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Citations de Jean Raspail (296)


Est-ce que tout n'est pas joué, à treize ans, l'homme n'étant que la caricature de l'enfant qu'il était ?
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Jean Raspail
Des témoignages que je viens d’évoquer, parmi d’autres, il ressort que tous ces gens – de droite comme de gauche, j’insiste là-dessus – qui participent ou participaient au gouvernement du pays ou au modelage de l’opinion, pratiquent un double langage : l’un public et proclamé, l’autre personnel et dissimulé, comme s’ils avaient une double conscience, celle qu’on a arbore comme un drapeau et celle qui s’est réfugiée dans le maquis des pensées inavouables, qu’on n’exprime qu’un petit comité, entre amis sûrs, et encore…
Je ne fréquente pas les allées du pouvoir, mais il m’est arrivé de converser en privé, sur ce thème, avec tel ou tel ministre ou ancien ministre, tel ou tel directeur de cabinet de Matignon, tel ou tel conseiller de l’un ou l’autre président et dont les propos nets et clairs, sans illusions, se situaient aux antipodes de leur comportement officiel et de mesures et décisions qu’ils étaient chargés d’élaborer. Au service de l’État, ils sont… Il me semble juste de reconnaître en guise de circonstance atténuantes, que s’ils s’engageaient à rebrousse-poil face à la meute médiatique, showbiztique, artistique, droit de l’homme, artistique, droit, de l’hommiste, universitaire, gaucho-chrétienne, épiscopale, scientifique, psy, mutualiste et j’en passe, ils signeraient, dans la minute, leur condamnation de mort civile.
Car en face dans l’autre camp, s’agite une redoutable phalange issue du sein de notre propre nation, et néanmoins tout entière engagée au service volontaire de l’Autre : BIG OTHER…
Big Other vous voit. Big other vous surveille. Big Other a mille voix, des yeux et des oreilles partout. Il est le Fils Unique de la Pensée dominante, comme le Christ est le Fils de Dieu et procède au Saint-Esprit. Il s’insinue dans les consciences. Il circonvient les âmes charitables. Il sème le doute chez les plus lucides. Rien ne lui échappe. Il ne laisse rien passer. Comme Lénine en autres occurrences, il dispose d’une foule « d’idiots utiles ». Sa parole est souveraine. Et le bon peuple suit, hypnotisé, anesthésié, gavé comme une oie de certitudes angéliques…
Le premier soin de Big Other a été de tordre le cou au « Français de souche », pour déblayer définitivement le terrain. Il lui a fallu un certain temps, mais la besogne est en voie d’achèvement. Une dernière salve a été tirée au début de 2010 par le ministre Eric Besson (« La France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de français de souche, il n’y a qu’une France du métissage »), suivie de près, pour le coup de grâce, par Claude Allègre, que tout le monde connaît, et Denis Jeambar, l’ex-conscience de l’hebdomadaire de L’Express. Car ils s’y étaient mis à deux, dans e Figaro, pour planter ce poignard dans le dos d’une très vieille nation : « Il n’y a pas de Français de souche. » […]
A ces propos péremptoires, il n’y a pas eu de réponse. Ni dans le journal qui les avait publiés, ni ailleurs. Rien. Pour ma part, je suis arrivée trop tard. Dès le lendemain, le Figaro avait clos le débat. J’y reviens
Métissage, métis, France métissée… Cette innovante escroquerie historico-sémantique a fait des ravages. Elle impose un impudent amalgame, puisqu’il est avéré que l’immigration extra-européenne, dans notre pays, ne date au mieux – si j’ose dire – que d’une cinquantaine d’années.
