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Critiques de Jean-Paul Brighelli (65)
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Ce livre m'a énervé. Profondément énervé. Et encore c'est un euphémisme. Dire que, au fil de ma lecture, l'envie m'a plus d'une fois saisie de noyer des chatons avant de prendre ma carte à l'UMP et d'aller casser du gauchiste avec un pull de la Manif pour Tous, n'est pas exagéré. Ou si peu.



On aperçoit régulièrement sur les étagères des librairies et des bibliothèques nombre d'essais aux titres apocalyptiques. « Société en danger », « Modèle français : la fin est proche », « Maniaco-dépressifs et autres cinglés qui hantent nos vie » j'en passe et des meilleurs. Autant de bouquins écrit par de pseudo experts en manque de visibilité et de couverture médiatique.



« La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école » n'échappe pas à la règle. Décryptons quelque peu ce bouquin a succès que nombre de lecteur portent aux nues. (il n'y a qu'à regarder les généreuses notes sur SC et l'ensemble de la Toile pour s'en convaincre)



Le titre tout d'abord. L'école, cette grande institution de la République, ce pilier de notre société qui a formé des dizaines de jeunes talents, vivier d'esprits brillants qui rayonnent sur le monde et apportent aux peuples barbares les connaissances infinies des Lumières et l'esprit de la Révolution, allons enfants de la Patriiiieuh le jour de gloire est arrivééééé.... bref l'école est en danger. Viens à nous Hugo, relèves-toi Jean Moulin tes enfants sont en dangers ! Après avoir été ce modèle de vertu, ce lieu de transmission de valeurs humanistes et cette Mère des enfants de la République, l'école est menacée de toute part. Terminé le temps où de jeunes paysans du fin fond de la Creuse, de la Picardie ou de Dordogne (oui je sais je prends des lieux aux conditions de vie extrêmes) pouvaient joyeusement aller en classe pour apprendre à lire, écrire et compter (avant d'aller crever dans les tranchées mais on ne va pas chipoter là-dessus. Ils sont morts pour la France bon sang ! Et mieux vaut un troufion mort instruit qu'un troufion mort inculte) Tout le monde le sait mais Jean-Paul Brighelli lui l'a mieux comprit que les autres. LUI il SAIT. LUI il est agrégé de lettres. LUI il a fait Normale Sup' et il a enseigné « du collège à l'université » (dixit la quatrième de couverture) Alors c'est pas à lui qu'on va lui mettre à l'envers oh que non ! Comme tous ces « experts » dont nos sociétés on le secret, qui ont un avis (foireux) et des solutions (foireuses) sur tout, JPB va nous donner son avis de sommité et nous démontrer pourquoi LUI a raison et pourquoi les solutions qu'il préconise sont fantastiques pour retourner à un système où l'école produira d'éminents docteurs et non plus des cargaisons de sales chômeurs incultes (donc des-sales-jeunes-qui-en-branlent-pas-une-de-leur-journée-que-moi-de-mon-temps-c'était-différent)



Mais pour appâter le chaland il faut un titre qui foute les pétoches. Mais pas trop non plus hein faudrait pas que les lecteurs se tirent une balle ! Pour faire un bon titre il faut une thématique qui rassemble et un grand méchant sur qui taper. « Ensemble tout devient possible ? » Hum non trop connoté. « La mort programmée de l'école » ? Ah oui ça c'est bon ! Les bobos se sentiront concernés (mais foutront quand même leur marmots dans le privé), les mecs de droite seront d'autant plus convaincu de l'utilité de mettre leurs gosses dans le privé (avec les mômes des bobos) et les amateurs de complot seront aux anges puisque cela les confortera dans l'idée que toute chose à une origine et qu'une entité démoniaque (sionistes, illuminatis, Grand Ordre du Bichon Cosmique, Satan – ajouter un groupe ethnique quelconque ou un pays haïs selon votre convenance e vos croyances personnelles] œuvre dans l'ombre pour saper tout ce qui est beau et juste en ce monde. Maintenant l'ennemi. « La France au français » ? Eh oh ça va hein ! C'est un livre écrit par un prof pour des gens qui s'intéressent à l'école. Il y a fort à parier que 99 % du lectorat sera de gauche ! Alors les formules pour bouseux avinés ou nostalgiques de la jeunesse de papy on oublie ! « La fabrique du crétin » ? Ah oui c'est bon ça ! Ca fait penser à une usine. L'usine étant le symbole du capitalisme ! Ouais c'est bon ça Robert on va taper sur le capitalisme ! Ca fait toujours vendre. Et qu'importe si c'est fait n'importe comment tant qu'on fait peur avec une menace abstraite, fût-elle à l'origine de bon nombre de problèmes actuels, il y aura toujours des gogos prêt à prendre leur cheval pour se battre contre des moulins plutôt que d'avoir une pensée concrète et structurée. Maintenant que le titre est trouvé, intéressons-nous au contenu.



Comme tout bon livre sur l'école qui se respecte, JPB débute par nous parler des lois Jules Ferry. Ah Jules Ferry ! Cet esprit visionnaire et grandiose ! Ce pourfendeur de cureton, ce Guy Mocquet de la résistance contre l'obscurantisme barbare ! Bah oui c'est vrai quoi on va pas parler d'un livre sur l'école sans citer ce type ! Vous imaginez si ça avait été Adolphe Tiers ? Ou Mac-Mahon ? Ah on me dit dans l'oreillette que Jules Ferry était une grosse raclure colonialiste et l'un des premiers à louer le rôle « bénéfique » de cette dernière. Oui bon ça va on va pas en faire tout un plat non plus hein ! Et puis bon à l'époque qui n'était pas colonialiste ? Bref passons.



JPB nous loue la Grande Ecole Républicaine, celle qui a émancipé tellement de monde etc. Bref le grand blabla habituel des nostalgiques de l'époque béni des Dieux où tout le monde respectait (ou plutôt craignait) l'instituteur et où les élèves bossaient ça oui ma bonne dame !



