AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Julia Thévenot (241)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Bordeterre

« La Terre vous soutienne.

Le Bord vous retienne ! »



Si vous venez de « déborder » à Bordeterre, autant vous habituer aux convenances locales ! Mais sans doute êtes-vous au second plan, sans même avoir conscience de l’univers qui se déploie en ce premier plan tangentiel qu’est Bordeterre – et je ne vous parle même pas du plan Zéro…



Premier roman de celle qu'on connaît déjà pour son chouette blog Allez vous faire lire, Bordeterre construit un univers original, à la fois riche et très cohérent. On y bascule avec Inès, Tristan et leur chien Pégase. D’emblée, on se prend d’affection pour cette ado téméraire et son frère Tristan, tout en intelligence et en fragilités. Et bien sûr (cela ne va pas étonner ceux qui nous connaissent) pour l’admirable bestiole qui les accompagne ! Très vite, les protagonistes sont séparés et arpentent deux faces disjointes de Bordeterre. Avec eux, on découvre un monde débordant de curiosités, avec ses lieux, ses habitants hauts en couleurs, ses clivages terribles, son régime dominé par une aristocratie décadente. Ce foisonnement peut déconcerter au premier abord. Pourtant, on se rend compte très vite que tout se tient, notamment grâce au fil conducteur du chant, ressource, enjeu et levier de luttes. Car dans ce décor se noue une intrigue complexe, mais captivante, autour d'un bras de fer inéluctable...



Mon fils de bientôt onze ans a dévoré les 520 pages de ce pavé en deux jours, puis sur son conseil, son petit frère et moi l’avons parcouru à voix haute et sans fléchir. Il faut dire que tout concourt à nous faire avidement tourner les pages. Les rebondissements se succèdent. Le destin de Bordeterre reste tout à fait incertain jusqu’aux toutes dernières pages. Et surtout, les différents personnages sont si bien travaillés chacun par ses dilemmes, que l’on brûle de savoir comment ils vont évoluer.



Dans les premières pages, j’ai été décontenancée par la plume très directe de Julia Thévenot, et ses glissements parfois un peu brusques entre les registres. Au fil des pages, je l’ai apprivoisée et j’ai apprécié son côté incisif, sa manière d’interroger les ressorts de l’oppression et de la révolution. Elle nous plonge dans une réalité crue, dans laquelle les protagonistes ont surtout pour eux leur volonté inébranlable, leurs idéaux émancipateurs et leur solidarité.



Une lecture immersive, sombre et lumineuse, dont on ressort avec la sensation d’avoir voyagé très loin. Et l’envie de chanter. Il ne m’en faut pas moins pour conclure que Julia Thévenot en a certainement encore sous le pied. Nous serions ravis de la lire de nouveau.



Sur ce, le Bord vous retienne !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          410
Si on chantait !, tome 2 : Prunille Président..

La fine fleur de la littérature jeunesse fait la lumière sur les stupéfiants événements de mars 2022, lorsque Prunille, onze ans, s'est présentée à l'élection présidentielle ! Les faits sont de ceux qu’on ne résume guère – vous n’y couperez pas, cet ouvrage incontournable doit être lu par toutes et tous ! Je me bornerai à noter l’implication d’un certain nombre d’éclairs à la vanille, de conseillers patibulaires, d’une horde de pêcheurs islandais et d’une vieille légende anglaise…



Comme Si on chantait ?, ce roman a été écrit suivant une formule de cadavre exquis : c'est à Jean-Claude Mourlevat qu'il est revenu d'entremêler les fils d'intrigue, puis ses complices se sont passé le relai jusqu’au dénouement imaginé par Timothée de Fombelle. Cela fonctionne à merveille, on pourrait croire que cette histoire a coulé d’une seule et même plume. On a juste envie, plus que d'habitude, de se demander après chaque chapitre quelles directions l’histoire pourrait prendre, comment l’auteur.ice suivant.e va se dépêtrer de certaines situations. Et c’est franchement réjouissant de se laisser surprendre par les péripéties qui naissent de leur imagination, les running gags et fils rouges tissés d’un chapitre à l’autre, la façon dont certain.e.s rebondissent sur un détail apparemment insignifiant glissé plusieurs dizaines de pages plus tôt. Chapeau !



Mon moussaillon et moi n’avons fait qu’une bouchée, à voix haute, de ce roman amusant, haletant et plein d’optimisme. Stéphane Michaka a raison d’écrire (chapitre 6) que « le travail de l’historien finit où commence celui de l’imagination ». Ce roman parle mieux qu’un ouvrage didactique de la politique et de la démocratie. Sur un mode joyeusement loufoque, il nous parle de ce que la vie politique peut avoir d’abscons, de centralisé et d’exclusif, du rôle des promesses électorales et de la communication politique, des protocoles et des conseillers, mais aussi de la solitude et de l’impopularité des gouvernants. Mais surtout, il pose LA question qui intéresse les jeunes lecteur.ice.s : pourquoi n’auraient-ils pas leur mot à dire ?



Une lecture jubilatoire à lire et à donner à lire sans hésiter. Et comme jamais deux sans trois : croisons les doigts pour que l’expérience soit reconduite très bientôt !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          374
Lettre à toi qui m'aimes

Yliès est amoureux de Pénélope mais Pénélope apprécie Yliès sans l'aimer. Une histoire très fréquente, mais que finalement nous ne rencontrons que rarement dans la littérature adolescente, encore plus du point de vue de la personne qui n'aime pas.



