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Critiques de Ivan Jablonka (464)
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En camping-car

J’aime bien Ivan Jablonka. Déjà il a mon âge (si si, ça compte !), et puis un homme qui se questionne sur sa masculinité et la place qu’elle lui apporte dans notre société, ça me parle aussi.

Cette fois-ci Ivan nous plonge dans ses souvenirs personnels avec « En camping-car », sorti en 2018. Il nous raconte ses vacances magiques passées avec ses parents, sa frangine et des amis aux quatre coins de l’Europe, dans ce fameux combi Wolfwagen si emblématique. Il nous décrit ainsi chacun de ces voyages et les souvenirs qu’il en a gardés, en les mettant ensuite en parallèle avec sa vie actuelle et son analyse de petit-fils de déportés. C’est en fait un élément capital dans sa construction d’adulte, qui a même influencé les vacances dont il a bénéficié et forcément la personne qu’il est devenu.

J’ai beaucoup aimé, déjà parce que c’est autobiographique, et puis aussi parce que ce livre m’a fait voyager, tout en me faisant réfléchir : cette époque je l’ai moi aussi vécue au même âge, je peux donc confronter son ressenti avec le mien. Bref, très chouette.
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En camping-car

Un livre vite lu dans lequel l'auteur YVAN JABLONKA

nous raconte ses vacances dans les années 80 en combi VW avec ses parents à qui il rend un hommage très émouvant sur la quête du bonheur et de la liberté.

Un récit intelligent qui exalte le simple souvenir de vacances en philosophie de vie.
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Laëtitia

Quelle émotion ! Non Lætitia, tu ne seras pas morte pour rien. Ivan Jablonka déroule les faits, l’enquête criminelle, mais surtout nous raconte la vie de Lætitia et Jessica, les 2 jumelles meurtries par la vie. Il cherche à comprendre ce qui a pu amener Lætitia à tomber dans le piège. Mais était ce un piège ? Son criminel n'était pas à proprement parler un criminel sexuel. Ils ont de nombreuses similitudes dans leurs parcours de vie. Jusqu'au dérapage horrible et monstrueux. Ivan Jablonka resitue cette histoire dans le contexte politique et social de l'époque. Ne fait pas du sensationnalisme mais décrit tout avec minutie.

Il essaie de comprendre et de nous expliquer comment une société moderne pour laisser ses enfants perdus en errance entre les foyers, les familles d'accueil, les psychologues, les éducateurs spécialisés... Ils font tous de leur mieux individuellement mais il y a forcément des carences collectives.

J'ai été très touchée par la relation qui semble se tisser entre l'auteur "l'écrivain" comme elle l'appelle, et Jessica, la jumelle survivante qui tente de se reconstruire tant bien que mal. Il écrit avec extrêmement de pudeur, sans la trahir.

Ce livre est un témoignage choc, mais attention, il faut tout de même avoir le coeur bien accroché pour entrer au coeur de cette histoire.
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Histoire des grands-parents que je n'ai pas..

« Ceux qu'on pousse dans la chambre à gaz c'est moi et ma famille, bien sûr, mais c'est aussi vous, avec vos enfants, vous avec votre mère, votre frère, vos petits-enfants »

Ces propos figurent au terme de la recherche que nous livre Ivan Jablonka dans ce récit.

Ils résument parfaitement la posture qu'il a réussi à me faire prendre et chaque lecteur du livre est à même de partager ce constat. Dans la veine du récit de Daniel Mendelsohn « Les disparus » Ivan Jablonka nous invite à une recherche dans le temps mais l'originalité de sa démarche est bien réelle. En historien, au-delà des témoignages, Il propose en effet une confrontation aux sources disponibles, la réalité qu'il restitue résonne très fortement dans notre présent citoyen et interpelle notre responsabilité politique face à toutes les atteintes aux droits inaliénables de la personne humaine, à l'heure des inégalités sociales face au Covid, des morts en méditerranée, du black lives mater, il y a beaucoup à prendre dans ses lignes. Ivan Jablonka interroge la courte vie de ses grands parents paternels qu'il n'a d'autant pas connu que son propre père lui-même n'en a pas le souvenir, sinon quelques rares images qui ont accompagné les interrogations de toute une vie.

