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Critiques de Ivan Jablonka (464)
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Laëtitia

Un très bon documentaire un livre dont on ne ressort pas indemne.

Que la société peut être cruelle pour certain

La vie n 'est pas un long fleuve tranquille

Ame sensible s'abstenir quelques passages sanguinolents mais véridiques

J ai beaucoup appris sur comment travaillent les recherches des services criminelles.

J'ai lu ce livre comme un thriller et je ne ressors pas indemne sachant que c(est une histoire vraie

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Laëtitia

Dissection d'un fait divers, le meurtre de Laetitia en 2011. L'auteur nous entraîne dans les arcanes de la justice, nous relatant minute par minute le déroulement d'une enquête de justice et par la même occasion nous explique d'un point de vue sociologique la vie des gens simples oubliés de la société du spectacle.

Un peu répétitif mais très instructif.
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Laëtitia

Très clairement, j'hésitais à lire ce livre. Peur du voyeurisme puisqu'il est consacré à un fait divers très récent.

En fait c'était une erreur. ce livre est passionnant et mérite qu'on s'y attarde. Pas de voyeurisme, plutôt une étude de ce fait divers sous différents angles. J'ai apprécié aussi la reconstitution de la vie de la victime, qui, ainsi, ne se limite pas à son statut de victime.



Le sous titre de ce livre est "la fin des hommes". Hommes au sens masculin, viril, XY, pas humanité. La fin ? La fin morale certes, mais pas la fin de leurs violences envers les femmes.

En fait un livre féministe !

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Laëtitia

Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais disparaît. Elle a dix-huit ans, est élevée en famille d'accueil près de Nantes et son corps est retrouvé plusieurs semaines après cette nuit-là, découpé, au fond d'étangs de la région. Le coupable est assez vite appréhendé : il s'agit d'un délinquant récidiviste, qui, jusqu'ici n'avait jamais tué. Le fait divers est bientôt affaire nationale car le président de l'époque, Nicolas Sarkozy s'en empare en accusant les juges de ne pas avoir fait leur boulot et d'avoir laissé un récidiviste en liberté non surveillée, un de ses thèmes de campagne -qui approche- préférés. Fait sans précédent, peu après, juges et avocats descendent dans la rue et manifestent contre le manque de moyens de la justice.



Ivan Jablonka écrit une étude sociologique et historique sur l'affaire Laëtitia. Il revient sur l'enfance des jumelles Laëtitia et Jessica, ce qui a amené un juge à prendre la décision de les retirer à leurs parents et leur parcours jusqu'à l'arrivée en famille d'accueil. Puis, il s'attarde sur leur vie dans cette famille d'accueil, chez les Patron. Lui, le père abusera de Jessica comme il a abusé d'autres jeunes filles.



Je n'ai pas suivi l'affaire très attentivement et pourtant -ou parce que- je suis moi-même assistant familial, avec le même employeur que Gilles Patron, mais je dois dire que dès les premiers instants, je ne le trouvais pas à sa place, puisque clairement, il prenait celle du père qu'il n'est pas pour les deux filles. Omniprésent et ostensiblement. Je n'aurais pas agi de la même manière mais serais resté en retrait et surtout, jamais je n'aurais accepté d'être reçu comme la famille par N. Sarkozy -bon, je crois que quelque soit la raison, je n'aurais pas accepté de rencontrer N. Sarkozy. La mise en avant de Gilles Patron, qu'il a lui-même orchestrée, me mettait mal à l'aise et c'est fort justement que cet homme devenu un "bon client" pour la presse fût descendu en flèche, assez violemment, par la même presse lorsqu'il fut convaincu de pédophilie et de relation coupable ou d'attouchements avec Jessica et certaines de ses copines qui passaient à la maison.



En fait, globalement ce livre me met mal à l'aise. Toute son ambiguïté est dans le fait qu'il dénonce la métamorphose de Laëtitia en un simple fait divers, une affaire qui passionne journaux et badauds pendants quelque temps, dépersonnalisant cette jeune fille de dix-huit ans, et que, quelques années après l'emballement médiatique et populaire, l'auteur participe lui aussi à cela en le rappelant à tous par le biais d'une enquête sociologique et historique.



