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Citations de Jean-Claude Carrière (445)


Saint Thomas a rangé l'acte de foi parmi les actes de la volonté libre. On peut donc l'accomplir ou le refuser. De toute manière, il s'agit ici d'un acte purement humain, où le droit divin ne peut intervenir. En d'autres termes : on ne peut obliger homme au monde, par la force, à changer de foi.
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L’homme de bien souffre à blâmer autrui, le médiocre s’en réjouit.
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Accorde du temps à l’espoir car l’obstacle n’est qu’une raison d’être patient.
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Le rêve du papillon

L’idée que toute existence est discutable, que toute perception peut être trompeuse, que tout jugement peut être renversé, que toute affirmation qui paraît objective renferme une part secrète d’arbitraire, cette idée court le monde depuis que la pensée a laissé ses premières traces.
C’est une histoire chinoise, extrêmement célèbre, qui est au centre de ces hésitations de l’esprit, Tchouang-tseu, nous l’a rapportée.
Un homme rêve qu’il est un papillon. Il voltige légèrement de fleur en fleur, ouvrant et refermant ses ailes, sans le plus léger souvenir de sa nature humaine.
Quand il se réveille, il s’aperçoit avec étonnement qu’il est un homme. Mais est-il un homme qui vient de rêver qu’il était papillon ? Ou un papillon en train de rêver qu’il était un homme ?
On dit qu’il ne put jamais répondre à cette question.
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- Quel est votre sentiment sincère, professeur?
- Qu'ils sont (les Indigènes) d'une autre catégorie, nés pour servir et être dominés. Comme la forme domine la matière, comme l'âme domine le corps, l'époux son épouse, le père son fils. Cet ordre a été établi par le Créateur pour le bien de tous.Celui qui est né esclave, s'il reste sans maître il est perdu.Il se laisse effacer de la terre.
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La vérité avance toujours seule et fragile, le mensonge au contraire a beaucoup d'auxiliaires
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Nous venons tous au monde avec l'étiquette "fragile". Un rien nous blesse et même nous tue. Accident, maladie brutale, bombe dans le métro, une guerre, une balle perdu, une voiture qui dérape ou qui explose dans la foule, un égorgeur, un court-circuit, un crotale, un faux pas, tout peut être fatal. Des innocents sont morts de piqûres d'abeilles, d'une chute dans un escalier, d'un coup de colère, d'un éternuement. Nous mourons aussi dans notre sommeil, si notre cœur s'immobilise.
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Un notaire anglais, au XVIIIe siècle, trouvant que son travail de la journée n’était pas suffisamment payé, ajouta sur sa note quelques heures de nuit, pour avoir rêvé de l’affaire qui lui était confiée.
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Avant de pratiquer une opération sur un grand personnage, il était autrefois d’usage que le chirurgien s’entraînât sur un certain nombre de patients. En 1686, avant d’opérer Louis XIV d’une fistule à l’anus, Félix, son premier chirurgien pratiqua d’abord d’intervention sur des dizaines de pauvres, dans divers hospices.
Au siècle précédent, lors de l’accident de tournoi survenu à Henri II, on avait aveuglé quatre prisonniers pour permettre aux chirurgiens d’étudier –vainement– la blessure à l’œil reçue par le roi.
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LEGAT : Mes chers frères, ma décision est prise. Comme je l'ai dit, elle sera confirmée par Sa Sainteté et par l'Eglise tout entière.

La lumière revient. Tous sont en place, comme la veille, sauf les Indiens.
Sépulvéda, Las Casas et le colon, auprès de qui se tient le supérieur du couvent, tous attendent.

LEGAT : Les habitants des terres nouvelles, qu'on appelle les Indes, sont bien nés d'Adam et d'Eve, comme nous. Ils jouissent comme nous d'un esprit et d'une âme immortelle et ils ont été rachetés par le sang du Christ. Ils sont par conséquent notre prochain.

Un sentiment de joie paraît sur le visage de Las Casas. Il a été entendu. Le légat dit encore :

Ils doivent être traités avec la plus grande humanité et justice, car ils sont des hommes véritables. Cette décision sera rendue publique et proclamée dans toutes les églises de l'Ancien et du Nouveau Monde.

