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Citations de Jacques Ellul (211)


La technique n'adore rien, ne respecte rien; elle n'a qu'un rôle: dépouiller, mettre au clair, puis utiliser en rationalisant, transformer toute chose en moyen.
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C’est chez moi une démarche permanente. Quand je rencontre quelqu’un avec qui je suis spontanément d’accord, je commence par chercher les points de désaccord.

L’évangile et « Le Capital », p. 23
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"Chacun" qui serait bien tenté de se livrer à ses penchants et à ses instincts, mais n'ose pas le faire, parce qu'il y a de vieux restes de morale qui traînent poussiéreux dans les coins, parce qu'il y a de minces pellicules de conscience qui s'écaillent mais restent gênantes. Et voici que ce Système apporte libération, autorisation, justification. Bien sûr tu peux Le faire ! Et Le faisant, tu es l'homme audacieux, révolté, tu remets en question Dieu, la Société et le Tuttim. Bien plus, tu es l'Homme ! En avant la musique !
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Le capitalisme utilise l'innovation technique pour créer des occasions de travail afin de maintenir l'utilisation industrielle de l'homme, soit en sens inverse de ce qu'elle devrait avoir comme finalité. L'aliénation de l'homme dans le travail est poussée à l'extrême limite de son absurdité, alors qu'elle était relativement inévitable et justifiée dans le cadre du capitalisme naissant. À partir d'un surplus de richesse et de son savoir scientifique, la civilisation transforme l'existence de l'homme en une existence aliénée, alors qu'elle pourrait être totalement libérée ; cette civilisation est condamnée.

