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3.87/5 (sur 164 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lunéville , 1929
Biographie :

Jacques Réda est né à Lunéville en 1929. Il a dirigé la Nouvelle Revue Française de 1987 à 1996.

Jacques Réda est tout à la fois grand poète, excellent éditeur et chroniqueur de jazz. Comme poète, il est l'inventeur du vers de quatorze syllabes, qu'il faut, dit-il, lire à voix haute – comme toute la poésie qui en vaut la peine. Il est également l'auteur de récits en prose. Comme éditeur, il a dirigé la Nouvelle Revue française de 1987 à 1996 ; il est membre du comité de lecture des éditions Gallimard, où il a dirigé la collection « Le chemin ». C'est lui qui a longtemps accompagné le travail d'écriture de Pierre Bergounioux. Amateur de musique, spécialement de jazz, il collabore régulièrement avec Jazz Magazine depuis 1963 et a publié plusieurs ouvrages sur le Jazz dont L' Improviste (1980) qui propose une lecture sensible et poétique de ce phénomène musical. Réda parcourt les lointains et les banlieues en train, en bus, à pied ou à solex. Eminemment sensible aux odeurs et aux ambiances, il décrit un monde de la petite vitesse, mû par les incidents les plus humbles. Il regarde Paris en ses recoins les plus secrets, les plus déserts, Tolbiac ou Vaugirard. L'écriture de Réda repose bien souvent sur une déambulation urbaine sans but prédéfini. Très loin de Philippe Jaccottet ou André Du Bouchet, qui sont ses contemporains, Réda s'est en fait choisi Paris pour territoire. Et c'est en s'y promenant à l'aventure que l'on a des chances de découvrir quelque chose d'anodin en apparence mais qui se révèle soudain merveilleux : un square minuscule au fond d'une rue, une maison abandonnée, le soleil couchant sur les Tuileries. Réda s'identifie surtout aux populations errantes, chats retournés à l'état sauvage, ou bien très modestes. Son travail poétique, il le compare, dans Les ruines de Paris, à celui d'un éboueur, qui s'efforce, sans zèle, mais avec application, de remettre un peu d'ordre dans la ville, de la préserver de la déliquescence absolue. Cette modestie cache sa grandeur. En 1993, l'ensemble de son oeuvre est récompensé par le Grand Prix de l'Académie française.

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Jacques Réda Quel avenir pour la cavalerie ? Rencontre animée par Alexandre Prieux La poésie serait-elle une guerre ? le vers, le corps d'élite de la langue ? En retraçant l'histoire de notre prosodie, Jacques Réda dévoile les processus de transformation du français, aussi inéluctables que ceux de la physique. Où les poètes sont les exécutants plus ou moins conscients d'un mouvement naturel. du Roman d'Alexandre à Armen Lubin, en passant par Delille, Hugo, Rimbaud, Claudel, Apollinaire, Cendrars et Dadelsen, Jacques Réda promène son oeil expert sur des oeuvres emblématiques, et parfois méconnues, de notre littérature. Inspirée et alerte, sa plume sait malaxer comme nulle autre la glaise des poèmes pour y dénicher les filons les plus précieux. À la fois leçon de lecture et d'écriture, et essai aux résonances métaphysiques, Quel avenir pour la cavalerie ? constitue la « Lettre à un jeune poète » de Jacques Réda, et le sommet de sa réflexion poétique. À lire – Jacques Réda, Quel avenir pour la cavalerie ? – Une histoire naturelle du vers français, Buchet/Chastel, 2019. Le jeudi 28 novembre 2019 à 19h
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Citations et extraits (161) Voir plus Ajouter une citation
Il y a partout dans les campagnes de ces endroits qu’on appelle le bout du monde, qui vous laissent croire à une imminence de l’infini. C’est une route vers le haut de sa côte, une arête de rochers à l’horizon, un plan de cailloux vibrant comme un plateau de balance où se pèsent des tonnes de soleil concassé. Chacun, en outre, a fait de bonne heure sa propre expérience dans ce domaine : dans le couloir d’un appartement, au coin d’une rue, tout au fond du jardin sous les petites dragées de l’ortie blanche, partout. Car le monde à vrai dire n’est fait que de bouts du monde, mais il faut de l’entraînement pour s’en rendre compte et s’y accoutumer.
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                              UN PARADIS D ’OISEAUX //B
  
  
  
  
Entre les plus étourdissants des vocalistes,
J’ai remarqué depuis trois ou quatre matins
Les arpèges hardis, les trilles argentins
De deux merles ardents comme des duellistes ;
Auprès d’eux les rayons du jour semblent éteints.

