AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ivan Jablonka (464)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


En camping-car



Avec une famille adepte du camping-car, Ivan Jablonka a connu des « road trip » proches de la nature./en osmose avec la nature.

Après avoir brossé un bref portrait de ses parents, l'auteur revisite les vacances estivales de son enfance tout en portant, avec le recul, un regard de sociologue sur ce mode de vie. Récit irrigué par le journal qu'il tenait,des photos, mais aussi par les réminiscences de leurs compagnons de route.



L'écrivain voyageur commence par nous faire visiter tous les recoins de ce nouveau combi avant de nous embarquer sur les routes d'Europe et des États-Unis. Habitée par un esprit communautaire , sa famille part toujours avec d'autres couples avec enfants. Parmi eux, un expert «  ès spots » qui sait débusquer le coin idyllique, sauvage, «  hors des sentiers battus ».



Il fait défiler ses souvenirs , s'étonnant du vide avant sa sixième année.

Pour garder des traces de ses périples, il a pris goût à réaliser des « scrapbooks » de voyage où il thésaurise tout ce qu'il collecte ( tessons d'amphores). Comme Jean Chalon , il ramasse des écorces d'arbres.

Le romancier détaille leur quotidien : les mères ne sont pas exemptées des «  tâches ancillaires », les hommes à la vaisselle, et la liberté totale pour les kids qui ne manquent pas d'imagination pour inventer des jeux, des mots.

Le mode d'ordre du père ? «  Soyez heureux ». Ce qui n'empêche pas «  petit Ivan » de «  mougliter » ( s 'ennuyer), de renoncer à des visites.



Ivan Jablonka nous frustre quand , par exemple, il évoque la traversée de la Grèce, car aucune couleur locale nous parvient. Par contre en « gamin-Poséidon », il nous immerge dans le monde sous-marin, nous fait partager leurs jeux aquatiques. Toutefois, sa mère l'a initié à la culture grecque,aux légendes et le chapitre consacré au voyage dans l'Antiquité suscite l'intérêt.



L'auteur convoque un chapelet de faits marquants : en Sicile, l'ascension de l'Etna.En Turquie, une séance au hammam. Il se souvient comme Perec de toutes les sources d'émerveillement qui ont contribué à son épanouissement.

D'aucuns peuvent envier cette liberté de stationner où l'on souhaite maintenant que la réglementation en vigueur en France est tout autre. Et de déplorer,avec nostalgie, les plages privées, les interdictions .



L'historien brosse une fresque de l'époque, encore habitée par le courant hippie et décline la genèse de cet engouement pour le combi, ajoute des informations sur l'usine Volkswagen, en pleine expansion, boostée par les ventes.

Cette rétrospective de ses étés baignés de lumière met en évidence le bagage culturel que l'écrivain a engrangé, le réconciliant avec l'étude du grec que sa mère lui a imposé en 4ème. Il rend hommage à ses parents, rappelant leur « background » : «  l'humanité blessée » pour son père, « les humanités triomphantes » pour sa mère. N'est-il pas devenu un « European gentleman » ?

C'est pétri de gratitude, pour lui avoir offert ces « bourlingages » initiatiques, qu'il analyse avec acuité comment cette école de vie l' a forgé, lui a ouvert l'horizon, lui a permis de résister aux attaques des camarades.



Ivan Jablonka signe une ode à la liberté, une odyssée ensoleillée. Ce voyage

immobile pour le lecteur, à bord du « bus » est enrichissant pour le lecteur sédentaire, et réveillera chez le globe trotter l'envie de prendre la route sur les traces de l'auteur, d'y débusquer «  des spots » ! ( mot dont il fait un emploi abusif!). Une carte insérée dans le livre aurait été bienvenue.



Commenter  J’apprécie          152
Laëtitia

Excellente enquête socio-judiciaire qui reprend tout le dossier du meurtre de Laetitia Perrais en janvier 2011 en Bretagne.



Ames sensibles s'abstenir!



Ce livre est très bien écrit par chapitres courts, ce qui permet aux lecteurs de pouvoir reprendre leur souffle dès que le besoin se fait sentir. Toutes les thématiques sont abordées, la nature humaine, l'histoire des protagonistes, le rôle de la justice et celui des avocats, la pollution politique, sa lâcheté et sa grande hypocrisie. Vous n'y trouverez pas de parti-pris, simplement des faits analysés et des situations.



Une belle réussite.
Commenter  J’apprécie          150
Histoire des grands-parents que je n'ai pas..

Suzanne et Marcel Jablonka, des juifs polonais arrivés à Paris dans la tourmente des années 1940, sont arrêtés par la police pour être déportés vers les camps de concentration où ils disparaitront. Deux victimes anonymes du nazisme aux côtés de millions d’autres.

Leur petit-fils, Ivan, professeur d’histoire et rédacteur en chef de la Revue des idées, part à la recherche de ses grands-parents inconnus. Cette aventure l’amènera en Pologne, terre natale de la famille Joblonka, mais aussi en Israël, en Argentine et en Russie, pays d’accueil de ses oncles et tantes, pour mieux revenir à Paris dans le quartier de Belleville-Ménilmontant, dernière résidence de ses grands-parents disparus à deux pas de sa propre habitation. Ironie et échos de l’histoire individuelle et collective, entre hier et aujourd’hui.

Tout au long de son périple, Ivan Jablonka applique ses méthodes d’historien : recherches et croisement des sources d’archives, recueil et confrontation de témoignages. Peu à peu, cette quête qui avait commencé sur un immense vide prend forme. Les visages, les caractères, les faits et gestes, les motivations de ses grands-parents sont retrouvés. Longtemps figures énigmatives, Suzanne et Marcel deviennent alors des êtres de chairs et d’émotions. Au-delà de la démarche familiale, intime et scientifique, ce documentaire nous rappelle aussi l’histoire collective de ces étrangers, juifs polonais communistes, ballotés puis emportés par le vent du stalinisme et du nazisme. Par cela, l’ouvrage est important, par son écho sur l’actualité, il est indispensable à lire.

