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Citations de Ismaïl Kadaré (281)


"Les Vranaj se sont éteints", redit une voix. Il leva la tête pour voir qui avait proféré ces mots, mais inconsciemment, au lieu de chercher quelqu'un dans la petite foule, il porta son regard vers les avant-toits de la maison, comme si la voix était venue de là. Pendant quelques instants, il n'eut pas la force de l'en détacher. Noircies et tordues par les intempéries, les poutres des larges auvents, saillant hors des murs, évoquaient mieux que tout autre signe le lugubre destin de la lignée qui avait vécu sous ce toit.
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J’ai vu des empereurs massacrés, traines dans des hippodromes, les yeux crevés, la langue coupée, uniquement parce qu’ils avaient osé penser pouvoir amender telle ou telle thèse de l’Église. Peut-être vous souvenez-vous qu’il y a deux ans, après l’ardent débat sur le sexe des anges, la capitale faillit être le théâtre d’une guerre civile qui aurait certainement tourné au carnage.
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Contrairement aux usines et coopératives, le Moscou de mon roman avait justement besoin, lui, de méconnaissance.
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Si je m'exprimais à ta manière , je dirais que cette guerre ,transformée en chant, glissera à travers les siècles comme un brouillard poussé par le vent.
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belcantoeu 29 juin 2021
Pol Pot, le maitre du Cambodge,... avait esquissé dans le secret de son cerveau un nouveau massacre, d'une ampleur encore inédite, non seulement dans son propre pays, mais dans l'ensemble de l'Asie, si ce n'est dans l'humanité toute entière. Il ne s'était encore ouvert à personne de la dimension de ce projet et, ce soir, à l'occasion du concert, il essayerait de deviner si les temps étaient mûrs pour un tel carnage.
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[Radio Moscou] ... cette odieuse provocation de la bourgeoisie internationale. L'attribution du Prix Nobel à ce roman réactionnaire...
Je laissai échapper un sifflement... Un roman intitulé Le Docteur Jivago avait obtenu le Prix Nobel. C'était un mauvais roman, très mauvais, extrêmement mauvais...
Les peuples soviétiques ... indignés... calomnies...viles calomnies... ce roman contre-révolutionnaire... notre magnifique réalité soviétique... couvre de boue...
Pasternak... avait plutôt l'air d'un vice-président de kolkhoze assumant ainsi le rôle d'agent de la bourgeoisie internationale.
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Petit à petit, d'année en année, leurs coutumes tomberont comme les fleurs des pommiers. Elles se feront à nos usages, elles s'y habitueront même au point que, si jamais, un jour, Dieu ne fasse, nous devons quitter ces lieux, elles auront beaucoup de peine à rompre avec nos coutumes.
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Le chant, maintenant lointain, arrivait jusqu'à eux, et la voix disait:
"O destin, destin..."
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La ville haletait comme dans un cauchemar. Elle délirait. Son bourdonnement était lugubre : il appelait la mort.
A l’aube tout se calma. Il avait cessé de pleuvoir. Le ciel était gris, d’un gris très clair.
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L'automne était arrivé, les roses se flétrissaient, le jardin se dépeuplait, mais la maison de Grand-père me parut tout à coup plus belle et plus claire. C'étaient les derniers jours où les Tsiganes jouaient du violon dans la cour assombrie, tandis que le grand-père, après avoir lu tout l'après-midi les gros livres, fumait son grand tchibouk, étendu sur sa chaise longue. Moi, j'étais, comme à l'ordinaire, assis près de lui sur une chaise, mais je ne songeais plus à du tabac ou à des livres innombrables parce qu'il arrivait que Marguerite fût assise auprès de moi ; de temps en temps, elle jetait son beau bras autour de mon cou, et je restais tout figé tandis que mon cœur battait lentement, lentement, comme s'il allait s'arrêter. Je sentais sa poitrine appuyée sur mon dos, ses cheveux châtains qui touchaient mon cou et une odeur légère, étonnante et troublante, que n'avaient ni ma mère, ni ma grand-mère, ni mes tantes.
