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Critiques de Jonathan Hickman (457)
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Avengers Time Runs Out, tome 2

Cette fois on commence à entrevoir le bout du tunnel multiversel.



D’abord, un autre larron est entré dans la bagarre. Par expérience, on sait qu’il vaut mieux ne pas le sous-estimer : c’est le Dr. Fatalis. A nouveau acoquiné à l’Homme -Molécule, comme au bon vieux temps des Guerres Secrètes, il a sa propre approche pour stopper la chute du multivers.



Ensuite la Suicide Squad (pas la vraie hein, elle est chez DC) envoyée à l’autre bout du multivers pour claquer le supposé responsable de tout ce fourbi – Thor (sans son marteau puisqu’il est indigne depuis quelque temps) et Hyperion en tête – tombe en fait sur les Prêtres Noirs, donc l’une des forces les plus destructrice d’univers. Et on apprend enfin qui est à leur tête… un héros connu. Paf le pavé ! Je n’en dirai pas plus.



Et c’est aussi l’affrontement final entre les Illuminati restant et les Avengers de Cap America, ce dernier dévoré d’envie de vengeance presque au point de faire passer la fin de l’univers au second plan. Bataille physique et stratégique pleine de rebondissements où chaque camp sort un atout de sa manche chacun son tour. Mais à ce jeu on ne bat pas Red Richards, même s’il n’avait pas prévu l’arrivée des Casques Bleus : les Avengers de Solarr.

Pat à la fin ? Il serait temps de s’occuper du vrai problème non ?



Jonathan Hickman est quand même un scénariste un peu dingue. Penser un truc pareil est assez dément. Théoriquement, ce qui se passe là obligerait à arrêter tous les autres titres Marvel, mais j’imagine que le Grand Economiste est beaucoup plus puissant que Galactus en la matière.

La suite dans le tome qui suit.

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New Avengers, tome 1 : Tout meurt

C'est le choc des mondes. Le multivers Marvel est en train de faire une partie de billard trans-dimensionnelle et la boule blanche, c'est la Terre.

En fait, avec la description donnée dans ce collector ( numéros 1 à 6 du comics New Avengers à ne pas confondre avec The New Avengers - on s'y perd déjà un peu, non ? ) on serait plus proche de la théorie des dominos : un évènement non défini a supprimé une Terre quelque part dans l'enfilade des branes dans lesquelles se loge chaque univers. D'une manière totalement inconnue qui a cependant créé un vide entre les univers parallèles. Du coup, ces derniers ne sont plus du tout parallèles et se percutent avec force sur un point focal : la Terre, justement. Chaque collision détruit deux copies de la planète et créé plus de vide encore, accélérant par réaction en chaine, la destruction des autres doubles dans l'enfilade des univers. Nous - mais sommes nous bien localisés sur la Terre qui abrite les Vengeurs ? personne ne les a jamais croisé, ceci dit - sommes donc tous condamnés à périr très bientôt. La seule manière d'éviter cela serait de détruire l'autre monde avant qu'il ne percute le notre. Les Nouveaux Vengeurs vont devoir se salir les mains au-delà de ce qu'il est humainement permis d'imaginer car ce n'est pas une planète qu'ils vont devoir éliminer mais toutes celles qui apparaîtront à l'horizon de notre réalité locale, annonçant la catastrophe finale. La première fois, c'est un nouveau personnage - le Black Swan - qui se charge du sale boulot. Pour la seconde, ils utiliseront la puissance des gemmes de l'Infini pour repousser l'autre univers mais les joyaux seront détruits par le choc retour de cet acte. L'intrusion suivante - ainsi nomment-ils l'instant où les deux plans de réalités s'interpénètrent - se produit pile au moment où le dévoreur de monde de l'autre univers (Galactus pour les intimes) est en train de la déguster. Donc, encore une fois, il n'ont pas à faire quoi que ce soit. Pour la dernière présentée dans ce recueil, ils découvrent un monde mort, ravagé par les Mapmakers (les cartographes) - des pirates trans-dimensionnels qui siphonnent toutes les ressources d'un monde avant de prendre pieds sur le suivant - et ils n'ont pas trop de remord à effectuer l'éradication de ce monde-là avant qu'il n'explose le notre. Ce volume s'achève avant que ces héros n'aient à détruire "réellement" un monde habité et vivant. Reste le problème moral. Trois de ces nouveaux Vengeurs sont, disons, "assez souples" avec les valeurs morales : Iron Man, Submariner (le prince Namor) et le docteur Strange. Ils n'hésitent pas à se débarrasser de Captain América, un peu trop psycho-rigide pour faire face à ce type d'apocalypse.



Un dessin très correct ; un sens de la narration efficace et une excellente progression dans l'intensité dramatique, pas trop de castagne entre super-héros super-testostéronés, en fait le minimum syndical ; une logique dans la construction de l'histoire à laquelle j'ai bien adhéré ; une construction d'une nouvelle mythologie avec l'apparition des Black Swans, certainement en relation avec le livre de Nassim Nicholas Taleb, Le Cygne noir, La puissance de l'imprévisible, et même d'une écologie avec la création de nouveaux prédateurs qui englobe la théorie du multivers (un emprunt au feuilleton télé Sliders ?) ; Que du bon ! Je regrette seulement que ce bouquin ne regroupe pas aussi les numéros 7 et 8 du comics original ce qui me permettrait de faire la liaison avec les deux volumes de l'arc narratif Infinity.
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Fantastic Four, tome 1

• Fantastic Four (Hickman) – Omnibus Volume 1

• Jonathan Hickman (Scénario) & Collectif (Dessin)

• Panini Comics



Si je n’ai pas lu grand-chose sur les Fantastic Four, c’est une équipe qui m’intéresse et sur laquelle j’avais envie d’en découvrir un peu plus.

Aimant particulièrement Hickman et ce qu’il a proposé chez Marvel sur les Avengers ou sur les X-Men, il est presque normal que quand j’ai eu envie de lire du Fantastic Four, mon choix ce soit porté sur le run de cet auteur.

D’autant plus que ce run a vu le jour à une période où il y avait beaucoup de bonnes choses chez Marvel.



Ainsi, ce run commence pendant le Dark Reign, période post Secret Invasion où Norman Osbornn est à la tête du HAMMER (remplaçant du SHIELD). Red Richards alias Mister Fantastic, contrarié par l’issue des derniers évènements, se demande ce qu’il aurait pu faire de mieux. Existe-t-il des univers où les évènements se sont mieux déroulés suite à des décisions différentes ?

C’est là qu’il va créer « le pont », une machine permettant de voir comment se sont déroulés les évènements dans les autres univers, mais aussi par la suite de pouvoir rencontrer les Red Richards des autres univers.

Par la suite, Hickman ouvre la porte à de nombreuses intrigues, comme il aime le faire, Galactus, Fatalis, Namor, les Inhumains… il y en aura pour tous les goûts !

Et si pendants quelques chapitres j’ai ressenti un petit coup de moins bon dû au fait de la mise en place de ces différentes intrigues, je sais que c’est une habitude de l’auteur et que bien vite on repart sur du très bon en comprenant où l’auteur veux nous emmener.



Un run conséquent dont j’ai lu la première moitié avec plaisir avec ce gros pavé et dont j’ai hâte de lire la suite et fin.

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East of West, tome 3 : Il n'y a pas de

La paix n'est qu'un prélude à la guerre.

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Ce tome fait suite à East of West, tome 2 : Nous ne sommes qu'un (épisodes 6 à 10) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il contient les épisodes 11 à 15, initialement parus en 2013/2014, écrits par Jonathan Hickman, dessinées et encrés par Nick Dragotta, mis en couleurs par Frank Martin.



La paix n'est que le prélude à la guerre. Dans la maison de Mao, Xiaolian est assise en position du lotus en train de méditer. Des bribes de conversation lui parviennent : celles des conseillers qui doutent de la marche à suivre. Finalement sept jeunes femmes viennent la revêtir de son armure de cérémonie en lui demandant si elle est sûre de ne pas vouloir d'autres armes dans les compartiments secrets. Elle ne change pas d'avis, et rejoint deux gardes en armure, une fois prête pour prendre l'aéronef. Elle passe devant une foule amassée sur son chemin et elle les exhorte en indiquant qu'elle se rend à un sommet des chefs d'état pour confondre les menteurs, et que la guerre sera inéluctable si elle échoue dans sa mission. Dans la cité d'Armistice, Andrew Archibald Chamberlain fait le point avec lui-même. Il se dit qu'il est son pire ennemi. Il a envoyé Death pour qu'il trouve son épouse et la libère, lui révélant le lieu où elle se trouve. Elle est légitime dans sa volonté que les autres lui rendent des comptes, mais que ça va le forcer à prendre position par anticipation. Il demande à l'entité dans le coffret en bois posé devant lui sur son bureau si elle a un avis. La main de Death ou celle des élus, laquelle semble le plus divertissant ? Aurait-il oublié ce qu'il a esquivé ? Chamberlain estime que la créature a raison : ce ne sont pas les actions qui régissent le monde, mais les mots. L'influence : voilà une véritable arme.



De son côté, Bel Solomon est agité par un cauchemar. Un tentacule sort de sous son lit, s'insinue sous les draps, et s'introduit dans son corps par une orbite, tout en s'adressant à lui. Enfant, est-ce qu'il se souvenait de ses rêves ? Est-ce qu'il lui arrivait de se réveiller et de ne pas faire la différence entre le rêve et le monde réel ? Est-ce qu'il se souvient de ces jours ? Maintenant ses rêves appartiennent à la créature. Solomon se réveille en sursaut, convaincu d'avoir fait un cauchemar particulièrement vif. Mais une voix lui susurre à l'esprit, supposant qu'il pense que ce n'est pas réel, qu'il n'y a rien en train de ramper dans sa tête, lui demandant s'il pense vraiment lui avoir échappé. Bel prend le revolver sur sa table de chevet et le met contre sa tempe, menaçant de tirer, mais il n'en fait rien. Dans le royaume de la Nouvelle Orléans, John Freeman VIII est en communication avec son père : celui-ci lui demande de se conduire conformément à ses consignes, et d'emmener avec lui son frère Nine à la conférence des nations. Ce dernier entre dans la pièce particulièrement vindicatif et John finit par l'étendre par terre d'un coup poing. Un drone explose contre la façade d'une haute tour d'Armistice : la présidente Antonia LeVay ordonne à Doma Lux de tuer discrètement la famille des gamins qui ont détourné ce drone.



Le lecteur revient s'immerge dans ce récit de grande ampleur, mêlant un environnement de science-fiction à quelques codes du western, avec des manigances politiques à l'échelle des États-Unis, des éléments surnaturels comme les quatre cavaliers de l'Apocalypse et une prophétie mystérieuse dénommée le Message. Il se rend compte qu'il n'éprouve aucune difficulté à se replonger dans l'intrigue car les auteurs racontent un récit d'aventure, divertissant et haut en couleurs. Ça commence avec la très calme Xiaolian se préparant pour sa mission à la conférence des nations, avec des images inoubliables comme ces jeunes femmes s'affairant autour d'elle pour apposer les parties de son armure. Ça continue avec le tentacule qui se glisse dans le corps de Bel Solomon : le lecteur peut voir la souffrance ressentie par le dormeur, puis la folie dans son regard une fois réveillé. Impossible de résister au langage corporel particulièrement agressif de Nine, ni à l'unique coup de poing qui l'étend au sol. L'arrivée de la délégation de la Nation sans Fin en impose visuellement. L'intensité de la séance de domination qui ouvre l'épisode 2 prend également le lecteur par surprise, avec Doma Lux en dominatrice qui ne fait pas semblant, et monsieur Graves nu à ses pieds qui encaisse les humiliations et les coups. Par la suite, le lecteur assiste régulièrement à des séquences visuellement marquantes : un attentat à la bombe, une tête qui explose sous l'effet d'une balle d'un tir très éloigné, un duel à main nue acharné, l'évasion d'un site souterrain en déjouant l'attaque d'assassins. le scénariste a pensé son récit en termes visuels, et l'artiste y fait honneur avec une mise en scène et des plans de prise de vue très dynamiques.