Commenter  J’apprécie          151
Un garçon comme vous et moi

C'est le regard porté par l'auteur sur sa jeunesse, et au delà sur toute une génération, celle des années 80.

Né dans une famille parisienne aimante et intello, Ivan se révèle être un jeune garçon « différent » avec une composante « féminine » affirmée. Nous le suivrons pendant ses études dans de grands lycées parisiens, dans ses relations avec ses amis et avec les filles (il n'est pas un « dragueur » mais un « beau parleur délicat »). La conquête féminine s'avère pour lui difficile car il n'a pas, ou ne veut pas user des armes des autres.

Et comme il le dit joliment l'écriture sera là pour lui pour remplacer « les amoureuses qu'il n'a plus »

Ivan Jablonka ne se contente pas de recenser des souvenirs de jeunesse, il fait en plus un travail passionnant de sociologue et d'historien. Voilà un livre intime, sensible et passionnant sur une jeunesse et la masculinité à la fin du XXe siècle.
Commenter  J’apprécie          140
En camping-car

Ivan JABLONKA nous invite à bord du camping de son enfance sous prétexte de mener une étude sociologique et philosophique dont le sujet est sa famille et leurs vacances. Malheureusement je suis restée sur le bord de la route. Je me suis profondément ennuyée au cours de ce périple: énumération ds villes visitées, des monuments historiques et des différents modèles de camping car existant à l'époque. J'avoue que cet inventaire ne m'a pas fait rêver. J'ai eu l'impression de regarder les photos de vacances de parfaits inconnus.

J'ai craint la panne sèche, mais motivée j'ai fait le plein de chocolat et avalé les derniers kilomètres poussivement.

Malgré mes efforts je suis restée insensible à ce récit, déroutée par ces souvenirs d'enfance racontés sans gaîté et décortiqués de manière presque chirurgicale. Une analyse très sérieuse et parfois trop intellectualisée. L'enfance à cette spontanéité qui la caractérise et qui est complètement absente du livre.

J'ai trouvé certaines analyses plutôt tirées par les cheveux. Par exemple je ne suis pas convaincue par le parallèle établie entre la judéité et le fait de partir en vacances en camping car. J'ai bien compris le raisonnement mais il me laisse sceptique. Pour moi le combi Volkswagen a plus une connotation baba cool, hippie, et peace and love, du moins à l'époque.

Au delà des réflexions très intellectualisées on ressent une profonde blessure dans cette famille, une souffrance, mais la réflexion menée écarte complètement les sentiments et les ressentis pour mieux se concentrer sur le rationnel et l'analyse.

Heureusement le style est plaisant mais à l'arrivée le voyage est un peu fade et je n'ai trouvé aucun intérêt à cette virée en camping car.
Commenter  J’apprécie          140
En camping-car

L'auteur raconte ses vacances en camping-car avec ses parents et des amis. Il fait une sorte d'histoire sociale de ce moyen de transport et même une socio-histoire de son enfance. C'était un style de vie, par toujours bien compris par les autres. Une famille récemment montée dans l'échelle sociale, le père d'Ivan étant ingénieur et sa mère professeur de lettres classiques. C'était donc une famille à la fois bourgeoise par sa vision du monde, mais encore très prolétaire dans son comportement. Dès lors, c'est un livre qui me paraît aussi particulier que le phénomène social décrit.



Ivan Jablonka est actuellement un historien dont j'apprécie les travaux. Il a une écriture très différente de celle habituelle en sciences humaines. Il a un style littéraire, avec un sérieux très universitaire. Son ouvrage sur L'histoire est une littérature contemporaine (Seuil, 2014, et en poche aux éditions Points, 2017) fut un livre très rafraîchissant. Il y aborde la question de la relation entre histoire et littérature. Il y a un style universitaire de base : des phrases courtes, un mélange subtil de mots simples et compliqués, une sorte de "froideur" (je n'ai pas d'autres mots pour décrire mon impression).



Ivan Jablonka a un style très plaisant, qui change. Dans En camping-car, il écrit à la première personne, s'intègre dans le récit, tout en proposant une analyse socio-historique très intéressante. Par exemple, pourquoi un ingénieur français qui a travaillé aux Etats-Unis, dont les parents ont été déportés et assassinés par les nazis, a-t-il choisi comme camping-car un combi Volkswagen, marque de Ferdinand Porsche (qui a collaboré activement avec Hitler) ? Ce récit s'intéresse donc à la signification de tel ou tel comportement dans une histoire familiale. Il aborde aussi la question du temps qui passe et des sources. Car il s'appuie à la fois sur ses carnets de voyage de l'époque et sur les témoignages de son père et amis. En cela, c'est un récit qui peut intéresser le sociologue ou l'historien.



Jablonka remet sa propre enfance dans le contexte des années 70 et 80, en s'appuyant sur les sources qu'il a conservé et sur les témoignages des proches, tout en se racontant lui-même. C'est une forme d'autobiographie que je trouve très originale, car Jablonka écrit à la première personne - ce qui donne au récit un côté très personnel - tout en se détachant de son objet en essayant de l'analyser avec le regard de l'enfant devenu adulte et, surtout, devenu parent à son tour. Il ajoute la touche de l'historien, et cela donne à ce texte un réel charme.



