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Citations de Juan Rulfo (94)


L'eau qui gouttait des tuiles creusait un trou dans le sable du patio. Cela faisait : "flac, flac", et encore "flac", sur une feuille de laurier qui s'agitait, prise dans une fente des briques. L'orage était passé. De temps à autre, la brise secouait les branches du grenadier, faisant dégouliner une pluie dense et la terre étincelait de gouttes aussitôt ternies. Les poules, tassées comme si elles dormaient, battaient soudain des ailes et sortaient dans la cour, picorant vivement les vers déterrés par la pluie. Dans la course des nuages, le soleil illuminait les pierres, posait des arcs-en-ciel sur les choses, aspirait l'eau de la terre, et jouait avec l'air, faisant briller les feuilles qui dansaient dans le vent.
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J'ai vu passer des charrettes, des bœufs au pas lent. Les pierres criaient sous les roues. Les hommes marchaient comme plongés dans le sommeil.
(...) Des charrettes vides, qui broient le silence des rues, se perdent sur le chemin obscur de la nuit. Des ombres. Et leurs échos.
J'ai pensé repartir. Là-haut, la route que j'avais suivie pour venir a été pour moi une plaie ouverte dans le noir des hauteurs.
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Alors il a entendu une plainte. C'est ce qui l'a réveillé : une plainte égale et grêle qui, peut-être parce qu'elle est si grêle, a pu traverser l'écheveau du sommeil et atteindre l'endroit où nichent les alertes.
(...) Dehors, dans la cour, il y avait ces bruits de pas, bruits étouffés de gens qui guettent, et là, debout sur le seuil, cette femme dont le corps empêchait le jour d'entrer mais laissait passer, à travers ses bras, des lambeaux de ciel et, sous ses pieds, des traînées de lumière, une lumière qui ruisselait comme si le sol, au-dessous d'elle, était inondé de larmes. Puis, il y avait cette plainte. Une fois encore, ce sanglot égal mais aigu, cette douleur qui la faisait se tordre.
" On a tué ton père.
- Et toi, maman, qui t'a tuée ? "
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Sur le minuit, la chaleur m’a réveillé. La chaleur et la sueur. Le corps de cette femme, fait de terre, enveloppé de croutes de terre, tombait en morceaux comme s’il se délitait en une mare de boue. J’avais l’impression de nager dans la sueur qui s’écoulait d’elle et de ne plus avoir assez d’air pour respirer.
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Después de tantas horas de caminar sin encontrar ni una sombra de árbol, ni una semilla de árbol, ni una raíz de nada, se oye el ladrar de los perros.
Uno ha creído a veces, en medio de este camino sin orillas, que nada habría después; que no se podría encontrar nada al otro lado, al final de esta llanura rajada de grietas y de arroyos secos.
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"Combien d'oiseau as-tu tué dans ta vie, Justina ?
- Beaucoup, Susana.
- Et ça t'a attristée ?
- Oui, Susana.
- Alors, qu'attends-tu pour mourir ?
- La mort, Susana.
- Si ce n'est que ça, elle viendra. Ne t'inquiète pas."
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L'homme avançait en prenant appui sur les cals de ses talons, les ongles de ses pieds raclaient les pierres, il s'égratignait les bras, s'arrêtait chaque fois que l'horizon se dégageait, pour voir où il allait trouver sa fin: "Pas la mienne, la sienne" a-t-il dit. Et il a tourné la tête pour savoir qui avait parlé.
Pas un souffle d'air, rien que l'écho du bruit qu'il faisait en passant entre les branches mortes. Défaillant à force d'avancer à l'aveuglette, mesurant ses pas, retenant même son souffle, il a encore dit: "Je vais où je vais." Et, cette fois, il a su que c'était lui qui parlait.
4e nouvelle: "L'homme" pages 49 et 50 dans l'édition Folio.
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Il y avait une grande lune au milieu du monde. Je perdais la vue à te contempler. Ses rayons filtraient sur ton visage. Je ne me lassais pas de regarder cette apparition, qui était toi. Douce, lustrée de lune ; ta bouche bouillonnée, mouillée, irisée d'étoiles ; ton corps se diluant dans l'eau de la nuit. Susana. Susana San Juan.
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-¿ Cuánto necesitan para hacer su revolución?- preguntó Pedro Páramo. -Tal vez yo pueda ayudarlos.
-Dice bien aquí el señor, Perseverancio. No se te debía soltar la lengua. Necesitamos agenciarnos un rico pa que no habilite, y qué mejor que el señor aquí presente.
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Conocí a uno en la Media Luna que se decía adivino. Lo que nunca adivinó fue que se iba a morir en cuanto el patrón le adivinó lo chapucer. Ha de ser un místico de ésos. Se pasan la vida recorriendo los pueblos " a ver lo que la Providencia quiera darles": pero aquí no va a encontrar ni quien le quite el hambre.
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-¿Se siente usted enfermo?
