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Critiques de Ivan Bounine (126)
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Elle

S'il s'agissait de créer de toutes pièces le monologue intérieur d'un salaud imbu de lui-même, qui traite les femmes en objets, ce roman serait un tour de force : sauf qu'il ne s'agit pas de ça.

"Elle" en est le titre ; "Moi" aurait été plus approprié. Car cette oeuvre est autobiographique et, s'il parle d'amour, l'auteur parle surtout de ce que ça provoque en lui. Et encore, le sujet lui semble très secondaire, car son principal propos est de se plaindre de tout et de tout le monde : son travail n'est pas assez bien pour lui, sa chambre à l'auberge ne lui convient pas, les gens sont moches. (Ça, il faut lui reconnaitre un certain talent pour décrire les gens : les portraits qu'il en fait sont saisissants.)

Quant à la femme en question, à part répéter qu'il aime son parfum et ses vêtements, il n'a pas grand-chose à en dire. Pire : on trouve dans ce récit tous les indices d'une relation malsaine. Il fait la gueule quand elle sort sans lui. Il l'isole de ses amis. Il lui fait du chantage. Lorsqu'elle joue au théâtre, il sort, fulminant, au premier acte tant il est jaloux des liens d'amitié qu'elle a avec sa troupe.

Apprenez à reconnaitre les signes d'une relation toxique : lisez "Elle"!

Traduction bien datée de Maurice Parijanine.

Challenge Nobel

Challenge solidaire

Challenge Globe-trotter (Russie)
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Elle

Ivan Bounine est définitivement l'écrivain de la sensibilité avec cette recherche qu'il poursuit sans relâche de l'émerveillement et de la beauté se cachant dans le quotidien de chacun. La traduction est sans doute un peu datée et mériterait un dépoussiérage. Pour les fins connaisseurs de Bounine, il faut savoir que ce roman ou nouvelle est en réalité un extrait de "la vie d'Arseniev". Ce magnifique texte demeure une bonne entrée en matière pour ceux qui souhaiteraient découvrir cet écrivain majeur.
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Vivre pleinement

Un magnifique recueil de nouvelles et de poésies fraîchement et excellemment traduites. Bounine est un grand écrivain encore trop méconnu en France alors même qu'il y vécut de nombreuses années, en exilé, fuyant la tyrannie rouge. Ce recueil est une excellente clé pour entrer dans l'oeuvre tout en sensibilité de ce grand prix Nobel de littérature.
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Les Allées sombres

Les allées sombres

38 nouvelles écrites fin des années 30 lors de son exil en France après l’arrivée du bolchevisme en Russie. Bounine a longtemps vécu sur la Côte d’Azur, à Grasse notamment.

Premier prix Nobel russe il écrira que ce recueil est ce qu’il a fait de mieux.

Quand Son Excellence descend de la lourde voiture pour entrer dans l’auberge il est surpris d’entendre la femme d’allure gitane qui dit »Nicholas Alexéevitch », il l’a regardé et se souvient…

Il passe par l’auberge où vivent Stiopa et son père pour se réfugier de la pluie. Le père n’est pas là il en profite promet le mariage elle a 15 ans, il repart au matin, loin…

Alors qu’il suivait des cours de peinture chez un mauvais peintre débarque chez lui une jeune femme, Muse qui lui dit avoir ouï dire qu’il était intéressant, elle va progressivement s’installer chez lui comme sa femme…

Un viol en passant voir les maîtres…

Une amourette pour l’un, une affaire sérieuse pour l’autre un suicide comme résultat …

Ils doivent se retrouver à Nice elle doit rompre avec son amant autrichien mais ce qui devait n’être qu’une formalité s’avérera mortel…

Pour cacher leur relation entre cousins elle lui demande de faire semblant de courtiser une jeune femme…

Ils avaient pris le train à Moscou pour passer quelques jours à Sotchi, elle avait donné une fausse adresse à son mari, mais..,

Il se souvient qu’en hiver dans la grande maison on accueillait des »errantes », Machenka en était une, il la surprit un soir priant Le Loup de Dieu, elle lui raconte…

Un arrêt inopiné sur une voie de chemin de fer près de Pedolsk remet en mémoire au professeur une foule de souvenirs…

Le vieux fonctionnaire s’est remarié avec une très belle femme, elle ne veut pas voir son fils issu du premier mariage…