Le lecteur prend donc grand plaisir au divertissement constitué par ces aventures, d'un acte terroriste, à un assassinat par un tireur d'élite à une distance impossible, en passant par des affrontements à main nue, ou avec des armes, de façon primaire, ou avec une stratégie longuement réfléchie. Il se rend compte que les différents fils narratifs lui reviennent facilement en mémoire. le scénariste met donc en scène une uchronie, livrant progressivement les points de divergence de l'Histoire par rapport à la réalité historique. Les sept nations ont décidé de la tenue d'un sommet à la demande Xiaolian : l'Union, la Confédération, le Royaume de la Nouvelle Orléans, la Nation sans Fin, la République du Texas, la République Populaire de l'Amérique. Chaque représentant, chef de nation ou plénipotentiaire, dispose d'une apparence spécifique avec une pointe d'exagération qui les rend aisément mémorable : les moustaches noires et la cravate texane du président Burkhart, le décolleté plongeant de la robe noire sur la silhouette filiforme de la présidente Antonia LeVay, mais aussi la peau blanche de l'albinos Doma Lux, les stetsons de la délégation de la république du Texas, l'armure rouge de Xiaolian, les augmentations cybernétiques des délégués de la Nation sans Fin, sans oublier l'allure du ranger Hurk, ou le costume blanc de Death. le scénariste fait avancer son intrigue de manière significative : la rencontre au sommet à bien lieu, une nation somme une autre de s'expliquer, un acte terroriste vient précipiter le déroulement des relations de politique extérieure. le lecteur se doutait de l'issue : il est impatient de savoir comment vont tourner les alliances, et quelle est la réalité des forces en présence. Hickman n'oublie pas de donner des motivations à chaque représentant, ainsi qu'assez de personnalité pour qu'ils ne soient pas interchangeables.



Deuxième fil narratif : Death continue la recherche de son fils Babylon. le lecteur avait laissé ce cavalier de l'Apocalypse dans une situation mortelle et il en voit le dénouement dans un tir de précision étourdissant, et une confrontation d'une violence qu'il n'imaginait pas au cours de laquelle Dragotta s'en donne à coeur joie pour donner à voir la force des coups portés, la vitesse de réaction, la furie des énergies déchaînées. Là encore, le lecteur en a pour beaucoup plus que son argent et la situation évolue de manière significative. Difficile de résister à cette démonstration de puissance de la part des deux duellistes, le coloriste venant compléter les cases dépourvues d'arrière-plan, avec un camaïeu dont le rouge s'intensifie au fur et à mesure. Selon toute vraisemblance, le scénariste avait anticipé le regroupement des épisodes en recueil : le dernier de celui-ci constitue une forme de récompense pour le lecteur qui en apprend plus sur le fils de Death, destiné à devenir la Bête de l'Apocalypse, mais décidant de prendre le nom de Babylon, et accompagné par une intelligence artificielle qu'il surnomme Ballon. le temps est venu pour eux de sortir de l'Antre (une base souterraine au plein coeur d'une vaste forêt), alors que des tueurs y pénètrent pour l'abattre. C'est un épisode de haut vol, tant sur le plan du suspense, de la stratégie et des capacités de Babylon & Ballon, des informations nouvelles quant à la réalité des enjeux, mais aussi de ce qui se passe réellement. le lecteur a le souffle coupé par la violence des attaques, et par ce qu'il découvre de la situation de l'individu destiné à devenir la Bête de l'Apocalypse.



Après les deux premiers tomes, le lecteur savait qu'il s'était lancé dans un récit ambitieux, de grande ampleur : une uchronie consistante avec une situation proche de basculer dans la guerre, une prophétie mêlant technologie de science-fiction et peut-être une composante surnaturelle, un historique allant se dévoiler progressivement, des antagonismes d'une intensité telle qu'ils ne peuvent se résoudre que dans des affrontements sans pitié. Il retrouve le divertissement de vol : une narration visuelle cinématique, inventive et bien complétée par la mise en couleurs. Il retrouve les fils narratifs intriqués : les sept nations en paix avec les unes avec les autres, mais une paix très fragile, la quête de Death pour retrouver son fils, l'objectif des trois autres cavaliers de l'Apocalypse, et l'enfant en question étant arrivé au stade de l'autonomie. Les auteurs parviennent à une narration parfaitement équilibrée entre ses différentes composantes : spectaculaire, intrigue politique, drame personnel, mystères. Un régal.
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Avengers Volume 2: The Last White Event

Ou on découvre que les bâtisseurs ont bâti, justement, un réseau de surveillance trans-dimensionnel. Ce dernier s'effondre sans qu'on sache vraiment pourquoi. Ce lien technologique entre les millions d'univers parallèles du Marvel Multivers disparaît, grignoté par une mystérieuse substance bleu. Par une coïncidence extraordinaire (et difficilement crédible) le dernier point nodal en état de fonctionner, et situé dans notre univers, le 616, remplit son rôle qui semble être de désigner un champion, un défenseur, en lui accordant une puissance telle qu'il (ou elle, ce qui détermine le choix n'est pas défini, mais là c'est "il") pourrait éradiquer la planète. L'argument développé étant que pour bien défendre quelque chose il faut être capable de la détruire. L'heureux, ou malheureux, élu se trouve être un adolescent discret et même complètement effacé. Curieusement, mais faut-il s'en étonner, il n'est prévenu en rien de ce qui lui arrive et, de plus, l'accusé de réception de cette force titanesque détruit son lycée (la seule partie marrante : qui n'a pas rêvé, au moins une fois, de rayer son lycée de la carte - j'ai bien écrit en 1974, une bd d'une cinquantaine de pages dans laquelle un monstre géant et borgne, sorti du vieux port, dévastait le lycée Thiers à Marseille). Les vengeurs, qui ont l'œil sur tout, découvrent le désastre et s'empressent d'aller constater les dégâts sur place. Là, au milieu d'une forme en étoile ("star brand" en anglais) ils font la découverte du seul survivant. À la suite d'incompréhensions nombreuses et mutuelles, ils livrent la bataille officielle de l'histoire. Un dieu du tonnerre et un dieu du soleil font partie de l'équipe des Vengeurs mais ils se prennent, malgré tout, une tannée mémorable ! Après quelques bonds au travers du système solaire (les personnages de NightMask et Manifold brouillent volontiers les cartes en transportant instantanément tout le monde d'un point à un autre) et quelques autres échanges de gnons, châtaignes et autres torgnoles d'une violence telle qu'ils donnent au qualificatif d'homérique la douce délicatesse d'un tendre euphémisme pour demoiselle de bonne famille, les deux principaux héros, se retrouvent, de leur plein gré, dans une geôle sidérale.



La dernière partie tombe un peu comme un cheveu dans la soupe en proposant le mélange sans rime ni raison (y en avait-il déjà dans le début du livre ?) d'une série d'hommages non déguisés à quelques films d'action des années 1970s : Opération Dragon, Jamais plus Jamais et Casino Royal (première mouture).



En résumé, dans cette suite d'Everythings Dies et d'Avengers World, le scénariste continue à diluer son histoire en accumulant les détails et on perd de vue le dessin d'ensemble. Les révélations sont plutôt fades. L'intérêt se perd progressivement dans les méandres de la narration, malheureusement.
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Infinity, tome 6

Infinity, un crossover cosmique pour le moins. Personnellement ce n'est pas forcément ce que je préfère (oui je pense à toi Green Lantern) mais là, sans faire de fioritures, je me suis globalement régalé.



Depuis le reboot massif (pratique éditoriale qui consiste à relancer une série au numéro 1) de Marvel Now, Jonathan Hickman est le grand architecte des séries Avengers et New Avengers. A ce titre il a complètement transformé l'équipe précédente. Si les fondamentaux que sont Thor, Captain America, Iron Man, Hulk et Hawkeye ont été conservés, des petits nouveaux ont fait leur apparition, tel que Hyperion, Captain Universe, Solar, Spider-Woman, Captain Marvel (qui est maintenant une femme) ou encore Starbrand, ainsi qu'Abyss et Ex Nihilo, deux extraterrestres, créés par la très ancienne race des Bâtisseurs. D'abord adversaires des Avengers (dans la série du même nom), ces derniers réussissent à les convaincre de renoncer à leur projet de changer les créatures vivantes de l'univers (oui ils voient grand) en êtres supérieurs, en anéantissant les mondes qu'ils considèrent sans intérêt et les rallient à leur cause. Néanmoins, les Bâtisseurs (qui sont à l'origine de tout ce qui vit dans l'univers) demeurent une menace.

Dans la série New Avengers les Illuminati (équipe composée de Docteur Strange, Namor, Black Swan, la Panthère Noire, Mister Fantastic, des Fantastic Four, Flèche Noire, roi des Inhumains, Fauve et Iron Man) découvrent que les différents univers parallèles entrent en collision, les uns avec les autres. Pour contrer ce phénomène, nommé "incursion", ils utilisent les puissants Joyaux de l'Infini, mais tous se brisent dans l'opération, sauf un qui disparaît. Dès lors, ils n'ont d'autres choix que de détruire de nombreux mondes, pour sauver le leur. C'est dans ce contexte difficile que débute Infinity, qui voit les Bâtisseurs lancer une offensive universelle contre l'ensemble des mondes habités, pour mener à bien la tâche qu'Abyss et Ex Nihilo n'ont pas pu achever.



Honnêtement, Infinity frappe un grand coup, même s'il s'appréciera mieux quand on a une bonne connaissance de l'univers Marvel. Parce que franchement c'était "the place to be". Véritable profusion de personnages (liés à la dimension cosmique), ils sont tous là, ou presque : Illuminati et Avengers donc, mais également les Inhumains, dont c'est le grand retour sur le devant de la scène (et on sent que Marvel parie sur eux pour les années à venir) ainsi que toutes les races extraterrestres du Marvelverse (Kree, Skrull, Shi'Ar, Broods), sans oublier Thanos et sa garde rapprochée, l'Obsidienne Noire. On a même droit à une ou deux cases ou nous pouvons apercevoir les Gardiens de la Galaxie. C'est d'ailleurs une des rares faiblesse de ce crossover, que d'avoir peut-être voulu caser trop de personnages, certains n'étant là que pour la photo, et ne jouant pas un grand rôle dans l'intrigue. Cette critique va immédiatement être tempérée par le fait que je n'ai pas lu les tie-in (épisodes complémentaires à l'arc principale) des séries régulières affectées, principalement celle des Avengers. Là encore profusion de tie-in, ce qui nécessite d'acheter beaucoup de mensuels. Certains diront que c'est du à l'ampleur recherchée de l'événement, d'autres que c'est une stratégie marketing (vous me direz, si la qualité est là...). Gageons qu'une jolie intégrale viendra rassembler et ordonner l'ensemble dans les mois à venir. Néanmoins, même si l'on sent bien, au niveau scénar, que des événements nous échappent sans la lecture des tie-in, cela ne nuit pas à la compréhension de l'ensemble, l'arc principale se concentrant sur les moments clef, les plus tragiques, les plus héroïques et on en prend plein les yeux. Dommage tout de même que, parmi les Avengers ce soit principalement Captain America et Thor qui tirent leur épingle du jeu et on a envie de demander à Hickman à quoi sert une équipe aussi élargie, si c'est pour que les trois-quarts de ses membres fassent de la figuration, ou presque (mais là encore, peut-être que dans les tie-in...) Niveau dessin c'est très maîtrisé, sans pour autant crier au génie, mais enfin rien à voir avec la qualité d'un For Ever Evil, actuellement en cours chez DC. Côté back-up (histoires de compléments, présentes au sein du mensuel principal) il n'y en a que deux. La première met en scène le Surfer d'Argent, très sympa au niveau dessin et couleurs, mais qui n'apporte pas grand chose à l'histoire (mais bon, qui dit cosmos, dit Surfer d'Argent, non ?) et la seconde, qui part d'une bonne idée (qu'est-ce qui se passe, côté super-souris de seconde zone, sur Terre, quand les super-chats sont tous occupés dans l'espace ?) mais dont la fin est bâclée et le dessin, surtout l'encrage, n'est vraiment pas terrible.



Pour autant, je ne boude pas mon plaisir. Pour moi le meilleur crossover Marvel depuis Civil War.



Note : 4,5/5
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East of West, tome 6 : Psaume pour les déchus

Les funérailles de l'homme libre

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Ce tome fait suite à East of West, tome 4 : A qui profite la guerre ? (épisodes 20 à 24) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome car il s'agit d'une histoire continue en dix tomes. Celui-ci regroupe les épisodes 25 à 29, initialement parus en 2016, écrits par Jonathan Hickman, dessinés et encrés par Nick Dragotta, avec une mise en couleurs assurée par Frank Martin.