Lettre à toi qui m'aimes est un très court roman intéressant. Véritable déclaration de non-amour, Pénélope exprime ses sentiments les plus sincères à Yliès de façon respectueuse et droite. Pénélope et Yliès font partie d'un même groupe de rock et c'est directement le coup de foudre du côté d'Yliès. Porté par un environnement très rock et punk, nous découvrons cette histoire d'amour qui n'en est pas vraiment une. Bien qu'elle ne ressente pas la même chose que lui, elle s'attache à ce jeune adolescent sympathique et tendre.



Un roman vraiment intéressant et qui fait réfléchir également sur la place de la personne qui n'aime pas et qui est tout à fait dans son bon droit. Le peu de pages du roman est parfait pour le thème traité et évite de tourner en rond. Une lecture que je conseille !
Commenter  J’apprécie          320
Bordeterre

Mon gros gros coup de cœur du mois de mai !!!



« La terre vous soutienne, le bord vous retienne. »



J’aurais bien du mal à vous décrire ce nouvel Univers haut en couleur et « débordant » de magie ! Notre rencontre avec Inès et Tristan nous emmène dans un plan parallèle au nôtre, un plan où le chant prône sur son trône de façon impériale et touchante !

Imaginez un monde où il faut chanter « Envole-moi » pour voler ou tout autre chant pour une action quelconque, imaginez un monde où le chant régit nos actions, où certains chants sont proscrits, où certains chants deviennent révolutionnaires !!!



Imaginez une jeunesse qui a besoin de renouveau et de liberté… Si vous vous sentez l’âme d’un révolutionnaire lyrique à travers un monde magique et inébranlable, cette pépite est faite pour vous… CHANTEZ DONC, CHANTEZ !
Commenter  J’apprécie          2910
Bordeterre

Il est indéniable que j'attendais beaucoup de ce roman, d'abord parce que j'apprécie le blog tenu par Julia Thévenot (Allez vous faire lire) et aussi parce que j'aime le fantastique en littérature ado (alors en plus, si l'un des personnages principaux est autiste, ça m'intéresse particulièrement). Je pense toutefois être restée suffisamment objective pour formuler mon opinion sur ce premier roman.



Son plus gros défaut, c'est qu'on voit de manière trop ostensible le travail d'écriture.

Un exemple concret et malheureusement extrêmement redondant, ce sont les effets de style recherchés par l'auteur en coupant ses phrases (de manière tout à fait aléatoire me semble-t-il) pour retourner à la ligne. Pour la fluidité de la lecture, on repassera... Idem avec les phrases du type "Elle. Avait. Super. Faim". Ça m'horripile cette façon de vouloir à tout prix faire original pour dire un truc basique.



Parlons des personnages, qui n'ont aucune consistance. Inès, censée avoir 12 ans, en paraît bien plus, sauf quand elle dit "iench" pour "chien".

Tristan, son frère, est autiste. Ce trouble ne se distingue que par le fait qu'il bégaie (non, un autiste ne bégaie par forcément), qu'il ne supporte pas qu'on le touche et ne regarde personne dans les yeux (là par contre c'est réaliste, sauf que ces traits distinctifs tendent à s'effacer au fil des pages).

Quant à Philadelphe, auquel je me suis tout de même attachée, comment peut-on créer un personnage aussi inconstant !



Il y a de bonnes choses cependant. Un univers parallèle intéressant et plutôt bien développé, ainsi que des thèmes abordés qui questionnent : la différence physique, les relations sociales, l'esclavagisme, la question du genre, l'acclimatation de réfugiés dans un monde dont ils ont du mal à saisir les codes...



Malheureusement, l'auteur semble avoir accordé plus d'importance à la forme qu'au fond. Le roman manque cruellement de subtilité, de fluidité, de personnages bien incarnés. Un rendez-vous déçu donc, en ce qui me concerne, et cela m'attriste.
Commenter  J’apprécie          284
Mille Pertuis, tome 1 : La sorcière sans nomb..

Elle a 33 ans, elle est blogueuse, éditrice et… autrice !

Assurément, Julia Thévenot aime multiplier les casquettes et, surtout, elle sait particulièrement bien les porter !

Après son roman jeunesse Bordeterre, déjà remarqué par la critique, la française nous revient chez Gallimard Jeunesse avec la première partie d’un diptyque, Mille Pertuis, et une sacrée dose d’imaginaire dans ses bagage. Si vous aimez les sorcières et que vous avez toujours rêvé de découvrir leur Secret, vous êtes au bon endroit !



Le pouvoir des trois !

Les trois sœurs au centre de ce Mille Pertuis ont des noms pour le moins atypiques : Ronce, Épine et Ortie.

On découvrira par la suite que ce ne sont pas sous ces sobriquets qu’elles se présentent auprès des autres communs, mais, peu importe, pour nous, l’histoire commence avec Ortie et la révélation de son pouvoir de sorcière.

Sa préceptrice, Tante Viv, lui a bien expliqué : dans le nombril de chacune d’entre elles se cache un lieu de pouvoir, noyau des sorts et centre de tout, le « Nor(d) ».

Si vous le perdez, vous n’êtes plus rien, ou du moins rien que de très banal, de très commun.

Toute jeune, Ortie commence à comprendre l’étendue de ses capacités.

Elle peut jeter des sorts avec ses fluides (la salive, le sang, oui, surtout le sang !) en les formulant en rimes et avec application, toujours.

La douleur n’existe pas pour elle, elle peut même s’ouvrir le ventre pour visiter l’intérieur de son péritoine et replacer ses organes à sa guise, comme un jeu de construction sponsorisé par David Cronenberg.