Néanmoins, en remettant l'affaire dans son contexte historique régional, judiciaire et politique, Ivan Jablonka permet de réfléchir et de comprendre les attitudes de chacun à cette période. Nicolas Sarkozy en prend pour son grade. Il a voulu instrumentaliser l'affaire à des fins bassement politiques, reprochant aux juges de ne pas faire leur travail et dans le même temps en supprimant nombre de postes de fonctionnaires. Comme à chaque affaire un peu sensible ou médiatique, il a voulu légiférer sous le coup de l'émotion des Français plutôt que de prendre un temps de réflexion avant d'agir. Ivan Jablonka rend hommage à la justice et à ceux qui la font : juges, avocats, enquêteurs qui ont fourni un travail phénoménal pour faire juger Tony Meilhon l'assassin de Laëtitia et Gilles Patron le violeur de Jessica.



Il m'a été difficile de lire ce livre jusqu'au bout, car à chaque fois, je pensais à Laëtitia et à Jessica qui n'ont du haut de leur dix-huit ans à l'époque des faits subi que violences et trahisons des adultes. D'abord témoins de la violence de leur père, puis victimes de violences sexuelles de la part de celui qui devait les protéger -au moins Jessica, pour Laëtitia, rien n'est avéré-, puis victimes d'assassinat. Je dis victimes car, outre Laëtitia qui est morte, Jessica est elle aussi une victime qui a tout perdu et tente de se reconstruire. Cette histoire qui a eu du retentissement dans ma région et dans mon travail, mais c'est moindre mal par rapport à ce qu'on subi ces deux jeunes.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Laëtitia

Lu sur la recommandation d'un ami, je ne regrette pas ces quelques heures passées en compagnie d'Ivan Jablonka.

Ici, il est traité d'un fait divers, encore, mais sous un angle neuf, dénué de pathos, d'emphase et de voyeurisme.

Cette tragédie que fut l'assassinat de cette jeune fille, Laetitia, par un délinquant/ criminel notoire donne lieu à un éclairage de la société française en ce début de XXI ème siècle. Bien sûr, la Justice et son fonctionnement y sont passés à la loupe, avec un grossissement qui reste humain, factuel, mais pas seulement. On y aborde des questions plus larges comme la condition des femmes, des enfants placés par l'assistance publique, les Media, la Police, mais aussi il y est fait un portrait de la jeunesse, pas celle des villes huppés, ni celle des banlieues défavorisées, mais celle de ces zones péri-urbaines / de campagne, de nos régions dépeuplées.

Les "personnages" (vrais protagonistes) y sont dépeints de manière naturelle, pleine d'humanité et de respect. Les parcours de vie y sont retracés avec beaucoup de pudeur.

En un mot, le respect de la personne humaine est là: respect de la victime, de ses proches (quels qu'ils soient), des représentants de la Justice et de la Police, de leur travail,...

Une lecture qui donne lieu à des réflexions, des discussions... et pourquoi pas, si les bonnes personnes le lisaient, à des remises en cause de certains systèmes quelque peu défaillants en France ?
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Le Troisième Continent ou La littérature du réel

*Livre lu dans le cadre de Masse Critique*



J'ai abordé l'oeuvre d'Ivan Jablonka avec la parution de «Laetitia ou la fin des hommes », phosphorescente littérature du réel s'il en est, et la lecture de « Ni père, ni mère » reste la plus marquante : ce livre fait partie selon moi des indispensables pour qui se penche sur les rapports que notre société entretient avec ses enfants, à la recherche des raisons de son échec répété à faire cesser les maltraitances. Chemin faisant de sa bibliographie j'ai rencontré « L'histoire est une littérature contemporaine » paru en 2014. Sortir les sciences sociales d'un rigorisme surfait qui les priveraient de créativité était une idée intéressante mais plutôt la description d'un processus en cours qu'une nouveauté, pas de quoi en faire un « manifeste ». Dix ans plus tard Ivan Jablonka revisite ce thème avec « Le troisième continent » qui est un recueil des textes d'articles de presse, de discours et entretiens écrits dans la période 2002-2020.

« Le troisième continent » est en page 41 défini par : »réconcilier la littérature et les sciences humaines. Ou, ce qui revient au même : incarner une enquête dans un texte». Delà l'auteur, tout en citant abondamment les écrivains concernés par cette « littérature du réel » - Svetlana Aléxievitch, Patrick Modiano et Annie Ernaux en tête – développe paradoxalement l'idée que cela reste à faire pour le renouveau des sciences sociales et l'enrichissement de la littérature. Est-ce que ce ne sont pas là des portes enfoncées qui depuis quelques années sont en fait largement ouvertes. Quand je lis page61 « Qui s'attend à lire dans une rentrée littéraire autre choses que des romans ? » je n'en crois pas mes yeux, la littérature appuyée sur des faits réels et « incarnant une enquête » n'occupe-t-elle pas une des places les plus créatives et appréciées dans la littérature actuelle ?

