Un instituteur quarantenaire, Jean-Marie, raconte, en désordre, et sans craindre les répétitions, son histoire d'amitié avec un vieil notaire qui vient de décéder, Pierre Pottier. Leur rencontre remonte aux treize ans de Jean-Marie. Enfant solitaire, ne sympathisant pas avec les jeunes de son âge, il préférait les loisirs solitaires, remplis d'imaginations et de rêves. En campant seul sur la lande, il a été repéré par le notaire. de même tempérament que Jean-Marie, Pierre Pottier a récupéré les papiers d'un ex voyageur-aventuriers, Antoine Tounens, qui fut brièvement le roi de l'éphémère royaume de Patagonie, et a décidé d'être son successeur sous le nom d'Antoine IV. Royauté toute fantasmatique, que le vieil notaire construit à force d'objets et de rites dans son château, mais qui pour lui est plus réelle que le monde tel qu'il est. Il entraîne dans son sillage Jean-Marie, et brièvement une jeune femme dont celui-ci est amoureux.
L'idée d'un royaume de rêve, irréel et pourtant amenant une sorte de réalité plus forte, plus intense et essentielle que le quotidien, était à priori séduisante. Et elle a séduit, puisqu'une succession de rois chimériques a suivi Antoine Tounens jusqu'à aujourd'hui et qu'environ 3000 personnes dans le monde ont été déclarées Patagons par le consul autoproclamé, et font par exemple flotter le couleur du drapeau de ce royaume imaginaire. Je n'ai pourtant pas réussi à embarquer véritablement dans ce livre. Peut-être parce que j'ai pas accroché à l'écriture de
Jean Raspail, et que la construction de son roman, avec ses nombreuses répétitions et un récit embrouillé ne m'a pas convaincue, j'avoue m'être même pas mal ennuyé. Par ailleurs je n'ai vraiment pas trouvé le personnage principal, Jean-Marie, sympathique, un peu trop méprisant et plein de morgue vis-à-vis de tous ceux qui ne partagent pas son obsession, c'est à dire à peu près l'ensemble de l'humanité.