AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782729709471
260 pages
Presses universitaires de Lyon (14/02/2019)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Composée de quatre-vingts lettres échangées entre 1914 et 1918, cette correspondance entre Victor et Jean Tardieu offre un aperçu de la vie quotidienne d’un soldat un peu particulier, à travers des descriptions du front stylisées par le regard du peintre et illustrées par les reproductions de ses plus belles œuvres. Cet échange révèle aussi les premiers pas littéraires d’un tout jeune garçon. Au-delà de l’histoire du conflit proprement dit, ce qui ressort est un tab... >Voir plus
Que lire après A quelques pas des lignesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie Babelio et Masse critique documentaire pour l'envoi de ce recueil de quatre- vingt lettres échangées entre 1914 et 1918 entre Victor Tardieu, né à Lyon, en 1870 , dans une famille de soyeux, formé à l'école des beaux - arts de sa ville puis à Paris, dans l'atelier de Léon Bonnat jusqu'en 1894 et son fils Jean , né en 1904 dont le lecteur peut déplorer le nombre très restreint rédigées , seulement deux missives à l'adresse de son père....

En 1901, il épouse la harpiste Caroline Luigini , fille du chef d'orchestre Alexandre Luigini.

Il exerce le métier de peintre , de professionnel de l'art, réalise des portraits , vitraux , cartons et nombre de décorations d'édifices publics .

A 44 ans , au début de la grande guerre , il s'engage pour toute la durée du conflit , au cours de laquelle il accomplira diverses tâches : secrétaire, peintre aux armées :
Cet ouvrage présente d'ailleurs au lecteur, au début , une très belle iconographie stylisée, colorée, de ses réalisations : l'ambulance de Sutherland , quatre vues de Verdun bombardée, les convois, les grandes pièces d'artillerie , la vie des blessés et de leurs infirmières sur le front anglais ....

L'ouvrage dessine quelques - uns des thèmes fondamentaux qui alimentent la correspondance entre Victor et Jean: au delà du conflit : un tableau assez précis et approfondi de la pensée sociale française sous la Troisième République.

L'auteur désirait contribuer ardemment à La Défense de la Patrie et adhère pleinement à «  l'utopie de la « der des der » qui animait tous les « poilus ».
Au cours des lettres à son fils , il déplore être relégué à des tâches qu'il juge inutiles, stériles et inacceptables , non par leur humilité mais par leur manque de sens , mais quelle part réservée à un peintre comme lui ?.

«  Je m'efforce d'être utile à quelque chose. » ou encore «  Je me reprocherai à tous les instants mon inaction » ....dans une lettre non datée de probablement mars 1915 ...

Il sera aussi voiturier, chauffeur, brancardier et responsable du camouflage à la fin de la guerre ...
Il apprendra à taper à la machine ce qui nous vaut de belles pages ironiques à Jean...

«  Ces trois années , écrit - il seront marquées d'une tristesse ineffaçable dans ma vie » lors d'une longue lettre le 4 mars 1917 ...
Pour ne pas être trop longue , j'ajouterai que ses lettres commencent toujours par «  Mon bon poulet chéri » et se terminent par «  mon charmant poulet chéri » que j'embrasse mille et mille fois .
Ton vieux père poilu.
Un père qui se soucie énormément des études de son fils, de ses progrès en latin et grec .

Il l'exhorte constamment surtout dans la dernière partie de redoubler d'efforts à accomplir , de ne pas lâcher ses études «  Il faut savoir de quoi on est capable pour ne pas gâcher sa vie . »

