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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (289)
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Les Diaboliques

Après une période d'adaptation au style , à la longueur des descriptions, quel enchantement ! Des histoires étonnantes, curieuses, des personnages magnifiquement croqués, fond cette lecture un moment hors du temps.
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Les Diaboliques

Pour moi cet ensemble de nouvelles n'a aucun défaut. On y trouve une richesse de style, une variété dans les histoires, une audace inégalée. Tous les sens sont en éveil, quand la nouvelle prend fin, on croit tomber du haut d'une falaise !
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Une histoire sans nom - Une page d'Histoire..

Voilà un bien drôle de titre, alléchant sans nul doute ! Barbey d'Aurevilly nous entraîne dans les Cévennes profondes, où les sentiments peinent à émerger des coeurs et où les châtiments seront terribles. Une merveille. Un peu moins de réussite pour les autres nouvelles inclues.
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Une vieille maîtresse

Peu connaisse cet auteur. C'est un des écrivains qui écrivent le mieux de par le sens de la phrase, les descriptions, le dialogue de ses personnages. Le vocabulaire employé est d'une richesse telle que parfois on relit juste pour le plaisir.

J'ai beaucoup appris par cet auteur qui se compare au talent d'un Baudelaire par exemple ou encore à un Benjamin Constant.

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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Passion d'âmes et d'honneur se croisant et se ferrant jusqu'à l'ultime.

A découvrir dans son romantisme et aventure d'un siècle de sentiments et de révolutions.
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Les Diaboliques

Une référence à relire.
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Une vieille maîtresse - L'ensorcelée - Un prêtre ..

Extraordinaire! La descente aux Enfers de ce dandy tiraillé entre l'amour pur véhiculé par sa femme et la nostalgie, le vice, la sensualité, l'attirance à l'autodestruction caractérisés par la Vellini, cette maîtresse éternelle au charme énigmatique qui n'en finit pas de le hanter et donc de le détruire.

Un roman romantique qui exagère fortement sur cette relation toxique mais qui n'en reste pas moins magnifique.

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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Quelques surprises ont fait de ce livre un "lu aussi". L'origine du titre est finalement bien trouvée. Mais l'histoire met du temps à démarrer et m'a vraiment gênée.
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Un prêtre marié

Nouvelle lecture de Barbey d'Aurevilly avec ce magnifique roman qu'est "un prêtre marié".



Campagne normande. Jean Sombreval revient dans son village natal avec sa fille, la diaphane Calyxte, 20 ans après son départ.

Il y achète le domaine Du Quesnay, demeure anciennement habitée par une noblesse provinciale tombée dans la misère.

Cette installation au Quesnay lui avait été prédite dès sa jeunesse par une vieille femme du Bourg, La Malgaigne.



Ce retour n'est pas du goût des villageois. Sombreval, fils de paysan, est un prêtre défroqué. Il a tourné le dos à Dieu pour embrasser la science et prendre femme. C'est de cette union contre nature qu'est née Calyxte, dont la beauté et la bonté vont attirer sur elle l'amour de Néel de Néhou, jeune noble de la région. Mais elle est décidée à racheter le pêché de son père par la vertu.



Dans ce roman, Barbey fait du Barbey. Il continue d'utiliser ce processus narratif que j'apprécie particulièrement, à savoir le recours au récit enchâssé. L'écriture est toujours aussi magnifique, le savoir faire de l'auteur étant indéniable pour distiller des ambiances mystérieuses et crépusculaires. La description de l'étang bordant le domaine Du Quesnay dans les premières pages en est un parfait exemple.



Les personnages ne sont pas en reste et sont encore une fois exceptionnels par leurs caractères, et cette relation père/fille fusionnelle est à n'en pas douter un grand moment de littérature.



La foi et ses doutes sont très bien décrits, allant de la douceur à la fureur.



Je suis donc emballé comme je l'ai été après la lecture de "l'ensorcelée" et du recueil de nouvelles "les diaboliques".