La particularité de ce récit - pour moi du moins - m'empêche de le résumer et de l'analyser correctement. Sa lecture est toute fraîche dans mon esprit. Je crois que c'est un livre à lire tout simplement. Dès lors, je suis vraiment désolé. Si ce résumé n'est pas très clair, ni très avenant, c'est que j'aurais raté mon objectif : vous inciter à le lire car il est bien écrit, agréable et instructif.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
Commenter  J’apprécie          140
Goldman

Ce qui fait la spécificité de l’historien Ivan Jablonka c'est son attachement à analyser notre monde contemporain à partir d'un des figures de l'époque étudiée.



Goldman n'est pas simplement l’étude de la biographie d'un chanteur devenu presque mythe. C'est une analyse en profondeur de ce que furent les générations des années 70/80. Mais, c'est aussi celle issue des juifs réfugiés de l'Europe de l'est, ce "Yiddishland", comme l'appelle l'écrivain.



Essai à portée sociologique et historique, Ivan Jablonka démontre l'attachement profond du chanteur au travail bien accompli et à la défense des petits. Jean-Jacques Goldman est sorti de L'EDHEC et aurait dû devenir un cadre libéral offert au capitalisme délirant.



Une biographie, mais pas que...



Mais, par opposition à ce frère qui s'est brûlé les ailes, Ivan Jablonka affirme que Jean-Jacques Goldman fuit aussi les criards. Ce sont les représentants de la révolution "jet-septisée", auquel il se tiendra toujours éloigné.



Comme il le fait à chaque fois, l'historien compare son milieu à celui du chanteur. Et de son 14 ème arrondissement natal à la banlieue de Montrouge des Golmann, il n'y a pas loin, retrouvant ainsi les accents de sa jeunesse bercée aux mêmes valeurs.



De plus, comme l'historien le développe, Jean-Jacques Goldman crée une nouvelle masculinité ouverte à la cause des droits des femmes.



La portée généraliste des chansons de Goldman



Mais, Ivan Jablonka analyse aussi la gauche française de l'après-guerre à l'après-mitterrandiste. La première est représentée par le père du chanteur, engagé communiste. Puis vient celle du frère, d'extrême gauche d'après soixante-huitard. Et, pour finir, celle pragmatique de Jean-Jacques qui reprendra à son compte l'engagement de Coluche, pour les Restos du cœur.



L'analyse des chansons des années 70, de celles qui deviendront les succès des années 80, permet à Ivan Jablonka de dégager plusieurs grands thèmes : le départ, le refus de la fatalité et la condition minoritaire.



Les tableaux, soit comparatifs pour illustrer le propos, soit exhaustifs pour synthétiser la notion démontrent, s'il le fallait encore, qu’on peut choisir un sujet léger encore faut-il le traiter sérieusement. Et toute la démarche scientifique s'applique à ce chanteur de " soupe française " comme le qualifieront les amateurs de rock’n’roll.



Une approche neuve



C'est le nom de Ivan Jablonka qui m'a entraînée vers ce livre. Plus Maxime Le Forestier que Jean-Jacques Goldman, je suis passée à côté de ce chanteur. Alors, comprendre la portée de " Comme toi" et d'autres fut pour moi une révélation.



Ivan Jablonka avoue que vers 25 ans qu'il s'est intéressé à ce chanteur et que sa théorie des trois axes a suffisamment plu à sa femme pour qu'elle le lui rappelle aujourd'hui. Pour l'historien, les années Goldman ce sont aussi l'émergence "d'une conscience citoyenne au lieu d'une conscience de classe".



Par contre, j'ai compris le mépris terrible dont il a fait l'objet. Et, courageusement, Ivan Jablonka en analyse les bases, les aspects et le mépris véhiculés. On comprend mieux les chroniques du journal Libé avant la sortie du livre retrouvant l'animosité des années 80.



Moins compréhensible, la réaction de Jean-Jacque Goldman qui, dans Le Figaro, ces derniers jours, vient de rappeler à ses fans que ce n'est pas une biographie qu'il a cautionnée. Ce point est clair dès le début de l'essai puisqu’Ivan Jablonka rappelle que Jean-Jacques Goldman n'a répondu à aucune de ses sollicitations.



Qu'importent les réactions du chanteur qui a choisi la discrétion depuis de nombreuses années, Ivan Jablonka signe un essai très riche dans un langage clair en produisant des analyses. Il décortique la sociologie historique des années 70 jusqu'au début des années 2010. De plus, la génération des émigrés de l'Europe de l'Est rappelle l'importance de l'assimilation entière et complète dans la société française.



Pas obliger d'être fan, juste d'être féru d'histoire contemporaine pour découvrir le nouvel essai de Ivan Jablonka, Goldman !

https://vagabondageautourdesoi.com/2023/08/28/ivan-jabonka-goldman/?preview=true&frame-nonce=faa403deea
Commenter  J’apprécie          132
Histoire des grands-parents que je n'ai pas..

La position revendiquée de petit-fils donne de la chair et du sang au récit rigoureux et documenté de l’historien que YJ ne cesse jamais d’être dans cet ouvrage.

Comme il l’exprime à plusieurs reprises l’histoire de ses grands-parents est aussi l’histoire de notre pays (et du monde) des années 30 et 40, et il n’est plus pertinent de distinguer la seconde de la première en l’affublant d’un h majuscule.



Beaucoup d’hypothèses et d’angles de vue sont originaux et pertinents, qui permettent de porter un regard différent sur les situations individuelles et collectives et aident à mieux les comprendre et se les représenter.



Un angle d’observation intéressant est celui qui consiste à établir un parallèle entre la condition de Matès et Idesa Jablonka à leur arrivée en France, en 1937 pour le 1er et 1938 pour la 2nde, et celle des demandeurs d’asile et sans papiers d’aujourd’hui.

