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Critiques de Jean Tardieu (46)
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L'accent grave et l'accent aigu

Le poète s’amuse avec le langage, le déforme, joue avec la grammaire et la structure du langage. Tardieu a longtemps souffert d’insomnie, mais cela l’a en quelque sorte tenu à l’écart des monstres du sommeil, de ses démons. Les monstres sont aussi ceux que dissimulent ses jeux avec le langage qui envahit nos vies de convention et c’est ce que Tardieu défait dans ses poèmes.

Il y a aussi quelques références, c’est presque postmoderne : Œdipe, Jean Follain, la musique, Mircea Eliade (p. 70), etc.
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Je m'amuse en rimant: Il était une fois, deux..

Voilà un recueil tout mignon pour initier les enfants à la poésie, pas de la poésie barbante mais des rimes mutines qui sont drôles et que l’on retient sans mal.

C’est de la poésie pour entendre « sonner les cloches du réel, du possible, de l’impossible » comme le dit si bien Guy Goffette dans la préface.

Ce sont des comptines et qui dit comptine dit compter… ! La première commence avec un, et c’est un chat qui ouvre le bal. On compte ainsi jusqu’à dix en revisitant les contes au passage. Ainsi, Blanche-neige est sauvée par les sept nains en ne croquant pas la pomme empoisonnée.



« Et la princesse des bois

Sept fois neuf, soixante trois

Est sauvée par ses amis

Sept fois dix, soixante-dix. »



Avec cinq doigts, on joue du piano, avec six œufs, on fait une omelette.

Compter devient amusant et les tables de multiplication se transforment en poèmes.

Les illustrations colorées de Sylvie Montmoulineix s’accordent avec bonheur à la fantaisie des poèmes.

Cette collection chez Gallimard « enfance en poésie », contient 41 titres, de quoi « pousser la porte des mots » et il serait dommage de s’en priver !

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A quelques pas des lignes

Je remercie Babelio et Masse critique documentaire pour l'envoi de ce recueil de quatre- vingt lettres échangées entre 1914 et 1918 entre Victor Tardieu, né à Lyon, en 1870 , dans une famille de soyeux, formé à l'école des beaux - arts de sa ville puis à Paris, dans l'atelier de Léon Bonnat jusqu'en 1894 et son fils Jean , né en 1904 dont le lecteur peut déplorer le nombre très restreint rédigées , seulement deux missives à l'adresse de son père....



En 1901, il épouse la harpiste Caroline Luigini , fille du chef d'orchestre Alexandre Luigini.



Il exerce le métier de peintre , de professionnel de l'art, réalise des portraits , vitraux , cartons et nombre de décorations d'édifices publics .



A 44 ans , au début de la grande guerre , il s'engage pour toute la durée du conflit , au cours de laquelle il accomplira diverses tâches : secrétaire, peintre aux armées :

Cet ouvrage présente d'ailleurs au lecteur, au début , une très belle iconographie stylisée, colorée, de ses réalisations : l'ambulance de Sutherland , quatre vues de Verdun bombardée, les convois, les grandes pièces d'artillerie , la vie des blessés et de leurs infirmières sur le front anglais ....



L'ouvrage dessine quelques - uns des thèmes fondamentaux qui alimentent la correspondance entre Victor et Jean: au delà du conflit : un tableau assez précis et approfondi de la pensée sociale française sous la Troisième République.



L'auteur désirait contribuer ardemment à La Défense de la Patrie et adhère pleinement à «  l'utopie de la « der des der » qui animait tous les « poilus ».

Au cours des lettres à son fils , il déplore être relégué à des tâches qu'il juge inutiles, stériles et inacceptables , non par leur humilité mais par leur manque de sens , mais quelle part réservée à un peintre comme lui ?.



«  Je m'efforce d'être utile à quelque chose. » ou encore «  Je me reprocherai à tous les instants mon inaction » ....dans une lettre non datée de probablement mars 1915 ...



Il sera aussi voiturier, chauffeur, brancardier et responsable du camouflage à la fin de la guerre ...

