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Citations de Jules Romains (420)


Ce monde sans mansuétude dont la loi suprême semble être une loi de rançons.
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"KNOCK
Que voulez-vous ! Cela se fait un malgré moi. Dès que je suis en
présence de quelqu’un, je ne puis pas empêcher qu’un diagnostic
s’ébauche en moi… même si c’est parfaitement inutile, et hors de
propos. (Confidentiel.) À ce point que, depuis quelque temps, j’évite de
me regarder dans la glace.
LE DOCTEUR
Mais… un diagnostic… que voulez-vous dire ? un diagnostic de
fantaisie, ou bien ?...
KNOCK
Comment, de fantaisie ? Je vous dis que malgré moi quand je rencontre
un visage, mon regard se jette, sans même que j’y pense, sur un tas de
petits signes imperceptibles… la peau, la sclérotique, les pupilles, les
capillaires, l’allure du souffle, le poil… que sais-je encore, et mon
appareil à construire des diagnostics fonctionne tout seul. Il faudra que
je me surveille, car cela devient idiot."
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Il décida donc de s'appeler George Allory. Pas d's à George ; pour éviter le risque d'une liaison déplaisante, et pour amorcer une impression de chic anglais. (Le chic anglais est un succédané prudent de la particule.) Un y à Allory pour appuyer cette impression. L'ensemble : George Allory, faisait très grand seigneur de l'époque d'Elisabeth, ou, à la rigueur, du temps de George III ; tout en restant très vieille France, pour les gens qui préfèrent ça. Au total quatre syllabes, ce qui se prononce et se retient le mieux. Mais le grand avantage d'Allory était de produire un torrent d'adjectifs : allorien, allorique, alloriste… (la grâce ou la mélancolie « allorienne ») jusqu'à plus soif. Ajoutons que trente ans après, en 1908, le besoin d'aucun de ces adjectifs ne s'était encore fait sentir.

Dans ces trente ans, Allory, avait publié trois romans mondains et s'était fait une situation de critique.
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«[...] Je veux bien même être seul de mon avis, me battre tout seul, mais pour une cause qui vaincra un jour. Que l'avenir, s'il le faut, soit mon seul camarade. Mais que je l'aie de mon côté. Je ne suis pas assez dilettante pour accepter de gâcher mon temps. Le dévouement aux causes perdues? je sais, élégance chevaleresque. Maus au fond quel scepticisme! J'aime mieux passer pour naïf. Car évidemment c'est une naïveté de croire que les meilleures causes ont l'avenir pour elles. Mais cette naïveté-là est le ressort qui a fait marcher le monde jusqu'ici. Oui, c'est du même ordre que le foi au progrès. Un peu primaire, paraît-il. Tant pis pour les malins et les fatigués : j'ai foi au progrès.»
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"Tomber malade", vieille notion qui ne tient plus devant les données de la science actuelle. La santé n'est qu'un mot, qu'il n'y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide. Naturellement, si vous allez leur dire qu'ils se portent bien, ils ne demandent qu'à vous croire. Mais vous les trompez.
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Knock :
Trente =-deux pages in-octavo : sur les prétendus états de santé, avec cette épigraphe, que j'ai attribuée à Claude Bernard :
"Les gens bien portants sont des maladres qui s'ignorent"
(p.31)
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Rassuré, il chercha un compartiment. Il voulait être seul, pour que son enthousiasme pût se dilater à l'aise, sans se friper sur de la chair humaine. Tous les compartiments qu'il inspecta étaient vides, ce qui compliquait les choses, car il n'y avait plus de raison de choisir. Mais la sagesse des voyageurs conseille le milieu des trains, qui est l'endroit le moins exposé aux risques des tamponnements comme aux rudesses de la traction.
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Le lecteur pourrait s'étonner de voir les "Mémoires de madame Chauverel" entrer au catalogue de notre Maison. Ni le genre de passé qu'ils évoquent, ni l'esprit qui s'en dégage ne semblaient de nature à nous les recommander.