Matès et Idesa sont arrêtés au petit matin, le 25 février 1943 par une équipe de la police municipale du 20ème arrondissement qui investit le 17 passage d'Eupatoria dans le quartier de Ménilmontant. Je lis les lignes de Jablonka qui fait revivre le quartier à travers ceux qui l'ont habité dans ces années de traque et de peur et je revois en fond d'image, les photos que Willy Ronis a prises au début des années cinquante, rien n'avait encore changé et mes propres souvenirs d'enfance dans cette rue des Maronites toute proche, habitent ma lecture. Nous sommes près de la fin de l'histoire, nous suivrons Matès et Idesa au terme du voyage qui mènera le convoi n°49 de Drancy à Auschwitz. Pour eux un retour improbable aux origines. Ils deviendront cendres dans cette Pologne qu'ils ont quitté en 1937, pour fuir la répression politique et les agressions antisémites. C'est dans le shtetl de Parczew que Ivan Jablonka démarre sa recherche, le village pourrait avoir les couleurs de Chagall mais la vie y est difficile. Il y fait revivre la famille Jablonka avec la belle figure de Shloymè Jablonka, celle de Tauba, celle des frères et soeurs, des cousins et des cousines. Toute une société vivante, mais qui pourtant vacille, la crise économique pèse sur les métiers traditionnels, les rêves d'un ailleurs fleurissent et les aspirations révolutionnaires mobilisent les jeunes. C'est pourtant la prison qui borne la route et l'émigration devient vite la seule issue, Argentine, Europe de l'ouest, presque par hasard, Matès et Idesa se retrouvent en France. Ils n'y trouvent pas l'Éden promis, déjà, le front populaire a vécu et Vichy se profile avant Vichy dans la loi du 02 mai 1938 qui définit le profil de « l'étranger indésirable », Matès renoue avec la prison. A sa sortie, la guerre n'est plus très loin, la vie est toujours un combat, il rejoint la légion étrangère avec l'idée de faire le bon choix pour gagner le droit de vivre en France avec sa famille. le voilà engagé volontaire pour la durée de la guerre, la lutte contre le nazisme devient sa priorité, aucun mérite ne lui sera reconnu d'avoir choisi ce combat et d'y avoir bravé le feu.

Les pages consacrées aux combats dans lesquels sont engagés les hommes du 23ème Régiment de marche des volontaires étrangers sont à la hauteur de l'engagement de ces hommes et du mépris dont ils ont été payés. Après la défaite, le retour à la vie pour Matès est un cheminement inexorable vers l'extermination. Pour Matès et Idesa, la France des droits de l'homme, aura d'abord été celle des antidreyfusards toujours debout, celle de la haine et de l'obscurantisme, c'est elle qui les arrête, qui les envoie à Auschwitz via Drancy, c'est elle qui verrouille les wagons.


Lien : https://weblirelavie.com
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En camping-car

De retour dans la sphère de l’égo-histoire, Ivan Jablonka prend prétexte de ses étés d’enfant pour raconter ses échappées lumineuses sur le pourtour méditerranéen en compagnie de ses parents, son frère et quelques amis. A bord d’un combi Volkwagen bringuebalant mais hyper résistant, la famille Jablonka vit une parenthèse magique, marquée par la liberté et l’insouciance, gorgée de soleil, de tomates mûres et de bains de mer dans des criques secrètes.

Entre les souvenirs personnels et un travail de sociologue, Ivan Jablonka retrace une certaine histoire de la France des années 1980, tout en instillant de ci, de là, des réflexions plus générales sur l’aspiration à la mobilité comme un idéal de liberté ou le rôle symbolique et matérialiste des vacances. Les évocations personnelles peuvent résonner agréablement auprès de nombreuses personnes. Les analyses sociologiques pour superficielles qu’elles puissent parfois paraitre n’en sont pas moins pertinentes.

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Laëtitia

Laëtitia est un prénom d’origine latine qui signifie “joie”. La vie de Laëtitia Perrais aurait dû être empreinte de ce seul sentiment. Si seulement…



Laëtitia et sa sœur jumelle Jessica sont nées un 04 mai 1992. La première décèdera dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011.



La lecture de ce témoignage est effroyable. J’en ai repoussé la lecture à plusieurs reprises, par appréhension, par peur. Je ne me souvenais plus de cette affaire, c’est seulement quelques jours après la fin de ma lecture que j’ai osé taper le nom de Laetitia Perrais sur Internet. Et tout m’est revenu. Combien de fois avais-je vu ce visage, aux informations télévisées, dans les journaux ? Trop souvent. Mais manifestement pas assez.



Oui, j’avais peur d’entamer ce livre, de découvrir la violence, l’horreur, la terreur de ce qu’a vécu Laetitia. Il ne s’agit pas d’un roman, ce récit n’a pas été inventé de toute pièce, il s’agit d’un fait réel, d’un drame. Effroyable. Commis par un homme. C’est de cela que j’avais peur : de réaliser que l’humanité est capable du pire.



Laetitia, ou la fin des hommes.



On ne sort clairement pas indemne d’une telle lecture. Ivan Jablonka a réalisé un travail herculéen et minutieux de recherches, d’investigation et d’enquêtes. Comme il l’explique, il ne faut pas aborder la mort de Laëtitia du point de vue du fait divers ; les contextes familial, social, économique et politique sont autant de facteurs à prendre en compte. Le hasard aussi, le destin, cet enchevêtrement d’évènements sont aussi responsables du destin tragique de l’adolescente.



Jablonka est pour moi un orfèvre, dont l’hommage à Laëtitia et à sa sœur Jessica représente ce que l’humanité fait de meilleur. Laëtitia n’est pas et ne doit surtout jamais n’être qu’un fait divers, une « affaire » ; Laëtitia, c’est une jeune fille formidable, au courage incomparable, ayant défié les épreuves pendant toute sa vie, s’efforçant de s’en sortir. Son tragique destin est bouleversant, traumatisant, presque inconcevable. Comment est-ce possible ? Pourquoi ? L’incompréhension fait place à la rage, à la colère, à l’ire. Je suis bouche bée. Je ne comprends pas. Il n’y a peut-être rien à comprendre, mais Ivan Jablonka explique. D’une voix bienveillante, il rend sa vie volée à Laëtitia.