Si je devais résumer ce bouquin en deux mots ce serait « schizophrène » et « réactionnaire ». Schizophrène car si le constat est globalement juste, les solutions sont d'une bêtise ahurissante et se contredisant en permanence. Selon JPB on serait passé d'une école du savoir à une école uniquement tournée vers l'apprentissage d'un métier. Bingo ! On ne peut qu'être d'accord sur ce point. On se souviendra avec une certaine nostalgie de nos jeunes années sur les bancs de l'école où beaufs et « élèves studieux » (appelés également « lèches-bouboules-casses-couilles-sans-vie-sociale ») hurlaient au scandale dès qu'un prof avait l'outrecuidance de ne pas suivre à la lettre (et tambour battant) le programme sous prétexte que cela allait les handicaper pour passer dans la classe supérieur et donc ralentir leur glorieuse entrée au pôle-emp... sur le marché du travail. L'autre point (et le seul) sur lequel JPB a tout bon est cette volonté de créer des débiles. Car un débile ne pense pas. Il applique bêtement ce qu'on lui demande de faire, ne se demandant pas si ce qu'il fait est juste, utile ou légal (car le droit du travail est une notion toute relative pour certains et pas seulement les « gros » patrons) Là-dessus rien à dire et JPB est dans le juste.



Mais alors qu'est-ce qui ne va pas dans le monde de l'enseignement ? Quelles solutions apporter ? C'est là la pensée réactionnaire de JPB entre en jeu.



Pour info, voilà ce que nous dit Wikipedia de la réaction : « Une réaction désigne la politique prônant et mettant en œuvre un retour à une situation passée réelle ou fictive, selon le point de vue, révoquant une série de changements sociaux, moraux, économiques et politiques. […] La pensée réactionnaire rejette un présent perçu comme « décadent » et prône un retour vers un passé idéalisé voire considéré comme fictif par leurs opposants. »



« C'était mieux avant » ne cesse de nous répéter JPB (d'ailleurs l'auteur ne s'en cache pas puisque ce dernier nous dit, page 17 « la nostalgie […] est la seule voie sérieuse pour préparer le futur sans renoncer massivement à la culture ») Avant on faisait des dictées ! Ah ma bonne dame c'était bien ça pour l'orthographe des élèves qui passent aujourd'hui leur temps derrière des ordinateurs et des consoles ce qui les rend débiles ! Et puis on n'avait pas de sorties scolaires ! Ah les sorties scolaires, ce mal insidieux de notre belle école républicaine ! Avant on ne sortait pas ! On faisait des math, du français et de l'histoire ET C'EST TOUT ! Pas besoin de distraire les élèves en les emmenant en sorties, spectacles désolant qui vise à transformer l'école en parc d'attraction plutôt qu'en temple dédié au dieu Savoir ! Jusqu'à la fin des années 70 on était 40 par classe ma bonne dame ! Et on bossait ! Oui on bossait ! Mais à cause des hippies soixante-huitards tout a foutu le camp !



Voilà en gros le fond de la pensée de l'auteur. C'était mieux avant. JPB pousse même le bouchon un peu plus loin en nous expliquant par A + B qu'auparavant tout le monde pouvait s'élever dans la hiérarchie sociale ! Oui oui tout le monde. Pour preuve il nous cite Murat, apprenti boucher qui devint maréchal de l'Empire (sorte de boucher mais spécialisé dans l'être humain) ou Camus, né dans un quartier algérien pour arriver « aux sommets de la gloire ». Oui mes enfants JPB nous ouvre les yeux : avant tout le monde pouvait s'élever. Même l'agriculteur picard sus-nommé pouvait devenir docteur ès médecine ! Comment ça ? Qui a osé dire « oui mais bon y'avait que les riches ou quelques rares élus qui pouvaient s'élever » ? Ah ah vil canaille ! Vous aussi vous êtes des partisans de la « modernité », d'infâmes capitalistes qui ne veulent que la mort de l'école !



Car c'est là que le côté schizophrène de JPB prend le dessus. Il veut ouvrir le savoir au plus grand nombre mais dénonce le fait que 80 % d'une classe d'âge accède au bac. Il regrette le manque de mixité sociale mais encense le système scolaire d'antan où cette même mixité n'existait pas. On nage en plein délire.



Pour lui seul le retour à la dictée et aux bonnes vieilles méthodes d'avant suffiraient à remettre le monde éducatif dans le droit chemin.



Cher JPB je te conchie de toutes les fibres de mon âme. Tu sais Jean-Paul, ma grand-mère était fille d'agriculteurs. Elle adorait la lecture et suivait consciencieusement les enseignements que lui prodiguaient son maître d'école (il a été tué en 1940 le pauvre, préférant prendre la place d'un troufion pour aller reconnaître les positions des allemands... true story) Elle a même eu son brevet ! Mais, vois-tu, elle n'a pas pu continuer ses études. Pourtant elle a suivit à la lettre ce que tu préconises ! Vois-tu ma grande-mère venait d'un milieu pauvre. Elle n'a pas eu le droit à une bourse qu'elle aurait mille fois mérité. Une fois son brevet en poche elle a directement intégré les champs et a passé toute une vie à trimer pour une retraite de merde. L'histoire de mon grand-père est similaire. C'était un passionné d'histoire qui aurait pu faire de longues études s'il n'y avait pas eu la guerre (à une époque où tout le monde suivait tes méthodes d'enseignement il est curieux que les gens aient été suffisamment con pour se laisser entraîner dans deux boucheries à l'échelle mondiale et se faire manipuler aussi facilement par des dictateurs) Hélas pour mon grand-père il n'a pas vécu longtemps. C'est ça que de respirer des produits chimiques à longueur de temps. D'ailleurs quand tu parles de « travaux manuels » en regrettant qu'on n'encourage plus les jeunes à aller dans cette voie, permets-moi de te rappeler que ce sont des professions ou l’espérance de vie est bien moindre. Mon grand-père en a fait les frais.



