Citations de Jeanne Benameur (2356)
Il se rappelle quand il exerçait. Là, il n’appartenait à personne et personne ne lui appartenait. Là, il œuvrait, c’est tout. Et il était libre. La liberté, ça ne se compte pas au nombre d’heures qu’on passe à travailler ou à faire quoi que ce soit, non. C’était ce sentiment, fort, de ne plus appartenir à qui que ce soit. Juste être un humain parmi le humains, pour eux, avec eux, sans hiatus. Etre à sa place. Et œuvrer l’esprit libre.
Relié à tous. Attaché à aucun. P 110.
Le temps de la lutte était venu. Derrière les sages revendications matérielles, il y avait la grande la totale revendication d’une vie qui tiendrait ses promesses de liberté, d’humanité, dans un monde qui reconnaîtrait ces valeurs-là plutôt que les simples valeurs marchandes. On n’était pas des objets qui s’échangent contre de l’argent. Le savoir, la pensée, n’étaient pas des produits manufacturés avec un prix et une étiquette collés dessus. C’était bien plus que ça. Et c’était ça que nous venions chercher.
Moi je sentais que mon corps se réveillait. Et pas seulement dans la tendresse de l'amour avec Alain. Il y avait quelque chose de volcanique en moi qui me faisait peur aussi. Ces colères que j'avais ressenties petite, elles revenaient avec une force qui me terrifiait. Je ne me reconnaissait plus. Moi la fille gentille, travailleuse et sérieuse, j'aurais pu bouffer la terre entière si on touchait à ma liberté. J'éprouvais cette liberté nouvelle de tout mon être. Et rien ne devait s'y opposer.
Les paroles de Luce s'élèvent.
Elles ne demeureront plus.
Sur la Terre, jour après jour, elles portent son souffle.
"Ce que j'arrivais pas à dire, c'étaient les mots du dedans, les miens. Pas ceux de "la classe ouvrière" en lutte, ceux du gars que j'étais, moi tout seul, à l'intérieur. C'était ça qu'elle attendait, Karima ? On était sur une fausse piste, tous les deux. Elle voulait que je lise des livres. Je ne pouvais pas non plus. Les livres qu'elle me mettait dans les mains, ça touchait à des choses trop intimes. Je n'y arrivais pas. Elle ne comprenait pas".
Tant qu'on continue à faire quelque chose qu'on aime,alors la joie ne meurt pas.
Le premier jour,Bastien n'aime pas aller à la mer. Il en a envie mais il attend toujours le lendemain de son arrivée. Le premier jour,il le réserve aux retrouvailles,avec les gens, avec les choses.
Il a besoin de ce temps.
Pieds nus devant la mer, on est toujours une petite fille.
Le plus étroit des chemins a toujours deux sens. Elle l'a toujours su. Mais elle, ne voulait ni avancer ni reculer. Juste se donner l'illusion qu'elle marchait comme les autres, de jour en jour, alors qu'elle tentait de faire tourner en rond le temps.
Romilda attend, assise sur son banc. Elle espère.
C'est seulement dans les contes que quelqu’un vient et vous guide.
On n'a pas l'éternité devant nous, juste la vie
Mais tout a changé. Ils ont tout décidé de moi,de ma vie,sans moi,sans rien me demander. Au mieux pour moi! Sans rien me demander ! Il n'y a pas quelque chose qui cloche là ? Ils savent pour moi,c'est ça ? Et moi,qu'est-ce que je sais?
Maintenant que je les ai trouvés, tous les quatre, que je les ai rassemblés, il va falloir que je les réunisse. Réunir, ce n'est pas juste faire asseoir des gens dans la même pièce, un jour. C''es plus subtil. Il faut qu'entre eux se tisse quelque chose de fort. Autour de moi, mais en dehors de moi.
Les armées n'ont jamais protégé personne du malheur.
Elles protègent les pays.
Elles protègent les intérêts.
Elles protègent les frontières.
Mais notre frontière à nous,qui la protège? Qui nous permet de rester humain,à l'intérieur de nous ?
Les quatre qui ont accompagné ma journée aujourd'hui, depuis si longtemps que je ne touche plus le corps des hommes, des femmes, que je ne sauve plus personne, ces quatre-là, ce sont ceux qui peuvent m'enseigner aujourd'hui.
Il n'y a pas de maître.
Pas de fils de dieu.
Pas de prophète.
Rien que des hommes et des femmes.
Des profanes.
C'était ça qu'il était parti chercher en Afrique. Imbécile ! Avec un uniforme sur le dos, il n'avait rencontré que le sang. Le sien et celui des autres, il n'y a aucune différence quand le sang quitte les corps, on ne peut plus reconnaître à qui il appartient, ça coule dans la terre, c'est tout.
Toutes les années de solitude l’ont laissé sur la grande route blanche et ils ne sont pas assez de quatre pour avancer avec lui. Il pense à l’étymologie du mot profane : celui qui est devant le temple. Il est ce profane. Ils sont ces profanes.
C'est difficile, une route,et douter, c'est pas mal non plus. Ils me fatiguent les gens trop sûrs d'eux...
Aujourd'hui elle se demande
Est-ce que tous les êtres humains sont des champs de bataille ignorants?
Mira était une amante comme tous les hommes en rêvent sans le dire car les hommes savent qu'il existe cette sorte d'amour, un amour qui n'attend rien, un amour qui s'espère lui-même dans chaque étreinte.