Dans un contexte évidemment très différent iIs sont confrontés aux mêmes difficultés : démarches administratives interminables, humiliations répétées de la part d’une administration rarement bienveillante, exigences kafkaïennes de fonctionnaires généralement peu soucieux du sort des personnes qui s’adressent à eux, précarités matérielles et psychologiques.

(Il faut vraiment être énarque pour vouloir et savoir distinguer le « vrai » demandeur d’asile « honnête » et persécuté dans son pays, du prétendu profiteur qui décide de quitter son pays pour bénéficier des « largesses » de notre système social. Mais c’est une autre histoire....)

Matès et Idesa Jablonka sont arrivés à Paris au pire moment pour eux car en 1937 l’unité du Front Populaire a volé en éclat et l’antisémitisme gangrénait déjà la 3ème République. (YJ remarque assez judicieusement qu’en ce qui concernait l’antisémitisme le régime de Vichy ne serait pas en rupture avec les lois Daladier et Chautemps).



Un autre point de vue m’est apparu comme riche de perspectives nouvelles, rendu possible précisément par la position assumée de petit-fils, c’est la prise en considération des contradictions dans lesquelles les migrants tels que Matès et Idesa Jablonka se trouvaient alors.

Tous deux étaient des communistes purs et durs. (Tous les plus de 50 ans ont connu de ces communistes intransigeants mais qui étaient aussi les meilleures personnes du monde et n’auraient jamais fait de mal à personne. Décidément rien n’est simple).

Anti bourgeois, anti sionistes, internationalistes, ils souhaitaient voir la Pologne intégrer la sphère soviétique. A ce titre ils étaient pourchassés dans leur pays.

Ils étaient juifs. Et c’était l’autre cause de leurs malheurs, en Pologne d’abord, puis en France.



Arrivée en France Idesa a accouché d’une fille et s’est dès lors consacrée à sa famille

Matès, lui, a-t-il poursuivi son activité militante ? Ou trop occupé par les questions matérielles s’est-il contenté de se tenir informé ? Ou s’est-il complètement retiré de tout engagement politique ? Ces questions font partie des nombreuses qui restent sans réponse.

Mais on sait qu’en 1939 il s’est engagé dans la Légion Étrangère.

S’agissait-il d’un choix intéressé, d’une ruse pour obtenir des papiers et légaliser la situation de sa famille ? Peut-être, mais pas seulement.

Il s’agissait vraisemblablement pour lui de continuer à lutter contre le nazisme et l’antisémitisme. N’étant pas français il ne pouvait le faire dans l’armée française. Il ne pouvait pas davantage rejoindre l’armée polonaise, qui recrutait bien en France, mais pas ces juifs qu’elle avait déchus de leur nationalité polonaise.

Il s’est donc rabattu sur la Légion Étrangère, nationaliste et antisémite.

Il a été incorporé au régiment des étrangers, le plus mal équipé, le plus mal entraîné, le plus mal considéré par les autorités militaires, parce qu’on n’attendait rien de ce ramassis de juifs ou d’espagnols.



Lui le pacifiste, il choisit de se battre, premier déchirement ?

Contre l’Allemagne, alliée de l’Union Soviétique, son Utopie d’autrefois. Deuxième déchirement ?

Ce choix de participer à la guerre était contraire aux positions des communistes qui considéraient à cette époque que cette guerre était celle des impérialistes et de la haute finance, et qu’il valait mieux mener la lutte des classes à l’intérieur du pays que servir de chair à canon à ses frontières. Troisième déchirement ?

L’écheveau des contradictions dans lesquelles les gens de gauche de cette période étaient empêtrés est exposé ici avec beaucoup de précision, beaucoup de finesse et beaucoup de respect. C’est tellement rare que cela mérite d’être salué.



Matès et Idesa Jablonka ont été arrêtés le 25 février 1943.

On sait que leurs deux enfants, présents au moment de l’arrestation, ont été sauvés par l’aplomb d’un voisin et grâce au dévouement de leurs parents qui acceptèrent de les abandonner pour les sauver ; que Matès et Idesa Jablonka ne se sont pas laissé arrêter sans réagir ; que leur arrestation n’entrait pas dans le cadre d’une rafle générale mais consistait en une opération de police ciblée ; et que toutes les personnes considérées comme juives se trouvant dans l’immeuble au moment de cette opération n’ont pas été arrêtées.

La police venait-elle arrêter Matès et Idesa qu’elle recherchait depuis longtemps et dont elle avait finalement repéré la planque ? Venait-elle arrêter quelqu’un d’autre de précis et a-t-elle reconnu et arrêté, aussi, Matès et Idesa qui se cachaient dans le même immeuble et qu’elle recherchait depuis longtemps ? Venait-elle arrêter tous les juifs de l’immeuble mais en a-t-elle été empêchée par la réaction violente de Matès et la tentative de fuite de Idesa ?

Plus personne n’est là pour le dire et aucun document n’a été encore trouvé qui permettrait d’apporter une réponse définitive à ces questions.

Si ces doutes et le faisceau d’hypothèse auxquelles ils donnent lieu sont parfaitement assumés et acceptés par l’historien YJ, on comprend qu’ils constituent une souffrance pour YJ, le petit-fils de Matès et Idesa.



L’inévitable question à propos de ce que l’on savait alors de l’extermination des juifs est posée. La réponse toute en nuances d’YJ est parfaitement documentée. Elle est empreinte de la grande intelligence, de l’immense sensibilité et du souci permanent de vouloir comprendre sans juger dont l’auteur ne se départit jamais dans ce livre.



Matès et Idesa Jablonka disparaissent à Auschwitz, sans qu’on sache précisément quand et dans quelles conditions.

Idesa a-t-elle péri dans une chambre à gaz peu après son arrivée au camp ?