Mais laisses-moi te parler de moi Jean-Paul. J'ai fait mes 9 premières années de scolarité en ZEP. Nous ne faisions que du français et des math. Pas d'histoire, pas de sciences-naturelles et quelques rares sorties. Au programme : dictée, exercices, encore des dictées et encore des exercices. Les professeurs étaient autoritaires et craints. Bref tout ce que tu préconises. Eh bien Jean-Paul je n'ai jamais vu autant de décrochages scolaires, de gens lassés de l'école (à même pas 10 ans faut le faire...) J'avais de la chance, je venais d'une famille plus aisée que celles de mes petits camarades. Mes parents me poussaient à travailler ce qui fait que je récoltais les lauriers de la part de mes profs. Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est combien mes camarades cancres étaient humiliés par les profs. Lors des résultats, le prof appelait les bons élèves au tableau. Nous recevions alors un cadeau, un livre ou je ne sais quel objet de peu d'importance. Les derniers de la classe en revanche devaient passer au tableau sous les rires du professeur. C'était soit-disant pour nous donner envie d'apprendre, de prendre en exemple les meilleurs pour progresser et aller de l'avant. Ce système, c'est ton système Jean-Paul. Et je ne le souhaite à personne.



JPB conclu son livre en affirmant que jusqu'à la fin des années 70, l'Education nationale formait des « têtes bien faites et bien pleines » des élites « que le monde s'arrachait » et dont la culture était envie par le monde entier. C'est vrai qu'à une époque où tout était possible avec un bac, où le pays vomissait de la croissance par cartons entiers il est plus facile de prendre le temps de bien former les gens... Mais Jean-Paul, ôtes-moi d'un doute. Quand tu parles de ces fameuses « élites », tu veux bien parler de celles qui nous dirigent depuis 30 ans ? Ces générations qui ont pollué comme des fous furieux (mais qui nous demandent maintenant de faire attention à la planète), qui détiennent tous les leviers de pouvoirs (politiques, économiques, sociaux), qui ont fait main basse sur l’immobilier (et nous louent donc des appartement hors de prix) et qui sont responsables de la situation économique actuelle ? Rassures-moi car j'ai comme l'impression qu'ils ont merdé sur tout la ligne. Pourtant ils ont bien été éduqués, avec tes méthodes ! Se pourrait-il que tu nous aies raconté des salades pendant tout ton bouquin ?



Je le pense très sérieusement.

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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Si vous aussi vous faites partie de ceux qui se disent que le niveau exigé à l'école a baissé, et qu'on vous prend pour des crétins lorsque les politiques ou les médias s'évertuent à vous affirmer le contraire : lisez cet essai sans concession de Jean-Paul Brighelli !



L'effet est immédiat, quelques soient vos opinions politiques, puisque l'auteur montre bien que tous, en matière d'éducation on fait "évoluer" les choses du pareil au même !



Agrégé de lettres, et normalien qui plus est, il est indéniable que Jean-Paul Brighelli est a classé parmi les "types brillants" qui subsistent aujourd'hui dans la société. De part sa culture bien entendu, mais aussi par sa maîtrise de la langue française dont on se régale : un scalpel façon héritier des Lumières !

Au-delà de la forme, le fond qu'il dénonce est ... navrant ! C'est bien le moins qu'on puisse dire !! Toutes les aberrations de notre système d'éducation en ruine y passent : les programmes et (surtout!) leurs concepteurs (ouff!) , les sorties scolaires, les exigences aux examens, la formation des professeurs, le système d'inspection, les ZEP (rebaptisées très justement Zones d'Exclusion Programmée), les parents d'élèves, les syndicats, le collège unique, l'intrusion malsaine du religieux dans le scolaire.... TOUT LE MONDE !

C'est vrai qu'il a parfois tendance à aller trop loin dans certains de ses propos et cela peut le faire paraître un peu "réac' ". Malgré cela, force est de constater qu'au moins 98% de ce qu'il dit et constate est juste...



Un seul constat s'impose - s'il fallait résumer en une phrase : la République a failli. Autrement, comment expliquer que des français de n'importe quel milieu pouvaient s'en sortir grâce au système scolaire pour gravir les échelons de l'échelle sociale et ne le peuvent plus maintenant? Pour ceux qui n'en seraient pas convaincus, je vous invite à lire la démonstration made in Brighelli (et aussi à regarder sans préjugés ceux qui viennent de "la France d'en bas").



Petits exemples choisis (car j'ai vraiment jubilé en les lisant) avec la didactique (soit disant formation qui sert à apprendre de LA bonne façon aux élèves) et ceux qui décident du contenu des programmes (entre autre) :

"Qu'est-ce que la didactique? C'est l'art d'apprendre à apprendre que l'on ne sait pas. " (p52)

"(...) "manuels", encombrés d'un vocabulaire abscons auquel parent et élèves ne comprennent goutte - c'est un critère de choix comme un autre. (...) Si la didactique était en rien concevable, elle s'énoncerait aisément. Elle n'aurait pas besoin d'un tel cryptage." (p109)

"(...) les nouveaux pédagogues, ces professionnels de la pédagogie qui ne sont pas sur le terrain, et qui, souvent, ont tout fait pour le quitter." (p64)



En bref, c'est un essai qui m'a rassurée dans le fait que je ne suis pas la seule à penser qu'on nous prend pour des crétins et que le système qui m'emploie est une vaste fumisterie à peine voilée même si beaucoup préfèrent ne pas le voir.

A lire donc ! pour preuve j'ai été jusqu'à la 4ème étoile alors que ce n'est "qu'un" essai ! Mais qui dénonce si bien les absurdités et effets pervers des nouveaux dogmes qui partaient pourtant de bons sentiments ....



"Respecter l'élève, ce n'est pas lui donner raison, ou tolérer ses incongruités." (p53)

" "Etre à l'écoute des élèves" est l'une des fumisteries à la mode imposées aux profs pour justifier le fait que les élèves, eux, n'écoutent plus." (p30)
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Il ne fait aucun doute que cette analyse risque de déranger un certain nombre de personnes confortablement vautrées dans leur suffisante insuffisance.

J.P. Brighelli, éminent professeur de français, a développé et argumenté avec une compétence indiscutable une théorie que je m'étais déjà forgée en réfléchissant sur ce sujet qui me tient à coeur. A la différence que, lui, a la maîtrise pour exposer ce qu'il avance et ses convictions ne relèvent pas d'un simple ressenti mais d'une réelle expérience.