Un diacre pris de folie sexuelle avec une bonne idiote pendant son séjour chez ses parents et le résultat…

En visite chez une amie à la campagne, il la voit, elle tombe amoureuse, il part, revient et repart et promet de l’emmener la prochaine fois à Moscou, on est en février 1917…

Un homme sauvé une jeune fille d’un vieil ivrogne et ne l’a revoit jamais…

A 12 ans dans le train, l’espace d’une nuit il tombe amoureux de la femme dur la banquette…

Il rentre à l’improviste et réalise ce sui s’est passé entre elle et le visiteur…

Il rencontre une »cocotte », sale histoire…



Des nouvelles généralement très courtes, très évocatrices dont les thèmes principaux sont les femmes et l’amour. C’est tout simplement magnifique j’aurai pu en lire deux fois plus!

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Sur Tchekov

La biographie n'est pas un genre que j'apprécie énormément, parce qu'il est rare pour moi de trouver une biographie qui soit aussi dotée de qualités littéraires. Parmi les exceptions, je compte Marie-Antoinette de Stefan Zweig - et pour le remarquable travail de recherche aussi. Je ne compte plus les déceptions, je n'ai même pas envie d'en dresser la liste.

Ce livre est une exception, un livre rare, un livre écrit par un très grand écrivain pour rendre hommage à un écrivain qu'il admire profondément, qu'il a eu la chance de connaître, pour lequel il veut aussi rendre justice, parce que beaucoup ne la lui rendent pas, donnent une image fausse de cet homme qui a vécu plusieurs vies, qui n'a pas assez pris soin de la sienne, qui a écrit des pièces de théâtre et des nouvelles, pas assez connues en France. Il faut bien le dire : ce genre littéraire est malheureusement très déprécié en France.

Plus qu'une biographie, il s'agit de partage : se rappeler tous ces moments privilégiés passés avec Tchékhov, fils et frère aimant, mari souffrant (sa femme avait aussi de lourds soucis de santé), écrivain qui ne pensait pas que son oeuvre lui survivrait longtemps. Ecrivain russe, il souffrait de l'état de la littérature de son pays, il était inquiet quand il voyait les différents courants littéraires qui émergeaient et ne lui annonçaient rien de bon, sans doute aussi parce qu'ils étaient le reflet de la société russe.

Ivan Bounine parle des liens qu'il avait tissé avec l'auteur, de leurs correspondances. Il parle aussi de la famille d'Anton Tchékhov, famille dont l'auteur était très proche.

Une oeuvre émouvante.
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Vivre pleinement

Vivre pleinement d’Ivan Bounine

Ils ne mangeaient déjà plus grand chose mais quand Korneï, le père, était parti en ville, Maria sa femme n’avait plus rien à donner à Tanka et Vaska, alors elle les envoyait à l’étang à l’heure du repas…

Il a huit ans, une casquette de collégien, une chemise en soie, des bottes en chevreau et part à la chasse avec son père et Djalma le chien…

Souvenir d’une journée où il a demandé à son oncle de lui apprendre les chiffres, il n’a pas voulu le faire sur l’instant, prétextant que c’est « le jour du tsar »il lui a dit qu’il n’en était rien, a piqué une grosse colère, seule sa grand-mère pouvait le calmer…

Souvenir du départ du père pour la campagne dans son traîneau, avec son manteau en ours par dessus sa demi pelisse lui donnant la vision d’un géant…

Souvenir d’une soirée glaciale éclairée aux bougies aux lueurs bleutées…

Souvenir du temps où les terres étaient laissées en jachère où la misère régnait et on attendait l’aide des banques paysannes…

Souvenir de la foire avec la foule bigarrée, les bestiaux et les marchandages avec les processions vers le monastère et le froid encore mordant en cette fin du mois de mai…

Le monsieur de San Francisco, une de ses plus célèbres nouvelles, déjà contenu dans un autre recueil, évoquant un homme courant après l’argent toute sa vie…

Bounine évoque son enfance et ses souvenirs d’une famille de la petite bourgeoisie ainsi que des événements qui se passent en France lors de son long exil à Grasse notamment.

De nombreux poèmes aux thèmes variés, l’amour et la mort surtout, nous font découvrir un aspect moins connu de ce prix Nobel de littérature 1933.

