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Citations de Jorge Luis Borges (1191)


Lönnrot évita les yeux de Scharlach. Il regarda les arbres et le ciel subdivisé en losanges confusément jaunes, verts et rouges. Il sentit un peu de froid et une tristesse impersonnelle, presque anonyme. Il faisait déjà nuit; du jardin poussiéreux monta le cri inutile d'un oiseau.
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Mort, il ne manquera pas de mains pieuses pour me pousser par-dessus la balustrade: mon tombeau sera l'air insondable; mon corps s'enfoncera longuement, se corrompra, se dissoudra dans le vent engendré par la chute, qui est infinie. Car j'affirme que la Bibliothèque est interminable.

La Bibliothèque de Babel
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Nul ne le vit débarquer dans la nuit unanime, nul ne vit le canot de bambou s'enfoncer dans la fange sacrée, mais, quelques jours plus tard, nul n'ignorait que l'homme taciturne venait du Sud et qu'il avait pour patrie un des villages infinis qui sont en amont, sur le flanc violent de la montagne, où la langue zende n'est pas contmainée par le grec et où la lèpre est rare.
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La gloire soit à Celui qui ne meurt pas.
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Jorge Luis Borges
Cette idée de frontières et de nations me paraît absurde. La seule chose qui peut nous sauver est d’être des citoyens du monde. (dans un entretien à Paris en avril 1978)
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Jorge Luis Borges
Je constate avec une sorte de mélancolie douce-amère que tout au monde me ramène à une citation ou à un livre.
“Las islas del Tigre”, Atlas, 1984
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J'appris par la suite que cela ne lui ressemblait pas, mais ce que nous disons ne nous ressemble pas toujours.
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Le Rock doit sa célébrité occidentale aux Mille et Une Nuits. Nos lecteurs se rappelleront que Sindbad, abandonné par ses compagnons sur une île, aperçut au loin une énorme coupole blanche et que le lendemain un vaste nuage lui cacha le soleil. La coupole...
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Mon père s'était lié avec lui (le verbe est excessif) d'une de ces amitiés anglaises qui commencent par exclure la confidence et qui bientôt omettent le dialogue.
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Lecteurs

L'illustre chevalier castillan qui n'avait que
La peau jaune sur les os secs, on est enclin
A le voir remettant toujours au lendemain
L'aventure, et restant dans sa bibliothèque.
Le vent des moulins gonfle un amas irréel
De défis, de sermons, de lances étourdies ;
Et ce vaste fatras de tragi-comédies,
Don Quichotte le rêve, et non pas don Miguel.
Semblable est mon destin. Je pense à quelque chose
D'immortel et d'essentiel que j'ai laissé
Sur ces profondes étagères du passé
Qui contaient les exploits du Chevalier Morose.
Tournant la page lente, un grave enfant là-bas
Rêve à d'imprécises choses qu'il ne sait pas.
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Jorge Luis Borges
Hélas, le monde existe !
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Jorge Luis Borges
J'éprouvais ce que nous éprouvons tous à l'annonce d'un décès : le regret, désormais inutile, de penser qu'il ne nous aurait rien coûté d'avoir été plus affectueux.
L'homme oublie qu'il est un mort qui converse avec les morts.
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Un insensé comprit que le Bouddha prêchait que nous devrions rendre le bien pour le mal. Il alla donc le trouver et l'injuria. Le Bouddha garda le silence. Quand l'autre eut fini de l'insulter, il lui demanda : "Mon fils, si un homme refusait un présent, à qui appartiendrait le présent ?" L'autre répondit : "A celui qui voulut l'offrir. - Mon fils, répliqua le Bouddha, tu m'as insulté, mais je refuse ton insulte et celle-ci te revient. Ne va-t-elle pas être une source d'infortune pour toi ?" L'insensé s'éloigna tout penaud, mais il revint se réfugier dans le sein du Bouddha.
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L’autre tigre

C'est le soir, et je rêve un tigre. La pénombre
Exalte la bibliothèque studieuse :
Ses rayons semblent reculer. En ce moment,
Fort, innocent, ensanglanté, nouveau, le tigre
Traverse sa forêt et son vaste matin.
Ses pas laissent leur trace aux berges limoneuses
D'un fleuve qui pour lui n'a pas de nom - son monde
Est sans paroles, sans passé, sans avenir ;
Il est la certitude et l'instant. Le voici
Qui s'apprête à franchir des distances barbares ;
Il détresse le vent, labyrinthe d'effluves,
Distingue dans l'odeur de l'aurore l'odeur
Délectable du cerf. Ses rayures s'ajoutent
A celles du bambou ; je pressens l'ossature
A travers la splendeur vibrante de la peau.
C’est en vain qu’entre nous les océans convexes
Et les déserts de la planète s’interposent.
Du fond de ma maison, dans ce port reculé
D’Amérique du Sud, je te suis et te rêve,
Tigre des bords du Gange.