Certes, il ne donne pas dans le "politiquement correct" et son analyse est sans concession mais c'est grâce à des personnes de sa trempe que l'on peut espérer qu'un jour les consciences se réveilleront.

Même si je crains qu'il ne soit pas "entendu" et que nous allions tout droit dans le mur. On y est presque d'ailleurs...
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Jean-Paul Brighelli analyse l'état de l'Education Nationale et le niveau des élèves qui passent entre ses mains. Le constat est loin d'être rassurant...



Derrière un ton souvent ironico-blasé et de virulentes invectives (la redondance est voulue) à 99% méritées, Jean-Paul Brighelli dresse un constat alarmant et pourtant bien connu de tous les acteurs "subissants" de l'Enseignement en France : cela fait plus de 40 ans que le niveau ne cesse de baisser, parce que les exigences ont volontairement été revues à la baisse par des didacticiens dinosaures ou planqués qui ne veulent pas heurter la sensibilité déjà abrutie de ces pauvres chéris qu'on n'ose même plus appeler "élèves" tant le mot est déjà trop violent (notons dans ce cas la magnifique utilisation du terme langue de bois "apprenant"). Sans parler de l'enseignant devenu "puériculteur général", sortant des écoles sans comprendre/connaître le métier (parfois sélectionné sans avoir le niveau réel) ou muselé par des règles d'apprentissage qu'il sait pertinemment être complètement inadaptables, vaines et ridicules et pour le coup voué à faire des choses simples tant le public ne suit pas, ne cherche pas à suivre, ou à qui on a dit de ne pas suivre.

Sans parler de tous les systèmes mis en place pour justifier le désintérêt et les erreurs commises par les élèves, en entérinant des états tels que la dysorthographie ou la dyslexie et en les qualifiant de pathologies qui demandent une notation adaptée au lieu de les corriger comme c'était encore faisable avant mai 68 où justement on ne cherchait pas à "déranger" ces pauvres petits, aujourd'hui pour beaucoup accompagnés d'AVS dont ils n'auraient même pas besoin s'ils se secouaient un peu la grappe qu'on appelle cerveau. Une pathologie peut se soigner, non ?? Les élèves qui ont des notations et un accompagnement personnalisés lors de leur scolarité n'auront bizarrement pas les mêmes avantages-doudous dans leur vraie vie d'adulte, non ?? Alors pourquoi persister pour ceux qui n'en n'ont pas réellement besoin ?? Sans parler des enfants qu'on qualifie de mono-tâche, soit-disant incapables de faire plusieurs tâches à la fois comme l'a déclaré leur médecin (?) alors qu'ils sont étrangement capables de parler avec leurs camarades tout en faisant des dessins pendant que l'AVS prend les notes à sa place... (Expérience personnelle, ça devait sortir !!)

Le constat pourrait à chaque fois se faire sur plus d'une dizaine de pages, c'est d'ailleurs ce qu'a fait l'auteur qui réunit pour beaucoup ce que tout le monde aimerait cracher en moins d'une minute sans réellement pouvoir se rappeler tout ce qui ne va pas dans ce fichu fatras éducatif français. On peut ne pas être tout le temps d'accord avec lui, mais on peut le comprendre, ce prof qui a vu comme beaucoup d'autres toutes les dérives du système et ses effrayants résultats aujourd'hui.

Je ne suis pas de la génération d'avant 68, loin de là. Mais j'ai pu voir qu'en l'espace de quinze ans, où j'étais moi-même élève avant de passer de l'autre côté du bureau, que le niveau a cruellement baissé, que les exigences étaient faibles. J'ai pu cotoyer ce système à la dérive sur une planète océanique où il n'y a nulle part où accoster, dans lequel les correcteurs des examens ne corrigent plus les fautes d'orthographe, ne sanctionnent pas les erreurs de dates, reviennent à peine sur les grands noms de l'Histoire et de la Littérature et ne s'ennuient guère à mettre zéro sur un exercice où il faut comparer les différences tandis que l'élève a comparé les ressemblances parce que, comprenez-vous, il a "comparé", et c'est déjà vachement bien. A mon époque, on faisait encore des dictées, et certains de mes camarades avaient -60. Aujourd'hui on veut retirer les notes de peur de traumatiser les "apprenants", de peur que les parents poursuivent les enseignants jusque dans le parking du collège ou veuillent porter plainte contre eux pour harcèlement parce qu'ils donnent des devoirs à la maison à leur gamin (du vécu, vous dis-je !!!).

En bref, j'ai apprécié cette lecture, qui réunit les 3/4 des arguments que vous rencontrerez partout, mais qui en distille de nouveaux pour la plupart encore plus sidérants (est-ce pourtant possible ?). Cependant, j'en ai personnellement assez (déjà) qu'on rabâche tout ça tout le temps. Le problème, c'est qu'il paraît peu probable que les choses s'arrangent. J'ai prévu pour ma part, si j'ai des enfants, non pas de fliquer les profs et ce qu'ils font, mais de pallier moi-même aux erreurs de la pitoyable Education Nationale dans laquelle je serai pourtant obligée de les placer en mettant des livres annexes à ce qu'ils font dans leurs mains d'élèves, et non d'apprenants. Et s'ils ne bossent pas, pas de dessert. Vous voyez, tout est prévu...!
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Alexandre Dumas ou les aventures d'un roman..

Bonjour, je m’appelle Relax et… je n’ai jamais lu Alexandre Dumas !

(Stupeur dans la salle)



Mais je me soigne hein ! J’ai décidé de commencer par ce petit bouquin. C’est un Découvertes Gallimard ; en général ça vaut le coup.

(Atmosphère partagée de l’auditoire, dubitative et curieuse)



Bon, vu que je cherche à acquérir une connaissance générale de l’œuvre et du bonhomme (regards outrés) pardon… de ce grand homme, ce livre convient parfaitement. Évidemment, un lecteur plus exigeant aura besoin d’approfondir en lisant d’autres ouvrages.