Un livre particulièrement poétique composé d’environ 25 nouvelles et une dizaine de poèmes.
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Les Pommes Antonov

Les pommes Antonov d’Ivan Bounine

16 nouvelles écrites entre 1900 et 1949.

Bounine se souvient de son enfance à la campagne au sud de Moscou là où la terre est noire et fertile, où la pluie tombe quand il faut et où l’on fait la fête pour la récolte des pommes Antonov…

Quelques jours en hiver passés à la campagne où il venait quand il était étudiant. Il est avec sa femme, Kostia, il se souvient et se dit que peut-être…

Elle est belle, elle vit avec son père à la campagne c’est elle qui gère la maison. En rentrant un soir son père lui annonce la visite du fils Sivers pour le lendemain, elle croit en connaître la raison…

Il la vit sur le quai de la gare, elle guettait de ses beaux yeux bleus. Quand le train fût reparti, elle se rendit compte qu’il la regardait, l’invita à marcher avec elle, lui il savait bien que celui qu’elle attendait n’était pas venu…

C’est le début du printemps il travaille du matin au soir sur son domaine, il voit un traîneau devant l’église….

Journée d’hiver glaciale, prise d’Odessa par les rouges, c’est l’exode qui commence sur le Patras sur lequel il a embarqué, dernière chance de quitter la Russie, les deux derniers ont fait naufrage…

Souvenir d’une journée lors d’une promenade à cheval, croisant de jeunes hommes fauchant au milieu des bouleaux en chantant, souvenir d’un temps révolu, pré révolutionnaire…

Devant un café en Crimée un homme chante la complainte de Tamerlan, une femme à l’intérieur pleure d’émotion…

Le 6 février 1924 il se rendit au cimetière de Montmartre pour voir la tombe de la « très célèbre »Déesse Raison, Thérèse Angélique Aubry, la reine du 10 novembre 1793, louée par Chaumette qui l’a présenta à la Convention…



Une bonne partie de ces nouvelles furent écrites durant son exil à partir de 1920. Elles sont empreintes d’une grande nostalgie, de souvenirs très chargés en émotion et font souvent la part belle aux éléments extérieurs, la tempête le vent la pluie…

Un très beau recueil.
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Trois roubles

Recueil de 7 nouvelles, cette lecture m'a permis de découvrir cet auteur, Prix Nobel de Littérature, que je ne connaissais pas.

Je suis toujours un peu déçue par les nouvelles : récits toujours brefs qui me donnent envie de plus ... Ce fut la même impression aujourd'hui : je me suis plongée avec délice dans l'univers des personnages et j'en ai été expulsée trop vite!

J'ai beaucoup aimé la seconde nouvelle, Casimir Stanislavovitch, mais j'aurais tant aimé découvrir ce qui l'avait amené dans cette situation!

Bref, une très bonne découverte, que j'approfondirai avec d'autres titres, d'un auteur plein de finesse et de sensibilité.
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Soukhodol

Si vous aimez la littérature russe vous avez peut-être déjà fait connaissance avec Ivan Bounine. J’ai déjà chroniqué ici Printemps Eternel et La vie d’Arseniev.



Aujourd’hui c’est un roman très court que je vous propose.



Une chronique nostalgique d’un monde disparu, mais un monde dur et parfois effrayant.

Faisons connaissance avec la famille Khrouchtchev, une famille qui pourrait s’appeler Bounine !

C’est par la voix de Natalia la servante, mémoire de la famille que nous découvrons Soukhodol le domaine où elle est née.

Un domaine qui excite la curiosité des jeunes enfants de la famille car il s’y passe de drôles de choses. Il y eu des mélanges entre nobles et serviteurs, viols, châtiments, amours interdites....

C’était le lieu dangereux « à Soukhodol, l’amour était singulier, la haine aussi. » Querelles et embrouilles culminent lors de l’assassinat du grand-père !



Ivan Bounine donne un tableau sombre de la misère paysanne. Le roman a une face noire voire sordide qui est balayée par les moments de poésie pure

C’est un monde violent et en déclin que peint Bounine et l’on entend derrière ses mots son amour total pour sa vieille Russie.