Il peut trouver encore plus surprenant que Mme Chauverel de son côté nous ait choisis pour éditeur ...
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La santé n'est qu'un mot, qu'il n'y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide.
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"Voilà justement ce qu’il faut. Je veux dire : voilà l’effet de saisissement que nous devons porter jusqu’aux entrailles de l’auditoire. Vous, monsieur Bernard, vous vous y habituerez. Qu’ils n’en dorment plus ! (Penché sur lui.) Car leur tort, c’est de dormir, dans une sécurité trompeuse dont les réveille trop tard le coup de foudre de la maladie."
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Acte II – Scène I

KNOCK, LE TAMBOUR DE VILLE

KNOCK, assis, regarde la pièce et écrit : C’est vous le tambour de ville ?
LE TAMBOUR, debout : Oui, monsieur.
KNOCK : Appelez-moi docteur. Répondez-moi « oui, docteur », ou « non, docteur ».
LE TAMBOUR: Oui, docteur.
KNOCK : Et quand vous avez l’occasion de parler de moi au-dehors, ne manquez jamais de vous exprimer ainsi : « Le docteur a dit », « le docteur a fait »… J’y attache de l’importance. Quand vous parliez entre vous du docteur Parpalaid, de quels termes vous serviez-vous ?
LE TAMBOUR: Nous disions : « C’est un brave homme, mais il n’est pas très fort. »
KNOCK : Ce n’est pas ce que je vous demande. Disiez-vous « le docteur » ?
LE TAMBOUR: Non. « M. Parpalaid », ou « le médecin », ou encore « Ravachol ».
KNOCK : Pourquoi « Ravachol » ?
LE TAMBOUR: C’est un surnom qu’il avait. Mais je n’ai jamais su pourquoi.
KNOCK : Et vous ne le jugiez pas très fort ?
LE TAMBOUR : Oh ! pour moi, il était bien assez fort. Pour d’autres, il paraît que non.
KNOCK : Tiens !
LE TAMBOUR: Quand on allait le voir, il ne trouvait pas.
KNOCK : Qu’est-ce qu’il ne trouvait pas ?
LE TAMBOUR: Ce que vous aviez. Neuf fois sur dix, il vous renvoyait en vous disant : « Ce n’est rien du tout. Vous serez sur pied demain, mon ami. »
KNOCK : Vraiment !
LE TAMBOUR: Ou bien il vous écoutait à peine, en faisant « oui, oui », « oui, oui », et il dépêchait de parler d’autre chose, pendant une heure, par exemple de son automobile.
KNOCK : Comme si l’on venait pour ça !
LE TAMBOUR: Et puis il vous indiquait des remèdes de quatre sous ; quelquefois une simple tisane. Vous pensez bien que les gens qui payent huit francs pour une consultation n’aiment pas trop qu’on leur indique un remède de quatre sous. Et le plus bête n’a pas besoin du médecin pour boire une camomille.
KNOCK : Ce que vous m’apprenez me fait réellement de la peine. Mais je vous ai appelé pour un renseignement. Quel prix demandiez-vous au docteur Parpalaid quand il vous chargeait d’une annonce ?
LE TAMBOUR, avec amertume : Il ne me chargeait jamais d’une annonce.
KNOCK : Oh ! Qu’est-ce que vous me dites ? Depuis trente ans qu’il était là ?
LE TAMBOUR: Pas une seule annonce en trente ans, je vous jure.
KNOCK, se relevant, un papier à la main : Vous devez avoir oublié. Je ne puis pas vous croire. Bref, quels sont vos tarifs ?
LE TAMBOUR: Trois francs le petit tour et cinq francs le grand tour. Ça vous paraît peut-être cher. Mais il y a du travail. D’ailleurs, je conseille à monsieur…
KNOCK : « Au docteur. »
LE TAMBOUR: Je conseille au docteur, s’il n’en est pas à deux francs près, de prendre le grand tour, qui est beaucoup plus avantageux.
