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Citations de Jacques André Bertrand (185)


Nous étions à la saison sèche. On m'avait affirmé que je n'aurais pas ma pluie. Quelques gouttes d'un nuage égaré, peut-être, si j'étais particulièrement chanceux.
Mais je croyais à la pluie.
À l'aube du sixième jour, il me sembla que le temps avait légèrement fraîchi. À l'horizon de la Birmanie, je crus apercevoir quelque brume, un léger voile. Vers neuf heures, la brume s'était épaissie. À dix heures, elle se transforma en mer de nuages au-dessus de la frontière…
Et le ciel devint noir au-dessus de la petite maison. Quelques grosses gouttes crépitèrent sur les tuiles de tek… Je retenais ma respiration.
Et vint la pluie. Une pluie comme je n'en avais jamais vu, dont le rideau occultait le reste du monde. Épaisse, ininterrompue. Le ciel noyait la jungle. Je me déshabillai, sortis de la maison et demeurai de longue minutes sous cette pluie de mousson hors saison. Je pleurais…
Il plut jusqu'aux environs de seize heures et je ne fis rien d'autre que de jouir de cette pluie miraculeuse dont j'avais l'impression qu'elle me lavait de toutes mes misères.

p.101
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On est rarement heureux à vingt-trois ans. La nostalgie du futur et l'angoisse du présent. Je ne dirais pas qu'on est forcément plus heureux plus tard. La nostalgie du passé et l'angoisse du futur.
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- Vous vous rendez compte, Castor, que les retoucheurs de photos officielles m'ont ôté le mégot de la bouche ? Ils ont fait la même chose à Prévert. Ils vont bientôt gommer la pipe de Brassens et le cigare de Churchill.
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En principe, le groupuscule est composé d'au moins cinq individus agglutinés sous 'effet de la boisson, d'une excitation sexuelle ou sportive, ou d'une quelconque idéologie. Ces individus se retrouvent alors en indivision et agissent désormais comme une entité unique. Généralement comme un Con.
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Comme son nom l'indique, le Psychorigide a l'âme calcifiée, ou au choix, le mental bronchiteux, la pneumonie ontologique, bref : le pneu à plat. Il manque d'air. Ce qui ne l'empêche pas d'être gonflant. (p.64)
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Quoi qu'il en soit, il a tout pour réussir, dans la quête spirituelle ou dans la conquête matérielle. Cependant, il lui arriver d'échouer dans les deux.
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On croit faire simple et on ne fait que se compliquer l’existence. Le charbon de bois est humide, le vent contraire. Quand la braise a pris, on la laisse bêtement s’éteindre, à force de disputer en renouvelant les apéritifs. La merguez et la chipolata finissent par brûler. Encore heureux s’il fait beau.
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On est rarement heureux à 23 ans. La nostalgie du futur et l'angoisse du présent. Je ne dirais pas qu'on est forcément plus heureux plus tard. La nostalgie du passé et l'angoisse du futur.
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Les demi-teintes de l'automne vont à la balance comme un gant. La balance a plusieurs paires de gants. Elle en met dans toutes les circonstances.
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Le taureau est capitaliste. Anticapitaliste -par exception-, il reste très préoccupé par le capitalisme. Il écrit alors Le Capital sous le pseudonyme de Karl Marx. Lorsque son ascendant scorpion l'attire dans le royaume de la nuit, il écrit Le Capital de l'Inconscient sous le pseudonyme de Sigmund Freud.
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La Nostalgie, voilà ce que c'est. Un effet secondaire du Progrès. Un retour en arrière, un remords, un regret peut-être.
L'argent qu'il a amassé en inventant et en vendant la Modernité, l'Homme le dépense chez les antiquaires. Après avoir imposé l'avion supersonique, il prêche la religion du vélocipède.
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Des gens consacrent leur vie à tenter de réduire la part des mystères. C’est bien. Ils réussissent d’un côté. D’un autre, ils mettent au jour de nouveaux mystères. C’est aussi bien. Quoi de plus désespérant, tout compte fait, que les certitudes ?
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Il y a des moments, des circonstances, des exceptions sans doute, où le vin se transforme en nectar miraculeux, où le « plat du jour » pourrait figurer au menu d’un banquet de l’Olympe. Il n’est pas impossible – de vieux sages en étaient persuadés – que nos propres dispositions d’esprit nous permettent parfois de connaître le miracle au cœur du vin. Et le reste du temps de le boire sans y penser.
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Il y aurait peut-être un mot pour dire le vide, la miraculeuse émulsion de tristesse et de joie, l’espérance inaltérable et le vertige absolu, la nostalgie du passé et du futur. Mélancolie. Mais c’est un mot qui tue. Je savais bien que la mélancolie était une maladie. Je n’y croyais pas vraiment. Un si joli mot. Une quintessence de fleur.
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La peur du loup a largement contribué à l'amélioration de la race humaine. Elle incite les enfants à se coucher tôt et remplace efficacement le gendarme pour les exhorter à la sagesse. Les histoires de loups sont plus effrayantes, plus amusantes et plus instructives que le histoires de gendarmes.
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C'était le moment ou jamais de remercier le ciel.