Ivan Bounine premier écrivain russe à recevoir le Prix Nobel, un auteur indifférent aux modes littéraires, grand admirateur de Tolstoï et ami de Tchekhov. Il fera plus noir encore avec un autre roman dont je parlerai un de ces jours.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Le fol artiste

Par un jour radieux et froid d’hiver, un 24 décembre, un homme se disant « Artiste » s’installe dans un hôtel et réclame une chambre « baignée de lumière ». Il annonce, qu’il doit exécuter une œuvre exceptionnelle, question de vie ou de mort… il est lié par une promesse faite à une femme avant sa mort : « Ce testament je l’exécuterai ! – déclara l’artiste d’une voix tonnante ; - Je peindrai une œuvre immortelle ! … Je vais enfin réaliser toute vive l’idée qui m’a affolé durant deux années entières et qui, ensuite s’est transfigurée, d’une manière si merveilleuse et si terrible… »

La nouvelle de Ivan Bounine est très courte, treize pages, on peut y déceler l’amour que Bounine porte à la Russie : « Je te reconnais bien, vielle Russie ! » le récit est vivant, la nature est merveilleusement décrite : « Le givre, sur les fils télégraphiques, traçait par le ciel d’azur des lignes délicates et diaprées… ». Bounine est un admirable portraitiste, l’artiste est un homme passionné, qui cherche son inspiration avec fébrilité, c’est un illuminé, sa rédemption est dans son oeuvre !

C’est la première œuvre que je lis de Bounine, je ne peux donc en saisir toute la portée pour l’instant, mais, il l’a écrite après la première guerre mondiale, il est certain que toutes ces atrocités ont dû le marquer : « Voici le dernier instant du monde sanglant, du vieux monde ! Un nouvel homme vient à la vie ! » Je vous laisse découvrir la peinture réalisée.



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Le village

Géniale, une lecture captivante, jouissive.

D'abord, Bounine est un écrivain hors pair, autant pour les descriptions des paysages, de la nature que ses héros observe, autant pour les portraits qu'il dessine avec un crayon à la pointe acérée, quel régal, et enfin pour les relations sociales qu'il met en scène avec une causticité et une précision, un humour décalé, un réalisme indiscutable mais dérangeant.

Ce court roman nous plonge dans la vie des paysans russes au début du XXème siècle, les moujiks, qui seront défendus par les révolutionnaires menchéviks et bolchéviks contre les koulaks, eux petits propriétaires enrichis (!). Et les gros propriétaires dont est un des héros du livre. Le portrait dressé par Bounine de ce monde des moujiks est sans concession et n'a pas trop dû plaire à la nouvelle Russie, celle d'après la révolution de 1917. Soiffards, violents, abrutis, bestiaux, ils n'ont pas grand chose pour eux. Et pourtant, Bounine réussit par un tour de plume incroyable, à nous les rendre pitoyables, donc fragiles, donc humains.

Et dans le détail, le subjonctif chez Bounine est délicieusement exquis.
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Le village

Lui qui ne voyait rien, qu'il avait dit à Tolstoï autour de sa 20 e année, lors d'une rencontre impromptue rue Arbat à Moscou, la rue des artistes, il verra bien clair pourtant à la création de ce roman quelques années plus tard, avec une lucidité que n'aurait certainement pas répudiée le maître intransigeant d'Iasnaïa Poliana (auteur de la Matinée d'un seigneur).



Plus tard, Ivan Bounine va connaître l'exil, et comme pour tous les exilés russes de cette époque, des russes blancs mais pas seulement, on ne mesurera jamais assez les ravages du déracinement que je mesure déjà par mes proches, sans ajouter l'accueil du pays qui les reçoit qui n'est jamais les bras ouverts par des politiques idéologues qui font "chier" le monde qui mériteraient cent fois d'être châtiés. Mais de ça, j'en ai déjà parlé ici, bien que cela vaille bien une messe plus qu'une bénédiction.