« Bébé maltraité, gamine oubliée, fillette placée, adolescente timide, jeune fille sur le chemin de l’autonomie, Laëtitia Perrais n’a pas vécu pour devenir une péripétie dans la vie de son meurtrier, ni un discours à l’ère Sarkozy. Je rêve Laëtitia comme si elle était absente, retirée dans un lieu qui lui plaît, à l’abri des regards. Je ne fantasme pas la résurrection des morts ; j’essaie d’enregistrer, à la surface de l’eau, les cercles éphémères qu’ont laissés les êtres en coulant à pic. »

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Laëtitia

Ce livre est bouleversant. C'est un peu la chronique d'une mort annoncée bien que l'auteur souhaite rendre hommage à Laetitia dans son portrait.

Hélas, il nous démontre combien ce n'était pas un hasard, si Laetitia est devenue une proie. La proie d'un homme, ce mardi 18 janvier 2011. Comprendre comment un fait divers en tant qu'objet d'histoire, c'est se tourner vers la Société, la famille, l'enfant, la condition de la femme, les formes de violences, les médias, la justice, la politique ..... faute de quoi le fait divers reste un arrêt du destin. L'auteur prend soin de redonner vie à cette jeune fille qu'est Laetitia, sauvagement assassinée.

Ni une victime, ni un fait divers, c'est plutôt l'histoire d'une frêle jeune fille qui tente d'avancer dans la vie en dépit de tout et de tous (parents, père d'accueil) jusqu'à ce qu'elle croise la route de Tony Meilhon.

C'est un fait réel et médiatisé. Ce livre apporte des informations supplémentaires par rapport au médias pour diverses raisons : le temps d'enquêter, d'interviewer et d'écrire.



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En camping-car

J’ai littéralement embarqué dans le camping-car de l’auteur qui relate avec émotion ses vacances en famille au travers de différents pays. Au-delà de l’enquête sociologique sur le camping, on voyage avec l’enfant qu’il a été et de sa famille. Ce livre est un joli prétexte à raconter son enfance, ses relations avec ses parents et à sa famille. J’ai été touchée et j’ai revécu certains souvenirs de ma propre enfance.
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Laëtitia

Jablonka Ivan – "Laetitia ou la fin des hommes" – Seuil, 2016 (ISBN 978-2-02-129120-9)



Cet ouvrage mélange au moins cinq registres différents, ce qui n'est pas sans poser de nombreuses questions sur sa pertinence scientifique, alors que l'auteur se présente comme un historien universitaire, avec rang de "professeur" à l'Université Paris XIII (dont le siège se trouve en Seine-Saint-Denis, à Villetaneuse).



Un premier registre consiste à exposer l'affaire Laëtitia Perrais, cette jeune femme assassinée puis démembrée dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011 par Tony Meilhon, un marginal "bien connu des services de police et de justice" (selon la formule consacrée). L'auteur se livre à une reconstitution aussi minutieuse que possible, après avoir rencontré la plupart des protagonistes du côté de la victime : il est ici dans une démarche proche de celle d'un auteur comme Morgan Sportès avec ses récits "L'appât" ou "Tout, tout de suite". Relevons par exemple une description bien venue (pp. 144-145) de cette France périurbaine éloignée de tout, "espaces anonymes, mal connus, peu représentés, dont on ne parle jamais", ou (pp. 154-157) de cette zone littorale offrant des possibilités de modeste ascension sociale dans ses espaces urbanisés (Nantes) ou spécialisés dans les loisirs de masse (stations balnéaires), n'excluant nullement (certains pensent même que ces zones en vivent) des zones d'extrême misère et de déclassement social où survivent justement des gens comme Laëtitia, ses parents et son agresseur.



Un deuxième registre vient interférer, dans une tonalité nettement partisane : l'auteur tient à présenter son point de vue sur les interventions dans cette affaire (dès son discours du 25 janvier tenu à Saint-Nazaire), du Chef de l'Etat de l'époque, Nicolas Sarkozy. Ce dernier est bien connu pour ses outrances et son style constamment provocateur (cf pp. 119, 137), ce dont un historien devrait s'affranchir, alors que l'auteur produit ici un dossier à sens unique, mené uniquement à charge : pas un mot sur le harcèlement poursuivi avec acharnement par les magistrats contre ce Président dès 2006 (menant tous à des non-lieu), pas un mot par exemple sur le "mur des cons" découvert en avril 2013 dans la grande salle du Syndicat de la magistrature (illustrant crûment les limites de la mythique indépendance des juges – rappelons que ce syndicat est celui du juge Henri Pascal, qui s'illustra dans l'affaire de Bruay-en-Artois), une simple allusion critique des mesures prises sous Sarkozy comme les peines plancher (cf p. 118 – loi déplaisant aux magistrats qui s'imaginent qu'elle porte atteinte à leur pouvoir décisionnel discrétionnaire). Quant à l'idée – qui émerge justement lors de cette affaire Laëtitia – de demander des comptes à l'appareil judiciaire, elle ne peut que paraître fort saine à tout un chacun ; d'une part du fait que toute profession (y compris la justice) doit impérativement faire l'objet de contrôles extérieurs – à plus forte raison lorsqu'il s'agit de l'emploi de l'argent du contribuable –, d'autre part parce que l'appareil judiciaire français a causé de telles catastrophes (depuis l'affaire de Bruay-en-Artois, jusqu'à celle d'Outreau et – précisément – cette affaire Meilhon !) qu'exiger quelques sanctions ne ferait que rejoindre ce qui survient dans n'importe quelle autre profession lorsqu'un cadre commet une erreur. On ne peut hélas guère s'étonner que l'auteur entonne l'air bien connu de l'indignation vertueuse face à toute tentative d'instaurer un tel contrôle extérieur (pp. 173-174 puis 194-199, apothéose lyrique p. 264), puisqu'il appartient lui-même à l'une de ces corporations (les professeurs d'université) qui ne rend compte de son utilité qu'à ses pairs, comme tous ces "ordres" caractéristiques du système de castes franchouillard (ordres des médecins, des architectes, des pharmaciens, des avocats, et tutti quanti, jusqu'au conseil supérieur de la magistrature) qui ne servent qu'à protéger leurs membres – chacun protégeant l'autre dans la crainte de se voir un jour lui-même sur la sellette.

