enquête ou à un polar, ce qui n'est pas le cas. Par ailleurs, je trouve également que l'on ne ressent pas suffisamment le contexte historique.

Il n'en reste pas moins que ce livre m'a fait passé un bon moment de lecture.
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De braves et honnêtes meurtriers

Un titre intrigant…

Le titre du dernier roman d’Ingo Schulze m’a laissée perplexe. L’illustration de couverture, deux énormes blocs de béton avec des rayonnages de bibliothèques évoquant une gigantesque prison, fait froid dans le dos. Les livres, au lieu d’ouvrir sur le monde, enferment et séparent les univers. Quel paradoxe ! Puisque l’histoire se déroule en ex-RDA, avant et après la chute du Mur, je n’ai pu penser qu’à la Stasi et à une bande de criminels « bien sous tous rapports » en son sein. Fausse piste… on n’est pas chez David Young (Stasi Block, Ed. 10/18) !

Le roman est intéressant, quoique curieusement construit en trois sections inégales. Un narrateur et une narratrice se succèdent dans la conduite du récit. La première partie s’achève au milieu d’une phrase. J’ai cru à un défaut d’impression. Je ne dois pas être la seule à avoir pensé à retourner l’opus à son distributeur. Cette interruption brutale est volontaire — et sommaire comme procédé. Agacée, j’ai failli laisser tomber ma lecture.

Finalement, l’auteur moqueur a réussi à me captiver. Il faut lire le livre comme un roman psychologique, non comme un roman historique. On n’apprend quasiment rien sur la RDA, décrite par petites touches ironiques et « ostalgiques ». L’histoire se déroule dans une librairie d'ouvrages rares et anciens, coupée du monde et de ses réalités. Des passionnés de lecture trouvent chez le libraire Paulini un havre de culture hors du temps. Pas de politique, pas de contestation, pas de dissidence, hormis la mention d’un nom ou deux, faisant figure d'alibis (Ernst Bloch, Rudolf Bahro). Le narrateur avoue en passant avoir connu une jeunesse heureuse en RDA, ce qui explique ses ambiguïtés dans l’évocation d’un régime qualifié par d’autres de dictature. L’inévitable surveillance politique de la Stasi, imperceptible dans la première partie n’est révélée qu’après coup, dans une banalisation qui est un parti pris.

Bien plus redoutables semblent être les dérives ultérieures de l'extrême droite gagnant une partie de la population. Mais ce n’est pas non plus de cette fange qu’émergent les « braves et honnêtes meurtriers ». Qui sont-ils ? D’ailleurs, pourquoi ce pluriel qui parait désigner une organisation ou un groupe d’assassins ? De quelle mafia s’agit-il ? Rien n’est élucidé. Le titre serait-il une promesse non tenue ? L’ellipse dans laquelle se complaît le narrateur laisse le lecteur, parvenu sans ennui au bout d’un récit alambiqué, songeur et indécis… À lui de décider. C’était peut-être le but ?

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De braves et honnêtes meurtriers

Le dernier roman du grand écrivain né en 1962 dans l’ancienne République Démocratique Allemande en surprendra plus d’un. Par sa composition en trois parties de très inégales longueurs ; par trois changements concomitants de narrateurs ; et last but not least par une ouverture nous replongeant en plein XIXème classique, du côté de Theodor Fontane ou de Heinrich von Kleist, alors qu’il va ici s’agir des plus radicales turbulences d’un passé récent

Qu’on en juge par l’incipit : « A Dresde, dans le quartier de Blasewitz, vivait jadis un libraire de livres anciens et rares qui, en raison de ses ouvrages, de ses connaissances et de son peu d’inclination à se laisser impressionner par les attentes de son époque, jouissait d’une incomparable réputation. » Ce « jadis », c’est le temps de la RDA, manifestement à des années-lumière de l’époque actuelle. Et ce libraire, Norbert Paulini, c’est un intellectuel humaniste à l’ancienne. Déjà une manière d’incongruité dans le contexte du « socialisme réellement existant », qui appelait à l’engagement de la culture et de la création. On se rappelle à cet égard les débats et controverses qui enflammèrent là-bas les années 1960 et 1970. Ingo Schulze est né dans ce terreau, son roman en porte continûment la marque. Il faut pour cela remonter à 1951, lorsque Dorothea Paulini, la mère de Norbert, avait reçu l’autorisation d’ouvrir une librairie comportant une section de livres rares et anciens. La RDA avait deux ans, le socialisme naissant se voulait le continuateur de la grande tradition humaniste allemande. A la chute du nazisme, « Nathan le Sage », la pièce de Lessing portée par les idées de tolérance de l’« Aufklärung », fut la première œuvre mise au répertoire à Berlin-Est. Dorothea mourut en 1953, à la naissance de son fils. En 1977 celui-ci avait ouvert sa propre librairie avec l’héritage de son grand-père et était très vite devenu la référence à Dresde pour les bibliophiles. Il avait toujours eu comme unique horizon celui des livres partout empilés autour de lui. Bientôt sa réputation avait gagné l’ensemble de l’Allemagne. Dans sa librairie se trouvaient réunis, sans autre considération que leur valeur bibliophilique, tous les ouvrages possibles, y compris ceux que l’Est censurait. Un authentique espace de liberté, pour ne pas dire de subversion, cultivé par ce personnage apolitique et atypique, comme posté hors du temps (« La plupart des lecteurs confondent dans un délire enfantin les livres et les œufs et croient qu’il faut toujours les consommer quand ils sont frais »), dont un premier narrateur restitue l’histoire, et dans un même mouvement celle de la RDA, dans la grande tradition de la prose classique allemande que restitue une traduction particulièrement juste et précise.

