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Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1123)
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Ton absence n'est que ténèbres

Peut-être que si je parlais islandais, je vous écrirais directement pour vous dire que ce livre est de ceux qui nous secouent. Ces destins qui se mêlent et s’entremêlent, sur plusieurs générations, dont les passions, les morts, les choix, les absences de choix, ont de telles répercussions sur les uns et sur les autres, pour le meilleur comme pour le pire, ne peuvent que nous interroger sur notre propre destinée. Il faut avoir beaucoup aimé et aussi beaucoup souffert pour coucher ces mots, écrire un tel récit qui vomit les tièdes, exhale et broie en même temps les amours impossibles, recueille les orphelins, embrasse les âmes blessées, le tout dans un symphonie humaine qui trouve son écho dans les paroles de chansons de Bob Dylan, Miles Davies, Elvis, Fitzgerald, Léonard Cohen, les Beattles, David Bowie, et tant d’autres de la même trempe.
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Lumière d'été, puis vient la nuit

Ce livre peut être perçu comme une méditation sur notre peur du noir: "nous sommes bien loin d'avoir surmonté notre peur de la nuit" (p.217; cf. p.183). Avec ce style propre, ce livre mêle des questions existentielles avec la vie la plus banale d'un petit village islandais, pour montrer sans doute que cette banalité n'est qu'apparente.

Avec un bémol: l'intrigue est si peu construite que ce petit livre peut paraître long à ne faire qu'égrener les événements de la vie de ce village. Mais c'est dans cette vie de village que le latin s'invite, que le souci de l'univers effleure la discussion. Car ce qui paraissait dépassé et démodé redevient vital et même intriguant, précisément parce que "l'inutile est nécessaire". (p.47)
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Ton absence n'est que ténèbres

De Jon Kalman Stefansson, j'avais déjà lu "D'ailleurs les poissons n'ont pas de pied", "Entre ciel et terre" et "Asta", et j'avais été subjuguée dès les premières pages par la beauté de son écriture. Avec "Ton absence n'est que ténèbres", il a encore dépassé mes attentes et signe là, selon moi, son meilleur roman (mais je n'ai pas encore lu son dernier paru début 2024). Il tisse ici les fils de plusieurs vies se déroulant de la fin du XIXème siècle jusqu'à nos jours, dans la région de Keflavik, dans ce fjord "qui ressemble à une étreinte". Sont convoqués les vivants et les morts (et il arrive que même les défunts sourient), dans une alternance entre présent et passé ("mais peut-être vit-on toutes les époques en même temps") ou par une suspension du temps que permet l'écriture : pendant que la voiture de Kari est à l'arrêt sur le pont, nous aurons exploré quelques dizaines d'années. Car Jon Kalman Steffanson nous donne à voir le travail d'écriture en train de se faire. Le narrateur, amnésique, ayant perdu toute trace de son identité, hormis le fait qu'il sait qu'il a aimé et qu'il a été aimé, noircit ses pages format A5 et écrit la mémoire des autres, celle de Gudridur et de Petrur, de Hafrun et Skuli, de Halldor et Palli leurs fils, celle d'Erikur, leur petit fils, d'Aldis, la citadine de Reikjavik tombée amoureuse de Haraldur, alors qu'il écoute Bob Dylan sur son tracteur. Parfois ce narrateur lève son stylo, alors l'horloge reprend son mouvement. Il doit faire face à un personnage - pasteur ou chauffeur de bus qui les emmène tous vers l'enfer ? - qui semble le retenir prisonnier jusqu'à ce qu'il termine sa tâche. "Ecrivez. Parce que la mort n'est qu'un simple synonyme de l'oubli." "Oubliez, c'est trahir la vie." Le grand thème de Stefansson est l'amour. Est-ce courage ou lâcheté que de se résoudre à son destin, peut-on suivre la boussole de son coeur et tromper pour être fidèle à l'amour ? Le roman est parsemé de titres et paroles de chansons, de "The Train Song" de Nick Cave, à "I'follow the sun" des Beatles, en passant par "Yesterday Is Here" de Tom Waits ou "Just Say I Love Him" de Nina Simone (une compilation, la playlist de la Camarde, est donnée en fin de volume). Les romans de Stefansson sont empreints de mélancolie, mélancolie qui est "notre souvenir des bonheurs disparus", dans ce paysage islandais où le ciel semble plus proche de la terre. "Même en plein soleil, nous abritons des vallées de ténèbres". Pour Stefansson, le paradoxe est constitutif de la vie; trouver la lumière exige de traverser l'obscurité, de la même façon que les étoiles ne sont visibles que dans la nuit noire. Mais son travail d'écriture terminé, le narrateur pourra enfin rejoindre la fête, annoncée dès le début du roman et donnée en l'honneur d'Elvis et de Palli. "La compilation de la Camarde est fin prête. Il ne nous reste plus qu'à vivre."