Sur près de 200 pages les articles repris vont néanmoins remâcher ce thème avec une insistance à nous répéter que les sciences sociales gagneraient à s'autoriser la liberté du style sans risquer d'y perdre rigueur et méthode. Qui reste à convaincre de cela, l'auteur ?

La deuxième partie du livre concernent des écrits sur la mémoire, le devenir transgénérationnel des traumatismes, reprenant nombre des réflexions menées dans les livres « Nouvelles perspectives sur la Shoah » et « L'enfant Shoah », et également deux discours écrits pour Simone Veil. J'ai retenu surtout un article intitulé « Primo Lévi, maître du savoir-revivre », très belle incitation à lire ou relire « La trêve ».

Reste qu'en refermant ce recueil lourd de redondances je m'interroge sur son intérêt et sur le lectorat auquel il se destine ?
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Goldman

J'étais très enthousiaste à l'idée de lire un livre par un auteur que j'aime bien sur un chanteur que j'aime bien !



Mais je mets en pause ma lecture, après un bon quart, car on me parle trop de politique, d'idées révolutionnaires dont je n'ai que faire, et de religion. Et surtout l'auteur raconte trop de détails !



Jablonka explique bien qu'il n'a pas rencontré Goldman, ni personne de sa famille dailleurs, et que ce n'est pas tout à fait une autobiographie, ce qui ne me gêne pas, mais je ne m'accroche ni au fond ni à la forme.

Si je continue j'ai l'impression que je vais me forcer et cela ne me plaira pas.



Je ne dis cependant pas mon dernier mot je me le mets de côté, peut-être qui sait, pour plus tard ?
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Laëtitia

Laetitia est probablement le livre qui m'a le plus ému. L'analyse des évènements et de tous les thèmes qui touchent l'affaire Laetitia Perez (la criminalité, les médias, le viol, la justice, l'aide sociale à l'enfance, la géographie rurale, la place des femmes et plein d'autres...) est embellie par une plume brillante.



Cet ouvrage m'a fait frissonner a de nombreuses reprises et m'a mis trois fois les larmes aux yeux. Pourtant je suis plus un amateur de sciences sociales que d'émotions. Je recommande à 200% ce livre, il parlera autant à votre coeur qu'à votre cerveau.
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Un garçon comme vous et moi

Choisi un peu au hasard, parce que j'avais apprécié "Laetitia" de l'auteur, j'ai presque regretté lorsque je l'ai enregistré sur Babelio, la note globale étant moyenne et les quelques critiques balayées rapidement (pour me laisser le plaisir de la découverte) peu nombreuses.

Et puis les récits personnels ne sont pas mon domaine de prédilection.

Je l'ai donc commencé en étant sur ma réserve en quelque sorte...



Et bien je dois dire que j'en suis vite sortie et que je ne regrette pas du tout !

Je ne sais pas si ce livre parlera à toutes les générations et en particulier aux plus jeunes. Mais si comme l'auteur vous êtes nés autour des années 70, que les années 80/90 représentent votre enfance, votre adolescence, votre jeunesse, vous allez

certainement y retrouver avec beaucoup de plaisir des références chères à vos souvenirs.



Avec pour thème la masculinité, puisque c'est bien le sujet de fond, l'auteur raconte son enfance, marquée par ses origines, son environnement, mais aussi influencée par la société de l'époque.

Et bien que nous n'ayons pas tous eu la même éducation, nous avons bien connu les tables d'école en bois avec le banc fixé pour s'asseoir, Goldorak, Candy, le Top 50, le service militaire...

Je me suis régalée de ce retour en arrière.



Un roman à la fois très personnel et universel, un bel hommage à ceux qui ont compté pour lui, de sa famille à ses amis, en passant par ses institutrices. Et bien sûr une analyse pertinente de notre société !







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Laëtitia

Cet ouvrage, je l’ai acheté un peu par hasard, je voulais acheter « En camping-car » et je suis sortie de la librairie avec Laetitia. A priori, un essai sur un fait divers, ça ne m’intéressait pas vraiment. En plus je n’avais pratiquement aucun souvenir de cette affaire, à croire que j’étais en panne de télé au moment de l’affaire. J’ai aimé ce parti pris de se placer du point de vue de la victime, de tenter de la connaître et de la comprendre. Le récit d’Ivan Jablonka déborde d’humanité, il fait preuve d’empathie et en même temps traite son sujet avec une certaine sobriété.