Si Norbert Paulini, seulement occupé de ses livres, vivait dans une sorte d’univers intemporel, le temps historique allait brutalement le rattraper. Très précisément en novembre 1989. Paradoxalement pour lui le début des difficultés. L’humanisme d’une activité désintéressée et le marché ne font pas nécessairement bon ménage. Les grands classiques ne sont plus au goût du jour, le libraire n’a plus la cote : « Il fallait faire de la place dans les rayonnages pour les livres de cuisine, les livres de conseils en tous genres et les guides touristiques ». En pleine déconfiture, lâché par sa banque, il perd en même temps sa maison (les anciens propriétaires partis à l’Ouest la récupèrent) et son épouse (une collaboratrice que la Stasi avait placée auprès de lui). Son ancien prestige s’en est allé. Soudain on l’entend tenir des propos inattendus de sa part, en une manière de rancœur qui emprunte au discours d’une extrême droite en pleine expansion. Son esprit conservateur, qui au temps de la RDA passait pour de l’insoumission, a trouvé là une nouvelle possibilité d’expression. C’est ce que révèle la deuxième partie du roman, dont le narrateur est un écrivain du nom de…Schultze, qui avait connu Paulini au temps de sa splendeur et rétrospectivement pointe ses potentielles dérives : ce à quoi le prédestinait ce qu’il admirait en lui. N’était le « t » intercalé, ce Schultze apparaît tel le double romanesque d’Ingo Schulze. On découvrira bientôt qu’il est l’auteur des 191 premières pages du livre. Et si la facture classique du début n’était qu’un trompe l’œil ? La brève troisième partie, 29 pages seulement, donne la parole à une lectrice d’une maison d’édition de l’ouest qui doit publier le texte de Schultze. Nouveau jeu de miroir, nouvelle réévaluation des points de vue, dans une sorte de permanente révision critique. Un exercice de haute dialectique qui donne au roman, à sa richesse documentaire, à la multiplicité de ses références comme à sa puissance évocatrice, une formidable dimension littéraire.

Dans les dernières pages l’on voit Paulini, dans les environs de Dresde, debout sur une falaise de la Suisse saxonne, tel le personnage du célèbre tableau de Caspar David Friedrich. Encore le XIXème siècle, mais cette fois pour sa part obscure et tourmentée. A n’en pas douter, l’on n’est pas loin ici du chef d’œuvre.

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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

"Peter Holtz – Autobiographie d’une vie heureuse est un énorme pavé dans la mare. Cinq cent pages qui en disent plus long sur un pan capital de l’histoire du XXe siècle, l’Allemagne d’aujourd’hui et le capitalisme qui nous ronge, que bien des essais sortis ces trente dernières années.

À travers deux exemples criants du fonctionnement du libéralisme dans ce qu’il a de plus obscène, la spéculation immobilière, et grotesque, la spéculation sur l’art, il démonte, par le regard d’un Peter Holtz, fidèle quoi qu’il advienne à ses idéaux de départ, un système dont le cynisme ne nous laisse aucune issue. Son candide est un révélateur. Sa manière d’être au monde sans fard et sans apprêt met immanquablement en lumière ce qui n’est pas lui. Dans cette apagogie, apparaissent comme dans un miroir les rouages de la dictature de la RDA, dans un premier temps, en permanente contradiction avec sa constitution même, et ceux d’un système basé sur l’économie de marché, ensuite, dont la violence intrinsèque est mise en lumière de manière magistrale à la fin du livre.Sous les dehors aimables d'une parodie mêlant allègrement inversion, détournement, satire et humour noir, qui n'épargne ni la RDA, ni la réunification, Ingo Schulze livre une charge magistrale contre le libéralisme sans merci qui dévore notre temps.

Un roman intelligent, drôle, et instructif."

