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Citations de Isabelle Autissier (385)


Il pensa à sa mère, cette femme uniquement attachée à la vie matérielle, dont il aurait pu se remémorer chaque baiser, tant ils avaient été rares. Elle avait dû mourir, sinon la vieille Irina l’aurait évoquée. Depuis quand ? Nul n’avait alors cherché à le joindre. Elle était passée inaperçue dans sa mort comme dans sa vie.
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On ne ment pas à la mer, jamais. Je peux vivre librement. J'ai tant souffert de toujours cacher, de paraître gai, entreprenant, battant, alors que j'avais tant de peine à simplement me sortir du lit.
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Ils ne sont pas seulement abandonnés sans feu ni lieu, ils sont condamnés l'un avec l'autre, ou l'un contre l'autre.
Quel couple résisterait à ce genre d'enfermement ?
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- Dieu a donné la terre aux hommes pour qu'ils la soumettent et la fassent fructifier. Cette nature est pleine de promesses. Toutes ces forêts qui ne demandent qu'à se transformer en bonnes et belles planches!
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Cet hiver nous avons eu la coqueluche, comme il y a deux ans. Encore au moins quatre-vingts morts. Plus un Indien ne va à la chasse, on dirait qu’ils ne savent plus. Ils se contentent de mendier des petits travaux et l’alcool les affaiblit. Emily, un drame se joue sous nos yeux. J’ai évalué qu’en quinze ans la population yamana a perdu un tiers de ses effectifs. Ce peuple disparait avec ses coutumes, sa langue. Chez les Onas c’est encore pire. Tout le nord de la Terre de Feu est donné aux éleveurs. Ils font la chasse aux Indiens quand ils chapardent des moutons qu’ils appellent « les guanacos blancs ». On m’a rapporté des atrocités. Le croiras-tu, certains paient des tueurs qui doivent prouver leurs forfaits en ramenant les oreilles ? Une livre par paire ! Tu te rends compte ! Des oreilles humaines, celles d’hommes, de femmes et même d’enfants !
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Je suis nue, abandonnant l’ultime protection des vêtements. Je tremble, ce n’est ni de froid ni d’une pudeur que personne ne peut déranger, mais du sentiment que je ne suis rien, rien d’autre qu’un corps, un amas de peau, de chair, de muscles et d’os. Je suis semblable à ces animaux qui tombent sous la lance d’Aneki, seulement séparée d’eux par mon esprit. Dépouillée de tout sur cette plage perdue, je suis au stade ultime du détachement de ce qui a fait ma vie d’avant.
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Le glacier dévale de là, puissant, rabotant, arrachant tout sur son passage. Il a creusé une large vallée emplie d'un chaos de fin du monde, une cascade figée de blancs, de bleus, de verts insensés. Jamais je n'aurais pensé que la glace puisse avoir tant de couleurs.
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Ils ne sont pas seulement abandonnés sans feu ni lieu, ils sont condamnés l'un à l'autre, l'un avec l'autre, ou l'un contre l'autre. Quel couple résisterait à ce genre d'enfermement ?
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La lumière fait ressortir l'invraisemblable enchevêtrement des ruines, les bâtiments écartelés, les énormes réservoirs comme saisis par une main de géant et disloqués sur eux-mêmes. Toutes ces choses sont empilées les unes sur les autres, avec des angles incongrus. De brusques surgissements, ici d'une tôle, là d’un madrier, semblent défier le temps. Dans les creux abrités de ce capharnaüm, des mousses vert fluorescent, des lichens jaune vif ou le mauve pâle d'une touffe d'acaena rompent avec le bicolore d'un univers ocre et gris. Dans la baie, l'océan aux couleurs émeraude près de la plage vire au noir dans les grandes profondeurs et reflète, en un pur miroir, les falaises brunes et les hauteurs semées de neige. Leur île resplendit et, malgré leur désarroi, ils goûtent cette beauté éphémère. Il règne sur tout cela un silence, seulement ponctué de l'appel d'un manchot, du gazouillis d'une sterne ou de l'éructation d'un éléphant de mer, les bruits rassurants de leur basse-cour australe.
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A défaut de chaleur humaine, la maison se remplit d’objets, de vases, d’ustensiles ménagers, de vêtements. […] Les biens matériels devenaient une obsession qui s’imposait à son cœur mort aux émotions. Ses chers objets ne se mettaient pas en colère comme son mari, ne pleuraient pas comme son fils, ne râlaient pas comme son beau-père. Elle régnait sur eux et c’était son seul pouvoir.
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La télévision, surtout, l'amuse. Autant de gens pour ce résultat dérisoire !
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La voilà, la confrontation primitive avec la vie, celle qui pousse à agir au-delà de tout code et de toute règle, et même au-delà de ses propres sentiments.
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La mer s'affole sans plus savoir quel maître suivre : le vent ou le courant.
Les vagues éclatent en tout sens, fusent comme des geysers, rebondissent sur le rocher solitaire...
L'océan baratté va du gris au vert translucide et charrie des paquets de mousse jaunâtre.