Il apprendra à taper à la machine ce qui nous vaut de belles pages ironiques à Jean...



«  Ces trois années , écrit - il seront marquées d'une tristesse ineffaçable dans ma vie » lors d'une longue lettre le 4 mars 1917 ...

Pour ne pas être trop longue , j'ajouterai que ses lettres commencent toujours par «  Mon bon poulet chéri » et se terminent par «  mon charmant poulet chéri » que j'embrasse mille et mille fois .

Ton vieux père poilu.

Un père qui se soucie énormément des études de son fils, de ses progrès en latin et grec .



Il l'exhorte constamment surtout dans la dernière partie de redoubler d'efforts à accomplir , de ne pas lâcher ses études «  Il faut savoir de quoi on est capable pour ne pas gâcher sa vie . »



Il évoque lors de très belles pages moins ennuyeuses qu'au début , où il évoquait beaucoup sa vie terne , décolorée , plate :les désastres de la guerre : les ruines d'Ypres,, les arbres rasés, , les débris d'arcade, les masses de fonte tombées, impressionnantes, où « dans le ciel rouge du coucher du soleil comme saignant et déchiré , les obus qui ne cessent de traverser dans tous les sens, ces hurlements continuels , les maisons qui restent debout semblent en dentelle, ces clochers éventrés , des entonnoirs de 20 mètres de diamètre , creusés par les obus, des troupes en quantité, un fracas à vous assourdir , l'amoncellement des ruines , la plus horrible

 des beautés . »

L'ennemi , le Boche est présenté comme menteur et déloyal brute et voleur ,..les pires scélérats , les petits méchants , ces médiocres de l'humanité ...

Ces lettres sont informatives ,pessimistes, chaleureuses mais incroyablement aimantes et tendres, décrivant avec passion , sous l'oeil exercé du peintre la beauté ineffable de la nature , indifférente malgré le désastre ..

,Jean tardieu , son fils deviendra poète, dramaturge , essayiste et traducteur et publiera ses premiers poèmes dans la NRF , en 1927 .

La première de couverture nous montre une des «  pochades » de Victor Tardieu comme il nommait ses peintures .

Un bel ouvrage malgré quelques longueurs fastidieuses ...en milieu d'ouvrage ....

Je pense avoir été trop longue, une fois de plus ...



















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La comédie du langage

La comédie du langage est un ensemble, assez peu homogène, de huit pièces courtes, comiques ou non, dont le propos commun est la parole et l'importance qu'elle tient au sein de la communication de l'être humain.

Elle s'ouvre avec "Un mot pour un autre"

Vers l'année 1900 une étrange maladie apparaît, touchant principalement les milieux aisés. Les personnes atteintes de ce mal utilisent un vocabulaire fantaisiste et intervertissent les mots sans se soucier de leur sens.

Au lever de rideau, madame de Perleminouze est assise sur un sofa dans son salon et lit un livre....

Quelques pages plus tard, s'ouvre un nouveau morceau "Finissez vos phrases"

Monsieur A, un homme quelconque, ni vieux, ni jeune et madame B, une femme du même genre, tout à fait insignifiante, se rencontrent et soutiennent une curieuse et incomplète conversation....

Avec "Les mots inutiles", la troisième comédie présentée dans dans ce recueil, l'auteur nous engage à prêter l'oreille et, à travers les paroles qu'échangent des personnes sensées, vous entendrez la danse absurde des mots en liberté....

Puis vient le temps de l'apprentissage avec "Ce que parler veut dire"

Un professeur, s'appuyant sur sa longue expérience de la linguistique et sur de nombreuses observations cliniques, va dresser au moyen d'exemples un catalogue a peu près complet de toutes les déformations que subit le langage à l'intérieur des groupes sociaux et des familles....

Soudain l'auteur avec "De quoi s'agit-il ?" nous transporte dans une salle de

greffe où un juge s'embrouille car monsieur et madame Poutre lui affirment, souvent dans une même phrase, tout et son contraire....

