Une nuit on a parlé du désir. Ou plutôt de la mort du désir.
L'envie d'une peau contre la mienne, d'une odeur bien vivante. J'ai envie de faire l'amour comme à quinze ans. Une envie intense et pas de visage ni de nom en face. L'envie pour l'envie.
Personne ne peut empêcher de vivre dans les lettres écrites. Personne. (p.124)
C'est toujours par son espérance qu'on connaît quelqu'un. (p.59)
Mon frère c'était Tarzan et avec lui, c'était toujours la forêt vierge.
Est-ce qu'il avait peur, lui aussi, des grandes plaques mouvantes, sombres?
Est-ce que tout le monde les voit et fait comme si elles n'existaient pas?
Est-ce qu'il faut que certains seulement y plongent au risque du corps perdu pour ramener de l'ombre, les mots?
Aujourd'hui je sais que les zones obscures sont des zones pleines et que les mots, les vrais, c'étaient là qu'ils étaient, à attendre.
La durée.
Sans à-coup.
Comme si la vie toute entière se tenait là, absolument. Comme si tout pouvait être contenu dans les corps. Comme si la vie n'échappait pas à chaque instant, dévalant les rues et partant loin, loin au-dessus des toits, des rivières, des usines, diffractée en mille sensations éphémères, humaines, pas humaines, dans les fleurs, dans les pierres, dans le ciel. Partout où un corps humain ne l'arrête pas à la limite de sa peau.
Est ce que quelque chose de ce que sait cette femme pourrait passer de ses yeux aux siens?
A l'intelligence il faut un espace pour se poser.Il faut des mains, de l'air pour la craie et l'encre.L'abrutie n'a rien.
On n'a pas l'éternité devant nous. Juste la vie.
La mort ne fait jamais de bruit. C'est la vie qui en fait. La vie ça bouge, ça met en risque. Le désir c'est la vie.
La rage c'est ne pas pouvoir aimer ce qu'on désire.
C'est drôle comme on connaît peu les rêves de ses parents.
On ne vit pas qu'en se battant pour un peu plus de fric à la fin du mois....
la vie tourne entre leurs doigts. Que reste-il d’une femme qu’on a aimée ?
- Je rêvais d'être écrivain.
[...]
Et je suis devenu lecteur, tu vois, un lecteur qui vend des livres aux autres. Dans le fond ce n'est pas si loin...
Quand je n'ai plus de refuge, je vais dans les mots. J'ai toujours trouvé un abri, là.
Pourtant le désert est le désert
et ici on dit qu'on se perd
car chaque lieu en répète un autre
et semble
le même.
J'apprends que le même
n'existe pas.
C'est ici
dans le désert
que je l'apprends.
Chaque chose est entièrement
une autre chose
et le monde n'en finit pas.
C'est ma joie d'aujourd'hui.
Je crois que mon livre ne parlait que de ça
Et ça m'est bien égal qu'ils l'aient déchiré
Je peux l'écrire
et l'écrire encore
Il est dans ma tête
Il est dans mes mains
Tout mon corps est tatoué
à l'intérieur
des signes
Il suffit de me laisser tranquille
pour que je puisse
aller
à l'intérieur.
Mon corps est écrit
Mon corps pourtant
est bien celui d'une femme
J'ai rêvé d'amour
Personne n'est venu
Aujourd'hui je suis seule
et je le sais
A quoi bon la compagnie
de ceux
qui ne voyaient de moi
que la peau du dehors ?