Rivalisant d’éclat pendant une heure entière,
Virtuoses mais inspirés, ne rabâchant
Jamais, ils font briller à la fois le tranchant
D’une lame et le bloc d’idéale matière
D’où s’élèvent les jets capricieux du chant.

Et si fort et si librement qu’ils s’évertuent,
On les sait asservis aux lois de la saison.
Mais par l’accouplement et par la couvaison,
C’est encore leur chant qu’ils aiment, perpétuent,
À la folle hauteur de ce diapason.

C’est parfois si tendu, si plein, qu’on appréhende
Et qu’on espère aussi les entendre soudain,
Dans un vague demi-sommeil presque enfantin,
Se déchirer sur une couverture béante
Qui nous rendrait le paradis, en ce jardin.
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                              LE GEAI
  
  
  
  
Dans le creux du vallon comme au fond d’une boîte
Que l’automne a rempli d’un épais tampon d’ouate,
On dirait en bois les abois des chiens sanglants.
Au-dessus de Limours je ramasse des glands
Pour le geai réputé farouche et difficile
Et qui n’en a pas moins élu pour domicile
À Paris un des grands platanes de ma cour.
Le matin quelquefois on l’entend qui discourt
Avec sa fougue acariâtre de crécelle,
Mais du bleu sous le brun de sa bure étincelle,
Et rouvre l’œil en or insondable des chats.
Je l’ai vu qui piquait sur leurs ronds de pachas
Roux et gris se donnant une allure distraite :
A la fin cependant ils battent en retraite
Jusque sous les fusains, puis, en catimini,
Ils guettent de nouveau le feuillage où le nid
Se dissimule. Mais, je dois le reconnaître,
J’ai souvent soutenu l’oiseau, de ma fenêtre,
En projetant sur ces félins divers objets.
Faut-il aider aussi les victimes des geais
Et, de fil en aiguille, avec cette logique,
Intervenir dans le déroulement tragique
D’une histoire où toujours un mangeur est mangé ?
Mais qui mange du chat, d’habitude ? Si j’ai
Humé plus d’une fois, sur des tables chinoises,
Des ragoûts aux saveurs légèrement sournoises,
Ce ne fut qu’une entorse à l’ordre naturel.
Nous-mêmes, c’est le temps qui nous mâche et nous ronge
Les dieux mangent du temps, mangés par le mensonge.
(Mais ne nous perdons pas dans cet universel.
Que mon poème soit un simple grain de sel
Sur la queue agile du geai, quand il m ’honore
De son éclair céleste et de son cri sonore.)
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Un instant, puis un autre, et chacun disparaît,
Mais ce qui l’a porté ne cesse pas de vivre ;
Ainsi chaque mot, dans un livre,
Passe pour que le sens monte de son retrait.
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Chaque arbre est un caractère
Dont la forme sort de terre
Tout comme de notre esprit,
Sans qu'on les ait prononcées,
Des paroles, des pensées
Que l'on fixe par écrit.
Elles font, dans le langage,
Une sorte de branchage
Aussi net et régulier
Que ceux du chêne et du hêtre
Qu'une loi condamne à n'être
Ni frêne ni peuplier.
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Elégie de la petite gare


Extrait 2/2

Oui, c’est là que je veux attendre. Et si tu ne viens pas,
Dans les traces du soir muet j’irai mettre mes pas.
Je l’accompagnerai le long des plates avenues
Qui cherchent le centre et n’y sont encore parvenues
Que par hasard après des virages et des détours
Par les ronds- points fleuris déroutants pour les carrefours
Où l’abribus toujours désert lui-même se résigne.
Un boulevard d’arbres chétifs retrouvera la ligne
Du chemin de fer, et j’aurai manqué le dernier train.
Alors j’attendrai de nouveau : demain, après-demain.
C’est très facile, dans ces lieux qui n’existent qu’à peine.
Pour quelqu’un qui n’existe plus, ou si peu. La semaine,
Les mois puis les ans passeront et, lorsque tu viendras,
Je sais qu’en transparence enfin tu me reconnaîtras.
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                              UN PARADIS D ’OISEAUX //A
  
  
  
  
Dans ce dédale froid de cours intérieures
Le platane, l’érable et divers arbrisseaux
Composent un sous-bois, des voûtes, des berceaux
Où dès le mois d’avril, entre cinq et six heures,
On s’éveille au milieu d’un paradis d’oiseaux.