Certaines vont encore plus loin, comme sa sœur Ronce, capable d’avaler et de digérer à peu près tout ce qui traîne, préférant souvent le Destop au jus d’orange du matin.

Ortie est une sorcière, pas de doute. Malgré ses pouvoirs formidables, elle doit cependant faire attention à respecter certaines règles et jalousement garder le Secret. Car les communs aussi ont des Chasseurs… sans parler du Consulat de ses semblables qui veille au grain.

Que pourrait-il bien arriver à Ortie, une jeune fille aussi bien éduquée ?

La naïveté de la jeunesse, bien sûr, et se lier d’amitié avec le petit Corentin à qui elle va accidentellement… donner son Nord !

Voici qu’en une seule bêtise, notre héroïne se voit porter le fardeau de deux secrets au lieu d’un. Bien des années plus tard, alors que l’adolescence menace du haut de ses quinze ans, Ortie va tomber sur une personne aussi atypique qu’elle, un certain Wandrille, fan d’Harry Potter et qui rêve d’être sorcier lui aussi.

Mais au fait, où sont passés les sorciers garçons dans tout ça ?

Mille Pertuis est un régal d’imagination et de pétulance, le genre d’objet qui réjouit en recyclant le mythe archi-connu et rebattue de la sorcière mais en brisant les barrières de la convenance (avec du fouillage de tripes et de la décapitation en règle) et en mariant le tout à notre époque et à nos mœurs. Julia Thévenot déroule une histoire aussi accrocheuse qu’originale dans laquelle les sorcières sont avant tout des sœurs qui se protègent les unes les autres contre la férocité et le bêtise des hommes.

Si vous en doutez, d’autres ont cramé pour le vérifier.



Ouverture aux autres

Imposant une écriture fluide et entraînante, modèle de fausse simplicité qui permet à l’adolescent comme à l’adulte de profiter de l’histoire sans trébucher ou s’agacer, Julia Thévenot se penche sur ces jeunes gens biberonnés à Harry Potter qui aimeraient bien un jour voir de vrais sorciers. Pas de baguette ou d’elfe pour autant, mais une bonne rasade de sorts et de familiers pour un système de magie aussi simple qu’efficace qui ne cesse d’inventer de nouvelles choses, entre mondes parallèles et sorts délicieusement pervers. Bien sûr, Mille Pertuis ne serait pas aussi amusant s’il ne naviguait pas entre les différentes couches de féminisme et d’intolérance qui lui donnent finalement tout son intérêt. Rompant avec la vision en noir et blanc, Julia Thévenot montre ainsi ce que la haine de l’autre, même si elle paraît parfois fondée, va finir par engendrer.

Que sont devenus les hommes sorciers ? C’est bien là l’enjeu principal de ce premier volume, plus encore que le passage à l’âge adulte d’une jeune fille qui réclame le droit à l’amour et à la sensualité.

Tomber amoureux, c’est perdre le Nord. Et pour une sorcière, vous comprendrez bien que cela peut être la plus terrible des malédictions !

Pour parfaire le tout, Julia Thévenot n’a pas son pareil pour créer des personnages attachants et profonds, les trois sœurs, chacune à leur façon, ont leur caractère bien trempée et leurs failles, toujours solidaires dans l’épreuve peu importe l’enjeu. Reste alors Wandrille, pauvre diable échappé de sa boîte, comme celui qui a entrevu les possibles et qui ne rêve depuis que d’y retourner pour être ce qu’il a toujours senti être au fond de lui.

Ce n’est pas du cinéma, c’est bien la vie, la vraie.

Si le roman laisse bien entendu des pistes en suspens à la fin de ce premier tome, c’est, on l’espère, pour mieux explorer les mondes et les dimensions qu’il laisse devant lui, car Mille Pertuis cache forcément bien d’autres choses surprenantes sous ses airs magiques.



Que l’on aime se perdre dans le monde d’Ortie et des sorcières, détricoter les boyaux de ces personnages aux sentiments complexes, admirer le travail d’imagination de Julia Thévenot lorsqu’elle nous cause sorcellerie et amour(s).

Mille Pertuis est une réussite pour tous les âges, le genre à vous faire perdre le Nord et à causer des orages de grêles inattendus.
Lien : https://justaword.fr/mille-p..
Commenter  J’apprécie          222
Bordeterre

Être à contre-courant de la majorité, car on a eu trop d’attentes, je n’apprécie pas forcément cela quand il s’agit de littérature ! Chez moi, cela provoque toujours de la frustration ou de la déception. « Bordeterre » est un ouvrage prétendant au PLIB qui me faisait de l’œil. Ses avis dithyrambiques majoritairement présents sur la toile avaient réussi à me convaincre de le découvrir ! J’aimais l’idée de monde parallèle, de créatures diverses et de tandem frère/sœur où l’un d’eux est autiste. Hélas, je me suis retrouvée face à un style qui n’était pas forcément le mien et qui m’a parfois dérangée. De plus, il y avait également une pluie de personnages… Bien trop, pour moi ! Je fais partie des lecteurs qui ont besoin de n’avoir qu’une poignée de narrateurs au début d’un roman, afin d’apprendre à les connaître petit à petit. Je juge cela préférable, notamment lorsque l’on doit plonger dans un univers imaginaire aussi dense et complet que celui-ci ! Cela évite d’être perdu. Or, j’ai eu l’impression d’avoir beaucoup d’éléments à assimiler d’un coup, ce qui fait que j’ai eu du mal à rentrer dans le récit…