J’en ai appris de belles. Vous saviez qu’il était mulâtre ? Moi non. Ses ennemis n’ont d’ailleurs pas hésité à mettre l’accent sur le « sauvage » qui existait en lui. Les fleurets de plume avaient remplacé les sabres à l’époque, et Dumas était dans ce domaine très bon bretteur. Dans le livre, les auteurs retracent l’anecdote d’un ennemi de Dumas qui, dans un salon, l’interpelle : « Mais, au fait, mon cher, vous devez vous y connaître, en nègres, avec tout ce sang noir qui coule dans vos veines». Ce à quoi il répond « Mais très certainement. Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père un singe. Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit ».



J’ai aussi appris qu’il était frénétiquement vivant. C’était d’abord un pur Romantique combattant l’autoritarisme partout. Il a fait le coup de feu lors des émeutes des Trois Glorieuses qui ont abouti à la chute de Charles X. Il a rejoint Garibaldi en Sicile. Puis c’était un auteur prolifique - et ce n’est là qu’un maigre euphémisme – aussi bien au théâtre que pour les romans. Il a été patron de presse. Il a voyagé dans un grand nombre de pays ; matière pour écrire les premiers « Guide du Routard ». Et bien sûr, il aimait les femmes ; son cœur d’artichaut l’incitant à les consommer sans beaucoup se préoccuper de fidélité.



Les trois auteurs parviennent, avec un certain lyrisme, à faire revivre les époques du 19ème siècle que traverse Dumas, depuis la fin de Napoléon jusqu’au deuxième Empire que les Romantiques – Hugo et Dumas en tête – rejettent en bloc (imaginez un Poutine s’installant en France). Dumas subit de plein fouet le rétablissement de la censure. Il ne verra pas la fin de l’Empire car il meurt fin 1870.

En revanche les auteurs n’évoquent pas assez l’œuvre elle-même, préférant raconter des anecdotes comme l’éducation d’Alexandre Dumas fils. L’œuvre théâtrale est privilégiée car elle permet de décrire l’ambiance des succès. Même la partie « Témoignages et documents » se concentrent sur les récits de voyage, mais des Trois Mousquetaires ou du Comte de Monte Cristo, même pas un extrait. Cela m’a un poil déçu.



Eh bien je suppose que c’est à moi de découvrir ces romans. Ce petit livre a en tout cas réussit à m’en donner l’envie (et aussi ceux de des compères de Dumas comme Vigny ou Musset, voire même ceux de Walter Scott). Et vu que je suis embarqué depuis quelques temps dans les guerres de religion, je vais commencer par La Reine Margot.



Je reviendrai vous en parler (regards endormis), non ?

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C'est le français qu'on assassine

Le subjectif n'entre pas en ligne de compte lorsqu'on commente la lecture d'un essai. Soit on adhère totalement, moyennement, ou aucunement, aux idées exposées mais il est indéniable que ce type d'ouvrage enrichit notre réflexion. Quelle que soit notre position de départ sur le sujet abordé, après lecture, on en retire au moins le bénéfice de savoir sérieusement ce que l'on pense et pourquoi on le pense.



Si je partage généralement l'avis de J.P. Brighelli et avais, d'ailleurs, été littéralement enthousiasmée par son ouvrage édité en 2006, "La fabrique du crétin - La mort programmée de l'école", j'émets quelques infimes réserves sur celui-ci, paru en septembre 2017. Comme un sentiment que J.P. Brighelli - mû par une colère tout à fait justifiée et qui, je le lui accorde, a eu toutes les raisons de s'amplifier au cours des onze années écoulées - n'a plus de nuances, ne fait plus de quartiers.

Et, j'admets que je n'aurais sans doute pas émis cette petite réserve si, à l'avant dernière page du livre, le paragraphe suivant ne m'avait fait lever le sourcil :

"Nous ne naissons pas avec le don de notre langue et ce que la famille ne parvient pas à nous enseigner, l'école doit le transmettre.

Sauf qu'elle y a renoncé. Comme elle a renoncé à recruter des maîtres capables de redresser le français erratique des enfants perdus. Les défunts IUFM énonçaient la vulgate pédagogique en vogue. Les ESPE qui leur ont succédé forment de façon fort étrange des "professeurs des écoles" qui, au témoignage d'inspecteurs-formateurs, sont "une catastrophe"...."



Etant née la même année que J.P. Brighelli, et bien que je ne sois pas spécialiste en la matière, je peux témoigner que les institutrices d'antan, recrutées avec le niveau Bac et ayant pour nombre d'entre-elles embrassé la carrière pour de futiles raisons de confort personnel, n'étaient pas forcément meilleures enseignantes que les professeurs des écoles d'aujourd'hui, recrutés à Bac +5. D'autant que rien que cette exigence de niveau d'études exclut de fait, la simple motivation de confort ou de facilité.

Quant au fait que ces professeurs des écoles seraient mal formés, je trouve, moi, étrange que ce soient les inspecteurs-FORMATEURS qui se posent en indignés. La faute à qui s'ils sont mal formés ? je vous le demande.

À noter que si j'ai employé spécifiquement le terme "institutrices" c'est parce qu'il faut bien admettre que, durant des décennies, l'école primaire leur était réservée. Et force est de constater que pour la plupart, il y avait et il y a (elles ne sont pas toutes à la retraite) beaucoup à redire sur leur investissement et leur vocation à enseigner.

Pour ce qui est de cette appellation de "professeur des écoles", aujourd'hui accordée à tous les instits qu'ils aient ou non le niveau d'études requis, il n'y a pas lieu de leur tenir rigueur de ce titre censé les flatter, décrété par je ne sais quel décideur pour les caresser dans le sens du poil, et qui n'a pas plus d'incidence sur la réalité de leur fonction que sur celle de la femme de ménage devenue technicienne de surface.



De mon point de vue, les grands responsables de cette "mort programmée de l'école" sont l'Education Nationale et ses ministres successifs qui pondent à tout va des réformes ineptes afin de marquer leur passage comme les chiens marquent le leur en levant la patte sur les réverbères.



