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Critiques de Jean Merrien (42)
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Corsaires et flibustiers

A l'abordage, mille millions de mille sabords !



Bien avant la rencontre entre le pirate, Rackham le Rouge et le chevalier François de Hadoque, capitaine de marine sous Louis XIV, et ancêtre du capitaine Haddock, la course en haute mer a connu maints règlements adaptés aux nécessités des époques.



L'histoire des corsaires, des pirates et des flibustiers nous est contée par Jean Merrien, spécialiste de l'histoire maritime, qui prend un plaisir évident à maintenir les mythes et légendes associés à ces grands aventuriers tout en serrant la réalité au plus près.



A l'origine, les bateaux de commerce étaient régulièrement attaqués et pillés par des pirates barbaresques et les représailles étaient monnaie courante avant que des traités internationaux viennent régulariser et officialiser les conditions de navigation. La guerre de Cent Ans est décisive dans ce que l'on appelle « la course ». Les bateaux corsaires sont entièrement à charge d'actionnaires autorisés par le roi, à seconder la marine militaire insuffisante en temps de guerre. Le gouvernement délivre des lettres de marque et tire un bénéfice substantiel des prises sans bourse délier. Outre les richesses contenues sur ces navires, il est primordial de s'emparer des papiers de bord et des cartes de navigation.



En temps de paix, les corsaires doivent se muer en marchands ou revenir à leurs activités sédentaires, ce qui n'est pas pour leur plaire, après avoir connu plaies et bosses mais aussi espèces sonnantes et trébuchantes. Ceux qui s'aventurent en mer et arraisonnent des bâtiments pour les piller, sont considérés comme des pirates, des écumeurs et des forbans.



Grâce à la découverte par Christophe Colomb des « Indes occidentales », le trafic maritime prend un essor considérable et la concurrence entre Espagnols, Anglais et Français connaît ses heures de gloire et de batailles sanglantes.



Un autre théâtre d'opérations voit le jour dans la mer des Antilles, des navires corsaires, soutenus par les gouverneurs des colonies, jouent leurs propres parties. Ils ne rentrent jamais en France et le contrôle est pratiquement impossible. Ce sont les flibustiers. Les Espagnols sont maîtres de la place et y stockent le butin pillé aux territoires conquis, avant d'être acheminé vers leur pays. Les galions chargés d'or font rêver et suscitent la cupidité des autres nations européennes. Pour se faire une place au soleil, les Français doivent déployer une énergie à la hauteur de la férocité de leurs adversaires. de l'île de la Tortue à Saint-Domingue et à Haïti, les flibustiers pratiquent aussi l'agriculture (les habitants) et la chasse (les boucaniers) et sont rejoints par nombre de réfugiés de tous pays. Une grande partie du livre leur est consacrée.



Au XVIIe siècle, d'énormes progrès techniques sont apportés aux bâtiments à voile pour qu'ils gagnent en rapidité et en maniabilité. Ils ne servent plus d'auxiliaire à la marine royale mais ont leurs propres activités « commerciales » tout en rapportant de multiples richesses à la Cour. Jean Bart, le Hollandais devenu corsaire du roi de France, Claude de Forbin, le Provençal, envoyé comme ambassadeur au Siam, René Duguay-Trouin, le Malouin, qui de corsaire devient capitaine de la marine royale et, enfin au XVIIIe siècle, Robert Surcouf, autre Malouin, armateur-corsaire connu pour ses exploits dans le golfe du Bengale, sont certainement les plus réputés de ces hommes intrépides et valeureux.



Jean Merrien en cite beaucoup d'autres et donne d'innombrables détails sur les conditions de navigation à travers les âges.



Ce livre passionnant s'adresse à tous les amoureux de la mer et de l'aventure, à ceux qui se souviennent de L'Aigle des mers, du Corsaire rouge, de l'Ile au trésor, du capitaine Crochet, de la Flibustière des îles, des Boucaniers ou encore, plus près de nous, de Pirates des Caraïbes.



Je remercie Gill qui, par ses chroniques nombreuses sur les livres de Jean Merrien, m'a donné la furieuse envie de me faire corsaire en jupon et de découvrir tous ces faits merveilleusement retracés par la plume inspirée et narrative de l'auteur.

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S'il n'en reste qu'un

«S’il n’en reste qu’un» est une œuvre astucieuse, développant le thème couru du dernier homme en l’enrichissant à sa manière par des innovations scientifiques et une thématique parallèle: la parthénogenèse, l’uchronie, le paradoxe temporel. Le souci de vraisemblance, l’honnêteté de la description - il n’évacue pas le problème sexuel comme dans d’autres ouvrages- lui confèrent un rang plus qu’honorable dans le genre.



http://destination-armageddon.fr/s-il-n-en-reste-qu-un.html
Lien : http://destination-armageddo..
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L'abbé Garrec et le rouge à lèvres

Pour aider à faire passer le petit front pluvieux qui vient de nous tomber dessus, le couvre-feu qui m'oblige pendant ces quelques jours de vacances à rentrer avant 19 heures et l'interdiction faite de s'éloigner de plus de 10 kilomètres, je me suis trouvé un bon petit policier.

Il fallait ça !

Et puis, j'ai mesuré entre mon canapé et mon balcon, ça passe.

Une jeune visiteuse, disparue avant même de s'être présentée, a laissé sur la nappe de la salle à manger chez l'abbé Garrec une mystérieuse trace de rouge à lèvres, mystérieuse et indéchiffrable mais qui finalement s'avère ressembler à un appel au secours.

Marie Prigent, une jeune ouvrière de la sardinerie, est retrouvée noyée dans le bras de mer de Ster-Vilinn.

Jean Larzul, son compagnon violent et ivrogne est au désespoir.

Et, la police, en la personne de l'inspecteur Legall, referme l'enquête très vite, trop vite, en statuant sur un suicide ...

"L'abbé Garrec et le rouge à lèvres", paru en 1956 à la "Maison de la Bonne Presse", est le premier des sept tomes consacrés aux enquêtes du recteur Garrec.