Cela dit, bien que j’aie mis du temps à m’attacher, le binôme Tristan / Inès m’a beaucoup plu. La demoiselle est très protectrice envers son aîné : si un groupe lui cherche des noises, elle fonce l’aider. Courageuse et entêtée, elle n’a pas peur du nombre, de la méchanceté ou de manger la poussière ! Quand il n’y a pas de menace, la cadette sait aussi se montrer taquine. Tous les deux passent leur temps à jouer, se chamailler et à explorer ce qui les entoure. Malgré le handicap de Tristan (ce dernier se traduit surtout par des bégaiements, la peur du contact physique et la maladresse dans les relations sociales) qui n’est pas assez exploité à mon goût, tous les deux ont une relation très belle, complémentaire, parfois fusionnelle, taquine, franche et intéressante. J’ai aimé les suivre ensemble ou individuellement. Ils sont mes personnages favoris. Hélas, les autres protagonistes, notamment ceux de Bordeterre, n’ont pas réussi à m’atteindre. C’est dommage, car l’auteure a souvent pris le temps de bien les développer ! C’est par exemple le cas d’Alma, une jeune femme qui jouera un rôle très important au fil des chapitres et qui aura une évolution pertinente.



L’univers est clairement l’une des forces de ce livre fantastique. On est dans un monde différent du notre où il faut comprendre les codes ainsi que son fonctionnement. Là-bas, les monstres sont tolérés, les gens sont parfois transparents, la magie existe, le peuple est divisé et la technologie est alimentée par des minerais rares comme le quartz… Le tandem va rapidement se confronter à l’hostilité de cet endroit et va se rendre compte qu’il n’y a pas que les créatures qui représentent du danger ! En effet, les citoyens sont parfois de fins manipulateur ou de grands comploteurs… Séparés après une soixantaine de pages, les deux héros vont découvrir toutes les facettes de Bordeterre grâce à une multitude de rencontres. Au début, mon intérêt s’est surtout orienté vers Inès. Cette dernière va devenir une cordiste, un métier consistant à plonger dans différents plans/univers parallèles, côtoyer des esprits parfois très agressifs et ramener du quartz…



Julia Thévenot n’hésite pas à se montrer originale et à proposer un endroit rempli d’éléments en tous genres. Elle va également prôner de belles valeurs comme la tolérance, la solidarité et la famille. On touche également à des thèmes inattendus comme la musique, et plus particulièrement le chant. Ici, c’est traité de façon originale et sympathique. Globalement, il y a vraiment de bonnes idées ! Hélas, cela n’a pas suffi à me faire apprécier ce roman. La plume m’a parfois déstabilisée : elle était tantôt crue, familière et directe, pour ensuite passer à un registre plus travaillé, voire digne d’un autre temps. En plus de me déstabiliser avec les nombreux personnages, l’intrigue mettait un peu trop de temps à décoller. On notera également quelques répétitions ainsi que des retours à la ligne dont je n’ai pas toujours compris l’utilité. Au départ, j’avais l’impression d’être noyée, non pas dans le lac comme les héros, mais par les informations survenant d’un coup et étant systématiquement décortiquées. Creuser tout cela était intéressant cependant, cela nuisait à la dynamique. Finalement, j’ai refermé cet ouvrage avec un sentiment mitigé, voire de la déception. J’en attendais peut-être trop. Cet avis n’engage que moi. Je pense que c’est un one-shot avec lequel ça passe ou ça casse. À vous de vous forger votre propre avis…
Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          163
Bordeterre

Une entrée en matière très rapide, la découverte d'un monde imaginaire cauchemardesque, pour une gamine et son frère légèrement inadapté, le début est déroutant, dans un style simple mais efficace qui privilégie d'abord l'action.

La découverte du monde nouveau traîne un peu sans qu'on sache où l'histoire va nous mener, puis on s'installe dans cette vie parallèle adolescente qui devient progressivement la normale, rythmée par les accrocs que la vie de soumission réserve à chacun. Des amitiés et des histoires d'amour naissent. Le scénario se construit progressivement pour amener l'apothéose finale qu'on ne lâche pas avant la fin.

Ça pourrait être une réflexion politique autant qu'une aventure fantastique...

C'est une écriture dynamique et pleine d'humour, la forme des dialogues est originale, les personnages sont bien caractérisés, tous sont d'ambivalents, il y du suspens et de l'action (dans le dernier tiers), et en tant qu'adulte j'ai dévoré ce gros livre de 500 pages !

Commenter  J’apprécie          163
Mille Pertuis, tome 1 : La sorcière sans nomb..

La magie comme vous ne l'avez jamais lue



« Et, demanda Ortie, on en guérit ?

- Des chagrins d’amour ? On s’en fait des petites cicatrices dans la poitrine, noueuses et solides comme des dés à coudre. »



C’est, je crois, la plus jolie phrase du dernier roman de Julia Thévenot. Ma préférée en tout cas, celle qui montre toute la poésie de ce premier tome d’un diptyque de Fantasy totalement hors norme.



Ortie est une petite sorcière de 15 ans. Une sorcière sans nombril. Une sorcière qui va nous dérouler son histoire. Un drôle de retour en arrière qui commence sur un divan avec ses sœurs Épine, une précoce franchement bêcheuse, et Ronce, la plus jeune qui croque les pastilles de javel par pure gourmandise. En chemin, il y aura le garçon aux joues goût vanille éclats de cacahuète puis viendra la catastrophe…



J’ai retrouvé la Julia Thévenot de Bordeterre, avec très exactement les mêmes ressentis que lors de ma lecture de son premier roman.