PS : j'aurais bien envie d'envoyer à Jon Kalman Steffanson un titre à ajouter à sa compilation de la Camarde : "What he wrote" de Laura Marling.

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Mon sous-marin jaune

Après "Ton absence n'est que ténèbres" qui m'a enthousiasmé, j'ai enchainé avec le dernier roman de Jon Kalman Stefansson. Si celui-ci n'atteint pas les sommets du précédent, j'ai encore eu beaucoup de plaisir à retrouver la prose magnifique et poétique de l'auteur. Ce roman a certainement une place à part dans l'oeuvre de l'écrivain, dans le sens où c'est celui qui contient le plus d'éléments autobiographiques. Alors que dans "Ton absence n'est que ténèbres", l'auteur avait recours à un narrateur amnésique en charge de mettre sur papier la mémoire des autres et que la perte de son identité propre était une condition nécessaire à son travail d'écrivain, ici, Jon Kalman Stefansson prend le contre-pied de cette position. C'est bien à partir de ses propres souvenirs qu'il construit "Mon sous-marin jaune". Mais il y mêle une fantaisie qui nous dit que les souvenirs se rapprochent aussi beaucoup des rêves, cette fantaisie qui s'accorde très bien à celle du film d'animation " de George Dunning "Yellow submarine" sorti en 1969, à l'esthétique psychédélique. Les Beatles se retrouvent ainsi dans un bus un été avec notre jeune narrateur, en partance pour les territoires du nord de l'Islande. Mais les collisions temporelles réuniront aussi le narrateur, âgé de soixante ans et Paul McCartney dans un parc londonien...avec une vieille Traban jaune. Cette fantaisie se retrouve aussi dans les titres des sous-chapitres (dont nous avons l'habitude dans tous les romans de Stefansson) qui ont souvent un effet comique. Cette fantaisie est inextricablement liée au deuil, à la douleur de l'absence (thèmes centraux de toute l'oeuvre de Stefansson), et à l'incommunicabilité avec le père. Jon Kalman Steffanson réussit donc à créer un roman lumineux, comme le jaune de son sous-marin, même si "la tristesse est cette braise en nos coeurs".



"Les chansons "Things We Said Today" et "Yellow Submarine", la seconde interprétée par Ringo Starr, étaient mes titres préférés des Beatles à la fin de l'année 1969 et au début de la suivante. Il est inutile d'expliquer pourquoi j'aimais tant le premier, mais il n'en va pas de même de "Yellow Submarine", que peu de gens considèrent comme un chef d'oeuvre. Ma mère a essayé de m'apprendre à le jouer à l'harmonica que sa soeur nous avait envoyé de l'étranger, en me disant que le texte parle de notre désir à la fois douloureux et puéril de trouver un havre de paix, un lieu où l'on est en sécurité, un univers parallèle où les contraintes et les mauvais coups du monde ne nous atteignent pas.

Puis elle est morte. Elle a sombré dans les ténèbres, s'est évanouie dans le silence, où elle s'est changée en douleur muette, devenant le sommet plus haut de l'Islande. Quelques mois plus tard, la vie et les profiteurs ont semé la discorde parmi les Beatles. Le groupe s'est séparé, dissous dans l'hostilité, le monde a commencé à se disloquer et l'être humain à se perdre."

"Nous vieillissons, notre passé prend toujours plus de place en nous, la vie se change en deuil de ceux qui sont partis, elle n'est plus que le souvenir des cimetières que chaque jour nous visitons- et la tristesse est cette braise en nos coeurs."

"La traban avance lentement. Nous sommes dans la seconde quinzaine d'octobre 1969. Elle est sur la route de Keflavik, et un long voyage l'attend. Elle va aussi vite qu'un chien mélancolique, pourtant elle finira par atteindre sa destination. Elle vogue, entêtée, à travers les années, à travers les décennies...

Elle est morte, je crains qu'elle ne soit partie, c'est la réalité. Il s'agrippait au volant parce que chacune de ces syllabes était aussi lourde qu'un sac de ciment."

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Ton absence n'est que ténèbres

Il y a des pépites d'or disséminées dans les pages de ce bouquin. J'en ai récupéré quelques-unes pour les mettre sous mon oreiller, elles disperseront leurs poussières nébuleuses dans mes songes.