Il a été écrit par Jean Merrien sous le pseudonyme de René Madec.

Jean Merrien étant d'ailleurs aussi un pseudonyme puisque le vrai nom de ce dernier était René de la Poix de Fréminville.

Et ce premier tome est sans conteste le meilleur de la série.

L'intrigue y est plus travaillé, plus dramatique que dans les autres, les personnages y sont plus épais, moins caricaturaux, et le décor, plus réaliste, y est mieux peint.

Voilà que l'abbé Garrec se prend pour un détective !

Flanqué d'Anna, sa "carabassen", il va se lancer dans une drôle d'enquête ...

L'abbé Garrec est un ancien capitaine au long cours passé curé à la quarantaine.

Il est le recteur de Riélan, un village imaginaire situé entre Lorient et Concarneau, mais qui ressemble à s'y méprendre à Moëllan-sur-Mer, le petit port auquel Jean Merrien était tellement attaché qu'il en a déformé le nom pour en faire son pseudonyme d'écrivain.

La carte sur laquelle s'ouvre le bouquin, toute chamboulée qu'elle paraisse, en est la meilleure preuve.

Le décor de l'intrigue, ses paysages, sont un peu comme de vieilles photos retrouvées : le café des marins, la sardinerie, la poste et la pharmacie, les vieilles maisons de pêcheurs éloignées du bourg ... et puis la mer ...

On y rencontre le recteur et sa bonne, la "carabassen", des pêcheurs et des gendarmes, l'usinier de la sardinerie, le syndic des gens de mer, la boulangère et Jeannette, la belle postière ...

Toute une ambiance fidèlement retranscrite.

Il y flotte un air de vieille France, d'une certaine naïveté un peu réactionnaire qui nous rappelle ce que pouvait être la vie dans un petit village breton des années 50.

Ce premier tome est une réussite, un bon livre agréable à la lecture et captivant.

Les suivants* le seront un peu moins, plus légers et caricaturaux, peut-être moins travaillés ...



* l'abbéGarrec, gardien de phare - l'abbé Garrec, passager des premières - l'abbé Garrec contre carabassen - l'abbé Garrec contre la triste régate - l'abbé Garrec aux mains des durs- l'abbé Garrec et l'assassin du photographe -

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Merveille des petits ports

Échappant enfin à cette mer terrifiante, le "terrien" fait du port le symbole du refuge.

Pour le touriste, ce sont des quais, des bistros, des pointes et des jetées.

Pour le marin, le port, au contraire, est surtout l'endroit d'où l'on part.

La mer est là tout autour, bleue lorsqu'elle est accueillante, verte lorsqu'elle se montre inquiétante et noirâtre lorsqu'elle se révèle, soudain, hargneuse.

Pour le plaisancier, le port reste avant-tout l'abri.

Il s'inquiète qu'il soit bien aménagé.

Romanichel de la mer, il n'est pas contraint de rentrer à la maison. Il peut mener son embarcation au meilleur endroit, qu'il lui suffit de connaître, où il lui suffit de pouvoir et de savoir entrer.

Résultat d'une longue expérience, cet ouvrage s'adresse à trois sortes de lecteurs :

- d'abord à ceux qui possèdent un bateau de croisière

- puis à ceux qui rêvent à leur futur bateau

- enfin à ceux qui ne veulent pas entreprendre de naviguer mais à qui, Jean Merrien se propose d'offrir une autre image de nos côtes.

A la suite de "Merveille des petits ports", paru en 1957, viendra se placer, comme en complément d'information, "le livre des côtes de France" qui paraîtra chez Robert Laffont au début des années 60.

Voulant chanter la merveille des petits ports de nos côtes occidentales, Jean Merrien bornera le voyage entre la Gironde et le Havre.

D'abord parce que sinon le livre serait trop gros, trop cher mais surtout il lui a semblé que c'est entre ces limites que navigue, que doit naviguer, la quasi totalité des plaisanciers d'Occident.

De ceux de la Méditerranée, il parlera, dans un ouvrage analogue, intitulé "Petits ports d'Azur".

Pour autant, déclare-t-il s'attendre à être injurié en langue d'Oc, en picard, en basque et en flamand !

Jean Merrien nous offre tout de même une jolie virée avec ce cabotage de près de trois cent escales, augmentée d'une petite documentation sur le diable, ce yacht de croisière à deux quilles dessiné sur les indications de l'auteur lui-même.

Chacun aura, dans cet éventail, ses escales préférées.

Les miennes seront celles où vous mènera le passage du raz Blanchart, à Cherbourg, Barfleur et Saint-Vaast la Hougue, en passant par les îles Saint-Marcouf bien sûr...



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L'homme de la mer

Ce bouquin est-il celui de trop ?

Le capitaine était-il vraiment mal embouché ou est-ce moi qui me suis lassé ?

Car comme encalminé dans une sorte de pot-au-noir, dans ce livre, je me suis ennuyé.

"L'homme de la mer" est un roman de Jean Merrien.

Il a été, en 1944, récompensé par le prix Populiste ...

Morvan Marzin est né, avec le siècle, en 1901.

Il a toujours rêvé d'être marin mais n'a jamais su le vouloir vraiment.

Et la vie l'a porté de la Cornouailles jusqu'à la capitale où il a fini, de grosses dettes en petites créances, par devoir liquider sa petite entreprise de vente d'huiles.

La faillite lui a enlevé sa voiture, ses meubles et "Prat-er-Mor", la petite ferme de son enfance.

Mais elle lui a laissé une vieille coque, "Fidèle", un "Marconi", sorte de sloup bermudien de presque 5 tonneaux, d'une longueur de 8 mètres et de 2 tonnes 5 de déplacement.

Une béquille lui manquant, le bateau était tombé sur des pierres qui avaient crevé ses bordées de bouchain.

Ce qui lui avait enlevé toute valeur marchande ...

