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Citations de Jean-Claude Pirotte (411)


Jean-Claude Pirotte
nous n'avons que deux mains
pour écarter les murs
qui se dressent la nuit
entre le plein de l'île
et le vide du temps


(p.65)
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Jean-Claude Pirotte
Dans la vallée où je suis né
le ciel est bas la terre est lourde
et le silence des années
coule avec le fleuve, la sourde

opulence des ciels du Nord
rencontre ici les vents de l'est
et les longs automnes où l'or
des ormes malades s'épuise

le temps infini de l'enfance
prenait les teintes de velours
qui dans les peintures flamandes
exaltent le déclin du jour

(" Un bruit ordinaire")
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Préface de Philippe Claudel, extrait p 12
Murmurant et souple, libre et buissonnier, "Le silence" de Jean-Claude Pirotte est nourri de grains nobles. Lumineuse et blonde vendange tardive d'une poésie élevée pendant quarante années, ce livre permet de retrouver l'ami fragile, la maigre silhouette, la voix de basse chaude, éraillée mais si douce, son amour des mots, ceux des autres plus que les siens. Avec en main ce fraternel bréviaire, malicieux jusque dans ses méandres, le lecteur pourra dire qu'il n'est pas tout à fait seul et se convaincre qu'en ses moments de grâce la vie, parfois, nous fait croiser des dieux grimés en vagabond.
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d'un passé qui ne m'appartient
qu'à peine et tout rongé d'oubli
j'écoute la boîte à musique
le même ciel rêveur s'éteint
à l'heure que la cloche indique
avec rigueur comme jadis

sous l'oeil de l'aïeul attendri
j'écoute la boîte à musique
et le vent du Nord et le cri
des girouettes faméliques
du passé que ronge l'oubli

de la ritournelle fragile
se fondent les derniers accords
et dans le monde désert il
ne reste que le vent du Nord
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La douleur est encore un certificat de jeunesse, et il n'est pas d'endroit de mon corps qui ne soit le siège d'une souffrance. Dans tes lettres tu me parles enfin de cet abandon qui est le tien, et tu dresses, à ton insu peut-être, le miroir de mon propre abandon. J'emporte ces quelques feuillets reçus de toi pendant les dernières semaines, pour les relire au café.
C'est une vieille taverne aux banquettes poussiéreuses, où la lumière des jours gris pénètre à peine. Le bruit du carrefour y bat comme les pulsations d'un coeur désordonné. Je m'installe tout au fond, dans une encoignure, là où c'est le plus sombre, et je tourne le pied de mon verre entre mes doigts, longtemps, avant de goûter à la première gorgée. Puis je déplie une page au hasard, et je lis une phrase, dont je laisse infiniment l'écho parcourir ma mémoire. Rien n'est plus triste, et rien ne sera plus doux que le souvenir de cette tristesse, un jour, lorsque tu m'auras vomi de ta vie, et qu'enfin je serai démuni du peu d'existence que je traîne.
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Jean-Claude Pirotte
le vent glisse avec sa valise



le vent glisse avec sa valise
de refrains sempiternels
les panais dressent leurs balises
fidèles au bord du ciel
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« L’air émet quelques sifflements
que l’on attribue aux oiseaux
mais l’air s’en fiche il est serpent
il se glisse entre les roseaux

Il fend le saule il est le vent
il soupire dans la lucarne
et chevauche la cheminée 
on ne le voit jamais avant »
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Je ne connais ni les oiseaux
ni les fleurs ni les arbres
je me connais encore moins
je me cherche dans les décombres
et je me perds dans les chemins
où je ne croise que les ombres.
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Donnez-nous, Seigneur en qui nous ne croyons guère, notre pain d'amour quotidien. Nos rêves seront moins obscurs. Nos jours seront mêlés de tendresse et de désespoir simulé. Ce sera la vie, et la vigne à tailler ne nous refusera pas le spectacle d'un paysage que nous voulons croire éternel. Ce paysage est en nous comme il est au-delà de nous. Il émane de nous comme nous émanons de lui. (p. 77)
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Nous nous embrasserons sous le cerisier blanc
comme dans les chansons du temps des barricades
quand le merle sifflait et qu'il allait moquant
les espoirs abusés la gloire et les désastres
cerise du souvenir à l'oreille des
fillettes que la brise du printemps grisait
cerise des lointains des neiges sur les Vosges
quel charme nous hantait quel fruit noir quelle guigne
avoins-nous cueilli dans le verger des abîmes
pour que sur nos amours s'acharnent les orages
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      ...accueillir la mort et en quelque sorte de lui
faire place nette.