(page 206)
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Il faut placer toute étude de la vanité sous le frontispice de G. Bernanos : « Pour être prêt à espérer en ce qui ne trompe pas, il faut d’abord désespérer de tout ce qui trompe. »
Tout Qohelet est là.
(page 59)
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La société technicienne, par elle-même, produit un nouveau prolétariat qui présente les mêmes aliénations mais sous une autre forme et qui ne sont pas pénibles en général, du moins au niveau de la fatigue expressément liée à l’activité du travail ou au niveau d’une oppression clairement définie. Ce qui me paraît caractériser ce prolétariat étendu à presque toute la population, c’est la dépossession du temps, c’est le divertissement, la subordination, le contrôle, le déracinement, la fatigue endémique et les maladies de civilisation.
(page 210)
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En 622 de notre ère commune, naissait, officiellement à Médine une religion nouvelle, directement opposée aux trois dogmes chrétiens fondamentaux, la Trinité, l’Incarnation et la Rédemption.
(page 9)
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Trinité
Ce fut une idée diabolique de parler de Trois personnes, car ce sont en réalité des "manières d'être Dieu" - Dieu est à lui-même son propre vis-à-vis. (page 68)
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Dès lors ceux qui attaquent le christianisme sont parfaitement habilités à le faire à partir de la pratique désastreuse qui fut la nôtre. Les attaques de Voltaire, d’Holbach, de Feuerbach, de Marx, de Bakounine pour ne citer que ceux qui nous concernent le plus directement sont entièrement exactes.
Et au lieu de se défendre contre elles et de faire une maladroite, inutile, méprisable apologétique, il faut écouter leur attaque, prendre au sérieux ce qu’ils nous disent. Car ils démolissent le christianisme, c’est-à-dire très exactement le dévoiement que la pratique chrétienne a fait subir à la Révélation de Dieu. (page 12)
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Depuis six cents ans avant Jésus-Christ, nous fonctionnons sur le mode du « ou bien - ou bien ». Ce qui est noir n’est pas blanc. Ce qui est vrai n’est pas faux. Ce qui est acte n’est pas pensée, etc. Nous sommes des analytiques, avec une belle rigueur et parfois de grandes synthèses. Nous ne pouvons pas, je dirai presque ontologiquement, supporter la coexistence des contraires, et tenir ensemble deux bouts de la chaîne qui sont logiquement exclusifs. (page 57)
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Vanité des philosophies et des théologies
Finalement affirmer ou nier l’existence de Dieu est sans intérêt, ce qui compte c’est d’avoir le goût et la joie que donne la vie.
Elles sont vaines les discussions des philosophes et des théologiens cherchant à prouver qu’ils ont raison et s’imposant comme des maîtres penseurs. (page 147)
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Enfin toutes les Églises ont constitué un « clergé », détenant le savoir et le pouvoir, ce qui est contraire à la pensée évangélique (au début d’ailleurs on le savait ! quand on appelait les membres du clergé des « ministres » : le ministerium, c’est le service, être ministre c’est être un serviteur des autres !) (page 15)
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L’homme a bien plus peur de la liberté qu’il ne la désire.
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Les faux dieux sont toujours des dieux que l’on peut voir (et toucher) et c’est même cela qui est une démonstration de leur fausseté, de leur inexistence en tant que dieux. (page 96)
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Quand je parlerai de la souffrance de Jésus, il ne s'agira en aucun cas de faire une "théologie de la souffrance". Il ne s'agit pas d'une participation aux souffrances de Jésus. Mais, tout au contraire de la participation de Jésus le Christ, à nos propres souffrances. Le fait d'apprendre que Jésus a souffert ne doit pas nous entraîner à vouloir souffrir. (page 13)
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Comme le souligne exactement Massenet, le changement technique s'exprime pour les individus par des changements d'information : et c'est cette mutation non seulement des canaux, de la quantité d'information, mais aussi de la qualité, de l'objet qui provoque le changement social. Les courants d'information, dans notre société sont affectés d'une double mobilité : celle de l'échange et celle du renouveau incessant qui s'introduit dans les Techniques - « si notre société est par excellence une société d'information, c'est parce que l'intensité, la variété des courants d'information sont inséparables des rythmes mêmes d'une société industrielle... mais ce qui caractérise vraiment notre société, c'est un certain mode de distribution et de renouvellement de l'information - or ce mode est caractérisé par le changement... : la modification de l'information et la modification par l'information... » Massenet en tire la juste conclusion que notre société de ce fait est obligée de prendre un certain style en particulier celui de l'opposition entre la contrainte technique la plus rigoureuse et une absence de cohérence profonde : le type de société est dicté par la Technique, même si c'est au travers des hommes, par l'information que l'orientation et la structuration s'effectuent.
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L’accumulation du mal, la montée des périls, c’est la politique, et elle seule, qui les produit. Elle est l’image actuelle du Mal absolu. Elle est satanique, diabolique, le lieu central du démoniaque. Et quand je dis politique, je ne vise pas l’État. C’est un autre problème. Il s’agit de ceux qui veulent conquérir et utiliser l’État. Je ne vise pas non plus une politique, la droite ou la gauche. Non, c’est bien la politique en elle-même, quels que soient sa forme, ses objectifs, ses doctrines, ses moyens, son enracinement social, ses intentions, ses évidences… Et je parle de la politique telle qu’elle est, pratiquée, concrète, par le monde politique. De grâce, épargnez-nous ces sentencieuses références à la polis grecque qui n’a rien à voir avec nos États-nations ; épargnez-nous ces pieuses élaborations de la politique recherche du bien commun, de l’intérêt général, cet art de vivre ensemble, cette bienheureuse manière de construire en chœur la cité idéale. Toutes ces calembredaines pires que les pires astuces religieuses destinées à couvrir du manteau pudique de Noé la réalité crue seule existante. La politique, c’est la conquête du pouvoir : les moyens pour conquérir le pouvoir – quand on l’a, les moyens pour se défendre contre les adversaires et le garder – et l’utiliser à quoi ? Au bien et à la vertu ? Mais non ! L’utiliser au pouvoir. C’est tout. Et il n’y a rien d’autre dans la politique. Tous les discours sur la politique comme moyen pour établir la justice, etc., etc., sont seulement, exclusivement le voile, le rideau de fumée qui d’une part cache cette dure et ignoble réalité, d’autre part justifie la passion universelle pour la politique, que l’on ne peut rien faire sans elle, que la politique est l’activité la plus noble de l’homme, alors qu’elle est la plus ignoble.
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L’homme de notre société est un homme sans mémoire, qui oublie tout au fur et à mesure. C'est-à-dire un homme sans passé, sans racines. Ainsi cet homme, le quelconque, moi, vous, n’a aucun avenir prévisible, et n’a aucun passé sur lequel il s’appuie pour se construire. Ni passé familial, ni local, ni communautaire, ni national, rien. Alors comment voudriez-vous qu’il n’ait pas peur, cet homme de nulle part qui vient il ne sait d’où et va il ne sait où ? Et quand il a peur, comment voudriez-vous qu’il ne soit pas violent ? Car seul celui qui a peur est violent.
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Il n'y a ni origine ni objectif dans la foi. Et bien plus, sitôt qu'il peut y avoir un objectif, elle cesse d'être la foi ! Si on croit en Dieu pour être protégé, garanti, sauvé, alors ce n'est pas la foi, qui est gratuite. Cela choquera tout particulièrement les protestants qui ont tant enseigné le Salut par la foi, que la foi devient la condition pour être sauvé et que dès lors on en vient à croire pour être sauvé. Mais il faut indéfiniment revenir à la grâce. Gratuité. Si Dieu aime et sauve l'homme par grâce, et sans demander un prix, l'exacte contrepartie, c'est justement que ce Dieu entend être cru et aimé sans intérêt, sans objectif, simplement pour rien. C'est scandaleux, et si facile pourtant à comprendre lorsque l'on pense à l'amour ! À partir du moment où un homme, une femme aiment l'autre pour quelque chose, qu'il s'agisse de son argent, de son prestige, de sa beauté, de sa situation, ce n'est plus l'amour. Il y a calcul parfois et parfois faiblesse. Et ce sera se marier pour avoir une épouse au foyer qui vous serve, ou pour avoir des enfants, ou pour faire une fin, ou pour se réhabiliter ou pour avoir un avenir assuré, et ce n'est plus en rien, absolument rien, de l'amour. L'amour est sans cause et sans calcul, l'amour est sans raison. Parce que c'était lui, parce que c'était moi. Rien au-delà. Et envers Dieu la même chose. Nous sommes incapables de dire pourquoi Dieu aime, sinon qu'il est l'amour même. Et il n'a, n'avait, n'a jamais eu aucune visée, aucun objectif dans sa création. Il a créé, pour rien. Il a aimé, pour rien, simplement que c'était l'expression de l'Amour. Il s'est incarné pour rien. Il n'y a pas de plan ni de dessein de Dieu.
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Rejeter la croyance, parce que hautement supérieurs nous avons accédé à la raison, nous a fait entrer dans l'âge impitoyable du mépris et du massacre. Les primitifs qui faisaient des guerres dans leurs croyances avaient le plus souvent une très haute idée de l'adversaire qu'il fallait tuer. On sacrifiait le prisonnier aux dieux célestes ou infernaux pour qu'il soit messager, et parce qu'il était digne, admirablement digne d'être offert en suprême sacrifice aux dieux. Aujourd'hui, convaincus que nous ne sommes rien d'extraordinaire dans l'Univers, ayant perdu la croyance du miracle éblouissant de la naissance de l'homme, nous commençons par avilir, par détruire spirituellement, moralement, psychiquement les masses que nous voulons massacrer. Nous nous sommes délivrés de la croyance supérieure pour nous livrer à l'ivresse de la destruction de ce qui est homme dans l'homme.
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