-No sé. Veo cosas y gente donde quizá ustedes no vean nada.
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- No estás allí para ganar dinero, sino para aprender cuando ya sepas algo, entonces podrás ser exigente. Por ahora eres sólo un aprendiz; quizá mañana o pasado llegues a ser tú el jefe. Pero para eso se necesita paciencia y, más que nada, humildad. Si te ponen a pasear al niño, hazlo, por el amor de Dios. Es necesario que te resignes.
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Ses yeux bougeaient à peine ; ils sautaient d’un souvenir à l’autre, effaçant le présent. Son cœur a eu un brusque arrêt et il lui a semblé que le temps s’arrêtait aussi. Et le souffle de la vie.
p. 184 édition folio
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"Ce village est plein d'échos. Ils semblent avoir été reclus au creux des murs ou sous les pierres. Quand on marche, on a l'impression qu'ils vous emboîtent le pas. On entend des craquements. Des rires. Des rires très anciens, comme lassés de rire. Des voix usées d'avoir trop servi. On entend tout ça. Je crois qu'un jour viendra où ces bruits s'éteindront."
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Il y a des villages qui ont un goût de malheur. On les reconnaît dès que l’on avale un peu de leur air usé et stagnant, aussi appauvri et sec que la vieillesse. Ce village est de ceux-là, Susana.
Là d’où nous venons, tu te distrayais au moins en regardant naître les nuages, les oiseaux, la mousse. Tu t’en souviens ? Ici, au contraire, tu ne sentiras rien d’autre que cette odeur fanée et piquante qui semble se dégager de toutes parts. C’est que ce village est voué au malheur, tout poisseux d’infortune.
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On aurait dit que les murmures étaient distillés par les murs, filtraient à travers leurs fissures et leurs écaillures. Je les entendais. C’étaient des voix humaines, non pas claires mais assourdies, qui semblaient me chuchoter quelque chose en passant, bourdonner à mes oreilles. Je me suis écarté des murs et j’ai continué d’avancer au milieu de la rue, mais je les entendais tout de même, devant ou derrière moi, comme si elles m’accompagnaient.
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Sans cesser de l’écouter, je me suis mis à examiner la femme qui me faisait face. Je me disais qu’elle avait dû traverser de dures années. Son visage était aussi translucide que si elle n’avait pas eu de sang dans les veines, et ses mains étaient flétries, flétries et toutes ridées. On ne lui voyait pas les yeux. Elle portait une robe blanche très ancienne surchargée de volants et, à son cou, enfilée sur un cordon, une Très-Sainte-Vierge du Refuge, avec l’inscription : Refuge des pécheurs.
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Je songe à la saison où mûrissaient les citrons. Au vent de février qui cassait les tiges des fougères avant qu'on ne les eût laissées se dessécher. Aux citrons mûrs dont l'odeur emplissait la vieille cour.
Par les matins de février, le vent venait de la montagne. Les nuages attendaient là-haut que le beau temps les fasse descendre dans la vallée ; entre-temps, ils laissaient le ciel bleu vide, ils laissaient la lumière entrer dans le jeu du vent qui dessinait des cercles sur la terre, brassait la poussière et faisait battre les branches des orangers.
Les moineaux riaient. Ils picoraient les feuilles que le vent faisait tomber et riaient ; ils laissaient des plumes entre les branches épineuses, chassaient les papillons et riaient. C'était la belle saison.
En février, quand les matins n'étaient que vent, moineaux et lumière bleue. Je m'en souviens.
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« J'ai l'impression que quelqu'un nous marche dessus.
— N'aie plus peur. Tu n'as plus rien à craindre. Essaie de penser à des choses agréables, parce que nous allons rester ensevelis très longtemps. »

(N. B. ce sont des morts qui parlent.)
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« … L'homme dont je te parle dressait les poulains à la Media Luna. […] Mon ami Pedro disait de lui qu'il domptait un cheval les mains dans les poches. Mais on ne peut nier qu'il avait un autre métier, celui d'incitateur. Voilà ce qu'il était en fait. Il incitait au rêve. Et il a embobeliné ta mère comme bien d'autres femmes. Moi, pour ne pas chercher plus loin, un jour où je me sentais patraque, il s'est présenté et m'a dit : " Je viens te faire une petite imposition des mains pour te soulager. " Ce qui, pour lui, revenait à dire qu'il allait te peloter, en s'attaquant d'abord aux bouts de doigts puis, en frictionnant plus fort, aux mains, aux bras et enfin aux jambes, tout ça à froid mais, au bout d'un moment, l'échauffement ne manquait pas de se produire. Tout en te manipulant ainsi, il te parlait de ton avenir. Il entrait en transe, roulait les yeux avec force invocations et malédictions, te couvrait de crachats comme le font les gitans. Parfois, il se mettait nu en disant que c'était ce que nous voulions, nous, les femmes. Et il lui arrivait de réussir son coup ; il nous pressait de tant de côtés à la fois qu'il finissait par trouver le bon bout. »
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