AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Claude Pirotte (411)


La paresse est un vilain défaut, les pauvres gosses ont entendu cela quelque part. Ils croient mordicus, erreur commune, qu'être paresseux, c'est ne rien faire, laisser turbiner l'autre, se débiner. Alors qu'il s'agit d'un affût, d'une traque ardente et fabuleuse.
Commenter  J’apprécie          10
danseuse noire ombre souple
ombre douce sous la lune
quand tu me quitteras j'irai
me pendre ou chercher fortune
dans le halo d'un réverbère.
Commenter  J’apprécie          00
Je ne peux pas écrire de romans parce que des romans, je n'arrête pas d'en vivre, et je ne le fais pas exprès comme on dit. Évidemment ce sont des romans de gare. J'ai un tempérament de midinette c'est sûr. Personne ne m'a jamais sérieusement pris pour un vrai bandit, sinon quelques magistrats imaginatifs et des gendarmes routiniers.
Commenter  J’apprécie          00
Les mouches bourdonnent, des bruits confus se répercutent entre les parois minces du logement, l'avenue grognonne, ses borborygmes assourdis de mécaniques puantes. L'homme écrit cela, les larges fleurs, orange et rouge, de l'horrible papier peint qui tapisse la cuisine exaspèrent sa nausée, dehors une petite pluie fine et presque silencieuse étouffe les rares chants d'oiseaux, l'homme se répète qu'il ne sortira pas, qu'il ne quittera plus ce logement, où il ne se déplace que de la cuisine à la chambre, lorsqu'il va se coucher pour tromper sa faim.
Commenter  J’apprécie          00
La pratique de l'art et celle du vin témoignent du même état de civilisation. Toutes deux exigent un égal apprentissage, et les mêmes soins excessifs, où la ruse, la rigueur, l'intuition et le tenace instinct du secret partagé tiennent un rôle essentiel.
Commenter  J’apprécie          00
Rendre hommage au vin loyal confine à l'insoumission, et invite à la clandestinité. Nous sommes quelques uns à nous préparer à des lendemains furtifs. Traqués, derechef, dans l'élémentaire pratique d'un culte souverain, nous nous réjouissons malicieusement de ce surcroît de bonheur que nous promettent la résistance à l'oppresseur et la désobéissance civile.
Commenter  J’apprécie          00
Ce volume est précieux à plus d'un égard, et d'abord parce qu'il est à mes yeux résolument moderne. Il occupe donc une niche privilégiée dans ma cave. Il faudra bien que je décrive ma cave, puisque j'ai décidé de relater une expédition dont elle figure le coeur, mais patience. Oui, mais pas tout de suite, comme disait le prince de la digression malicieuse, l'inénarrable Charles-Albert Cingria.
Commenter  J’apprécie          00
Afin d'anesthésier définitivement l'officier ministériel étourdi, j'ouvrais deux ou trois flacons mythiques à l'arôme desquels il tentait vainement de résister.
Commenter  J’apprécie          00
C'est comme l'alleu que le droit féodal protège en déclarant qu'il ne relève que de Dieu et du soleil. J'en profitais pour affirmer que le vin jouit de la même inestimable protection. Qu'il ne pouvait donc être question de procéder à quelque saisie que ce soit, fût-ce la saisie-brandon ou la saisie des fruits pendant par racine.
Commenter  J’apprécie          00
Jean-Claude Pirotte
Au palais


après l’audience des divorces
on entendait dans le jour rare
de la Salle des Pas Perdus
des époux rageurs disputer
de l’attribution d’un miroir
où peut-être l’épouse âgée
avait enclos soir après soir
la mémoire de sa beauté
Commenter  J’apprécie          00
I


LE CARNET BLEU

Extrait 4

J’écris dans ce carnet pour rajeunir. Ou pour me voir vieillir ? Avec Han, les parties d’échecs sont comme de longues promenades silencieuses.
Ou plutôt des flâneries sans aucune arrière-pensée. Les parades sont imprévisibles, nous ne ménageons pas nos arrières, nous revenons sur nos pas, nous renonçons à des stratégies, et notre insouciance nous mène dans des détours inédits. Ce n’est pas comme avec son frère. Jan est champion de Hollande, et, ce que je sais, ou crois savoir, c’est de lui que je l’ai appris. Quand je joue avec Han, je peux tout oublier. Avec lui il n’y a pas de vainqueur. Cette semaine, et la prochaine, Jan est à Pontarlier, chez sa fiancée, que je n’ai jamais vue. Même en photo, je me demande pourquoi. Ce sont des fiançailles suspectes, elles durent depuis trois ans, et la fiancée demeure invisible. J’ai l’impression que pour Jan c’est très pratique. Il ne m’a jamais proposé de m’emmener dans le Jura, non, alors que partout ailleurs, si j’en ai envie je l’accompagne. Évidemment la frontière suisse c’est loin, et puis il y a la fiancée qui n’a pas de visage, pas de nom, à peine un prénom dont l’orthographe même semble aléatoire.

p.16-17
Commenter  J’apprécie          00
I
LE CARNET BLEU

Extrait 2

Il sourit mais ce n’est pas un sourire moqueur. Il dit que lui aussi éprouvait ce désir, et que c’est l’enfance qui l’a conduit là-bas, d’où il vient, où il ne pense qu’à repartir. Et que, dans la solitude, l’enfance est préservée comme les images d’un monde ancien, qui ne veulent pas mourir. Il est devenu géologue, dit-il encore, pour explorer des rêves d’enfant, les siens, peut-être aussi ceux de tous les hommes, bien que ce soit difficile à concevoir, l’idée de creuser dans la nuit de tous les
hommes. Il s’agit même en vérité de creuser plus profond encore, jusqu’au premier homme dans sa nuit. Et jusqu’à la nuit qui précède l’homme. Alors, pour faire le malin, je récite le premier vers de La chanson d’Ève :

C’est le premier matin du monde.

p.14
Commenter  J’apprécie          00
 
 
« … les larmes inapprivoisées de l’enfance
murmurent toute la vie… »
A N D R É D H Ô T E L .