Julia Thévenot a un imaginaire qui n’appartient qu’à elle, totalement débridé, qui mêle autant la tradition que la modernité. Elle incarne le renouveau de la Fantasy.

J’aime sa plume qui s’affranchit des niveaux de langue, passant du familier au soutenu (un poil emprunté même parfois).

Elle n’hésite pas à multiplier les références à la pop culture, à convoquer ses muses, et ce pour le plus grand plaisir des amateurs de Fantasy.



J’ai aimé sa magie tellement moderne qui finalement va puiser bien plus loin dans ses racines et notre imaginaire.

Son univers est totalement ancré dans le réel et le merveilleux est viscéral, la magie organique. Littéralement.



Il faut accepter de se faire surprendre. Il faut accepter d’avoir des sentiments contradictoires. Un peu comme lorsque l’on surprend, à un feu rouge, le chauffeur d’à côté manger ses crottes de nez. Tu ne sais pas trop si tu as envie d’éclater de rire ou pousser un grand beuuurk. Il y a de ça dans Mille Pertuis…



Et puis, comme avec Bordeterre, il faut s’accrocher. C’est toujours vers la fin que ça devient passionnant.

J’avoue qu’il m’a fallu du temps pour entrer dans cette histoire, je lui ai trouvé des longueurs, mais la trame est extra.



Mille Pertuis est un roman initiatique d'aujourd'hui. Ortie grandit, découvre l'amour, le monde, se heurte à sa violence parfois.

Sororité, acceptation de soi, des autres, l'amour sous toutes ses formes, il y a plein de messages dans ce roman furieusement moderne.



Et avec une telle fin, je trépigne de lire la suite même si mes débuts ont été un peu laborieux.



Une histoire de sorcière vraiment pas comme les autres !

À découvrir dès 14 ans.
Lien : https://demoisellesdechatill..
Commenter  J’apprécie          140
Mille Pertuis, tome 1 : La sorcière sans nomb..

Deuxième enfant d'une famille de sorcières, Ortie grandit entre une aînée parfaite et une benjamine bulldozer. Si la jeune fille cultive l'art de ne pas se faire remarquer par ses pairs, on comprend néanmoins bien vite que son destin n'aura rien d'ordinaire...



Autant j'avais eu du mal à rentrer dans "Bordeterrre", le premier roman de Julia Thévenot, autant j'ai été immédiatement captivée, absorbée, engloutie et au final éblouie par son "Mille-Pertuis". Thévenot nous propose une vision nouvelle de la sorcellerie, profondément vivante, puissante, organique (à l'image de la magnifique couverture du roman), mais parfois aussi un peu cracra, dangereuse et cruelle. Et sa langue colorée et inventive fait merveille pour en rendre compte. Tout au long de ce roman haletant, et dévoré d'une traite, ca saigne, ça crache, ça coule, ça secoue et ça bloblotte. Et c'est un crève-coeur de savoir qu'il faudra désormais patienter pour avoir le tome 2 et connaître enfin la suite des aventures d'Ortie.




Lien : http://www.super-chouette.ne..
Commenter  J’apprécie          141
Bordeterre

Un monde fascinant, cohérent et surprenant, où la chanson est le moteur essentiel : chanter peut éclairer les lampes, ouvrir les portes, chauffer l'eau et même guérir les plaies. Mais ce n'est pas un monde enchanteur pour autant. Les enfants esclaves doivent chanter sans cesser pour les tâches quotidiennes, et chanter pour le plaisir vous expose à être violemment puni.



Jamais la bande-son d'un Exprim' n'a été autant indispensable !



Un monde à la fois très doux et très dur, d'une extrême originalité, où les personnes qui arrivent du "second plan" (notre monde habituel) deviennent transparentes, et ne peuvent plus repartir.



Des monstres qui n'en sont pas forcément, des nobles qui sont presque des monstres, une intrigue extrêmement prenante.



Des personnages attachants. D'abord Inès et son frère Tristan. Tristan est autiste, grand et fort, et si doux. Un rapport terriblement touchant entre les deux, chacun protégeant l'autre de toutes ses forces. La petite soeur parce qu'on se moque de son frère souvent surprenant, le grand frère parce que c'est lui l'aîné. Et autour d'eux tout un monde de caractères forts, des garçons et des filles bien campés et jamais tièdes.



Des chansons adaptées à chaque circonstance, une belle réflexion sur la poésie, beaucoup d'airs connus que j’ai eu plaisir à retrouver.



Même quelques anciens comme :







Une belle écriture et quelques mots assez recherchés (ourobouros ou réluctance ne me sont pas familiers, et j'aime découvrir quelques vocables, nouveaux pour moi. À condition qu'il n'y en ait pas trop, pour ne pas me rendre le texte obscur. Ici, c'est parfait.)



De l'humour parfois aussi, ce qui est bien agréable.



Et un final ébouriffant, quoiqu'un peu violent à mon goût (mais il m'en faut peu !).







Le fantastique n'est vraiment pas mon univers préféré, mais j'ai été fasciné par l'inventivité et la cohérence du roman, et par un tas de détails tellement bien pensés. Je voudrais vous parler de tout mais je vous laisse découvrir.







Un premier roman extrêmement prometteur. Même si je ne suis pas une spécialiste du genre, je pense qu'il dépasse beaucoup de romans fantastiques actuels, et qu'on va en parler !!







Un bel objet aussi, avec une couverture à la fois sobre et très évocatrice. (Les trois petits yeux en haut, vous n'avez pas fini d'en rêver !!)
Commenter  J’apprécie          140
Bordeterre

La libraire qui intervient sur France Inter le lundi pour "La chronique des ados" m'avait bien donné envie de lire ce roman.