Sans parler des corbeaux, des geais ni de la pie
Dont la gorge n’émet qu’un rauque grincement
Et qui semblent avoir ailleurs un logement
Plus conforme aux besoins de leur misanthropie,
Mille voix avec le soleil vont s’enflammant.

Sous la pivoine encore sombre de l’aurore
Qui penche vers les fronts encore obscurs, j’entends
Ces appels des oiseaux, d’abord intermittents,
Transformer tout l’espace en diamant sonore
Croisant ses feux au cœur immobile du temps.

S’il me fallait imaginer celui des anges
Et situer son apogée en quelque endroit,
Je prendrais ce concert et son beau désarroi
De grives, de pinsons, de merles, de mésanges,
Qui d’instant en instant se complique, s’accroît,

Et le verrais ainsi dans un quadrilatère
Paisible sous le dôme étincelant du ciel,
Avec un vent léger qui fait torrentiel
Le feuillage nouveau recouvrant le mystère
D’un Dieu voluptueux et confidentiel.
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«  Chaque arbre est un
Caractère
Dont la forme sort de terre
Tout comme de notre esprit ,
Sans qu’on les ait prononcées,
Des paroles, des pensées
Que l’on fixe par écrit .
Elles font, dans le langage ,
Une sorte de branchage
Aussi net et régulier
Que ceux du chêne et du
Hêtre
Qu’une loi condamne à n’être
Ni frêne ni peuplier » …
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                                  UNE THÉBAÏDE
  
  
  
  
Le vernis du Japon, les platanes, l’érable
Ont diverses façons de s’élever dans l’air,
Soit qu’ils jettent les bras vers le ciel désirable
Ou qu’ils s’étalent en largeur sous le couvert.

En bas, une herbe pauvre et quelques graminées ;
Dans l’intervalle un beau lilas et des tilleuls :
Je vis au fond d’un lac entre des cheminées,
Furtif et diligent comme les campagnols.

C’est un bout de papier, vierge ou non, que je ronge ;
Quelquefois la journée y passe, peu ou prou,
Et de rat je me sens devenir une oronge,
Mais la clarté descend aux abords de mon trou.

Verte et bleue à travers ces feuilles qui m’effacent
Et qu’agitent sans fin de vagues tourbillons,
Elle m ’offre un poème écrit par la surface
Invisible là-haut à force de rayons.

Je ne comprends pas bien comment, dans cette écluse,
Le vent peut s’introduire et jouer sous les eaux.
Mais toujours un courant dans la masse confuse
Semble vibrer avec les ailes des oiseaux,

Avec l’or tamisé qui croule en cataracte
Le long de la fenêtre où je reviens m ’asseoir
Devant ma page et mon silence où se réfracte
L’excessive beauté du monde jusqu’au soir.
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                                  LES MARTEAUX
  
  
  
  
Le matin, quand j’écris des vers silencieux
Qui ressemblent à ceux que j’aurais aimé lire
Et que les passereaux, de leur menu délire,
M’encouragent, parfois trois ou quatre messieurs

S’installent dans la cour avec scie et marteaux
Et, cachés par la masse heureuse de l’érable,
Se disposent à faire un bruit considérable
Sans grands égards pour mes desseins transcendantaux.

J’ignore la raison pratique de ces coups
Sonnant jusqu’au moment béni du casse-croûte
Et qui devraient en peu de temps mettre en déroute
Ma rêverie avec ses outils et ses clous

Délicats. Cependant c’est en juin, tous les sons
Prennent une épaisseur elle-même songeuse
Où la mémoire ainsi qu’une lente plongeuse
S’enfonce toujours plus avant. Puis nous glissons

De lueur en lueur, comme dans un sous-bois,
Au rythme régulier de ces clous dans des planches,
Et soudain le soleil sur les façades blanches
Fait briller un matin plein d’oiseaux d’autrefois.
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