Notons par ailleurs que l'auteur lui-même trahit ce camp qu'il souhaite défendre, en montrant par exemple – en toute naïveté, sans la moindre gêne – combien la consommation de drogues est connue et tolérée dans notre pays : il nous transporte sans hésitation dans les bars, tripots et boîtes de nuit notoirement connus, fréquentés par Meilhon, jamais inquiétés par cette si bonne magistrature qui relâche l'après-midi même les délinquants que la police met des mois à traquer.



Le troisième registre consiste à mettre en lumière le rôle déplorable des médias et tout particulièrement des journalistes, dès le soir de l'arrestation du meurtrier (p. 82) ; le quatorzième chapitre leur est entièrement consacré (pp. 89-97), il est même fait mention de leur posture de "vautour" (p. 89). Là encore, rien n'a changé depuis l'affaire de Bruay-en-Artois, bien au contraire, l'avènement d'Internet et des "réseaux sociaux" (quelle appellation pour ce réseau d'égouts !) permet les pires dérives et manipulations. Une fois n'est vraiment pas coutume, l'auteur pense même à dénoncer avec une certaine virulence (pp. 94-95) tous ces intermédiaires qui – en toute impunité depuis des décennies – organisent délibérément les "fuites" orientées alimentant justement ces vautours (p. 296), lesquels disposent de moyens colossaux pour entraver la bonne marche d'une enquête (pp. 164-165), encore une fois sans que les pouvoirs publics ne s'y opposent efficacement depuis des décennies.

Mais cette noble indignation cède devant la toute jolie complicité qui s'instaure entre l'auteur et la cheftaine locale de l'AFP (Alexandra Turcat, qui nous est présentée dès la page 94). Cet entre-soi s'étend vite à l'avocate Cécile de Oliveira (mise en scène dès la page 11, promue au rang d'amie dès la p. 31, avec un délicieux tutoiement en page 358, décidément on nage dans le bonheur). Pour culminer dans un entre-soi de caste confinant à l'imbécillité béate sous couvert de féminisme (p. 334), englobant ensuite Edwy Plenel promu au rang de "grand journaliste" (p. 346).

Ces professions d'avocat et de journaliste sont même finalement jugées dignes d'une presqu'égalité avec le mythique "chercheur" (pp. 93 puis 346) : quand on connaît et fréquente ce milieu des "chercheuses et chercheurs", on mesure l'ampleur de cette promotion dans l'Olympe !



Le quatrième registre renvoie au sous-titre, "la fin des hommes" : l'auteur distille (dès la p. 29) la doxa de la "perpétuelle violence faite aux femmes", très à la mode dans une certaine intelligentsia. Si de tels outrances verbales correspondaient à la réalité, la population française féminine se réduirait dramatiquement de jour en jour, ne comptant d'ailleurs plus que des estropiées et mutilées en attente d'être zigouillées au prochain coin de rue.

Ces mêmes vertueux féministes observèrent le désormais célèbre "silence assourdissant" lorsqu'un petit juge ne trouva absolument rien à redire aux agissements du tandem Straus-Kahn / Dodo-la Saumure – et ses collègues viennent de renoncer à toute poursuite contre Denis Baupin. Ce d'autant plus que l'auteur se borne à quelques énoncés relevant du postulat idéologique, parsemés ça et là sans fournir la moindre argumentation, tout en reconnaissant tout de même que – dans cette affaire Laëtitia, les enquêteurs mâles ne ménagèrent point leur peine, c'est le moins que l'on puisse admettre. L'auteur nous fait même le coup de l'incontournable"femme libre" (p. 320).

Mais bon, l'auteur et l'éditeur tiennent à nous vendre cette soupe pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons ; de toute façon, ce thème n'est qu'effleuré, sa mise en avant par l'éditeur relève plus de la flagornerie que d'un réel centre d'intérêt de l'ouvrage.