Au lever de rideau de "Conversation - Sinfonietta" un speaker dans un studio de radio, annonce la conversation-sinfonietta du compositeur Johann Spätgott dont la conclusion est un chant triomphal à la gloire de l'équilibre humain....

Et le recueil se poursuit, ainsi, dans une virevolte de mots, parfois déconcertante et étrange. L'auteur nous lance le défi d'entrer dans son théâtre beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Passée la perplexité provoqué par la forme atypique de cette dramaturgie, le fond du propos se fait apparent et donne le sens à ces curieuses mises en scène.

Au final, la dernière page refermée, Jean Tardieu nous aura donné à réfléchir.
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La comédie du langage

Il y a quelques années, j’ai eu le plaisir de voir une amie jouer dans un ensemble de pièces/sketchs dont l’indubitable drôlerie provenait de la manipulation des mots et de leur sens ; quelque chose que n’aurait pas renié Raymond Devos et, plus récemment, Stéphane De Groodt. C’était la Comédie du Langage de Jean Tardieu.



Je sors aujourd’hui la version livre, plus complète, que cette amie m’avait offerte et qui dormait dans ma bibliothèque, espérant bien rire un bon coup.



Eh bien le résultat est mitigé car toutes ces pièces ne prêtent pas à rire. Celles que j’avais vues sur scène étaient les plus marrantes.



« Un Mot pour un Autre » montre une situation conjugale à trois dans laquelle tous les noms sont remplacés par d’autres tout à fait hors contexte. Exemple : « On voit que vous ne le coulissez pas ! Il a sur moi un terrible foulard ! » pour « On voit que vous ne le connaissez pas ! Il a sur moi un terrible pouvoir ! ». Quant à « Finissez vos Phrases », elle présente un flirt dans lequel aucune phrase de dialogue n’est terminée.

En dehors de l’humour de situation et de l’exercice de style que n’aurait pas détesté Raymond Queneau, on reste surpris de s’apercevoir qu’avec un minimum de concentration, tout reste compréhensible, comme si notre esprit complétait ou corrigeait en mettant à contribution son expérience. Les trois petites pièces de « La triple Mort du Client » reprennent cet idée de s’amuser intelligemment.



Mais les autres pièces m’ont laissé indifférent, au point que je les ai tout simplement passées dès les premiers mots lus. J’ai tenu jusqu’au bout avec le déprimant « Les Temps du Verbe » dans lequel un homme dialogue au passé depuis la mort de sa femme, sa conscience assimile tout évènement présent comme s’il était déjà passé. L’homme est en fait mort dans sa syntaxe et dans sa tête. « L’ABC de notre vie » qui - dixit la préface – se présente comme un oratorio où les mots jouent le rôle des notes, était définitivement trop conceptuel pour moi. Je n’y ai trouvé aucune saveur émotionnelle.

A noter à charge aussi, la masse d’information de descriptions visuelles de scène, de mouvement, de décor qui sont certainement une aide à la mise en scène mais gâche la lecture.



Bref, j’en resterai personnellement aux pièces humoristiques, avec d’ailleurs un plaisir plus grand à la vision sur scène qu’à la lecture. Ce n’est pas souvent le cas.

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Un mot pour un autre

Radouber une limace sur Jean Tardieu, c'est vraiment pas de la brioche! Autant vasouiller la mare au diable avec une petite écuelle! Vous , je ne sais pas mais comment vous frire? Moi, rien que de le pétrir, j'en ai la sucette toute frisotée! Une vraie poilée de rigolage, une marée de soubresauts, un ravage de cerveau!

Je ne vous ris que ça...
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La part de l'ombre, suivi de La première pers..

Grand engagé dans la Résistance, homme de radio, conseiller éditorial à l'ORTF*, écrivain, tôt rattaché au théâtre de l'absurde, Jean Tardieu fut également l'auteur d'une oeuvre poétique remarquable, que beaucoup jugent encore aujourd'hui, assez inclassable.