Jean Merrien, aussi fine plume qu'infatigable navigateur devant l'éternel, est un écrivain qui a du caractère.

Mais ce caractère est de temps en temps trop court, un peu fielleux parfois même.

Et, lassé ici par trop de mauvaise humeur et de mauvaise foi, j'ai, à plusieurs reprises, failli cesser ma lecture et abandonner le livre.

Jean Merrien, en un peu moins de 400 pages, m'a piqué au vif, agacé, crispé, exaspéré et a fini par fâcher le lecteur fidèle que je suis.

"L'homme de la mer" est la rédemption tragique d'un homme et de son bateau.

Mais Jean Merrien, à aucun moment, ne réussit à rendre son personnage digne du roman qu'il avait envisagé.

Morvan Marzin n'a pas réussi pas à m'embarquer dans son histoire.

L'auteur de ce livre lui avait soufflé, que parce que né sur le rivage du Finistère, Morvan appartenait fatalement à une hypothétique aristocratie de la mer.

Il en a fait un une sorte de petit navigateur présomptueux, ingrat et méprisant, que le lecteur, au bout du compte, n'arrive pas à suivre ému au bout de son destin tragique

Tout résonne creux dans ce salmigondis folklorique !

Et c'est bien marri que j'ai refermé ce livre de Jean Merrien ...

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La mort jeune

"La mort jeune", paru en 1938, est un premier livre.

C'est un de ceux qui augurent un grand destin d'écrivain.

C'est un roman, assez court et très concentré.

Bernard Vallin est, à Paris, jeune étudiant en lettres.

Il en est sûr, son avenir sera fait de sport, d'art, de culture et peut-être même de politique.

Mais alors, qu'au retour de vacances bretonnes, sa vie s'annonce pleine de promesses, un implacable diagnostic vient fracasser toutes ses espérances : il souffre d'un sarcome, un cancer des tissus conjonctifs, dont l'évolution très rapide ne lui laisse pas plus de trois mois d'espérance de vie ...

Ce petit livre de poche, paru en 1973, est la version définitive, revue et corrigée par Jean Merrien, de l'ouvrage paru en 1938.

Ce premier roman est un roman difficile.

Le sujet en est vertigineux.

Mais Jean Merrien, dans sa préface, affirme croire en l'importance capitale du sujet.

Pour lui, écrire ne signifie pas exécuter des variations sur un thème pour affirmer sa virtuosité mais faire oeuvre belle, utile et forte.

"La mort jeune" est un roman dont l'entrée est un peu gâchée par un trop plein de controverses et de formules, par une trop grande richesse et une concentration d'idées qui lui donnent comme un air artificiel et en gênent la lecture.

Le rythme est trop rapide, comme si l'écrivain avait craint par un rythme moins soutenu de ne pas accrocher l'intérêt du lecteur.

Mais très vite ce dernier est aspiré dans une lecture dont il ne sortira qu'à l'épilogue du roman.

La plume de Jean Merrien trouve le bon rythme.

Ce drame tragique, pourtant marqué par l'idée poisseuse de la mort, est presque un drame ordinaire.

"La mort jeune" est une réflexion sur la vie, sur son sens, sur l'existence de Dieu, sur la sexualité, sur l'espérance et le désespoir.

Les personnages sont peints avec justesse.

Mais ils cèdent souvent le pas devant leur introspection.

Et leur stature aurait peut-être méritée une plus grande épaisseur.

Au final, ce roman est passionnant.

Et pour un coup d'essai, il s'est révélé comme un coup de maître ...

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L'abbé Garrec, gardien de phare

Ce livre, je l'ai gobé tout cru, sans même avoir le temps d'attraper ni crayon, ni papier, sans même prendre la peine de faire le plus petit plan d'une future critique.

Je l'attendais depuis tellement longtemps, l'abbé Garrec !

L'abbé Garrec est le recteur de Riélan-sur-Mer.

Avant de revêtir la soutane, il a été capitaine au long-cours.

Il est le héros d'une petite série de sept romans policiers écrits par René Madec.

Et l'abbé Garrec, s'il avait eu le temps d'une huitième enquête, aurait pu nous révéler le vrai nom de son créateur : Jean Merrien, ou plutôt René de la Poix de Fréminville.

"L'abbé Garrec gardien de phare" est le deuxième opus de la série dont chaque tome est indépendant des six autres ...

Le vieux gardien du phare, le père Quéré, gît mort, face contre le métal.

Son jeune collègue, le Gall, a disparu.

Le phare des Verrès a été le théâtre d'une tragédie, d'un ou plusieurs crimes.

L'abbé Garrec, qui y est enfermé avec son vieil ami, le docteur le Stunff, va démêler un à un tous les fils de ce sombre mystère.

Ce qui va lui être également une occasion d'éclairer le métier, aujourd'hui disparu, de gardien de phare ...

Le phare de Werc'hez est imaginaire mais toutes ses descriptions correspondent à un phare existant en 1956.

Riélan-sur-Mer n'est sur aucune carte mais ressemble étrangement à Möelan-surMer, dans le Finistère.

L'on est ici, à l'embouchure du Belon, en territoire connu !

Jean Merrien, avec plus d'un demi siècle d'avance, invente le concept du roman policier populaire ultra localisé.

Déjà, sous le pseudo de Chrstophe Paulin, il avait signé, pour l'éphémère collection du "Gibet", deux petits romans policiers historiques : "l'oiseau de mort du cap Horn" et "Viking, la mer est grande !".

Ce petit roman, "l'abbé Garrec gardien de phare" est une sorte de huis-clos maritime.

C'est un bon roman policier de genre.

Il est rapide et agréable à la lecture.

Pourtant Jean Merrien, page 150, y commet une faute de goût, une indélicatesse.

Sa plume a bavé, et, accrochant le papier, elle l'a souillé d'une vilaine tâche !

Mais parce qu'il nous a donné de si belles pages à lire, il lui sera beaucoup pardonné ...

