Matès a-t-il été affecté à un Sonderkommando, puis exécuté comme c’était la règle ? A-t-il participé à la révolte des Sonderkommando ? En a-t-il été un des organisateurs ?

Toutes les hypothèses sont documentées avec soin.

Les activités et conditions de vie des Sonderkommando, ces équipes chargées d’évacuer les cadavres des chambres à gaz et de les amener aux fours crématoires, sont décrites avec beaucoup de précisions, sans détour ni euphémismes.

Dans ce dernier chapitre l’historien exprime toute la douleur du petit-fils et le petit-fils proclame la vérité de l’historien.



Mais qu’on ne s’y trompe pas il n’y a jamais ici, ni à aucun moment dans ce livre, de pathos, ni de dédoublement de la personnalité. Nous ne sommes pas chez Docteur Jekill et Mr Hyde.

Le petit-fils et l’historien sont animés des mêmes sentiments, entraînés par la même énergie et avec ce livre poursuivent le même objectif : raconter l’histoire sans fin de Matès et Idesa Jablonka, sans occulter la peine, elle aussi infinie, de leur petit-fils, l’historien Yvan Jablonka.

A la fin du récit le lecteur se retrouve plus riche et de cette histoire et de cette douleur.

Commenter  J’apprécie          136
Laëtitia

sors de ce livre groggy, révoltée, abasourdie.

Livre magnifiquement écrit qui rend hommage à Laetitia et Jessica.

Certains parleraient de malchance ou bien de névrose de destinée. Quelle erreur !

Car la malchance n'existe pas, c'est juste sa "mémoire traumatique" qui l'accompagne depuis l'enfance, depuis peut être même in utero, qui la guide tout naturellement vers Meilhon. Elle est allée vers son destin comme une bête à l'abattoir.

Tout était écrit finalement.

Et que dire de Mr Patron (ça ne s'invente pas !) qui viole régulièrement Jessica alors qu'il a joué au père d'accueil éploré. Dégueu.

C'est la seconde partie du titre qui est intéressante : ou la fin des hommes. Car oui, cette inhumanité, cette folie, cette fulgurante violence de Meilhon l'a éloigné à jamais des Hommes.

Alors oui, j'avoue j'ai pleuré. J'ai pleuré sur ces vies massacrées, sur ce déterminisme atroce et abject qui vous tient quand on a trop souffert enfant. Aucune issue, à part la mort. Ou bien une mauvaise rencontre.. La double peine en somme...

Et que dire des chansons obsènes que chante Meilhon à tue tête au Palais de justice ?

Ce crime, comme le dit l'auteur, est un féminicide : Meilhon haïssait les femmes, il en a massacré une, lui refusant même une mort digne.

A lire absolument, mais attention aux âmes sensibles, car rien, et je dis bien rien ne vous sera épargné.

Même une fois refermé, ce livre me hante.

On ne sort pas de cette lectue indemne.

Merci Monsieur Jablonka. Merci pour Laetitia et pour Jessica.

Une pensée émue pour la mère de Laetitia, Madame Larcher, qui ne se relèvera jamais de tout ÇA.



Commenter  J’apprécie          131
Laëtitia

Ce livre qui collectionne les prix et a mis le milieu parisien en effervescence , «magnifique hommage », « tour de force littéraire », m'a déçue et mise en colère.



Sur le contenu du livre en lui-même, aucune qualité littéraire particulière : ce n'est ni plus ni moins qu'un épisode de « Faites entrer l'accusé », avec la description pointilleuse de l'enquête et au final du crime (point culminant malsain du livre, garant du page-turner), entrecoupée d'analyses sociologiques.

La nouveauté ici, qui se veut révolutionnaire, est moins de faire entrer l'accusé que de faire entrer la victime.



C'est en effet la vie de Laetitia qui est exposée dans les moindres détails, examinée sous toutes les coutures jusqu'à sa mort dont aucun détail sordide ne nous est épargné.



Dans l'absolu, ce renversement de perspective semblait une idée intéressante, se présentant comme compassionnelle. Mais après la lecture de ce livre, l'immense malaise que je ressens me laisse à penser que si l'on a toujours traité le fait divers en se concentrant sur le tueur c'est qu'il y avait une excellente raison pour ça : protéger la victime qui n'a rien demandé.



Premièrement, le ton de l'auteur « universitaire parisien », comme il se décrit, malgré tous ses efforts , fait sentir une nette supériorité de classe quand il décrit une province misérable, quart monde dont il voit les autochtones comme parlant un autre langage, sorte de voyage en terre inconnue pour lui. Les pauvres SMS de Laetitia truffés de fautes d'orthographe résonnent étrangement au milieu des envolées lyriques de l'auteur, écrites dans des hôtels florentins ou new yorkais.



Mais surtout, le livre aboutit à la conclusion très dérangeante pour moi selon laquelle Laetitia était sociologiquement prédestinée à ce destin. L'auteur écrit à la fin du livre, juste avant le récit atroce de son meurtre, ces mots : « Elle consent ». Elle consent à suivre le tueur.



Voilà donc le « magnifique hommage » rendu à laetitia et ce à quoi tendait tout le livre : « elle consent » ?! Et on décrit ce livre comme féministe ?



Non, Laetitia n'a pas consenti, à aucun moment. Elle s'est battue. Aucun des évènements de sa vie n'est à l'origine de son meurtre. Son seul tort est d'avoir croisé la route de Tony Meilhon.

Dire le contraire répartit les charges de la culpabilité (sur la société, sur la province, sur Laetitia elle-même) alors qu'il n'y a qu'un seul coupable, le tueur, et qu'un seul hasard : celui d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment.

