Une merveille de poésie !
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Cela n'aura échappé à personne que l'Islande est une île, difficile d'accès, dont l'activité principale a été et est encore, dans une moindre mesure, la pêche. Ce métier fait la fierté de tout un peuple et crée son identité, le socle de son indépendance. Tout homme dans ce pays a un rapport viscéral avec ce métier, de par ses origines familiales, de par son métier ou par opposition à celui-ci. Soit vous écrivez, soit vous pêchez, ou les deux. La rudesse du climat induit une sincérité dans l'expression des sentiments, nulle possibilité de jouer une comédie, l'énergie nécessaire pour vivre ici est juste suffisante. Une écriture sans fioritures exprime des émotions vite intériorisées ou réprimées, une pérennité s'installe car ici, rien ne change vraiment, la nature commande et rejette tous ceux qui osent la défier. Elle instaure une humilité dès la naissance, on ne joue pas avec elle, elle se joue de vous et peut vous punir de l'avoir oublié. L'écriture est aussi une glorification de cette terre hostile, de ceux qui l'habitent, fiers d'y vivre, ou d'y survivre.
Nul fatalisme, personne ne vous empêche de partir, ni de revenir.
Vous êtes islandais ?
Question saugrenue, ils sont si peu nombreux...
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"Nulle chose ne m'est plaisir, en dehors de toi." Ce sont les derniers mots de Bardur (pardonnez l'orthographe...), jeune pêcheur islandais à son ami, un gamin de 20 ans. Ces mots sont aussi un vers du Paradis Perdu de Milton, emprunté par Bardur à un vieux capitaine aveugle.
Ce beau roman est une hymne à l'amitié, célébrée à travers tout le livre. Le narrateur, un inconnu qui nous paraît si proche, semble nous parler, lui aussi, en ami, de ses amis d'Islande des temps d'autrefois.
Il est aussi, je crois, un reflet de vie, qui est parfois froide comme l'océan de ce pays nordique, parfois immuable comme une montagne et souvent, quand même, mélancolique comme la poésie et douce comme l'amitié.
Malgré l'omniprésence de la mort, tant chez les décédés que chez les vivants, Entre ciel et terre est un roman qui est là pour nous réveiller à nous. Que veut-on dans sa vie? Que fera-t-on demain?
Le rythme, très lent, très calme est celui d'un poème en prose. Il nous fait voyager par delà les mers et par delà le temps.
Un beau moment de lecture.
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Que dire de ce récit…
Un pays livré à la rudesse des éléments naturels,
trois époques et trois générations d’hommes et de femmes éreintés, usés,
et tentant de rester humains... peut-être grâce à la poésie ?!
En effet dans cette écriture aux phrases si longues que je m’y suis perdue, surgissent sans cesse des fragments de poèmes auxquels j’ai été totalement hermétique, ou des citations de grands conteurs qui semblent faire référence …
le tout paraissant parfaitement commun pour un roman islandais !
Aïe, ma rencontre avec l’Islande s’avère laborieuse !
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De la Littérature, de la Vraie
La nature est immense, puissante et imprenable.
L’homme est petit, faible et éphémère.
Homme/Nature, Mer/Montagne, Vie/Mort, Fatalité/Choix tout est opposition, cette oeuvre existentialiste pose les questions sur le sens de la vie et sur sa dureté, avec toujours l'omniprésence de la mort. Le temps malgré cela n'existe pas, ni le personnage principal qui reste jusqu'à la dernière page sans nom.
Stefansson nous offre de la Littérature avec un grand L, sans aucun doute: Ecriture dense, lyrique, chaque page est un poème (un merci indéniable au traducteur).
Lecture difficile malgré la beauté du texte, il demande une attention particulière.
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j'ai lu la trilogie il y a quelques mois. La plus belle lecture de l'année. Vivre intensément le froid, le vide des paysages, la dureté des cœurs, la chaleur de ces femmes, le désir dans cet enfer glacé...
Comment ne pas s'identifier à cette folie, comment ne pas succomber à tant de sensualité dans cette neige, dans ce paysage illisible? Le climat extrême fait ressortir, en creux, le sentiment totalitaire de l'appartenance à l'espèce humaine; plus je lis Stefansson, plus j'ai envie de me serrer contre un corps chaud et bienveillant.
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Un roman hypnotique, une fable pleine de brume, de sel et de vent. On y est frappé tant par la description des paysages, l'aspect primaire et entier des personnages que par les phrases pleines de poésie sur la vie, la mort, la force des mots.
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L'histoire est triste, les conditions de vie de ces pécheurs est épouvantable dans un monde glacé et hostile.
Et pourtant que ce livre est beau! L'écriture est si riche d'images et de poésie. La passion des personnages principaux pour les livres est forte et immense
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Prose poétique sur une vie dure, très dure de marins et sur les aléas de la vie
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un Chef d'oeuvre. je viens d'acheter trois autres de ses romans du coup.
