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EAN : 9782070327379
171 pages
Gallimard (16/03/1993)
3.55/5   22 notes
Résumé :
Comme une étreinte, la prose de Réda enveloppe son lecteur, lui fait lever ou baisser la tête, fixer tel ou tel point du ciel, d'un toit, d'un carrefour. À sa suite, sous son bras rugueux il nous entraîne, nous signale ce qui l'arrête ou le ralentit. Voix mesurée, sobre à l'extrême, dont le grain répond à celui des pavés, de l'asphalte : ces rues, ces chemins qu'il semble avoir usés, adoucis de ses semelles. Mais lui ne s'use pas. Prose ou poésie, son écriture a les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
A lire ce recueil de proses poétiques, on se demande si le poème est dans la langue de Jacques Réda, ou bien si par hasard, le poème ne serait pas Paris lui-même. La magie des noms, l'atmosphère qui se dégage des descriptions de rues et de quartiers, le regard des passants, tout est poésie. Est-ce grâce à Baudelaire, ou même à Boileau ? Paris en effet est une ville-texte, une ville livresque, autant et plus que Rome ou Venise, et ce n'est pas seulement à son espace et à ses monuments, à ses rues, que l'auteur a dû se mesurer, mais aussi à toute cette littérature que la ville porte inscrite dans ses murs. Certes le sujet n'était pas facile, mais le recueil est à la hauteur de tous les défis techniques et littéraires que l'auteur a su relever.
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Dans ce recueil, on retrouve une grande présence de la nature, que ce soit sous forme de feuilles, de fleurs, d'herbes, d'arbres ou encore de forêt directement. Cependant cette utilisation de la nature est plus négative que positive. C'est le cas dans « Parce que ses deux bras sont dressés », où on retrouve le terme de « vieille herbe amère ». La lecture complète de ce poème connotant l'accent plutôt négatif des parisiens se baladant dans les rues le dimanche. Ou encore dans le poème « Ensuite elle-même a défleuri », dans lequel on utilise les termes « défleuri », « de très pâles fleurs », « cruautés végétales ». Ces termes associés à l'être humain montrent son côté négatif. Mais également dans le poème « Tant de charbon sous les yeux du pope », avec les forêts qui « resserrent doucement leur étreinte sur la ville ». On retrouve cette fois-ci une tentation de domination de la nature sur l'Homme. Globalement on constate que la nature et les humains ne cohabitent pas ensemble, cela reflète parfaitement la situation actuelle de la France qui essaye de prendre le dessus sur la nature.
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Si l'on me demandait maintenant ce qui revient le plus souvent dans les poèmes de Jacques Réda, je répondrais sans hésiter les couleurs et les sonorités.
« Je reviens sur mes pas et j'écoute » écrit Jacques Réda à la page 15.
Dans son recueil de poèmes, nous plongeons dans la ville de Paris racontée par Réda. Par moment, le rythme est rapide : Réda passe de rue en rue sans que l'on s'en rend compte. Mais par d'autres moments, il s'arrête et nous transporte dans la scène par les couleurs et les bruits. Il nous amène rue des Tournelles où un couple dansent avec ferveur sur un rythme de tango ou en novembre quand le gris se confond avec le jaune de la lumière d'après-midi.
Son poème me fait alors comme une bouffe d'air vrai. Tout était si beau. Il mélange à la fois les couleurs et les sonorités donnant un coté féérique au recueil. Un instant nous entendons les oiseaux chanter puis dans un autre vers on entend les voitures. A d'autres moments, Paris est silencieuse : « les trottoirs sourds de Paris », « des gens vont sans hâte et sans bruit, presque sans paroles ».
Il y a réel jeu de sonorités. On se laisse alors bercer par les sons que perçoit Réda et ce qu'il voit.
Je vous recommande vivement de le lire !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Loin, en bas



extrait 1

Loin, en bas, des petits chalutiers remontent l'estuaire à toute vitesse : rouges, bleus, verts. Étrange ce petit pont lancé moins à travers le ciel qu'au-dessus de mes années, celles où prenant le bac pour aller à Brouage, on restait longtemps le menton sur la vase et les barques échouées au bord de l'éblouissante dalle d'eau. Maintenant on franchit d'un seul jet une époque en voie de disparaître, comme ces côtes de coques en bois noir pareilles à des ruines de cachalots. Je ne sais pas si je regrette. c'est aussi très beau vu d'en l'air, mais ce pont fatalement abolit quelque chose, au moins l'instant où l'on flottait, à l'abri sous les horizons dans un débordement sphérique de la lumière.
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Aux environs