Laetitia et sa jumelle Jessica n’ont connu que violence : violence de leur père, violence du père de leur famille d’accueil, et pour finir violence de Tony Meilhon. Certains n’aiment pas le déterminisme que semble souligner l’auteur. Certes Ivan Jablonka laisse entendre que c’était prévisible, mais prévisible ne veut pas dire sûr et certain, et en ce sens Jessica montre que ce qui est prévisible n’est pas forcément écrit. Entre Laetitia et Jessica ne diffère que le hasard d’une rencontre. Reste que pour certains enfants, tout va de travers, de la toute petite enfance jusqu’à l’âge adulte, et que ces jumelles sont très emblématiques et avaient déjà tout pour l’être, avant même les emballements et errements politico-médiatiques autour de l’affaire. Pour moi ce livre montre à quel point il est extrêmement difficile de se sortir d’une enfance cabossée, et que même si c’est possible, les différents acteurs sociaux dont c’est la tâche n’ont pas toujours les moyens pour aider ou ne sont pas toujours à la hauteur. S’en sortir relève alors du hasard d’une rencontre, bonne ou mauvaise.

Le style d’écriture d’Ivan Jablonka est très agréable à lire, la lecture est facile, les chapitres plutôt courts, alternant les thématiques, variées (histoire de chaque protagoniste, rôle de la justice, des avocats, des services sociaux, nature humaine, politique, journalistes), ce qui permet au lecteur de souffler (psychologiquement). Le tout est analysé avec simplicité et sans emphase. Ce qui en fait une très bonne enquête socio-judiciaire, très loin des épisodes de « Faites entrer l’accusé ».
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Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

Au départ, il y a cette citation de Olympe de Gouge :"Homme es-tu capable d'être juste"?



Ivan Jablonka, père de deux filles, s'interroge alors: en 2019, qu'est-ce qu'un homme juste?



L'idée maîtresse c'est qu'aujourd'hui il n'appartient plus aux femmes de se battre pour conquérir des droits, mais aux hommes de se remettre en cause.



Jusque-là j'applaudis des deux mains, comme un peu tout le monde je pense.



Le problème, le gros problème même, c'est qu'à cette question, Jablonka n'apporte aucune réponse.



Reconnaissons à l'auteur un travail très fouillé de documentation sur l'évolution de la pensée féministe et de l'idée et de la conception du rôle des femmes.



Jablonka est historien, ceci explique cela, et pourtant, c'est peut-être précisément ce qui constitue le plus gros défaut de ce livre: c'est une accumulation de faits, de dates et de références très académique qui rend la lecture souvent fastidieuse et qui, au final, ne mène nulle part.



A aucun moment Ivan Jablonka ne va exploiter ce matériel qu'il a regroupé pour une tirer une réflexion, mettre en relief des idées novatrices en terme d'évolution sociétale.



Alors l’histoire c'est intéressant, mais concrètement, il n'y a rien là-dedans qu'on n'ait pas déjà lu, vu ou entendu ailleurs.



A titre personnel c'est déjà ce que je reprochais à son, très surcoté à mon sens, Laetitia, qui promettait une réflexion sur le fait divers comme objet historique et qui se contentait beaucoup de ressasser des faits, une peu de sociologie, sans arriver à une réflexion pertinente sur le long terme.



Ce n'est que dans son épilogue que Ivan Jablonka se livre, et pousse sa réflexion dans un aveu de faiblesse dont on ne peut que reconnaître la sincérité.



Au final cet essai, ou plutôt ce récit, me fait l'effet d'un gros coup de com', un beau produit vendu comme novateur du seul fait qu'il est écrit par un homme.



C'est un peu rageant quand on pense à la qualité d'autres essais sur l'exact même thème.



Je pense notamment à celui de la philosophe Olivia Gazalé, intitulé "Le mythe de la virilité: un piège pour les deux sexes", paru en 2017 aux éditions Robert Laffont, lequel développait une vraie réflexion sur les constructions sociales du genre et les possibilités d'évolution en s'appuyant sur les mêmes faits historiques développés par Jablonka.