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Viking, la mer est grande !

Bientôt quatre cents ans après la mort de Saint-Patrick, vers l'an 860, les vikings ne sont encore que des navigateurs à l'estime.

Un de leurs drakkars, sautant d'un cap à l'autre, le long de cette terre d'Irlande plus profondément échancrée que les dents d'une scie, a été chassé en haute mer !

La plupart de ses avirons brisés, deux de ses trois précieuses jarres d'eau douce renversées, le bateau s'est mis en travers, durement heurté par les lames.

Thorwald, le capitaine, a mis à la voile pour fuir vent arrière.

Après ces cinq jours de tempête sans soleil ni étoiles, Bjorni, le fils du roi pourrait donner la moitié de son futur royaume à qui lui dirait où est la terre d'Irlande, ou bien tout autre terre ?

Qui ?

Kaiki, le prisonnier aux cheveux noirs, couché dans le fond du drakkar prétend pouvoir retrouver son chemin et guider l'embarcation vers le mont Croagh Patrick et le monastère dont les hommes du nord ont tué les moines.....

Ce petit volume est le seizième opus de l'éphémère collection historique et policière du "Gibet".

Il est signé Christophe Paulin qui en réalité n'est autre que René de la Poix de Fréminville plus connu sous ses autres noms de plume de Jean Merrien et de René Madec.

Le grand écrivain de la plaisance a déjà signé, "L'oiseau de mort du cap Horn", le 9ème titre de la collection.

"Le Gibet" se proposait, à la fin des années 50, d'ajouter, aux décors pittoresque et aux personnages prestigieux de l'Histoire, la fascination et le suspense du roman policier.

"Du haut de cette collection quarante siècles vous font frémir...."

Mais le succès ne fut pas au rendez-vous.

Et la collection, peut-être trop en avance sur son temps, disparut après dix-huit titres et deux ans d'existence.

Un excellent article du journal "Histoires de France" - paru en décembre 2013/janvier 2014 - raconte son histoire.

Si "Viking, la mer est grande !" n'est pas ce que Jean Merrien a écrit de mieux, ce petit livre, pourtant, se laisse lire avec plaisir et se révèle au final comme un agréable moment de détente.
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Les memoires d'un yacht.

"Reder-Mor", fils de l'homme et de la forêt vivante, est un bateau en bois.

Il est né-en-quille un jour de tout premier printemps.

Si tous les bateaux ont une âme, celle d'un marin péri en mer, cette fois-ci, c'est celle de Jobig, petit mousse d'un chalutier à voiles, mort d'avoir, par amour des beaux bateaux, voulu sauver un yacht en perdition, qui renaissait avec lui.

"Reder-Mor", en breton, veut dire "coureur de mer" ...

Cet original roman est fait d'un mélange entre le point de vue du bateau, les formules marines de Jobig et la manière d'écrire du "scribe".

Le "scribe" est Jean-Merrien.

En 1953, il nous offre, avec "les mémoires d'un yacht", un roman inattendu, bien écrit, teinté d'humour et de poésie.

Le premier propriétaire de "Reder-Mor" est monsieur Jacques.

Il navigue avec le jeune François.

Et va remporter avec lui la course "Plymouth-La Rochelle" ...

De la naissance du bateau à sa triste mort, Jean Merrien, prêtant au bateau les sentiments du mousse Jobig, va raconter le destin de"Reder-Mor".

Il se peut qu'il y ait mis un peu de sa propre vie.

Le livre est captivant.

Sa lecture est agréable.

Le style de l'écriture, tout en restant accessible à tous, est très amariné.

"Reder-Mor" est un yacht de plaisance dessiné par son premier propriétaire.

11,20 Mt de bout en bout, 9,40 Mt à la flottaison et 1,70 Mt de tirant d'eau.

Il a le coeur d'un buveur de cidre. Il est breton.

Cependant il faut bien préciser que le "Reder-Mor", dont parle ici Jean-Merrien, n'a rien à voir avec le palangrier que, depuis 2010, une association de Morlaix a entrepris de restaurer.

"Les mémoires d'un yacht" est un excellent livre, tissé d'un sincère attrait de la plaisance, d'une fine écriture et d'un solide amour de la mer.

Pourtant il est possible qu'il se voit reprocher une faute de goût, celle d'avoir dénoncé monsieur Jacques lorsqu'il a jeté ses papiers et ses détritus par dessus-bord.

Autre temps, autres mauvaises habitudes ...

Mais cela est, depuis longtemps, pardonné.

Alors, Araok, Reder-Mor ! ...

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Bord a bord.

Une fois n'est pas coutume, c'est décontenancé, peut-être un peu soulagé de sortir de cette lecture, que j'ai refermé les pages de "Bord à bord" de Jean Merrien...

La promesse, implicite il est vrai, que semblait faire l'association du titre avec le nom de son auteur, n'a pas été tenue.

L'ouvrage en question n'est en aucun cas un roman maritime.

Tout au plus, est-il, peut-être, plus ou moins, autobiographique ?

"Bord à bord" a obtenu, en 1944, le prix du roman populiste, celui qui récompense le livre "qui préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors à condition qu'il s'en dégage une authentique humanité".

L'ouvrage est, en effet, rédigé à la manière d'un roman naturaliste.

C'est le récit d'une amitié.

Cette amitié, qui date de la petite enfance, est racontée par Gwénolé de Langonan, un jeune parisien de famille bretonne qui revient chaque été profiter du soleil et de la mer dans la maison familiale située aux confins de la Cornouaille et du pays de Vannes.

Marcel Daquin, son ami, est fils de diplomate.

Il ne vit que par la musique.

Il est un garçon que l'on entoure de cache-nez, qui ne doit pas boire après avoir couru et qui, toujours, tousse sans pour autant en être malade.

Doux, passif, parfois coléreux, il est un être disgracieux qui pourtant laisse entrevoir ses rêves dans de grands yeux bruns très beaux.