KNOCK : Quelle différence y a-t-il ?
LE TAMBOUR: Avec le petit tour, je m’arrête cinq fois : devant la Mairie, devant la Poste, devant l’Hôtel de la Clef, au Carrefour des Voleurs, et au coin de la Halle. Avec le grand tour, je m’arrête onze fois, c’est à savoir…
KNOCK : Bien, je prends le grand tour. Vous êtes disponible, ce matin ?
LE TAMBOUR : Tout de suite si vous voulez…
KNOCK : Voici donc le texte de l’annonce.
Il lui remet le papier.
LE TAMBOUR, regardant le texte : Je suis habitué aux écritures. Mais je préfère que vous me le lisiez une première fois.
KNOCK, lentement. Le Tambour écoute d’une oreille professionnelle : « Le docteur Knock, successeur du docteur Parpalaid, présente ses compliments à la population de la ville et du canton de Saint-Maurice, et a l’honneur de lui faire connaître que, dans un esprit philanthropique, et pour enrayer le progrès inquiétant des maladies de toutes sortes qui
envahissent depuis quelques années nos régions si salubres autrefois… »
LE TAMBOUR: Ça, c’est rudement vrai !
KNOCK : « …il donnera tous les lundis matin, de neuf heures trente à onze heures trente, une consultation entièrement gratuite, réservée aux habitants du canton. Pour les personnes étrangères au canton, la consultation restera au prix ordinaire de huit francs. »
LE TAMBOUR, recevant le papier avec respect : Eh bien ! C’est une belle idée ! Une idée qui sera appréciée ! Une idée de bienfaiteur ! (Changeant de ton) Mais vous savez que nous sommes lundi. Si je fais l’annonce ce matin, il va vous en arriver dans cinq minutes.
KNOCK : Si vite que cela, vous croyez ?
LE TAMBOUR: Et puis, vous n’aviez peut-être pas pensé que le lundi est jour de marché ? La moitié du canton est là. Mon annonce va tomber dans tout ce monde. Vous ne saurez plus où donner de la tête.
KNOCK : Je tâcherai de me débrouiller.
LE TAMBOUR: Il y a encore ceci : que c’est le jour du marché que vous aviez le plus de chances d’avoir des clients. M. Parpalaid n’en voyait guère que ce jour-là. (Familièrement) Si vous les recevez gratis…
KNOCK : Vous comprenez, mon ami, ce que je veux, avant tout, c’est que les gens se soignent. Si je voulais gagner de l’argent, c’est à Paris que je m’installerais, ou à New York.
LE TAMBOUR: Ah ! vous avez mis le doigt dessus. On ne se soigne pas assez. On ne veut pas s’écouter, et on se mène trop durement. Quand le mal vous tient, on se force. Autant vaudrait-il être des animaux.
KNOCK : Je remarque que vous raisonnez avec une grande justesse, mon ami.
LE TAMBOUR, se gonflant : Oh ! sûr que je raisonne, moi. Je n’ai pas l’instruction que je devrais. Mais il y en a de plus instruits qui ne m’en remontreraient pas. M. le maire, pour ne pas le nommer, en sait quelque chose. Si je vous racontais qu’un jour, monsieur…
KNOCK : « Docteur »
LE TAMBOUR: Docteur !... qu’un jour, M. le préfet, en personne, se trouvait à la mairie dans la grande des mariages, et même que vous pourriez demander attestation du fait à des notabilités présentes, à M. le premier adjoint, pour ne pas le nommer, ou à M. Michalon, et qu’alors…
KNOCK : Et qu’alors M. le préfet a vu tout de suite à qui il avait à faire, et que le tambour de ville était un tambour qui raisonnait mieux que d’autres qui n’étaient pas tambours mais qui se prenaient pour quelque chose de bien plus fort qu’un tambour. Et qui est-ce qui n’a plus su quoi dire ? C’est M. le maire.