La différence, de taille, c'est qu'Olivia Gazalé utilise les faits pour servir sa pensée, et non la pensée comme un prétexte.



Un ouvrage à lire donc si pour ceux qui cherchent une synthèse historique et exhaustive du féminisme, mais largement dispensable pour qui cherche des réponses, ou à tout le moins des pistes de réflexion.
Lien : https://chatpitres.blogspot...
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Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

Je n’aurais jamais eu l’idée de découvrir cet essai et encore moins de l’ouvrir. Le féminisme est un sujet qui ne semblait pas me concerner. Je pense que je m’accorde avec ce que je suis. Mais est-ce que dans mon quotidien certains événements ou batailles relèvent du féminisme ? Certainement ! Une cause en mon sens silencieuse et vouée, à l’heure actuelle, à l’échec. Pourquoi ? Car simplement le Monde dans lequel nous évoluons, féminins et/ou masculins et en tout genre sommes pris dans cet étau puissant qui a tendance à se refermer.





Ivan Jablonka soulève un sujet essentiel et pertinent. Si dans un premier temps, il étaye les origines et les causes de l’imposition d’une société mondiale patriarcale, dans un second temps, il met en évidence le combat du féminin dans ce mouvement politique féministe qui nait à la fin du XVIIe siècle. Ce diaporama met en évidence ce combat magistral et nécessaire à l’évolution de la condition féminine mondiale de ces deux derniers siècles. Ces prémices ont contribué aux conditions que nous connaissons actuellement. Il pointe du doigt les inhérences et les injustices de ce monde gouverné par le masculin. Si cette opposition des sexes est prépondérante, il souligne également ces hommes minoritaires dans l’ombre qui initient et encouragent le mouvement féministe.

Après cet exposé, s’ouvre alors ce débat utopique sur ces nouvelles masculinités qui engendreraient l’égalité des sexes et des genres.





Alors que la France connaît une vague de féminicides et que les appels sur la plateforme 3919 explosent, il est temps de soulever ces nombreuses questions. Le modèle de l’homme contemporain doit-il être remis en cause ? Quel poids la société contemporaine impose t-elle à ces hommes ? Quel rôle la femme doit-elle jouer dans ces prérogatives ? Comment associer le féminin et le masculin pour une harmonie qui tendrait vers le parfait ? Sommes nous conditionnés par cet héritage qui nous suit depuis plus de cinq millénaires ? Une nouvelle définition du masculin, mais laquelle semblerait être la plus juste ?





Avec justesse et réalisme, Ivan Jablonka tente de répondre à ces questions et émet un raisonnement judicieux. Cette dernière partie et comme il le souligne dans une interview réalisée sur France 5 dans l’émission LA GRANDE LIBRAIRIE, relève de l’utopie. Utopie ou non, je pense qu’il est nécessaire que ce grand projet soit intimement lié avec trois grands principes : le respect, la tolérance et la liberté. Mais cela est inintelligent si le dialogue entre les deux sexes n’est pas ouvert et entendu.





En bref, Ivan Jablonka s’est assis à une table de poker tentant de gagner une partie qui se joue depuis plus de 5 000 ans. Je n’ai pu que remarquer son engouement, sa force et sa motivation tout au long de ces 448 pages. Même si ce récit reste très académique et qui ne touchera certainement pas un grand public, je suis admirative du travail fourni par l’auteur.





Fascinant et primordial, DES HOMMES JUSTES, interroge sur notre société. Et il est nécessaire de rappeler que nous sommes TOUS concernés, du moins les personnes qui aspirent à ces changements (et pourquoi pas convaincre les autres ?).
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Laëtitia

Ce n'est pas le genre de livre que je lirais tous les jours : trop dérangeant. Je ne l'ai lu que parce qu'il avait eu le prix Renaudot !Si le propre de la Littérature, c'est de ressusciter les morts, alors Lætitia ou La fin des hommes (Ivan Jablonka) aurait tout aussi bien pu s'appeler Le tombeau de Lætitia tant l'auteur prend soin de redonner vie à cette jeune fille sauvagement assassinée en janvier 2011. Ni une victime, ni encore moins un fait-divers, Lætitia est, sous la plume d'Ivan Jablonka, une frêle jeune fille qui tente d'avancer dans la vie en dépit de tout et de tous (parents, père d'accueil) jusqu'à ce qu’elle croise la route de Tony Meilhon. Méticuleux, délicat, infiniment respectueux, Ivan Jablonka extirpe la petite nantaise d'un oubli programmé et lui redonne place parmi les hommes.



