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Citations de Jacques Ellul (211)


Déniant l’expérience du corps, des sens et de l’effort, une bonne partie de l’art que dénonce Ellul n’éduque pas le sensible, mais participe plutôt de sa mutilation généralisée dans l’environnement technicien, appauvrissant la capacité à sentir le monde et désirer la vie réelle, une vie plus authentique, dépouillée des artifices aliénants de la Technique. En ce sens, elle œuvre à valider le désir du monde artificialisé tel qu’il va. (Mikaël Faujour)
(page 19)
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Le protestant que je suis pourrait faire remarquer que le « culte » (ou l’adoration) des saints n’est nullement chrétien, au sens biblique du terme, et apparaît très tardivement dans l’Église primitive et n’a aucune valeur théologique : ni en ce qui concerne la grâce et la foi, ni en ce qui concerne la Trinité, ni la Résurrection, ni, surtout l’intercession !
Car c’est ici que l’on se sépare. Bibliquement, il n’y a qu’un seul intercesseur qui est Jésus-Christ, qui, par son seul sacrifice, a racheté tous les péchés, qui seul est assis à la droite de Dieu en tant qu’intercesseur, et dont l’intercession est seule absolument véridique puisque venant du Fils et allant au Père.
Alors, pourquoi l’on voudrait en ajouter à cela des intermédiaires ? Il n’est nul besoin de médiateurs pour accéder au seul et unique médiateur.
(page 52)
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L’absence de système de référence est génératrice d’angoisse. Moins l’identité d’un groupe s’affirme, plus les hommes de ce groupe perdent leur propre identité (fût-elle d’opposition !) et plus grandit la peur diffuse de dangers inconnus.
Le malaise de notre temps, en Occident, est lié à l’absence d’identité (c’est-à-dire du réseau des croyances !), chez les jeunes et à sa dégénérescence chez les adultes.
Nous sommes bien en présence d’un monde à la recherche d’une foi.
(page 46)
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- Comment, ne sais-tu pas que confiance et croyance sont exactement de même racine, se confier à quelqu’un, c’est croire en lui, confidere, se rapporte à la foi, la fides.
Et la fides, c’est avoir confiance en même temps que croire la parole de quelqu’un.
(page 60)
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8. « Cet immense mouvement pour l'adaptation, cette glorification de l'individu extraverti, cette haine des tensions et des conflits reposent uniquement sur l'idée que le seul but, le seul sens, la seule valeur de la vie humaine, c'est le bonheur. Et sur la conviction que le seul moyen, la seule voie pour accéder à ce bonheur, c'est le confort, matériel (hausse du niveau de vie, appareillage général, diminution du travail et de la douleur) et moral (sécurité, doctrines générales, explicatives, idéalismes). Ces valeurs sont identiques dans le monde occidental et le monde communiste. » (p. 291)
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7. « Que la politique permette de résoudre des problèmes administratifs, des problèmes de gestion matérielle de la cité, des problèmes d'organisation économique : c'est certain, et ce n'est déjà pas mal. Mais elle ne permet absolument pas de répondre aux problèmes personnels de l'homme, celui du bien et du mal, du vrai et du juste, du sens de sa vie, et de sa responsabilité devant la liberté.
[…]
La conviction que les affrontements intérieurs de la personne comme la réalisation extérieure des valeurs sont affaire collective, sociale, et trouveront leur solution dans l'aménagement politique n'est que la face mystifiante de la démission personnelle de chacun devant sa propre vie. C'est parce que je suis incapable de réaliser le bien dans ma vie que je le projette sur l’État qui doit le réaliser par procuration à ma place. C'est parce que je suis incapable de discerner la vérité, que je réclame que l'administration la discerne pour moi, me dispense de cette quête pénible, et me la remette toute produite. C'est parce que je ne puis accomplir moi-même la justice que j'attends d'une organisation juste que la justice soit, dans laquelle j'aurais seulement la peine de m'insérer.