L'air est poétique du côté des fjords islandais, le narrateur, amnésique, se réveille sur les bancs d'une église. Derrière lui, se trouve un étrange personnage, pasteur barbu, où chauffeur d'autocar, cet homme changera constamment de tee-shirt au gré des histoires racontées. Si au départ, on avance à tâtons dans le brouillard de cette narration, la brume va peu à peu se dissiper pour nous faire rentrer entièrement dans le récit.



À la manière des Parques qui s'amusent à emmêler, couper les fils du destin des hommes, Stefánsson nous décrit, nous imprègne de l'histoire d'une famille sur plusieurs générations. C'est un charivari de poésie, de musique, de désir, d'amour, et de lombrics, ce fameux poète aveugle de la glèbe.



Ce roman est de ceux qui donnent envie de recommencer sa vie des dizaines de fois pour ne rien avoir à regretter.
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Mon sous-marin jaune

Livre étrange et que j’ai eu beaucoup de mal à finir d’un grand écrivain islandais Jón Kalman Stefánson. C’est l’histoire d’un homme qui s’assoit dans un jardin public à côté de Paul McCartney qui va fêter ses 80 ans. Cet homme était autrefois, un petit garçon de 7 ans qui lisait l’ancien testament dont le Dieu lui apparaît cruel et colérique, un petit garçon qui était persuadé qu’il existait un autre grand livre de la Bible e avec un Dieu bon.

On navigue donc entre 1970 et 2022.

En 1970, en Isalande, le petit garçon a 6 ans. En 2022, à Londres, l’homme adulte âgé de 59 ans.

Pas facile à lire et à suivre.

Je retiens que ce roman donne envie de réécouter les Beatles.
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Mon sous-marin jaune

Plongée dans les méandres de l’âme humaine, ce livre une odyssée poétique, une exploration intime de l’existence à travers les yeux d’un narrateur qui se confond avec l’auteur lui-même. 🫧



Dans cette épopée littéraire, les frontières du temps et de l’espace s’effacent, laissant place à un voyage déconcertant entre passé et présent, entre l’Islande austère de l’enfance et le Londres brumeux de l’âge adulte. 🤿



Au cœur de ce périple, la rencontre improbable entre un écrivain en quête de rédemption et l’icône musicale légendaire, Paul McCartney. 🎶



Mais derrière cette apparente fantaisie se cache une méditation profonde sur la vie, la mort, la foi et la quête de sens. 🎵



À travers les yeux du narrateur, nous sommes témoins de son cheminement intérieur, de ses luttes avec les démons du passé et les mystères de l’existence. 😌



Stefansson nous entraîne dans un tourbillon d’émotions, jonglant habilement entre l’humour et la mélancolie, la folie et la sagesse. 🪽



Son écriture, aussi envoûtante qu’impétueuse, nous transporte au cœur même de l’âme humaine, là où se mêlent la lumière et l’ombre, la joie et la douleur. ☁️



À travers des personnages hauts en couleur et des situations aussi cocasses que touchantes, l’auteur nous offre un regard tendre et lucide sur la condition humaine, sur ses espoirs et ses désillusions, sur ses rêves brisés et ses amours perdus. 💫



Un roman qui ne laisse pas indifférent, qui nous fait rire autant qu’il nous émeut, qui nous surprend autant qu’il nous fait réfléchir. 🤔



C’est une œuvre d’une profondeur inouïe, d’une richesse insoupçonnée, qui résonne en nous bien après avoir refermé ses pages. 📑
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Entre ciel et terre

Excellent roman hors du commun, très émouvant.



Nous sommes dans les terres d'Islande, dans un village de pêcheurs au pied des montagnes hirsutes et à quelques pas de la mer glaciale. Ici, on cotoie la mort de près, on est reconnaissant de la vie qui semble si miraculeuse car tellement fragile. On médite sur le mystère de la vie et de la mort, sur le sens de notre existence, avec en toile de fond la dure vie de marin et la culture islandaise.



Une ode à la poésie, des mots profonds, une écriture poétique. Cette très belle écriture m'a beaucoup émue et me donne très envie de découvrir davantage l'oeuvre de Jon Stefansson.
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Mon sous-marin jaune

2022 Assis sur un banc à Londres, le narrateur découvre Paul McCartney à côté de lui. En cherchant comment l'aborder, il remonte le cours de ses souvenirs. Se superposent alors les années de son enfance où il essaie de comprendre le décès de sa mère en se plongeant dans la Bible, les étés avec sa belle-mère dans les Strandir où les éleveurs sont particulièrement taiseux et les premières années de l'âge adulte où il découvre le silence et la solitude de la lecture et de l'écriture.

