Emma marche dans la rue, triste, elle est en train de lire la lettre que son amie Clémentine lui a laissée avant de mourir. Elle doit donc se rendre chez les parents de Clem’ pour récupérer son journal intime. Celle a reçu ce journal en cadeau pour son quinzième anniversaire et va lui raconter sa vie, ses ressentis d’adolescente en train de grandir.
Lorsqu’Emma arrive chez les parents de Clem’, c’est la mère qui vient lui ouvrir la porte dans une atmosphère glaciale, le père ne daignant pas se montrer pour l’instant car Clem a demandé à sa mère qu’Emma lise ce journal dans la chambre qu’elle occupait enfant et qu’elle y passe la nuit.
On apprend alors peu à peu la quête de Clem’ à la recharge de qui elle est vraiment, sur le plan de sa personnalité en construction et sur sa préférence sexuelle.
Elle parle de son attirance pour Thomas un élève de terminale qui l’attire et dont les copines de classe sont plus ou moins amoureuses. Ce garçon est beau et lui plaît.
Le jour où Clem’ décide de franchir le pas, en marchant dans la rue elle se pose plein de questions, croise une jolie fille plus âgée qu’elle à la belle chevelure bleue et il se passe quelque chose dans le regard qu’elles échangent. Elle est persuadée que ce jour, sa vie va changer.
La nuit, elle fait un rêve érotique où elle se voit avec Emma. Sa tentative de relation sexuelle avec lui qui tourne au fiasco alors qu’elle a pris son temps avant de se décider à passer à l’acte, du comportement compréhensif de Thomas qui ne désire pas la brusquer et pense qu’elle a peur.
Elle se replie alors sur elle-même ; impossible d’en parler avec ses parents étant donné le climat glacial qui règne à la maison. Quelques mois plus tard elle se rend à une manif avec ses copains et une amie l’embrasse sur la bouche par jeu. Clem’ pense avoir enfin trouvé quelqu’un à qui parler et c’est le fiasco. Elle s’enfuit mais Valentin un ami l’accompagne. Il a eu des relations sexuelles avec un autre garçon et cela ne semble pas lui poser de problème.
Les mois passent, c’est l’année du bac et Clem’ se lance à fond dans le travail. Un jour Valentin l’emmène dans un bar gay pour une soirée et elle revoit Emma et ses beaux cheveux bleus. Et leur histoire commence ….
Ce que j’en pense :
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette BD. Julie Maroh y aborde le thème de l’homosexualité féminine (mais aussi masculine au passage). La rencontre entre deux jeunes femmes qui tombent amoureuses d’un simple regard en se croisant dans la rue : un coup de foudre.
Elle décrit la recherche d’identité de Clémentine qui souffre car elle se sent seule et incomprise. Emma est plus âgée, elle a plus confiance en elle, elle milite pour les droits civiques. Ses parents sont tolérants donc elle s’épanouit. Elle étudie aux beaux arts,en quatrième année et semble sans complexe.
Elle finit par quitter la compagne avec qui elle vivait depuis trois ans (jalouse, possessive) pour vivre avec Clem’. Cependant, elle prend du temps car elle veut être sûre des sentiments de Clem’ ce qui crée des disputes, des séparations.
Elle est très décontractée, avec sa casquette gavroche, ses cheveux bleus qui flottent dans l’air, sa cigarette à la main. Tout semble léger en elle.
Clem’ par contre est beaucoup plus intravertie. Elle est dans le déni au départ car elle se cherche, ne comprend pas ce qui lui arrive. Ses parents l’ont mis dehors en l’insultant en découvrant son homosexualité. Ses amies l’insultent et la rejette comme une pestiférée car elle est allée dans un bar gay. Elle a peur de ce qui se passe en elle, dans son cœur mais aussi dans son corps.
L’une est dans la vie et l’autre se torture l’âme car elle ploie sous le joug de la culpabilité.
Les images sont belles, les corps sont harmonieux et Julie Maroh manie très bien les couleurs sombres du désespoir les paroles de la colère sont en lettres majuscules, les autres sont rondes, harmonieuses. On a une alternance du monochrome et des nuances de bleus.
Donc une BD qui nous parle de tout ce qui tourne autour de l’homosexualité, la tolérance ou l’intolérance, la lourdeur du secret, la solitude, la douleur engendrée par le fait de se sentir différente, les différences en fait… et à côté la beauté des corps nus, le plaisir sans jamais aller dans la provocation. Beaucoup de pudeur aussi même dans la grande scène d'amour.
Une belle rencontre…
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