Dans La Part de l'ombre, recueil de textes en prose publiés entre 1937 et 1967, le poète interroge les conventions de genre de la poésie, du rapport étroit entre réalité et fiction. Si les poèmes en prose de Jean Tardieu prennent racine dans le quotidien, chacun d'eux contient en lui un sens détaché de l'évidence, de la croyance. C'est aux creux même du langage que naît le sens détourné des choses, que l'imaginaire se défait de la réalité, du règne du tangible.



Fantasque, insolite, subtile, amusante, parfois grave, l'écriture de Jean Tardieu apparaît comme celle d'un humaniste désenchanté, d'un idéaliste qui tente de ré-accorder la réalité dans toute la variété et la potentialité du langage. Au travers de courts textes, de petites histoires, le poète évoque l'émerveillement de l'enfance jusqu'à la crainte de l'inconnu, la mise à l'épreuve du temps et de l'espace, la vie qui va jusqu'à la solitude, jusqu'à la mort,… Il avance et interroge notre condition.



" Pareil au jongleur qui reçoit du ciel l'un après l'autre tous les objets qu'il réclame, je balançais dans mes mains la grâce et la gravité, le plaisir et le désespoir, l'insouciance et la passion.

Danseur au comble du vertige, vibrant immobile et debout, cible percée de mille traits, je croyais tenir mille choses, monde vidé par sa vitesse, plus léger que le souffle d'un mot…" **



La part de l'ombre contient en elle une part de lumière dans laquelle l'imaginaire se déploie et touche à notre réalité. Précieuse est la lecture de la poésie de Jean Tardieu !





(*) L'Office de radiodiffusion-télévision française, c'était il y a longtemps...

(**) extrait de " La musique " / " Objets incommensurables " (1950-1961) – pp. 52-54
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Le Fleuve caché,: Poésies 1938-1961. Accents. L..

Je connaissais plutôt Jean Tardieu comme auteur de théâtre et j'apprécie ses jeux de langage, " un mot pour un autre" notamment.



Je découvre avec curiosité et étonnement une autre facette de cet auteur si atypique et original. Même si l'on retrouve l'aspect ludique autour des mots,surtout dans la partie "Monsieur monsieur", sa poésie est plus angoissée, le poète s'interroge, sur lui-même, sur le monde:



" Je suis sans voix je n'ai plus de langage,

plus de bateau pour un si long voyage!

L'oeil fixe, je me tais, en attendant

d'apprendre enfin la langue du néant. "



Il en vient à douter de sa propre identité :



" Il n'y a personne!



Cette absence a les yeux des arbres

une figure creuse et haute

où s'engouffre toute la vie

étrangère à ce que je fus."



J'ai été plus sensible à cet aspect tourmenté et même sombre d'un homme en recherche d'un sens, en quête aussi d'une mémoire effilochée.



Par contre, le côté dérision et mots répétés en écho, ou les familiarités voulues ne m'ont pas attirée plus que cela, comme le poème souvent cité " La môme néant" .Quoi qu'a dit? - A dit rin. "



Dans le paysage poétique, en tout cas, comme au théâtre, Jean Tardieu est un auteur à part, et j'aime cette singularité, cette manière bien à lui de renouveler le langage.



L'épitaphe qu'il nous livre est émouvante :



" Pour briser le lien dun jour et des saisons

pour savoir quelle était cette voix inconnue

sur le pont du soleil à l'écart de ma vie

je me suis arrêté."



Fleuve "caché ou perdu", présence et absence du moi, questions indéfinies, tout un réseau ambivalent, comme en chacun de nous...



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Margeries : Poèmes inédits 1910-1985

Margeries



Margeries est un néologisme inventé par Jean Tardieu sur le fait que les textes contenus dans ce recueil ont tous été écrits en marge de ses livres publiés.

Ces écrits inédits sont regroupés en huit thèmes.

Chaque thème est introduit par un argument expliquant la période, les états d’âme et certaines conditions d’écriture.

Les textes se suivent par ordre chronologique, le premier ayant vu le jour vers l’âge de sept ans.



La Mouche et l’océan

Une mouche se balançait

Au-dessus d’un océan.