Livre qui fait perdre le sommeil, le boire et le manger. Trop dur !



C'est fort mais je ne vois pas ainsi le but de la littérature!
Lien : https://livre.fnac.com/a1061..
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Laëtitia

Ce livre est un hommage à une jeune victime dont la vie intime s'est retrouvée du jour au lendemain étalée à la une des journaux, jugée, laminée. Sa mort ne lui aura même pas épargné la violence de la récupération politique.

La compassion de l'auteur pour cette jeune femme permet d'offrir aux lecteurs une vision plus humaine de ce fait divers pourtant sordide. L'alternance des chapitres procédure/analyse/faits/histoire de vie donne du rythme et de la couleur à cet essai au sujet pourtant si sombre.
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Histoire des grands-parents que je n'ai pas..

Ils sont morts simplement parce qu’ils existaient au pire moment , mais ils sont toujours présents : c’est ce que le travail de Jablonka nous présente dans ce livre. Ils ont été effacés physiquement par la barbarie fasciste et raciste mais ils seront toujours dans la mémoire collective .



Quelques soient les atrocités commises par les meurtriers, il y aura toujours quelqu’un à un moment pour relater leurs méfaits. Rien ne s’oublie complètement quand on porte atteint à l’essence même de l’humanité.



Travail difficile que celui qu’a du mener ici l’auteur, l’histoire générale étant à l’origine de sa vie familiale.



L’ émotion, toute en retenue et pudeur, se ressent au fil du texte et des découvertes sur cette odyssée funeste, débutée en Pologne, passée par la France et achevée dans l’ enfer des camps d’ exterminations.



L’historien a fait un travail remarquable avec des recherches approfondies sur la vie de ses grands-parents . Les témoignages, les documents consultés, les précisions géographiques sur les lieux fréquentés , le voisinage, les lieux où ils sont passés, tout est détaillé, étayé et recoupé pour suivre pas à pas leur long et difficile chemin vers la mort . Les notes et les sources richement fournies, en fin d’ouvrage, nous montrent l’ampleur de la quête nécessaire pour effectuer une étude complète et indiscutable sur la courte vie de ses ascendants.



Les gens, juifs et non juifs qui les ont aidés à un moment ou à un autre sont présentés largement.

Leur participation, pour soulager ou sauver les victimes, nous montre que même dans le pire des malheurs, des hommes et des femmes ordinaires peuvent être présents pour porter secours au prochain au péril de leur propre vie, simplement parce que cela ne se fait pas et qu’ils ont ancré au plus profond d’eux-mêmes cette valeur universelle qu’ est l’humanité.



Les lâches, les racistes, les jaloux montrent aussi leur vrai visage et viennent renforcer le malheur.

L’administration française, avec ses fonctionnaires, employés de bureau , hauts responsables ou simples gendarmes et inspecteurs de police a joué un rôle essentiel en participant, souvent au-delà des consignes données par l’occupant, à ce massacre organisé et planifié.



Ce qui est incroyable c’est la force qu’ont du déployer Matès et Idesa pour survivre plusieurs années à Paris, ville d’espoir, immense, effrayante et dangereuse, pour des étrangers en fuite, venant d’un village isolé, en ne parlant pas du tout la langue et sans ressources assurées.

Même à l’ère d’ internet et des communications modernes, cela serait un exploit remarquable, alors en 1940 …



On connaissait la vie dans les ghettos (Régine Frydman ) et à l’intérieur des camps ( Primo Lévi , Jorge Semprun, Elie Wiesel, Charlotte Desbo, Zalmen Gradowski ), mais par son œuvre, Jablonka , nous relate et explique le chemin et le destin inéluctables du simple citoyen installé dans son village d’origine vers l’ultime destination.

Merci d’ avoir fourni cet effort universitaire et émotionnel afin de nous éclairer sur le plus grand malheur du 20 ème siècle et peut-être de toute l’histoire de l’humanité .



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En camping-car

Mitigée...Très...





Je suis incapable de dire ce que ce document a suscité chez moi.





J'ai aimé les souvenirs égrenés, les itinérances, les "éclairs d'enfance heureuse", la réminiscence des agacements, des attendrissements.