Il évoque lors de très belles pages moins ennuyeuses qu'au début , où il évoquait beaucoup sa vie terne , décolorée , plate :les désastres de la guerre : les ruines d'Ypres,, les arbres rasés, , les débris d'arcade, les masses de fonte tombées, impressionnantes, où « dans le ciel rouge du coucher du soleil comme saignant et déchiré , les obus qui ne cessent de traverser dans tous les sens, ces hurlements continuels , les maisons qui restent debout semblent en dentelle, ces clochers éventrés , des entonnoirs de 20 mètres de diamètre , creusés par les obus, des troupes en quantité, un fracas à vous assourdir , l'amoncellement des ruines , la plus horrible
 des beautés . »
L'ennemi , le Boche est présenté comme menteur et déloyal brute et voleur ,..les pires scélérats , les petits méchants , ces médiocres de l'humanité ...
Ces lettres sont informatives ,pessimistes, chaleureuses mais incroyablement aimantes et tendres, décrivant avec passion , sous l'oeil exercé du peintre la beauté ineffable de la nature , indifférente malgré le désastre ..
,Jean tardieu , son fils deviendra poète, dramaturge , essayiste et traducteur et publiera ses premiers poèmes dans la NRF , en 1927 .
La première de couverture nous montre une des «  pochades » de Victor Tardieu comme il nommait ses peintures .
Un bel ouvrage malgré quelques longueurs fastidieuses ...en milieu d'ouvrage ....
Je pense avoir été trop longue, une fois de plus ...









Commenter  J’apprécie          360
Je viens de parcourir la critique d'Annette, on ne peut plus complète ; je n'en rajouterai donc pas dans le genre...
J'ai plus envie de dire que je vois dans cet ouvrage- arrivé chez moi, aussi, grâce à Masse Critique- 3 ouvrages en un seul: une introduction conséquente et détaillée qui resitue le contexte, tant matériel que social ; une quinzaine de pages reproduisant des tableaux de Victor Tardieu pendant le conflit ( "Verdun bombardée" est tout à fait éloquent !) et la partie épistolaire qui contient presque essentiellement les lettres de Victor à son fils.
Je dois avouer que j'ai peiné à la lecture de ces lettres qui sont plus consacrées à des préoccupations paternelles qu'à dresser un état des lieux du conflit ; il est vrai que Victor Tardieu, de part son âge et sa situation sociale n'a jamais eu à se trouver en premières lignes! Je suis aussi, un peu désappointée de ne trouver que quelques pages du " Journal de Jean Tardieu"( 63 à 71), il était certes fort jeune ...
Je terminerai donc mon propos en vous proposant de partager
" Les mots de tous les jours" de Jean Tardieu :
Il faut se méfier des mots. Ils sont toujours trop beaux, trop rutilants et leur rythme vous entraîne, prêt à vous faire prendre un murmure pour une pensée.
Il faut tirer sur le mors sans cesse, de peur que ces trop bouillants coursiers ne s'emballent.
J'ai longtemps cherché les mots les plus simples, les plus usés, même les plus plats. Mais ce n'est pas encore cela, c'est leur juste emballage qui compte.
Quiconque saurait le secret usage des mots de tous les jours aurait un pouvoir illimité, - et il ferait peur.

*Sans doute les admonestations de Victor Tardieu ont -elles été utiles !( p.195) "Je t'en prie et t'en supplie , reviens à une conscience exacte de toi-même, ne gâche pas dans l'inaction et la paresse les années qui sont, seules, celles où le cerveau se forme et progresse."
** J' ai beaucoup " fréquenté" le poète Jean Tardieu, il y a quelques années et je n'ai jamais imaginé qu'il fût inactif et paresseux.
Lien : http://frangesdhumeur.over-b..
Commenter  J’apprécie          40
J'ai choisi ce livre dans l'ensemble de la proposition de la masse critique de Babelio, spécial documentaire, car c'était un ouvrage d'Histoire sur la Première Guerre Mondiale. Je l'avoue, les conflits n'ont jamais été ma partie préférée des cours d'histoire (et je suis prof' d'histoire, alors). Mais, les destins particuliers m'attirent toujours. J'avais envie de découvrir qui était les Tardieu (que je ne connaissais pas) et j'avais envie de voir à quoi pouvait ressembler une correspondance de guerre (moi qui n'en ai pas dans mes ancêtres, ce qui me désole).

Pour vous parler de cet ouvrage, je dois d'abord préciser qu'il est édité dans les éditions PUL (Presses Universitaires de Lyon) et que cela fait vraiment bizarre de recevoir une enveloppe de chez eux. La taille du livre est standard et convient parfaitement. A noter, le très excellent travail sur les illustrations, autant la couverture que celles présentées à l'intérieur, puisque Victor Tardieu est un peintre français. La qualité des reproductions est exceptionnelle. J'ai pris un grand plaisir à les regarder et à les comprendre. Je pense que cela peut être intéressant dans des cours pour les 3ème ou au lycée.