Une jeune femme éduquée et choyée, parisienne (bref, l'excellence sociale selon l'auteur), mais qui comme Laetitia, aurait eu la conscience altérée parce qu'elle aurait bu un peu d'alcool ou été un peu triste, aurait elle aussi pu être piégée par Meilhon, ce manipulateur pervers, ce séducteur intelligent, tel qu'il est décrit par l'auteur.

Les descriptions de Meilhon sont d'ailleurs les seuls passages où j'ai été délivrée du malaise poisseux ressenti tout au long des autres chapitres.



Le tueur est et doit être le seul sujet d'analyse. Piétinons sa vie privée, mettons au jour sa noirceur. Nous en avons le droit en ce qui le concerne. Laissons les victimes en paix.



Malheureusement à l'issue de ce livre dont la structure tourne autour de ce qui ne va pas chez la victime, le tueur parait plus triomphant que jamais, chantant à tue tête dans la prison et salissant encore Laetitia par ses mots indécents, reproduits dans le livre.



Comme pour s'excuser, l'auteur en rajoute dans les descriptions exagérément flatteuses de Laetitia, l'enluminant, la sanctifiant. Mais même cela sonne faux et « je fais dans le littéraire ».



Se comparant avec Flaubert et sa Mme Bovary (modestie…), l'auteur dit qu' « il est Laetitia » Je ne suis pas Laetitia mais comme elle je suis une jeune femme de province, et avec ce livre j'ai l'étrange sensation qu'on m'a craché au visage.

Si j'étais assassinée, je n'aimerais pas que l'on expose ainsi mes malheurs et mes erreurs pour en conclure que quelque part j'aurais ‘consenti', et que l'on détaille mon agonie dans toute son atrocité.

Pour ensuite que le tout Paris s'extasie sur ce « merveilleux hommage » si « représentatif de la province ».



Question subsidiaire : aurait-on osé écrire un tel livre sur le meurtre d'une jeune fille de bonne famille parisienne ?







Commenter  J’apprécie          134
Laëtitia

En janvier 2011, Laetitia Perrais a été assassinée sauvagement puis dépecée par un multirécidiviste violent Tony Meilhon qui n'avouera jamais son crime et refusera de dire aux enquêteurs où il a caché le corps de la victime.

Superbe récit que ce Laetitia.

Yvan Jablonka alterne des chapitres consacrés à la courte vie de la jeune fille assassinée à 18 ans et ceux consacrés à l'enquête, aux procès et à l'emballement médiatique qui a entouré cette affaire.

Bien que très loin de l'univers pauvre aussi bien matériellement qu'intellectuellement où a grandi Laetita (l'auteur est historien, parisien, cultivé, issu de la bourgeoisie), le portrait d'Y.Jablonka est empreint de délicatesse et de bienveillance.

Il ne porte pas de jugement de valeur mais au contraire montre beaucoup d'empathie à l'égard de son héroïne et de sa soeur jumelle Jessica.

Laetita aura toute sa vie été victime des hommes : un père biologique violent et défaillant, un père d'accueil qui profitait de ses fonctions pour abuser sexuellement des jeunes filles confiées par les services sociaux, son meurtrier et pour finir un président de la République qui profitera de ce fait divers atroce pour de bas intérêts électoralistes.

Le récit est vraiment bouleversant, mais il est également extrêmement pédagogique : comment fonctionnent les services sociaux, une procédure d'assistance éducative devant le Juge des Enfants, un suivi par le SPIP, comment se déroulent une enquête criminelle ou un procès d'assises. Tout est pertinent (je peux en témoigner ayant quelques connaissance en la matière). C'est aussi un bel hommage aux juges d'instruction, aux enquêteurs et aux avocats, à tous ceux qui tant bien que mal, malgré les coupes budgétaires, essayent de faire correctement et dignement leur travail.

A contrario, la récupération politique qu'a tenté de faire Nicolas Sarkozy apparaît bien misérable.

Les portraits du meurtrier et du père d'accueil, Monsieur PATRON, sont terribles et sans appel.

C'est un bel hommage aux femmes meurtries par la domination et la violence de certains hommes.

Je dois avouer que quelques larmes m'ont échappé en finissant le livre.

Vraiment magnifique.

Commenter  J’apprécie          133
Goldman

Lorsque’Ivan Jablonka écrit un livre, il propose au lecteur un regard multiple.

Ainsi « Goldman » qui présente en couverture le visage en gros plan du chanteur, se démarque t-il des apparences, pour converger entre l’histoire, la sociologie et la politique, un itinéraire passionnant dans lequel l’auteur propose une radioscopie de la France contemporaine, en questionnant sur une période de plus de trente ans, ce que furent un chanteur et ses chansons, ce qu’ils peuvent dire de leur époque.

La méthode de l’auteur est bien celle d’un historien qui se confronte aux sources, avec un matériel impressionnant issu de la presse écrite ou audiovisuelle. L’analyse de ces sources lui permet d’élaborer des outils de lecture, autant de tableaux qui tentent de quantifier et de qualifier l’itinéraire du chanteur et le contexte socio culturel de son époque : analyse du contenu de l’oeuvre chantée comme la figure de la p 252 sur la place de l’exil dans ses chansons, tableau sur ses influences musicales mais aussi tableau exhaustif sur les reproches adressées au chanteur, qui accompagne la réflexion de l’auteur sur l’analyse de ce que recouvre le mépris médiatique dont Goldman a été victime alors que sa popularité semblait sans égale.