N'hésitez plus !
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Les Diaboliques

Emballé par la lecture de "l'ensorcelée" il y a quelques semaines, je continue ma découverte de l'oeuvre de Jules Barbey d'Aurevilly.



Et c'est sur son fameux recueil de nouvelles intitulé "les diaboliques" que je me suis penché cette fois. Format qui n'est habituellement pas celui que j'affectionne le plus.



Paru en 1874, il entraîna l'inculpation de Barbey d'Aurevilly pour "délit d'outrage à la morale et aux bonne mœurs", comme ce fut le cas pour Flaubert et son "Madame Bovary".



On y trouve 6 nouvelles, de 30 à 40 pages (au format Quarto):



Le rideau cramoisi



Le plus bel amour de Don Juan



Le bonheur dans le crime



Le dessous de cartes d'une partie de whist



A un dîner d'athées



La vengeance d'une femme



J'ai lu ces 6 nouvelles dans l'ordre dans lequel elles sont présentées, nouvelles qui ont la particularité d'être toutes écrites (sauf la dernière) sous la forme de récits racontés par un narrateur à un ou plusieurs autres personnages.



Un jeune militaire épris de la fille de ses hôtes, un séducteur qui raconte l'amour le plus fou qu'il ait vécu, un couple étrange croisé dans un parc, voilà quelques uns des personnages que l'on va rencontrer.



Barbey d'Aurevilly, comme il est mentionné sur la 4ème de couverture, aime évoquer le passé : une France aristocratique, contre-révolutionnaire et donc favorable à la Restauration.



Habitués de Zola et de ses romans populaires dédiés à la bourgeoisie commerçante et aux ouvriers (le ventre de Paris, l'assommoir, Germinal, etc), le dépaysement sera total.



Ainsi c'est dans la ville de Valognes dans le Cotentin, cadre de chacune des nouvelles, un "Versailles normand", que l'auteur va nous parler d'amour, de passion, de "la femme", diabolique par les sentiments qu'elle ressent et qu'elle inspire.

Qu'elles s'appellent Hauteclaire ou Eulalie, Rosalba, Albertine, elles sont les héroïnes maudites d'histoires flamboyantes mais cruelles et tragiques.



En effet, comme je l'avais dit pour "l'ensorcelée", quelle écriture ! Je ne peux m'empêcher de vous en donner deux exemples tirés de "le dessous de cartes d'une partie de whist" (et ne révélant rien de l'intrigue):



"Il semblait qu'en se retirant de toute la surface du pays, envahi chaque jour par une bourgeoisie insolente, l'aristocratie se fût concentrée là, comme dans le fond d'un creuset, et y jetât, comme un rubis brûlé, le tenace éclat qui tient à la substance même de la pierre, et qui ne disparaîtra qu'avec elle."



"Ma puberté s'est embrasée à la réverbération ardente de ces belles et charmantes jeunesses qui savaient leur beauté inutile, qui sentaient que le flot de sang qui battait dans leurs cœurs et teignait d'incarnat leurs joues sérieuses, bouillonnait en vain."



Les ambiances sont rendues d'une façon prodigieuse. On se croirait perdu sur ces routes de campagne ou ces ruelles, noyées dans le brouillard et la pénombre ou au contraire, dans ces salons mondains.



Bref, cette nouvelle lecture est un choc et confirme l'impression éprouvée précédemment avec l'ensorcelée.



Bonne lecture !
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Une histoire sans nom

Même si ce n'est pas - ce n'est plus - la période du roman gothique, j'ai retrouvé certaines atmosphères ou situations de ce sous-genre littéraire. Les couleurs dominantes sont le noir et blanc, noir du paysage, si sombre, sans lumière, assorti à la couleur des coiffes de deuil de la mère, tandis que l'escalier si blanc renforce la pâleur maladive de la fille. La seule tâche de couleur vient à la fin, le rouge d'un coeur transpercé - au sens propre.

