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Citations de J.M.G. Le Clézio (1811)


Est-ce ma faute, si je suis de la race des voleurs ? Le blanc a toujours tout volé à tout le monde. Les juifs, les arabes, les hindous, les chinois, les nègres les aztèques, les japonais, les balinais. Quand il en a eu assez de voler des terres, et des esclaves, le blanc s’est mis à voler de la culture. Aux Juifs il a volé la religion, aux Arabes la science, aux Hindous la littérature. Quand il a eu fini de voler le corps des nègres, il leur a volé la musique, la danse, et l’art pictural. Quand sa religion chrétienne, religion devenue minable, une vraie religion d‘épicier, ne l’a plus satisfait, il s’est retourné vers la religion de l’Inde.
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Fuir, toujours fuir. Partir, quitter ce lieu, ce temps, cette peau, cette pensée. M’extraire du monde, abandonner cette propriétés, rejeter mes mots et mes idées et m’en aller. Quitter pour quoi ?pour qui ? Trouver un autre monde, habiter une autre ville, connaitre d’autres femmes, d’autres hommes, vivre sous un autre ciel ? Non, pas cela, je ne veux pas mentir. Les chaines sont partout. La ville, la foule, les visages connus sont partout. Ce n’est pas cela qu’il faut quitter. Un déplacement géographique, un petit glissement vers la droite, ou vers la gauche, à quoi bon ? Fuir, c’est-à-dire trahir ce qui vous a été donné, vomir ce qu’on a avalé au cours des siècles. Fuir : fuir la fuite même, nier jusqu’à l’ultime plaisir de la négation. Entrer en soi, se dissoudre, s’évaporer sous le feu de le conscience, se résoudre en cendre, vivement, sans répit.
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La mer profonde, violente, d'un bleu sombre au-delà des barrières de corail, aux vagues hautes comme des collines mouvantes que frangent les nuages d'embruns. La mer lourde et lisse des journées qui précèdent l'ouragan, sombre sous le ciel chargé de nuages, quand l'horizon est trouble et fume pareil au bord d'une cataracte. La mer presque jaune du crépuscule, en été, nappe d'huile sur laquelle passe des frissons, en cercles brefs, où s'allument les étincelles du soleil, sans aucune terre qui ferme l'espace. La mer comme le ciel, libre, immense, vide d'hommes et d'oiseaux, loin des continents, loin des souillures des fleuves, avec seulement, parfois, au hasard, des poignées d'îles jetées, si petites, si fragiles qu'il semble qu'une vague pourrait les submerger, les effacer à jamais. La mer, le seul lieu du monde où l'on puisse être loin, entouré de ses propres rêves, à la fois perdu et proche de soi-même.
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Aller à la recherche de ces mers et des îles où passèrent autrefois les navires, parcourir l'immense champ de bataille où s'affrontèrent les armées et les hors-la-loi, c'était prendre sa part du rêve de l'Eldorado, chercher à partager, près de deux siècles plus tard, l'ivresse de cette histoire unique : quand les terres, les mers, les archipels n'avaient pas encore été enfermés dans leurs frontières, que les hommes étaient libres et cruels comme les oiseaux de la mer, et que les légendes semblaient encore ouvertes sur l'infini.
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Elle semblait un oiseau, légère, pétillante.
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Dévorer les paysages, c’est donc cela qu’il me faut. Comme un qui ne serait jamais rassasié de terre, ou de vie, ou de femmes, à qui il en faudrait davantage. Il ne s’agit pas de comprendre. Il ne s’agit pas de s’analyser. Non, il s’agit de se faire moteur, monstre de métal chaud qui tire son poids vers ce qu’il ne sait pas. J’avance, vite, plus vite, avec effort, je me propulse sur la route inconnue, je bouge, je travers l’air, je file droit comme un trait vers d’autres régions qui vont s’ouvrir à leur tour. Les portes ne cessent pas. Je n’écoute rien. Ecouter quoi ? S’arrêter où ? Les langages pullulent, les visages sont brisés par vagues. Comprendre quoi ?