La carrière de Goldman est passée au crible sur trois grands volets, la décennie 70, celle des débuts difficiles, les années 80 ensuite, décennie du succès, l’effacement ensuite à partir des années 90. Jablonka nous propose un éclairage très exhaustif de la genèse et des influences qui ont permis au chanteur de devenir ce qu’il fut. Plus encore, et c’est là la richesse du livre, il propose un éclairage de ce que fut l’homme, dans ses racines et ses valeurs, la famille de Goldman occupe une place centrale, et l’on comprend que dans l’effacement qui prend forme peu à peu, c’est l’homme et ses valeurs qui l’emportent sur le chanteur. Goldman s’inscrit ainsi profondément dans son temps, avec une humanité touchante, un respect profond de l’altérité, un goût très fort pour plus d ‘égalité sociale. Goldman et Jablonka se ressemblent. Le choix de l’auteur de faire ce livre n’est pas un hasard, tant et si bien que parfois, le lecteur sent dans la lettre du livre s’effacer l’historien au profit du citoyen, de l’homme de son temps, attaché comme Goldman aux valeurs d’une gauche social démocrate qui semble aujourd’hui avoir vécu.

Un excellent livre.
Commenter  J’apprécie          121
Laëtitia

Un livre extrêmement documenté et riche, intelligent et dense, presque trop, il faut prendre son temps pour tout digérer. On sent que son auteur est universitaire et qu'il est très touché par le sujet, pas seulement la petite histoire mais aussi tout ce qu'elle révèle de notre société, de ses failles.
Commenter  J’apprécie          120
Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

Ayant arrêté mes études il y a fort fort longtemps, il y a également fort fort longtemps que je n'avais plus lu de texte didactique. J'ai donc retroussé mes manches, sorti mon bloc de post-it et je suis partie à l'assaut (des pavés) de cet essai très documenté de l'historien Ivan Jablonka.

Les deux premières parties qui rappellent l'histoire et les bases du patriarcat m'ont intéressée tout en me paraissant parfois indigestes du fait de trop d'informations. La partie consacrée aux failles du masculin m'a beaucoup plus accrochée et j'ai lu quasiment d'une traite la dernière partie consacrée à la justice de genre.



En tant que femme et mère de deux filles, j'ai bien entendu été interpelée par nombre de sujets : l'image de la femme donnée par le cinéma hollywoodien, le partage des tâches dans le foyer, l'évolution de la carrière des femmes au moment du premier enfant, la charge mentale... Et j'ai cherché comment mettre en place ce qui pouvait l'être et renforcer ce qui l'était déjà.

J'ai réalisé que j'étais aidée dans cette démarche par un homme qui n'a pas peur des tâches ménagères et qui emmène ses filles voir des matchs de foot ET faire du shopping.



Ivan Jablonka combat les idées du monde traditionnel et cherche à pousser l'homme à s'interroger sur sa masculinité. Le projet de société qu'il défend, la "justice de genre" signifie l'égalité des chances. C'est certes une utopie mais comme le dit l'auteur lui-même, "les utopies d'hier sont les réalités d'aujourd'hui". J'ai trouvé que cette lecture apportait une réflexion nécessaire et si l'homme juste est pour l'heure une utopie, Ivan Jablonka n'est pourtant pas loin d'en être un.
Commenter  J’apprécie          120
Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

C’est un essai très intéressant, facile d’accès qui retrace l’origine du patriarcat et s’interroge sur les nouvelles masculinités.



Comment les femmes ont-elles été cantonnées aux rôles de mères, de femmes d’intérieurs veillant au confort de leur famille ?



Après une première partie plus historique sur l’instauration du patriarcat, Ivan Jablonka retrace les grands jalons du combat féministe.



Il propose aussi toute une réflexion sur ce que nos sociétés attendent « d’un homme » démontrant que ces normes dépassées conduisent notamment à exclure les femmes mais également les hommes minoritaires.



Cet essai rappelle – si besoin en était – que le féminisme n’est pas juste le combat des femmes. Il est au bénéfice de tous.



Réfléchir à un masculin qui n’opprime pas, qui n’a pas besoin de se définir exclusivement en matière de virilité, de pouvoir est une nécessité.



Voila un essai qui se lit, se pose, se reprend en main, qui s’annote et donne de nouvelles pistes de réflexions et de lectures !
Commenter  J’apprécie          120
En camping-car

Je déteste les camping-cars, ils se trouvent toujours devant moi sur une route de Lozère ou d'ailleurs et roulent à 30 à l'heure dans le meilleur des cas quand ce n'est pas 10 quand Christian a vu un beau paysage et qu'il veut que Françoise en profite aussi... Donc, à priori, le titre de cet ouvrage n'était pas pour moi... Et pourtant...

Ivan Jablonka évoque ses vacances avec ses parents et des amis à eux durant les années 80. Embarqués dans des combis Volkswagen, ils ont sillonné divers pays méditerranéens, alliant culture et liberté.

Ce qui peut apparaître comme juste un récit de souvenirs d'enfance dans un milieu relativement privilégié ( mère prof d'histoire, père ingénieur ), ce qu'il est bien sûr, devient en fait sous la plume de l'auteur une introspection intime sur ses rapports avec son père mais aussi une étude autant sociologique qu'historique sur les vacances en général et cette décennie, la dernière, qui permettait encore de vivre un semblant de liberté lorsque l'été fut venu.

Dans un langage simple et direct, Ivan Jablonka nous ouvre autant les portes coulissantes du combi que celles de sa mémoire, un intime, qui au fur et à mesure des pages, va tendre vers l'universel. Le lecteur gambade avec lui sur les rochers ou dans la mer mais regarde et essaie aussi de comprendre ce père qui veut à tout prix que ses enfants soient heureux. Abordant un récit de l'intime par le biais des vacances et d'un moyen de transport qui à l'époque signifiait "liberté", pas loin dans le regard, par cette descente au plus profond de lui-même d'une Annie Ernaux, " En camping-car " devient une lettre d'amour à son père, un hymne nostalgique à une époque révolue, la parfaite photographie d'un type de vacances à jamais perdu.