Dans la ville-machine de la Nation sans Fin, Narsimah est en train de faire un cauchemar : l'esprit Nihnooteiht lui est apparu et le convoque car le temps est venu de payer. Le chef se réveille, enfourche sa moto volante et se précipite dans les territoires morts. Il trouve l'esprit et se retrouve par terre, mis à bas de sa moto. Il menace l'esprit avec un pistolet, lui rappelant qu'il y a des lois du peuple qui doivent être respectées. L'esprit tend le bras pour indiquer une direction : le chef se retourne et découvre que son neveu Sotuknang se tient devant lui. Celui-ci lui indique qu'il s'appelle dorénavant Wolf et que cette nuit il chasse les chefs. À la ville de Junction dans le désert, Mort entre dans le bar L'Atlas, et il salue Hunter le barman qui en laisse choir par terre le verre qu'il tenait dans les mains. Mort commande trois shots de Bleu. Hunter le sert et son client commence à les descendre d'une traite. Mort explique que le barman n'est pas quitte. Il lui fait la remarque que son bar a l'air d'aller mieux depuis la dernière fois. L'autre lui répond qu'il a été fermé à la suite de son passage précédent, qu'il a dû payer la remise en état de sa poche ce qui a quasiment vidé son compte en banque. Mort note qu'il y a pourtant des clients. Hunter lui répond que ce sont des mercenaires qu'il a payés pour le tuer.



Une dizaine de personnes se jettent sur Mort avec des couteaux et il s'en suit un terrible carnage. Le barman écarquille grand son œil et il prend le fusil qui se trouve sous le comptoir. Il monte dessus avec la ferme intention de tirer sur son client. Son beau costume blanc maculé de sang, Mort s'adresse à Hunter pour lui faire remarquer qu'un homme intelligent saurait quelle attitude adopter, la dizaine d'agresseurs étant à l'état de cadavre derrière lui. Hunter baisse la tête et laisse tomber son fusil. Mort lui explique qu'il est venu parce qu'il a besoin de ses services : il a besoin qu'il lui trouve quelqu'un. Hunter lui demande si alors ils seront quittes : la réponse est non. Dans la mer des os, Nihnooteiht est assis en tailleur et des corbeaux viennent à lui en nuée. Wolf fait remarquer à Narsimah qu'il lui faut rejeter les fausses voies et se conformer à ce qui s'impose à tous. Il ajoute qu'il souhaite accompagner le chef dans les prochaines étapes. Celui-ci se demande s'il n'est pas dérangé par le fait que l'esprit habite le corps de son père. Wolf répond qu'il était là quand ça s'est produit. Il explique pour quelle raison il est venu : il a reçu un message du prophète Ezra Orion, l'homme qui est devenu le Message. Il lui disait où retrouver son oncle, et qu'il lui fallait le convaincre car la chance de succès serait plus grande avec l'aide de Narsimah.



Le lecteur a pris le pli : il sait que le scénariste va passer d'un personnage à l'autre et qu'à certains passages plusieurs des principaux personnages se croiseront. Il a également bien assimilé que les actions de chaque faction concourent à rendre la guerre plus inéluctable. Au fil des épisodes, il retrouve donc Narsimah, le chef de la Nation sans Fin pas encore convaincu de l'engagement à prendre pour son peuple, Mort qui fait tout pour honorer la promesse qu'il a faite à sa femme, Andrew Archibald Chamberlain qui éduque progressivement Constance son agent spécial, le prophète Ezra Orion qui est parvenu à réunir les élus, les quatre chasseurs One-Eyed Wyatt, Ursula Mock, Billy Blackgun, Psaume 137 qui sont à la poursuite de Babylone & Ballon. Même si du temps a passé entre la lecture de deux tomes, le lecteur se remémore immédiatement qui est qui, quelle est son histoire personnelle, et quel est l'enjeu pour lui. Cette facilité de se souvenir provient pour partie de l'apparence unique de chaque personnage, sa tenue vestimentaire, sa façon de se tenir et de se comporter. L'artiste sait concevoir des apparences très marquantes qui ne reposent pas uniquement sur un détail. Même si Chamberlain et Salomon disposent chacun d'une belle moustache, il n'est pas possible de les confondre. Dans ce tome, le lecteur fait la connaissance de plusieurs nouveaux personnages, à nouveau chacun avec une apparence particulière. Il n'est pas près d'oublier le cyborg Psaume 137, et pas seulement pour son trouble dissociatif de la personnalité, mais aussi pour sa silhouette unique.



Arrivé à ce sixième tome, les fils narratifs sont déjà bien intriqués et s'appuient sur de nombreux événements. Pour autant, le lecteur n'éprouve pas la sensation d'être perdu. Il a gardé dans son esprit les deux fils principaux : les nations se préparent à la guerre, certaines par choix, d'autres par nécessité, et quelque part Babylon, le fils de Mort, est sorti de la prison où il était et il est lâché sur le monde. Le scénariste fait avancer ces deux intrigues de manière significative, contentant ainsi le lecteur qui apprécie le rythme. L'alternance de personnages entre les chapitres assure également une diversité qui fait que le lecteur n'a pas le temps de trouver une séquence trop longue et qu'il est content de retrouver un personnage qu'il n'a pas vu depuis plusieurs épisodes. Enfin le nombre de fils narratifs reste raisonnable : le lecteur n'est pas obligé de prendre des notes pour se souvenir de tout, le divertissement reste prépondérant. Comme dans les tomes précédents, il est régulièrement surpris par un rebondissement auquel il ne s'attendait pas, et par un visuel mémorable : Narsimah chevauchant sa moto à toute allure, Mort expédiant ses ennemis ad patres, l'œil animé d'une autonomie propre, la procession de fidèles en pèlerinage, Psaume 137 en train de réfléchir, ou encore Babylone à dos de phacochère. C'est tout l'art du dessinateur que de savoir faire exister ces moments et ces actions dans un univers visuellement cohérent.



Comme dans les tomes précédents, le surnaturel et le fantastique jouent un grand rôle dans l'histoire : la prédiction appelée Message, le prophète Ezra Orion et la créature Buer, l'existence des quatre cavaliers de l'Apocalypse, l'esprit Nihnooteiht. À nouveau, le lecteur a le choix de les prendre au premier degré et de les voir comme des personnages aux capacités extraordinaires, et aux motivations propres. Il peut aussi les considérer comme des allégories, par exemple de la puissance de la foi pour Orion, de la force des rites ancestraux pour l'esprit amérindien, ou encore du pouvoir du conte ou du mythe pour Psaume 137. En fait, ce dernier est l'incarnation même de ce principe : un individu qui a accepté de se laisser charcuter et transformer en robot, convaincu par un argumentaire faisant appel à la religion. D'une certaine manière, cette dimension fantastique vient compléter, voire renforcer le caractère irrationnel des nations et de leur meneur à vouloir la guerre, en dépit de la certitude absolu du prix à payer, même s'ils en sortent victorieux. Le texte prophétique du Message devient alors le destin, c’est-à-dire l'expression des invariants de la nature humaine, à commencer par ce goût de la confrontation.



Pour autant, cette histoire ne se lit pas comme un traité de métaphysique. Elle se lit au premier degré comme une histoire de science-fiction post apocalyptique avec des sociétés qui se sont reconstruites, des technologies d'anticipation extraordinaires, des armes inédites et une touche de transhumanisme pour la Nation sans Fin. Conformément aux conventions des comics américains, il y a une scène d'action par épisodes, à chaque fois très spectaculaire, avec une violence qui fait frémir. Dragotta sait très bien mettre en scène cette violence : dans un dessin en pleine page sur fond rouge éclatant avec une énorme onomatopée pour le bruit du coup de feu, de manière plus encombrée avec un peu de recul pour montrer un groupe se ruer sur une victime, parfois en ombre chinoise quand un chasseur est éventré par les défenses du phacochère, ou même parfois hors cadre avec seulement les cadavres à la fin de la séquence. Dans le même temps, Hickman a conservé la structure très particulière des épisodes avec une scène introductive commençant par une page blanche avec une citation d'un dialogue, puis une autre page blanche avec une autre citation extraite d'un dialogue pour la partie principale de l'épisode. Le lecteur considère alors ces citations et constate qu'elles peuvent s'apparenter à des considérations philosophiques, des remarques sarcastiques sur le comportement humain, ou une prise de recul sur ce qui va se dérouler. Ainsi le scénariste attire l'attention sur la manipulation d'une foule constituée de croyants, ce qui s'apparente à la génération spontanée de fidèles, le prix à payer pour les élus, l'inéluctabilité de la violence, la liberté toute relative de l'être humain, la nécessité de savoir reconnaître quand fuir lorsqu'on ne peut rien aux événements, le fait que le futur finit toujours par tuer les êtres humains puisqu'ils sont mortels.



Ce tome confirme l'excellence de cette série que ce soit pour la narration visuelle, ou pour l'intrigue. Le dessinateur a créé un futur mémorable, des personnages marquants. Il crée des prises de vue parlantes, racontant l'histoire de manière fluide. Le scénariste parvient à entremêler plusieurs fils narratifs sans jamais perdre son lecteur, tirant partie de la dynamique générée par l'alternance entre les personnages principaux d'un épisode à l'autre. Le lecteur a bien compris que le conflit généralisé aura lieu, et il est impatient de découvrir comment s'en tirera et se comportera chaque faction, chaque chef. Il est encore plus fasciné par les forces en place qui s'incarnent dans des personnages surnaturels comme Mort ou son fils.
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X-Men, tome 3

Nouvelle génération d'ennemis

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Même s'il est numéroté 3, ce tome fait suite à X of Swords (2021) qui contient les épisodes 12 à 15 de la série. Celui-ci regroupe les épisodes 16 à 20, initialement parus en 2021, écrits par Jonathan Hickman. Phil Noto a dessiné et encré l'épisode 16. L'épisode 17 a été dessiné par Brett Booth et encré par Adelso Corona. Les épisodes 18 & 19 ont été dessinés et encrés par Mahmud Asrar. L'épisode 20 a été dessiné et encré par Francesco Mobili. La mise en couleurs a été réalisée par Phil Noto pour l'épisode 16, Sunny Gho pour les épisodes 17 à 20. Les couvertures ont été réalisées par Leinil Francis Yu. Le tome contient également les couvertures variantes réalisées par Iban Coello, David Finch, Ernanda Souza, Peach Momoko, Jen Bartel, Mike del Mundo (magnifique portrait de Mystique).



Cable (Nathan Summers), Prestige (Rachel Summers) et Cyclops (Scott Summers) contemplent l'île Krakoa repousser gentiment l'île Arakko : le temps est venu pour cette seconde d'inverser son portail externe pour ramener l'intégralité de son territoire. Le portail entre en activité, les trois mutants se cachent les yeux devant l'intensité de l'éclat lumineux et quand ils peuvent à nouveau regarder ils constatent la présence de la masse imposante d'Arakko, maintenant complète. Mais voilà que la jonction entre les deux îles ne s'opère pas. Cable formule la situation de manière explicite : il n'y a pas de sentiment amoureux entre ces deux îles.



D'un côté, le lecteur peut éprouver une forme de frustration : pour le troisième tome consécutif, le scénariste papillonne d'une histoire courte à une autre, plutôt que de passer à la phase suivante, en mettant à profit toutes les amorces constituant autant de promesses dans Power of X / House of X. D'un autre côté, ça repose un peu après Sword of X qui compte 23 épisodes répartis sur 9 séries différentes et quelques numéros spéciaux. Tout ne se passe donc pas comme prévu entre Krakoa et Arakko, deux mutantes à la forme particulière, alors que tout semblait devoir les réunir. Comme à son habitude, Hickman sait mettre à profit des éléments déjà présents dans la mythologie des X-Men en les développant dans une direction originale, ou en y ajoutant des ingrédients inattendus. C'est tout naturellement que Douglas Ramsey joue un rôle de premier plan dans ce récit, pour pouvoir interpréter les dires de Krakoa. Le lecteur de longue date sourit en voyant Krakoa prendre Doug dans sa main comme s'il allait fusionner avec lui, à l'instar de ce que pouvaient faire Warlock et lui dans les New Mutants. La suite de cet épisode constitue une ouverture dans la ligne directe de la série X-Men : coexister avec une autre race pas forcément commode, et le risque d'une autre forme d'agression, mais aussi de discrimination, installant une nouvelle ramification prête à l'emploi pour de futurs scénaristes. Cet épisode bénéficie de dessins propres sur eux, avec une belle complémentarité avec la mise en couleurs et les traits encrés, du fait que l'ensemble est réalisé par le même artiste. Le scénariste ne l'a pas gâté à toutes les pages, puisqu'il se retrouve à dessiner beaucoup de têtes en train de parler, sans action. Noto finit par opter pour une disposition en gaufrier de 3 rangées de 3 cases pour 4 pages de têtes en train de parler, la variété venant avec l'alternance des interlocuteurs.



