A cause du «
Camp des Saints » (ouvrage qui vaut mieux d'ailleurs que sa réputation), Raspail, souffre d'une injuste réputation de raciste et de fasciste, et Dieu sait quoi encore.
C'est vrai, l'homme n'était pas de gauche, c'est le moins qu'on puisse dire ; fervent catholique et monarchiste, il demeurait passionnément attaché à une France éternelle, où il croyait avoir vécu dans sa jeunesse, et dont il savait en tout cas qu'elle n'existait plus et ne reviendrait pas. Peut-être espérait-il la retrouver, comme il disait, « au Paradis des Chouans et des Zouaves pontificaux.
Comme
Rimbaud (autre homme infréquentable) regrettait « l'Europe aux anciens parapets ».Il n'avait pas une once de méchanceté, il ne détestait personne, il ne votait pas pour les partis extrémistes, et d'ailleurs ne votait plus depuis longtemps.
Il avait aussi beaucoup de tendresse pour le petit peuple de France, ce qui n'est plus trop de mode aujourd'hui.
Pourquoi dire tout celal ?
Parce qu'il faut présenter l'homme qui a écrit «
Pêcheur de Lunes », peut-être l'ouvrage où il se révèle vraiment.
Dans ce livre en effet, il part à la recherche des peuples premiers disparus de l'histoire, Alakaloufs de la Terre de Feu, Aïnous d'Hokkaido, Marrons de la Jamaïque, Indiens Poosepatuks de Manhattan, Indiens Caraîbes et Arawaks des Antilles, Oumiates de la Forêt sibérienne, tous victimes du colonialisme qu'il ne ménage pas, de la cupidité des colons, de la brutalité des militaires, de la stupidité des missionnaires, et disparus.
Disparus ? Eh bien peut-être pas. Enfin Raspail veut le croire ; et il cherche leurs traces dans les endroits les plus improbables, il suit des pistes, il a parfois l'impression de se rapprocher, mais a-t-il vraiment trouvé ? C'est peut-être la quête qui importe, et qui maintient au moins vivant le souvenir des disparus ;
Le livre se termine en France, mais sur une note plus légère.
Raspail part à la recherche des descendants des soldats de l'armée d'Abd-El-Raman, faits prisonniers par les Francs après la bataille de Poitiers, qui, selon la tradition, auraient été installés dans le Véron, presqu'île entre les cours de la Loire et de la Vienne, avant leur confluent.
Puis à celle de descendants des Huns d'Attila, installés dans quelques villages de ce qui deviendrait le département de l'Aube, après la bataille des Champs Catalauniques ;
A-t-il trouvé ? Et quoi ?
Faites-vous une opinion en lisant ce livre, plein de tendresse et de nostalgie, et merveilleusement écrit.