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C'était une ville étonnante qui semblait être née à l'improviste un nuit d'hiver, tel un être préhistorique, et avoir grimpé, au prix de mille efforts, sur la face de la montagne. Tout dans cette cité était vieux, pierreux et fort.
C'était peut-être la ville la plus pentue du monde.
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Car il faut reconnaître en toute objectivité, que les Albanais ne sont pas des criminels de droit commun. Les meurtres qu'ils commettent sont toujours conformes à des normes dictées par d'anciens usages. Leur vendetta ressemble à une pièce de théâtre composée selon toutes les règles de la tragédie, avec un prologue, une tension dramatique qui va croissant sans cesse, et un épilogue comportant inévitablement la mort. Cette vendetta pourrait être représentée comme un taureau furieux lancé sur les monts et ravageant tout sur son passage. Et ils lui ont pourtant accroché au cou une quantité d'ornements et de parures qui répondent à leur conception de la beauté, de sorte que, lorsque la bête est lâchée, et qu'elle sème partout la mort, ils puissent en même temps goûter des satisfactions esthétiques. [...] En sorte que les Albanais, tout au long des siècles, n'ont fait que jouer une sanglante pièce de théâtre.
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On dirait qu'ils veulent semer ici, en sol italien, leur propre patrie.
Mais une patrie se cultive-t-elle? Avec quelle charrue faire ce travail?
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Entreprendre une oeuvre qui passât l'imagination , dont les effets seraient d'autant plus débilitants et anémiants pour ses habitants qu'elle serait plus colossale.Bref, quelque chose d'épuisant , de destructeur pour le corps et l'esprit, absolument inutile; Ou , plus exactement , une oeuvre aussi inutile pour les sujets qu'elle serait indispensable à l'Etat.
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Tout le monde tremble devant moi. Mais nul n'imagine à quel point je tremble moi-même. (La Nuit du sphinx)
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Le secteur de l'interprétation comptait à coup sûr en son sein des maîtres prestigieux de l'analyse des songes, d'authentiques savants qui, derrière ses visions où l'œil ordinaire ne percevait que les incohérents gribouillis du cerveau, savaient déceler des significations aussi étranges que dissimulées.
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« Peut-être que ce genre de choses plaît aux jeunes mariées d’aujourd’hui. Peut-être qu’elles aiment chevaucher la nuit enlacées à une ombre, dans les ténèbres et le néant. » (p. 185)
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La semaine avait mal commencé pour Lul Mazrek. Pile le lundi, alors qu’il attendait le coup de fil l’informant s’il était ou non reçu à l’école d’Art dramatique, la liaison téléphonique avait été coupée.

La ligne fut rétablie mardi dans la soirée. Son cousin l’appela après dîner. Dès qu’il entendit sa voix, il sentit un noeud se former dans la poitrine. A la fin, lorsqu’il se rendit compte que son correspondant se perdait en mots inutiles, il lui lâcha: Je ne sais pas ce que tu remâches, mais crache le morceau: ai-je ou non remporté le concours? A l’autre bout du fil, l’autre faillit hurler: puisque tu le prends comme ça, je te le dis tout net: de la merde, voilà ce que tu as remporté
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Je m’étais dit que dès lors qu’un régime totalitaire accepte de cohabiter avec une littérature véritable, c’est le premier signe montrant qu’il accepte de s’amender (de s’humaniser). Par mon œuvre, j’avais répandu cette illusion dans le peuple albanais et parmi des milliers de lecteurs partout dans le monde. Je comprenais maintenant que même s’il y avait quelque chose d’authentique dans ce rêve, l’illusion restait bel et bien une illusion. Pour la transformer en réalité concrète, elle avait besoin d’une impulsion, d’une dimension nouvelle. Ce serait mon ABSENCE.
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L’exiguïté, en l’occurrence, est la priorité numéro un de la dictature. Elle décourage l’homme, l’appauvrit, l’accable, l’exaspère. Dans ces cages étroites et nues qui portent le nom d’appartements, il est plus facile d’avilir l’homme. C’est là, plus ou moins, la logique de la prison; aussi peut-on aller jusqu’à les baptiser pré-prisons plutôt qu’appartements.
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