Mais je n'ai pas aimé les considérations sociologiques, le constant rappel à la judéité (si on vadrouille en camping-car c'est grâce ou à cause de nos origines juives... que pourraient dire les générations de gamins élevés en mode hippie en combi VW qui seraient cathos ou même athées ?? j'ai fini par trouver le côté "juif errant" un peu incongru), et le côté un peu décousu de la narration, sautant parfois du coq (grec) à l'âne (marocain), comme si l'ensemble manquait de construction et de structure...





Ça se lit vite, ça n'est pas déplaisant (loin de là !!) mais on se demande souvent où Ivan Jablonka veut nous conduire, au volant de son van chargé de souvenirs...



Mais, à vrai dire, cet essai oscillant entre souvenirs d'enfance (très personnels) et étude sociologique non approfondie manque de souffle et surtout, ne parvient pas à faire la différence entre les deux genres. Ni un essai, ni un regard autobiographique, un peu des deux (ou trop !).





L'impression d'être invitée chez son voisin pour regarder des diapos de vacances !
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En camping-car

J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix Elle 201, catégorie document.



Ivan Jablonka se replonge dans son enfance au travers de ses souvenirs de vacances en camping-car. Tout a commencé lors d’une année scolaire en Californie à l’occasion d’une mutation de son père. Ses parents achètent alors un combi Volkswagen, une sorte de fourgon aménagé pour eux qu’ils surnomment "le bus". De retour en France, tous les étés ils sillonnent l’Europe du Sud avec des amis et leurs enfants. Ivan Jablonka s’appuie sur le journal de voyage qu’il tenait à l’époque et sur des photos pour retracer son enfance et dresser le portrait d'une époque.

Il montre comment ces vacances en camping-car l'ont structuré, comment il y a découvert la liberté, la convivialité et l’amitié. Adeptes du camping sauvage, avec des arrêts dans des spots en pleine nature à une époque où c’était encore permis, c’était l’émerveillement garanti, l’insouciance, la découverte dans leur "bulle itinérante" protectrice.



Ivan Jabloka ne se contente pas d’égrener ses souvenirs, il esquisse une analyse dans ce qu’il nomme lui-même une socio-histoire de son enfance, il retrace l’histoire du camping-car, symbole de l'amour de la nature, explique que ce mode de vacances proche du nomadisme, cet anticonformisme, étaient incompris par ses copains repliés dans une sorte de mépris social.



L’aspect le plus intéressant de ce récit est l’analyse que fait l’auteur du choix de ses parents quant à ce type de vacances. Il décrit un père qui a beaucoup souffert et qui éprouvait de la culpabilité de ne pas rendre ses enfants heureux, qui leur criait "soyez heureux ", un père pour qui le camping-car était le moyen de rendre ses deux fils heureux. Son père a tellement souffert que le devoir de bonheur était une règle dans leur famille par respect pour leurs proches qui ont subi l’horreur. Il relie le choix de son père au drame de son enfance. Survivant d’un génocide, orphelin de ses deux parents, son père a vécu dans la pauvreté et a été élevé dans des foyers communistes. L’absence de racines familiales du côté paternel explique beaucoup de choses dans cette famille (Ivan Jablonka a d’ailleurs écrit "L’histoire des grands parents que je n’ai pas eus") où l’errance lors de ces vacances n’est pas sans rappeler celle du peuple juif.



J’ai été agréablement surprise par ce récit vers lequel je ne serai pas allée spontanément. J’ai trouvé l’auteur honnête dans son récit autobiographique car il n’enjolive pas son enfance, il évoque l’ennui qu’il éprouvait parfois lors de visites de musées et de sites archéologiques chers au cœur de sa mère professeur de français-latin-grec. C’étaient des vacances routardes et « intellectuelles » mais les enfants étaient libres de flâner dans les musées sans les visiter. Comme la dimension culturelle de leurs voyages a parfois ennuyé le jeune garçon qu’il était, le non consumérisme de ses parents ne l’empêchait pas de réclamer des pizzas et du coca… La notion de liberté est le fil conducteur du récit et Ivan Jablonka note la chance qu’il a eu de bénéficier d’une liberté offerte par ses parents et non acquise contre eux, il reconnait les bienfaits de cette éducation qui est pour lui à l’origine de son militantisme intellectuel actuel. J’ai aimé l’analyse qu’il fait de sa position d’aîné "content de contenter les autres, en proie à la quête de perfection", attitude adoptée pour protéger son père dont il se sentait l’anti-dépresseur.