Tout à coupelle se sentit

Prise de froid.

Moralité

Il faut toujours faire attention

(Paris 1010 ou 1911)



Les huit thèmes sont :

Enfance et jeunesse ; Alma Venus..(divinité de l’amour terrestre ; Humoresque ; Parodies, traduction, rythme ; Actualités d’hier et de toujours ; Le coffre des cauchemars ; Un ailleurs qui est sous mes pas ; Le passe-partout.



On trouve des croquis conduits de la main de l’auteur ainsi que des lignes écrites.

Ce recueil est un petit trésor et j’ai adoré m’y promener.

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L'accent grave et l'accent aigu

Encore un merveilleux magicien du langage, capable de chanter ces verbes humbles et serviles, être, avoir, faire, ....de rendre poétique la syntaxe et la grammaire. Dans ce recueil en trois parties, c'est la première partie Formeries, qui est principalement dédiée à cet objectif. On retrouve quelques poèmes de ce genre, dans la deuxième partie, Comme ceci, comme cela, qui est plus hétérogène, où sont présents les mystères de la nature, de la mort (poèmes consacrés au couple pétrifié de Pompéi), de la destinée humaine. La troisième partie est constituée de très beaux textes en prose, parmi lesquels le baroque La vérité sur les monstres, où l'auteur nous emmène dans une étonnante série de variations sur un paragraphe, mais aussi le très émouvant Mon théâtre secret.



Tous ces textes sont loins d'être des exercices de style. Ils parlent, avec souvent beaucoup de fantaisie, mais pas moins de profondeur pour cela, du mystère de la nature, de l'énigme de la vie et de la mort, du temps qui passe inexorablement, et de l'étrange pouvoir, ou impuissance, des mots pour le dire.
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L'accent grave et l'accent aigu

Recueil on ne peut plus hétérogène que je découperais en trois grandes parties, les "Formeries", poèmes dans lesquels Jean Tardieu joue avec les mots avant tout, la partie intitulée "Comme ceci Comme cela" dans laquelle on retrouve un réel hymne à la nature et enfin la dernière"Les tours de Trézibonde" où là, il s'agit plus d'un assemblage de textes que de poèmes à proprement parler.



Tardieu est curieux de tout, s'intéresse à tout et particulièrement à notre chère syntaxe (ce qui rappelle un peu le titre de ce recueil). Il s'amuse à décomposer les mots, à en inventer de nouveaux, à conjuguer des verbes, à leur différents emplois, que ce doit par exemple dans un calligramme ou dans un télégramme.



Ce qui m'a paru le plus flagrant dans cet ouvrage est que le poète nous montre son admiration pour la nature qui nous entoure et ce, plus particulièrement dans les deux premières partie de cet ouvrage. La dernière partie est, je dirais, beaucoup plus sombre car, comme bon nombre de poètes, Tardieu s'intéresse non seulement à la vie mais aussi à la Mort...et l'écriture est d'ailleurs un très bon moyen d'exorciser son angoisse mais aussi ses propres démons qui nous hantent (voir la chapitre "La vérité sur les monstres).



Un recueil vite lu, agréable à lire puisque très varié mais dont je ne peux pas certifier que j'en garderai un souvenir ineffaçable. A découvrir !
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Je m'amuse en rimant

"Près de la mer, les neuf Muses

Insouciantes, s'amusent,

Lorsque arrive, à pas lents, un bœuf,

Neuf fois un, neuf.

Craintives, elles prennent la fuite,

Neuf fois deux, dix-huit.

Cependant, la pauvre bête,

Neuf fois trois, vingt-sept,

Est destinée au sacrifice,

Neuf fois quatre, trente-six."



Vous l'aurez compris, il s'agit d'une poésie écrite pour être lue en répons avec des enfants, en âge d'apprendre leurs tables de multiplication.

Dix poèmes, donc, chacun plein d'imagination, de trouvailles charmantes, et illustré très joliment par Sylvie Montmoulineix.