Cinquième registre enfin, celui par lequel l'auteur se met lui-même en vedette, et ce, dès le tout début de son ouvrage, dès le début du tout premier chapitre (cf. p. 11) d'une façon plutôt écœurante consistant à étaler son titre de "professeur à l'université Paris 13" puis ses propres "mérites" qui sont en fait ceux de ses grands-parents. Passe encore, on se dit que c'est assez maladroit.

Mais par la suite, il prend soin – et à plusieurs reprises – de bien insister : d'une part il n'a rien de commun avec les gens composant cette couche sociale dont Laëtitia et sa soeur sont issues (p. 145), d'autre part il étale sa conscience d'appartenance à une caste privilégiée cultivant son entre-soi (p. 288), à tel point que cela finit par insupporter lorsqu'il écrit (p. 357) "j'ai écrit le chapitre 2 au restaurant Bleu Baker de College Station, Texas" après avoir reconnu quelques lignes plus haut à quel point il instrumentalise Laëtitia : sa pitié envers les pôvres gens confine à de la tartufferie.



Notre auteur le proclame dans une fabuleuse formulation : nous voilà dans une société "libérée de la lutte des classes" (p. 82) : depuis le temps que la gauche caviar cherche comment s'émanciper du marxisme originel, de son culte du prolétaire et de sa dialectique infernale, cette formule est magnifique ! A n'en point douter, elle fera date, puisqu'elle permet de remplacer le désormais vieux cliché des pauvres contre les riches par des couples d'opposition (moteur indispensable à une pensée de gauche) bien plus manipulables – les jeunes contre les vieux, les femmes contre les hommes, les bonnes "minorités visibles ouvertes sur le monde" contre les vilains petits blancs racistes ruraux sexistes etc etc.



La lecture de ce livre me fait penser aux ouvrages d'Elena Ferrante publiés sous le titre "l'amie prodigieuse", dont l'un des thèmes centraux consiste justement à montrer combien cette caste d'intellectuel(le)s sait se préserver de toute intrusion des gens pauvres tout en faisant semblant de les défendre : nous en avons ici un exemple quasiment archétypal.

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Laëtitia

Voici un livre éminent, simple et passionnant. Un livre qui n'est certes pas un roman, mais qui est construit comme tel. Un livre où tous les faits sont avérés bien qu'ils semblent issus de l'imagination morbide d'un maître du roman noir. Un livre dont les personnages principaux représentent avec une grande exactitude notre beau pays, la France.

Ivan Jablonka dresse un tableau complet, érudit, précis et éclairé sur l'immonde meurtre de Laetitia Perrais par Tony Meilhon en 2011. Il mène une enquête implacable, à la manière des policiers et magistrats qui ont traité cette affaire, sur tous les aspects de ce fait divers. Il montre comment ces évènements sont symptomatiques du fonctionnement de notre société envers les personnes en difficulté sociale. En plus, il témoigne de ses émotions et interrogations de chercheur. C'est tout simplement inouï, tout ce qu'on apprend à la lecture de cette oeuvre. C'est écrit avec un sens aigu de la narration et une honnêteté envers ses témoins très touchante. Un grand livre.
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Histoire des grands-parents que je n'ai pas..

Historien passé du coté de la littérature pour raconter l'absence de ses grands-parents morts à Auschwitz, Ivan Jablonka produit ici à la fois un travail d'enquête et une réflexion très personnelle sur sa famille.

Ce livre m'a beaucoup fait penser au magnifique livre de Daniel Mendelsohn,"les disparus". L'auteur s'intéresse aux destins de personnes qui lui sont très chères mais qu'il n'a jamais connues, et qui sont parfaitement anonymes. C'est donc à la fois une oeuvre d'Histoire et une oeuvre très subjective, une fiction "hypothèse" et non une fiction "fable", selon les propos de I. Jablonka.
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Un garçon comme vous et moi

Petit roman qui se déguste comme une friandise ,un instant de plaisir , vite oublié .

Surfant sur l air du temps (me too,dénonciation du machisme,du harcèlement des femmes au quotidien etc -)

L auteur nous confie qu il n est pas un homme comme les Autres , qu il est tendre, sensible , qu il n aime pas le foot et que certains le soupçonnent d un manque de ‘virilité « 

D'où un récit où il est essentiellement question de lui même, un peu de sa famillle ..;souvenirs d enfance etc pas inintéressants mais déjà relatés dans un de ses autres romans



Se lit facilement ,bien écrit mais ne m a pas apporté grand chose !

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Laëtitia

La lecture de cet ouvrage est bouleversante, on n'en ressort pas indemne.

J'ai toujours été intéressée par les faits divers, comme beaucoup, il s'agit de curiosité morbide, de plaisir coupable. Ce livre nous donne une claque, comme pour nous dire qu'un fait divers, ce n'est pas seulement quelques lignes choquantes et tristes dans un journal, quelques minutes de reportage à la télévision ou un battage médiatique. Il y a derrière une souffrance atroce et une horreur sans nom, qui ne devraient pas être prises à la légère.