De belles descriptions d'ailleurs des ces montagnes si denses et si fermées, véritables prisons pour les personnages, qui ne les quittent que pour s'enfermer dans une autre prison, un château dont les portes et les fenêtres sont closes, qu'elles occupent comme des spectres. Et surtout, c'est cette figure inquiétante du moine qui évoque le gothique, don le nom même a une consonance médiévale, et même moyenâgeuse - l'auteur insiste sur cette idée du pouvoir évocateur du nom.

Un roman qui vaut pour son ambiance donc plus que pour son intrigue - le coupable est vite identifié, et l'épilogue est un peu facile d'un point de vue scénaristique par l'accumulation de coïncidences. Néanmoins, Mme de Ferjol est un personnage très fort, à la fois dévote et sacrilège, épouse plus que mère, inflexible dans ses principes et prête à torturer sa propre fille.
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Une page d'histoire

D'un fait divers sordide dont il ne sait pas grand-chose, l'auteur livre un joli récit par petites touches sensuelles et onirique. C'est plus la peinture poétique d'une atmosphère par petites touches qu'un véritable récit linéaire. Les personnages ne sont qu'esquissés, sans focalisation interne on ne sait ce qu'il pense. Le crime même n'est pas le plus important - et pour un lecteur contemporain connaissant le Trône de fer, il n'est finalement pas si important, puisqu'il est annoncé dès le début. Non, ce que je retiens c'est la force de certaines images, comme les cygnes noirs comme le pêché, au coup ensanglanté comme la guillotine, ou la descriptions des rues de la ville de l'enfance, peuplées des fantômes des souvenirs.
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Léa

Dans les nouvelles, c'est souvent la fin qui détermine si elles sont réussies ou non. L'intrigue est assez convenue, très XIXème siècle - une amitié virile, l'ami qui tombe amoureux de la soeur de son ami, une jeune fille innocente malade et condamnée sans pouvoir connaître le bonheur. Mais ce tableau est noirci progressivement : Léa n'est même pas belle puisque la maladie lui ôte tous ses attraits physiques, Réginald est un amoureux transi, et surtout, Léa est bête. Elle n'a pas reçu d'éducation, n'a pas lu de livre, et donc ne connaît rien de l'amour. C'est donc une vierge chaste, la blancheur du lys mais sans ces pudeurs ni ses rougeurs.

La scène finale est brutale, noire et cynique, le récit d'un viol dans le cadre romantique d'un coucher de soleil et d'un parterre de fleurs, qui renverse le sentimentalisme de Réginald.

Donc oui, une nouvelle plutôt réussie.
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Le Cachet d'Onyx

Certes, Othello a tué sa femme par jalousie, mais il l'aimait encore. Son crime se mêlait à ses larmes, explique le Narrateur de cette nouvelle. Ici, il présente un autre type de jaloux, pire selon lui, un jaloux qui n'aime plus. Cet Auguste n'est pas un don Juan, il n'est pas non plus un véritable libertin. Non, c'est un dandy sans grande passion, prêt à séduire femmes du monde et grisette our son plaisir personnel avant de se tourner vers une autre proie. Ni vraiment séducteur, ni vraiment cynique. Et c'est de cette absence de passion violente, décrite sur un ton froid, que naît le décalage glaçant avec son acte final. Pour une petite blessure d'amour-propre, une conversation de salon, il trouve le moyen de rompre de la façon la plus brutale possible, avec sa charmante maîtresse - qui, par contraste, est dépourvue d'originalité, un portrait typique de la femme du monde adultère.