C’est vrai que la France est le produit d’un superbe et bénéfique brassage, sur fond de sauce gallo-romaine, de Francs, de Burgondes, de Vikings, de Wisigoths, de Germains, puis d’Alsaciens, de Basques, de Catalans, de Juifs d’Alsace et de Lorraine et du Comtat Venaissin, de Corses, de Flamands, de Bretons […] enfin d’Italiens, d’Espagnols, de Polonais, de Portugais, mais c’était l’Europe qui s’était invitée chez elle. Rien que l’Europe. Les voilà les Français de souche ! Depuis le temps que ça dure, cela fait énormément de monde, mais rien qui permette, dans tous las cas sous le prétexte qu’ils sont « divers », de les qualifier de métis et de justifier ainsi le vrai métissage, celui qui se définit en ces termes : croisement, mélange de races différents. (Petit robert, 2002).

Pages 23 à 26
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Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscule, face au soleil couchant, par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée. Tête haute, sans se cacher, au contraire de tous ceux qui avaient abandonné la Ville, car ils ne fuyaient pas, ils ne trahissaient rien, espéraient moins encore et se gardaient d'imaginer. Ainsi étaient-ils armés, le cœur et l'âme désencombrés scintillant froidement comme du cristal, pour le voyage qu les attendait. Sur l'ordre du margrave héréditaire, simplement, ils allaient, ils s'étaient mis en mouvement et le plus jeune d'entre eux, qui n'avait pas seize ans, fredonnait une chanson…
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Quand on représente une cause « presque «  perdue,il faut sonner de la trompette,sauter sur son cheval,et tenter la dernière sortie,faute de quoi l’on meurt de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée que personne n’assiege plus parce que la vie s’en est allée ailleurs.
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Notre entreprise inspirait de l'intérêt, et aussi de la curiosité à l'égard du petit pavillon tricolore qui flottait à l'arrière de nos canots. Dans nombre de ces bourgades du bord de l'eau, en cet immédiat après-guerre, on n'avait jamais vu de « Français de France », ni lorsque nous fûmes aux États-Unis, entendu parler leur langue. Nous représentions une sorte de préhistoire, ce qui fut et qui n'est plus : l'Amérique française. Nous étions quelque chose comme des explorateurs posthumes, des découvreurs d'un monde disparu venus l'espace d'un court moment réveiller de très anciens souvenirs et aussitôt les emportant avec eux dans le sillage de leurs canots.
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Benoît les attendait, immobile, son sac posé à ses pieds, la tête inclinée sur la poitrine, priant en silence. Il ne priait pas, il était mort, avec, sur ses lèvres entrouvertes, le sourire du pape Garnier, dans la grotte de l'Étoile, il y avait si longtemps, et des trente et un autres Benoît après lui... Il ne fut pas nécessaire de lui fermer les yeux. Il l'avait fait lui-même.
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La terre tournait. Le monde changeait. Nous n'y avions aucune part. Qu'aurions-nous eu à nous dire, seuls, chacun dans notre coin ? Nous aurions pu aussi nous téléphoner. Il y avait déjà des cabines partout il y a trente ans. A quoi aurait servi d'entendre le son de nos voix ? Et pour apprendre quoi ? Utiliser les moyens de communication de ce temps n'aurait fait que réduire à une dérisoire et anachronique survivance ce que nous représentions. Nous ne l'avons pas voulu. Nos âmes se parlaient. Le silence suffisait. Nous étions des lueurs dispersées dont seuls nous percevions l'éclat dans la nuit, sans nous voir. Si nous avions laissé le grand vent du monde souffler, toutes ces pauvres petites vies s'éteignaient. Comprenez-vous cela ?
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J'en étais là de mes observations quand j'entendis un pas derrière moi.
-Qu'est-ce que vous faites là?
Le ton signifiait à peu près que ce que j'avais à faire pouvait tout aussi bien s'accomplir loin d'ici, au diable de préférence.
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Dans les Andes, on ne compte pas quatre éléments, mais cinq, l'air diaphane, l'eau insondable des lacs, le feu des volcans, la terre qui tremble, et le silence. Un silence de sépulcre, d'ordre divin, que seul trouble la voix des esprits en soulevant des trombes de poussière qui emportent l'âme des humains: le vent. L'homme écoute le vent, dans les Andes, comme la voix de son créateur.