L'auteur rend ici un hommage poignant et puissant à Laëtitia Perrais, et à sa soeur Jessica. Jamais il ne tombe dans le voyeurisme ou le sensationnalisme. Il délivre une enquête extrêmement poussée, un compte rendu d'entretiens avec toutes les personnes impliquées, Jessica, son avocate, toutes les personnes qui ont suivie les soeurs Perrais depuis leur naissance à cette fin tragique de Laëtitia et qui on épaulé ensuite Jessica, sa conseillère, les inspecteurs de police, procureurs, etc...



Avec ce livre, il raconte l'histoire de Laëtitia et sa soeur, il retrace leur vie, leur famille, leur évolution et construction, il dévoile le déroulement des événements tragiques, les recherches, avec une vérité historique et authentique. C'est aussi un témoignage de la justice française à une époque, un portrait de la France et de son président de la République, une dénonciation de la misère sociale, éducative, affective dans laquelle vivent beaucoup d'enfants.



Quelle tristesse ! Laëtitia, 18 ans seulement mais 18 années de souffrance, de solitude, de errance. Comment est-ce possible ? Je me sens tellement chanceuse, alors que j'ai seulement deux ans de plus que Jessica, je suis de leur génération, et je suis tellement chanceuse d'avoir vécu une enfance douce et sécuritaire, dans une famille aimante et stable, encadrée, choyée. Cette histoire m'a d'autant plus touchée que j'ai aussi une soeur jumelle.



L'enchaînement implacable des événements, la gratuité de cette violence du tueur, qui ne mérite pas de nom, qui n'est qu'un monstre, la perversité des hommes et des systèmes, l'innocence de ces jeunes filles, la crudité choquante de la réalité présentée dans ces chapitres, le meurtre, l'état du cadavre, cela m'a tout simplement horrifiée, terrifiée, et j'ai eu envie de pleurer tant de fois à la lecture de certains passages !



Mais aussi tant de force ! Laëtitia était extrêmement forte et courageuse, tout comme sa soeur, une volonté de survivre et d'être heureuse qui aurait dû être exaucée. Ces deux jeunes filles méritaient le meilleur. J'espère que Jessica va bien, a pu se reconstruire, et mener une vie plus heureuse, même si marquée à tout jamais par la perte terrible de sa soeur.
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En camping-car

" Je propose une autre façon de parler de soi-même. Débusquer ce qui en nous, n'est pas à nous. Comprendre en quoi notre unicité est le produit d'un collectif, l'histoire et le social. Se penser soi-même comme les autres." (Poche, p47).

Ainsi Ivan Jablonka illustre-t-il les motivations profondes de son propos ; lorsqu'il nous propose de suivre les vacances de ses années d'enfance, au fil des routes, dans le combi-Volkswagen familial, c'est en historien, sociologue, anthropologue, qu’il nous invite. Néanmoins avec finesse, le regard tient aussi du sensible, du singulier, de ce qui constitue les racines de chaque vie, dans ce qu’elle porte du passé, et dans la manière dont elle en est consciente. Jablonka illustre dans son récit, son profond attachement à l’histoire de sa famille, ses grands-parents évoqués à plusieurs reprises, sont ici présents en ombres douces, à travers l’appétit de vie de son père et son injonction « Soyez heureux ! » lancée avec fureur à ses enfants qui s’ennuient à regarder le paysage par les carreaux du combi, en 1986, au Maroc. Pour ce père, empoigner la vie et la beauté, à portée de vue, à portée de mains, en rattrapage d’un autre temps, est une nécessité vitale, qui n’a de sens que dans le partage. Ivan Jablonka et son frère, auxquels le bonheur était transmis comme une injonction incantatoire, ont eu la chance au-delà de la contrainte, d’en découvrir les joies, les surprises, les richesses jusqu’à en être pétris et s’en constituer comme adultes. Dans les pages qu’il nous livre, il en est conscient et sait faire la part entre l’impatience de l’enfance, notée souvent au fil de son journal et la joie des découvertes infinies auxquelles ces vacances lui ont permis d’accéder. De la Sicile à la Grèce, de l’Italie à la Turquie, c’est toute une culture antique qui se met à sa portée, c’est la méditerranée de Braudel à hauteur d’enfant. Au fil des pages, l’apprentissage prend forme en douceur dans la joie des instants magiques de l’été, du bruit des vagues que l’on saute, aux odeurs de grillades, le soir au creux d’un spot dégotté aux jumelles. La conscience de ce bonheur est progressive pour l’auteur mais c’est bien un message de liberté qu’il en tire :

« Le camping-car a été pur sentiment d’exister, droit au bonheur ».

Avec le regard de l’enfant, l’historien livre aussi sa réflexion sur les années 80 et la civilisation des loisirs en plein essor avec les vrais débuts du tourisme de masse. Sociologue, il mesure également où se situe dans la vie sociale l’expérience familiale, l’ascenseur social a fonctionné, les parents Jablonka ont les moyens de leurs vacances et ils en ont choisi la forme en toute liberté.

Ces vacances sont un luxe paradoxal, entre simplicité du quotidien au contact avec la nature et volonté de s’affranchir de la rigidité des normes, de s’affirmer différents en privilégiant la richesse culturelle. Ivan Jablonka fait le constat de la chance qui fut la sienne à grandir au rythme de ces étés magiques, cette liberté qu’il a reçue en héritage, d’autres ont dû se battre pour la conquérir, il en convient.