Sépulvéda se permet une dernière intervention :

SEPULVEDA : Eminence, pardonnez-moi, je respecte naturellement votre choix, mais avez-vous réellement examiné toute l'importance de ces paroles?
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L'histoire que voici (est) d'origine turque (...).
Un homme qui vivait à Istanbul, et qui était âgé de soixante ans, épousa par amour, malgré les conseils de ses amis, une jeune et jolie femme.
L'homme était très honorablement connu, riche, et l'on faisait souvent appel à lui pour avoir son avis dans les affaires délicates.
Il lui arriva ce qui arrive assez souvent aux hommes âgés et imprudents. Sa jeune femme prit un amant de son âge, qu'elle voyait clandestinement dans une maison de rendez-vous fort discrète, tenue par une vieille entremetteuse.
Si habile que fussent les deux femmes, cette liaison fut un jour connue. Des amis très prévenants se firent un devoir - et un plaisir - de raconter au mari trompé son infortune. L'homme fit vérifier leurs dires. Il convoqua l'entremetteuse et, sous la menace (et à l'aide d'un sac d'argent), lui fit tout avouer.
Il fit alors appeler sa femme, qui se doutait de quelque chose, et qui ne put nier l'évidence. Sous les accusations précises de son mari, elle pleura, elle s'effondra, elle implora tous les pardons du monde, tout en sachant que les lois en vigueur interdisaient ce pardon-là et qu'elle risquait la répudiation et la mort.
L'homme - dont l'amour n'avait pas faibli, bien qu'il le cachât - lui demanda de monter dans sa chambre et d'attendre sa décision. Elle lui obéit. Pendant toute une nuit, l'homme resta seul. Il pria, il réfléchit à ces notions complexes que sont l'amour et la fidélité, il relut également le texte des lois en se demandant, devant la diversité des hommes, s'il était vraiment possible d'établir des obligations s'appliquant à tous.
Il pria encore, il réfléchit jusqu'au fond de lui-même, il s'interrogea. Il prit enfin sa décision.
De bonne heure, il sortit. On le vit en différents endroits de la ville. Vers la fin de la matinée, il rentra chez lui et demanda aux serviteurs de préparer un repas pour deux personnes.
Quand le repas fut prêt, il fit descendre sa femme et la pria de s'asseoir en face de lui. Silencieuse, elle présentait un visage pâle et fatigué, où se voyaient encore les traces des larmes de la nuit.
- Mangeons, lui dit-il.
Pendant qu'on servait le repas, l'homme rappela à sa femme que le lendemain soir ils recevaient des invités, et qu'elle devait veiller à la bonne marche de la soirée. Il lui dit aussi que les ouvriers allaient venir, un peu plus tard, pour réparer une partie du toit, qui s'était récemment effondré, et qu'il comptait sur elle pour les accueillir et les surveiller.
Bref, il se comportait avec elle comme il l'eût fait en tout autre jour, normalement. Rien ne paraissait le troubler.
La jeune femme s'étonnait, et même s'inquiétait, de l'attitude de son mari, de qui elle attendait reproches et punitions.
Quand ils commencèrent à manger, l'homme lui dit :
- Tu ne déplies pas ta serviette ?
En effet, dans son désarroi, elle avait oublié de prendre sa serviette de table. En la dépliant, elle y découvrit un écrin portant la marque du meilleur bijoutier de la ville.
Elle ouvrit l'écrin, elle y vit un bijou magnifique.
- C'est pour qui ? demanda-t-elle, dans le plus profond des étonnements.
- C'est pour toi, lui dit son mari.
Elle regardait le bijou sans comprendre, sans oser même le toucher.
Elle dit enfin, d'une voix tremblante :
- Mais je n'ai pas mérité de le recevoir !
- Non, lui dit son mari, mais j'ai mérité de te l'offrir.
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Un porteur d'eau, quelque part en Inde, transportait de l'eau d'une source jusqu'à un village, où il la vendait. Il portait son fardeau dans deux pots, attachés à une barre de bois de chaque côté de ses épaules.
Le pot qu'il portait à droite était intact, et arrivait toujours plein au village, mais le pot de gauche, fêlé, perdait la moitié de l'eau en chemin.
Cela dura des années. L'homme n'avait pas les moyens de s'acheter un autre pot. Un jour le pot fêlé prit la parole et dit au porteur :
- Je suis honteux de mon imperfection et je te demande pardon. Je perds l'eau que je devrais garder. Vraiment, j'ai honte, je t'assure.
Le porteur regarda le récipient et lui dit :
- À notre prochain voyage, tu regarderas du côté gauche du chemin, de ton côté.
- Et qu'y verrai-je ? demanda le pot.
- Tu y verras les fleurs auxquelles ton eau perdue, pendant tout ce temps, a donné la vie.
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Il est faux de déclarer que la guerre que nous leur avons faite était juste. Tracer par l'épée le chemin de Dieu est une entreprise déshonorante. [...] La guerre sainte, répétions-nous, est une infamie. Elle ne sert qu'à écrire sur la Terre le nom de Dieu en lettres de sang.
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En outre je ne suis pas sûr (...) qu'en élevant la voix on se fasse mieux entendre. Les plus grandes vérités peuvent être dites en un murmure.
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Il m'est arrivé de me glisser, une ou deux fois, depuis que je suis à la retraite, dans une de ces cabines de cinéma classées X et j'en suis sorti profondément désolé sinon par ce que j'avais vu, mais par ce que j'avais entendu. Ce sont toujours les mêmes mots usés et vulgaires. Le relief des formes n'a d'égal que la platitude du langage.
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Adhiratha: Je suis un cocher, je m'appelle Adiratha. je cherchais mon fils, Karma.
Drona (à Karma): C'est ton père?
Karma: Oui, c'est mon père.
Bhima: Le fils d'un cocher! Allez! Qu'on lui donne un fouet, et une pelle pour le crottin! Qu'on attelle des ânes à son char!
Duryodhana: Bhima, tais-toi! Ou je vais tuer ton rire!
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Le Mahabarata raconte l'histoire d'un jeune archer, Ekalavya, dont le talent était comparable à celui d'Arjuna.
Arjuna, comme ses frères et ses cousins, avait pour guru l'illustre Drona, le premier des maîtres d'armes. Zkalavya demanda lui aussi à faire partie des élèves de Drona, mais celui-ci le rejeta. Il avait promis à Arjuna de faire delui le premier archer du monde, et ne voulait pas risquer de lui donner un rival.
Repoussé, Ekalavya se retira dans la forêt, façonna un buste de Drona, son idole, et s'entraîna devant cette image de terre glaise. Il acquit une adresse prodigieuse, dont la réputation vint aux oreilles de Drona.
Celui-ci se rendit dans la forêt. Dés qu'il l'aperçut, Ekavalya se jeta à ses pieds, l'appela son guru, se déclara émerveillé, comblé de bonheur par sa visite et lui dit :
- Tu es mon maître. Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai.
Drona lui dit alors :
- Donne-moi le pouce de ta main droite.
Ekalavya n'hésita pas un instant. Il saisit un poignard et se trancha le pouce - que Drona emporta.
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LE SECRET DU SCULPTEUR