Alors que le commerce intergalactique faisait progresser la paix siècle après siècle, ce progrès semble en passe d'être réduit à néant car la monnaie d'échange galactique s'écroule, et les empires s'effondrent dans son sillage. Les principaux empires sont pris dans la tourmente : Shi'ar, Brood, Kree, Skrull, Wraith, Kymellia. Pour ajouter aux troubles, la majestrix Xandra Neramani a été enlevée par une faction non identifiée. Deathbird (Cal'syee Neramani) décide de requérir l'aide des X-Men. Elle ne s'attendait pas à ce qu'ils soient en capacité de se téléporter dans l'instant. Grâce au portail de Krakoa, Cyclops (Scott Summers), Marvel Girl (Jena Grey) et Storm (Ororo Munroe) débarquent sur Chandilar, la planète trône de l'empire Shi'ar. Ils sont accueillis par Smasher (Izzy Kane). Marvel Girl demande à voir le personnel du palais pour qu'elle puisse faire une repasse de détection par télépathie, même si Oracle de la garde impériale s'est déjà livrée à l'exercice.



Avec cet épisode, Jonathan Hickman reprend une intrigue qu'il avait laissée en jachère dans un précédent épisode. Il y ajoute la présence de Smasher, Sunspot et Cannonball, personnages présents dans les épisodes de la série New Mutants qu'il avait écrits, et déjà présents de manière épisodiques dans la saison des Avengers écrite de sa main. Il s'agit donc d'une mission de sauvetage menée tambour battant avec un déroulé basique : les X-Men identifient les ravisseurs, se rendent dans sa base et foncent dans le tas. En face, un rebelle qui souhaite se venger des morts causées par l'empire Shi'ar, donc une motivation plutôt légitime, même si la méthode laisse à désirer. Le lecteur voit revenir un artiste des années 1990 : Brett Booth. Il dessine avec encore une influence visible de ces années-là, évoquant Marc Silvestri, avec une petite touche de Walt Simonson du fait des costumes de Jean & Scott datant des premières années de X-Factor. Il a une dizaine de pages de combat à mettre en scène, ce qu'il fait avec fougue, se reposant sur le coloriste pour rajouter des effets spéciaux afin d'apporter les éclats d'énergie et de remplir les fonds de case avec des camaïeux pour masquer l'absence de décors. Un épisode énergétique, moins consistant que le premier en termes d'intrigue.



Retour en Amérique du Sud dans le Caveau : Wolverine (Laura Kinney), Darwin (Armando Muñoz) et Synch (Everett Thomas) ont pénétré dans la place forte. Leur mission : en apprendre plus sur les enfants du Caveau, et la menace potentielle qu'ils représentent. Le trio a bien conscience que l'écoulement du temps dans le Caveau est déphasé par rapport à celui du monde réel, passant plus vite à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ils savent aussi que les autochtones disposent tous de pouvoir, ne sont pas des mutants et ne vont pas les accueillir chaleureusement, d'autant qu'ils effectuent une mission d'espionnage.



Les enfants du Caveau ont été créés en 2006, par Mike Carey et Chris Bachalo dans le numéro 188 de la seconde série X-Men. Il s'agit d'une idée originale, inventive comme purent l'être celles de Grant Morrison. Cette communauté n'est réapparue qu'une seule fois par la suite, car il s'agit d'un concept ambitieux pas facile à manier. Hickman s'en est souvenu, et raconte une mission périlleuse pour trois mutants afin de recueillir des informations sur ces ennemis potentiels. En cours de route, il explique la composition de l'équipe, fort bien trouvée, reposant sur le principe osé et décrié de résurrection maîtrisée sur l'île de Krakoa. Il joue avec l'écoulement du temps en utilisant à la lettre le concept imaginé par Carey, du grand art, pour un récit claustrophobe, haletant, imprévisible, conte un ennemi au départ peu efficace, capable d'apprendre et mettant à profit sa montée en compétence. Les dessins sont sympathiques et compétents. L'artiste maîtrise à merveille l'art de l'économie, sans jamais que ses pages ne paraissent vides ou bâclées, avec une utilisation peut-être un peu trop régulière des cases de la largeur de la page. Au fil des années qui passent, un lien affectif se tisse entre les trois mutants, de manière discrète et subtile, apportant une charge émotionnelle dramatique, très touchante.



Mystique (Raven Darkholme) va trouver Forge dans son atelier pour lui demander une arme puissante. Il donne son avis sur ce qu'elle recherche réellement et finit par décider de l'arme qu'il va concevoir pour elle, et construire. Une fois cette arme entre les mains, elle va trouver Magneto et Professeur X pour clarifier les paramètres de sa mission. Elle explique que l'arme en question va créer un minuscule trou noir lui permettant de détruire la forge spatiale d'Orchis. En échange de quoi, ses deux interlocuteurs devront tenir leur promesse et faire passer Irene Adler en tête de liste des personnes à ressusciter. Xavier admet qu'ils ont peut-être péchés par méfiance en lui donnant des ordres trop précis, alors qu'ils auraient dû faire confiance à ses compétences.



Le scénariste reprend un autre de ses fils d'intrigue laissé en jachère, ou plutôt deux : l'idée fixe de Mystique de ressusciter son amante, la menace d'Orchis avec la création d'une sentinelle ultime de type Nimrod. Pour cette dernière, il reprend le concept imaginé en 1985 par Chris Claremont, et illustré par John Romita junior. Il réalise à nouveau une intrigue dans le genre de la science-fiction, avec une mission de type impossible, et une agente très spéciale. Les dessins sont un peu moins agréables à l'œil que ceux d'Asrar, mais avec un niveau de détails plus élevés. La mission est haletante, avec un enjeu émotionnel fort côté Mystique, mais aussi du côté des ennemis, et Nimrod réserve une grosse surprise dans l'utilisation de ses capacités technologiques. Le lecteur dévore l'épisode d'une traite, assistant à ce qu'il est venu chercher : la naissance d'un ennemi redoutable, dans un thriller tendu, avec des personnages générant des réactions émotionnelles en lui.



Décidément, la série X-Men écrite par Jonathan Hickman n'aura pas été celle attendue. Il raconte quatre missions inventives mettant à profit la riche mythologie des titres X-Men, sans en devenir abscons, avec une solide fibre imaginative de science-fiction, des personnages différenciés, chacun avec leurs motivations et leurs émotions. Il bénéficie d'équipes artistiques bonnes, voire excellentes pour Phil Noto et Mahmud Asrar. Lorsqu'il découvre la dernière page de l'épisode 20, le lecteur prend conscience que le scénariste a bel et bien tenu les promesses implicites dans House of X, mais sous une forme semblant dispersée.
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Infinity, tome 1

Vraiment pas le meilleur event. On est bien loin de House of M ou Civil War. Tout est brouillon et va beaucoup trop vite pour que cela soit crédible. Les 6 chapitres se laissent lire mais ne sont clairement pas indispensables. Le seul intérêt de cet event étant la destruction de la cité des Inhumains, Attilan et les répercussions que va apporter le nuage de brume teratogène pour la suite. (A savoir beaucoup moins de mitant et beaucoup plus d'inhumains).



A lire si vous souhaitez en savoir plus sur les Inhumains, mais pas primordial, loin de là.
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Black Monday Murders, tome 1

"L'histoire de Wall Street s'écrit en lettres de sang. Le sacrifice humain en est la pierre angulaire". Black Monday fait référence au krach boursier de 1987. Black Monday ou Black Moon - le Lundi Noir devient le jour ou la nuit de la Lune Noire. Hickman, cet adepte de pseudo-science, de superstition (ici l'astrologie et l'économie sont soeurs) nous convie dans le Royaume de l'Invisible. L'occultisme, la magie du sang, la démonologie sont invoquées afin de nous présenter les arcanes du pouvoir, de l'argent, de l'économie. L'argent est un dieu et le dieu qu'on adore nous dévore. La crise économique annonce la mort, le meurtre, l'Apocalypse ou du moins, un massacre. Hickman abolit les frontières entre mensonge et vérité afin d'imposer sa propre loi, ses propres règles. Une documentation pointue vient étayer l'argument de la fiction mais l'auteur choisit de nous faire lire ou de ne pas nous faire lire certaines informations, comme si certaines informations étaient censurées, mettant en évidence tout le reste, tout ce qui n'est pas caché. L'invisible et l'illisible s'allient et les signes indéchiffrables d'une langue occulte demeurent inaccessibles afin de faire tourner les pages pour tenter de deviner ce qui se trame dans ces pages. Nous suivons les traces de pas de l'inspecteur Dumas, l'amateur de vaudou, afin de comprendre pourquoi les hommes et les femmes sont littéralement possédés tels des zombis par l'argent et par le pouvoir.



PS : les illustrations de Tomm Coker sont terribles !
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Avengers Marvel now, tome 3

Rien à faire. Pour l’instant je n’arrive pas à être chaviré par cette série (désolé Pavlik :( ).



Pour rappel, il s’agit de la série appartenant à l’ensemble Marvel Now, dont ce qu’il y a de plus récent à ma connaissance. Elle est très cosmique dans ses enjeux et a donc apriori tout pour me plaire mais j’ai toujours du mal.



Après trois volumes et 17 épisodes, on est encore dans la préparation au cataclysme annoncé : Infinity. Les éléments disparates ne se rejoignent pas encore même si, enfin, un « signal » vient d’être envoyé à ceux que j’imagine être les fameux « Bâtisseurs » au grand dam de nos héros.



Je sais que je manque de recul et de connaissance sur les quinze dernières années Marvel. Qu’est-ce qu’un « Terminus » ? Pourquoi la Terre Sauvage n’est-elle plus protégée par Ka-Zar ? Qu’est-ce que le S.W.O.R.D. ? Cela nuit à ma compréhension et à créer une empathie avec les personnages. Je n’arrive par exemple pas à accrocher à cet Hypérion qui me paraît photocopié sur Superman. Pourtant Hickman fait un effort en le mettant en avant ici, avec Thor, transformant les deux guerriers surpuissants (enfin, surpuissants dans le contexte des années 1970, ici, ils ont quelques niveaux de retard dans le jeu du trône de puissance) en éminents philosophes.



Seul Spider-man maintient un niveau d’humour qui était plus présent dans le volume 2. Et cependant j’ai du mal à le caser parmi les Avengers. Il n’a jamais (enfin de mon temps, hou ! vite, ma canne !) été un homme d’équipe. C’est un héros de cités, comme Daredevil. Qu’est-ce qu’il fait dans ce micmac multiversel ? Il ne représente pas une force morale indestructible comme Captain America. Il se contente de faire des mots. Non, décidément…



J’ai lu le titre rapidement sans trop éprouver d’émotions tout en espérant en éprouver. Je sens bien que cette intrigue cosmique et complexe doit valoir son pesant de galaxies. J’espère m’éclater quand on entrera dans le vif du sujet.

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Avengers Marvel Now, tome 2

J’avais décidé de ne pas poursuivre cette série dont le premier tome m’avait déçu. Mais Pavlik m’ayant convaincu d’aborder le récit Infinity il faut bien que j’en passe par les épisodes précédents.



Cet opus m’a un peu plus fait plaisir. Je reste convaincu de manquer des références nécessaires pour suivre toute l’histoire (qu’est-ce que ce Superflux ? que sont ces Instants Blancs ? d’où sort Captain Universe ?) et j’ai encore du mal à suivre les dialogues sans détenir le contexte, mais j’y ai trouvé plus de positif.



La première partie reste dans le registre cosmique : les héros les plus puissants sont présents ; désormais Thor n’est plus qu’un soldat de niveau moyen ; les ennemis sont d’un calibre Galactusien ou peu s’en faut. Surtout, l’humain lambda n’est plus que de la cher à cramer. C’est sombre, violent. Les crânes émergeant de la catastrophe de l’Université, on n’est plus dans les comics de papa (le mien en fait). Mais certaines mises en scènes sont remarquables, comme celle de la création de Starbrand qui n’était qu’un étudiant transparent. Sa transparence est montrée dans quelques scénettes sur lesquelles il est présent sans qu’on le remarque, mais sur lesquelles on revient après coup.



C’est cependant la dernière partie qui m’a plu le plus. Elle met en scène des héros de niveau moyen aux caractères trempés mais divers - une Veuve Noire psychopathe, une Captain Marvel leader et vamp, d’anciens Nouveaux X-Men délurés – en mission d’infiltration chez l’A.I.M. Le ton d’humour de second degré est très plaisant. Il y a des morts, mais plus dans un esprit Quentin Tarantino. Les réparties font mouche. Les gars de l’A.I.M. ressemblent à des écoliers maladroits. Bref c’est marrant. Et le retour de Shang-Chi, que je n’avais pas vu depuis bien longtemps, sous une apparence très Bruce Lee ne gâte rien.