Ce qui se dessine en filigrane dans ces souvenirs, c'est la relation du narrateur avec son père, toujours accompagné de Dieu et d'une bouteille de vodka, faite de silences accumulés sur une incompréhension originelle. Entre loufoque et nostalgie, ses réflexions métaphysiques amènent à porter un regard nouveau sur l'Ancien Testament auquel il ne peut que manquer le premier livre.

Par ce prisme du narrateur qui empile les époques et ses souvenirs, c'est aussi un roman sur les liens de famille et d'amitié, sur la genèse et la création littéraire, sur la musique et la poésie qui demeurent de l'enfance dans le regard de l'adulte.
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Mon sous-marin jaune





Je ne vais pas résumer ou raconter ce livre...

qui nous emporte dans les souvenirs de Jon, de Gilgamesh – «cette poésie écrite, datant de l'aube des temps, en Mésopotamie quand des poètes défunts m'ont apostrophé» - à Paul Celan,

souvenirs accompagnés d'une bande son des Beatles à Nick Cave,

dans l'Islande des Strandir ou de Keflavik,

au milieu des tombes d'un cimetière au bord de l'océan, ou dans le sous-sol d'une bibliothèque. Aussi parmi les vivants, de ceux qui «font du monde un lieu plus habitable», comme ces deux vieillards qui habitent au troisième étage de l'immeuble où Jon ne vit plus qu'avec son père,

ou son ami Örn, l'ami inoublié, que l'on avait déjà rencontré dans Asta quand il s'appelait Josef... toujours terminant sa vie dans l'océan.

Il y a aussi une camarade de classe dans l'immeuble où il habite, une petite fille «si belle que le ciel soupire chaque fois qu'elle sort de l'immeuble ...qui est si belle que le monde frissonne»,

ce monde du froid, l'Islande toujours recouvert «d'un manteau de neige si épais que le temps lui-même peine à la traverser.»

Le temps, parlons en du temps,

«Le temps s'est suspendu» pendant que Jon Kalmann Stefansson continue à se promener dans sa mémoire comme un Marcel Islandais qui remplace les madeleines ou le pavé disjoint de la cour des Guermantes par une tresse de cheveux de Guðmundur, ou la trabant de son père blanche et rouge...

et nous nous retrouvons avec Hamlet sur la terrasse du chateau

“The time is out of joint:–O cursed spite,

That ever I was born to set it right!–“

Le temps est disjoint, le temps est détraqué, les temps se chevauchent, se complètent, se pénètrent...

Les temps de cet islandais qui habite au bord du petit étang du centre de Reykavik,

des temps qu'il nous offre et qui deviennent comme nos souvenirs...

Hélas, le dernier mot arrive,

Il m'a rejoint, et … ne reste que le souvenir des nostalgies de Jon Kalman Stefansson que j'ignorais avoir en moi, .

Roman? si les souvenirs sont un roman, alors oui,

peu importe la catégorie éditoriale dans laquelle on le met...

S'Il faut absolument le classer quelque part, alors ce sera dans le rayon très peu fourni

des livres exceptionnels.





© Mermed 6 Avril 2024
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Ton absence n'est que ténèbres

Avec ce roman, Jón Kalman Stefánsson nous entraîne à l’ouest de l’Islande, dans un tourbillon de personnages. Une fresque familiale qui prend forme petit à petit …

. Alors que notre narrateur est frappé d’amnésie, ses rencontres lui permettent de retrouver, pièce après pièce, morceau par morceau, l’histoire de cette famille islandaise originale passionnée de littérature et de musique. On traverse l’histoire islandaise à la découverte de la vie insulaire dans les fermes, villages, landes … du nord ouest de l’île et de la péninsule de Snæfellsnes essentiellement. Des paysages superbes, fouettés par le vent et gelés par les glaces une bonne partie de l’année … mais que l’on a envie de découvrir en vrai (je n’ai pas pu m’empêcher de chercher tous ces lieux en photos !).

. J’ai dû m’accrocher pour arriver au bout de ce roman très dense mais ça en valait la peine. Le style lyrique de l’auteur m’a énormément plu. J’ai noté un grand nombre de citations !

. Sous forme de puzzle d’une saga familiale, sur plus d’un siècle, Jón Kalman Stefánsson dresse les superbes portraits de personnages attachants et hauts en couleurs. Ponctué de poésie, ce roman est empli de pensées qui donnent à réfléchir. J’en retiens tout particulièrement l’importance du point de vue adopté, le rôle du courage et de la lâcheté pour son destin, et surtout, surtout ! L’écoute de la voie du cœur (« La boussole du cœur » comme le disent certains personnages).