Je n'ecrirai pas de critique, parcequ'il n'y à rien à critiquer
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J'avoue avoir été déçue, quelquefois presque en colère contre Stefansson que j'ai tant aimé à lecture de la trilogie. Il y a toujours des moments magnifiques, mais pourquoi un tel décalage dans l'écriture selon qu'il évoque la vie d'Oddur et de Margret ou celle de leur petit fils Ari. La vie de l'un n'était certainement pas plus facile que celle de l'autre, pourquoi nous bouleverser avec l'une et nous laisser si loin de l'autre.
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Le premier tome de la trilogie romanesque la plus belle que j'ai jamais lue, tout simplement. Des personnages attachants, une écriture poétique et dense alliée à une narration haletante. Éblouissant.
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Depuis le temps que j'attendais d'attaquer ce nouveau volume de Jon Kalman Stefansson, auteur de Entre Ciel et Terre, un véritable coup de cœur l'année dernière. Ce roman se terminait d'une façon où l'on n'attendait pas forcément une suite, il se suffisait à lui seul. J'ai donc été surprise quand La Tristesse des Anges a été publiée et que je me suis aperçue que c'était la suite ! Et pour le coup, celui-ci se termine d'une manière qui ne laisse aucun doute : l'Islandais nous écrit une trilogie.
Sans le savoir à l'avance, je me suis plongée innocemment dans ce nouveau volume, un peu inquiète qu'il n'atteigne pas la puissance du premier. Dès la deuxième page, j'ai été rassurée : l'ambiance était là, le froid aussi, dont le printemps tardif n'arrive pas à débarrasser cette terre gelée qu'est l'Islande. Autant vous dire que j'ai eu froid à cette lecture. Dans le premier tome, c'était le froid de la mer et du blizzard, ici les personnages évoluent pratiquement tout le temps en plein cœur d'une tempête de neige.
La Tristesse des Anges, dans les légendes populaires, désigne la neige. Et ce symbole inonde le roman, accompagnant le travail de deuil du héros.
En effet, on retrouve le “gamin”, qui après la mort de son ami Barour, s'est réfugié dans un bar où il rend de menu services tout en s'instruisant. “La distance entre Barour et la vie augmente impitoyablement avec chaque journée qui s'écoule, chaque nuit, car le temps est parfois cet infâme salaud qui ne nous donne toute chose qu'afin de mieux venir nous la reprendre. “
La poésie et la littérature sont encore très présentes ici, à mon plus grand plaisir. “La lutte pour la vie fait mauvais ménage avec la rêverie, la poésie et la morue salée sont irréconciliables et nul ne saurait se nourrir de ses rêves.”
Et sa dangerosité est encore soulignée, comme si l'exemple de la mort de Barour, à cause d'un poème, ne suffisait pas comme leçon. “Il n'est pas toujours aisé de supporter la poésie, elle peut entraîner l'être humain dans des directions inattendues.”
J'ai aimé cet hommage à la littérature, j'ai aimé la manière dont l'auteur souligne sa force, y revenant sans cesse, comme dans cette citation magnifique : “Les mots semblent être la seule chose que le temps n'ait pas le pouvoir de piétiner. Il traverse la vie et la change en mort, il traverse les maisons et les réduit en poussière, même les montagnes, ces majestueux amas rocheux finissent pas céder face à lui. Pourtant, il semble que certains mots parviennent à affronter son pouvoir destructeur, la chose est très étrange, certes, ils s'usent un peu, leur surface se patine mais ils résistent et conservent en eux des vies englouties, ils conservent le battement des coeurs disparus, l'écho de la voix d'un enfant, ils sont les gardiens des antiques baisers.”
Dans ce roman du froid, roman des mots, la traversée que vont faire le gamin et le postier, est extraordinaire. Car le courrier doit bien être distribué, même dans les coins les plus reculés. L'occasion d'un voyage qui permettra au gamin de compléter son deuil, et de chercher le sens de sa vie – ce qu'il fait souvent quelques minutes avant de mourir de froid et d'être sauvé in extremis par son compagnon …
Pas trace d'humour ici, mais juste la puissance d'une grande littérature, de mots qui nous balaie et qui, parce que l'auteur vit dans ce pays, disent avec justesse ce qu'était le quotidien (j'imagine qu'il prend place au début du XXe siècle) de ces hommes de l'extrême, au cœur de l'hiver. Un pays de pêcheurs où ces derniers ne savent pas nager et meurent parfois ridiculement; un pays où l'hiver interdit les enterrements et force à vivre avec le cadavre de l'être aimé pendant des mois; un pays où les communications sont coupées durant des semaines et où les nouvelles ne parviennent pas ; un pays où l'alcool est parfois le seul moyen de surmonter ou d'oublier un instant le froid ; un pays qui semble hors du temps.