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Rester indien par la seule force de l'imagination...C'est exactement de cette façon que je parviens à rester français.
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ce n'est pas une tempête, c'est la vie triomphante. il n'y a plus de tiers-monde, voilà un mot que vous aviez inventé pour garder vos distances. Il y a le monde tout court, et ce monde-là sera submergé par la vie.
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“Dans un pays sans avenir, la connaissance du passé suffit à la réputation du devin.”
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Imaginons la France peuplée seulement de mille habitants errant sur les rivières et les fleuves par petits groupes nomades : c'était celà ! Une solitude sidérale. Et rien des relatives douceurs qu'offrait le climat tempéré à nos lointains ancêtres des temps paléolithiques.
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Le monde riche a condamné le tiers monde. Il a édifié des barrières en tous genres, morales, économiques, politiques, derrière lesquelles il a emprisonné, non pas à vie, mais pour de nombreuses vies successives, les trois quarts de la population du globe. Mais voilà que cette gigantesque prison se révolte pacifiquement. Des condamnés se sont échappés. Au nombre d’un million, sans armes et sans haine, je crois qu’ils viennent, simplement, demander justice.
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La vrai Droite n’est pas sérieuse. C’est pourquoi la Gauche la hait, un peu comme un bourreau haïrait un supplicié qui rit et se moque de mourir. La Gauche est un incendie qui dévore et consume sombrement. En dépit des apparences, ses fêtes sont aussi sinistres qu’un défilé de pantins à Nuremberg ou à Pékin. La Droite est une flamme instable qui danse gaiement, feu follet dans la ténébreuse forêt calcinée…
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Le rite est une messe. Il n’y a pas de messe démocratique. L’isoloir n’est pas un temple et l’urne n’est pas un tabernacle. Il n’y a pas de religion de la démocratie. On la remplace par une adhésion raisonnée. Est-ce tout à fait suffisant ?
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L’homme est un animal religieux. Je ne voix pas de différence essentielle, aux deux extrémités connues de la chaîne, entre un primitif saluant le Soleil en tranchant de son silex la gorge d’une victime propitiatoire et le motard de banlieue tournant en bande dans la nuit en une ronde folle et sanglante où l’inévitable accident devient une sorte de sacrifice humain offert au terrifiant dieu sonore né du fracas de la machine : des rites.
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À quatorze ans et demi, on arrive toujours à se débrouiller. Partout, j’étais bien reçu. J’arrivais dans des fermes isolées. Tout le monde était très compatissant. Pendant une partie de mon itinéraire, j’ai suivi le trajet des colonnes militaires en retraite. Si j’ai de bons souvenirs personnels, en revanche, ce que j’ai vu de l’exode était épouvantable. Le spectacle pitoyable et affreux des masses en mouvement sur les routes m’a vacciné à tout jamais contre le spectacle des foules. On retrouve la trace de cette époque dans mon roman « L’île bleue » (Robert Laffont, 1988).
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Ailleurs, c’est un pays lointain, souvent rêvé, un peu flou, un peu mystérieux, un pays pour l’âme, pour le cœur, une sorte de seconde patrie, peut-être imaginaire, peut-être vraie, un territoire vierge, un royaume perdu où l’on se retrouve soi-même, une frontière au-delà de laquelle, plus loin encore, on découvre une autre frontière, et ainsi de suite, sans fin, car derrière ailleurs, c’est encore ailleurs, et ailleurs, c’est (aussi) l’espérance.
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C'est donc mon arrière-grand-père Joseph qui baptisa l'objet noir : hache des steppes. Cette définition m'enchante. Dans un enjambement de plus de cent vingt ans, nos romantismes se rejoignent. Et s'il exprime quelque doute dans son mémoire, on sent bien qu'il n'avait aucune envie d'y souscrire alors que de ses hypothèses il fait une certitude.
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