Car, quoique nous soyons volontiers de mauvaise humeur, de mauvaise fois et occupé à quelque entreprise d'autophagie, nous ne sommes pas dispensés de remercier. François Villon lui-même – qui ne nageait pas dans le bonheur – se sentait tenu de la faire.
Soit, ce monde nous dévore, il attend notre disparition, mais il nous fait patienter en nous servant d'innombrables et somptueux présents.
Brumes glacées de novembre dans les cimetières de nos enfances. Fleurs de givre éclipsant les rivières de diamants. Horizons impeccablement dessinés par les soleils d'hiver. Grand opéra des orages, oratorio des aurores.
La fausse innocence des sources et l'impertinence des fleuves. La première matinée de gala du printemps. L'inquiétante, et pourtant douce, tranquillité des mers étales. Les tempêtes épatantes vues du Café du Port. La ronde de nuit des grands rapaces. Les doubles croches du hibou petit duc et de la chevêchette. Le vol nuptial hélicoïdal et synchronisé des piérides du chou. Les noces des rorquals et des grands fonds. La grande patience de la pierre et l'entêtement tranquille des forêts. Le souvenir du mammouth, du tigre à dents de sabre et du loup marsupial.
La troupe d'éléphants qui, après délibération, adopte la vache égarée dans la savane. La lionne non conformiste qui protège une gazelle blessée.
Le carillon de Saint-Germain-l'Auxerrois. Et celui de Saint-Martin de Vendôme.
L'« obscure clarté » des vitraux.
La matière noire, entre les galaxies, qui rêve de lumière et de feux d'artifice. L'amour, la mélancolie. La nébuleuse du Crabe.
L'allure à peine réelle des jeunes femmes sur leurs longues jambes hypothétiques. L'intelligence exotique des petites filles. L'univers en improbables équations sous les fronts. Et jusqu'à nos esprits, parfois, qui voient clair, qui voient beau, qui s'étonne d'eux-mêmes.

p.102-103


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[Le jeune]
Il a bon appétit. Il digère facilement. Mais quelques excès de sentimentalisme lui causent des souffrances que Goethe a savamment recensées. Il arrive qu'un romantisme exagéré lui donne une face de carême. L'acné, par là-dessus, lui fait une face de clafoutis aux cerises.
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Apprenant que j'étais marié, elle me fit valoir que la maladie engendrait souvent entre époux, l'un malade et l'autre pas, un malaise qu'il pouvait être bénéfique de verbaliser.
- Ce n'est pas notre cas, lui dis-je, ma femme et moi avons eu la chance d'avoir un cancer en même temps.
La dame, un peu ébranlée, marmonna quelque chose et finit par m'abandonner avec un sourire pincé.
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Tout ce que nous pouvons imaginer de pire s'est déjà produit, est en train de se produire, se reproduira sans doute... Ne serait-il pas temps de nous entraîner à imaginer le meilleur ?
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L'obscurantisme remonte à la nuit des temps
Le rationalisme pense avoir inventé la lumière
L'art se complait dans le clair obscur.
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