[...]
Ce sont les mêmes motifs, c'est le même processus, c'est la même mystification qui conduisent l'homme dans la religion et à attendre de Dieu l'accomplissement de ce qu'il ne savait pas faire, et qui le conduisent aujourd'hui dans la politique et à attendre de l’État ces mêmes choses. […] Comme le moulin à prières déclenche les forces transcendantes, le bulletin de vote provoque la Volonté souveraine. Il n'y a pas plus de relation raisonnable dans un cas que dans l'autre. » (pp. 260-261, 262)
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5. « On nous représente toujours l’État comme un organe de décision, relativement simple, la décision étant prise selon des procédures établies, régulières, maîtrisées. Nous avons déjà indiqué que l'objet des décisions a considérablement changé, n'est plus cette question politique passionnante sur laquelle se fixe l'attention des foules. Il en est de même du processus de décision. Il n'est plus ce système simple de procédures juridiques claires établies dans une constitution. Bien entendu, cette procédure existe toujours, mais ce n'est pas elle qui est significative. Le processus de décision est fait d'un ensemble complexe de jugements personnels, de traditions, de conflits entre des organismes multiples de l’État, de pressions de groupes extérieurs. Et la pluralité des centres de décision est devenue la règle à l'intérieur de l'organisme politique. Car cet organisme n'est pas simple du tout. » (pp. 192-193)
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4. « D'autre part, cet univers [psychopolitique, qui est illusoire] est volontairement, scientifiquement organisé. Il n'est pas le fruit d'une attitude individuelle, ni ne comporte de divergences. Il est produit par l'usage collectif, massif des mass media, il ne procède pas d'un machiavélisme, d'un désir de tromper. Il est une création invisible mais universelle par suite de la systématisation de la traduction verbale de l'événement. Or, les informateurs ne peuvent faire autrement que d'organiser cette traduction et par conséquent de renforcer sans cesse, de développer, de rendre plus complexe, de modeler cet univers mental où l'homme moderne se meut et qu'il confond avec la réalité. » (p. 163)
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3. « Aujourd'hui est "un fait" ce qui a été traduit verbalement ou en image ; qui a été retravaillé pour lui donner le caractère global que très peu d'hommes peuvent expérimenter ; qui a été transmis à un grand nombre d'individus par des moyens de communication ; à qui l'on attribue une certaine coloration qu'il n'a forcément pas pour ceux qui le vivent. C'est sur ce fait abstrait que l'opinion publique prend position, et se cristallise. » (p. 141)
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1. « Il y a dans notre société des choix qui s'effectuent, mais qui n'appartiennent plus aux instances politiques. Il y a des continuités qui s'affermissent, mais qui ne sont plus une prise juridico-politique sur l'avenir. Au contraire, ce sont des continuités nouvelles qui évacuent le politique véritable. Celui-ci se trouve le plus souvent dans une situation de compétence liée, ne pouvant modifier le donné qui fut autrefois la riche étoffe de ses interventions. Le seul domaine dans lequel il lui soit encore possible d'intervenir, c'est le domaine de l'actualité, c'est l'éphémère, le fluctuant, et l'on perd de ce fait le sens du sérieux de la décision politique. Ce qui reste vacant n'est plus qu'une apparence. La vanité d'agir dans cette vacance n'est compensée que par l'extrême agitation du personnel politique. » (pp. 47-48)
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Par contre l’iconoclasme est toujours essentiel dans la mesure où d’autres dieux et d’autres représentations se manifestent? Ce n’est plus Dagon ou Ishtar, ou Melkhart contre qui nous avons à lutter, mais les trônes, puissances, dominations qui se nomment Argent, État, Technique, la nouvelle trinité spirituelle et qui se manifeste dans des idoles parfaitement visibles et uniquement du domaine visible.
(page 106) La parole humiliée
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« Rien, rien, aucune erreur, aucun crime n’est aussi horrible devant Dieu que ceux qui sont le fait du pouvoir.