En conclusion, excepté ce petit point relatif aux professeurs des écoles, j'adhère totalement au développement de J.P. Brighelli que j'ai trouvé, comme toujours, d'une grande lucidité et d'une remarquable pertinence. Ce dernier essai me fait jubiler autant qu'il me désespère.
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Heureusement qu'il ait eu "la fabrique du crétin " que je considère comme une suite allégorique de la vérité, à l'oeuvre de Daniel Pennac " Chagrin d'école" imprégné du reste d'un langage abscons , à travers duquel je restais pourtant sur ma faim

Ce que voulait Daniel Pennac atteindre à travers " Chagrin d'école" au sujet de sa "cancrerie" est en quelque sorte une forme de louange susurrant , mis en quarantaine

et en filigrane , Brighelli a outrepassé cette cadence jugée insuffisante et non appropriée , en le claironnant tout simplement

Cet illustre normalien , ce personnage d'une trempe clairvoyante ne se décontenancerait pas pour les critiques , dénigrement et propension au verbiage de certains responsables et autorité qui l'accuse de virulence et d'user de propos outrancier

Fervent défenseur de l'école républicaine , l'auteur , par le truchement de ce magnifique opuscule , tira la sonnette d'alarme pour endiguer la déconfiture totale de l'école actuelle , celle qui excellait dans la fabrique du " crétin " préviligiant à bon escient , ce terme précis , synonyme d'une réalité quand bien même dérangeante

Usant d'un constat consternant aboutissant à un diagnostic établi à partir de données palpables , l'auteur a décelé certaines imperfections , lacunes criardes vécues au quotidien par les écoliers , collégiens et lycéens et préconise à leurs encontres des remèdes absolutionistes, sans modesties, bien qu'ils ne générassent pas de miracles mais qui pourraient amenuiser efficacement les dégâts

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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

A lire avec du recul !



J'ai lu ce livre il y a une dizaine d'année. Soit il plait, soit il est détesté. Je ne cache pas que j'ai éprouvé les deux sentiments à sa lecture.

L'auteur a le mérite de dresser la noirceur du système scolaire qui en fait des élèves de plus en plus asservis. Après certains éléments sont grossièrement étayés.

J'étais en licence sciences de l'éducation lorsque j'ai eu connaissance de ce livre auquel je me suis précipitée pour l’emprunter à la bibliothèque. Au début, j'ai adoré, étant très critique avec l'éducation nationale, ce livre entretenait mes arguments. Puis au fil des chapitres, j'ai pris conscience que l'auteur avait une grande prise de partie, c'est pour cette raison que j'ai pris beaucoup de recul en le lisant, par la suite.

La déception fut d'apprendre par un de ces élèves, qu'il leur balançait sa gourmette lorsque les élèves ne donnaient pas la bonne réponse.

Critiquer le système pour le faire avancer, je suis pour. Critiquer pour critiquer, il manque quelque chose, selon moi.
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

J'étais content d'en finir. Un style indigeste (il vaut mieux l'écouter sur Youtube). Répétition dans ses arguments qui deviennent de ce fait beaucoup moins pertinents.

Je crains d'ailleurs que certains ne soient déjà plus d'actualité après quatorze ans.

Ce livre va retourner d'où il vient , dans une boîte à lire.



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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Assez édifiant...

Le niveau d'un bac des années 60 n'est aujourd'hui atteint qu'à bac+3.

Le volume d'heures d'apprentissage, premier facteur de succès de l'apprentissage, est en constante chute.

Ces heures sont remplacées par des activités non scolaires et, pour ceux qui le peuvent, par des cours privés.

On favorise l'apprentissage de compétences étriquées au détriment de la culture générale qui seule est capable de mettre en capacité de penser de manière critique. Nos gamins étudient les textes pour eux-mêmes, au delà de leur fond. Ainsi on retrouve au même plan une coupure de presse et un texte de Mallarmé.



... et bien d'autres encore.



La dégradation n'est pas un hasard ou une conséquence de quelque fait : elle est voulue.

Le rôle de la fabrique du crétin (l'école du système libéral) n'est pas d'éduquer des citoyens critiques mais de satisfaire l'outil de production, et favoriser au passage la reproduction sociale (étanchéité des classes).
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Entre ciel et mer, le Mont Saint-Michel

Objet encore récemment de travaux pharaoniques, le Mont St Michel, est l''un des lieux les plus visités de France.

Si vous voulez en savoir (beaucoup) plus sur ce village monument, perché entre ciel et mer, je vous invite à consulter l'ouvrage de Jean-Paul Brighelli.

Comme à l'accoutumée dans la quasi indispensable collection "découvertes" Gallimard, le thème abordé et illustré de documents rares et variés, et l'auteur fait preuve d'une rare érudition pour "vulgariser" son sujet.

A se procurer, et lire, en complément des habituels guides touristiques....
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La fabrique du crétin, tome 2

En 2006 "La fabrique du crétin" avait été un sérieux avertissement sur l'état de l'Éducation nationale et le faible niveau des élèves. Les causes étaient déjà identifiées : l'idéologie pédagogiste et égalitaire avec son mot d'ordre absurde « l'élève doit construire son savoir ». Évidemment rien ne s'est arrangé depuis, bien au contraire puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets en tirant le niveau vers le bas.

« La fabrique du crétin 2 Vers l'Apocalypse scolaire » est le cri de colère d'un homme issu d'un milieu modeste qui a profité par son travail et son talent d'un ascenseur social qui n'existe plus. Jean-Paul Brighelli a fait ce qu'il a pu pendant quarante-cinq ans comme enseignant et comme lanceur d'alerte, on peut comprendre qu'il soit vénère comme dirait un jeune d'aujourd'hui.



Dans tous les classements mondiaux la France régresse vers les bas-fonds, mais le niveau monte nous disent les pédago, éternels satisfaits, 96 % de réussite au bac ! tout le monde sait pourtant ce qu'est devenu le diplôme, gracieusement offert, dont le niveau tend vers zéro.

Les constats listés dans le livre sont nombreux et accablants et pourtant rien ne change et ne changera pas dans la mesure où le système continue de bénéficier à certains : les pédagogistes richement installés dans les ministères et les commissions éducatives, les enseignants et leurs syndicats qui savent qu'ils font de la m…. mais qui refusent tous les changements et savent protéger leurs rejetons dans les meilleurs écoles, les politiques qui ne veulent pas de vague et les classes supérieures qui ont les moyens de faire éduquer leurs enfants à l'ancienne.