Un petit texte, oui, mais violent - par sa fin, le reste n'étant pas d'une grande originalité.
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Les Diaboliques

Un beau livre de la litterature classique francaise qui a plutot bien vieilli :il se lit dans les années 2000 avec le meme plaisir et l'histoire peut encore sembler assez actuelle : les caracteristiques d'un chef d'oeuvre à decouvrir et lire absolument !
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Les Diaboliques

Il y a dans « Les diaboliques » matière à susciter une haine quasi générale. On tient là une œuvre libertine dans toute sa splendeur : morgue aristocratique et misogynie triomphante. La Femme (avec un grand F) est meuble, cible ou trophée sur une étagère, au choix. Celle-ci ne s'en offusque pas particulièrement : certes elle est en dessous de l'Homme aristocratique. Mais en dessous d'elle, il y a l'homme (avec un petit h) du peuple ; elle est assurée de sa supériorité sur lui, et le range parmi les utilitaires. On se plaint moins de son infériorité quand on est soi-même le supérieur de quelqu'un. Dans ce monde où le principe d'égalité entre les hommes n'est rien de plus qu'une chimère ridicule, on tue le temps comme on peut. Et quant on a épuisé les ressources de la chasse et du jeu, on écoute les souvenirs des vieux séducteurs impénitents.



Normalement à ce stade, 10% de ceux qui ne l'ont pas encore lu salivent, 10% restent perplexe, et les 80% restant l'ont rayé de leur liste au feutre rouge. Et ils ont tort.



Ils ont tort, car Barbey d'Aurevilly atteint une qualité d'écriture qui n'est pas vraiment égalable. Ils ont tort, car cette beauté mâtinée d'élégance décadente amplifie et pousse aux extrêmes les sentiments qui font l'objet de ces six nouvelles, surtout quand il s'agit de vengeance ou de haine. Ils ont tort, car c'est un monde agonisant qu'il décrit. Une à une, nouvelle après nouvelle, toutes ces beautés aristocratiques se fanent et s'éteignent. Et derrière elles, robuste, surgit la silhouette sculpturale d'une maître d'armes plébéienne, au poignet et au tempérament de fer ; un monde nouveau qui s'annonce...



Oui, 'Les Diaboliques' sont le dernier feu et la dernière flamme de l'aristocratie mourante, qui pendant mille ans régna sur l'Europe. Quant elle vit sa fin proche, elle eut pour elle le même regard de mépris qu'elle avait eu pendant des siècles pour les hommes et les femmes du peuple. Et c'est ce moment qu'a capté Barbey d'Aurevilly.



Quand bien même les particules et les regards de haut vous hérissent le poil, ne vous privez pas de cet instant.
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Les Diaboliques

A travers ces six récits effroyables, Barbey d'Aurevilly raconte la passion amoureuse, dévorante, diabolique, au delà de toute morale. Du bonheur que n'assombrit pas le crime à la vengeance d'une femme amoureuse, de la jalousie d'une mère à l'amour d'une fille pour l'amant de sa mère, de l'athée endurci qui va confier au prêtre une bien douloureuse relique à la jeune fille possédée par un amour mortel… toutes ces histoires tiennent du Diable.



Si la sensualité est sans limites, si le crime est dicté par les plus noirs ou les plus célestes desseins, rien ne l'arrête quand la pureté se mêle aux plus sombres désirs, jusqu'à jeter une fière duchesse espagnole dans la déchéance de la prostitution. Et dans ces calmes petites villes de Normandie où le temps semble parfois arrêté, un pot de fleurs peut dissimuler de bien lourds secrets, un rideau cramoisi de bien lugubres souvenirs, comme si la vie avait tenté de s'y épanouir pour être étouffée sous le poids du quotidien. Car la mort guette, une mort parfois tragique parfois héroïque, celle des splendeurs passées, des époques perdues.



Barbey nous transporte sur des chemins sombres, dans ces nuits obscures de l'âme humaine où parfois le ciel se déchire sur une lueur rouge comme une trace de sang dans laquelle il va tremper sa plume de conteur...diabolique ! Et on s'en délecte.
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Les Diaboliques

Un beau titre, qui a pu inspirer la belle chanson de Juliette "Le diable est une femme".