Du jour où son père, ayant fait quelque sottise, fût ruiné, la vie de Marcel devint un longue descente aux enfers qui l'entraîna vers une tuberculeuse fin misérable en passant par une pauvreté jusque-là inconnue, par l'alcoolisme, par la syphilis, par des fiançailles avortées et un mariage raté et même par la prison.

De ce livre, par ailleurs très bien écrit, émane un malaise poisseux.

L'histoire croisée de ces deux hommes est une plongée dérangeante dans les remords, les regrets, la dureté. Et cette amitié même, qui pourrait être leur étincelle d'espoir, n'est faite que d'absence, de condescendance et ne révèlera que trop tard sa véritable force.

Pourtant cet livre est prenant.

Il est un de ces rares ouvrages, comme le "faussaire" de Blanzat, que l'on ne veut pas lâcher, quitte à en ressentir un véritable mal-être et à se tâcher l'âme.





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missionnaire de la mer

A travers chacun de ses livres, où il sait mêler comme personne la rumeur de l'océan avec le bruissement des mots, toute rencontre avec jean Merrien est un moment privilégié.

Ils existent, dans sa littérature, mais il sont rares les rendez-vous manqués.

J'aime prendre un livre de Jean Merrien.

Et j'espère qu'il sera de sa plume, ce dernier ouvrage, qu'au bout de ma vie, si un jour la mémoire m'abandonne, je lirai et relirai inlassablement.

Je suis entré dans "Missionnaire de la mer" sur la promesse que me faisait le nom de son auteur.

Et le livre de s'ouvrir sur une superbe description d'un chalutier entravé dans sa marche par sa remorque face à une houle méchante.

Jean Tromeur est le "chef" de la "Reine d'Arvor", ce chalutier qui, été comme hiver, "brique" le grand banc.

En compagnie de son matelot Pierre Guichaoua, il veille sur les machines.

Pierre est un instituteur révoqué et Jean est prêtre.

Ces deux "bouchons gras" sont deux intellectuels dévoyés, hors de leur voie normale.

Jean aspirait à devenir un jour "Aoutrou Person", le recteur de la paroisse.

Sa rencontre avec le père Hélory va le porter vers d'autres horizons.

Il va être arraché du collège de Quimper où il est surveillant pour devenir un missionnaire de la mer, un religieux sans habit, un marin sans rambarde ...

Ce livre est d'une force à couper le souffle.

Jean Merrien trouve les mots justes pour parler des hommes qui, sans relâche, labourent la mer, y vivent et parfois même s'y affrontent.

Le récit est tissé d'une humanité et d'une émotion dont les faux-semblant sont exclus.

Certains passages laissent le lecteur au bord du gouffre.

La relation triangulaire entre Jean, sa mère et Mr de Cuzel est décrite de manière admirable.

Les mots collent aux sentiments, aux frustrations et à la déception des personnages.

Le malheur n'est jamais loin. Il est humain.

Ce magnifique roman est aussi un fin questionnement sur la place de la religion dans notre société.

Entre les doutes de Mr de Cuzel qui se veut mécréant et l'intransigeance traditionaliste du recteur de Riélan-sur-mer, quelle peut-être la place de la religion telle que Jean la conçoit ?

"Missionnaire de la mer" est un livre inoubliable.

Il se referme avec regret, la promesse faîte de le reprendre un jour prochain ...



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La grande histoire des bateaux

L'ouvrage s'ouvre sur un avertissement de l'auteur. Celui semble s'excuser de n'avoir pas vu plus grand, plus savant, de n'avoir pas, en si peu d'espace, tout dit sur le sujet.

Il invoque les coûts, les formats.

Paru en 1957, ce livre de Jean Merrien, semblant abandonner toute prétention archéologique, n'est pas, de l'aveu même de son auteur, ni un répertoire, ni un glossaire.

Quand à l'illustration, il a fallu renoncer à reproduire des photographies d'originaux ...

Cet ouvrage, pourtant, n'est pas de ceux qu'il faut considérer à la légère.

C'est, contrairement à ce qu'affirme son auteur, un ouvrage technique mais un ouvrage technique comme Jean Merrien sait les faire : passionnant, précis et documenté.

Sa lecture glisse comme l'étrave d'un beau voilier attaquant, par beau temps, la pente de la vague.

Le sommaire est dense, fourni et savant.

Abandonnant la classique méthode chronologique, l'habituelle approche géographique, Jean Merrien a abordé le sujet d'une façon originale en classant les bateaux en quatre grandes catégories dans lesquelles se mêlent tantôt les pays, tantôt les époques, tantôt les genres :

- les engins d'aide à la natation, de survie, de flottage, ceux de très petites traversées, dit "embarcations" ...

- les bateaux de pêche, de petit cabotage, de pilotes, de plaisance ...

- les grands navires ...

- enfin, les engins pénétrant dans l'épaisseur de l'eau ...

Ce livre est un bel objet, réalisé soigneusement par les éditions Denoël.

Son propos, très érudit et assez complet est pourtant accessible et captivant.

Quand à l'illustration, elle est remarquable.

Les croquis de Bernard Duval, tout en crayonné noir et blanc, sont magnifiques.

Du texte ou de l'image, on oscille parfois à se demander, au fil des pages, lequel donne, à l'ouvrage, le plus de valeur ...





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Vents de terre, vents de mer (qui vaille de..

"Vents de terre, vents de mer", dont le sous-titre est "Qui vaille de mourir", est l'histoire de la famille Quintin, une famille bretonne sous l'occupation et la libération.

Cette famille réside à la propriété de Toulgoat à Brigneau.

René, le père, est le propriétaire, et directeur, des conserveries.

Gisèle, son épouse, est une jolie femme qui devient, peu à peu, aveugle.

Le couple a quatre enfants : Gildas à qui une poliomyélite est venue ôter l'usage de ses jambes, Gislain un grand garçon blond et filiforme, Marie et Luc que tout semble désormais opposer.