Kits Hilaire (Extrait)
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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

Dans « Peter Holtz », dernier roman inspiré de la disparition de la RDA, Ingo Schulze conte la métamorphose d’un jeune marxiste confronté au passage du « socialisme réel » au consumérisme capitaliste.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

Au commencement…

Le roman commence en RDA, où nous rencontrons le héros, Peter Holtz. Peter est un jeune activiste communiste, rempli d’idéalisme. A la suite de divers aventures, Peter se retrouve à fréquenter des imminences politiques durant la période de la chute du mur de Berlin. Par la suite, ses idéaux communistes sont confrontés à la logique du capitalisme, qui fera de lui un homme riche. Peter doit alors trouver un moyen digne et authentique de gérer toute cette richesse.



Ce que j’en retiens...

Un roman globalement picaresque mais qui, malgré les promesses affichées par l’éditeur, n’est pas véritablement amusant ni drôle. Les dialogues sont par moment assez difficiles à suivre, à moins, peut-être, de se plonger au préalable dans le contexte historique et politique de la réunification allemande. En marge de l’histoire, quelques réflexions intéressantes sur les idéologies du XXème siècle, sur le marché de l’art et sur l’économie de marché : en soi, des thèmes douteux pour amuser la galerie…



Une citation soulignée...

« Nous vivons déjà dans un monde nouveau. Il est nouveau parce que nous le tenons pour transformable et c’est pourquoi nous avons commencé à nous transformer nous-mêmes, à nous transformer mutuellement. C’est en nous, avec nous et parmi nous que ce monde nouveau est né. Ce qui nous paraissait hier encore étranger et inaccessible est aujourd’hui à portée de main et nécessaire, et sera demain évident et quotidien. ».

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33 moments de bonheur

33 récits qui forment une belle mosaïque sur la non moins sublime ville de Saint Petersbourg....
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De braves et honnêtes meurtriers

Contrairement à ce que peut faire penser le titre, ce n’est pas du tout un thriller. Le sens de ce titre ne peut se comprendre avant la fin du livre.

Que dire de ce livre ? Sa lecture se fait à plusieurs niveaux. D’abord on découvre la vie en Allemagne de l’Est depuis la fin de la 2e Guerre mondiale jusqu’à nos jours, avec ce fabuleux et irrémédiable événement qu’est la chute du Mur. Ensuite c’est un hommage aux livres, à la lecture et à l’écriture, aux lecteurs mais aussi aux libraires.

Mais ce livre c’est surtout une chausse-trappe, non, un guet-apens, non, un traquenard, oui c’est ça un traquenard littéraire ! A la fin de la première partie, sur les derniers mots, je me suis écriée, intérieurement, non, non, c’est pas vrai, y a un problème là ! cela ne se peut pas, il n’a pas osé ! ? J’ai repris ma lecture, incrédule, sur mes gardes, guettant le moindre faux pas, le moindre indice. De ce fait je me suis même demandé si l’erreur typographique (inversion de deux mots dans une phrase, « ce soit ne », un truc comme ça) n’était pas là exprès. Deuxième partie, plus courte, on passe à uen deuxième niveau de narration, mais pas forcément de point de vue, et de Norbert Paulini on passe de plus en plus souvent à Paulini. De ce narrateur, un auteur qui a connu le libraire Norbert Paulini à l’adolescence, on ressent l’agressivité, la jalousie, un certain sentiment d’infériorité. Et puis, la troisième partie, encore plus courte, rapide et efficace pour jeter le doute, et là c’est l’agente littéraire de l’auteur qui raconte. Et à la fin, je me suis dit ah ! Mais oui, donc j’ai mon explication pour la première partie, mais aussi mais en fait, que s’est-il vraiment passé ?, et ce, à plusieurs niveaux. Il est clair que l’auteur a profité de son livre pour se jouer de ses lecteurs, tout en racontant des choses très profondes sur la construction de l’Allemagne contemporaine et surtout la déconstruction des Allemands de l’Est, tout en distillant un discours de tolérance en montrant l’opposé, le tragique, le honteux, en sacrifiant un de ses personnages, en faisant réfléchir car ce personnage, lettré, est au-dessus de tout soupçon.

Le style peut apparaître très carré, le stéréotype allemand en puissance, très torturé, mais, tout en nuances, en essayant de les contenir, on sent la passion, l’engouement, l’engagement, et de l’humour. Et le désespoir, la honte larvée des Allemands de l’Est, sentiment propre à ce peuple dont personne d’autre ne peut comprendre la complexité et les rouages.

Ce n’est pas une lecture légère ni facile, mais au contraire, elle est agréable et riche, riche en réflexion, humaniste. J’ai adoré. J’ai l’impression d’avoir accompli un long voyage intérieur sur ces trois cent pages.

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Peter Holtz : Autoportrait d'une vie heureuse

Au-delà du personnage à la fois tête à claque et attendrissant, le roman développe des réflexions poussées sur le fonctionnement de la société et sur différentes idéologies, et décrit des histoires de vie en RDA (avec quelques escapades en RFA et en France), offrant ainsi une véritable immersion dans l’Allemagne et l’Europe des années 1960 à 1990.


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