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Citations de Jean Raspail (296)


_ Le regard. Chez les adolescents d'aujourd'hui, on ne trouve plus de regard comme cela, heureusement.
_ Précisez, je vous prie.
[...]
_ Je n'aime pas ce mot mais je n'en trouve pas d'autre, Monsieur le ministre, dit Racado. La pureté. Ces trois-là ressemblent à l'autre. Une limpidité de regard à vous dégoûter à jamais d'être né.
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« Sept cavaliers quittèrent la Ville au crépuscule, face au soleil couchant, par la porte de l’Ouest qui n’était plus gardée. Tête haute, sans se cacher, au contraire de touts ceux qui avaient quitté la cille, car ils ne fuyaient pas, ils ne trahissaient rien, espéraient moins encore et se gardaient d’imaginer. Ainsi étaient-ils armés, le cœur et l’âme désencombrés scintillant froidement comme du cristal, pour le voyage qui les attendait. Sur ordre du margrave héréditaire, simplement, ils allaient, ils s’étaient mis en mouvement et le plus jeune d’entre eux, qui n’avait pas seize ans, fredonnait une chanson… »
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Quelle était donc cette faim qui tenaillait le vieillard? Quelle faim morale lui crispait l'âme sans qu'il pût la traduire autrement qu'en termes de gibier disparu et de jeunes gens déserteurs? Je crois que je la connaissais. Je l'avais déjà rencontrée. Sans doute la faim de ce qui fut, de ce qui ne sera plus, la silencieuse et invisible famine qui conduit les peuples perdus à la mort plus sûrement encore que la vraie faim du corps.
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Une vague est morte sur nos rives matérielles. Sans bruit, sans force, car elle venait de très loin. Je l'ai prise dans le creux de ma main. Puis elle m'a échappé et il n'en restait rien.
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Dieu seul sait combien de fois de siècle en siècle la même scène s'est répétée, combien de fois ils ont été sur le point de périr jusqu'au dernier, devant combien de peuples ils ont dû reprendre la route chaque fois qu'ils se croyaient sauvés, des peuples toujours plus nombreux et plus forts, servis par des divinités puissantes, des étrangers qui les méprisaient et ne leur faisaient jamais de quartier parce qu'ils les trouvaient petits et laids, inutiles, moins dignes de vivre qu'un animal. Enfin, Dieu seul sait combien de fois et après combien de massacres s'est élevé de leurs rangs clairsemés le grand chant de lamentation, celui qui ne s'adresse à personne parce qu'il n'existe aucun dieu pour l'entendre, et tisse sous les arceaux des tchelos, de cœur à cœur, un réseau de tristesse et d'angoisse qui est le seul élément familier propre à ce peuple abandonné. "Akwal aswal Yerfalay", le chant du monde...
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On ne peut rien contre ceux qui viennent. Sinon s'enfuir encore plus loin...
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Adossé contre la paroi, un cadavre les observe de ses yeux morts. C'est un homme de petite taille, avec de courtes jambes arquées, des cheveux longs très noirs, le front fuyant, la fente des paupières oblique, le nez court et épaté au-dessus d'une large bouche à grosses lèvres. Il est très laid et commence à se décomposer. Plantés dans les trous du rocher, des piquets peints en rouge forment un cercle autour de lui. Des armes sont posées à ses pieds, un bâton pointu, une massue de pierre, un harpon d'os. Il s'appelle Taw, père de Lafko. Les marins se signent et s'enfuient.
La fin du monde est habitée !
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Jean Raspail
L'abbé souriait. Il répondit d'une voix douce :
- Je n'ai pas perdu la foi. Je ne l'ai jamais eue, comme beaucoup de nos meilleurs prêtres et de nos plus grands papes. Soyons assurés que Benoît XVI est torturé par la foi, on peut en mesurer les ravages....
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Les Alakalufs, en ce dernier tiers du XIXe siècle, ne sont pas encore très différents de ceux qu’avait aperçus Magellan. Ils s’enduisent toujours le corps de graisse de phoque qui les protège mieux du froid que les défroques européennes qu’on leur jette et qu’ils n’enfilent que par coquetterie, pour ressembler aux étrangers. De toutes les langues qu’ils entendent, l’anglais et l’espagnol surtout, ils n’ont retenu aucun mot. Toujours fascinés par les miroirs, les boutons, les perles de verre, à présent les allumettes dont ils grattent des boîtes entières, comme des enfants, mais point du tout par la fumée qui sort de la cheminée du bateau, le bruit et les vibrations de la machine, l’éclairage au pétrole, les treuils à vapeur et bien d’autres perfectionnements qu’ils ne comprennent pas davantage que la propulsion à voile, naguère, et qui restent hors de leur entendement. Ce sont des hommes du paléolithique. L’aussière que du pont du navire on leur lance afin qu’ils y amarrent leur canot accomplit dans la seconde même une trajectoire de milliers d’années. De là sans doute l’émotion que finissent toujours par éprouver les voyageurs les plus endurcis.