Et il faut dire qu'elle avait raison : l'univers que l'auteure construit est très particulier, recherché et complet. Que ce soit les décors, le fonctionnement de la société, les différents statuts des habitants, les 3 "plans" et leurs communication... C'est riche et détaillé, plutôt bien fichu et intéressant.

Oui, mais voilà, il y un "mais", et il n'est pas si léger : les personnages. Je sentais que quelque chose clochait avec eux et finalement c'est assez simple : ils ne sont pas que transparents, il manque aussi de consistance. Je ne leur ai pas trouvé de réelle profondeur. Inès est très étrange. Elle a douze ans mais parfois en paraît moins, parfois plus, sombre dans une sorte de folie, mais sans que je m'y attache ou m'intéresse réellement à son sort, ni même que je la comprenne ou cherche à la comprendre. Tristan pourrait être plus touchant mais non. Il sonne creux, avec un autisme qui m'a semblé peu crédible (je parle là de mon ressenti, je ne me pose pas en experte de l'autisme). Alma est le personnage qui m'a paru le plus fouillé. Et Adelphe aurait mérité de l'être plus. Bref, déception du côté des personnages.

Ah et aussi parfois il y avait de brusque retour à la ligne. J'ai d'abord cru à une mauvaise qualité de mon fichier epub, mais en fait non. Je ne comprends pas la raison de ces saut de lignes. Si quelqu'un a l'explication, je suis preneuse.
Commenter  J’apprécie          134
Mille Pertuis, tome 1 : La sorcière sans nomb..

J'ai eu du mal à accrocher au début, la difficulté pour moi étant de ne pas sortir, sauf à de rares exceptions, de l'environnement ordinaire urbain dans laquelle la famille de la jeune Ortie exerce sa condition de sorcière !

Cela dit, l'auteure, par son style naturel, vif, sans filtre, parfois même trash, réussit à nous embarquer avec Ortie, puis Wandrille (tiens ! un garçon !) dans les catastrophes générées par leurs actes inconsidérés ou leurs essais de sorcellerie !

Je dirais que c'est créatif, farfelu, coloré comme la couverture du livre... mais parfois trop ! Comme l'intrigue est assez ténue, et que les évènements se succédent très vite dans des chapitres très courts, il m'est arrivé de me demander où nous emmènait le fil de l'histoire.

Comme les personnages ont de l'épaisseur et sont attachants, l'impression d'ensemble reste positive !
Commenter  J’apprécie          120
Lettre à toi qui m'aimes

J'avais tellement entendu parler de Julia Thévenot lors de la sortie de son premier roman Bordeterre que j'ai voulu découvrir sa plume avec cette nouvelle parution, Lettre à toi qui m'aimes. Bien sûr, c'est complètement différent : le premier était un roman fantasy, le second une histoire d'amour ratée. Mais ça me donne une bonne idée de l'univers de l'autrice, et ça m'incite à en découvrir plus !



Aimer sans être aimé en retour, c'est une situation qu'on a tous vécue un jour ou l'autre. C'est d'ailleurs un thème assez commun de la littérature. Ce qui l'est moins, c'est de dépeindre la situation du point de vue inverse, et de choisir comme narrateur celui qui est aimé sans aimer lui-même. C'est le cas de Pénélope, qui écrit une lettre à Yliès, le garçon qui a jeté son dévolu sur elle. Le groupe de rock de Pénélope, qu'elle forme avec deux copains, recherche un nouveau guitariste. Lorsque Yliès se présente pour une audition, il tombe immédiatement sous le charme de la jeune fille. De son côté, elle s'entend bien avec lui, comme les autres membres du groupe, et si au début ce gentil flirt l'amuse, elle réalise vite que le garçon rêve de bien plus. Coriace, il ne lâche rien, lui lance des piques et des œillades enamourées à chaque occasion, et la situation devient gênante pour tout le monde, aussi Pénélope se doit-elle donc de mettre les choses au point.



C'est le but de cette "lettre", où la jeune fille s'adresse directement à celui qui l'aime, ce qui rend ce texte si particulier. La forme, d'abord, saute aux yeux : c'est un roman en vers libres, pratique qui se répand ces dernières années, et qui est toujours aussi savoureuse. C'est encore une fois un challenge réussi ici, qui insuffle un rythme incroyable au texte. Mais l'autrice ne s'arrête pas là dans l'exercice de style. Comme le titre l'indique, c'est une lettre, que Pénélope adresse à Yliès, pour reprendre le fil de leur non-histoire d'amour depuis le début, et ainsi rappeler que, si elle n'a rien fait pour repousser le garçon, elle n'a franchement pas non plus tenté de le séduire. Ainsi, le texte est donc écrit à la deuxième personne du singulier, forme bien plus rare, qui a dû demander une certaine dose de virtuosité. Tout cela donne une véritable personnalité au texte, et le rend remarquable.