Et pourquoi ? parce que ce qui est « officiel » est impersonnel, et à cause de cela, c’est la plus profonde insulte qui puisse être faite à une personne. » Kierkegaard
(page 17)
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Lénine ne renie pas la dictature du prolétariat, mais il distingue deux sens du mot prolétariat.
Il y a d'une part le prolétariat économique dont Marx a parlé et le prolétariat révolutionnaire, dont Marx a peu parlé.
Le prolétariat économique ne peut pas faire la révolution car il est inorganisé, indifférent à tout, terrorisé physiquement et moralement. Pour être utilisable, ce prolétariat, qui vit sur des préjugés, doit être éduqué et encadré pour devenir un prolétariat révolutionnaire, c'est le parti communiste.

(page 139)
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Pour Marx, la nation est un phénomène d'essence bourgeoise lié au capitalisme ; elle est donc à détruire. Or, à partir du moment où a prévalu la théorie du communisme dans un seul pays, on était en contradiction avec la pensée marxiste. En fait l'idéologie nationale a triomphé de l'idéologie marxiste.

(page 25)
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Ainsi toute tentation est humaine. Ce n’est pas Dieu qui nous tente, mais pas davantage un « diable » extérieur à nous.
L’amorce de l’analyse solide est donnée par Jacques (1, 14) : « Chacun est tenté quand il est attiré par sa propre convoitise. » La clé de la tentation c’est la convoitise qui est en chacun de nous, dont l’autre face s’appelle esprit de puissance.
(page 18)
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De même, c’est dans la pensée chrétienne que sera radicalisée la Transcendance, la coupure totale entre Dieu et le Monde, qui ne sera comblée que par l’Incarnation, à partir de laquelle aucun sacré ne peut être développé. Le Dieu chrétien se connaît en Jésus-Christ, et nulle part ailleurs. (Je parle de ce que l’on affirme au 1er siècle, dans les trois ou quatre premières générations chrétiennes : le christianisme des origines.)
(page 73)
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« Que servirait-il à gagner tout le monde s’il perdait son être » (Matthieu 16, 26). Voilà la question qui nous est posé dans cette première tentation.
Comment ne pas penser à notre société actuelle où grâce à la technique nous avons en effet gagné « le monde », mais où l’homme moderne a manifestement perdu l’être. Il est devenu vide de tout être. Vide comblé par le désir et le divertissement.
(page 75)
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Ces modestes rappels de faits bien connus sont simplement le cadre qu’il fallait poser pour parler de ce faite rien ne peut enlever à l’homme, la croyance religieuse.
Rien ne peut la détruire, car ce qui la met en question est aussitôt promu à sa place et objet d’une croyance religieuse à son tour - je l’ai démontré ailleurs pour le sacré. La puissance qui désacralise, un lieu, un conseil, une religion est aussitôt à son tour sacralisé.
Il en est exactement de même pour ce qui prétend détruire une croyance. La force destructrice devient aussitôt l’objet d’une croyance.
(page 64)
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On distingue classiquement la religion naturelle de la religion révélée. La religion naturelle, celle des païens, peut éventuellement atteindre le vrai Dieu (i.e. révélé) plus ou moins clairement.
Ainsi, l’Église qui a condamné les idoles a néanmoins reconnu le dieu de la philosophie comme étant le vrai Dieu cherché à tâtons.
(page 15)
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Il faut toutefois faire attention : je ne dis pas que les hommes sont identiques du Néanderthal à nos jours, mais seulement que les « accidents » fondamentaux de la vie de l’homme sont les mêmes aujourd’hui et il y a 3.000 ans. Entre le malheur qu’éprouve l’esclave du IIe siècle, et celui du mineur de fond de 1900, il n’y a pas grande distance ! Entre le Romain de la décadence, sans vérité, sans valeurs, sans « Sens » pour la vie, et l’Occidental aujourd’hui, de même.
(page 85)
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