Quand le soleil perce entre les nuages, il se crée des dizaines d'arc en ciel, au gré des embruns.
Il règne une impression de férocité primordiale, de puissance brute harcelée par quelque bande de démons.

Plus terribles encore sont le bruit , le grondement furieux , le sifflement , le feulement de ces eaux qui bavent de colère.
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Vous êtes complètement folle, ma fille. Epouser un sauvage ! Croyez-vous que je me rendrais complice d’un égarement pareil ? Réveillez-vous ! Dieu nous a amenés ici pour porter les lumières de la foi, par pour la fornication – le mot a claqué dans sa bouche. Jamais vous ne formerez un couple chrétien avec cet individu. Aneki est peut-être très malin et doué pour certaines choses, mais il n’a aucune valeur morale. Il reste dans l’obscurantisme de sa race, toujours prêt à courir nu à je ne sais quelle cérémonie mécréante. Dieu du ciel ! Vous imaginez-vous affublez d’enfants moricauds. Avez-vous envie de passer vos jours dans une hutte malodorante, à ronger des moules ?
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Les mois sont longs. Le temps est lent. L’hiver semble avoir pris possession pour toujours de la Patagonie, tenir ce bout de terre dans ses serres, s’insinuant sous chaque motte et au cœur de chaque caillou. Si la tempête ne tord pas les arbres en hurlant, une chape grise et une pluie méthodique nous tiennent des jours entiers à la maison, quand ce ne sont pas des tourbillons de neige qui s’étalent maintenant jusqu’au rivage, ne cédant qu’à la ligne nette de la marée haute. Certes, il y a de belle journées ou des nuits limpides à compter toutes les étoiles du ciel, mais c’est parce qu’un froid de gueux s’est abattu, clouant chaque chose dans une gangue de glace.
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Rebondir ! L’un des maîtres mots de notre époque déboussolée. Rebondir après un divorce, malgré le chômage, la maladie. Les journaux étaient pleins de ces exemples de gens ayant une foi quasi mystique dans leur avenir, phénix modernes se réinventant un travail, un toit, une place sociale.
P. 64
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Twitter, Facebook, tous les frustrés de la terre auront un avis, et c’est tellement bon d’enfoncer quelqu’un qu’on a adoré.
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Visite à Irina., la voisine de Rubin (page 155)


"Un soir, il eut l'idée de l'interroger sur Klara. Il arriva chez elle muni du dossier du MVB. Dès qu'elle aperçut la chemise beige, l'écriture soignée et surtout les initiales des tampons qui la constellaient, la vieille se mit à trembler.

- Mon Dieu, mon petit, qui t'a donné cela ? Il faut faire attention…

Elle lâcha sa tasse et se frotta avec nervosité les mains l'une sur l'autre. Tête baissée, elle évitait le dossier du regard, comme si quelque maléfice pouvait en sortir. Soixante-dix ans plus tard, la peur était toujours là. Le MVB était mort, le KGB aussi, mais leurs ombres menaçaient encore.
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Ils n'étaient plus. Ils ne parleraient plus de leurs vies, de leurs espoirs, de leurs désillusions. Il se rendait compte qu'il en savait très peu sur l'enfance de ses parents, sans parler de celle de ses grands-parents. Elle l'avait imprégné à son insu, mais il n'en démêlerait plus jamais les fils.
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Que peuvent dire un corps et un visage de l'âme qui les habite ?
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