Sur le fond, il y a aussi beaucoup à dire. Comme je l'ai déjà souligné, le propos est rare et pourtant important, c'est une partie des histoires d'amour à faire connaître aux adolescents, afin de leur rappeler que non, tout n'est pas toujours réciproque, et que les jolies filles ne finissent pas toutes par tomber sous le charme des garçons qui ont jeté leur dévolu sur elles. Pourtant, j'ai été marquée par le fait que, aux yeux de son entourage, Pénélope est d'abord vue comme la première coupable de cette situation. Pourtant ses deux amis avaient bien vus, eux aussi, le manège d'Yliès, et ne se faisaient aucune illusion sur ce qu'il ressentait. Quand les choses deviennent plus compliquées, Dudley, le meilleur ami de Pénélope en vient même à lui reprocher de ne pas se laisser aimer, de ne pas tenter de sortir avec Yliès, pour voir. Cette situation en rappelle bien d'autres, où le garçon qui n'obtient pas l'amour de sa belle se croit en échec, où la jeune fille qui ne cède pas fait sa difficile. Mais Dudley n'est pas l'ami d'enfance de Pénélope pour rien, et il réalise vite que ce qu'il lui demande est profondément injuste. Les choses finissent donc pas rentrer dans l'ordre, même si avec une légère amertume, et ce roman met le doigt sur quelque chose de terriblement problématique dans la façon dont nous voyons la place de la femme dans l'amitié et le couple. A la lumière de cela, nous repassons en revue nos propres histoires d'amour, les erreurs de perception, ce que nous aurions pu éviter.



Une belle découverte, un texte à mettre entre les mains des adolescents, pour leur rappeler qu'en amour, tout n'est pas comme dans les livres. Enfin si, mais que pour cela, il faut aussi lire les bons livres, où les histoires d'amour finissent mal, ou ne commencent pas, et où ce n'est pas grave, la vie continue.
Commenter  J’apprécie          120
Mille Pertuis, tome 1 : La sorcière sans nomb..

Oubliez tout ce que vous pensez croire sur les sorcières ! Ce ne sont que des racontars. Les vraies sorcières se cachent au milieu de nous, et mènent des vies tout à fait ordinaires... ou presque !



Ortie est une jeune sorcière qui aime mener des expériences. Pas comme sa sœur aînée, Épine, qui semble tout réussir à la perfection. Ou comme la benjamine, Ronce, qui aime les sensations fortes, et le destop ou les pastilles de Javel en guise de repas. C'est lors d’une de ses expériences qu'Ortie va commettre une énorme bêtise : elle va confier son Nord, le noyau de ses pouvoirs contenu dans son nombril, à un jeune humain, Corentin, son meilleur ami...



***



Un roman bourré d'imagination, loufoque à souhait, avec des personnages hauts en couleur. C'est fou, rythmé, inattendu, bien sanglant par moments (Ortie adore ouvrir son ventre et jouer à replacer ses organes - elle ne sent pas la douleur !). Les références sont nombreuses, que ce soit à Harry Potter ou à la pop culture, et sont habilement intriquées dans le monde des Moldus... euh, des Communs.



J'aime beaucoup les personnages, leur originalité, leur diversité. Ortie et ses sœurs ont chacune leurs particularités, leurs forces et faiblesses. Malgré leurs différends, elles se complètent, pour le meilleur comme le pire. Quant à Wandrille, le jeune sorcier fan d'Harry Potter qui désespère de recevoir un jour une lettre de Poudlard, il est très touchant, perdu dans ce monde réservé aux femmes.



Mille Pertuis est un roman original, qui met en avant la sororité et la solidarité, mais aussi l'importance de ne pas rester sur des préjugés. On voit bien avec cette histoire que le rejet de l'autre et les discriminations n'apportent rien de bon. C'est un roman qui parle d'enfance aussi, des découvertes de l'adolescence, d'amour.



C'est fun, c'est trash - à ne pas mettre entre toutes les mains donc -, mais aussi très intelligent. J'ai hâte de voir comment va se terminer cette histoire !





Commenter  J’apprécie          110
Lettre à toi qui m'aimes

Une jeune fille écrit au garçon éperdument amoureux d'elle. Amour à sens unique, malheureusement pour lui. Mais doit-elle pourtant se justifier ?



Roman épistolaire sur fond musical, "Lettre à toi qui m'aimes" est un livre pertinent sur les sentiments, le désir, le flou des sentiments, des interprétations, sur le jugement des gestes et des paroles. Vraiment, c'est bien fichu.

J'avoue que j'ai un petit peu décroché sur la fin mais, dans l'ensemble, j'ai trouvé le style et les propos de Julia Thévenot d'une grande finesse.
Commenter  J’apprécie          110
Lettre à toi qui m'aimes

Voir des avis enthousiastes un peu partout sur ce livre, m’avait donné envie d’aller à sa rencontre. Une opération Masse critique de Babélio est passée par là, et je l’ai reçu… Nous sommes ici dans un livre jeunesse, et le ton est tout de suite donné avec la rencontre de Pénélope, lycéenne. Yliès vient se présenter auprès de son groupe pour être guitariste. Il a répondu à une annonce. Avant, il jouait du métal, mais il s’habituera. Il n’a tout de suite d’yeux que pour la jeune fille, qui chante et compose. Et elle ne peut faire autrement que de le constater, avec gêne. Que faire de cet amour trop lourd, non réciproque, qui n’empêche pourtant pas le sentiment d’amitié ? Pénélope décortique ses émotions, les reproches qu’on lui fait. Car, Yliès et Pénélope ont tout du couple fait pour s’aimer. Joue-t-elle avec lui ? Même pas. Pénélope comprend que Yliès soit déçu, moins que ses amis lui en veuillent d’avoir laissé ce Roméo aux jolies boucles s’approcher trop près d’elle. Tout ça à cause de ces films romantiques à la noix, ces chansons sirupeuses, qui laissent croire que lorsque l’on coche toutes les cases, que l’on fait tout ce qu’il faut, l’amour survient obligatoirement. Et bien, non, ce n’est pas si simple. L’amour ne se commande pas. J’ai beaucoup aimé la musique de ce livre, ce texte en forme de lettre, en forme de poème, ce rapport amoureux inversé peu exploité dans les romans, et qui montre toute la douleur de celui qui n’aime pas, qui doit repousser gentiment et lutter. Un joli petit livre, de plus, que l’on a envie de relire une seconde fois, juste la dernière page tournée.
Lien : https://leslecturesdantigone..
Commenter  J’apprécie          100
Bordeterre

Suite aux nombreuses critiques positives postées par ici, j'avais un a priori très positif sur ce roman et hâte d'en découvrir l'univers.