Pour Jean-Paul Brighelli c'est un choix de société de ces classes dirigeantes qui souhaitent conserver leur statut pour leurs enfants et considèrent que les autres seront excellents chez Uber et autres négriers modernes. L'école serait donc chargée de préparer des têtes vides pour alimenter le marché de l'emploi capitaliste avec de la main d'oeuvre pas chère.

Sur ce point il se contredit lui-même en rappelant dans l'introduction la formule de Michel Rocard : « Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. le complot exige un esprit rare. À l'hypothèse somme toute flatteuse d'une conspiration de bons esprits, préférez toujours celle d'une conjuration des cloportes »

Ce qui veut dire que dans le cas de l'éducation nationale comme dans bien d'autres dans ce pays c'est la bêtise qui est aux commandes, alimentée par l'idéologie, l'égoïsme et la lâcheté. Y'a des jours où l'on est content d'être vieux !

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La fabrique du crétin, tome 2

J'ai commencé la lecture de la seconde partie sans avoir pris connaissance du premier opus. Apparemment, l'introduction en fait le résumé et si je prends le temps d'écrire de manière prématurée et impromptue mon ressenti sur ces quelques pages, c'est que j'ai bondi au plafond tous les deux ou trois paragraphes, tant les énormités et les bêtises que ce scribouillard, prétendument agrégé de français, est capable d'asséner, m'ont révolté. Non pas qu'il dise uniquement des choses totalement fausses mais il y a quelques points de détails qui sont inacceptables pour toute personne douée d'un petit peu de raison ou même seulement de bon sens. Quand à ceux qui connaissent l'histoire de l'éducation, ne serait-ce que dans ses grandes lignes, qu'ils évitent d'investir dix-huit euros dans ces cent quatre-vint pages qui sont trop épaisses pour s'en servir de manière plus utile.



(complément à suivre)
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Un cri d'alarme, déprimant et sans la moindre note d'optimisme, sauf peut-être dans le chapitre final qui tente d'apporter quelques solutions en lesquelles l'auteur ne semble pas croire lui-même. Comment ne pas reconnaître que certaines des affirmations, mêmes caricaturales, ne sont que les constats parfaitement vérifiables d'une série d'échecs de l'enseignement en France depuis 30 ans : baisse générale de niveau dans toutes les matières, simplification des manuels scolaires, montée de la frustration et de la violence, erreurs de diagnostic et stratégie suicidaire des nouveaux pédagogues... L'idée principale sous-entendue par cet essai est la suivante : la "Fabrique du Crétin" serait le résultat d'une conspiration programmée et cynique des élites capitalistes souhaitant la baisse générale du niveau de l'enseignement, la fin de l'ascenseur social, la mise au pas des populations "d'origine modeste" que l'on souhaite cantonner à des sous-tâches mal payées, afin de garantir la pérennisation de la caste des nantis et des puissants qui sont les seuls à conserver l'accès à la culture et à l'apprentissage (via des établissements pratiquant "les anciennes méthodes d'éducation") et donc au pouvoir.
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La fabrique du crétin, tome 2

Certes, d’abord un constat qu’on ne peut partager qu’à 200% tant il est indéniable à la fois sur le terrain et au vu des études Pisa, PIRLS (lecture) et Timms (maths) et pour cela, pas besoin d’avoir fait de hautes études pour s’en rendre compte. Merci donc M Brighelli de le porter à notre connaissance ou bien de nous le rappeler tout simplement.



En revanche, jamais depuis que j’achète des livres, je ne me suis autant fourvoyé sur l’intérêt certain que je pensais porter à ma lecture.

Enseignant à la retraite, j’étais resté sur un bouquin phare de mes lectures estampillées “Éducation Nationale”, “Le bonheur d’apprendre et comment on l’assassine” de François de Closets (1996).



Au-delà de la triste réalité constatée qu’il évoque à juste titre dans La Fabrication du Crétin Tome 2, Jean-Paul Brighelli est complètement binaire ! C’est noir ou c’est blanc ! Les nuances de gris, connait pas !

Alors, si on adhère forcément à l’analyse de la laïcité dépecée, la formation déplorable des “Maîtres”, l’école fracture sexuée, les programmes sans cesse allégés, les générations sacrifiées par les maths modernes entre 68 et 73 et sa grammaire structuraliste, la méthode globale d’apprentissage de la lecture toujours pratiquée et qui connait les résultats que l’on sait, le bac à deux balles…

… on ne pourra pas vraiment accepter ses coups de gueule déplacés et irrespectueux envers certains corps de métier de l’Éducation Nationale voire même certaines personnes nommées carrément insultées.

Pas plus qu’on ne pourra supporter ses amalgames entre “pédagos” et “pédagogues” malgré une tentative d’éclaircissement au début du chapitre 7. Manifestement selon lui, ou bien on est pédago ou on est un enseignant omniscient , enfin presque. Sans doute impensable pour lui d’imaginer qu’un “bon prof” puisse être un bon mélange des deux.

Et puis, mais ça, c’est mon opinion et je reconnais qu’elle est purement subjective… une incitation à la compétition avec l’Autre et non avec soi-même, ce qu’il déplore d’ailleurs en clouant au pilori les méthodes ainsi pratiquées depuis quelques années en E.P.S.

Si on ajoute ses débordements dans le chapitre 15 qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre bien sûr, lire à trois reprises “Il faut les PENDRE” ne dénote pas vraiment d’un esprit serein pour tenter d’améliorer la situation.

Et puis, et puis encore la façon de noter, selon lui, bien trop large. Il n’est sans doute pas au fait que nous sommes un des seuls pays à pratiquer le “cassage” de nos élèves par une notation qui met plus en exergue ce que nous ignorons plutôt que ce que nous avons acquis… Voir l’excellente étude “La Constante Macabre” d’André Antibi dont les analyses internationales ont montré les résultats désastreux que cela pouvait induire non seulement sur l’individu lui-même, mais également sur sa capacité à jouer ensuite un rôle socio-économique tant le sentiment de dévalorisation a été omniprésent tout au long de sa scolarité.