L'occupation, à Toulgoat, semblerait se résumer à deux ou trois douaniers allemands débonnaires si une section d'hommes en vert, n'ayant aucun contact avec la population, n'allait pas rejoindre, chaque jour, au bout de la lande, un bunker isolé, dernier jalon dérisoire du mur de l'Atlantique.

La conserverie tourne à peu près normalement.

Les pêcheurs, par manque d'essence, sont revenus à la voile.

Le "pays", posé entre une riche campagne et une mer poissonneuse, ne manque de rien.

Pourtant la famille Quintin, de l'aveu même de Gildas, est une famille "arc en ciel" !

Ses membres, dont les idéaux vont de l'extrême droite à l'extrême gauche en passant par l'autonomisme breton, seront éparpillés, écartelés et séparés par la guerre et l'occupation....

Paru en 1956, le manuscrit est daté de novembre 1944 à Fontainebleau.

Ce livre est très bien écrit. Je n'en ai néanmoins pas apprécié le propos.

Jean Merrien, dont le vrai nom est René de la Poix de Fréminville, est un formidable écrivain.

Il est la plume de la plaisance, de la redécouverte de nos côtes, de l'aventure sur mer.

Il a même écrit, sous le pseudonyme de Christophe Paulin, un excellent roman apocalyptique de science-fiction intitulé "s'il n'en reste qu'un".

C'est aussi un grand amoureux de la Bretagne....

Mais Jean Merrien, sous couvert de cet amour de la Bretagne, s'est gravement déconsidéré durant la guerre dans une certaine presse collaborationniste et nationaliste.

Et ce livre, tentant d'introduire dans l'histoire de cette famille un certain romantisme, tentant de minimiser certains faits, fait preuve dans certaines de ses phrases d'une certaine mauvaise foi, d'une certaine bonhommie feinte.

Car Jean Merrien semble faire de cette famille le symbole d'une Bretagne meurtrie par l'occupation, mais aussi par ce fameux centralisme jacobin français si honni.

Il n'en reste pas moins que cet ouvrage est une grande fresque familiale passionnante écrite de manière efficace.

Elle m'a laissé tout de même derrière elle un certain malaise....

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L'Abbé Garrec contre Carabassen

L'abbé Garrec est de retour !

A dire vrai, il n'avait pas vraiment bougé.

Il est toujours l'inamovible recteur de Riélan-sur-Mer*.

Émile le Doze, un jeune pêcheur, est venu, sans parvenir à trouver ses mots, sans parvenir à se faire entendre, tenter de parler à l'abbé sans que celui-ci ne comprenne vraiment de quoi il s'agissait ...

Comme tout cela est étrange !

Quelques heures plus tard, Émile le Doze semble s'être jeté avec sa bicyclette sur un poteau télégraphique auprès duquel il a été trouvé mourant.

Mais, sur le poteau, aucune trace de l'accident ...

Mais, la bicyclette a été retrouvée intacte, adossée à un autre poteau ...

Mais une grosse pierre rouge car tâchée de sang a été retrouvée comme cachée dans l'herbe ...

Comme tout cela est étrange !

Que de bizarreries !

"L'abbé Garrec contre Carabassen" est la quatrième enquête de l'abbé Garrec.

L'abbé Garrec est, en Bretagne, le recteur de Riélan-sur-Mer*.

C'est un ancien capitaine au long cours.

Il est peut-être un cousin, plus ou moins germain, de Louis la Brocante.

De fortes jambes, une robuste poitrine, des bras de lutteur et une volonté sans faille font de lui une "nature".

De nouveau, le voilà lancé dans une enquête bien mystérieuse, dans laquelle la "carabassen" semble en savoir plus qu'elle ne veut bien en dire !

La "carabassen", c'est Anna, la veuve Pogam, la vieille "bonne" en coiffe du recteur.

La lecture de ce petit polar est fluide mais un peu poussive.

Décidément il semblerait que Riélan-sur-Mer soit en Bretagne le passage obligé de tous les contrebandiers et les trafiquants.

Déjà, dans "l'abbé Garrec gardien de phare" ...

Mais ce quatrième opus est plus travaillé, plus abouti que le second.

L'intrigue en est plus tortueuse, l'épilogue plus difficile à deviner.

Et ce polar est un bien agréable petit moment de détente ...



* petite commune imaginaire du Finistère dont la description correspond à Moëlan-sur-Mer.
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Valérie de la mer

Le cinquantième ouvrage de Jean Merrien est un roman.

Un bon roman, avec pourtant parfois quelques accents naïfs.

Il est paru en 1960.

Tous les personnages, hormis les quelques célébrités qui le traversent, sont imaginaires.

Tous les lieux, par contre, qui y sont décrits, existent.

L'auteur leur a laissé leurs noms.

Le capitaine de frégate Penarster, officier de marine en retraite, est veuf.

Il habite, en 1890, dans la paroisse de Névez, le manoir du Poulgwin qui est un ancien poste de douane posé sur la presqu'île surplombant l'Aven lorsque la rivière se jette dans l'Atlantique.

Le décor est posé. Il est magnifique.

Jean Merrien évoque, ici, le Pont-Aven du temps de Gauguin, de Charles le Goffic, grand espoir de la poésie française.

Valérie de Pénarster est la fille de l'officier châtelain.

Depuis la mort au Tonkin de son frère, Gaston, elle est l'objet de toutes les attentions du vieil homme.

Dans le "pays", on la surnomme "la demoiselle canotière".

Elle est à l'âge, où la désillusion venant, on s'aperçoit que le prince charmant n'existe pas.

Pourtant, un soir qu'il est ivre, Job Audren, un jeune matelot, escalade son balcon afin de lui jurer amour et fidélité ...

"Valérie de la mer" est une belle histoire.

Le récit est captivant.

La plume de Jean Merrien y exploite à merveille la connaissance qu'a l'écrivain de sa Bretagne natale.

On s'y croirait ... On y est ... Difficile de refermer l'ouvrage avant de l'avoir terminé.