p.191
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lorsque nous partons en voyage
nous ne nous séparons des pages
de notre grand livre d'images
que pour mieux voir le paysage
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L'enfant coupable n'a tenté que rarement de me laisser en paix. L'adolescent " monstrueux " est toujours là, réduit à l'inactivité, au silence, mais planté en moi comme une statue du Commandeur. Nous n'évacuons pas nos déchets, ils seraient plutôt de nature à fermenter en nous comme du grain pourri.
Mais ce que j'écris là, avec quoi j'ai vécu jusqu'ici tant bien que mal, je n'aurais pu l'écrire plus tôt pour m'en délivrer. C'est le cancer moral qui doit avoir initié dans les parties sensibles de mon corps les métastases réelles que les médecins ont découvertes il y a peu de jours. Ce ne fut pas une surprise. Et en cherchant à me débarrasser avec la plume et du papier de ce chancre originel, je n'effectue que des prélèvements, je me livre à ma propre endoscopie mentale.
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Barnabé doit avoir neuf ou dix ans.(...) Il se dirige vers la rue de l'école.Je le soupçonne d'arriver souvent très en retard.Cette indicipline n'est pas pour me déplaire. Selon le père Petit, Barnabé prétend qu'il n'est pas sage de se fier aux horloges.Que l'heure des horloges, fût-elle cautionnée par L' Église, la Prusse ou la République, n'est jamais aussi trompeuse que lorsqu'elle exige d'être respectée.

( Le Cherche- Midi, 1999, p. 114)
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Maintenant que des dizaines de volumes tous précieux l'ont rejoint dans ce logement de la dernière heure sans doute, il se sent à nouveau rassuré, presque euphorique, et les manifestations de la douleur semblent se raréfier, voire disparaître. Que cela se révèle plus tard une illusion ne le contrarie pas.Les livres sont des analgésiques. Il leur attribue ce rôle d'adoucisseurs de la maladie avec une foi de prosélyte.

( p.38)
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Le paradoxe est là : grandir alors qu'il ne le souhaite pas, mais qu'il y est contraint pour s'affirmer aux yeux des mégères. Il a huit ans lorsque l'idée de la fugue prend naissance en lui.

(p.94)
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Tous nous avons soif de reconnaissance.La maladie, en nous éloignant de l'anonymat commun, nous confère, croyons- nous, un statut individuel. Enfin différent, le malade tenu pour tel se détache du troupeau.
(...)
Mais la civilisation occidentale est un leurre. Transporté en Afrique ou en Inde, le malade en est réduit à la condition de paria.Et c'est bien à cette condition qu'enfant, le personnage espérait être voué. Car,enfant, il pensait la maladie comme la chance d'être solitaire et de pouvoir rêver. Le bonheur d'être abandonné de tous, et d'abord des parents, le transportait au comble de la vie.

(p.61)
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rien que les prés pas de collines
mais le flou des brumes marines

le soir penché sur les étangs
qui retiennent le cours du temps

et non pas les cours de la bourse
mais les secrets de la Grande Ourse

les chemins d'eau où les roseaux
tissent en silence un réseau

d'étranges lueurs bénignes
qui dans l'espace les désignent

avant de se muer en une
insidieuse clarté de lune


p.53
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C'est Gide qu'en ces jours de tristesse et de rage impuissante, au seuil du siècle mortifère, j'interroge : " Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis. Sans eux, c'en serait fait de notre civilisation, de notre culture, de ce que nous aimons et qui donnait à notre présence sur terre une justification secrète. Ils sont ces insoumis, "le sel de la terre", et les responsables de Dieu.
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le terrain vague est là comme un miracle
entre les colzas du polder et la digue
les roseaux balancés chantent sans bruit
le balancement des roseaux se remarque
à peine sous le ciel trop grand pour lui
le chant des roseaux cela n'est pas admis
dans le concert universel des plantes
utiles qui se méfient des fleurs qui chantent
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