. Une amnésie donc, qui, au fil des pages, devient anamnèse et rappelle à tous l’importance du passé familial pour notre construction personnelle.
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Le cœur de l'homme

Si les précédents ouvrages de la trilogie présentent de nombreuses scènes et descriptions en lien avec la mer, le froid et les protagonistes. Ce dernier volume s'arrête beaucoup plus les personnes, la difficulté de la vite dans le pays, le froid... Le ton est plus philosophique et l'auteur décortique plus les sentiments, la personnalité et les relations entre les protagonistes.

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Ton absence n'est que ténèbres

Insaisissable et mystérieux. Le style d'écriture de cet auteur reste toujours inclassable pour moi, se situant quelque part entre la philosophie, la spiritualité et l'humanisme. Le genre de livre que je souhaiterais n'avoir jamais lu pour le découvrir à nouveau.



L'histoire commence avec cet homme amnésique qui ne sait plus qui il est et qui sera le narrateur principal de ce récit de 600 pages. Je me suis perdue dans les nombreux méandres de tous ces personnages et tous ces destins qui s'entrecroisent à différentes époques. Mais quel délicieux égarement! Qui est mort, qui est vivant? Ce n'est jamais tout à fait clair, mais ce n'est tellement pas grave parce que les réflexions sont profondes sur la vie et la mort, l'amour et la trahison.



J'adore l'ambiance que cet auteur arrive à créer, en m'emportant avec lui sur les chemins brumeux et froid de l'Islande, sans jamais vraiment savoir où on s'en va. Mais ce n'est tellement pas grave, je le suivrais n'importe où les yeux fermés, tant ses mots lumineux (la traduction est sublime!) m'éclairent dans les ténèbres de nos questions qui resteront toujours sans réponse. C'est le magnifique mystère de la vie dans toute sa splendeur. Éblouissant!
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Mon sous-marin jaune

C’est le deuxième roman que je lis de cet auteur dont je ressors époustouflée.



Comme le mentionne le 4ème de couverture, il s’agit d’un roman d’inspiration autobiographique.



L’histoire débute dans un parc de Londres en 2022 où un écrivain (notre narrateur) se retrouve non loin de Paul Mc Cartney. Mais pour savoir comment il est arrivé là, il faut remonter le temps jusqu’en 1969 quand il avait 6 ou 7ans environ, le jour où alors qu’il était assis à l’arrière de la Trabant, son père lui annonce froidement la mort de sa mère. Envahi par un sentiment de manque incompréhensible que son père autoritaire emmuré dans le silence et enclin à la boisson ne peut combler, le jeune garçon se met à lire la bible car elle peut, lui a-t-on dit, guérir toutes les blessures. Mais que peut-on comprendre à la Bible à cet âge ? Il voit dans les récits de l’Ancien Testament un Eternel cruel, injuste et colérique qu’il associe à son père, juste bon à vider des bouteilles de vodka en écoutant Johnny Cash.

Il trouve heureusement un peu de réconfort chez le vieux couple de l’étage du dessus mais à son retour de voyage ils ont quitté l’appartement.



Dans une narration aux multiples facettes reflétant parfaitement l’état d’esprit du jeune garçon, l’auteur nous emmène à bord de son sous-marin jaune, dans un monde imaginaire créé pour affronter la réalité et rompre la solitude. Un monde où les Beatles composent une chanson sur l’amitié dans un car en direction des Standir, où Ringo Star devient évêque de Holar, où le ventre des poissons délivrent des messages venus de l’Espace et où les morts sont ses seuls compagnons. Et puis il trouve refuge dans la littérature.



Ce voyage introspectif qui prend parfois des allures loufoques n’en est pas moins touchant par sa profondeur et sa poésie. Malgré l’omniprésence des défunts auxquelles ils donnent voix, ce roman est une ode à la vie et à la mémoire et nous rappelle combien la littérature peut être salvatrice et élargir notre vision du monde.



Un coup de cœur.

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Lumière d'été, puis vient la nuit

Jon Kalman Stefansson et ses chroniques poétiques islandaises nous offrent de nouveau un très beau roman. Évidemment, il faut apprécier et accrocher, car c’est un auteur qui, indéniablement, à son propre style, reconnaissable entre mille. Cette façon d’écrire diverge cependant de ses livres précédents, pêchue, avec une dose d’humour présente tout en se cachant pour ne pas prendre pas le pas sur la dimension sincère et tragique de la vie et de ses événements que cet auteur aime explorer.



Une kyrielle de personnages anime les pages, et une nouvelle fois, les femmes sont représentées à juste titre comme des femmes fortes et indépendantes. Philosophique, c’est un roman qui amène à se questionner sur ce qui se joue dans la société humaine et les relations, dans un écrin de mélancolie parfaitement à la taille de ce village que l’on parcourt tout au long de ces 300 pages, sans s’ennuyer.