Reste que pour l'instant on ne voit pas très bien où tout ces éléments disparates vont nous mener, mais c’est meilleur que ce que je craignais.



Je vous conseille de lire aussi la critique presse de ComicsMarvel, disponible sur cette page Babelio, avec laquelle je partage de nombreuses vues.

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Infinity, tome 1

On se perd un peu dans ce volume où se mélangent au moins deux fils narratifs très distincts mais qui semblent synchronisés. Ils mettent en jeu un très grand nombre de nouveaux personnages : les illuminati d'un coté, les Builders et leur servants de l'autre. du moins, c'est l'impression que j'en garde. Le lien principal avec le Marvel Universe semble être Thanos. Cependant, je ne suis pas arrivé à situer clairement cette histoire dans la saga personnelle du personnage et ce ne sont pas les pages de l'encyclopédie Marvel qui m'aideront à mettre de l'ordre dans tout ça.... Ceci dit, les dessins sont éblouissants. de ce coté-là c'est une grande réussite.
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Avengers 2013 015 Cover Librairie

Ce numéro 15 du mensuel Avengers fait suite au crossover Infinity. Il présente une double numérotation, puisqu'il est également le numéro 1 du reboot All New Marvel Now. Pour fêter ça Marvel publie une version alternative présentant une magnifique couverture d'Alex Ross (franchement, y-a-t-il meilleur cover artist qu'Alex Ross ?). Un nouveau reboot donc, à peine plus d'un an après Marvel Now. Cette pratique, consistant à redémarrer une série au numéro 1, se fait de plus en plus fréquente, ce qui, avant de présenter un quelconque intérêt artistique, est d'abord une pratique commerciale cherchant à attirer de nouveaux lecteurs, en ces temps où l'historique format kiosque aurait surtout tendance à se prendre de spectaculaires coups de pied au cul, en terme de vente. Mais l'exercice est délicat car il s'agit de conserver les fans de la première heure tout en permettant aux nouveaux de prendre le train en marche.



Cette nouvelle mouture nous présente deux épisodes des Avengers, une nouvelle série baptisée Avengers World, les New Avengers, axés sur les Illuminati et, pour finir, Secret Avengers. Hickman, grand architecte des Avengers, depuis Marvel Now, semble, en effet, avoir beaucoup de choses à dire. Le premier épisode (Rogue Planet) est plutôt réussi, tant au niveau des dessins que du scénario. Tony Stark reçoit la visite d'une lointaine descendante qui, tout en aidant les Avengers à contrer une imminente menace mortelle, explique à son ascendant que les problèmes d'aujourd'hui peuvent constituer les solutions de demain. Agréable à lire, Rogue Planet peut effectivement constituer un nouveau départ. En ce qui concerne Avengers World, pas de soucis de ce côté là puisque la série démarre ici. Très réussie également, l'AIM est l'ennemie à abattre dans une histoire qui part un peu dans tous les sens au niveau des dangers imminents, mobilisant de nombreux personnage (ça tombe bien, les Avengers nouvelle génération ne connaissent pas la crise et ont largement recruté). A la limite, on a presque l'impression d'avoir à faire à un nouveau crossover. Le second épisode des Avengers (une histoire indépendante de la première) est un cran en dessous, surtout au niveau graphique, et joue sur les versions alternatives made in univers parallèle de l'équipe pour brouiller les cartes. Les Illuminati sont clairement le maillon faible de ce mensuel, assez moche à regarder, brouillon au niveau du scénario, à moins qu'il ne faille être plus familier des épisodes précédents pour prendre le train en marche, bref pas franchement une réussite. Enfin les Secrets Avengers, très axés sur le SHIELD et ses tractations avec l'AIM, sur fond d'agent infiltré, une histoire sympathique aux accents Bondien.



En résumé : sans être excellent le pari du reboot est plutôt réussi, on accroche vraiment aux Avengers version Hickman. Attention, néanmoins, à la profusion de personnages qui nécessite, pour leur éviter le chômage technique, des scénario adaptés prenant place dans un nombre de série relativement important. Ça va donc être un sacré boulot que de maintenir le niveau dans le temps.
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Fantastic Four, tome 2

• Fantastic Four - Omnibus Volume 2

• Jonathan Hickman (Scénario) & Collectif (Dessin)

• Panini Comics



Bon...

Que dire...

Après avoir lu le premier omnibus, j'étais pressé de lire le deuxième contenant la suite et fin du run de Hickman.

Et dire que ce deuxième volume a été une déception est bien en dessous de la réalité...



Que ce soit le scénario ou le dessin, tout est moins bon.

On va commencer par le dessin, c'est mauvais du début à la fin du volume.

Pour ce qui est du scénario, c'est un peu plus compliqué. Le premier tier du volume (qui est bon) correspond à la fin de tout ce qui avait été instauré dans le premier volume. Mais alors à quoi servent les deux tiers suivants ? Eh bin on sait pas trop... Ce sont des épisodes qui n'ont pas vraiment de lien les uns avec les autres, limite des tie-in (mauvais de surcroit), on a juste l'impression que l'auteur avait fini son run et que Marvel lui a dit "Bon écoute Jonathan, tu as terminé, mais les ventes sont au rendez vous donc tu vas continuer à écrire sur la série même si tu n'as plus rien à dire".

Voila mon sentiment... Mis à part quelques épisodes mettant en scène Flèche Noir ou encore Fatalis (et ils sont très peu nombreux), les autres épisodes oscillent entre passable et très mauvais.

Déception.
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House of X / Powers of X

Ce tome contient une histoire touffue, à la fois redémarrage, prologue et saison complète. Il comprend deux miniséries complètes House of X et Power of X, chacune de 6 épisodes, initialement parus en 2019, tous les numéros étant écrits par Jonathan Hickman. La minisérie House of X a été dessinée et encrée par Pepe Larraz, et mise en couleurs par Marte Gracia (avec l'aide de David Curiel pour l'épisode 6). La minisérie Power of X a été dessinée et encrée par R.B. Silva, avec l'aide de Larraz pour les dessins de l'épisode 6 et d'Adriano di Benedetto pour l'encrage des épisodes 1 & 2. Sa mise en couleurs a également été réalisée par Marte Gracia avec l'aide de David Curiel pour l'épisode 6. Ce tome contient les couvertures originales, ainsi que 88 couvertures variantes, à raison de 4 par pages.



Dans une grotte végétale, un individu en combinaison noire moulante avec un casque intégral marqué d'un grand X regarde des individus sortir de cocons végétaux. Il y a 5 mois, Colossus cueille des fleurs sur Krakoa. Il y a 4 mois Storm quitte l'école de Westchester. Il y a 3 mois Nightcrawler plante une fleur dans la zone bleue de la Lune. Il y a 2 mois, Armor se recueille sur Mars devant un parterre de fleurs. Il y a un mois Beast observe un arbre en Terre Sauvage. Au temps présent, à Jérusalem, la façade d'un immeuble est recouverte de plantes. Six ambassadeurs d'autant de pays différents y entrent et sont accueillis dans l'Habitat, une extension de Krakoa, aménagée par les Stepford Cucckoos. Ils sont accueillis par Esme et Sophie, ainsi que par Magneto qui indique qu'il représente Charles Xavier, indisponible pour le moment, en tant qu'ambassadeur. La double page suivante présente les médicaments issus des fleurs de Krakoa par le biais de brefs paragraphes : 3 pour les humains (les médicaments L, I et M) et trois pour les mutants. Dans l'habitat Greymalkin à Westchester dans l'état de New York, Marvel Girl fait faire le tour du propriétaire à de jeunes mutants. Quelque part à Krakoa, Douglas Ramsey effectue des réglages dans la salle de contrôle, avec Sage. À la suite de leur visite, les enfants et les adolescents arrivent dans une clairière où se trouvent Wolverine et Charles Xavier.



Un petit vaisseau spatial s'arrime à une station en orbite autour du soleil. La docteure Gregor pénètre dans la station, accompagnée de deux autres personnes. Elle prend la décision d'ouvrir son casque : l'atmosphère est tout à fait respirable, juste un peu fraîche. Elle décide de poursuivre son exploration avec Karima. En continuant leur tour de la base, elles évoquent le temps pour que la Forge soit opérationnelle, ainsi que les protocoles Orchis. Ces derniers ont été mis en œuvre quand les modèles de projection de développement de population ont abouti à une prévision stable des objectifs de Charles Xavier. Vue de l'extérieur, la Forge a la forme d'un anneau, avec en son centre une tête robotique géante. Les deux pages suivantes explicitent la nature des protocoles Orchis, ainsi que la composition de cette organisation, constituée à 31% de personnel de l'AIM, 24% du SHIELD, 16% de STRIKE, 8% de SWORD, 7% d'Alpha Flight, 5% de HAMMER, 5% d'ARMOR, et 4% d'Hydra. Pendant ce temps-là, Mystique, Sabretooth et Toad effectuent un casse dans un entrepôt de stockage de Damage Control pour récupérer quelque chose. Ils sont interceptés à la sortie par les Fantastic Four.



Lorsqu'il commence cette histoire, le lecteur sait qu'il s'agit d'une forme de redémarrage pour les X-Men, un projet éditorial d'envergure. S'il ne connaît pas les X-Men, il est vite largué par le nombre de personnages (plusieurs dizaines), et par les références non explicites à des événements passés. Sinon, il se lance dans une aventure dont il n'a pas idée de l'ampleur. Jonathan Hickman a pensé ses deux miniséries comme formant un tout : l'histoire a été publiée sous la forme de deux miniséries pour répartir la tâche de dessiner entre deux artistes afin d'assurer un rythme de parution régulier et soutenu. Dans le cadre de ce recueil, la distinction entre House of X et Power of X n'est pas marquée, les couvertures se trouvant reléguées à la fin. Il s'agit donc d'un récit qui se lit d'un seul tenant. Le lecteur observe que le scénariste a choisi d'utiliser des paragraphes de texte sur des pages sans dessin pour pouvoir intégrer toutes les notions et tous les concepts qu'il met en œuvre. Ainsi le lecteur découvre comment les fleurs de Krakoa sont utilisées pour fabriquer des médicaments, comment une organisation composite a vu le jour pour gérer l'augmentation inéluctable de la population de mutants, ce qu'est un mutant de niveau Oméga et qui ils sont, le déroulement du programme génétique de Mister Sinister sur plusieurs générations, le déroulement de 10 vies en parallèle d'une mutante, les différents types de sociétés composées d'intelligence artificielle, les différentes générations de Sentinelles, etc. Très vite, le récit dépasse la simple histoire de quelques mutants emblématiques pour devenir l'histoire d'un peuple, mais aussi un croisement de lignes temporelles, et un récit de science-fiction manipulant des concepts bien construits trouvant leurs racines dans la riche histoire des mutants Marvel.



Jonathan Hickman emmène son lecteur dans une intrigue dense, regorgeant de personnages emblématiques des séries X-Men et de mythologie interne, pour un récit de science-fiction foisonnant, entremêlant différents fils narratifs et différentes lignes temporelles parallèles. Il le fait avec un art consommé du suspense, de la recomposition chronologique, sans jamais perdre son lecteur, avec des enjeux se découvrant progressivement, des stratégies à long terme, et même à très long terme pour certaines, et des modifications majeures pour les mutants, à commencer par la création d'une nation avec un territoire bien à elle, un langage basé sur un autre alphabet, une politique extérieure ferme sans être agressive, et des lois intérieures en cours d'élaboration. Il ne sacrifie en rien les conventions des récits de superhéros : le lecteur a le droit à des utilisations spectaculaires de superpouvoirs pyrotechniques, à des combats dantesques exprimant des conflits idéologiques ou moraux.



Le lecteur prend très vite conscience que Jonathan Hickman mène la barque et que la mission dévolue aux deux artistes est de donner à voir ce qu'il a imaginé, plus que de participer à l'élaboration de l'intrigue. D'un côté, il est possible de les voir comme de simples exécutants ; de l'autre côté leur tâche est imposante. Au départ, le lecteur observe que les traits de contour de Pepe Larraz sont plus méticuleux que ceux de R.B. Silva, et que le premier représente plus de choses dans ses cases que le second. Mais bien vite, il oublie cette distinction qui s'amenuise un peu au fur et à mesure que la pression des délais augmente, mais encore plus parce qu'il n'y a aucune solution de continuité entre les deux dessinateurs : la coordination visuelle est impeccable. En outre, Marte Gracia renforce l'unité visuelle entre les deux artistes, en réalisant l'intégralité de la mise en couleurs, avec une palette riche, utilisant les capacités de l'infographie pour rehausser les reliefs, intégrer des effets spéciaux, réaliser des camaïeux sophistiqués, amplifier la pyrotechnie. De temps à autre, le lecteur perçoit que l'un ou l'autre des artistes se retrouvent avec une page de dialogue et qu'il fait un effort plus ou moins conséquent pour concevoir une prise de vue montrant l'environnement, les postures, ou qu'il opte pour une approche plus simple avec des têtes en train de parler avec des angles de vue plus ou moins variés.



