Citations de Jonathan Coe (1354)
Je ne suis pas habituellement très enclin à lire des nouvelles, mais j'ai beaucoup aimé ces petits textes que j'ai dégusté comme des petits chocolats savoureux. On retrouve le style délicat de Coe (y a pas de contrepèterie).
Mention spéciale pour le texte où l'auteur raconte son obsession pour le film 'La vie privée de Sherlock Holmes", de Billy Wilder. Obsession qui le poursuit au fil des années et des développements technologiques.
La vie ne commence à avoir un sens qu’en admettant que parfois, souvent, toujours, deux idées absolument contradictoires peuvent être vraies en même temps.
Tout ce qui a abouti à toi était injuste. Donc, tu n’aurais pas dû naître.
Mais tout chez toi est absolument juste : il fallait que tu naisses.
Tu étais inévitable.
Comme elle a l’air sereine, dans son ignorance de bébé !
- Mais qu'a-t-il l'intention de faire avec toutes ces armes? Je veux dire, une fois qu'il aura remis l'Iran à sa place."
Mark poussa un rire exaspéré. "Henry! Quelle importance, ce qu'il a l'intention de faire? S'il commence à avoir l'air de penser qu'il peut agir contre notre gré, alors nous trouverons un prétexte pour l'attaquer et pour détruire son arsenal. Et puis nous nous remettrons à lui vendre des armes."
C'est là un défaut pathologique du sexe masculin. Nous n'avons aucune loyauté, aucun sens du foyer, aucun instinct qui nous pousserait à protéger le nid: tous ces réflexes naturels et sains qui sont inhérents aux femmes. On est des ratés. Un homme, c'est une femme ratée. C'est aussi simple que ça.
Une photo, finalement, c’est bien peu de chose. Elle ne peut capturer qu’un seul moment, sur des millions, de la vie d’une personne, ou de la vie d’une maison. Quant aux photos que j’ai sous les yeux, celles que je compte te décrire…, elles n’ont de valeur, je crois, que dans la mesure où elles corroborent ma mémoire défaillante.
J’en ai marre d’entendre dire que ma génération a perdu ses repères, qu’elle est matérialiste, qu’elle n’a plus de projet politique. Tu sais pourquoi on en est là ? C’est que vous nous avez élevés comme ça. C’est la faute de votre éducation si nous sommes des zombies consuméristes.
Vous avez bazardé toutes les autres valeurs, non ? Le christianisme, rien à foutre. La responsabilité collective, on voit où ça nous mène. Produire, fabriquer ? C’est bon pour les losers. Ouais, on n’a qu’à aller les chercher en Asie ; ils vont tout faire à notre place et on n’aura plus qu’à rester le cul devant la télé pour voir le monde partir en vrille, le tout sur grand écran et avec le HD, bien sûr.
Qu’est-ce qu’elle avait, ma génération ? Pourquoi mettait-elle si longtemps à grandir ? Pour nous, la petite enfance s’étirait jusque vers l’âge de vingt-cinq ans, et à quarante ans nous n’étions pas encore sortis de l’adolescence. Pourquoi mettions-nous si longtemps à assumer nos responsabilités personnelles – et à fortiori nos responsabilités familiales ?
"Ce recueil représente toute ma production de nouvelles au cours des quinze dernières années, ce qui relève un peu de la plaisanterie. (...) Car il ne m'est pas facile de faire court, justement. Ce qui m'attire, dans la fiction, c'est plutôt la complexité, le panorama, et chez moi, il est plus fréquent que des idées nées sous forme de nouvelles (...) prennent l'épaisseur d'un roman."
Jonathan Coe
« Il y a des moments où le hamburger correspond exactement à ce qu’on veut »
Pendant que j'étais là dans ma cabine, au sous-sol de ce restaurant de Sydney, en haut de l'escalier, à quelques dizaines de centimètres au-dessus de ma têtte, se trouvaient deux personnes qui -fussent-elles seules au monde par ailleurs- étaient au moins riches l'une de l'autre, unies par un lien d'une force et d'une intensité qui sautaient aux yeux. Voilà pourquoi je les enviais farouchement.
La vie de famille est toujours pleine de mystere .
Il n'est guère difficile de rester en contact avec les gens de nos jours, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Mais avec l'âge je crois qu'il y a des amitiés qui paraissent de plus en plus superflues. On se prend à se demander : A quoi bon, et c'est là qu'on arrête
S'il est rare de parvenir à éviter tous les tunnels de la vie, d'ordinaire quelque chose nous permet de retrouver la lumière. Celui que je traversais...disons qu'il était finalement plus long et plus noir que je ne l'aurais imaginé. Je m'aperçois aujourd'hui que je m'y suis fourvoyé pendant les trois quarts de mon existence. Mais ce qui compte, c'est que j'ai fini par m'en échapper.
Il y a des mois que je dis que nous devrions faire une émission sur Saddam Hussein et l'armement de l'Irak. Nous sommes dans la situation grotesque d'avoir passé les dernières années à lui vendre des armes, et maintenant nous faisons volte-face et nous l'appelons la Bête de Babylone parce qu'il s'est mis à les utiliser. On aurait dû y penser un peu plus tôt.
- Putain, Ben, il serait temps que tu grandisses un peu ! C'est pas parce que tu te bourres la gueule avec une fille dans une fête et que vous vous tripotez un peu... c'est pas pour autant que ça en fait ta... ta promise ou je ne sais quoi. On n'est pas dans un bouquin de Jane Austen."
Benjamin lui lança un regard mauvais. "On n'a pas dû lire les mêmes bouquins de Jane Austen. Je ne me souviens pas de ce genre de scène."
Travailler dur, savoir s'amuser, c'est le secret de la réussite.
Vous êtes la personnification vivante
de la fourberie narcissique
l’outrecuidance de vos perpétrations dépasse
le terminus du légitimement licite
j’abhorre et je déprécie votre lubricité présomptueuse
votre rouerie n’a consisté qu’à l’hypnotiser
par votre méticulosité et votre dilettantisme
vous n’êtes qu’un marasme syphilitique,
leucodermique, fébrile, pyrétique et fistulaire.
« Tu as vraiment une place spéciale dans mon cœur, tu sais », dit Cicely. Un petit bout de morve pendait de sa narine gauche, et il la regarda, béat d’admiration, l’enlever distraitement d’un gracieux mouvement de doigt avant de s’essuyer sur un mouchoir. Mon Dieu, il adorait jusqu’à sa façon de se curer le nez. Si à cet instant il avait eu le choix entre regarder Cicely se curer le nez et se faire lascivement sucer tour à tour par Brigitte Bardot et Julie Christie, il n’aurait pas hésité une seconde.
Claire regarda, fascinée, M. Plumb couper une large part de gâteau au café et aux noix et l’offrir à Barbara sur sa fourchette. Elle ouvrit la bouche et lentement, maladroitement, il fit franchir au gâteau la barrière des dents et le déposa sur sa langue impatiente. Elle avait les yeux fermés, langoureusement. Ce geste avait beau n’impliquer aucun contact physique réel, il exhalait une intimité torride. Ils auraient aussi bien pu faire l’amour à même la table.