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Mon sous-marin jaune

On est prié de vagabonder volontiers. Le dernier roman de Jon Kalman Stefansson dépasse parfois notre capacité. Mais quel souffle et quelle poésie dans cette abracadabrante aventure qui se fiche de la chronologie comme d'une guigne. Tout le contraire de l'air confiné d'un sous-marin, fût-il jaune. La couverture de ce livre, je ne vais pas y revenir. Elle est assez claire, limpide et délicieuse. Le titre qui s'y inscrit, ça y est, vous y êtes. Oui, on rencontre bel et bien les Beatles dans Mon sous-marin jaune. Et bien d'autres personnages autour du héros, tour à tour huit ans ou quatorze ou cinquante-neuf quand, devenu écrivain, dans un parc londonien, il rencontre Paul McCartney octogénaire (ça, ça fait toujours un peu mal). Il a envie de l'aborder mais il faut se préparer. Et que lui dire?



Une Trabant, tout un symbole, est de ce road mais aussi time movie septentrional. Le père du héros y transporte parfois Johnny Cash, parfois Simon et Garfunkel. Souvent aussi Dieu lui-même, dit l'Eternel, très copain avec Cash, lequel partage son goût pour le whisky. La Bible tient également un rôle important. On y voit que l'Eternel, assez versatile ne s'entend guère avec son fils Jésus. C'est le cas aussi pour notre héros qui, enfant puis ado, se querelle avec son père, veuf remarié.



Rassurez-vous amis de JKS, les fjords islandais, les cascades, les moutons et les si plaisantes conserveries de poissons n'ont pas déserté l'oeuvre du magique Islandais. Mêlant agréablement l'Ancien Testament, la bibliothèque et son sous-sol où il passe des heures, qu'il appelle d'ailleurs son sous-marin jaune, et des leçons de conduites aléatoires, notre héros, en recherche de je ne sais trop quoi, retrouve les Fab Four au fond d'un car bringuebalant, faisant fi de toute logique temporelle, dans une sorte de Magical Mystery Tour où Ringo Starr manque de perdre la tête au sens propre.



Point n'est besoin pour ce voyage au bout du Nord de connaître l'oeuvre intégrale des Beatles. Ca ne nuit pas cependant et ces quatre là ne sauraient de toute façon être nuisibles, bienfaiteurs qu'ils sont de l'humanité depuis soixante ans. Ce statut de bienfaiteur planétaire, c'est aussi pour moi celui de Jon Kalman Stefansson, qui n'a pas besoin du prix Nobel de littérature, même si je pense qu'il aura peut-être du mal à l'éviter.



Certes il ne fait pas toujours beau temps sur les landes islandaises. Il y souffle parfois des vents polaires et la pluie glaciale qui s'y abat est capable d'anéantir toute joie. Mais ce n'est pas si grave: Jésus rassemble des rayons de soleil, les change en sous-marin jaune et nous plongeons ensemble dans les profondeurs du lac de montagne qui nous offre refuge, amitié et joyeux poissons. Le sous-marin jaune vogue dans ce royaume de sécurité, d'amitié, tandis que la pluie de la réalité frappe le monde. Puis le temps se lève, le vent s'apaise, nous remontons à la surface, le sous-marin se change à nouveau en rayons de soleil qui éclaboussent l'herbe, l'herbe odorante, Jésus me sourit, heureux, il s'apprête à me dire quelque chose - mais voilà que, tout à coup, l'air s'assombrit.



Le ciel se fait ténèbres, un vent froid vient rider la surface du lac, et Jésus disparaît.
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Mon sous-marin jaune

L'auteur s'apprête à rencontrer son idole. Paul McCartney se trouve sur un banc à quelques mètres. Comment aller oser lui parler, l'aborder, et pour lui dire quoi ?

Comme face à une mort imminente avant la confrontation finale, le temps s'étire à l'infini, le présent mis sur pause, toute sa vie se met à défiler devant nos yeux.



Avec une poésie de chaque instant, l'auteur revient sur son enfance, avec en premier lieu la découverte inoubliable et fondatrice des Beatles, leur musique comme refuge autant que le sous-marin jaune de cette chanson plus commerciale, mais si chère à son cœur.



Le regard d'un enfant sur le monde régit par un dieu omniprésent, ses lectures de tarzan et puis de la Bible en y cherchant une certaine sagesse et peut-être des réponses : la possibilité de franchir la barrière de la mort pourquoi pas, et ainsi retrouver une mère partie trop tôt, un bouleversement éternel.