Challenge Poévie 2022-2023

Challenge Départements (Ain)
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La comédie du langage

Huit exercices de style brillants et savoureux pour montrer, sur les planches, la liberté fertile et la terrible insolence des mots..
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Oeuvres

Jean Tardieu est à la fois poète, dramaturge et essayiste.

Il joue avec le langage pour adoucir en quelque sorte sa vision pessimiste du monde, et pour en rire. Il aime les facéties, coq-à-l'âne et autres associations de mots bizarres. Il remet en jeu les conventions des genres et tente des expériences à propos du langage poétique et de sa relation avec le langage de tous les jours. Il imite parfois le caractère décousu, chaotique des rêves. Il ne cesse de jouer avec les mots et les expressions de la langue parlée, ce jeu qui provoque le rire et le sourire n’est pas gratuit. Avec ses étranges textes, il remet en cause les idées reçues, la morale de la pensée dominante. Tardieu expérimente de nouvelles voies poétiques de par sa relation originale avec les mots du quotidien.

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Je m'amuse en rimant, tome 2

Dans ce recueil qui fait suite au recueil I de « Je m’amuse en rimant », Jean Tardieu s’amuse cette fois à convoquer les grands auteurs tels que Molière, Victor Hugo ou encore Jean de La Fontaine. Il joue sur la date de leur naissance et celle de leur mort et insiste sur certains événements marquants de leur existence.



« La Fontaine



La Fontaine le malin

Que j’aime comme un ami

Est né à Château-Thierry

En 1621.



Maître des eaux et forêts

Il rêvait, il observait.

Dans ses fables ce poète

Fait parler toutes les bêtes.



Pourtant, loin des prés et des bois,

Dans ce Paris d’autrefois

Où les girouettes grincent,

Il est mort près de son roi

En 1695. »



L’illustration réalisée par Joëlle Boucher est elle aussi poétique et invite l’imaginaire à s’évader et nous rappelle combien il a été bon d’être enfant.

Tout comme le premier recueil, celui-ci est un divertissement éducatif pour les enfants et un petit bijou pour les adultes. J’ai pour ma part une petite préférence pour celui-ci, peut-être parce qu’il évoque la littérature plutôt que les mathématiques…

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La comédie du langage

La comédie du langage est une suite d’exercice en forme de petite pièce courte.

Un mot pour un autre est une prise de tête, ça peut amuser certains mais pas moi.

Finissez vos phrases ou une rencontre heureuse me fait penser à un problème de math amusant, Monsieur A rencontre Madame B.

Les mots inutiles, une fille présente son prétendant à ses parents et chaque personnage rajoute des mots inutiles dans ses phrases tels que : pois chiche, homard, pousse-caillou...

Ce que parler veut dire ou le patois des familles est un cours magistral d’un professeur sur les curiosités sociales du langage.

De quoi s’agit-il ? ou La méprise. Un procès absurde de paysans fait à la météo.

Conversation sinfonietta est un petit concert de paroles amusantes et souvent répétitives jouées par un orchestre.

Les temps du verbe, un homme vivant avec sa nièce et ayant perdu ce qu'il a de plus précieux, parle au passé pour rester dans le passé, le docteur vient le voir pour le soigner.

Une soirée en Provence ou le mot et le cri, composé en œuvre musicale de quatre mouvements où s’oppose deux opinions opposés celles de monsieur A et monsieur B.

L’ABC de notre vie, des phrases répétées, des mots qui n’ont pas lieu d’être dit, texte soit-disant poétique, absurde.



La triple mort du client, trois petites histoires : un inventeur crée un meuble qui a un étrange comportement, le meuble tire sur le client, un client mate une beauté à travers une serrure à la fin il tombe à terre extasié.