Dès les deux pages de la mystérieuse séquence introduction, le lecteur découvre une façon de dessiner consensuelle pour les comics de superhéros : un bon niveau de détails, des dessins réalistes, une manière de simplifier les éléments sans les affadir, des plans poitrine ou plus rapprochés encore lors des dialogues. Il retrouve également la capacité impressionnante des artistes de comics à rendre les images spectaculaires et il est servi tout au long de ces 12 épisodes. À l'évidence, Jonathan Hickman téléguide la mise en page, que ce soit le découpage par pages ou parfois la forme des cases dans une planche. Il garde toujours à l'esprit que la bande dessinée est un média visuel et sait composer des images mémorables et des séquences choc. Le lecteur a les yeux écarquillés pour ne rien perdre de la découverte de l'habitat à Jérusalem, tout aussi curieux que les ambassadeurs. Par la suite, il se repaît du spectacle visuel : l'apparition hiératique de Magneto, l'aspect paradisiaque du milieu naturel de Krakoa, la révélation de la forme de la station Orchis avec le soleil en arrière-plan, l'assurance retrouvée de Cyclops, le charme inquiétant de Moira, la froideur indéchiffrable de Nimrod, l'interrogatoire menée par Destiny (Irene Adler) tranquillement assise sur une chaise au milieu des flammes, etc. Il ne s'agit pas tant de surprises visuelles ébouriffantes, que de la capacité de R.B. Silva et Pepe Larraz de parvenir à tenir le rythme des concepts, des personnages, des environnements qui déboulent sans temps mort dans le scénario.



Au cœur du récit se trouve le concept de mutant, la modification qui apporte le renouveau. Un personnage résume la situation par Évoluer ou périr. Bien sûr, il s'agit du thème présent dès le premier épisode paru en 1963, avec en trame de fond le thème de la différence et de l'intégration. Jonathan Hickman n'hésite pas à faire un clin d'œil à la notion de communauté différente en mal de nation en plaçant un habitat à Jérusalem, un personnage faisant explicitement référence au symbole que cela constitue. Cette mise en parallèle ne va pas plus loin. D'un autre côté, le scénariste reprend de nombreux éléments précédemment créés et développés dans la série, à commencer par les principaux mutants, et par Krakoa. Il pioche aussi bien dans les apports de Chris Claremont, que dans ceux de Scott Lobdell et Fabian Nicieza, et même quelques-uns dans ceux de Brian Michael Bendis (le retour très inattendu de Fabio Medina, appelé Goldballs). Conformément aux exigences éditoriales, le scénariste met à profit la continuité du titre. Le lecteur a également conscience que son histoire doit servir de base aux développements de plusieurs années à venir, doit redéfinir le statu quo des mutants pour devenir le terreau de nouvelles histoires. Il est forcément inquiet de savoir si le récit tiendra la route pour lui-même, et non pas comme un prologue artificiel, uniquement satisfaisant en tant que point de départ, ou en tant qu'outil prétexte pour les séries mensuelles à venir.



Lassé de la régurgitation des sempiternels même intrigues, le lecteur attend du changement et de la nouveauté. Il ne s'attend pas forcément à l'utilisation d'autant d'éléments du passé, ni à une telle profusion d'idées, et il est possible qu'il soit rebuté par le nouveau statu quo. Force lui est de reconnaître que Jonathan Hickman ne fait pas les choses à moitié et qu'il est vraiment investi dans son récit, bien au-delà d'un simple travail de commande, ou d'un simple effet choc pour donner l'impression de secouer le cocotier. Le scénariste développe le thème de l'évolution et des mutations, en partant de la mutation d'une société de chasseurs & cueilleurs à une société agraire, en passant par l'invention d'un alphabet de toute pièce, pour aller jusqu'au questionnement de la nature de l'évolution quand une espèce n'est plus liée à un environnement spécifique. Même s'il est toujours possible de regretter que Hickman préfère un récit reposant sur l'intrigue plutôt que sur les personnages, il n'empêche que cette intrigue entremêle de nombreux fils narratifs qui mènent jusqu'à leur terme logique des notions plus ou moins bien gérées par le passé. Il suffit de considérer comment il repositionne Nimrod comme sentinelle ultime, ou comment il rétablit une distinction claire entre les objectifs d'Apcalypse et ceux de Mister Sinister, et il réinsuffle un sens aux agissements de ce dernier. Au final, ce récit constitue une saison d'une richesse étourdissante, suffisante pour elle-même, avec une évolution (une mutation ?) du positionnement des mutants, vers quelque chose de différent, rarement vu à cette échelle, et plus plausible dans les années 2020, 60 ans après le début de la série.



Sans aucun doute, ce récit s'avère une réussite, à la fois en termes d'intrigue, de cohérence visuelle, et d'ambition éditoriale. Ce ne sont plus les X-Men des décennies passés, ils vont de l'avant, dans une histoire riche et intéressante, avec une narration au rythme maîtrisé. Jonathan Hickman met à profit des décennies de mythologie, dans un tout d'une rare cohérence, sans ressasser ce qui a déjà été fait, en allant plus loin. Il reste à savoir si ce projet se développera dans des séries mensuelles aussi cohérentes (au moins celle des X-Men écrite par Hickman), ou si la machine va s'emballer hors de contrôle, l'éditeur ne pouvant résister à la tentation de produire tant et plus de séries du moment que ça se vend. En tout état de cause ce récit se suffit à lui-même, constituant une saison extraordinaire, d'autant plus savoureuse que le lecteur est familier des grandes heures de la série.
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Avengers Marvel Now, tome 1 : Le monde des ..

Ce tome 1 des Avengers regroupe les épisodes 1 à 6 de la série. Les trois premier épisodes sont dessinés par Jérôme Opena, les suivants par Adam Kubert. A l'occasion du reboot de Marvel Now c'est Jonathan Hickman qui reprend le flambeau de Brian Michael Bendis, en tant que scénariste de la série, série qui est envisagée comme le porte étendard de l’événement.



Marvel Now intervient à la suite du crossover Avengers versus X-Men, qui démontrait, de la part des têtes pensantes de la Maison des Idées, une volonté de rapprocher l'univers des X-Men du reste du Marvelverse, lui qui était relativement étanche jusque là. C'est donc tout naturellement que l'on retrouve, dans la nouvelle équipe élargie des Avengers, Wolverine, il est vrai, toujours bien utile dans certaines circonstances. Car le point de départ de Hickman est celui-ci : le monde a changé, les menaces et les ennemis également, les Avengers doivent donc s'adapter. Au passage, il est toujours intéressant de voir comment les comics reflètent, en général, les peurs de l'Amérique et appellent à la mobilisation, depuis Captain America luttant contre les nazis (la célèbre couverture où il envoie son poing dans la figure de Hitler), plus tard contre les Soviétiques (il a même eu une période de lutte contre le crime organisé, en compagnie du Faucon). Chez DC on a pu voir Batman s'opposant à Al-Quaida (par Frank Miller), à la suite des attentats du 11 septembre.



En l’occurrence, dans ce monde multipolaire où l'Amérique est en train de perdre son hégémonie, les dangers sont multiples et de différentes natures (terrorisme, pays émergents, la Chine, l'Iran, les risques climatiques, la construction de l'UE...), aussi bien militaires que politiques et environnementaux. La menace est donc difficile à définir et à prévoir. C'est bien l'intuition qui anime Tony Stark dans sa volonté de voir "plus grand". Il propose donc à Captain America de garder l'équipe de base (celle du film) mais de constituer une équipe de réserve, capable d'être mobilisée face aux menaces hors-normes. En ces temps troublés l'Amérique a, plus que jamais, besoin de tout le monde. On sent chez Hickman une volonté d'amener une forte dimension cosmique a cette équipe élargie, à l'image des dangers qui menacent la Terre (qui dit menaces hors-normes dit, en général, menaces cosmiques). Ainsi Captain Universe, Captain Marvel, Smasher et Hypérion rejoignent les Avengers, mais également des poids lourds (éditoriaux), Spider-Man et, donc, Wolverine, enfin quelques "second couteaux", Spider-Woman, le Faucon, Shan Chi (maître es kung-fu) et les mutants Rocket, Solar et Manifold.



L'histoire débute sur la menace, encore assez floue quant à ses origines, que représente Ex Nihilo, sa sœur Abyss (deux humanoïdes extraterrestres) et l'ultra powerful robot Aleph, qui œuvrent pour les mystérieux Bâtisseurs, la plus ancienne race de l'univers. Leur but est de faire évoluer les races qu'ils jugent digne de considération et d'éradiquer les autres. Après avoir remodeler Mars à sa guise, Ex Nihilo se met en tête de faire de même avec la Terre, à coup de "bombes originelles" qui transforment radicalement toutes formes de vie dans la zone d'impact. Heureusement, la Terre peut compter sur ses plus grands héros, les Avengers...



Globalement j'ai vraiment apprécié cette nouvelle mouture des Avengers, la dimension cosmique, avec son décorum sf presque kitch, est très réussie et apporte une vrai plus-valu. L'ennemi, les Bâtisseurs donc, est très bien trouvé et constitue une raison crédible de mobiliser tout ce petit monde, amenant, de part l'étendue de la menace qu'il représente, une définition de la nature de la lutte (pour le droit de vivre) qui ne fait que renforcer l'aspect tragique et héroïque, on pourrait dire hollywoodien. Je ne met pas cinq étoiles uniquement à cause de l'aspect graphique. Si je trouve les planches d'Opena très réussie, bien mises en valeur par une colorisation appropriée, il n'en est pas de même pour celles de Kubert (bon c'est vrai que j'ai jamais été très fan), il y a quelques cases qui font mal aux yeux. Mais dans l'ensemble cet Avengers Marvel Now est une vrai réussite.





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The Manhattan Projects, tome 6 : Sun Beyond..

Ce tome fait suite à The Manhattan Projects Volume 5: The Cold War (épisodes 21 à 25) qu'il faut avoir lu avant pour comprendre ce qui joue entre Laïka et Yuri. Il regroupe les épisodes 1 à 4 de la saison The sun beyond the stars, initialement parus en 2015/2016, écrits par Jonathan Hickman, dessinés et encrés par Nick Pitarra, avec une mise en couleurs assurée par Michael Garland.



Dans une galaxie très lointaine, à bord d'une base spatiale, le mercenaire Primor rend compte à ses commanditaires de l'avancée de ses travaux. Il se tient devant eux dans une très grande pièce, ouvrant un conteneur sphérique flottant : à l'intérieur une spore, sorte de plasma rose en ébullition. Le conteneur se referme. Les deux hommes de la Guilde lui indiquent que le compte n'y est pas : il avait promis une récolte de douze spores, et il n'en a fourni que trois et une autre incomplète qui ne produira jamais les larves attendues. Primor ne se démonte pas et répond que les résultats sont exactement ceux qu'il attendait. Les deux autres lui indiquent qu'ils ne peuvent pas se satisfaire de ce résultat, surtout au vu des risques qu'ils encourent du fait de l'illégalité de cette récolte. Ils se demandent de combien de temps ils disposent encore avant de se faire attraper. Primor répond : plus aucun. Il ouvre le conteneur contenant la sphère incomplète et sort de la pièce par une trappe dans le sol, alors que toute l'assistance est saisie d'effroi à l'idée de ce qui va se passer avec la spore ainsi libérée.



À proximité de ce vaisseau et de la planète vidée de sa substance et laissée à 'état d'enveloppe, apparait un vaisseau des Libraires de la Justice, de l'Union Scientifique des Sionnu. Ils décident d'investiguer à l'intérieur de la base spatiale : ils meurent attaqués par la spore qui s'est bien développée, et qui lance une vrille jusqu'à leur vaisseau, le détruisant d'un coup. Concomitamment, Primor parvient à s'enfuir, à rejoindre son propre petit vaisseau et à s'échapper dans l'espace, trop petit pour que la spore y prête attention. Dans une autre base spatiale, Garru explique comment il s'est rendu coupable de génocide d'une race extraterrestre entière, sans s'en rendre compte, car il pensait que c'était vraiment un bar, et pas une église. Son interlocuteur est Yuri Gagarin, également emprisonné dans cette vaste cellule, avec une dizaine d'autres, lui accusé d'intrusion dans ladite base car incapable de les documents requis en règle, alors qu'il avait en fait été contraint de se poser dans la base, pris dans un rayon tracteur. Garru lui explique qu'ils ne devraient pas rester longtemps dans cette cellule car les passages en jugement sont rapides en ce moment sur Faraway Station, du fait des vacances et du festival qui commence. En plus, ils ont de la chance, car c'est le juge Ryleth le Marteau qui siège, et il est réputé pour ses peines légères.