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Se tromper d'époque, c'est un état d'âme, une disposition d'esprit.
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Être Blanc, ce n'est pas une couleur de peau. Mais un état d'esprit. Dans les rangs des Sudistes, il y a toujours eu des Noirs qui n'éprouvaient aucune honte à combattre à leur côté.
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Attendre.
Toute ma vie j'ai attendu. Roi, je l'ai été. Durant de fort courtes périodes et pas toujours dans les conditions que l'on croit. Entre ces instants de royauté, je n'ai rien fait qu'attendre. Le destin d'un roi ne se force pas. Il procède à l'évidence de la dignité royale qui est un principe éminemment supérieur et indépendant des volontés humaines. Il finit par s'imposer, seul. L'attendre est déjà s'en imprégner. Et tandis que j'écris ces lignes, c'est le dernier acte que j'attends : la mort d'un roi. Sublime attente. Je le sais, Dieu me reconnaîtra.
Attendre.
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‘’Vous êtes donc jeune aussi, Monseigneur, un peu plus de dix-huit ans, tout de même, vingt-cinq, sans doute, trente, peut-être, guère au-delà. Passé cet âge, on se met à peser chacun de ses actes, on brime son cœur, on tue son âme, on se trahit à chaque instant, car nul ne peut mener sa vie autrement en ces temps qui sont les nôtres.’’
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S’il existe en français, pour s’adresser à autrui, deux pronoms personnels de la deuxième personne, l’un au singulier, « tu », l’autre au pluriel, « vous », appelé pluriel de politesse, c’est que notre langue se plaît à certaines nuances qui sont les bases de la civilité. Il ne s’agit pas là d’un code, de formalisme de classe, de snobisme, de règles mondaines, mais simplement d’usages naturels, qui se perdent et qui faisaient, entre autres, le charme et l’équilibre de la France et le plaisir d’être Français.
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Dans les Andes, on ne compte pas quatre éléments, mais cinq : l'air diaphane, l'eau insondable des lacs, le feu des volcans, la terre qui tremble, et le silence.
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"Le ciel se brise en pluie d'étoiles dans un vacarme d'épouvante. La nuit resplendit d'éclairs rouges et de lueurs de feu. Les glaciers fondent. Les montagnes se fendent. Réfugié au bord de sa grève, sur le dernier coin de sable encore sec, Lafko voit passer des vagues énormes charriant des carcasses de navires comme si une tempête formidable avait arraché du fond des mers toutes les épaves des temps anciens.
[ ... ]
Tout est calme désormais. Lafko marche sur des nuages, environné de silhouettes blanches qui lui font escorte par milliers et dont le ciel est entièrement peuplé. Enfin, une voix lui dit :
" Te voilà. Sois le bienvenu chez toi, Lafko. C'est vrai que tu es petit et laid, que tu as l'intelligence misérable, que tu sens mauvais, que tu es sale.
" Mais vois comme tu me ressembles "
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L'homme attendait l'enfant et le traitait en roi. Ayant jugé et apprécié mon rêve, il m'en renvoyait l'écho que j'attendais. On a compris qu'à mon tour et jusqu'à sa mort, hier matin, j'allais lui renvoyer, moi, l'écho de son propre rêve, ou plutôt celui de nos deux rêves mêlés...
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« Te voilà. Sois le bienvenu chez toi, Lafko. C'est vrai que tu es petit et laid, et que tu as l'intelligence misérable, que tu sens mauvais, que tu es sale. » « Mais vois comme tu me ressembles... »
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-Gustavson Karl, premier maître breveté transmissions, dix ans de service, chef de poste au sémaphore du cap. Mes respects, monsieur le colonel-major...Il ajouta: je ne désespérais pas. J'attendais. Puis hésita et finit par poser la question qui le démangeait: Monsieur le colonel-major commande-t-il lui-même l'avant-garde?
-Ce n'est pas une avant-garde, Gustavson. Derrière nous, il n'y a personne. Nous sommes sept. Pas un de plus.
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Pour l'honneur et pour mon plaisir
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