Le guichet, discussion amusante entre un client et un préposé, la fin de la discussion sera la fin du client.
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Quatre courtes pièces

Dans cet ouvrage, les éditions Belin et Gallimard, dans la collection "Classico Collège" nous offrent une compilation de quatre très courtes pièces de Jean Tardieu, auteur et dramaturge, qui dans La Comédie de la Comédie met en exergue les caractéristiques propres au théâtre. C'est justement en en abusant, en jouant de leur ressort comique qu'il nous livre des scènes loufoques, inattendues et hors du commun. Ainsi, une des pièces ne repose quasiment que sur des apartés, dans une autre Jean Tardieu y revisite le vaudeville en faisant prononcer aux personnages des phrases où un mot est mis à la place d'un autre, créant alors des dialogues hilarants et des situations ambigües magnifiques de drôlerie.



Je ne me lasse jamais de relire ces pièces, quelles soient présentées dans de courtes compilations, comme celle-ci, ou qu'elles soient dans l'ensemble d'origine : La Comédie de la comédie.
Lien : http://lewebpedagogique.com/..
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Courtes pièces à lire et à jouer

Courtes pièces à lire et à jouer est un recueil qui porte bien son nom. I réunit quatre oeuvres facile à lire, facile à jouer et à mettre en scène, qui permettent d'initier les enfants aux théâtre et à la mise en scène. Comme certains personnages sont déjà familiers (ceux de l'inspecteur Toutou, par exemple), l'initiation au théâtre n'en est que plus aisée.
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Premiers poèmes

Ma première anthologie de poésie illustrée (je devais avoir 8 ans) avec :

- du Prévert, du Maurice Carême, du Desnos, du Tardieu, du Claude Roy, un Apollinaire et un Ronsard, et quelques méconnus.

- de magnifiques images de faune et de flore, et d'humains à l'ancienne (écoliers en blouse, petites filles modèles...)

Enfant, j'ai adoré ce livre. A le relire aujourd'hui, je vois combien il a influencé ce que je fais aujourd'hui : l'amour des mots, des rimes qui ne sont pas réservées qu'aux comptines, des poèmes qui disent légèrement des choses profondes (Le chat et l'oiseau, Chanson des escargots, La panthère noire abordent la mort), des illustrations qui accompagnent... bref, de la poésie qui crée de l'émotion et raconte, à sa manière, des histoires. Pour les grands aussi.
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Les tours de Trébizonde et autres textes

Jean Tardieu a vécu auprès des plus grands écrivains et poètes de sa génération, il n'en tire pas gloire, il le vit comme un acquis, et même se refuse à marcher dans leurs pas, expérimentateur insatisfait, à la recherche d'une torsion toujours plus contraignante des mots des lettres, des sentences.

Ses poèmes, ses romans, ses pièces de théâtre ont été catalogués dans l'irrationnel, l'absurde, l'indicible.

Pourtant , à lire les tours de Trébizonde, (La ville de Trabzon aujourd'hui en Turquie, dont le nom signifie la montagne qui surplombe la ville) on découvre chez Tardieu, une humanité, une compassion, un sentimentalisme, réels.

Il est l'homme commun, qui de sa fenêtre contemple ces tours contemporaines, verre, métal, béton, dans lesquelles le ciel se reflète, les revêtant des milles couleurs de l'aube, de l'aurore, du petit matin, du midi, du soir du crépuscule, de la nuit ; et veilleur fidèle, il enregistre cette vie imperceptible pour l'insensible, donnant ses lettres de noblesse à l'humain luttant pour animer ces monstres inhumains, ("Seule alors en pleine nuit, une vigie, pas plus grosse qu'un timbre collé en haut d'une enveloppe, quelque part sur l'abrupte paroi, révèle encore leur pesante masse endormie").

Dans la ville en fête il devient spectateur : "D'abord viennent les balayeurs, soldats de plume et de paille, aux gestes unis en cadence, troupe aussi nombreuse qu'une harde en foret, aussi policée qu'un ballet de cour."

Ces textes courts, écrits dans les années 1980, nous donnent à voir les villes et leurs habitants comme jamais nous ne les voyons, parés des couleurs somptueuses d'une nature que les peintres ne peignent plus, noyée par la lumière urbaine, atrophiée par les constructions tentaculaires, et pourtant, Tardieu le démontre, elle est là, prêt à surgir, si notre oeil et notre âme le veulent et le décident.


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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