Une histoire contemporaine,probablement française,montre un sculpteur,qui se fait livrer un gros bloc de pierre et se met au travail.

Quelques mois plus tard,il achève de sculpter un cheval.
Un enfant, qui l'a regardé travailler, lui demande alors:

- Comment savais-tu qu'il y avait un cheval dans la pierre?
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Je connaissais l'objet de la controverse de Valladolid. Toutefois, sa mise en mots, les émotions des personnages, lui confère une intensité dramatique tant elle est lourde de conséquences. Si elle se conclue favorablement pour les indiens, leur reconnaissant le fait de posséder une âme, elle prône l'esclavage de l'homme noir et scelle sa situation de sous-homme pour des siècles. Enfin, les débats qui se sont déroulés il y a maintenant prés de 6 siècles sur la liberté de la foi individuelle n'ont pas pris une ride.
Ouvrage à lire
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Que ce rapport individu-histoire vienne à se rompre, pour quelque raison physiologique ou mentale, voici le récit brisé, l'histoire égarée, la personne projetée hors du cours du temps. Elle ne sait plus rien, ni qui elle est ni ce qu'elle doit faire. Elle s'accroche à quelques semblants d'existence.
....
Ce qui se dit d'un individu, peut-on le dire d'une société ? Certains le pensent. Ne plus pouvoir se raconter, s'identifier, se placer normalement dans le cours du temps, pourrait conduire des peuples entiers à s'effacer, coupés des autres et surtout d'eux-mêmes faute d'une mémoire constamment ravivée.
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