Après 5 tomes d'une rare intensité à la fois en science-fiction, à la fois en humour, le lecteur est d'attaque pour poursuivre ce voyage là où nul n'est jamais allé, avec des scientifiques sans conscience, sans limite. De prime abord, il se demande pur quelle raison les auteurs ont préféré que ces épisodes soient publiés comme une minisérie indépendante. Puis il n'y prête pas trop attention car les chapitres sont numérotés de 26 à 29, comme suite directe de ceux des tomes précédents. Il lui faut passer la scène introductive avec Primor et la spore pour retrouver l'un des personnages récurrents de la série : Yuri Gagarin. Celui-ci est toujours à la recherche de la chienne Laïka, sans savoir qu'elle a été transformée. Cela laisse supposer que les deux Einstein ne doivent pas être loin derrière, et que viendra le temps également de retrouver Lyndon B. Johnson et les deux généraux Leslie Groves & William Westmoreland, ainsi que Leonid Brezhnev et les envahisseurs associés. Eh bien non : rien de tout ça. En fait, ce format de minisérie se justifie par le fait que l'histoire se focalise sur Yuri et sur Laïka, ainsi que la mission de vengeance de Primor. Il ne faut donc pas s'attendre à une suite directe du tome 5.



En revanche, le lecteur retrouve bien l'inventivité débridée des deux créateurs. Ça commence avec Primor qui se joue de ses deux commanditaires, en leur faisant comprendre progressivement qu'ils ont pris des vessies pour des lanternes, qu'ils ont pris pour argent comptant ses promesses qui n'étaient que des boniments soigneusement formulés sous la forme de ce qu'ils voulaient entendre. Ça continue avec la tronche totalement improbable, ridicule et un peu inquiétante de Garru. La séquence de jugement est aussi improbable qu'imprévisible, entre horreur et comique macabre, avec l'apparence très particulière du juge. Dans la séquence suivante, le lecteur découvre ensuite le barman, une masse énorme avec un nombre de bras très pratique pour servir beaucoup de client à la fois. La réunion entre Laïka et Yuri ne se passe pas aussi bien que prévue, ce qui occasion à nouveau une scène entre drame et comique irrésistible, grâce à une mise en scène remarquable de punch. La séquence suivante est l'occasion de découvrir l'équipage de Laïka, avec Rys, une tête flottante avec deux bouches et des excroissances rocheuses, totalement improbables. Puis le lecteur assiste à une scène de léchage de pieds purulents par deux esclaves, aussi repoussante et humiliante, que drôle et grotesque. Il faut encore mentionner une course-poursuite dans un vaisseau spatial ayant subi un abordage, avec des chassés-croisés dignes d'une pièce boulevard, la violence et l'action en plus.



Le lecteur accepte donc finalement bien volontiers de mettre de côté ses attentes pour la suite de l'intrigue principale, même s'il aurait bien aimé savoir quel est ce mystérieux projet Charon développé par Joseph Oppenheimer. Il assiste donc aux retrouvailles entre le premier humain à avoir effectué un vol dans l’espace et sa chienne. Au vu des développements du tome précédent, il avait parié sur une évolution de nature zoophile de leur relation : ça ne se passe pas comme ça. Le dessinateur de garde bien de sexualiser Laïka, et Youri n'a jamais été un Apollon. Le scénariste s'amuse bien à jouer avec la dynamique de leur relation : Youri étant visiblement profondément amoureux d'elle, et celle-ci ayant gagné en autonomie du fait de sa transformation. Ils sont fort occupés à rester en vie et à accomplir leur mission. Pour autant, la dernière scène vient lever toute ambiguïté sur le fond de leur relation, provoquant un petit pincement au cœur du lecteur.



Le scénariste raconte une histoire de vengeance et de rébellion dans laquelle Gagarin & Laïka se trouvent impliqués en acceptant de transporter Primor et sa spore au cœur de l'empire de l'Union Scientifique de Sionnu. Le lecteur est vite entraîné dans ce plan de la dernière chance, soigneusement ourdi. La narration s'avère déconcertante car Primor ne devient pas le personnage principal : il reste un personnage secondaire, tout en impliquant les autres dans son projet. Le lecteur ne prend conscience de son plan qu'au fur et à mesure de son déroulement, tout en assistant à plus de scènes que l'équipage du vaisseau de Laïka. Son attention reste détournée par le fait qu'il a développé un investissement émotionnel pour Laïka et Youri, préalable à cette aventure. De son côté, Pitarra n'a rien perdu de sa verve visuelle. Il est patent qu'il s'amuse beaucoup à concevoir l'apparence des extraterrestres, essentiellement des variations sur la forme humanoïde, pour les rendre à la fois ridicules, très expressifs, et inquiétants, tout à la fois. Il parvient à trouver le juste équilibre pour rendre à la fois dangereux et bizarres, et amusants du fait de leur apparence qui ne leur donne pas un air intelligent.



Dans le fil du récit, le lecteur ne prête pas forcément attention à la mise en scène, ou à ce que l'artiste parvient à rendre concret. S'il s'arrête un instant sur un moment particulier, il mesure mieux ce qu'il lui fait avaler : la spore qui dévore tout, le ramassis d'extraterrestres attendant de passer en jugement dans une cellule commune (sans oublier celui installé dans la cuvette des toilettes), le serveur du bar, Yuri en train de se faire couper les cheveux, le grand Sionox qui se fait lécher les pieds, Yuri s'apprêtant à réassembler un robot complètement démantelé, le chassé-croisé dans les coursives d'un vaisseau spatial, etc. Tout cela semble parfaitement naturel, un peu loufoque par moment, tout en conservant le premier degré nécessaire pour que le lecteur puisse s'investir dans l'aventure.



C'est un vrai plaisir que de pouvoir retrouver ces personnages pur cette aventure qui sera vraisemblablement la dernière, avec la verve visuelle de Nick Pitarra, toujours aussi en forme pour croquer des extraterrestres, et Jonathan Hickman pour mettre ses personnages dans le pétrin, et faire en sorte que les choses aillent de mal en pis. Toutefois, le lecteur éprouve un petit pincement au cœur en comprenant que ce tome sera le dernier, qu'il ne mène pas à leur terme les intrigues de la série, et qu'il n'est pas aussi iconoclaste avec les génies scientifiques que les précédents.
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The Manhattan Projects, tome 4 : The Four D..

Ce tome fait suite à The Manhattan Projects Volume 3 (épisodes 11 à 15) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome pour comprendre quelque chose. Il regroupe les épisodes 16 à 20, initialement parus en 2013/2014, écrits par Jonathan, Hickman, dessinés et encrés par Nick Pitarra pour les épisodes 16 à 18 et 20, et par Ryan Browne pour l'épisode 19, avec une mise en couleurs de Jordie Bellaire.



Joseph Oppenheimer contemple le laboratoire du projet Vulcain : une technologie agressive, expérimentale, propriétaire. Le spectre du président Roosevelt estime qu'il n'est pas la hauteur. Il décide d'actionner quelques leviers et de pousser quelques boutons pour essayer, mais rien ne se produit. Fort heureusement, il reste quelques prisonniers compétents. Dans leur cellule à Los Alamos, Albrecht Einstein et Richard Feynman dorment sur une couchette, Harry Daghian en profite pour méditer, Werhner von Braun demande au général Leslie Groves quel est son plan pour sortir de là. Ce dernier ne voit pas trop d'issue, à part attendre. Dans son bocal, le cerveau de Dimitiy Ustinov les prévient de l'approche de leur geôlier. Le général William Westmoreland se tient devant la porte, accompagné par deux gros costauds qui ramènent Yuri Gagarin en slip, et salement amoché après avoir dérouillé pendant un interrogatoire brutal. Il leur déclare que la vie est vraiment bonne : il a enfin eu l'occasion de torturer un vrai communiste. Néanmoins, il lui reste des questions à poser car Gagarin n'a pas su répondre à tout. Il agite un piranha dans un sac plastique devant le bocal d'Ustinov en expliquant que celui-ci est affamé. Groves refuse de se prêter au jeu des questions et Oppenheimer le frappe d'un coup de crosse au visage.



Il y a quelque temps de cela, Einstein et Feynman avaient à nouveau franchi la porte leur permettant d'accéder à une autre planète, à la recherche d'un spécimen de vie extraterrestre, le premier avec une tronçonneuse, le second avec un fusil. Le second se demande le sens de ce quarante-troisième voyage : Einstein lui répond que le futur les verra comme des artistes, et qu'ils cherchent un Hut-grabere. Ils en découvrent un et restent cachés derrière un rocher. Mais ils sont repérés par un des insectes de son essaim et la créature extraterrestre s'approche d'eux, avec des intentions agressives. Elle est proche de croquer la tête d'Einstein, quand enfin Feynman tire lui perforant le torse et préservant les deux têtes. Ils peuvent rentrer. Au temps présent, Gagarin a retrouvé assez de force pour parler : son tortionnaire voulait en savoir plus sur le projet Vulcain. Il leur a dit que seul le général Groves connaît la totalité des projets. Les deux soldats qui l'ont emmené estiment que le général s'est un peu laissé aller et ils l'attachent, agenouillé par terre. Oppenheimer entre à son tour dans la cellule poussant un chariot avec des drogues et une gégène. Il met des gants de latex, prend une seringue et la plante dans le cou du général. Dans leur cellule, Einstein demande combien de temps s'est écoulé : huit heures, cela signifie que la serrure temporelle s'est ouverte.



Quatrième tome : il y a intérêt à ce que l'imagination du scénariste soit toujours aussi effervescente et délirante, et que le dessinateur sache rendre tous ces éléments dans un même plan d'existence cohérent. Fort heureusement, ils sont tous les deux en pleine forme. Joseph Oppenheimer a donc réussi son coup, et s'en rendu maître des projets Manhattan, mais il a sous-estimé leur génie scientifique, et malgré ses capacités augmentées il ne peut pas s'approprier leurs découvertes et les faire fonctionner. Ses anciens collègues sont réduits à l'impuissance, enfermés dans une cellule, mais en fait leur absence a des conséquences violentes. Il ne faut pas oublier le terrible général Westmorefield et son collier d'oreilles coupées sur la tête de ses ennemis morts, ni la guerre qui se déroule dans l'esprit d'Oppenheimer. Chaque situation peut dégénérer, et elle le fait, et il est impossible de prévoir quelles seront les conséquences des recherches de ces scientifiques à la conscience très réduite, ce qui est toujours catastrophique pour l'âme.



Mais avant de s'inquiéter d'une science sans conscience, le lecteur se délecte surtout de ces moments irrévérencieux et énormes, loufoques et absurdes, dans une intrigue imprévisible au rythme soutenu où tout peut arriver. À plusieurs reprises le lecteur, même le plus chevronné, se rend compte qu'il est en train de sourire devant une réaction ou une situation ubuesque. Il y a quelque chose de complètement dément à voir Oppenheimer rester calme et posé en toute situation, et en train d'écouter les voix dans sa tête dont celle de Roosevelt affublé d'un couvre-chef baroque, celui qu'il portait pendant ses orgies, avec un sérieux imperturbable. Lorsque Feynman et Einstein se remémorent leur chasse à l'extraterrestre, la coloriste repasse en mode bleu pour les personnages et rouge pour le reste, avec un effet quasi psychédélique, comme si seuls les deux scientifiques avaient de l'importance, dans une représentation mettant en lumière leur égocentrisme incommensurable. Le lecteur a du mal à croire qu'il s'intéresse vraiment à Albrecht s'agenouillant par terre pour étudier un excrément pendant deux pages, sous le regard un peu dégouté de Richard. Et que dire de l'anglais de prolétaire de banlieue de l'extraterrestre ? Impossible de rester de marbre en découvrant le général Westmorefield, torse nu et bardé d'armes, de la mitrailleuse lourde à l'arc avec un carquois de flèches, en passant par le lance-roquette et le couteau de chasse. Dessinateur et scénariste mettent en œuvre un humour à froid jouant autant sur le visuel que sur les émotions, irrévérencieux et parfois potache, drôle et savoureux, un vrai délice.