"Demain il fera jour" !

Jean Merrien a marqué le récit de son style inimitable, jusqu'à l'avoir griffé légèrement de sa rancoeur contre la république française et de son regret d'un monde ancien idéalisé.

"Valérie de la mer" n'est certes pas le meilleur des livres de Jean Merrien, mais il se lit avec plaisir et apaisement.

Il fait du bien à son lecteur ...







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Un certain chevalier de Fréminville 1787 1848..

Lorsqu'on en vient à caboter le long des côtes de la meilleure des littératures maritimes, on en vient forcément, un jour, à découvrir et à lire un bon vieux livre de Jean Merrien.

Jean Merrien nous a emmené sur toutes les mers, sur tous les océans.

Il nous a offert "le légendaire de la mer".

Il a donné des cours de plaisance.

De la Manche à la Méditerranée, il a écrit "le livre des côtes de France".

On chuchote que sa plume vient de la queue d'un goéland.

Quoiqu'il en soit, il nous a offert de belles pages pleines d'embruns, de rafales de vent salé, d'écume et de sable fin.

Mais Jean Merrien, pour l'état-civil, était René de la Poix de Fréminville.

Cela a son importance.

Car il eût comme ancêtre un certain Christophe-Paulin de la Poix de Fréminville, chevalier de Malte comme lui, qui fut marin, naturaliste, antiquaire, légitimiste et romantique ... qui fut le tout à la folie.

De lire, à l'âge de huit ans, en pleine terreur, le récit du voyage de Cook, lui donna la passion pour les longs voyages.

La mer fit le reste.

Il s'embarqua à quatorze ans ...

Jean Merrien détient les mémoires de l'illustre aïeul.

Il se borne presque entièrement, ici, au rôle d'introducteur.

Il éclaire le propos et s'efface devant le récit original.

Cet ouvrage tient une place à part dans l'oeuvre de Jean Merrien : celle du coeur.

Il est original et inattendu.

Il se découvre sous la forme de petits paragraphes, de chapitres passionnants et de romantiques péripéties.

Il mélange la petite à la grande Histoire.

C'est un petit bijou, un des derniers que nous a offert Jean Merrien avant d'appareiller vers de meilleurs océans sans retour ...











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Jean Merrien. Tels étaient corsaires et flibu..

Ouvrir un livre de Jean Merrien c'est avoir la quasi-certitude de ressentir un peu du plaisir de prendre la mer. "Tels étaient corsaires et flibustiers" y ajoute le frisson du danger et de l'aventure.

A la manière de Daniel Defoe, prenant Oexmelin à témoin, Jean Merrien fait le récit de "la course", celle qui fut écrite au royaume de France, depuis le moyen-âge jusqu'au XIXème et XXème siècle, par les audacieux corsaires et les impitoyables flibustiers.

Le premier corsaire régulier y fut sans doute, un normand, Eustache Buskes, qui était surnommé "le moine".

S'étant mis au service de Philippe Auguste, il s'est affirmé comme le maître incontesté de la Manche ...

En ce temps, la Marine royale n'était rien, et la" course" tout !

La "course" est l'aide donnée par un particulier, à ses risques, frais et périls, à un royaume, à un état, dans sa lutte contre ses ennemis à travers les océans.

La guerre de cent ans va en faire un véritable système.

La dernière année du XIVème siècle, va la voir, du moins en théorie, légalement organisée, limitée et contrôlée.

Bertrand Duguesclin, lui-même, à l'occasion, se fit corsaire ...

A la Renaissance, lorsque la terre s'agrandit, la course, par delà l'Atlantique, trouva le chemin des Antilles et des Indes Orientales, au moins jusqu'à l'île de la Tortue.

En 1671, les corsaires eurent leur martyr : Gabriel de Théméricourt, invincible au combat, il fut jeté dans les geôles du sultan Mahomet IV.

Ce dernier lui offrit à choisir : le Coran, le commandement de toutes ses flottes et la main de sa fille ou la mort ... le bourreau eût à décapiter cet inébranlable "chrétien" que l'on appelait "le fléau des mers" !

Le livre de Jean Merrien sent la poudre, il résonne des cris d'abordage.

Il foisonne d'anecdotes et de portraits.

Ce n'est pas un livre de plus sur ce sujet si souvent traité.

Il vient se placer derrière les meilleurs ouvrages qui y font référence.

L'écriture de Jean Merrien, à l'image d'une manoeuvre bien torchée, est efficace et élégante.

Extrait de la collection, "Visages de l'aventure", présentée par Pierre Mac Orlan, "Tels étaient corsaires et flibustiers" est l'un de ces livres dont une bibliothèque, qui rêve de s'amariner, a le droit de s'enorgueillir ...

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S'il n'en reste qu'un

"S'il n'en reste qu'un" pour défendre Christophe Paulin, sans nul doute, je serai celui-là !

L'accusant de plagiat, en 1960, dans les numéros 74 et 75 de la revue "Fiction", Jacques Bergier et Gérard Klein relèvent d'étranges ressemblances entre "S'il n'en reste qu'un" et "L'ogive du monde" de Matteo et François Tavera.

Plus grave, ces deux ouvrages seraient, toujours d'après eux, copiés, presque mot à mot, sur un troisième, "Le nuage pourpre", écrit vers 1910 par Matthew Phipps Shiel.

Qu'en est-il vraiment ?

Depuis plusieurs mois, un mystérieux speaker menace, sur les ondes du monte entier, de faire disparaître l'humanité si cette dernière ne renonce pas à la haine, à la mauvaise foi et à la concupiscence.

Pour échapper à une stridente "rétrospective Tino Rossi", Claude Mada, un jeune physico-bio-chimiste, s'est réfugié dans la chambre de plomb de l'Institut du Radium à Paris.

Lorsqu'il s'éveille au matin, les rues sont vides, les boutiques sont fermées.

La prédiction du savant-fou semble s'être réalisée ...

