AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Claude Carrière (445)


... le très vieux chaque jour nous habite et nous pousse à l'acte.
Nous venons de loin, déjà. Comme on observe en astrophysique une "lumière fossile", qui scintille autour de nous depuis la naissance des mondes, on peut entendre ça et là, en ouvrant largement l'oreille, des murmures d'avant l'histoire.
Commenter  J’apprécie          40
Un spectacle théâtral n'est jamais accompli, et un succès doit se mériter chaque soir. Un public se renouvelle sans cesse, ainsi que le monde dans lequel nous vivons, et chaque jour nous apprend quelque chose. que nous le voulions ou non, l'actualité du jour s'infiltre le soir, dans la représentation, et la transforme, si faiblement que ce soit. (p.52)
Commenter  J’apprécie          40
Ils étaient pris par surprise. Ils ne comprenaient pas qui nous étions, ni ce que nous voulions. Ils regardaient avec étonnement les Espagnols qui les frappaient. Et puis, vous le savez, ils n'avaient pas d'armes comme les nôtres. Ni de chevaux. Qui sait ? peut-être pensaient t-ils que cette mort qui les frappait, sans aucune raison humaine, n'était pas une mort réélle, n'était qu'une apparence de mort ? Qu'il s'agissait d'un jeu mystérieux et magique, apporté par des étranger aux pouvoirs immenses, que ce sang versé allait subitement revenir dans leurs veines, que les cadavres allaient se relever, marcher et rire ?
Commenter  J’apprécie          40
Un maître zen dit à l'un de ses disciples en lui montrant la mer :
-Tu dis que l'esprit commande à la matière. Et bien, empêche ces bateaux, la-bas, de prendre le large.
Le disciple abaissa le store de la fenêtre par laquelle ils regardaient.
-Oui dit le maître en souriant et en relevant le store, c'est bien, mais tu as du te servir de tes mains.
Alors, le disciple ferma les yeux.
Commenter  J’apprécie          40
Le client : Dieu a fait le monde en six jours, et vous, vous n'êtes pas foutu de me faire un pantalon en six mois!
Le tailleur : Mais Monsieur, regardez le monde, et regardez votre pantalon.
Commenter  J’apprécie          40
Le matin, quand je me levais pour l'école, il était déjà parti au travail, dès cinq ou six heures du matin. Travail complexe, qui changeait d'une saison à l'autre et même d'un jour à l’autre, qui devait s'adapter au temps, au vent, aux orages, qui
supposait - entre le soin des bêtes, les jardins (nous en avions quatre), la vigne, les arbres fruitier - une organisation mentale extrêmement précise. Il devait savoir combien d'heures lui seraient nécessaires pour tailler cette vigne, ramener pour les chèvres un fagot de cha-taignier qu'il laisserait sécher avec d'autres dans le pailler pour l'hiver, arroser, remplacer les tuiles du toit, couper du jambon, changer un manche de pioche, aiguiser la faux à petits coups de marteau sur un coin en fer planté dans le sol, assis par terre les jambes écartées, fendre du bois avec une masse et des coins en fer, réparer la porte d'un bahut, soutirer le vin à la cave, relever un mur (ce qu'il faisait aussi bien qu'un maçon), attraper des pigeons la nuit, retirer le fumier des lapins, du cochon, prévoir les labours, préparer du sulfate, remplacer les souches manquantes, mettre les semences à sécher.
Il devait aussi faucher, battre, vanner. S'il avait des lapins, il lui fallait cultiver un peu de luzerne, et cela valait également pour les chevres. S'il possédait un cheval, il avait besoin d'un champ d'avoine, car l'avoine, nécessaire à l'énergie de l'animal, coûtait souvent trop cher à l'achat. S'il élevait des poules, il devait planter du maïs, et ainsi de suite. Je ne vois pas de fin à cet enchaînement d'occupations.
Je suis toujours frappé, dans nos existences réservées pour la plupart à une seule activité, aplanie et facilitée grâce à tant d'engins, par la réflexion jadis nécessaire, par l'agilité forcée de l'esprit devant cent décisions à prendre chaque jour, devant un emploi du temps irrégulier, d'autant plus difficile à établir que le paysan en est le seul maître. S'il se trompe, c'est tant pis pour lui. Il lui faudra travailler davantage.
Commenter  J’apprécie          30
Lorsque des actes à nos yeux criminels se commettent dans d'autres pays soumis à d'autres lois, adorant d'autres dieux, devons-nous donc toujours intervenir avec nos armes ?
Commenter  J’apprécie          30
Il regarde l’Africain silencieux, qui balaie lentement les débris de l’idole.
Commenter  J’apprécie          30
Colombe

"Un roi avait une fille, belle comme la Lune.
Il était impossible de la voir sans l'aimer.

Ses yeux, à demi fermés par le sommeil ou une douce ivresse, éveillaient continuellement la passion.

Devant l'éclat de ses lèvres, le rubis le plus pur séchait de jalousie.
Et si le sucre en avait connu la saveur, il aurait fondu de honte."