LE TAMBOUR : C’est l’exacte vérité ! Il n’y a pas un mot à changer ! On jurerait que vous étiez là, caché dans un petit coin.
KNOCK : Je n’y étais pas, mon ami.
LE TAMBOUR: Alors, c’est quelqu’un qui vous l’a raconté, et quelqu’un de bien placé ? (Knock fait un geste de réserve diplomatique) Vous ne m’ôterez pas de la tête que vous en avez causé récemment avec M. le préfet.
Knock se contente de sourire.
KNOCK, se levant. : Donc, je compte sur vous, mon ami. Et rondement, n’est-ce pas ?
LE TAMBOUR, après plusieurs hésitations : Je ne pourrai pas venir tout à l’heure, ou j’arriverai trop tard. Est-ce que ça serait un effet de votre bonté de me donner ma consultation maintenant ?
KNOCK : Heu… Oui. Mais dépêchons-nous. J’ai rendez-vous avec M. Bernard, l’instituteur, et avec M le pharmacien Mousquet. Il faut que je les reçoive avant que les gens n’arrivent. De quoi souffrez-vous ?
LE TAMBOUR: Attendez que je réfléchisse ! (Il rit.) Voilà. Quand j’ai diné, il y a des fois que je me sens une espèce de démangeaison ici. (Il montre le haut de son épigastre.) Ça me chatouille, ou plutôt, ça me gratouille.
KNOCK, d’un air de profonde concentration : Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ?
LE TAMBOUR: Ça me gratouille. (Il médite.) Mais ça me chatouille bien un peu aussi.
KNOCK : Désignez-moi exactement l’endroit.
LE TAMBOUR: Par ici.
KNOCK : Par ici… où cela, par ici ?
LE TAMBOUR: Là. Ou peut-être là… Entre les deux.
KNOCK : Juste entre les deux ?... Est-ce que ça ne serait pas plutôt un rien à gauche, là, où je mets mon doigt ?
LE TAMBOUR: Il me semble bien.
KNOCK : Ça vous fait mal quand j’enfonce mon doigt ?
LE TAMBOUR: Oui, on dirait que ça me fait mal.
KNOCK : Ah! ah! (Il médite d’un air sombre.) Est-ce que ça ne vous gratouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?
LE TAMBOUR: Je n’en mange jamais. Mais il me semble que si j’en mangeais, effectivement, ça me gratouillerait plus.
KNOCK : Ah ! Ah ! très important. Ah ! ah ! Quel âge avez-vous ?
LE TAMBOUR: Cinquante et un, dans mes cinquante-deux.
KNOCK : Plus près de cinquante-deux ou de cinquante et un ?
LE TAMBOUR, il se trouble peu à peu : Plus près de cinquante-deux. Je les aurai fin novembre.
KNOCK, lui mettant la main sur l’épaule : Mon ami, faites votre travail aujourd’hui comme d’habitude. Ce soir, couchez-vous de bonne heure. Demain matin, gardez le lit. Je passerai vous voir. Pour vous, mes visites seront gratuites. Mais ne le dites pas. C’est une faveur.
LE TAMBOUR, avec anxiété : Vous êtes trop bon, docteur. Mais c’est donc grave, ce que j’ai ?
KNOCK : Ce n’est peut-être pas encore très grave. Il était temps de vous soigner. Vous fumez ?
LE TAMBOUR, tirant son mouchoir : Non, je chique.
KNOCK : Défense absolue de chiquer. Vous aimez le vin ?
LE TAMBOUR: Je bois raisonnablement.
KNOCK : Plus une goutte de vin. Vous êtes marié ?
LE TAMBOUR: Oui, docteur.
Le tambour s’essuie le front.
KNOCK : Sagesse totale de côté-là, hein ?
LE TAMBOUR : Je puis manger ?
KNOCK : Aujourd’hui, comme vous travaillez, prenez un peu de potage. Demain, nous en viendrons à des restrictions plus sérieuses. Pour l’instant, tenez-vous-en à ce que je vous ai dit.