Il n’y a rien à comprendre, rien du tout. Il n’y a pas d’enchainements, pas de raisons. Il faut bouger, coûte que coûte, détaler à travers les champs épineux, dévaler les pentes de collines, courir sous le soleil, frapper la terre avec la plante de ses pieds. Je dévore les paysages, comme ça, et puis aussi les gens, les lèvres des jeunes femmes, les mains de vieillards, je ronge le dos des enfants. Tout ce qui s’offre, change incessamment. J’étire mon corps à travers l’espace. Il faut peupler. Je couvre les suites de kilomètres. Il faut arpenter. C’est moi qui fais les routes, et qui les mange au fur et à mesure. Un fleuve ? Je jette un pont. Une montagne ? Je fore un tunnel. Une mer ? Je bois, je bois.
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je crois que si on veut définir ce qu'est la guerre, je dirais que c'est un crie contre les vieux et les enfants.
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Lenteur, lenteur de la fuite de l’homme ! Mouches, moustiques, apprenez-moi à me ramasser sur moi-même, à bondir d’un seul coup, avant même que le vent ne soit arrivé. Lièvres, enseignez-moi à bouger les oreilles ! Et vous, léopards, jaguars, couguars, montrez-moi comme vous marchez en silence, appuyant une patte après l’autre, sans même froisser une brindille !
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L'idée de donner vie à ces récits m'est venue grâce à un marocain que j'ai connu en France parce que nous faisions refaire nos plafonds, or les Marocains savent faire des plafonds, c'est même l'art marocain par excellence.
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Sur tous les modes, avec toutes les ressources des langues vernaculaires, de l'héritage mythique, des amertumes et de l'espoir, la littérature africaine a porté son glaive dans la plaie de l'indifférence, a renversé les valeurs, a créé un nouvel essor loin des académies et des compromis.
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Il faut se dépouiller, se laver pour entrer dans le domaine de la mémoire.
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À chaque instant, sur cette terre plate, il y a du nouveau. Des plaques d'argile blanche, des coulées de sable blond, rose, gris, des cendres, des barres noires fossiles. Les roches usés par un vent vieux de milliers d'années. Jemia s'est tue toute cette journée : c'est son pays, le pays le plus ancien, et en même temps le plus jeune, un terre que l'âge des hommes n'a pas marquée.
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Le plateau de Gadda est bien tel qu'il a vu, sans fin, monotone, presque sépulcral, d'une beauté hors de la mesure humaine. Minéral : au fur et à mesure qu'on avance vers le Sud, la végétation rase des abords du Draa s'amenuise, se fait plus chétive, plus noire, jusqu'à être réduite à néant. La route suit des sortes de couloirs, des stries, des rainures. Au loin, les collines de pierres sont bleues, irréelles : des cuestas, des dunes, des glacis de sables. À certains endroits, la terre brille comme s'il y avait une gloire sous le ciel gris.
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C’est peut-être un défaut propre aux écrivains, celui d’écrire sans cesse les mêmes choses, de remettre sans cesse en scène ce qui les hante et ce qui les a motivés.
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Il n'est pas toujours facile de répondre à la question de ce que peut la littérature. Malgré tous ses voeux, elle n'a pas empêché ce qui ronge l'histoire humaine, elle n'a pas su arrêter la traite des esclaves ni les crimes de la colonisation, elle n'a pas su empêcher les guerres, elle n'a pas su interdire les mouvements haineux et les injustices, elle n'a même pas contredit la dégradation du milieu ambiant, de la nature.
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J'ai du trouver ma liberté plus tard en France, cette liberté, c'était de pouvoir écrire, d'inventer des histoires et des personnages. A compter de ce jour-là, je pouvais réaliser ce qu'il m'était impossible de faire dans la vie de tous les jours.
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Je suis un homme qui a connu un autre monde, et j'essaye d'en rendre compte non pas par nostalgie mais parce que je suis attaché à tout ce qui m'a créé, tout ce qui m'a formé
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On pourrait m'attribuer l'expression d'identité hybride même si l'expression me fait penser à un moteur de voiture. Je suis un composé de plusieurs identités. (P.45)
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Ce que peut la littérature concerne autant les lecteurs que les écrivains. Etre lecteur et être écrivain, c'est la même chose. Les écrivains sont des lecteurs et les lecteurs, en lisant ces livres, mentalement les réécrivent, ils les interprètent, donc c'est un art commun, c'est l'art du langage. (P. 125)
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Grâce à la littérature, grâce à ces voix multiples, nous avons les armes qu'il faut pour lutter contre tous ceux qui, malgré les enseignements de l'histoire, revêtent aujourd'hui les loques trouées du racisme et de la xénophobie.
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