Alors il me vient une idée concernant l'exil dont on n'explore jamais toutes les facettes de ses effets ravageurs, douloureux, cela touche bon nombre d'exilés civils ou économiques qui laissent les parents vieillissants au pays, c'est de ceux-là dont je veux parler aujourd'hui, le jour où ces derniers se retrouvent seuls. Un jour, le téléphone ne répond pas .. et on se dit alors qu'il y a bien du chagrin qui les emporte plus vite, dans un rapport qu'on ne saurait évaluer. Bien sûr qu'il faut s'émanciper, mais comme la vie est mal faite quand viennent les vieux jours des parents. Comment penser autrement quand le fait de les voir régulièrement les apaise considérablement comme à chaque fois un évènement invisible mais au combien important; cela leur tient chaud le coeur pour quelques temps. Par contre je me demande comment peut-on voir ça si l'on n'est pas témoin soi-même de ces déconvenues rendues cruelles quand la demande se fait plus forte, au fur et à mesure que le terme de la vie se resserre ..
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Le monsieur de San Francisco

Le Monsieur de San Francisco ( 1915)

Un riche américain très satisfait de lui-même se lance dans une croisière en Méditerranée avec sa famille. Il veut enfin prendre du bon temps.

Une écriture raffinée, élégante, fourmillant de détails et pleine d'ironie. Très vite on comprend que cela va mal tourner pour le monsieur. On est aux alentours de 1913. C'est aussi la fin d'une certaine civilisation.

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Le fol artiste

Enigmatique

La nouvelle débute comme un conte de Noël, une matinée radieuse, du givre doré, une antique petite ville russe qui semble hors du temps. Nous sommes pourtant le 24 décembre 1916. Un traineau s'arrête devant l'hostellerie. Un homme excentrique en sort, lorgnons, béret de velours, boucles grises verdâtres. Il se prétend artiste, réclame aussitôt une chambre baignée de lumière. Puis, à peine installé, se met en quête de matériel: encadrement, pinceaux, couleurs,...Il a le projet de peindre une Nativité, pleine d'allégresse. Elle se déroulera en Espagne. On y trouvera des montagnes bleues sur les collines, des arbres, des fleurs...

Une courte nouvelle très originale et très énigmatique. Quel est le message de Bounine ? Je serai curieuse de connaître votre interprétation. Une écriture, très raffinée, très symboliste mais un peu trop précieuse à mon gôut.
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Le village

Le paysan russe sous la plume de Bounine n'a rien de doux, ni de pacifique ou de naturellement bon.

Dans "Le village", ce sont des portraits de moujiks taillés à la faux, des paysans du début du vingtième siècle, rustres, paresseux et cruels…des portraits sans concessions. L'auteur dépeint dans ce roman, à travers le regard de deux frères, Tikhon et Kouzma Ilitch, l'un commerçant l'autre citadin, la banalité de la misère qui frappe Dournovska, village noir "de squelettes d'isbas au milieu de seigles grêles, sans épis où règne une odeur de crasse et de fumier".



Ce sont des portraits qui exonèrent d'intrigue tant le désoeuvrement y est prégnant. Les paysans se débattent dans la fange pour de l'eau-de-vie et un peu de tabac dans un pays où "pendant huit mois de l'année souffle le chasse-neige, et pendant quatre tombe la pluie". Lorsque ce n'est pas la rigueur de l'hiver qui plonge le village dans la torpeur, l'ennui et la maladie c'est l'incurie qui frappe la campagne. Peu âpres au travail, les moujiks déambulent de ferme en ferme pour un travail qu'ils quittent lorsque la lassitude les gagne.

Il y a un morne désespoir qui embaume l'âme de ces paysans qui, sous la plume d'Ivan Bounine, revêt tous les attraits d'une douce mélancolie...et une mélancolie magnifiée par un sens de l'observation particulièrement affûté. Alliée à un souci du détail qui envahit tout le récit, cette langueur s'avère propice à une certaine contemplation.

Même l'écho lointain des émeutes qui appellent la révolution de 1905 ne trouble guère le désespoir monotone de Dournovska. Si les va-nu-pieds s'agitent, s'invectivent et menacent de faire grève, la flamme de la colère s'éteint très vite. Ils s'animent davantage pour les "baragouins" et autres cancans du coin car ici "chacun est l'ennemi d'autrui, lui porte envie, le calomnie".

Toutefois, malgré la saleté et l'ivrognerie décrites sans fausse pudeur, l'auteur ne tait pas la rumeur de la ville qui annonce quelques grandes espérances.