LE TAMBOUR s’essuyant à nouveau : Vous ne croyez pas qu’il vaudrait mieux que je me couche tout de suite ? Je ne me sens réellement pas à mon aise.
KNOCK, ouvrant la porte : Gardez-vous en bien ! Dans votre cas, il est mauvais d’allez se mettre au lit entre le lever et le coucher du soleil. Faites vos annonces comme si de rien n’était, et attendez tranquillement jusqu’à ce soir.
Le tambour sort. Knock le reconduit.
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L'humanité sait mal, d'ordinaire, montrer sa reconnaissance à ceux qui écartent d'elle les catastrophes; surtout quand c'est par un travail quotidien et patient qu'ils les écartent, sans péripéties violemment dramatiques.
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Depuis 19 siècles que la science des docteurs s'applique à pénétrer les divins préceptes, ils nous sont devenus familiers par la lettre, sans que nous soyons endroit de dire qu'ils ne nous demeurent pas étrangers par l'esprit.
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Je suis redescendu pour que vous montiez. Je me tais pour que vous parliez.
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On se regarda. On flairait que l'insulte était grave ; mais personne n'en mesurait exactement la portée. Quelqu'un murmura, pour le principe.
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« Les gens bien portant sont des malades qui s’ignorent. »
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LE TROUHADEC.- Quand je n'étais pas illustre, je mangeais peu, je n'aimais pas le vin, je digérais avec lenteur, cher monsieur Bénin, et je n'avais que des pensées honnêtes.
BENIN.- Tiens !
LE TROUHADEC.- Ma dernière...comment vous dirais-je ? Ma dernière faiblesse sensuelle remonte à octobre 1904...je me trompe, octobre 1903, l'année du congrès de statistique démographique.
BENIN.- Octobre 1903 ?
LE TROUHADEC.- Oui. Depuis mon grand succès et toute cette gloire qui m'est venue...
Benin.- Si méritée, monsieur Le Trouhadec !
LE TROUHADEC.- En quelque sorte méritée... Bref, depuis mon élection à l'institut, qui eut à certains égards les caractères d'un triomphe, je ne suis plus le même homme. J'ai grand appétit. J'aime le vin, spécialement le Bourgogne rouge...
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KNOCK.- Entendons-nous bien ! Depuis mon enfance, j'ai toujours lu avec passion les annonces médicales et pharmaceutiques des journaux, ainsi que les prospectus intitulés "mode d'emploi" que je trouvais enroulés autour des boîtes de pilules et des flacons de sirop qu'achetaient mes parents. Dès l'âge de neuf ans, je savais par coeur des tirades entières sur l’exonération imparfaite du constipé. Et encore aujourd'hui, je puis vous réciter une lettre admirable, adressée en 1897 par la veuve P..., de Bourges à la tisane américaine des Shakers. Voulez-vous ?
LE DOCTEUR.- Merci, je vous crois.
KNOCK.- Ces textes m'ont rendu familier de bonne heure avec le style de la profession. Mais surtout ils m'ont laissé transparaître le véritable esprit et la véritable destination de la médecine, que l'enseignement des facultés dissimule sous le fatras scientifique...
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Madame Rémy
Le docteur Knock..écoutez,monsieur Parpalaid.Je ne discuterai pas d'automobile avec vous parce que je n'y entends rien.Mais je commence à savoir ce que c'est qu'un malade.Eh bien,je puis vous dire que dans une population où tous les gens chétifs sont déjà au lit,on l'attend de pied ferme,votre grippe mondiale.Ce qu'il y a de terrible,comme l'expliquait l'autre jour Monsieur Bernard,à la conférence,c'est un coup de tonnerre dans le ciel bleu.
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J’ai suivi les conseils de ce gros béta de notaire, au demeurant le meilleur des hommes. Mais je le crois moins lucide que le guéridon de sa chère femme, qui, comme vous le savez, servit quelque temps de truchement aux esprits.
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