On oscille constamment entre le prosaïque et l'analyse, entre la mer, le vent, la route et la précision sociologique. Ivan Jablonka caresse la partie intelligente du lecteur, lui donnant autant à comprendre qu'à réfléchir mais il ne laisse pas de côté la partie sensible, qui vibrera indubitablement devant les paragraphes consacrés à cet amour paternel. ( " J'ai eu l'enfance que mon père a voulue pour moi, ..., j'ai été heureux à travers le bonheur qu'il m'organisait, si bien qu'à la fin je ne sais plus qui, de nous deux, a vécu mon enfance. " )

Ni roman, ni réelle autobiographie, "En camping-car" gambade sereinement dans les terrains joyeux de l'enfance et des vacances inorganisées. Il sent bon la liberté, l'intelligence et la tendresse, trois valeurs essentielles dans lesquelles on plongera avec autant de plaisir que dans une mer bleu-électrique chauffée par le soleil
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          120
Laëtitia

Dans ce roman-essai très engagé et féministe, Ivan Jablonka décortique méticuleusement un sordide fait divers à l’aide d’outils venant des différentes sciences humaines et sociales. J’ai beaucoup aimé, c’est assez réussi et intéressant.



Le point de départ est l’affaire « Laëtitia Perrais » : en 2011, une gamine de 18 ans est enlevée, tuée et démembrée dans la région de Nantes par un homme bien connu de la justice. Cette affaire occupe la « une » des journaux sur une longue période, amplifiée par les déclarations agressives du président Sarkozy à l’égard des magistrats. Bref, un fait divers devenu une affaire d’Etat, avec plusieurs retournements de situation.



L’auteur se concentre sur Laëtitia et non pas sur son agresseur, c’est déjà un point de vue intéressant qui m’a bien plu. Le livre alterne des passages sur sa courte vie, avec le déroulé de l’enquête et des chapitres d’analyse et de théorisation. Tout cela dans une narration bien construite, avec un bon rythme.



Bien que les parties sur l’enquête peuvent être prenantes, c’est surtout les parties réflexives qui m’ont intéressé. L’objectif est de partir du fait divers pour dégager des structures sociales et une meilleure compréhension de notre société. De nombreux champs y sont investigués, par exemple les rapports de genre, la communication sociale et politique, les rapports familiaux, les émotions collectives, la justice, le rôle de l’Etat ou les inégalités. J’ai également beaucoup aimé les passages donnant une perspective historique, notamment sur le statut des enfants et leur protection.
Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
Commenter  J’apprécie          120
En camping-car

Je n'ai pas compris l'intérêt.

Alors certes les souvenirs de vacances de l'auteur sont fort sympathiques, mais cela mérite-t'il un livre ?

Les analyses sociologiques de fin de livre sont un peu vite traitées, et ne sont certainement pas assez développer pour que j'en profite : j'ai eu l'impression de conclusion sorties du chapeau.

Mais les analyses pseudo psychologiques m'ont laissées de marbre : "nous avons passé nos vacances en camping car parce que nous sommes juifs et que mes grands paternels ont été exterminés dans les camps de concentration". Certes ce n'est pas dit comme ça, mais c'est ce que j'ai retenue du propos. Et je dois avouer que la relation entre les deux évènements me dépasse un peu.

C'était une lecture proposé par mon club de lecture, je n'aurais jamais ouvert ce livre sans cela.
Commenter  J’apprécie          110
Goldman

Je remercie la FNAC et les éditions du Seuil pour m'avoir permis de lire cette "biographie" concernant Jean-Jacques Goldman et écrite par Ivan Javlonka.



Qui ne connaît pas ce célèbre chanteur qui a disparu peu à peu des radars de la médiatisation ?

On apprend son enfance, son adolescence, ses premiers pas dans un groupe de musique où il joue de la guitare.

On évoque sa famille, le travail des parents, et surtout, on découvre un enfant plutôt tranquille, à l'avenir qui semblait tout tracé.



J'ai bien aimé en apprendre un peu plus sur le chanteur, l'homme. Par contre, parfois, je me suis ennuyée à cause des longueurs et des chiffres évoqués pour montrer son évolution au sein des classements.



Si vous êtes des fans de Jean-Jacques Goldman, je vous laisse apprécier.
Commenter  J’apprécie          110
Un garçon comme vous et moi

Le sujet du livre m'a intrigué, j'ai pensé que c'était un livre LGBT.



J'ai apprécie le style de l'auteur, il a entrepris un effort de simplicité, il y parvient presque toujours.



Le sujet est intéressant : un hétérosexuel marié et père de famille s'interroge sur la masculinité. L'auteur se choisit comme sujet d'étude et relate son enfance et adolescence.





Malheureusement, je n'ai pas été convaincu par la modestie affichée çà et là par l'auteur. C'est une autobiographie, nous pouvons donc nous en prendre à l'auteur qui s'expose.



Si vous aimez les récits bourgeois, les problèmes de ceux qui n'ont pas eu à travailler dans une usine l'été pour se payer leurs études, alors ce livre est fait pour vous.



J'ai eu l'impression que l'auteur cherche à prendre sa revanche sur la vie, lui qui était un éternel second. Il est devenu le premier, par sa culture et son talent, il a survécu, contrairement à certains de ses proches. Pardonnez-moi cette analyse psychologique, mais je ne pense pas me tromper.



Un livre intéressant, pédant et bien construit.


Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ivan Jablonka (2256)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui suis-je ? Les auteurs en B

Grand réaliste, j'ai écris Le père Goriot et Eugénie Grandet. Qui suis-je ?

Beckett
Beaumarchais
Balzac
Bossuet

7 questions
3 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}