Dans son récit Bounine décrit la fin d'une période en Russie, pour cela, il met en scène la famille Khrouchtchev, une famille noble, vivant dans le domaine
Soukhodol. Bounine crée ainsi un « microcosme clanique qui impose ses règles tacites. » Ici, des maîtres tout puissants et des domestiques soumis et dévoués vivent dans une étroite intimité : « les domestiques,
le village et la maison de
Soukhodol formaient une seule famille. » Natalia la servante soumise et secrètement amoureuse de son maître se penche sur le passé et raconte la vie à
Soukhodol. Il se passe des ignominies dans cet antre de nobles, châtiments, humiliations, viols… la folie s'empare des individus.
L'atmosphère sombre et noire, est adoucie par une nature, « la terre- mère russe » omniprésente, telle
la cerisaie épanouie qui nous renvoie sans nul doute à
Tchékhov. Bounine souligne avec nostalgie l'impermanence du monde, tout change, tout passe, tout meurt ; les hommes mêlés à la boue des routes défoncées vont vers des cimetières dans des tombes anonymes vouées à l'oubli et
Soukhodol tombe en ruine ! : « Tous ceux dont il est fait mention dans cette chronique sont morts, tous les voisins, tous leurs contemporains. Et l'on pense parfois : au fond, ont-ils vraiment vécu dans ce monde ?
In fine, cette chronique est terriblement universelle.