"S'il n'en reste qu'un" est un roman apocalyptique écrit sous le pseudonyme de Christophe Paulin par l'écrivain Jean Merrien dont le vrai nom est René de la Poix de Fréminville.

Son roman n'est pas une copie du "Nuage pourpre", c'est l'autre versant, plus clair, plus optimiste, moins répétitif et obsessionnel d'un même récit.

Contrairement à son modèle, l'intrigue y est expliquée et certainement mieux maitrisée.

"S'il n'en reste qu'un" est un bon livre de science-fiction derrière lequel, à certains moments, perce l'écrivain maritime.

C'est par le phare, qu'il entretient jour après jour, que Claude est sauvé du désespoir et de la solitude.

Et c'est par la mer que, comme aux premiers âges, réapparait la vie.

Le récit est prenant.

Contrairement à son modèle, Il ne souffre, à aucun moment, d'un quelconque essoufflement.

De plus, son épilogue, ne manquant pas d'un certain humour, est original et inattendu.

On ne peut rien en dire sinon qu'il s'y cache un clin d'oeil de l'auteur à René Barjavel.

Christophe Paulin excelle dans la description de ce monde vidé de ses habitants.

Une fois l'homme disparu, combien de temps peut durer le mouvement qu'il a imprimé aux choses ?

L'auteur réussit à peindre l'homme seul et à nous conter, avec crédibilité, ses errances, son organisation, sa lutte contre la végétation, la solitude, contre l'humidité, le vieillissement et le désespoir .

Mais le récit excelle aussi à montrer les réflexions et les états-d'âme du jeune physicien.

Mais ceci, c'était avant la rencontre ...









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La mer mystérieuse. mythes, croyances et récits..

Lorsque délaissant pour un temps la plaisance et les rivages de France dont il nous a si bien conté les détours, lorsque le marin devient écrivain, lorsque Jean Merrien lâche la barre pour saisir la plume, c'est toujours pour un beau voyage.

Avec "La mer mystérieuse", il nous offre un légendaire.

Qu'est-ce qu'un légendaire ?

Ce n'est pas un recueil de légendes sur un sujet donné mais plutôt, les remettant dans leur contexte, une sorte de panorama explicatif de ces légendes.

En mer, il existe trois sortes de légendes :

- les idées que se font les terriens d'une mer pour eux terrifiante et mystérieuse.

- celles que les marins racontent aux terriens. Ce sont les "canulars de la mer".

- celles que les marins cultivent à leur propre usage. Ce sont les seules véritables.

Si Jean Merrien se dit tenté par un tel classement. Il lui préfère pourtant un autre, plus classique, et répartit sa pêche en trois cales :

- les légendes concernant la terre.

Ce sont celles qui appellent l'Histoire au secours de la tradition.

- les légendes sur la faune des océans.

Celles qui évoquent poissons, monstres, oiseaux et demi-dieux

- les légendes sur les marins

Ces dernières racontent les mystères maritimes et se mêlent de navigation.

Tout cela, nous dit l'auteur, ne provient que de modestes coups de chalut qu'il a pu donner dans une mythologie faite de mythes, de croyances et de récits fabuleux.

Iles enchantées ou mystiques, villes ensablées ou englouties, Dieux et génies des vents, sirènes, monstres marins et bateaux fantômes, la pêche est fructueuse.

Le navigateur se fait conteur et nous propose, articulé en trois grands chapitres, un voyage mystérieux et pourtant très littéraire à travers un imaginaire qui fascine l'humanité depuis sa genèse.

L'ouvrage, écrit dans un style efficace et élégant, est solidement documenté.

Il est dense, inattendu et intelligent.

Jean Merrien est à son affaire dans cette navigation dans les mers mystérieuses entre l'Atlantide et la ville d'Ys. Il prend le vent et nous embarque, une fois de plus, vers le large...



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Les navigateurs solitaires

Je connaissais et j'avais lu déjà l'édition de poche de ce superbe livre de Jean Merrien, mais en feuilletant cette version parue chez Denoel, je me suis vite aperçu que cette dernière contenait de nombreuses illustrations et quelques cartes en plus.

Alors au diable l'avarice, j'ai sacrifié quelques euro.

L'ouvrage est resté plusieurs jours sur le buffet...et finalement le voilà :

"les navigateurs solitaires".

Ils ont pour noms Slocum, Voss, Pidgeon, Drake, Alain Gerbault, les Ozanne, Robinson, Miles Erling Tamb et se a famille, le commandant Bernicot, Eric de Bisschop et Tatibouet, Vito Dumas, Le Toumelin, Murnan, Petersen, Bardiaux, Ann Davidson...et c'est sans compter ceux qui n'ont pas réussi !

Ils ont parcouru toutes les mers dans tous les sens et Jean Merrien de sa plume efficace et élégante nous en fait le récit.

"L'introduction" de l'auteur est à elle-seule un petit bijou.

Jean Merrien arriverait à passionner le plus extrémiste des "terriens" avec une seule de ses histoires de mer.

Vous pensez, peut-être comme cet invétéré "bifin" que le marin est un animal un peu différent de l'homme, un animal qui s’assoit sur des rouleaux de cordage, qui n'a pas le mal de mer, qui chique, qui boit de l'alcool, qui tire des bordées dans les bistrots et les "maisons" des ports mais qui mérite bien cette compensation pour les dangers qu'il a couru sur tous les océans parfois déchainés.

Mais savez-vous qu'il existe quatre marines ?

- la marine de guerre, pompons rouges et cols bleus issus du pont ou de la machine

- la marine de commerce, généralement en civil à une casquette près

- la pêche, qui est la plus marine des marines

- et la marine de plaisance souvent méprisée par les marins des trois autres marines

Pourtant, la plaisance n'a pas à s'inquiéter de ce que l'on pense d'elle, car elle a reçu le plus écrasant des héritages : conserver seule la civilisation millénaire de la voile....

Passionnant, voilà le livre idéal à lire, cet été, sur la plage !
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