La dimension sociologique du texte, mêlée à la dimension autobiographique, m’a beaucoup intéressée, j’ai aimé qu’il souligne que ce style de vacances routardes l’a préservé de la tentation de rentrer dans l’élite parisienne lorsque, devenu adulte, il a gravi un nouvel étage de l’ascenseur social pris par ses parents.

La lecture de ce bel éloge du voyage, de ces années de formation à la découverte du monde, de ces vacances populaires synonymes d’ouverture à la culture et à la diversité, vacances de liberté et de simplicité a été une vraie bouffée de fraicheur. Le texte, servi par une très belle plume, a toute sa place dans la sélection du Grand Prix Elle 2018.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Laëtitia

En janvier 2011, Lætitia Perrais, 18 ans, est enlevée avant d'être poignardée et étranglée. Pendant 2 ans, l'auteur a rencontré les proches, la famille ainsi que les acteurs de l'enquête, avant d'assister au procès du meurtrier. Il livre dans ce livre l'histoire de Lætitia, celle du fait divers devenue affaire; celle sociologique, révélatrice de la violence faite aux femmes; celle, plus intime, d'une adolescente meurtrie qui tente de diriger sa vie. C'est surement grâce à l'écriture de ce troisième regard, celui de l'écrivain, que l'auteur rend hommage à Lætitia, en la racontant elle et non pas uniquement le fait divers ou l'étude sociologique.

Un récit émouvant et juste qui redonne toute sa dignité à cette jeune fille.
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Laëtitia

Un récit bien mené, qui sort des sentiers battus et ne rentre pas dans le voyeurisme. Difficile d'avaler les pages d'une traite, il faut de temps en temps prendre du recul tellement le fait relaté est cruel. Mais au delà de la mise en lumière de ce fait divers, de son étude, c'est toute notre société et ses travers qui sont mis en lumière.
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Laëtitia

Roman, documentaire, étude historique, essai sociologique, « Laetitia » est un peu tout cela et bien autre chose aussi, un instantané de notre époque, un hommage à cette jeune fille massacrée, une envie de lui redonner sa dignité et une identité de femme en devenir et surtout ne pas la figer dans un statut de victime.

Janvier 2011, Laetitia, 18 ans, est enlevée à quelques mètres du domicile de ses parents d’accueil. Elle sera battue, étranglée puis poignardée. Sa dépouille dépecée ne sera retrouvée que de longues semaines après l’arrestation de son meurtrier Tony Meilhon. Instrumentalisé par la Président de la république d’alors, ce fait divers devient affaire d’Etat et entre dans l’Histoire lorsque de 8 000 magistrats battent le pavé dans une gigantesque et inédite manifestation muette mais ô combien bruyante.

Ivan Jablonka reprend à la fois la dramaturgie et les codes stylistiques du polar (tension, alternance des chapitres entre hier et aujourd’hui) pour les associer aux outils de recherche communs aux enquêteurs de police, aux journalistes et à l’historien qui y rajoute une dose d’analyse sociologique.

Le résultat est bluffant. Le lecteur est accroché par la facette thriller, respecté par les apports documentaires. A chacun de se faire son opinion, son propre chemin, même si Jablonka indique clairement son point de vue.

Analysée comme un objet d’histoire, la vie et la mort de Laetitia illustre dramatiquement mais justement la violence faite aux femmes. Le regard affuté de l’auteur s’attache également à éclairer des champs peu investis par la fiction et les médias : la vie dans une province moyenne, son prolétariat, sa culture populaire et les modes d’expression contemporaines où le journal intime est remplacé par Facebook.

A la manière d’un Emmanuel Carrère ou d’un Truman Capote, Jablonka prend fait et cause dans le récit, y apporte ses connaissances d’historien sans mettre de côté pour autant sa sensibilité et son engagement d’homme. Si on peut être choqué par la violence et la brutalité des faits et des êtres, on reste cependant admiratif du travail de la police et de la justice sur le terrain. Ivan Jablonka s’attache à dresser avec force et justesse les portraits de toutes les parties prenantes : les parents, la famille d’accueil, Jessica sa sœur jumelle et même Tony Meilhon. Curieusement, surgit au centre de cette galerie de personnages l’absente. Laetitia, bien que morte, reprend alors toute sa place. Ainsi Jablonka la restitue en tant que personne vivante, vibrante, une adulte en devenir. En cela, l’exercice d’hommage est réussi.

Il est également important de dire, que la finesse et la clarté de son analyse s’appuie sur une écriture précise et nerveuse. On est saisi tant par le fond que par la forme.
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