C'est ce qu'a su traduire Jon Kalman Stefansson en quelques 400 pages. Et c'est ce qui me fait désirer plus que jamais de lire rapidement le dernier volet, publié en 2011 en Islande.
*
“Je ne peux pas travailler aujourd'hui pour cause de tristesse.” On n'ose jamais écrire ce genre de chose, on ne décrit pas les décharges électriques qui se produisent entre deux personnes, au lieu de cela on parle des prix, on s'attache à l'apparence, et non au souffle du sang, on ne se lance pas en quête de la vérité, des vers de poésie qui surprennent, des rouges baisers.”
Parfois les mots sont vains …
Lien : http://missbouquinaix.wordpress.com/2012/09/28/la-tristesse-des-ange..
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Jon Kalman Stefansson né en 1963 à Reykjavik est un auteur islandais. Après avoir fini ses études au collège, il travaille dans les secteurs de la pêche et de la maçonnerie. Il entreprend ensuite des études de littérature à l'université de 1986 à 1991, mais sans les terminer. Pendant cette période, il donna des cours dans différentes écoles et rédigea des articles pour un journal. Après avoir vécu trois ans à Copenhague au Danemark, il rentre au pays et s'occupe de la bibliothèque municipale d’une petite ville 2000. Depuis, il se consacre à la production de contes et de romans. Le Cœur de l’homme qui vient de paraître, clôt une trilogie débutée par Entre ciel et terre et La tristesse des anges, dont la toile de fond est l’Islande à la fin du XIXème siècle.
« Où s’achèvent les rêves, où commence le réel ? Les rêves proviennent de l’intérieur, ils arrivent, goutte à goutte, filtrés, depuis l'univers que chacun de nous porte en lui, sans doute déformés, mais y a-t-il quoi que ce soit qui ne l’est pas, y a-t-il quoi que ce soit qui ne se transforme pas, je t’aime aujourd’hui, demain, je te hais – celui qui ne change pas ment au monde.» Jens le postier et le gamin ont failli ne pas sortir vivants de cette tempête de neige, quelque part dans le nord-ouest de l’Islande. Ils ont été recueillis après leur chute par le médecin du village, et le gamin, une fois de plus, a l’impression de revenir à la vie. Nous sommes au mois d’avril, la glace fondue succède à la neige et au blizzard. Après avoir repris des forces et fait connaissance avec quelques habitants comme cette jeune femme à la chevelure rousse qui met en émoi le gamin, tous deux peuvent finalement reprendre le bateau pour retrouver une autre communauté villageoise, celle de leur vie d’avant : la belle veuve farouchement indépendante, le capitaine aveugle et sa bibliothèque, puis Andrea, la femme du pêcheur Pétur qui rappelle au gamin le pouvoir des mots. Il lui a écrit une de ces lettres qui transforment un destin, l’enjoignant de quitter son mari au cœur si sec... »
Il y a des romans qu’on peut lire n’importe quand - la majorité - et puis il y a ceux qui ne s’apprécient que s’ils sont en phase avec nos sentiments du moment. Le Cœur de l’homme est de ceux-là mais manque de chance, ce n’était pas le moment pour moi de le lire. Il s’agit d’un de ces livres, dense, qui laisse peu de place à la nuance, soit on s’y immerge complètement et l’on s’en délecte, soit on se confronte à l’ennui qui rôde.
Roman introspectif, l’idée de mort vous accompagne tout du long du roman et plombe un peu le moral, roman poétique aussi, avec de très belles images. En exagérant et pour faire court, il y a quelque chose de l’ambiance des films à la Bergman tout en faisant la part belle au pouvoir des mots « Les besoins des hommes ne sont pas légion : il lui faut aimer, se réjouir, manger, puis un jour il meurt. Pourtant, plus de six mille langues sont parlées à travers le monde, pourquoi doivent-elles être si nombreuses ? ». Et des questions existentielles de ce tonneau, il y en a plein les pages, qu’on se laisse aller à souligner.
Quant à la forme, des phrases plutôt longues à la musicalité certaine charriant un lyrisme renvoyant au domaine du rêve parfois, à l’ennui poli d’autres. Les dialogues sont inclus dans le texte sans tirets ni guillemets, certains noms de personnages sont carrément imprononçables car faisant appel à des caractères typographiques inconnus de mon clavier d’ordinateur (le traducteur aurait-il dû adopter une transcription phonétique ?), ce qui ne facilite pas la lecture non plus.
Un bouquin qui me laisse sur un sentiment mitigé, de très beaux passages et d’autres très forts émotionnellement, magnifiés par l’écriture, mais et c’est toute l’ambigüité de ma position à cet instant, je n’ai pas tenu la distance. A moins que ce ne soit Jon Kalman Stefansson qui en fasse trop ?
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