Dans le même temps, ils ne sacrifient pas leur intrigue et celle-ci continue de progresser rapidement. Tout se déroule dans les sous-sols du complexe de Los Alamos, avec quelques séquences montrant Einstein & Feynman chassant le spécimen biologique rare, ce qui est arrivé à Albert, et bien sûr un épisode consacré à la guerre civile dans l'esprit d'Oppenheimer. Cette dernière est toujours illustrée par Ryan Browne qui ne ménage pas sa peine pour donner à voir l'ampleur du conflit imaginé par le scénariste, magnifié par le fait qu'il se déroule sur le plan spirituel et donc avec des effets spéciaux illimités. Il peut donc faire surjouer les acteurs, se lâcher pour des décors gigantesques, et mettre en scène des affrontements surréalistes, ce qu'il fait avec verve et une touche d'humour noir, sans pour autant neutraliser la tension dramatique. Son épisode ne dépare pas au regard de ceux de Pitarra. Ce dernier dispose ainsi du temps nécessaire pour peaufiner ses pages, sans avoir à sacrifier le niveau de détails, ou la représentation des environnements. Le lecteur se rend compte qu'il ralentit sciemment son allure de lecture pour prendre le temps de regarder les personnages et leurs visages aux expressions traduisant souvent une intensité émotionnelle disproportionnée, révélatrice d'une implication déraisonnable, quasi pathologique. Il prend également le temps de détailler les accessoires comme les armes à feu et les armes blanches, les accessoires des différents laboratoires, la jungle extraterrestre, le trône d'Oppenheimer dans le dernier épisode et ses attributs de pouvoir. Plus que jamais, l'artiste sait allier l'efficacité de la mise en scène narrative des comics et une sensibilité SF européenne pour des pages peu communes, aux cases très personnelles.



Mais quand même science sans conscience, ce n'est pas beau à voir. Le lecteur se retrouve emporté par la force de l'aventure, les facéties délicieuses et souvent noires, ainsi que par des affrontements physiques imprévisibles et sans merci. Il n'est pas près d'oublier le général Westmorefield qui se salit les mains, un vrai carnage. S'il le souhaite, il peut aussi considérer les objectifs et les motivations de ce groupe de génies scientifiques. Bien sûr, les auteurs sont dans l'exagération et la licence artistique, voire certains de ces scientifiques ont été remplacés par leur double d'une autre dimension. Pour autant, il s'agit également d'êtres humains totalement focalisés sur leurs recherches, oublieux des autres, légitimés dans leur comportement par l'importance donnée à leurs inventions. De même les agissements des militaires échappent à tout contrôle, ou au moins à toute supervision, là aussi la conscience morale faisant cruellement défaut. Même s'il a bien conscience qu'il s’agit d'un récit de genre de nature parodique, le lecteur ne peut faire autrement que de noter l'absence de quelque personnage féminin que ce soit, comme si ce manque faisait sauter un autre garde-fou de la société humaine.



La série ne connaît aucun temps mort, et les auteurs continuent d'emmener le lecteur dans une aventure échevelée, la science n'étant plus entravée par les limites de la conscience. Dessinateur et scénariste sont en phase, comme s'il s'agissait d'une seule personne, les protagonistes étant habités par des convictions d'une force peu commune, dans un récit d'exploration peu commun, avec un humour décapant.
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The Manhattan Projects, tome 2

Ce tome fait suite à The Manhattan Projects Volume 1: Science Bad (épisodes 1 à 5) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2012/2013, écrits par Jonathan Hickman, dessinés et encrés par Nick Pitarra pour les épisodes 6 à 9, et par Ryan Browne pour le 10, avec une mise en couleurs réalisée par Jordi Bellaire. Le tome se termine avec un trombinoscope des 13 principaux personnages sur deux pages.



À la fin de la seconde guerre mondiale à Oberammergau en Haute-Bavière, les américains ont bombardé le château où plusieurs physiciens allemands travaillaient à développer des armes d'une nouvelle génération. Wernher von Braun a réuni tous les scientifiques et leur fait un point sur la situation critique. Il demande où se trouve Helmutt Göttrup qui n'est pas parmi les hommes réunis. Ce dernier a pris quelques-unes de ses notes et s'enfuit en courant loin du château, voulant désespérément échapper à la mainmise tyrannique de von Braun. Il finit par trébucher sur une racine, dégringoler dans une pente et se retrouver les quatre fers en l'air. Il est récupéré par un commando soviétique fortement armé, trop heureux d'avoir mis la main sur l'un des précieux scientifiques nazis. Dans la base russe de Star City, il est marqué d'une croix gammée, au fer rouge sur le front. Une fois arrivé à leur destination, le colonel Korolev explique aux prisonniers allemands qu'ils ont de la chance : 23 millions de russes sont morts dans la guerre, et eux sont toujours vivants. S'il laissait faire les autorités, ils seraient exécutés, ou pire rééduqués. Mais à Star City, ils ont une chance : travailler pour l'URSS afin que le pays soit le premier à faire sortir un homme dans l'espace. Il ajoute : le travail rend libre.



Au cours de la seconde guerre mondiale Wernher von Braun bénéficie d'un entretien privé avec le Führer. Il l'assure de servir entièrement la cause. Derrière un mur, Helmutt a tout entendu et il est tout enthousiaste à l'idée de concevoir et de construire des missiles et des fusées. Von Braun lui rappelle sèchement sa place de subalterne. Au temps présent, Helmutt a le plaisir d'annoncer au colonel Korolev qu'il a mené à bien son projet. Il n'a pas pu mener à bien une rétroconception du moteur du vaisseau récupéré à Tunguska, mais il a pu dupliquer le système d'atterrissage. Le colonel le prend à part : si ça fonctionne vraiment, il pourrait être en mesure de rendre sa liberté au chercheur allemand. Celui-ci en pleure une larme de joie. Quelque temps après, le vol de Vostok 1 est un succès. Helmutt se remémore les nombreux coups donnés par von Braun qu'il a reçus : il était traité comme un moins que rien, comme esclave par von Braun qui reprochait ses échecs à Helmutt et qui s'appropriait ses succès. Yuri Gagarine est de retour avec Laïka à ses côtés et il s'adresse aux scientifiques qui ont conçu et bâti la fusée. Il a une mauvaise nouvelle à leur annoncer : le colonel Korolev est décédé sur le territoire du Nouveau Mexique, lors d'une rencontre avec les américains. Le nouveau responsable du projet s'appelle Dimitriy Ustinov et il prend la parole à son tour. Il sait que c'est dur pour tout le monde, mais il demande un investissement encore plus grand à tous, un sacrifice personnel de chacun.



Après le premier tome, le lecteur sait à quoi s'attendre : la bande de joyeux drilles du Projet Manhattan n'a pas travaillé que sur la bombe atomique. Ils ont également réalisé des avancées telles le voyage vers d'autres dimensions, la création de nouvelles armes, et le premier contact avec une race extraterrestre. Youpi, c'est la fête ! Le délire peut continuer. Il a gravement sous-estimé la puissance créatrice du scénariste, et la froideur sarcastique du dessinateur. Il est parti pour une balade d'agrément, il se retrouve emporté par un tourbillon furieux. Comment a-t-il pu penser un seul instant que tous les fous furieux, pardon, tous les scientifiques les plus visionnaires, étaient réunis au sein du projet Manhattan ? Bien sûr que les russes ont récupéré ceux qu'ils ont pu et qu'ils avaient leurs propres ambitions technologiques. Et bien sûr que le communisme a créé des monstres aussi terrifiants que le capitalisme. Ah, on me souffle dans l'oreillette qu'on est loin du compte : comment imaginer un instant que les scientifiques associés aux militaires puissent tenter une prise de position hégémonique dans la société et que le pouvoir temporel, sans oublier celui de l'argent, se laisseraient faire ? Le scénariste prend alors le lecteur à contrepied, en lui faisant reconsidérer la position des militaires comme étant plus sensée que celles des politiques. Euh, on parle bien de ces fous furieux prêts à massacrer l'ennemi qu'il soit russe ou extraterrestre ?



Fort heureusement les auteurs ont intégré des repères visuels dans leur narration pour laisser au lecteur la possibilité de reprendre pied à intervalle régulier. Chaque épisode comprend un titre, une introduction de quatre ou cinq pages, une brève citation des mémoires de Feynman ou d'un autre, une double page avec juste le numéro de l'épisode et son titre puis le chapitre proprement dit. Ce dispositif découpe l'ouvrage en unités plus petites, plus facilement assimilables, offrant une respiration à chaque fois. De même, le lecteur retrouve l'utilisation codifiée de la couleur, avec les séquences en bleu, et celles en rouge, dispositif narratif visuel clairement explicite dans le premier tome. Mais là, en gardant à l'esprit que le bleu est pour le personnage original ou pour un individu plutôt du bon côté moral, et le rouge pour un personnage issu d'une autre dimension aux actes moralement inexcusables, que comprendre quand un personnage passe du bleu au rouge dans une séquence, ou inversement ? Pourquoi leur positionnement moral est-il changeant ? Est-on vraiment censé prendre fait et cause pour un individu avec une croix gammée tatouée sur le front, ou en tout cas éprouver de l'empathie pour lui ? Comment prendre au sérieux une telle histoire où l'esprit d'un président des États-Unis a été transformé en intelligence artificielle placée dans un corps robotique massif maniant la faucille et le marteau ?



Ah oui, parce que le dessinateur est pas mal dans le genre non plus. Il prend un réel plaisir à mettre en scène les concepts les plus délirants du scénariste, en ajoutant un petit grain de sel qui parvient à conserver un équilibre remarquable entre horreur au premier degré et farce grotesque, sans oublier une touche humaine. Le lecteur n'est pas près d'oublier des visions comme la ville futuriste de Star City, la couardise de Göttrup, sa mine déconfite en comprenant qu'il ne recouvrera jamais sa liberté et qu'il sera toujours sous le joug d'une autorité abusive, les préliminaires de l'orgie de Harry S. Truman, les multiples personnalités qui murmurent à l'oreille d'Oppenheimer, une faucille plantée en plein milieu du front d'un défunt, le groupe composé de El Conquistador, La Bure, Nebehu, Ingol et Truman, Einstein décochant un coup de pied dans le ventre d'un individu ligoté sur une chaise à roulette, ou encore Wernher von Braun découvrant l'état de son corps en reprenant conscience. Pitarra est également passé maître dans l'expression des visages : la froideur calculatrice d'Einstein, la candeur toujours trahie de Göttrup, l'attitude toujours menaçante et écrasante de von Braun, l'entrain juvénile de Feynman, le regard fiévreux du général Leslie Groves donnant l'impression d'être à deux doigts de perdre tout contrôle sur lui-même. Il faut un peu de temps au lecteur pour pleinement assimiler que l'artiste du dernier épisode n'est pas le même tellement il respecte l'esprit de Pitarra.



Le lecteur se rend très vite compte qu'il est emporté dans le récit inventif, brutal et piquant. Il se retrouve à éprouver de la sympathie pour des personnages méprisables, espérant bien ne jamais croiser d'individus leur ressemblant même de loin. Il est fasciné par chacun d'entre eux, à la fois dépourvu de tout sens moral quant aux conséquences de leurs inventions, et le plus souvent de leurs actes (science sans conscience), à la fois sous le charme de leur personnalité égocentrique et oublieuse d'autrui. Il plonge avec délice dans ces environnements étranges entre anticipation et science-fiction, impossibles et délicieux. Il se délecte des inventions impossibles et de l'usage irresponsable qui en est fait, entre paranoïa militaire et soif de conquête, refus de se soumettre. Comme Oppenheimer, il sent la folie le guetter à perdre ainsi ses repères habituels, à être dépassé par les événements, par le comportement imprévisible et en apparence totalement irrationnel des chercheurs, encore plus déstabilisé quand il bénéficie d'un accès à ses pensées qui expliquent ledit comportement. Il est horrifié devant les massacres et les boucheries. Il est consterné de se rendre compte que les pires comportements n'ont rien d'irréalistes.



Le lecteur entame le deuxième tome avec un horizon d'attente assez élevé du fait de la qualité du premier. Même en partant confiant, il ne s'attend pas à voir ses espoirs pulvérisés, et les auteurs les dépasser de beaucoup plus loin qu'il n'aurait pu imaginer. Le dessinateur fait preuve d'une verve visuelle imparable réussissant à intégrer tous les événements les plus loufoques dans une réalité cohérente. Le scénariste se lâche pour une exploration inédite rendue possible par des inventions technologiques de science-fiction, hors de tout contrôle. Tout peut arriver, même si le pire n'est jamais certain.
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