Car oui, les "diaboliques", ce sont d'abord des diablesses, des femmes vouées à l'enfer pour leurs pêchés, bien plus que les sept péchés capitaux d'ailleurs. Oui, il y a de la luxure autour d'un Don Juan moderne entouré de douze apôtres féminins dans un repas qui reproduit la Cène - mais c'est un souper fin dans un boudoir, de quoi satisfaire la gourmandise. Les relations entre mère et fille sont placées sous le signe de la colère dans deux histoires différentes, lorsqu'elles s'aperçoivent qu'elles aiment le même homme. Et la vengeance, qui est le nom d'un récit, n'est-ce pas une forme suprême de colère ? Il y a de l'envie et de la jalousie, quand une femme, Hauteclaire, assassine l'épouse de son amant pour pouvoir l'épouser au grand jour, pleine d'orgueil de sa beauté, plus fière qu'une panthère. Alberte, elle, ne fait-elle pas preuve de paresse en prenant pour amant le locataire de ses parents ?

Et il y a aussi du blasphème, entre impiété, vol, adultère, infanticide, assassinat... Mais pour que ces femmes soient coupables, c'est qu'il y a un homme dans l'histoire. Chaque récit commence d'ailleurs paradoxalement par le portrait d'un homme, souvent d'un homme fort, homme à femme et soudard, ou cynique et impie. Les diaboliques, ce sont donc aussi les hommes pour qui les femmes se rendent coupables.

Quelques récits marquants avec des portraits féminins de femmes qui aiment, désirent, cherchent leur plaisir. Des images marquantes assez glaçantes même.
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L'Ensorcelée

Un voyage futur vers ce coin de la Normandie, le Cotentin qui réserve bien de belles choses à peindre ou à écrire. Pour se mettre dans le bain normand, une lecture d'un classique paru en feuilleton en 1852 sous un autre titre. Une histoire qui prend, mélange de fantastique avec les bergers nomades, de chronique sociale avec les mœurs de l'époque mais aussi une satire sociale où par la bouche de personnages, l'auteur critique la société moderne et où l'on se rend compte que peu de choses ont changé. L’imagination régresse et la consommation consomme tout en asservissant gens et choses. Surtout au début du roman que j'ai préféré d'ailleurs. L'ayant lu de manière irrégulière, j'avoue m'être parfois un peu perdu dans les personnages et leur place par rapport au narrateur mais bon, ce n'est pas très grave. Cela m'a conforté dans l'idée d'une visite dans le Cotentin pour voir de près ces Landes de Lessay... même si Jules Barbey d'Aurevilly ne les a jamais vues, il est parti de ses impressions pour un autre endroit leur ressemblant et le romancier a fait le reste.
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Oeuvres romanesques complètes, tome 1

N°331– Mars 2009

QUELQUES MOTS sur Jules BARBEY d'AUREVILLY [1808-1889].



La récente diffusion par France 2 de la série « Contes et nouvelles du XIX° siècle » nous replonge dans cette époque flamboyante à travers les œuvres d'Eugène LABICHE, de Guy de MAUPASSANT, Honoré de BALZAC ... Cela nous prouve que le Service Public peut aussi avoir une action culturelle, ce dont personnellement je n'ai jamais douté.



Je veux saluer cette initiative mais aussi la mise en lumière d'un écrivain un peu oublié qu'est Jules Barbey d'Aurevilly, auteur notamment des «Les Diabolique s» dont est extrait la nouvelle « Le bonheur dans le crime » diffusée sur France 2.



C'est que le personnage est original et paradoxale à plus d'un titre.

De racines normandes, la famille Barbey accède à la noblesse vers le milieu de XVIII° par l'acquisition d'une charge. La Révolution l'éprouvera durement et elle vivra dans l'espoir du retour de la monarchie. Ainsi, l'enfance de Jules se déroulera dans une ambiance conservatrice, entre une mère attentive et un père un peu austère. Quand il poursuit ses études au collège de Valogne, Jules loge chez un oncle à l'esprit libéral, docteur en médecine mais aussi franc-maçon, ce qui contribue à l'émancipation de son neveu. Ce personnage se retrouvera dans son œuvre. De même, d'autres membres de sa parentèle contribueront à son éveil intellectuel et à sa future vocation d'écrivain. Il commence à publier des vers, mais le succès n'est guère au rendez-vous. Son admission dans un collège parisien contribue largement à lui inculquer des idées opposées à celles de sa famille, il devient républicain et entame des études de droit.



