« Au bord d'une mer intérieure menacée de disparition, une ville est agitée par un vent révolutionnaire. Josef, peintre à la carrière avortée, va se fiancer à Joliette. Mais Édith, la cousine de Josef, lui présente Vespérine, l'épouse d'un opposant politique paralytique au charme troublant. Quand la répression s'abat sur la ville, les destins de Josef et Vespérine basculent. » (synospis éditeur).
Débuté en 2006, ce triptyque a vu son dernier tome paraître il y a maintenant cinq ans. Quel plaisir de pouvoir profiter de la publication de cette intégrale et ainsi découvrir le récit complet de cette histoire. Il m'est difficile de parler de l'intrigue, je dirai seulement qu'elle se déroule à une époque proche du XIXème siècle. Peu de moyens de locomotion si ce n'est à dos de cheval ; le chemin de fer relie à peine quelques villes entre elles. le transport fluvial est le principal moyen de transporter des marchandises cependant, le commerce maritime est sur la sellette. En effet, le pays étouffe, s'essouffle, oppressé par un tyran qui contrôle le gouvernement d'une main de fer. Il mène une politique coercitive et privilégie l'économie agricole, au détriment de tout ce qui a trait à l'activité maritime. Sous couvert de l'orientation du gouvernement qui cherche à détruire le commerce maritime et développer l'économie agricole, c'est avant tout un conflit ethnique qui opère de façon sournoise.
Jean-Philippe Peyraud décrit un contexte social au bord de l'implosion. le peuple est sous tension, réprimé et contrôlé en permanence par des milices qui font appliquer des règles arbitraires au pied de la lettre. Les sanctions sont violentes et irréversibles, comme celle réservée aux marins sortis en mer en dehors des jours autorisés par la loi subit une double peine ; le contrevenant est d'abord molesté, puis il assiste ensuite à la destruction de son bateau avant d'être jeté en prison.
« Bon Dieu, vous croyez peut-être que vos calendriers tiennent compte de nos enfants qui ont faim ?! »
Un état policier où les allées et venues sont contrôlées, où le peuple est affamé… où tous doutent des uns et des autres. Une simple étincelle suffirait à déclencher une révolution. Et c'est ce qui se passe. On assiste aux événements, au mouvement d'un peuple qui se soulève ; la peur des uns les force à fuir tandis que les autres font front et coordonnent les interventions à venir.
C'est dans ce contexte que le scénariste permet à deux individus – un homme et une femme – de faire connaissance. On est là face à ces rencontres si particulières et si rares qui marquent définitivement des êtres. Pourtant, rien ne laissait supposer que leurs chemins se croisent. Leurs parcours, leurs valeurs, le milieu social dont ils sont issus… tout les sépare et pourtant…
Josef Setznar est un jeune peintre qui a pourtant rangé ses pinceaux depuis longtemps. Il est rongé par différentes impressions, notamment celle d'avoir raté sa vie. Par facilité, il s'est engagé auprès de son père à reprendre l'entreprise familiale mais cette activité ne lui apporte aucune satisfaction. Pour éviter de penser à tout cela, il retrouve chaque soir son ami Lazlo. Ensemble, ils font la tournée des tavernes. Et si Lazlo est un incroyable séducteur, ce n'est pas le cas de Josef qui noie son spleen dans l'alcool et dans les fêtes. Pourtant, depuis quelques temps, il s'investit dans une relation amoureuse avec Joliette. Un attachement timide, Josef hésite encore à s'engager. Jusqu'à ce qu'il rencontre Vespérine. Fougueuse, rebelle, charismatique et fervente militante qui défend les libertés individuelles, Vespérine est l'épouse d'un notable envers lequel elle n'a plus de sentiments. Mais depuis que celui-ci est atteint d'un lourd handicap, elle n'ose se résoudre à le quitter.
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