Parmi les champs de lave noir islandais, on y croise Proust, Lana Del Rey, les Beatles (dont l'inoubliable pape Ringo), Johnny Cash, la Trabant, Poutine, Rod Stewart, Dieu et son fils, et tant d'autres gens simples qui auront croisé sa route et dont il rend hommage avec l'imagination débordante d'un enfant de 6 ans.



Un livre qui parle de la vie et de la mort, du passé et du présent, de religion et de tant d'autres sujets tous plus passionnants les uns que les autres car évoqués avec une sagesse qui force le respect, un humour désopilant, une nostalgie touchante.

Bref, si vous ne le saviez pas déjà, Jon Kalman Stefanson est un auteur immense et le prouve à nouveau avec ce roman intimiste, mature et poétique.
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Ton absence n'est que ténèbres

De l’auteur Islandais, j’avais déjà eu l’occasion de lire Lumière d’été, puis vient la nuit, un roman qui se voulait plutôt comme un recueil de nouvelles ayant pour point commun un petit endroit isolé d’Islande. Stefanson récidive ici avec l’histoire d’un personnage égaré au sein des fjords. Son point de chute est un petit village où tout le monde se connait, et où tout le monde semble le reconnaître et apprécier son retour que rien ne semblait laisser présager. Lui n’a plus de mémoire, alors il tâche de la reconstruire, en écoutant les récits qui lui sont contés… à moins qu’il ne s’agisse d’histoires que lui même écrit, et qui se déroule peu à peu sous sa plume sans qu’il puisse la maitriser ? Petit à petit, sur plus d’un siècle, c’est l’histoire des habitants qui se révèle, leur choix heureux ou malheureux, parfois contraints, parfois les obligeant à renoncer à l’Amour avec un grand A. Car tout le roman tourne autour de cet amour contrarié par devoir ou nécessité, et la façon dont on finit par accepter son destin. Un roman lent, comme le sont souvent les œuvres des auteurs islandais, mais d’une grand poésie de mots, un moment de contemplation qui fait du bien.

Je remercie les éditions Folio pour leur confiance.

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Mon sous-marin jaune

Traduit de l’islandais par Éric Boury

Merci à lui



Après la lecture de « ton absence n’est que ténèbres », JK Stefansson nous replonge dans d’autres ténèbres. Celles d’un enfant de 7 ans dont la mort de sa mère lui est annoncée de façon maladroite, froide et sèche par son père dans la Trabant qui le ramène de Keflavik à Reykjavik.

Cette annonce sans émotions, sans douceur, restera comme une cicatrice à jamais fermée dans le déroulement de l’existence de ce petit garçon qui se tournera vers la Bible pour chercher des réponses à cette réalité insoutenable.



Mais l’auteur a plus d’un tour dans son écriture pour nous emmener par des chemins de traverse si nombreux et tous aussi farfelus, dans une longue balade où la poésie et la facétie tiennent une si grande place.



Chemin des chansons, ici celle des Beatles et plus précisément de Paul McCartney, celui de l’épopée de Gilgamesh, celui de l’ancien testament dont l’Eternel est souvent enivré sur la banquette arrière de la Trabant, celui de l’évangile où Jésus sera crucifié et se retrouve les pieds dans l’eau d’un ruisseau de montagne pour échapper à son père, riant aux éclats; celui des visites à Sessa et Mundi vieux couple accueillant , celui d’Örn le frère juré, celui des cimetières où bien des morts conversent avec le petit garçon perdu dans les Strandir (les fjords de l’Ouest)….



Texte complètement barré, déjanté, blasphématoire en diable mais tellement réjouissant malgré les ténèbres de la biographie de cet orphelin de mère qui se fabrique des mondes en dehors de la réalité.



Il y a un souffle immense dans cette narration, une profondeur philosophique sur ce que peut être la vie.



« La tristesse est une braise qui jamais ne déserte ton cœur ». Et « seul est sage celui qui console ».

Pour consoler cette tristesse rien de tel que la lecture de ce roman….
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Mon sous-marin jaune

« Mon sous-marin jaune », le nouvel opus d’un auteur à part, poète intransigeant devenu romancier poète, auteur de l’un des plus beaux romans de la littérature contemporaine, « Entre ciel et terre », donne libre cours à l’imagination débridée de Jón Kalman Stefánsson.



Ce roman, teinté de surréalisme, qui emprunte un mode d’écriture évoquant l’écriture automatique, chère à André Breton, semble se dérouler dans un parc londonien où le narrateur, 59 ans en 2022 comme l’auteur, aperçoit Paul McCartney. Il projette de lui offrir le plus ancien texte du monde, « L’Épopée de Gilgamesh », un long texte mésopotamien datant de plus quatre mille ans.