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Les Allées sombres

Tristesse et mélancolie, certitude poignante du temps qui s'écoule et ne revient pas, voilà ce que m'a inspiré la lecture de ces nouvelles. Certes, ce sont des thèmes chers au coeur de la littérature russe mais il leur arrive normalement d'être tempérés par un sens de l'auto-dérision propre essentiellement aux Juifs, aux Slaves et ... (vous allez dire que j'exagère mais je suis sincère) aux Celtes. Chez Bounine, cela n'existe pas ou alors, cela demeure tellement à l'arrière-plan que ça passe inaperçu.



On sent bien des influences tchékhoviennes mais Bounine, lui, a connu la Révolution d'Octobre et l'exil. Son évocation de la Russie perdue se bâtit donc sur un fait : plus jamais rien ne sera pareil. Et nous savons qu'il a raison.



Plus je lisais, et plus je voyais en ces pages que je tournais des sortes de feuilles mortes, trahissant l'automne, puis la fin d'un monde. La nostalgie, ici, avait vraiment un goût doux-amer qui m'est demeuré longtemps en mémoire après avoir achevé ma lecture.



Bounine tenait "Les Allées Sombres" pour son meilleur ouvrage et peut-être n'avait-il pas tort. Tout est dépouillé, aucun détail n'est superflu, les caractères sont suffisamment esquissés sans perdre pour autant une certaine part de mystère, les intrigues ressemblent souvent à des murmures qui, là encore, rappellent les fantômes des disparus.



Bref, un grand livre. Mais, paradoxalement, on ne prend conscience de sa grandeur qu'après l'avoir lu et digéré. C'est assez rare : il faut le souligner.



(Du coup, je suis tentée par "Le Village", du même auteur.) ;o)
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Le village

Le village d’Ivan Bounine

Le père Krassov mourut à Dornovo après avoir vécu de divers trafics, il laissa derrière lui deux enfants Kouzma et Tikhon qui voyagèrent en trafiquant également puis se séparèrent, l’un travailla avec un marchand de bétail, l’autre loua une auberge, ouvrit un cabaret et une boutique. De manigances en manipulations Tikhon hérita du Petit domaine de Dornovo, son seul problème était l’absence d’enfants, Nastasia Petrovna sa femme ne les gardait pas. Pas loin de ce village il y avait Rovnoïe où vivaient des paysans libres, tous les paysans étant désormais libres depuis l’abolition du servage par Alexandre 2 en 1861. Tikhon s’était fâché avec son frère mais ayant besoin de quelqu’un pour gérer son affaire alors il se réconcilie avec lui. Après avoir descendu moulâtes eaux de vie et s’être accordé sur le fait que le moujik est sale, méchant, stupide, illettré et plus encore, ils travaillent donc ensemble. Il faut s’occuper des chevaux, des moutons, des vaches, des bouvillons et des brebis sans compter les saisonniers à embaucher. Fatigué de voir sa femme qui »ne sert à rien »Tikhon l’envoie chez sa mère. C’est l’automne on patauge dans la boue, il fait froid, il pleut, il tourne en rond, il s’ennuie, et il angoisse. Quant à Kouzma son frère…

C’est à une plongée dans la vie quotidienne des moujiks que nous entraîne Bouïda, une immersion dans un océan de médiocrité, de bêtises et de méchancetés, 100 millions d’illettrés.

Florilège dans les chansons populaires:

La marâtre « méchante et cupide »

Le beau-père « féroce et querelleur »

Les belles sœurs « hargneuses et chicaneuses »

Les beaux frères « railleurs et malintentionnés »

Le mari »sot ou ivrogne »



Le village est le livre qui a fait connaître Bounine.

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L'impôt

Le soir du carême de la Saint-Pierre, tous les ouvriers font la fête. Mais le moujik Averki, après trente ans de service, décide que c'est assez. Malade, il se couche, ne dit plus rien, et se met à rêver à demi-conscient. Il se remémore difficilement les quelques petits plaisirs de sa vie mais à quoi bon ? Ses souvenirs lui semblent insignifiants, pauvres, monotones...

Une nouvelle très belle, très bien écrite mais très déprimante...

