"Mise en bouche" est une nouvelle rédigée sur base d'un fait réel dont beaucoup se souviennent sans doute, bien que datant de 1993 : la prise d'otage d'une école maternelle à Neuilly sur Seine par un homme surnommé "Human Bomb".
Or, la différence majeure qui distingue cette fiction de la réalité est que le preneur d'otages ne revendique absolument rien si ce n'est de l'argent, ce qui permet à l'auteur d'éliminer l'aspect politique de son récit pour le centrer uniquement sur l'intimité naissant entre le narrateur et l'institutrice.
En cela, on pourrait dire que la prise d'otages n'est en fait qu'un prétexte visant à montrer à quel point les situations extrêmes peuvent faciliter le rapprochement entre individus.
Mais ce que je n'ai pas aimé dans cette nouvelle, c'est la façon dont l'auteur tourne le preneur d'otages au ridicule, faisant de lui un homme très coulant pour ce qui est des allées et venues des otages, peu méfiant finalement vis-à-vis des autorités et qui se laisse attraper facilement (voir extrait 1).
Et puis, soyons logiques deux secondes, je serais preneuse d'otages (oui on ne sait jamais ce que la vie nous réserve), jamais je ne penserais à préparer des sandwiches à l'avance sachant que les flics seront mes livreurs officiels de pizzas pour les heures à venir!
Je n'ai pas non plus perçu comme crédible la trop grande liberté accordée au narrateur et à l'institutrice. C'est tout juste si ils ne pouvaient pas s'envoyer en l'air sous le nez du preneur d'otages alors que les enfants et les autres profs dormaient juste à côté.
Le changement d'attitude de Carole est, selon moi, trop expéditif. Celle-ci passe en effet, en l'espace de quelques heures, de la résignée à la nymphomane pour le grand plaisir du narrateur. Tous deux échangent des paroles souvent dignes des plus grands Harlequin au point que j'ai pensé renommer cette nouvelle "Mise en bouche (voire plus si affinités)" (voir extrait 2)
L'écriture est assez familière mais cet aspect ne m'a pas semblé dissonant compte tenu de la tension ambiante et des agissements des personnages.
La fin est, malgré une légère surprise, assez téléphonée. L'auteur se "suicide" d'ailleurs par sa dernière phrase : " Ce film-là aussi, je l'avais déjà vu cent fois".
Bref, je n'ai pas vraiment eu le temps de m'ennuyer avec un récit aussi court mais j'ai été dérangée par plusieurs éléments qui ont rendu cette lecture quelque peu surréaliste.
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