En littérature, c'est l'époque du romantisme, il rencontre Hugo, mais ses tentatives littéraires sont vouées à l'échec tout comme ses amours. Pourtant, c'est de ce mouvement littéraire dont il s'inspirera dans ses premières œuvres. Lord Byron aura notamment une influence marquante sur ses premières années. La vie parisienne l'enivre, il rompt avec sa famille et mène dans la capitale la vie insouciante d'un dandy, ce qui lui vaut le surnom de « Sardanapale d'Aurevilly ». A cette époque il commence une étude sur Brummel qui parait en 1845 mais qui ne reçoit qu'un succès d'estime. Son dandysme est original en ce qu'il ne se cantonne pas à l'habit mais, au contraire, se décline dans des nuances intellectuelles toutes personnelles et originales. Brillant causeur, il multiplie les conquêtes féminines, ce qui ne sera pas sans influence sur son œuvre littéraire future [« la vieille maîtresse » qui fera scandale lors de sa parution]. Pour le moment, elle n'est guère couronnée de succès même s'il est également un intellectuel, collaborateur de divers journaux. Cela lui ouvre les portes des salons et des cercles littéraires et il revient quelque peu dans le cercle royaliste et catholique.



Il se met à voyager dans le centre de la France, se rapproche de son frère qui est devenu prêtre, ce qui l'amène sur les chemins de la conversion. Il devient rédacteur en chef de «  la revue du monde catholique », mais la révolution de 1848 le perturbe quelque peu et il semble, passagèrement, épouser la cause des mouvements ouvriers, puis abandonne les salons parisiens pour sa Normandie natale où il peaufine son œuvre littéraire. Il s'y mêle catholicisme, monachisme et pages sensuelles et passionnées. Dans le même temps, il travaille à la rédaction de « un prêtre marié », ce qui ne l'empêche pas de renouer avec la pratique religieuse.



Pourtant, ses démons journalistiques ne sont pas morts et il est engagé dans un journal, bonapartiste, celui-là, mais en qualité de critique littéraire. Il y restera 10 ans et s'attaquera aux « Contemplations » de Victor Hugo, réhabilitera Balzac, révélera Stendhal, défendra Baudelaire, combattra Leconte de Lisle et Zola, Sainte-Beuve, Gautier...

Il se révélera un polémiste attentif et de qualité, témoin et parfois contempteur de la vie littéraire de son temps, talentueux et courageux en tout cas, attaquant même l'Académie Française et gardant une fibre anti-républicaine.



Son œuvre (Les Diaboliques) scandalise, il poursuit sa démarche créatrice, ce qui lui vaut le surnom de « connétable des Lettres », et se consacre aux femmes de Lettres. Jusqu'à sa mort il continuera de publier des nouvelles, parfois remaniées. En tant qu'écrivain, il reste marqué par le goût de la provocation mais reste profondément marqué par le catholicisme (principe de l'opposition du bien et du mal, présence du personnage du prêtre...), le classicisme, mais aussi par la peinture de la vie provinciale normande et l'évocation des paysages, notamment dans ses nouvelles.

Polémiste ou écrivain, il a lui-même inspiré des personnages de romans et s'est attiré par ses critiques, sympathie ou inimitiés.

Je ne partage pas, assurément, toutes ses idées, mais j'apprécie qu'il n'ait pas suscité de l'indifférence.



L'adaptation télévisuelle d'une de ses nouvelles sera peut-être l'occasion de redécouvrir cet homme de Lettres qui fit partie intégrante des écrivains de son temps et qui l'illumina.





 Hervé GAUTIER – Mars 2009.http://hervegautier.e-monsite.com 

















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