Si la présence concomitante du bassiste de Beatles et du narrateur dans un parc anglais en cet été 2022 est un motif récurrent du roman, il s’agit en réalité d’une diversion. « Mon sous-marin jaune », allusion transparente au célèbre « Yellow Submarine » est surtout une manière pour le narrateur de revenir sur une enfance islandaise austère et pieuse, marquée par le décès précoce de sa mère, un décès que, ni son père, ni lui-même, n’ont jamais réellement surmonté.



Dans un roman plein de joie et de tristesse, joyeusement foutraque, Stefánsson convoque le Dieu vengeur de l’ancien testament, tandis que son fils Jésus le miséricordieux se fait plus discret. Le Dieu de la Torah se révèle être un compagnon de beuverie du père du jeune héros, avec qui il chante des chansons de marins jusqu’à plus soif, en compagnie de Johnny Cash.



« Parfois, la vie est une baleine qu’on vient de capturer, mais - où diable est donc Johnny Cash ? »



L’auteur prend un malin plaisir à découper son roman faussement désorganisé en chapitres aux titres tout droit sortis de « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Il insuffle à intervalles réguliers, une forme de vent islandais fou, dans un roman qui mêle le sacré et le profane avec une maestria qui n’appartient qu’à l’auteur.



« Ces choses qui peuplent ma tête, tout ce qui fait que la vie se pare d’étrangeté dans la mort, et Ringo Starr est l’évêque de Hólar ».



J’ai songé en ouvrant ce livre, qu’il serait parsemé d’allusions pour « happy few », ces fins connaisseurs des Beatles qui glosent des nuits entières sur les qualités respectives de « Sergent Pepper » et de l’Album Blanc. Funeste Erreur ! Paul McCartney est bien présent tout au long de ce roman inclassable, et sans doute adulé par l’auteur lui-même. Le terrible assassinat de John Lennon par Mark Chapman représente la fin d’un monde, un monde où les Beatles pourraient se reformer, et les voix de John & Paul s’emmêler comme dans leurs plus belles chansons des sixties.



Et pourtant. « Mon sous-marin jaune » n’est pas un livre sur les Beatles, mais bien davantage une étrange farce métaphysique, où un jeune enfant déchiffrant l’Ancien Testament est horrifié par les horreurs indicibles qu’un Dieu sans pitié intime à Moïse de commettre en son nom. Et ce d’autant plus que l’Éternel a pris ses quartiers à l’arrière de l’inusable Trabant de son paternel, où il écluse des quantités titanesques de vodka en compagnie de Johnny Cash.



Le dernier roman de Stefánsson est en réalité un roman sur le questionnement profond et sans malice d’un enfant confronté à l’insondable violence des Écritures, qui ne comprend pas la colère irascible de l’Éternel et se reconnaît bien davantage dans la douceur du message du fils de Dieu, crucifié sur une croix à l’âge de trente-trois ans. Un enfant que sa belle-mère emmène dans les terres arides, sauvages, solitaires, du nord de l’Islande. Un lieu où il découvrira qu’il est en mesure de parler aux morts, que la frontière entre la vie et le trépas est plus ténue qu’on ne l’imagine...



« L’Éternel descend sur Terre, s’assoit dans la Trabant à côté de mon père, et quelqu’un verse des larmes de joie. »



Roman tout en digressions et en contretemps, « Mon sous-marin jaune » ne saurait se réduire à un roman loufoque, où son auteur laisse libre cours à son imagination débordante. Avec une forme de pudeur de clown triste, Stefánsson aborde des questions essentielles de notre bref passage sur cette terre. La mort précoce d’une mère aimante emportée par la maladie, l’alcoolisme d’un père qui sombre dans le chagrin, le regard innocent et empli d’une sagesse qui disparaîtra avec les années que porte un enfant de sept ans sur un monde devenu fou.



« ... et je deviens aussi triste que la commissure des lèvres de Ringo Starr »



Si le sens du tragique de l’existence s’invite dans ce roman foisonnant, il n’est justement jamais triste et recèle bien au contraire une vitalité joyeuse et bordélique. Une vitalité qui ressemble à la vie elle-même. Et c’est peut-être la véritable prouesse accomplie par l’auteur dans cet ouvrage qui ne ressemble à nul autre : nous restituer la grâce éphémère de cet improbable miracle que l’on nomme la vie.



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« Some kind of innocence is measured out in years

You don't know what it's like to listen to your fears



You can talk to me

You can talk to me

You can talk to me

If you're lonely, you can talk to me »



Hey Bulldog - The Beatles



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