Victor Tardieu est donc peintre et s'engage comme volontaire lors de la Première Guerre Mondiale où il occupe différentes fonctions. Vous trouvez d'ailleurs une biographie assez courte à la fin de l'ouvrage. Au début de celui-ci, vous avez une note pour expliquer comment a été réalisé l'ouvrage et d'où proviennent les sources premières, les lettres échangées. Il y a également quelques précisions sur certaines lettres car on ne connait pas la date ou alors le lieu d'envoi.

Suite à ces précisions, vous avez une longue introduction Giacomo Turolla, très technique et pointue pour expliquer plus en détail la vie de Victor Tardieu pendant la première guerre mondiale et remettre dans le contexte les lettres échangées. C'est peut-être un peu compliqué pour un néophytes mais je pense que c'est assez accessible en prenant son temps et cela permet surtout de mieux comprendre la suite.

Juste après cette introduction, vous avez une sélection des oeuvres de Victor Tardieu qui sont magnifiques à voir et à comprendre dans le cahier iconographique. Ces documents peuvent être utiles pour des professeurs par exemple.

Et enfin, clou de l'ouvrage, l'ensemble de la correspondance entre Victor Tardieu et son fils Jean. Ces lettres permettent de se faire une idée sur la vie du soldat lors de ce conflit mais aussi du ressenti de son fils à l'arrière, sur ce que le père voit et ce que le fils fait. La correspondance est de très bonne qualité et permet de s'immerger dans la vie de ces deux personnages. Elle aborde de nombreux thèmes propices aux études de texte aussi bien en français qu'en Histoire.

Résumé : Un ouvrage d'Histoire mêlant littérature et peinture sur fond de Première Guerre Mondiale.
Lien : http://les-livres-de-zelie.b..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
«  Oui, ce mot de Boche qui me déplaisait tant autrefois , je l’emploie avec plaisir depuis que je sais que ce mot les vexe particulièrement donc, d’un trait de plume, supprimons l’ Allemagne qui ne sera que la Bochie peuplée de Boches, lourds et sots, reconnaissables à leur chair rose, leurs soies pâles ( les poils n’existant que chez les poilus) et leur tête carrée. »
Commenter  J’apprécie          160
au fil des pages : ... : les défilés de munitions sur les routes, dans la nuit noire, les détachements silencieux d'hommes allant au massacre, la bonne humeur de tous ces braves gens sous le ciel sans cesse illuminé par les éclatements et la canonnade continue...( p.144)
Il y a tous les jours par ici des convois de prisonniers crasseux aux joues maigres et aux yeux bleus qui ont l'air bougrement heureux d'être expédiés sur l'arrière, ceux -là aussi ne s'en font pas.(p.145)
...il fait un temps à ne pas mettre un obus à la rue !(p.150)
Vois-tu mon poulet, il faut t'armer pour la lutte et surtout te préoccuper d'avoir ta place bien marquée parmi ceux qui sont nécessaires, rien ne t'empêchera d'ailleurs de t'occuper de littérature, puisque tu la sens vivement mais il faut aussi s'occuper du côté réel de la vie...(p.152)
Pour moi, l'avenir n'existe pas, je suis continuellement tourné vers le passé et ce n'en est que plus amer, de revivre en son souvenir les jours qui ne sont plus et les joies qu'on ne reverra jamais.(p.192)
La campagne est magnifique et tragique, les arbres blessés tordent dans le ciel des bras amputés à moitié, tout est brûlé, saccagé,tordu... parfois, on voit errer de lamentables habitants qui viennent rechercher l'emplacement de leur demeure...(p.206)
Oui, j'ai eu là encore l'impression ...de la médiocrité de l'humanité dans les pires manifestations de sa méchanceté... l'horrible bataille de Verdun ne changeait rien à la sérénité de la nature dont les grandes lignes, calmes et majestueuses n'étaient pas même effleurées par les pires bombardements.(p.207)
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : première guerre mondialeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11134 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}