Lu sur le site de la bibliothèque russe et slave. Une quarantaine de pages.
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Le Sacrement de l'amour (L'amour de Mitia)

O quelle douleur vit-on lorsqu'on a la sensation que l'amour vous file entre les doigts, la première des choses, on s'enfonce dans une jalousie soit hystérique soit intérieure, cette dernière est plus que meurtrière, on se crée toute une montagne de scénarios autour de la personne qu'on aime, des jours ou des heures qui vous séparent sont peuplés de suppositions illusoires presque accablantes, on s'imagine la personne qui vous remplace dans son coeur, on ne veut même plus voir une seule mouche s'approcher de l'être aimé, on soupçonne tout, tout détail devient un indice, une blague d'antan se transforme une manifestation du rejet..ce sont ces sentiments que Ivan Bounine nous dépeint avec le sacrement de l'amour...le trouble que va vivre Mitia, une fois convaincu que Katia ne l'aime plus comme avant, il n'a plus qu'un seul refuge la nature...

En effet, chaque jours des changements s'opère chez Katia, elle devient de plus en plus coquette, elle a l'air de ennuyer avec Mitia, elle n'est plus accro à leur rendez-vous. Et quand il lui annonce son départ pour la compagne, elle redevient attachante, contente de se débarrasser de lui ou se rend-elle compte qu'il va lui échapper?...





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La nuit

La nuit d’Ivan Bounine

Neuf nouvelles.

Sur un bateau qui relie Odessa à la Crimée, deux hommes d’un âge certain se retrouvent par hasard, ils sont devenus célèbres, ne se sont pas revus depuis près d’un quart de siècle, et pourtant…

Emil est un moujik disgracieux, personne ne l’aime et c’est réciproque, il fut marié à une grêlée qui le trompait ouvertement. Lassé un jour il décide de partir vivre dans la forêt dans une isba au milieu des loups malgré sa peur. Il se prépare au pire lorsqu’il découvre un chien pendu à un arbre…

Ilia dit le Grillon et Vassili sont deux selliers qui vont travailler chez Remier un mois de novembre particulièrement froid et humide. Ils sont bien logés et le soir Remier et sa femme enceinte viennent leur tenir compagnie ainsi qu’une servante. Une soirée où la brume était très intense, le Grillon raconta comment si. Fils disparut tragiquement une nuit brumeuse…

Voïeikov est ruiné, il doit quitter sa maison, avant de partir il médite sur ce qui l’a amené à sa situation, il lui reste deux serviteurs, Piotr et Sachka, il leur demande de pendre les six derniers chiens de son équipage passé, des borzoïs…

C’est pendant le dîner de la Saint Pierre qu’Averki ne se sentit pas bien, il sut qu’il ne pourrait plus travailler, alla s’étendre sur le gros poêle et se prépara à rentrer définitivement chez lui avec sa femme. Il ne voulut pas dormir dans l’isba mais préféra la grange. On vient le voir, sa fille son gendre puis on commence à l’oublier..

La maison était pleine d’invités, c’était la fête et dans une chambre au fond de la maison il y avait Arsénitch l’ancien serviteur qui venait passer quelques jours chez ses anciens maîtres. Il y était toujours très bien accueilli, pain, saucisson et un carafon d’eau de vie. Il était bien et souvent ses yeux s’embuaient et il pleurait, mais ce n’était ni tristesse ni regrets..

La gloire est chose curieuse, comment est ce possible que l’on recherche la compagnie de Boroda le moujik dont la seule qualité semble être de vider un plein samovar ou bien de Fédia horrible et puant qui passe ses journées à fouiller les détritus…

Il se faisait appeler Sokolovitch, se disait ancien marin, on le voyait souvent sur la perspective Nevsky dans ses vêtements sales et sa vieille casquette en cuir, il était grand et flânait devant les boutiques. Le soir venu il dîne dans un restaurant miteux et ramène un e prostituée dans un hôtel des faubourgs…

Avdéi est un paysan riche, on le surnomme le Soucieux, il est perpétuellement préoccupé, par exemple aujourd’hui il va à la ville mais hésite, vaut il mieux tuer le bélier ou vendre le blé suite à une très bonne récolte?…

Il écoute et il pense, les nuits le rendent heureux, les jours sont l’accomplissement des devoirs terrestres…

On suit la vie du peuple russe, moujiks ou bourgeois, à travers les histoires de Bounine mais il y a des éléments essentiels dans ces nouvelles, le temps, la pluie, le froid, le gel qui imprègnent cette vie lui donnant souvent un côté irréel.

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Ivan BOUNINE

Ivan Bounine (1870-1953) fut le premier russe à obtenir le prix Nobel de littérature en :

1930
1933
1936
1939

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