(p.42 et 43)
Commenter  J’apprécie          30
LEGAT : Approchez-vous. Frappez sur leur idole, et observons leurs réactions.
(Tous se taisent. Le serviteur s'approche. Il élève sa masse, mais semble hésiter.)
Allez-y, frappez ! Vous n'avez pas peur, tout de même ?

LAS CASAS: Frappez ! Ils ont l'habitude !

(Le serviteur lève sa lourde masse et frappe, brisant une partie de la sculpture.
Les indiens tressaillent.
Le serviteur relève sa masse et frappe une seconde fois.
L'indien fait un mouvement, comme s'il voulait intervenir. Sa femme aussitôt le retient par le bras.)

SEPULVEDA: Vous avez vu ? Il a failli intervenir ?

LAS CASAS: Oui, mais sa femme l'a retenu !

LEGAT : Qu'est-ce ça prouve ?

LAS CASAS: Qu'ils sont capables de penser, de dissimuler, de peser le pour et le contre ! Aussi rapidement que nous !
Commenter  J’apprécie          30
page 126

On commençait à raconter, avec détails, que des anges aux ailes d'or étaient apparus, sonnant la trompette, et que les pieds nus de Lazarre, au sortir de la tombe, ne touchaient pas le sol qu'ils retrouvaient.
Commenter  J’apprécie          30
Elle se tut à nouveau, puis elle but un peu de vin coupé d'eau, sans regarder Simon directement. Quand il réfléchissait, il n'aimait pas qu'elle le regardât. Aussi réglait-elle une des lanières de sa sandale qui la blessait aux orteils.
Pendant un long moment il réfléchit à nouveau à ce qu'elle venait de dire.
Commenter  J’apprécie          30
Simon entra plus tôt que prévu. Hélène crut qu'il voulait lui faire l'amour. Elle acheva de s'habiller, de se coiffer. Elle le laissa s'asseoir en silence et lui servit un peu de vin.
Elle s'était remise à peindre ses ongles d'orteils, en laissant voir chaque fois l'une de ses jambes. Dans l'attention qu'elle portait à ses gestes méticuleux, elle cachait probablement sa gêne.
Commenter  J’apprécie          30
(p. 126 - fin)
Bien. Je vous quitte maintenant, il est temps de descendre à la cave pour voir ce que le vin est devenu pendant que j'écrivais ce petit livre. A-t'il gagné, a-t'il perdu quelque chose ? Le temps l'a-t'il aidé, ou contrarié ? Je n'en sais rien.

Je parie pour un mieux possible.

Et on écrit toujours pour plus jeune que soi.

C'est pourquoi je vais descendre lentement le long des escaliers étroits (je marche de plus en plus difficilement), m'asseoir, choisir une bouteille, l'ouvrir en douceur et boire un verre de vin. En espérant qu'il sera bon et que ce ne sera pas le derniers.

Je ne vois rien de mieux à faire, pour le moment.

Et je vous invite à me suivre.

A notre santé !

FIN
Commenter  J’apprécie          30
(p.79)
J'ai connu un homme très épris de sa femme, et il lui disait : "Le plus dur, dans la mort, c'est que je t'oublierai."
Commenter  J’apprécie          30
(p.10)
Et qu'on se rassure dès le départ : au moment où tant de "philosophes" autodéclarés écrivent des livres pour se plaindre de leurs anciennes compagnes (mais comment osent-ils ? Leur est-il indispensable de figurer, avec le même sourire nigaud, dans les pages illustrées des magazines parisiens ?), on ne trouvera ici rien de ce vilain genre.

Ce que la "philosophie" est devenue est simplement consternant.

Oublions.
Commenter  J’apprécie          30
Je dis seulement qu’un temps viendra peut-être où des sociétés plus raffinées, plus civilisées que la nôtre, trouveront la Bible sanglante et cruelle. Diront-elles que les Juifs de ce temps-là étaient une basse variété de l’espèce humaine ?
Commenter  J’apprécie          30
Quand il s'agit de partager un héritage entre deux frères, on n'a jamais trouvé meilleure formule que celle-ci, qui fut donnée il y a longtemps (en France, croit-on savoir) :
- Que l'aîné partage les biens en deux parts. Et que le cadet choisisse le premier.
Commenter  J’apprécie          30
L'écriture à la main disparaît petit à petit. Nous tapons sur des touches, mais nous n'écrivons plus.Nous avons tous, désormais, la même écriture. Adieu l'écriture personnelle qui faisait de chacun de nous un individu.
Commenter  J’apprécie          30
Nous sommes mortels et appelés à disparaître après notre mort. Mais ! "l'Ange exterminateur" n'est pas capable d'anéantir un seul atome. Nos atomes ne cesseront pas d'être, même s'ils nous ont quittés, sans conserver de nous la moindre trace. Même s'ils appartiennent désormais à une autre forme de vie que nous ne pouvons ni choisir ni même prévoir.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Claude Carrière Voir plus

Quiz Voir plus

Démasqué ! 🎭

"Le Masque de la mort rouge" est le titre d'une nouvelle écrite par ...

Oscar Wilde
William Irish
Edgar Poe

12 questions
139 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , critique littéraire , théâtre , littérature étrangère , carnaval , culture littéraireCréer un quiz sur cet auteur

{* *}