Un livre donc en demi-teinte : un grand oui pour le constat de l’Apocalypse Scolaire et un grand non pour son manque de discernement quant à l’analyse qui en est fait
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Versant négatif: le style. La colère n'empêche pas de garder une tenue littéraire qui serait de bon aloi chez ce contempteur d'un enseignement au rabais. Versant positif, un refus stimulant du politiquement correct. Pour le contenu, beaucoup de critiques tombent juste et sonnent vrai. Ce livre ne répond pas forcément aux questions posées par l'enseignement de masse, mais il a le mérite de les énoncer. Cela en fait un livre qui divise, mais qui réveille. Et notez bien qu'il ne parle pas de l'éducation du crétin, mais de la fabrique du crétin. Nuance. L'ignorance n'est pas méprisable, au contraire de l'institution qui la produit..
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Pour que nos clients soient de bons soldats aux ordres de la grande distribution, encore faut-il qu'ils soient éduqués de la bonne manière. C'est-à-dire qu'ils ne doivent pas pouvoir se poser les bonnes questions.


Dans son ouvrage "La fabrique du Crétin", Jean-Paul Brighelli, en dehors de son analyse de l'éducation scolaire, expose de façon brillante de quelle façon l'avènement concomitant de l'ultra-libéralisme et du libertarisme post-soixante-huitard a habilement décervelé ce que l'économiste de la pensée dominante appelle le "consommacteur" : "il s'agissait, cette fois, de formater l'individu dont l'économie moderne avait, paraît-il, besoin : un être sans passé, sans histoire, sans bases. Un epsilon polyvalent, comme aurait dit Huxley, susceptible de passer, sans protester, de CDD en intérim et en ANPE. Un crétin, taillable et corvéable à merci, au nez duquel on agiterait le chiffon rouge des trois millions de chômeurs qui, peu ou prou, sont nécessaires à la parfaite obéissance des travailleurs intérimaires.


Tiraillée entre utopistes et opportunistes, l'école avait bien peu de chance de s'en sortir. Le système a produit ce qui lui était nécessaire : une main-d'œuvre bon marché, mise en concurrence avec un sous-prolétariat exotique (est-européen, dans la version plus purement CEE du projet), formée à une tâche précise, et surtout, débarrassée de la culture globale qui lui permettait, jadis, d'analyser le système, de se représenter dans ce système - et, in fine, de le critiquer".





Bien sur, ce monsieur Brighelli est décrié par une bonne partie de ses collègues enseignants : les syndicats n'aiment pas quand le loup entre dans la bergerie. Les bien pensants de l'Education Nationale aiment brûler les sorciers qui sortent du cadre !





Notre "prof" ne nous en voudra pas si nous citons Guy de Maupassant : "Notre grand tourment dans l'existence vient de ce que nous sommes éternellement seuls et tous nos efforts, tous nos actes ne tendent qu'à fuir cette solitude". In Solitude
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

J’ai un assez mauvais souvenir de cet essai de Jean-Paul Brighelli au titre provocateur : « La fabrique du crétin » avec en sous-titré « La mort programmée de l'école », publié en 2005.

Certes, le système éducatif français à bien des défauts mais il a quand même permis d’élever le niveau de qualification de la population. Il est vrai qu’il reproduit les inégalités sociales et laisse sur le carreau encore beaucoup trop de jeunes.

Cela étant, l’approche critique Jean-Paul Brighelli ne m’a vraiment rien apporté. Il n’y a aucune réflexion permettant l’amélioration de la situation mais du venin craché sur un système dont il est issu.

Ce livre ne m’a pas semblé très sérieux : constats récurrents sur la baisse du niveau et l’éloge du certif' sous forme de rengaine d’un professeur à l'ancienne.

Je pense qu’il a voulu rendre des comptes mais l’aigreur n’est pas une façon d’avancer.

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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..

Consternant cet état de notre école. Je suis formateur pour adulte en comptabilité et je constate tous les jours les carences de mes "apprenants", méconnaissance de la règle de 3, du calcul des pourcentages, sans parler de l'orthographe. Ce livre retrace bien les errements de l'école et le nivellement par le bas, je pense aussi que les profs sont également responsables, notamment en raison de l'immobilisme dont font preuves ces professionnels de la pédagogie.

Un livre bien déprimant et qui malheureusement n'est pas prêt d'être obsolète.
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La Fabrique du Crétin : La mort programmée de l..



Voici un livre compte rendu, grave. De part le sujet traité (l’état du système d’enseignement en France), et du fait des conclusions qui en sont tirées.



En revanche, le ton est ironique, voir humoristique. Normal, lorsque le constat est monstrueux jusqu’au paroxysme, il ne reste que l’humour pour pouvoir l’exprimer.



L’auteur, un prof avec plus de 30 ans d’expérience dans l’enseignement en France (je dis en France et pas français) nous parle de la catastrophe qui s’est abattue sur le système depuis les 30 dernières années.

Et je dis ; comme par hasard, juste après la chute du système communiste en ex URSS. Donc juste après le dernier rempart contre la dernière ligne droite de la mondialisation.



Les états ne représentent plus aucun danger les uns pour les autres.

À quoi bon à ce moment là éduquer tout un peuple pour faire concurrence à la progéniture des élites de la gouvernance mondiale.

Vous avez déjà vu un fils de haut responsable politique ou économique au chômage, vous ?

Pourquoi se tireraient-ils des balles sur leurs chaussures faites sur mesure ?



Dans cet essai l’auteur va bien au-delà d’une critique sur le système éducatif. Il nous dit une vérité toute simple : le monde est une compétition truquée dans lequel les meilleurs ne passent pas toujours la ligne d’arrivée en tête, bien au contraire.

Ce n’est ni nouveau ni original.

Il suffit d’observer l’état de la planète pour s’en convaincre.



Je comprends également, que dans un monde de crétins, l’intelligence représente un terrible danger, et pour ceux qui en font preuve, et pour ceux qui lui font face.



La solution ?

À vous de trouver !



Toutefois, pour ceux que l’intelligence n’effraie pas, il est un livre qui ne devrait pas les décevoir.

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