I

LE CARNET BLEU
Extrait 1

Hier, il y avait un ciel blanc de neige suspendue. Commencer l’année par le seul mot sensible : hier. Ou jadis. Je ne serai jamais un homme de demain. Déjà je suis, je me sens, un jeune homme d’hier. Ce sont peut-être mes derniers éveils dans ma mansarde de Bezuidenhout. Il faut consacrer l’hiver à se souvenir. Dans le jardin les massifs de bruyère ont gardé malgré le froid comme un filigrane mauve, une ombre de résille sur le sable pâle. Han est arrivé des montagnes de l’Atlas, il y a quelques jours. Il dit que là aussi le sable et la neige diffusent une lumière mauve, le soir, le matin, et que la
pierre absorbe l’éclat du jour, avant de le réfléchir en mirages tremblants. On a, dit-il, alors le sentiment de vivre dans un miroir. Et toi, me dit-il encore, que racontes-tu ? Je réponds que c’est cela, justement, que j’aimerais : vivre dans un miroir.
  — Au pays des merveilles ?


p.13-14
Commenter  J’apprécie          00
j’écris dans la cuisine…


Extrait 6

la cuisine s’embrume
je fume beaucoup trop
d’âcres volutes bleues
vont tamiser l’ampoule

sous laquelle se creuse
le val d’un livre ouvert
tandis que le vent d’Est
rêve l’écho d’un train

il faut fermer le livre
éteindre m’allonger
laisser la nuit pensive
à mes yeux me cacher

devenir illico
le gisant d’élégie
que j’étais à vingt ans
veillé par des Maries
Commenter  J’apprécie          00
j’écris dans la cuisine…


Extrait 5

je n’écris pas comme cestuy-
là qui triture le langage
et le désosse et le réduit
et le conchie plaisant outrage

je n’écris qu’avec une plume
et de l’encre sur du papier
vieux marteau désuète enclume
armes de poètes pompiers

tirant la langue sur ma page
je m’escrime – et souvent m’enrhume
quand les aubes gèlent mes pieds

l’orteil roide et le front en nage
comptant les pieds pompant les nuits
je me consume en ce déduit
Commenter  J’apprécie          00
j’écris dans la cuisine…


Extrait 4

dans la cuisine où je t’écris
ô plus improbable lecteur
combien me révulse l’esprit
la lèpre du papier à fleurs

je rêve à rien guettant les cris
des hirondelles que j’écœure
en tiraillant les longs poils gris
de ma moustache de sapeur

tels des boudins la nuit débite
les vers fades de ce sonnet
Depuis la foire jusqu’icite

le vent traîne un relent de frites
et de pipi de sansonnet
sur des débris de chansonnettes
Commenter  J’apprécie          00
j’écris dans la cuisine…


Extrait 3

me cause du souci
le sort de ceux que j’aime
on ne fait pas bouillir
la marmite avec des
brindilles de poèmes
Or ne suis ni chômeur
ni assuré social
Si je suis en cavale
je ne ressemble guère
à ces arcans fameux
dont le portrait-robot
décore les gazettes
Nul fade fabuleux
n’emplit mon escarcelle
Je ne sais trop pourquoi
je fus mis hors la loi
(sans doute avais-je l’air
de qui je ne suis pas)
Ma vie est à l’envers
des jours noirs aux nuit blanches
semaines sans dimanches
hier ou demain l’hiver
n’importe quelle vie
et moi n’importe qui
Très fantômale en somme
l’allure de cet homme
Compère Guilleri
le lairas-tu mouri’ ?
Commenter  J’apprécie          00
Blues du déraciné


Extrait 1

mon nom je l’ai perdu donnez-moi donc
le nom que vous donnez générique et
banal au peuple déplacé qui va
de rue en rue de taudis en taudis

donnez-le-moi ce nom celui d’un père
assassiné d’un frère embastillé
d’une fiancé noire au corps vendu
mon nom perdu rendez-le moi rendez

son nom d’homme au pauvre Gaspard Hauser
mais vous n’écoutez pas la plainte des
lèvres tuméfiées ni le crépi-
tement des flammes autour de minuit
Commenter  J’apprécie          00
le chat c’est un pèlerin…


le chat c’est un pèlerin
qui explore à l’infini
des espaces sans mesure
où nous n’avons pas accès

les contrées imaginables
ne sont pour son œil vivant
que domaines sans surprise
il voit d’autres univers

où la lumière caresse
des ombres furtives toujours
et les matins renouvellent
un monde habité sans cesse
de miracles dorés
Commenter  J’apprécie          00
tu te crois proche de l’extase…


tu te crois proche de l’extase
mais le ciel ne dévoile rien
sinon ce vide que tu crains
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Claude Pirotte (258)Voir plus

Quiz Voir plus

Fantastique Maître Renard

Combien de renardeaux compte la famille de Maître Renard ?

1
2
3
4

10 questions
184 lecteurs ont répondu
Thème : Fantastique Maître Renard de Roald DahlCréer un quiz sur cet auteur

{* *}