Extrait 1

À cette heure où comme avant le jour tout redevient calme et bleu,
j’ai le regret des champs et forêts qui devaient être si proches,
de l’endroit où cessaient dans la boue et l’herbe les gros pavés.
Après quoi le chemin roulait entre des carrés bleus de légumes,
sous les branches presque nues et basses des vergers bleus,
les mêmes nuages comme des chapeaux glissant aux ras des vignes,
le même ciel s’avançant en personne par les fourrés
(je veux dire une vraie personne que l’on salue),
comme dans ce rêve qui depuis deux ans m’est si souvent revenu,
où j’atteins une dernière petite place au flanc de Montmartre –
et le rêve même de la ville enfin se dévoile, et c’est ainsi :
des bois sombres, des chevaux rouges, des collines et des champs dorés –
on entrait dans la profondeur muette de la campagne,
Gentilly, Châtillon, Montreuil, Vanves, Clamart et Saint-Cloud.
Mais surtout le nord troublait à cause d’un fort regain d’espace,
toutes ces plaines étirant jusqu’aux mers leurs fins sillons
et, mal jointes au bord de l’Oise, au bord de l’Aisne, au bord de l’Ourcq,
vides le long des routes martelées par le fer et les étoiles,
gonflent et grondent encore comme d’immenses papiers d’emballage
  ‒ le nord.
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Quand montant de la porte d’Orléans …


Extrait 2

Ainsi lorsqu’une turbulence de clartés
signale de très loin le large, dans l’espace en dilatation, mais que ce
qui paraît peut bien n’être qu’une gare de triage, avec ces jets en
éventail de rails étincelants. On est d’ailleurs ici tout près des
combinaisons de Montparnasse, et l’on aspire plutôt à des chemins de
terre accompagnant le ballast qu’à, cette chimère métaphysique de
vide et de plénitude, de fin et de recommencement, dont pourtant le
bout du trottoir, au niveau des nuages, surplombe l’immense vision.
mais bientôt la rue de l’Ouest, à gauche, puis encore la rue du
Château, les zincs arabisés et les épiceries juives, une foule de piétons
peu causants, qui flânent (ont du reste l’air en flanelle) et s’attardent
en longs attroupements : on signe la pétition contre le projet d’une
autoroute qui, sur ce vieux quartier sombre et pauvre mais doucement
replié sur soi, sur les gens qui l’habitent, s’abattrait en travers comme
une grande matraque de béton.
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La bénédiction de Saint Serge

(...) Sur la façade en bois d'escalier découpé de l'église
grimpent obliquement les caractère slavons hâves et pointus,
et l'intérieur aussi ressemble au fond obscurci d'une lampe
que le vent balance avec nos deux mains jointes au-dessus de Paris.
J'interprète mal le symbolisme liturgique de ce théâtre,
quand l'officiant barbu surgit d'une isba dans un coin, tenant d'une main son livre et de l'autre une minuscule bougie.
Puis il rentre et les voix recommencent une psalmodie où rôdent
des cris d'alouette et des rondes d'amour dans les prairies...

p. 125
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Tout le monde sait que l'ancienne gare de la rue de Boulainvilliers est occupée par une dame dentiste, mais lui appartient-elle vraiment ? Un stand de tir a sa plaque aussi plus loin sur la grille, et je me perds en corrélations. Jamais je n'ai perçu les vrombissements de la fraise, des détonations de carabines ; tout se passe peut-être dans l'obscurité des tunnels...

p. 95
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Videos de Jacques Réda (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Réda
Jacques Réda Quel avenir pour la cavalerie ?
Rencontre animée par Alexandre Prieux
La poésie serait-elle une guerre ? le vers, le corps d'élite de la langue ? En retraçant l'histoire de notre prosodie, Jacques Réda dévoile les processus de transformation du français, aussi inéluctables que ceux de la physique. Où les poètes sont les exécutants plus ou moins conscients d'un mouvement naturel. du Roman d'Alexandre à Armen Lubin, en passant par Delille, Hugo, Rimbaud, Claudel, Apollinaire, Cendrars et Dadelsen, Jacques Réda promène son oeil expert sur des oeuvres emblématiques, et parfois méconnues, de notre littérature. Inspirée et alerte, sa plume sait malaxer comme nulle autre la glaise des poèmes pour y dénicher les filons les plus précieux. À la fois leçon de lecture et d'écriture, et essai aux résonances métaphysiques, Quel avenir pour la cavalerie ? constitue la « Lettre à un jeune poète » de Jacques Réda, et le sommet de sa réflexion poétique.

À lire – Jacques Réda, Quel avenir pour la cavalerie ? – Une histoire naturelle du vers français, Buchet/Chastel, 2019.
Le jeudi 28 novembre 2019 à 19h
+ Lire la suite
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