Pourtant je n'ai pas accroché. Pour être honnête je me suis même souvent ennuyée.

Il y a de belles idées, des images assez recherchées, et une poésie indéniable dans cette idée d'un monde qui tourne grâce au chant.

Mais il y a aussi beaucoup trop de vulgarités, des monstres auxquels je n'ai rien compris, un personnage atteint d'autisme peu crédible et les références aux chansons m'ont semblées pour la plupart vieillotes (même si dans ce domaine il aurait de toute façon été impossible de plaire à tout le monde).

C'est donc un rendez-vous manqué avec Bordeterre. Après une déception similaire pour "Fraternidad", je me dis que la collection Exprim' n'est peut-être pas faite pour moi !
Commenter  J’apprécie          102
Bordeterre

« Frère – faut pas laisser grandir l’horizontale violence

Ou – tu vas sentir gronder une épouvantable ambiance »

« Allez vous faire lire » nous disait-elle depuis quelques années déjà, tout en nous offrant le monde : Julia Lupiot pardon, Thévenot n’avait aucun besoin de me vendre sa plume, j’étais déjà (archi) cliente. Retrouve-t-on dans son premier roman l’énergie, le charme, l’inventivité et l’absolue sincérité de son blog ? La réponse est un grand OUI et *dios*, ça fait du bien.

Elle nous emmène dans un monde parallèle, un monde où l’on tombe par glissement, devenant un *débordé*. Retourner d’où l’on vient n’est pas possible et y faire sa place se révèle des plus compliqués : régi par un système de castes parfaitement odieux, Bordeterre fait trimer (en chantant) les masses (transparentes) en ne leur permettant jamais de se hisser hors de la fange pour le confort d’une poignée de nantis quelque peu désoeuvrés ( et donc pour la plupart aussi désaxés) (oh wait…). Nous y suivons Inès, douze ans et son grand frère Tristan, seize ans, accompagnés de leur chien, Pégase… Préconisé à partir de 14 ans, ce roman se savoure à n’importe quel âge et permet aux plus aguerris de reconnaître avec joie quelques références disséminées (et de transposer aussi, un petit peu). Doté d’un véritable suspens il accroche immédiatement et sait tenir son rythme, avec une belle qualité de dialogues. Le tout forme quelque chose comme Lewis Caroll qui rencontrerait Stephen King et ça fait des petites étoiles pleines de frissons un peu partout. Je recommande !
Commenter  J’apprécie          101
Lettre à toi qui m'aimes

Accueillir les amours débutantes.



Tout commence toujours par un regard. Ceux qui comptent sont incandescents, appuyés, doux et forts. Un regard. Tout se joue à ce moment là. Le premier regard.

Il y a la voix ensuite. Les intonations, les virgules en fin de phrases qui laissent comme des respirations dans l'air. Intrigantes forcément. Troublantes un peu.

Et puis la peau. Imaginer la peau de l'autre sur la vôtre. Une main qui s'aventure. Et l'épiderme qui réagit instantanément à cette caresse.

Une histoire d'amour commence toujours comme ça (et elles finissent mal, en général).



Mais entre Penny et Roméo, ça commence mal. C'est pourtant une histoire d'amour. D'un amour contrarié et contrariant. Penny, si elle aime le regard que Roméo pose sur elle, si elle est flattée, si elle est touchée par la sensibilité de ce garçon face à elle, n'a justement aucune envie d'être touchée par lui. Sa peau reste muette à l'appel de l'autre.

Roméo, lui, est amoureux, ne comprend pas qu'elle ne comprenne pas, espère, se retrouve face à un mur, y croit encore, envoie des signaux comme le naufragé qu'il est. Il aime. Follement. Éperdument. Comme on aime dans les premiers instants. Malgré tout, malgré elle.



Lettre à toi qui m'aime est un très joli texte, qui se lit d'une traite, se relit sûrement, comme une correspondance amoureuse, déclaration ou lettre de rupture. La vie de chacun est émaillée de ces moments là, des doutes, de l'interrogation qui vrille le cœur : "Tu me plais mais est-ce que moi je te plais ?", de la réponse qui bouleverse tout, qui va du merveilleux et des châteaux en Espagne au désastre et à la totale berezina. L'autrice réussit à en rendre compte dans une langue vibrante, pleine de dialogues et de vie. Ce n'est pas léger pour autant, c'est un angle original, loin des comédies romantiques et des romances en tout genre. Parce qu'il n'est pas si commun de voir un amoureux éconduit. C'est un retour à l'adolescence mais surtout aux amours naissantes. Et peu importe notre âge.

Tout commence par un regard. Une voix ensuite. Et la peau.
Commenter  J’apprécie          80




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Julia Thévenot (791)Voir plus

Quiz Voir plus

Bordeterre

Où sont les personnages principaux ?

Au bord de la mer .
Dans les montagnes .
Dans la capitale Française

7 questions
2 lecteurs ont répondu
Thème : Bordeterre de Julia ThévenotCréer un quiz sur cet auteur

{* *}