Son livre propose un regard aussi tendre que lucide sur une décennie, vécue comme un carrefour entre l’histoire d’un homme et le temps qu’il traverse.

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En camping-car

Merci pour cette parenthèse heureuse à bord de votre Combi Volkswagen! Merci pour le récit de vacances ensoleillées au bord de la mer en Corse, en Sicile, en Grèce ou en Turquie, dans les yeux émerveillés d'un enfant, paysages que nous avons sillonnés mais où je saisis toute occasion de revoir.



Une injonction paternelle : "Sois heureux !" dans cette période bénie de l'enfance, dans l'insouciance des années 80 quand l'esprit hippie flotte encore (surtout en Californie), mai 68 est encore en mémoire. Cette injonction n'est pas gratuite, elle est sous-tendue par l'Histoire (l'auteur est historien) de son père orphelin de la Déportation, et Jablonka se définit lui-même comme un "enfant-Shoah". En filigrane, on devine l'errance des Juifs



"Notre Terre promise, c’est la carriole qui nous y mènera. Fidèles au camping-car qui était lui-même une fidélité au judaïsme, mes parents n’ont jamais eu de résidence secondaire."



Auprès de ses camarades de lycée, Ivan ne se vante pas de ses voyages et de ses vacances atypiques "vacances ridicules" écrit-il qui ne correspondait à rien de répertorié



"Cette manie ambulatoire était suspecte, elle inquiétait les conformistes de masse par son aspect excentrique ; elle paraissait grossière aux enfants de l'élite. nous bougions tout le temps, nous étions les SDF de l'été. Instables. Nomades nous avions des choses en commun avec les gens du voyage"



Sans doute je suis prétentieuse, mais il me semble que ce livre a été écrit pour moi, mes semblables :



"Quels que soient mes succès et mes échecs, je n’ai jamais oublié d’où je viens. Je viens du pays des sans-pays.

Je suis avec ceux qui traînent leur passé comme une caravane. Je suis du côté des marcheurs, des rêveurs, des colporteurs, des bringuebalants. Du côté du camping-car."



Et ce n'est sans doute pas un hasard qui me ramène Rue Saint Maur, quartier raflé en 1942 et près des terrasses qui furent la cible des terroristes



"on peut railler la « bobo-écolo attitude », mais, à l’heure où le populisme et le fanatisme sévissent de tous côtés, elle est le bastion de valeurs dont nous avons désespérément besoin : la culture, le progrès social, l’ouverture à autrui, une certaine idée du vivre-ensemble. Ce sont ces valeurs qui ont été visées lors des attentats de Paris, le 13 novembre 2015, "
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Le corps des autres

Cet ouvrage est à la fois un reportage, et une succession de témoignages qui le font presque ressembler à des biographies.

L'auteur (un homme!) rencontre des esthéticiennes de différents milieux, les interroge sur leurs conditions de travail et de vie, leur amour voire passion du métier, les contraintes qui y sont liées, etc... On y apprend des tonnes de choses sur les études possibles, les liens entre les professionnelles entre elles, les difficultés du métier, les charges,... Pourtant assez coutumière de ce genre de lieux, j'ai vraiment appris beaucoup de choses, avec notamment un passage sur la socio-esthétique extrêmement intéressant. La réappropriation du corps comme réellement soin de vie: quand le bien-être est un élément essentiel du soi.

Une lecture très intéressante qui peut faire évoluer notre regard sur ce bien beau métier. A conseiller même aux hommes!
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Laëtitia

Il m'a fallu plus d'un an pour ouvrir ce livre, où tout sonnait en apparence sombre, lugubre, pour ne pas dire carrément glauque - impression renforcée par la couverture noire, avec ses quelques lettres rouges hypnotisantes, presque effrayantes. Quelques heures seulement auront suffi pour en achever la lecture, après être passé par toutes les émotions. Les nombreux éloges m'avaient rapidement incité à l'acheter mais je m'étais ensuite toujours trouvé un prétexte pour repousser le moment d'entrer dans cette histoire sordide. Or Laëtitia s'avère finalement être bien plus qu'une enquête sur un terrible "fait divers". C'est une oeuvre à part entière, passionnante, fine, empreinte d'humanité et de réflexions, au croisement du journalisme, de la sociologie, de la littérature.

C'est, aussi, une incarnation parfaite des sciences sociales, de leur utilité, de leur nécessité ; elles qui sont parfois arides sont ici rendues très concrètes. Par l'histoire, la géographie, la politique, la sociologie, l'anthropologie du quotidien, ce qui n'était qu'une "affaire" vécue par le truchement des médias et des déclarations de politiciens nauséabonds d'opportunisme, prend ici toute sa mesure et s'enracine dans des vies, des destins, des lieux, des liens, des déterminismes.