Et le soir a gagné
Mon âme, et j’interroge un tigre vocatif
Qui n’est plus dans mes vers que symbole et pénombre,
Qu’une succession de tropes littéraires,
Qu’une image puisée aux encyclopédie ;
Non le tigre fatal, non l’omineux joyau
Qui va, sous le soleil ou la diverse lune,
Poursuivant aux forêts de l’Inde ou du Bengale
Sa routine d’amour, de loisir et de mort.
J’oppose au tigre symbolique le vrai tigre
Dont le sang brûle, qui décime les troupeaux
De buffles, qui ce jour, 3 août 59,
Allonge sur le pré la lenteur de son ombre.
Mais le nommer déjà suffit à l’écarter ;
La conjecture des circonstances le fausse.
Il n’est que fiction de l’art ; il n’est plus vie,
Il n’est plus créature au chemin de la terre.

Chercherons-nous un autre tigre, le troisième ?
Mais il sera toujours une forme du rêve,
Un système de mots humains, non pas le tigre
Vertébré qui, plus vieux que les mythologies,
Foule la terre. Je le sais – mais quelque chose
Me commande cette aventure indéfinie,
Ancienne, insensée ; et je m’obstine encore
À chercher à travers le temps vaste du soir
L’autre tigre, celui qui n’est pas dans le vers.
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MA VIE ENTIERE

Me voici encore, les lèvres mémorables, unique et semblable à vous.
J'ai persévéré dans l'à-peu-près du bonheur et dans l'intimité de la peine.
J'ai traversé la mer.
J'ai connu bien des pays; j'ai vu une femme et deux ou trois hommes.
J'ai aimé une enfant altière et blanche et d'une hispanique quiétude.
J'ai vu d'infinies banlieues où s'accomplit sans s'assouvir une immortalité de couchants.
J'ai goûté à de nombreux mots.
Je crois profondément que c'est tout et que je ne verrai ni ne ferai de nouvelles choses.
Je crois que mes journées et mes nuits
égalent en pauvreté comme en richesse celles de Dieu et celles de tous les hommes.
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ANTICIPATION D'AMOUR

Ni l'intimité de ton front clair comme une fête
ni la privauté de ton corps, encore mystérieux et muet, encore d'enfant,
ni tes paroles ou tes silences, étapes au chemin de ta vie,
ne me seront aussi mystérieuse faveur
que de regarder ton sommeil impliqué
dans la veille de mes bras.
Miraculeusement vierge à nouveau par la vertu absolutoire du sommeil,
paisible et resplendissante comme un bonheur que choisit la mémoire,
tu me donneras cette frange de ta vie que tu n'atteins pas toi-même.
Précipité en quiétude
j'apercevrai cette dernière plage de ton être
et je te verrai peut-être pour la première fois
comme Dieu doit te voir,
une fois la fiction du Temps mise en déroute,
sans l'amour, sans moi.
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ŒDIPE ET SON ENIGME
Quadrupède à l’aurore, à midi profilant
Sur le ciel sa droiture, et dans le jour qui baisse
A trois pattes clochant débile : la déesse
Durable ainsi voyait son frère vacillant,
L’homme. Mais vers le soir voici qu’un homme arrive,
Et tombe au piège qu’il résout : dans le miroir
De cette monstrueuse image il a pu voir,
Bouleversé, notre destin et sa dérive.
Nous sommes tous Œdipe ; il a tout su de tous,
Il a vu cette longue et triple bête : nous.
Je suis ce que je fus et ce que je vais être
Tout ensemble. Mais je serais anéanti
Si je laissais ma loi difforme m’apparaître.
Clément, Dieu m’a donné le progrès et l’oubli.
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- Non, s'écria le Commandeur. L'homo sapiens ne croit pas au mauvais sort, et moi je le combats avec cette patte de lapin. Il sortit l'objet d'une poche intérieure de son smoking et le brandit avec exaltation.
- Voilà ce qui s'appelle un direct à la mâchoire, applaudit Anglada. La raison pure, toujours la raison pure.
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Sauf dans les pages sévères de l'Histoire, les faits mémorables se passent de phrases mémorables.
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Gaiement, nous avons tué les dieux.
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