C'est, enfin, un très bel hommage à cette jeune fille, Laëtitia. "L'intérêt que nous lui portons, comme un retour en grâce, la rend à elle-même, à sa dignité et à sa liberté" écrit joliment Ivan Jablonka. J'écris cette critique pour tirer mon chapeau à ce chercheur-écrivain, pour qu'il sache que son livre restera, pas seulement dans les palmarès grâce aux prix dont il est lauréat, mais bien dans les mémoires de ceux qui l'ont lu et qui ne manqueront pas d'y repenser longtemps après l'avoir refermé.
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En camping-car

Juifs polonais communistes immigrés en France dans les années 1930, les grands-parents d'Ivan Jablonka furent déportés et assassinés à Auschwitz, ce qu'il a raconté dans «Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus» (éditions du Seuil, 2012). Son père, né à Paris en 1940, a vécu moins de trois ans avec ses parents. Lui qui a été confié après la guerre à la Commission centrale de l'enfance, qui a recueilli et élevé des centaines d'orphelins de la Shoah après la Libération a voulu, devenu adulte, offrir le grand air, la liberté et surtout le bonheur à ses enfants. Pendant dix ans il a emmené sa famille en vacances en camping-car, sillonnant les routes nord-américaines et des bords de la Méditerranée.



Ce livre de l'historien et écrivain Ivan Jablonka, paru début 2018 dans la collection La Librairie du XXIe siècle des éditions du Seuil, raconte ces vacances d'été dans les années 1980 à bord du Combi Volkswagen familial, des étés baignés de soleil et de mer, de nature et surtout de liberté dans ce petit foyer mobile et utopique, bulle itinérante précaire et protectrice – des vacances déterminantes pour l'historien qu'il est devenu.



À bord de ce «Camping-car» on suit la chronologie d'une année scolaire en Californie, puis des étés de voyage, et de liberté – Corse 1982, Portugal 1983, Grèce 1984, Sicile 1985, Maroc 1986, Italie 1987, Turquie 1988 – rythmés par la lecture, la baignade et par la recherche quotidienne du « spot » idéal hors des sentiers battus. Ivan Jablonka, gamin-Poséidon fou de Méditerranée, y a réuni ses premières archives. Ce récit lui permet de ranimer les souvenirs, de la liberté et de l'insouciance, et les émotions vivaces de l'enfant.



Loin de l'appartement parisien, l'enfant a aimé la luminosité et la liberté du camping : au cours de vacances qui l'éloignaient de l'appartement parisien, et de l'héritage tragique et pesant de la Shoah, il a aimé la liberté et la joie légère, déchargées du poids d'un bonheur imposé par devoir envers les disparus, répercussions de la Shoah sur les générations suivantes évoquées avec tant de justesse par Marianne Rubinstein dans «Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin».



Les vacances en Combi- VW ne rentraient dans aucune case, à l'image d'une famille non conformiste. Leurs errances estivales, fusionnelles et libres, semblent faire écho aux vacances familiales des Boltanski, passant des nuits à cinq dans leur voiture.



Les destinations de vacances et les pratiques touristiques sont des marqueurs sociaux, mais le camping-car, et en particulier celui-ci, le combi VW, était un objet atypique et hybride, mariant les origines populaires comme celles des grands-parents, le sentiment naissant de l'écologie, une liberté en lien avec la libération des moeurs et la culture contestataire des années 1960 et les envies d'une nouvelle « élite » aux préoccupations non matérielles.



Les souvenirs de famille, le goût de l'Antiquité et des humanités transmis par la mère à Olympie, Delphes ou Pompéi, l'invention de mots et de la géographie de pays imaginaires pour peupler les vacances, et, en écho à ces étés, l'atmosphère et les événements d'une période historique pour rappeler le goût de cette époque, «En camping-car» est un livre hybride : carnet de voyage, récit d'une jeunesse et d'un apprentissage en même temps que livre d'histoire et portrait d'une époque proche et qui semble si lointaine, les années 1980, un livre façonné à partir des archives de soi et des traces de l'Histoire, une tentative de «sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais».



Vous pouvez retrouver cette critique sur le blog Charybde 27 ici : https://charybde2.wordpress.com/2018/04/14/note-de-lecture-en-camping-car-ivan-jablonka/
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Laëtitia

Franchement, je ne comprend pas l'emballement autour de ce livre. L'enquête est vraiment intéressante mais de là, à voir cet essai dans la sélection du Goncourt! Il est remarquable de redonner à cette jeune fille l'existence dont elle a été privée sauvagement, son histoire est touchante et éclairante. mais l'auteur ne trouve pas la juste distance avec son objet.
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Laëtitia

Une jeune femme dans l’oubli des faits divers



‘‘Ce n’est pas une simple affaire : c’est une affaire d’Etat. Mais que sait-on de Laëtitia, hormis qu’elle a été la victime d’un fait divers marquant ?’’

Ivan Jablonka, historien et écrivant, dans, Laëtitia ou la fin des hommes, propose de retracer la vie de cette jeune fille décédée. De sa petite enfance vécu avec sa sœur jumelle, Jessica, il guide son lecteur tel un enquêteur, peignant une fresque ponctué de traumatisme.

Laetitia avait 18 ans, disparue dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, enlevée, violée puis tuer.

Un récit magnifique et tragique dans lequel le lecteur retrouve divers sujet lié à l’enquête tel que la protection de l’enfance.

Un documentaire choc et très enrichissant qui ne laisse pas insensible.

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